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  • Elections sociales: ce n’est pas un compromis mais une capitulation!

    Les directions syndicales ont cédé au refus patronal d’installer des conseils d’administration dans les entreprises de 50 à 100 travailleurs à l’occasion des élections sociales de 2008. Le patronat menaçait de mettre dans le pétrin les élections sociales.

    Aucune perspective n’existait, entre autres à cause de la crise gouvernementale, pour un accord capable de faire respecter les conditions légales et les directives européennes. Un “compromis” a donc été conclu pour maintenir la situation illégale actuelle en utilisant le consentement des directions syndicales pour éviter des astreintes européennes.

    Mais peut-on parler de “compromis” quand le patronat reçoit tout ce qu’il demande tandis que les milliers de travailleurs des PME restent sur le carreau ? Nous comprenons l’inquiétude des directions syndicales qui veulent s’assurer que les élections sociales aient bien lieu à la date prévue (entre le 5 et le 18 mai 2008). Tout délai supplémentaire aurait engendré un tas de problèmes, notamment sur le plan de la protection des délégués. Mais est-ce aux directions syndicales d’approuver un règlement qui brise des conditions légales donnant plus de droits aux travailleurs ? Nous ne le pensons évidemment pas.

    Les partenaires sociaux ont donc déclaré qu’ils s’engageaient à ne pas prendre d’initiatives juridiques contre ce règlement « ni à en soutenir ». Si des « problèmes juridiques » sont tout de même soulevés, les partenaires sociaux veulent faire appel au gouvernement et au Parlement pour «prendre les initiatives légales nécessaires afin de quand même créer une sûreté juridique». En autres termes : il n’y a pas actuellement de sûreté juridique, juste un règlement illégal.

    Cependant, la discussion sur la représentation syndicale dans les PME et sur l’application des directives européennes va être poursuivie. « Ces discussions devraient être achevées avant la fin 2007 », selon les partenaires sociaux. Cette discussion devrait sans doute être encore poursuivie après, mais postposer le tout jusqu’aux élections sociales de 2012 serait une capitulation pire encore.

  • Le pape Benoît XVI condamne le capitalisme : « Nous devons choisir entre la logique du profit et la solidarité »

    Les patrons italiens ont dû avaler leur café de travers ce matin en lisant leur journal « Il Corriere della Sera » ce lundi 24 septembre : le quotidien relate un discours fait par le pape Benoît XVI ce week-end, qui porte ses accusations contre le capitalisme et la logique du profit.

    Cédric Gérôme

    Le pape souligne que le capitalisme produit « de graves injustices lorsque prévaut la logique du profit. ». « L’émergence de la faim et des problèmes écologiques, poursuit-il, l’illustrent avec une évidence croissante ». Le pape invite à « reconsidérer le capitalisme comme l’unique modèle valide d’organisation économique ». Il met en garde contre le risque d’une « exploitation débridée de la planète, et d’une augmentation de la disproportion entre les riches et les pauvres que la prédominance de la logique de profit contribue à générer ».

    Si pour Benoît XVI, « une décision fondamentale est devenue nécessaire : le choix entre la logique du profit comme critère ultime de notre action ou la logique du partage et de la solidarité », il nuance tout de même par la suite ses propos : « La logique du profit et celle de la distribution des richesses ne sont pas en contradiction l’une avec l’autre, pour autant que leurs rapports mutuels soient bien ordonnés » ; il ajoute que « le profit est naturellement légitime, et dans une juste mesure, nécessaire au développement économique. » On ne peut manquer de cerner là une certaine ambiguïté dans ses propos. De même, on peut difficilement être d’accord avec lui lorsqu’il déclare : « La doctrine catholique a toujours soutenu l’égale distribution des biens comme une de ses priorités. »

    Ne nous y trompons pas : les autorités ecclésiastiques supérieures tel le Vatican se sont toujours rangés du côté des riches et des puissants, usant de leur influence pour promouvoir les forces politiques les plus réactionnaires. L’appui du Vatican au régime fasciste de Mussolini n’en est qu’un illustre exemple. Ceux qui pourraient voir dans les positionnements du chef actuel de l’Eglise catholique un « souffle à gauche » de la part du Vatican doivent se remmémorer que Benoît XVI affiche –avec nettement moins d’ambiguïtés- des positions allant à l’encontre des pratiques homosexuelles et de l’avortement, défend le célibat des prêtres et le non-accès des femmes au sacerdoce. Le nouveau pape entretient en outre des liens étroits avec les factions ultra conservatrices au sein de l’Eglise catholique, telle l’Opus Dei. Lors de son entretien avec Georges Bush à la Maison-Blanche, le pape avait salué « la parfaite entente » que les deux hommes partageaient sur la politique américaine au Liban et en Afghanistan…

