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  • Résistance antifasciste massive à Cologne – Reportage-photo 3

    Reportage-photo 3

    Stephan, Mas-Gand


    DOSSIER:

    ISLAM & SOCIALISME


    CALENDRIER de nos campagnes:

    • De la colère à l’action organisée: Résistance Internationale!
    • 20 septembre: Manifestation contre un Congrès anti-islam organisé avec la participation du Vlaams Belang
    • 4 octobre: Action contre la conférence du Front National à Molenbeek (BXL)
    • 25 octobre: Festival "Environnement" de Résistance Internationale à Anvers
    • 6 décembre: Action pour le Climat à Bruxelles
    • 5 mars 2009: Manifestation anti-NSV à Louvain
    • 8 mars 2009: Action dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes

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  • Résistance antifasciste massive à Cologne – Reportage-photo 2

    Reportage-photo 2

    Conny Dahmen, SAV-Cologne (CIO-Allemagne)


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  • Résistance antifasciste massive à Cologne – Reportage-photo

    Hier, une manifestation de l’extrême-droite a connu un fiasco énorme. Le groupuscule Pro Köln avait organisé un congrès anti-islam avec, entre autres, le Vlaams Belang. Mais il y avait tellement de manifestants qu’il n’a pas été possible pour eux de faire quoi que ce soit. Parmi les 30 à 40.000 manifestants se trouvait une délégation de nos campagnes antifascistes Résistance Internationale et Blokbuster. Voici quelques photos.

    Tim, MAS-Bruxelles


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  • 20 ans après le meurtre de trois volontaires de l’IRA par les SAS

    De la répression de l’Etat britannique, du terrorisme et du mouvement ouvrier

    20 ans après le meurtre de trois volontaires de l’IRA par les SAS

    Vingt ans ont maintenant passé depuis le meurtre à Gibraltar de trois membres de l’IRA (Irish Republican Army – Armée Républicaine Irlandaise, groupe paramilitaire indépendantiste) par les SAS (Special Air Service – Service Spécial Aérien, forces d’élite britanniques, notamment utilisées dans la lutte antiterroriste). En Irlande du Nord, ces morts avaient été le détonateur d’une nouvelle explosion de violence, brève mais particulièrement sanglante. Au cours des treize jours qui ont suivit, huit personnes ont perdu la vie et soixante-huit autres ont été blessées à travers toute une série d’attaques impliquant l’armée, l’IRA, et les milices loyalistes.

    Peter Hadden, Socialist Party (CIO-Irlande), Belfast, 7 avril 2008

    C’est surtout de deux de ces incidents que se rappelleront le plus vivement ceux qui ont connu ces événements, même si ce n’est que parce qu’ils ont eu la chance d’être pris en direct par les caméras qui se trouvaient sur place.

    L’un de ces incidents était l’attaque d’un fusilier loyaliste, Micahel Stone, contre la foule rassemblée aux funérailles des victimes de Gibraltar, qui a fait trois morts et de nombreux blessés. Les images diffusées à plusieurs reprises dans les nouvelles du jour montraient Stone fuyant à travers le cimetière Milltown de Belfast-Ouest en direction de l’autoroute M1, tentant de distancer la foule enragée lancée à sa poursuite en les arrosant de tirs de pistolet et de grenades, fournissant par là-même une illustration frappante de la brutale réalité qui était celle des « Troubles » en Irlande du Nord.

    Il y a aussi eu le film réalisé trois jours plus tard sur la Route d’Andersonstown, aux funérailles d’une des victimes de Stone à Milltown. Cette vidéo montrait deux soldats anglais en civil qui avaient brutalement foncé avec leur voiture dans le cortège funèbre et s’étaient fait tirer hors de leurs véhicule par la foule, l’un d’entre eux brandissant un fusil. Peu après cela, ils ont été remis à l’IRA qui les a conduits dans une décharge derrière des magasins du coin avant de les abattre.

    Aujourd’hui, vingt ans plus tard, le Sinn Féin (« Nous-mêmes », le principal parti indépendantiste, lié à l’IRA) est en train de faire de gros efforts pour organiser toute une série de grands événements afin de commémorer les victimes de Gibraltar. Il y a eu des assemblées et un grand meeting public à Belfast-Ouest. Une brochure spéciale de douze pages retraçant l’histoire de Gibraltar et ses conséquences sanglantes a été produit et distribué en porte-à-porte dans les zones catholiques de la ville.