    Alors, le pape, « anti-capitaliste » ? Disons plutôt que la recherche croissante d’une alternative à l’impasse du système capitaliste actuel parmi des couches de plus en plus larges se répercutent sur le positionnement de certains éléments de la hiérarchie catholique. Certains membres éminents des classes dirigeantes veillent elles aussi à mieux « emballer socialement » leurs discours…On se souvient par exemple des références que le président français Sarkozy avait lui-même osé pendant sa campagne électorale à Jean Jaurès ou Antonio Gramsci (ancien membre dirigeant du Parti Communiste Italien). Le caractère anti-ouvrier de sa politique n’est pourtant plus à démontrer… Sans doute le plus à déplorer dans cette histoire est que les discours du Pape se positionnent aujourd’hui plus à gauche que ceux de la direction du Parti de la Rifondazione Comunista.

  • L’extrême-droite est-elle toujours un danger ?

    Lors des élections du 10 juin, le VB a obtenu 19% des voix (et pas son objectif de 20%). C’est 5% de moins que lors des dernières élections de 2004, mais 1% de plus que ce qu’ils ont obtenu en 2003. En ce qui concerne le FN, on constate à peu près la même stagnation. Le FN a obtenu 5.6% des voix francophones alors qu’ils n’ont aucune activité. C’est 2.5% de moins qu’en 2004, mais à peu près la même chose qu’en 2003.

    Jeroen Demuynck

    Ceci signifie-t-il la fin de l’extrême-droite ? Une partie de la gauche antifasciste le pense bel et bien. C’est ce qu’écrit Manuel Abramovic, sur le site antifasciste résistances. be : « Le 10 juin annonce sans doute le début de la fin du rôle qu’il (le VB, NDLR) a joué depuis les élections législatives de 1991. Son échec est certain, et même historique. » Nous ne sommes pas d’accord avec cette analyse selon laquelle le VB, et l’extrêmedroite en général, est « fini ».

    C’est certainement un fait que le score de l’extrême-droite stagne (surtout par rapport à leurs propres attentes). Mais cette analyse témoigne d’un manque de compréhension quant à la montée électorale de l’extrême-droite. Nous avons toujours expliqué que la croissance de l’extrême-droite est due au mécontentement envers la politique menée par les partis établis. S’il y a une constante dans la politique de la dernière décennie, c’est son caractère néolibérale, antisocial. Une politique qui a énormément coûté à la plupart des gens, et qui a été prônée par tous les partis traditionnels. Ainsi, beaucoup de gens sont à la recherche d’une alternative. Et cela a encore été démontré par les grandes pertes au niveau des résultats de presque tous les partis.

    C’est dans une telle situation que l’extrême-droite a pu jouer un rôle en se profilant comme étant « le parti des petites gens », « la seule alternative ». Et cette situation ne va pas changer… Car on peut clairement voir que le prochain gouvernement sera rassemblé autour de la poursuite d’un agenda néolibérale. Les revendications patronales n’ont toujours pas diminué : attaque sur le droit de grève, augmentation de la TVA, nouvelle réforme des pensions… L’extrêmedroite va donc de nouveau enregistrer des gains en jouant avec le mécontentement présent dans la vie de tous les jours. La seule manière de réellement bloquer l’extrême-droite est de travailler à la construction d’une large organisation des travailleurs et des jeunes, qui offrira une vraie alternative au néolibéralisme.

  • Une loi contre le sexisme : Une Solution ?

    Le sexisme, fléau qui touche la grande majorité de la population, reste dans la société actuelle un trait très exploité et exploitable dans la logique de profit de l’optique capitaliste. Ces aspects sont trop souvent justifiés irrationnellement par “la nature des rôles sexués” qui enferme les femmes et les hommes dans des rôles déterminés …

    Elodie (EGA-Liège)

    Une campagne publicitaire pour une société de location de DVD a beaucoup fait parler d’elle depuis le mois d’avril. Cette publicité, au nom d’un humour de second degré, a pour objet la possibilité fictive de louer des femmes sur Internet par l’intermédiaire d’un catalogue virtuel proposant pas moins de 9584 “créatures”.

    Cela a suscité la réaction de différents partis et organisations notamment par la proposition d’une loi contre le sexisme. Ce projet de lutte contre cette forme de discrimination avait déjà été pensé préalablement par des organisations à caractère féministe tel que Vie Féminine et a été très rapidement repris par certains partis traditionnels tel que Ecolo, dans une logique purement accessoiriste (proposition de loi déposée en août 2006).

    Mais ce genre de faits sexistes n’est pas une pratique exclusive des entreprises privées. En effet, on peut voir les organes gouvernementaux user de la même méthode.

    En Grèce a été publié, par le ministère de la mobilité, un manuel d’auto-école à l’humour douteux : le prototype de la femme qui provoque des dommages au volant. De même, une publicité pour des manuels informatiques, initiative du ministère de l’information, renvoit la même image, celle de la femme perplexe face à la complexité de la technologie moderne. Et cela toujours sur un ton prétendument humoristique, pour adoucir les choses et les consciences. Mais le rapprochement fait entre la femme et son incapacité n’est pas le seul. Les femmes sont aussi trop souvent associées à de purs objets sexuels.

    La société capitaliste a compris l’utilité de véhiculer cette image de la femme pour répondre à la logique dominante du profi t à tout prix.

    Les étudiantes sont victimes de cette image de la femme “objet”, se sentant dans l’obligation de répondre à certaines normes, principalement physiques, imposées par la société capitaliste à travers les médias, et cela, par souci d’intégration. Leur budget, quand il est existant, se voit ainsi amputé d’une somme d’argent démesurée pour l’achat de produits cosmétiques, et ce, pour entretenir ce que l’idéologie capitaliste associe à la beauté.

    Ce n’est pas le seul problème que les jeunes femmes rencontrent. Elles mettent souvent leur santé en péril à travers des méthodes de sévices corporels qui deviennent presque traditionnels dans la société. Il s’agit entre autre de régimes douloureux, conséquences de complexes institués, menant souvent à l’anorexie.

    Cette proposition de loi antisexiste, même si elle doit être soutenue, est insuffisante dans le cadre d’une société prête à tout pour faire fructifier des marchés juteux (comme le sont la pornographie ou la cosmétique), tout comme est vaine une loi antiraciste isolée.

    La situation féminine actuelle ne peut être comprise en dehors de la situation économique et sociale dans laquelle elle se trouve. Le salaire des femmes est encore de nos jours considéré comme d’appoint (elle serait donc simplement une force de travail supplémentaire). Celles-ci gagnent en moyenne à peine 70% du salaire des hommes et lorsqu’elles remplissent des fonctions équivalentes, le salaire reste en moyenne inférieur de 6%. Elles sont souvent embauchées dans les boulots flexibles, précaires, mal payés, tels que les chèques services, les temps partiels… Elles sont les premières touchées par le manque de moyens alloués à ce qui devrait être du service public (notamment les crèches, l’enseignement, …). En conséquence, il parait donc évident que les femmes doivent oeuvrer aux taches ménagères et à l’éducation des enfants, travail non rémunéré et trop souvent dévalorisé.

    Cette situation économique et sociale de la femme est et restera ancrée dans les mentalités tant que la société de classes perdurera. Une lutte axée sur la morale ne peut mener à une victoire. L’organisation matérielle de la société doit être remise en question car elle est la base des conditions désastreuses de la femme.

    Pour qu’elle soit réellement effective, une lutte pour l’abolition absolue du sexisme doit se faire dans le cadre d’une lutte pour une société plus juste et solidaire : une société socialiste !

  • Au Chili comme partout en Amérique Latine, Etudiants et travailleurs se radicalisent!

    Un étudiant d’EGA a visité la section soeur du MAS/LSP au chili “Socialismo Revolucionario”. Il vous partage son opinion de la situation là-bas. Il faut savoir que le Chili n’est pas un pays coupé de son continent et les développements qui y ont lieu sont le fruit de ce qu’il se passe plus généralement en Amérique Latine.

    Pablo N.

    Tout d’abord, il y a un réel processus révolutionnaire enclenché dans la majorité des pays d’Amériques Latines : des gouvernements de gauche et de centregauche fleurissent partout, les gens se radicalisent et il y a de plus en plus de mobilisations et de luttes des travailleurs et des paysans extrêmement fortes.