    La controverse publique s’est rapidement développée au sujet de ces commémorations, surtout au sujet de la proposition d’organiser, dans la Longue Gallerie du Parlement à Stormont, une célébration de la vie de Mairéad Farrell – une des trois personnes abattues par les SAS à Gibraltar. Ce débat a, comme il fallait s’y attendre, produit une réaction immédiate de la part du Parti Démocrate Unioniste (DUP), qui a annoncé fort logiquement qu’il allait organiser un événement, au même endroit et au même moment, afin de commémorer le rôle des SAS dans cette affaire. Au final, aucun des partis n’a obtenu l’autorisation de faire quoi que ce soit – un nouveau règlement a été voté en toute hâte pour rendre la location de la Longue Gallerie plus difficile – et le Sinn Féin s’est donc rabattu sur un petit meeting consacré à la vie de Mairéad Farrell dans leurs propres bureaux, à Stormont.

    Réveiller le passé

    Pour le Sinn Féin comme pour le DUP, tout ce battage autour de vieilles rancœurs, aussi sectaire que rituel, a en fait bien plus à voir avec les événements qui se déroulent maintenant qu’avec ce qui s’est passé vingt ans plus tôt. Les partis sectaires d’Irlande du Nord ont toujours suivi cette simple règle : à chaque fois que quelque chose ne va pas, on ressort les vieilles histoires.

    Et effectivement, le Sinn Féin comme le DUP s’attendent à ce que les choses n’aillent pas si bien dans le futur proche. Tout au long des dernières décennies, ces deux partis ont représenté les deux pôles extrêmes opposés sur l’échelle de la politique sectaire. Et maintenant, ils participent ensemble au gouvernement. Pour un nombre croissant des partisans de ces deux partis, la relation entre leurs dirigeants et ces ex-ennemis jurés qu’ils injuriaient autrefois publiquement, est devenue bien trop amicale ces derniers temps, et ce sans qu’ils en aient retiré quoi que ce soit de concret.

    L’Exécutif de coalition, mis en place il y a tout juste un an, n’a fait que continuer la politique précédente des Ministres du New Labour : la bonne vieille recette pro-big business, mais avec une petite pincée en plus de népotisme et de corruption.

    Les Ministres Sinn Féin et DUP ne sont visiblement pas très à leur aise lorsque l’on mentionne avec eux des enjeux tels que les privatisations, les coupures budgétaires dans l’éducation, les soins de santé et, bien entendu, la compagnie des eaux. Il est évident qu’ils préfèrent rester en terrain connu, dans le domaine des attaques sectaires qui leur sont bien plus familières. Ces deux partis seraient bien contents de pouvoir se chamailler toute la journée afin de savoir qui l’on doit commémorer, des glorieux martyrs de l’IRA ou des vaillants soldats SAS, sachant que sur cette question ils sont sur leur terrain, avec une base solide parmi la population pour les soutenir. Ils se tournent délibérément vers de telles « problématiques » afin de lancer de la poudre aux yeux des travailleurs pour détourner l’attention de ce qu’ils sont réellement en train de faire au gouvernement. Ces partis sont eux-mêmes bien rôdés en ce qui concerne l’usage de la vieille tactique de l’impérialisme : diviser pour régner.

    Et quand ils se réfèrent au passé, c’est toujours leur version de l’histoire qui est présentée. A tous les coups, c’est une version à une seule facette : l’image tronquée qui apparaît lorsqu’on observe tout à travers le prisme du sectarisme. Ainsi, aucun de ces partis ne peut nous raconter ce qui s’est réellement passé à Gibraltar et après.

    Un récit à une seule facette

    Dans la période qui a directement suivi la tuerie de Gibraltar, le gouvernement Thatcher et ses chefs de la sécurité avait délibérément publié un nuage de mensonges pour tenter de couvrir ce qui s’était réellement passé. La presse britannique a régurgité ce tissu de mensonges de la manière la plus fidèle et non-critique qui soit. Le journal télévisé et la presse racontaient la même histoire : les trois victimes, Sean Savage, Dan McCann et Mairéad Farrell, avaient été tuées par la police de Gibraltar après qu’ils y aient implanté une énorme bombe ; le trio était armé, avait ignoré les avertissements qui leur avaient été donnés et des tirs avaient été échangés jusqu’à la mort des trois terroristes. L’armée était ensuite intervenue pour désamorcer la bombe.

    La brochure commémorative du Sinn Féin réfute correctement cette version de l’histoire dans sa totalité. Au lieu de cela, ils disent que :

    « Toute cette histoire n’est que mensonges. La vérité est que :

    • Les Britanniques ont suivi le moindre mouvement des trois volontaires dès leur traversée de la frontière espagnole avec Gibraltar.
    • Il n’y avait pas de bombe
    • Il n’y a pas eu d’échange de coups de feu
    • Le trio n’était pas armé
    • Ce n’est pas la police de Gibraltar qui est intervenue, mais bel et bien les SAS. »

    La brochure reprend également une déclaration que l’IRA avait faite à l’époque : « les principes militaires du gouvernement britannique incluent l’exécution de volontaires désarmés. »