    Les pays les plus avancés dans ce processus et où celui-ci est le plus dynamique sont, évidemment, le Vénézuela, la Bolivie et l’Equateur. Le Vénézuela est d’ailleurs vu, au Chili, comme un exemple de lutte contre l’impérialisme et le capitalisme, et Chavez est considéré comme « un Président pour les pauvres ». En effet, chaque année, il offre des voyages pour les Chiliens des quartiers pauvres afin se faire soigner au Vénézuela.

    Cependant, le Président vénézuelien est non seulement attaqué politiquement par la droite mais aussi par le gouvernement chilien qui voit d’un mauvais oeil que sa population, qui en a assez des inégalités sociales, se radicalise en suivant l’exemple vénézuelien.

    En effet, le Chili est un pays qui se porte très bien (dans les chiffres) au niveau de la croissance, de la production et de l’exportation, mais les richesses ne sont pas redistribuées : plus de 23% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et plus généralement 80% de la population a un très mauvais niveau de vie que cela soit pour les salaires, l’enseignement ou encore la santé. Le salaire moyen au Chili (160.000 pesos) est inférieur au salaire nécessaire pour vivre (180.000 pesos) selon les économistes capitalistes !

    Depuis le retour de la démocratie au Chili (1990), le pays a connu 17 ans de gouvernement de la « Concertacíon » regroupant le Parti Socialiste, la Démocratie Chrétienne, le Parti Radical et le Parti Pour la Démocratie (centre-gauche), mais aucun changement profond n’a eu lieu. Les inégalités sont les mêmes que sous la Dictature de Pinochet (même parfois pires) et la Constitution et beaucoup de lois en application datent de la Dictature. Un Chilien m’a dit une phrase assez cynique représentant bien la situation : « La différence entre la période de dictature et maintenant, c’est que maintenant on peut élire qui va appliquer la politique néolibérale de Pinochet. »

    Il existe donc un réel mécontentement contre la politique de la Concertation. Les écoliers chiliens ont été les premiers à se révolter avec la « Revolucíon Pingüina» (Révolution des pingouins, car ils portent des uniformes) qui revendiquait toute une série de mesures sociales. Cette révolte a été l’élément déclencheur d’une prise de conscience que la jeunesse et plus largement la population chilienne fait partie d’une classe sociale opprimée et qu’elle doit se battre contre le capitalisme. Cet évènement a de plus montré le vrai visage de la Concertation qui est vu actuellement par beaucoup comme un gouvernement incompétent et au service des plus riches. J’ai trouvé très peu de Chiliens près à soutenir le gouvernement actuel.

    Il y a d’ailleurs eu une journée nationale de mobilisation syndicale à l’appel de la CUT, Centrale Unitaire des Travailleurs (qui est la centrale syndicale du Chili), contre les politiques néo-libérales du gouvernement le 29 août.

    Une grande manifestation a été organisée à Santiago (la capitale) à laquelle j’ai participé. Malgré qu’elle ait été interdite par le gouvernement elle a quand même eu lieu. La répression a été très dure de la part de la police (Gaz lacrymogènes, autopompes, charges de la police montée,…), il y a eu plus de 800 arrestations. J’ai été fort impressionné par le nombre d’écoliers et d’étudiants présents et par la combativité et la détermination des manifestants.

    Il ne fait aucun doute que, comme partout en Amérique Latine, des luttes de plus grande ampleur vont avoir lieu, car la population est consciente que ce système n’apporte que la misère et l’exploitation et que « el pueblo unido jamás sera vencido » (le peuple uni ne sera jamais vaincu).

  • Stop au racisme contre l’Islam

    Il y a quelques temps, l’organisation “Stop the Islamisation of Europe” (SIOE), un rassemblement d’organisations européennes anti-islamiques (y compris entre autres le parti anti-islamique danois SIAD et le groupe britannique No Sharia Here), a annoncé vouloir organiser une manifestation contre « l’Islam ». Après de nombreuses mésaventures, ils ont déclaré que, malgré l’interdiction, il va quand même y avoir une manifestation.

    Lorsqu’on leur demande les raisons pour lesquelles l’Islam est le thème de leur manifestation, ils répondent que l’Islam est une religion violente, et qu’il faut la combattre. Cette conclusion ne tient évidemment pas compte ni de l’histoire de l’Islam, ni de celle des autres religions. Nous n’allons pas plaider pour une interdiction du christianisme à cause de l’Inquisition en Espagne. Nous allons encore moins organiser une manifestation contre le judaïsme à cause de la nature répressive du régime israélien.

    En tant que marxiste nous ne défendons pas les religions en soi mais nous défendons toutefois le droit de pratiquer ses croyances et nous nous opposons avec force à ceux qui voudraient manifester contre l’Islam. Ce qu’ils font, ce n’est pas manifester contre certains courants fondamentalistes, ils agissent à l’encontre de toute la population originaire d’un pays dont la religion dominante est l’Islam. Cela n’est rien de moins que du racisme.

    Ce qui est frappant ici, est le rôle du VB dans cette affaire. Dewinter a non seulement offert Coveliers comme avocat pour combattre l’interdiction de la manifestation, mais aussi et surtout son service d’ordre (Voorpost) pour accompagner la manif et s’assurer de son bon déroulement. Mais cette dernière proposition a été refusée par les organisateurs. Nation appelle aussi à cette manifestation. Le soutien que le VB a porté à cette manifestation est certainement un scandale, mais ce n’est en tout cas pas une surprise.

  • Retour sur les idées du Che 40 ans après sa mort

    Le 9 octobre marquera les 40 ans de l’assassinat de (du) Che Guevara par la CIA alors qu’il menait une lutte révolutionnaire en Bolivie, après avoir combattu à Cuba et au Congo dans le but de renverser l’exploitation impérialiste. La Bolivie est justement un de ces nombreux pays d’Amérique Latine où se déroule actuellement une forte radicalisation des masses face au capitalisme. Cette radicalisation pousse certains dirigeants populistes de gauche comme Chavez au Venezuela à adopter des mesures anti-néolibérales et à faire référence notamment aux idées socialistes du Che.

    Baptiste (EGA-LLN)

    La Révolution Cubaine

    Une lutte à laquelle prit part le Che fut celle que menait le Mouvement du 26 juillet (M26-7) de Fidel Castro à Cuba pour renverser la dictature de Batista, soutenue par les USA. Alors que le Che était déjà un marxiste convaincu, le M26-7, lui, ne présentait pas de perspectives socialistes. Le programme présenté par Fidel Castro était celui d’une révolution démocratique bourgeoise, ne dépassant pas les frontières nationales.

    Le M26-7 remporta cette lutte en 1959, à l’issue d’une guérilla de trois ans. La révolution inquiétait l’impérialisme américain car, bien que n’étant pas socialiste, elle entravait les intérêts américains dans l’île. La réforme agraire, par exemple, n’arrangeait en aucun cas United Fruit qui possédait plus de 100 000 ha à Cuba.

    La contre-révolution

    Dès lors, la contre révolution eut lieu, avec notamment la tentative d’invasion manquée de la baie des cochons. Une telle tentative est courante dans l’histoire de l’Amérique latine, que les USA considèrent comme leur chasse gardée. Ainsi les USA renversèrent entre autres Arbenz au Guatemala et Allende au Chili car ceux-ci menaçaient les énormes profits américains dans ces pays.

    Néanmoins, à Cuba, la contre- révolution échoua et cela eut de l’importance. Castro en arriva à la conclusion que la révolution ne vaincrait qu’en expropriant les capitalistes, ceux-ci étant à la base de la contre-révolution. Au final, ceci prit forme avec la mise en place de l’économie planifiée. La présence de l’URSS fût, elle aussi, un facteur déterminant dans ce monde bipolaire.

    Le fait est que le M26-7 n’avait pas de perspective socialiste, et lorsqu’il dût mettre en place une économie plani- fiée, il se tourna vers l’URSS et en copia des éléments bureaucratiques.

    Si l’économie planifiée permit des avancées sociales inouïes dans l’éducation, le logement et les soins de santé, il faut noter que la bureaucratie est apparue comme un frein à ce développement.

    L’attitude du Che

    Contre l’avis du Che, cette bureaucratie, poussée par l’URSS, a par exemple préféré persévérer dans une monoculture sucrière plutôt que de procéder à une industrialisation plus poussée. Le Che décrit très vite ces problèmes liés à la gestion bureaucratique.

    En outre, étant marxiste, Che Guevara défendait une optique internationaliste de la révolution. Ainsi, il partît pour le Congo et ensuite la Bolivie où il tenta de répliquer le modèle de la guérilla cubaine victorieuse. Ce fut un échec et il finit par le payer de sa vie, assassiné dans un maquis bolivien. Une première conclusion s’impose : le Che connut la limite de la guérilla, confronté au banditisme au Congo et à l’isolement en Bolivie.