    Les autres articles dans cette brochure continuent avec le récit des violences qui ont suivi Gibraltar – les tentatives de la RUC (Royal Ulster Constabulary – la police nord-irlandaise, maintenant rebatpisée PSNI – Police Service of Northern Ireland), à peine une semaine plus tard, de détourner de force les corbillards transportant les restes des trois victimes à Belfast-Ouest, de sorte à ce qu’ils ne parviennent pas à la foule qui attendait ; le meurtre, la même nuit, d’un volontaire de l’IRA, Kevin McCracken, tandis qu’il se préparait lui-même à ouvrir le feu sur des soldats dans le quartier de Turf Lodge, où avait vécu Sean Savage ; l’attaque de Michael Stone à Milltown, deux jours plus tard ; et, enfin, l’exécution des deux soldats « sous couverture » qui avaient foncé avec leur voiture dans la procession funéraire de Kevin Brandy, une des victimes de Milltown.

    Toute cette version de la part du Sinn Féin est totalement véridique… mais ne raconte pas tout. Le seul but recherché avec cette publication était de rappeler aux gens dans les bastions du Sinn Féin, tels que Belfast-Ouest, toute la répression qu’ils subissaient aux mains de l’armée, de la RUC et des loyalistes, et ceci afin de renforcer l’autorité vacillante de leur parti, en réaffirmant les sacrifices faits par les républicains dans leur résistance face à l’oppression. Tout élément qui ne rentre pas parfaitement dans ce scénario est tout bonnement ignoré. Ce qui en ressort, est un tableau inachevé, unilatéral, présenté sans aucune tentative d’analyser ce qu’il s’est passé ni d’en tirer quelque leçon.

    « Shoot to kill »

    Ceux qui sont incapables de tirer les leçons du passé, surtout lorsqu’il s’agit d’erreurs passées et d’actions qui n’eurent pas l’effet escompté, sont d’office condamnés par l’Histoire à répéter les mêmes erreurs. Gibraltar et ses conséquences sanglantes ont été une version condensée des « Troubles », riche en leçons. Deux décennies plus tard, il est important que la nouvelle génération, se tenant sur le seuil d’une nouvelle vague d’importants bouleversements sociaux, puisse passer au-dessus de cette version unilatérale de l’Histoire que nous fournit le Sinn Féin – ainsi que les autres forces sectaires – et se basent sur la compréhension la plus complète d’événements aussi importants que celui-ci.

    Avant toute chose, Gibraltar a exposé la nature impitoyable de la classe dirigeante britannique. Gibraltar a arraché le voile démocratique tendu sur l’establishment britannique pour nous donner un aperçu des méthodes que ces gens sont préparés à employer afin de protéger leurs intérêts.

    Pendant les années ‘80, le gouvernement Thatcher a adopté une politique consciente de « tirer pour tuer », utilisant en Irlande du Nord les SAS et des unités de police spécialement entraînées afin d’éliminer systématiquement tous les membres de l’IRA et des autres groupes républicains. Dix mois avant Gibraltar, un petit village du Conté d’Armagh était le témoin d’un exemple cinglant de cette cruauté militaire. Une embuscade tendue par les SAS y extermina une unité de l’IRA qui se préparait à attaquer le commissariat de Loughgall. Huit membres de l’unité furent abattus tandis qu’ils descendaient de leur camionnette pour plonger dans un barrage de tirs de fusils. Un automobiliste de passage, qui avait le malheur de suivre le combi de l’IRA d’un peu trop près, fut lui aussi pris dans le nuage des balles des SAS et tué.

    Ce sont exactement les mêmes méthodes qui ont été mises en œuvre à Gibraltar. Les intentions des trois membres de l’IRA étaient bien connues des polices espagnole et britannique qui, depuis des mois déjà, avaient enregistré leurs moindres faits et gestes. Les services de renseignement de l’Etat savaient également qu’aucune attaque n’avait été planifiée par l’IRA le jour de la fusillade ; leur objectif était la cérémonie du changement de garde devant les bureaux du Gouverneur, deux jours plus tard, le huit mars.

    Le but recherché, en envoyant une unité spéciale des SAS expédiée par avion juste à temps pour l’attaque et rapatriée par avion immédiatement après, n’était pas d’empêcher l’attaque – ce qui aurait pu être fait par la police de Gibraltar ou la police espagnole – et n’était certainement pas non plus d’arrêter qui que ce soit. L’objectif était simplement de s’assurer que Mairéad Farrell, Dan McCann et Sean Savage ne quitteraient pas Gibraltar vivants. Les ordres des SAS furent signés par les plus hauts étages du gouvernement Tory. Thatcher elle-même était parfaitement au courant de toute l’opération, et n’hésita pas à la moindre seconde à mettre de côté toutes les politesses démocratiques.