    Le rôle des masses

    A Cuba, la révolution fut menée par un groupe restreint de personnes décidées,. Les masses ouvrières et paysannes ne participèrent pas réellement au processus révolutionnaire. Or, la prééminence de la classe ouvrière est indispensable pour mener une révolution : les travailleurs sont capables de plonger l’économie dans l’immobilité via une grève insurrectionnelle révolutionnaire. Avec la mise sur pied de comités de grève, un pouvoir parallèle peut voir le jour. Pouvoir qui prendra alors le dessus par rapport au pouvoir en place, et ce, grâce à la gestion et au contrôle des moyens de production par la population. Ces comités sont les premiers pas vers une démocratie ouvrière indispensable à la construction d’une société socialiste.

    Ainsi, un parti révolutionnaire dans lequel s’organiserait la partie la plus consciente des masses laborieuses est nécessaire. A Cuba, un tel parti ayant une perspective socialiste internationale était absent.

    Les masses ne furent donc pas impliquées dans le processus révolutionnaire, ce qui ne permit pas l’instauration d’une réelle démocratie mais bien l’émergence d’une bureaucratie, avec ses privilèges, ses dérives économiques et le danger d’une restauration capitaliste, comme ce fut le cas en URSS.

    Actuellement, de nombreux mouvements de masses émergent en Amérique Latine et présentent des éléments révolutionnaires. Quand certains se réfèrent aux idées socialistes du Che, il est crucial de pouvoir tirer les leçons du passé en soulignant l’importance d’un parti révolutionnaire international. Celui-ci permettra d’organiser les travailleurs internationalement vers le socialisme, car l’exploitation ne connaît pas de frontières.

  • Titres-Services. Hold-up de 1.000.000.000 € sur la sécu !

    Le système des titres-services a été créé par le précédent gouvernement fédéral en vue de combattre le travail au noir dans le secteur du nettoyage et de le remplacer par des emplois « blancs ». D’après le gouvernement, le succès est bien plus important que prévu.

    Karel Mortier

    Beaucoup de particuliers utilisent les titres-services et, grâce à ce système, des dizaines de milliers de gens seraient sortis du circuit du travail au noir. Actuellement quelque 500.000 personnes utilisent les titres-services, principalement en Flandres, et ce nombre continue de croître. C’est tout un secteur de l’industrie qui s’est développé autour du système des titresservices et il y aurait déjà à peu près 30.000 personnes qui disposeraient d’un revenu par le biais de ce système. En 2006, le nombre d’heures prestées dans ce cadre s’élevait à 32 millions d’heures. La demande est si forte que l’Etat a des problèmes pour continuer à financer le système.

    Un titre-service (qui correspond à une heure de travail) coûte tout compris 20 euros. De cette somme, les particuliers paient 6,70 euros dont ils peuvent déduire 30 % de leurs contributions. En fin de compte, le particulier, ne paie donc que 4,70 euros l’heure. Quant à l’Etat, il paie la différence la différence entre le prix global et le prix d’achat du titre pour les particuliers, soit 13,30 euros qui vont à la sécurité sociale, aux charges sociales et à une partie de la pension.

    Le comité de gestion de la sécurité sociale s’attend à ce qu’en 2008, les titres-services coûtent à l’ONSS plus de 800 millions d’euros. Si on tient compte en plus de la diminution des recettes des contributions, il s’agirait d’une perte totale de presque un milliard d’euros. Cela fait un milliard d’euro pour financer des services qui servent en bonne partie à ceux qui ont déjà les revenus les plus élevés. Et après, on vient nous dire qu’il faut faire des économies en matière de sécurité sociale !

    De plus, l’effet sur le chômage n’est pas toujours aussi clair. L’Etat et l’industrie des titres-services présentent la situation de façon très optimiste et sortent régulièrement de bons chiffres mais différentes études contredisent cette image. En outre, l’Etat étend systématiquement le champ d’application des titres-services, comme récemment à la garde d’enfants, ce qui peut avoir pour effet que les titres-services supplantent de plus en plus d’autres formes d’emploi au lieu de créer de nouveaux boulots.

    Aujourd’hui, les titres-services sont utilisés pour distribuer des cadeaux aux employeurs (ou aux particuliers) qui les utilisent. Par la même occasion, ils sont souvent utilisés comme un instrument pour rendre les travailleurs plus flexibles. Et qui paie l’addition ? La collectivité.

    Face à cela, nous mettons en avant la nécessité de créer des emplois décents et des services publics qui répondent aux besoins de la société. Les besoins en matière de garderies et de nettoyage existent réellement. Mais les titres-services ne sont pas une solution valable car ce système coûte cher à la communauté et il n’est pas toujours évident de savoir à qui il profite.

    Pourquoi ne pas utiliser l’argent public pour développer des services publics de garderie ou de nettoyage accessibles et gratuits ?

    Il se pourrait même que cela coûte moins cher à l’Etat et les travailleurs pourraient certainement jouir ainsi d’un meilleur statut. Mais c’est sans doute cela que patrons et politiciens veulent éviter…

  • Pôle Nord. La glace recule, l’impérialisme avance

    Pôle Nord

    Une véritable bataille s’est engagée ces derniers mois pour le contrôle de la région du Pôle Nord, sous les plis du drapeau de la recherche scientifique.

    Frederik De Groeve

    Le Danemark et la Russie essaient l’un comme l’autre de prouver par des données sismographiques que le Pôle Nord leur appartient sur le plan géologique. Le Canada et les Etats-Unis veulent marquer ce territoire en envoyant de nouveaux navires de patrouille et de projetant d’y installer de nouvelles bases militaires. Enfin, la Norvège veut aussi avoir son mot à dire puisqu’elle possède le territoire voisin du Spitzberg. Comment expliquer cet intérêt soudain pour le Pôle ?

    L’accumulation des gaz à effet de serre – principalement le CO2 issu de l’utilisation massive de combustibles fossiles comme le pétrole – provoque un réchauffement du climat. Et – bien que les politiciens et les médias en donnent souvent une image déformée et confuse – le réchauffement de la terre a des conséquences catastrophiques pour l’homme et la nature. Ces conséquences sont déjà clairement visibles maintenant et ne feront qu’augmenter à l’avenir. Et parmi ces conséquences, il y a la fonte rapide de la calotte glaciaire.

    Suite à la diminution de la couche de glace, la région polaire devient navigable pendant les mois d’été. Il y a quelques semaines, des chercheurs russes et danois ont atteint le Pôle Nord en bateau.

    L’intérêt pour le Pôle n’est pas que scientifique : de nombreux indices font penser que, sous le fond de l’océan, se trouvent des réserves de pétrole et de gaz qui seraient facilement exploitables après la fonte complète de la calotte glaciaire.

    En préparant une « ruée vers l’or noir » sous le territoire du Pôle, les puissances capitalistes admettent ouvertement n’avoir nullement l’intention de solutionner les problèmes de climat. Tous ces pays, à l’exception des Etats-Unis, ont pourtant signé le protocole de Kyoto, qui était présenté comme une tentative pour limiter le réchauffement de la terre. Mais la réalité nous montre que ce protocole n’était qu’un cache-sexe. En fin de compte, ce sont les intérêts économiques qui priment. La présence potentielle de pétrole sous les glaces du Pôle est beaucoup plus intéressante pour les capitalistes que la bombe à retardement écologique qu’on place sous la planète.

  • L’enseignement supérieur deviendra-t-il bientôt impayable ?

    Attention : l’article qui suit concerne directement l’enseignement flamand. Mais ne vous imaginez pas que la situation qu’il décrit soit purement exotique. La situation des étudiants boursiers n’est guère meilleure dans la partie francophone et les « réformes » appliquées dans l’enseignement supérieur flamand ces deux dernières années ont recueilli l’appui d’une série de personnalités du monde universaire francophone. Autant dire que ce que décrit cet article pourrait bien annoncer ce qui sera un futur proche pour nous.

    Tim Joosen

    Une étude de l’Université catholique de Leuven (KUL) vient de montrer que le nombre d’étudiants boursiers de l’enseignement supérieur est passé de 25% du nombre total d’étudiants en 1989/90 à 15% en 2003/04.

    LES BOURSIERS SONT MOINS NOMBREUX…

    D’après les chercheurs, cela s’expliquerait par le fait que les seuils de revenus pour avoir droit à une bourse d’études n’ont pas suivi l’index qui a augmenté de 35% entre 1990 et 2004. En ce qui concerne les universités, le nombre d’étudiants boursiers est tombé de 24,55% à 15,85% ; dans les hautes écoles, il est passé de 34,30 à 17,65% pour les formations longues et de 34,74% à 21,82% pour les formations courtes. En moyenne, un étudiant boursier à l’université recevait 1.164 euros en 1989/90 et 1.648 euro en 2003/04, c’est-à-dire à peine plus que l’augmentation de l’index dans cette période-là.

    En chiffres absolus, le montant de l’ensemble des bourses est aujourd’hui quasiment le même qu’il y a 15 ans. Cela veut donc dire que le gouvernement flamand consacre, en chiffres réels, 35% en moins aux bourses d’études qu’en 1990 !

    Ces chiffres démontrent que l’enseignement supérieur est de moins en moins accessible à des jeunes d’un milieu ouvrier. Cela a également des conséquences pour les étudiants eux-mêmes : beaucoup doivent se taper des petits boulots pendant les vacances, voire pendant toute l’année, pour pouvoir payer leurs études ou leur kot.

    D’autant que les prix des kots, des restos et des minervals dans les universités et les hautes écoles augmentent eux quasiment chaque année. A la KUL, les minervals pour certains master-après-masters sont passés de 500 euros l’an dernier à 5000 euros ! Cette année, il a été décidé de « revaloriser » les formations d’agrégation ; le contenu des cours n’a pourtant pas changé (même nombre d’heures, mêmes contenus) mais à présent les étudiants doivent payer autant pour une année d’agrégation que pour une année académique normale. Résultat : au lieu de 75 euros, cette formation complémentaire indispensable pour un futur prof coûte aujourd’hui 500 euros.

    …ET IL NE SONT PAS LES BIENVENUS !

    Les étudiants doivent payer plus alors que le financement de l’enseignement par les pouvoirs publics diminue. Entre 1980 et 2004, le budget total de l’enseignement a reculé de 7% du Produit Intérieur Brut à 4,9%, malgré une augmentation du nombre d’étudiants.

    En 1996 déjà, une étude de la KUL montrait que les études devenaient de plus en plus inaccessibles pour les enfants de milieux familiaux peu scolarisés. Tandis qu’en 1970, un enfant dont les parents n’avaient que le certificat d’école primaire avait 4 fois moins de chances d’entreprendre des études supérieures qu’un enfant issu des classes moyennes, ce type d’enfant avait 10 fois moins de chances d’y parvenir en 1990.

    Frank Vandenbroucke, le ministre soidisant « socialiste » de l’Enseignement flamand, ne considère pas cette évolution comme un problème. Il affirme haut et fort qu’il n’a pas l’intention d’augmenter le budget pour les bourses d’études et qu’il incombe aux universités et aux hautes écoles elles-mêmes de prendre des mesures pour remédier à cette situation. Suivant le nouveau mode de financement qu’il a introduit l’an dernier, les universités pourraient recevoir de l’argent en plus lorsqu’elles attirent des étudiants boursiers. Seulement voilà : on n’a pas prévu d’argent pour développer les services sociaux (kots universitaires, restos étudiants, soins médicaux, services de cours,…) qui permettraient d’attirer cette couche d’étudiants-là.

    Au contraire, les universités et les hautes écoles reçoivent toujours moins de moyens par étudiant. Elles sont ainsi incitées à continuer à rogner dans leurs budgets sociaux. Il est beaucoup plus intéressant pour une institution d’entamer une course à la concurrence pour attirer les meilleurs étudiants (quio sont aussi le plus souvent issus des milieux les plus riches) plutôt que de se préoccuper des étudiants boursiers. Un étudiant plus pauvre et qui travaille a moins de temps à consacrer à ses études, a donc moins de chances de réussir et rapportera donc moins d’argent dans le nouveau mode de financement des universités et des hautes écoles. Le plaidoyer de Vandenbroucke en faveur des « chances égales » n’est qu’un vernis visant à masquer sa politique néo-libérale qui conduit de plus en plus à une pure marchandisation de l’enseignement.

    Actief Linkse Studenten / Etudiants de Gauche Actifs (ALS/EGA), notre organisation étudiante, se bat déjà depuis longtemps pour un enseignement gratuit et de qualité pour tous. Elle dénonce les limitations des bourses d’études et les augmentations de minerval et d’autres frais d’études.

    Et elle revendique l’instauration d’un revenu étudiant pour chaque étudiant. Un tel système généralisé est beaucoup plus efficace pour garantir à tous les étudiants l’accès à l’enseignement à tous les niveaux.

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