    Désinformation britannique

    L’histoire, nulle doute concoctée à l’avance, immédiatement diffusée via les médias par le gouvernement Tory était un véritable chef-d’œuvre de désinformation qui n’avait absolument aucun lien avec ce qui s’était réellement passé. C’était une pure invention qui n’aurait pu tenir très longtemps – même Thatcher ne pouvait plus maintenir l’idée qu’une bombe avait été enclenchée puis désamorcée lorsqu’il devint clair qu’il n’y avait aucune bombe dans la voiture que Sean Savage venait de garer avant d’être tué.

    Par conséquent, de nouveaux mensonges sont arrivés pour raccommoder les trous qui commençaient à apparaître dans la première version de l’histoire. Les SAS, dirent-ils, avaient ouvert le feu parce qu’ils « pensaient qu’il y avait une bombe », et parce que leurs trois victimes avaient eu des gestes « menaçants lorsqu’ils furent interpelés », ce qui les avait fait croire qu’ils tentaient d’enclencher la bombe au moyen d’une télécommande.

    D’une manière plutôt inhabituelle pour une force aussi secrète, les membres des SAS ont témoigné lors de l’enquête, cachés derrière des écrans pour garder leur identité secrète tandis qu’ils répondaient aux questions. Un des membres de l’escouade SAS expliqua ainsi qu’il avait vu Sean Savage parquer la voiture, qui, supposait-il, contenait une bombe. Savage rejoignit alors les deux autres membres de l’IRA, et ils se dirigèrent vers la frontière espagnole. Ce membre des SAS affirma qu’il avait alors inspecté la voiture mais n’avait pas pu s’assurer qu’elle ne contenait aucune bombe.

    Mais si la version des SAS avait été véridique et qu’ils s’étaient réellement souciés de savoir si oui ou non il se trouvait dans la voiture une bombe qui aurait pu être enclenchée à distance, la première chose qu’ils auraient dû faire aurait été d’installer des barrages de sécurité autour de la zone contenant la voiture. Rien de tel ne fut entrepris, et aucune explication n’a été donnée pour expliquer cette erreur.

    La seule conclusion qui peut être tirée est que les SAS savaient qu’il n’y avait pas de bombe et, de toutes manières, savaient que les trois membres de l’IRA n’auraient pas utilisé une télécommande pour déclencher un tel attentat. L’usage d’une télécommande aurait effectivement impliqué qu’ils auraient dû rester à Gibraltar pour déclencher l’explosion, sachant fort bien que la frontière aurait été immédiatement fermée, ce qui aurait signifié une capture quasi-certaine.

    Les comptes-rendus donnés par les quelques témoins oculaires de l’évènement ont confirmé ceci. Selon leur témoignage, il n’y eut aucun avertissement, aucun geste menaçant : juste une averse de balles délivrée par les pistolets automatiques des SAS. Un de ces témoins a vu Sean Savage, déjà à terre, avec un des SAS lui tirant des balles dans sa tête à bout portant.

    Les expertises scientifiques et médicales ont confirmé ces témoignages. Les trois corps avaient été touchés à vingt-sept reprises, au niveau du corps, puis de la tête, une exécution conduite de manière extrêmement professionnelle. Sean Savage avait été touché seize fois, dont quatre balles dans la tête. Même le pathologiste d’Etat, le Professeur Alan Watson, a décrit cette attaque comme « un acte de sauvagerie incontrôlée ».

    La seule raison qui faisait que l’Etat pouvait utiliser de telles méthodes en toute impunité, était le fait que la plupart des gens étaient prêts à simplement hausser les épaules tant que les victimes étaient de l’IRA ou d’autres groupes terroristes du même genre. Ce n’est là qu’un des nombreux exemples de situations où les méthodes du terrorisme individuel, tel que pratiqué par l’IRA entre autres, ont joué en dernier recours un rôle réactionnaire.

    Terrorisme individuel

    Le terrorisme individuel, tel que les récents phénomènes de terrorisme de masse pratiqués par des groupes comme Al Qaeda, désoriente la classe ouvrière et est source de confusion. En tentant d’affaiblir le pouvoir de l’Etat, il ne fait à chaque fois que produire l’effet inverse : il fournit à l’Etat une excuse afin d’instaurer toute une batterie de mesures répressives qui, dans d’autres circonstances, ne seraient pas passées sans une résistance généralisée.

    Plus que cela, l’exécution de membres de l’IRA, désarmés, en plein jour dans les rues, le blocage des aéroports avec des véhicules blindés, et d’autres mesures du même acabit, toutes mises en œuvre sous le prétexte de « menace terroriste », permettent à la classe dirigeante de préparer psychologiquement la population à l’éventualité d’une généralisation de telles mesures dans le futur.

    Les lois et les méthodes répressives, quel que soit le contexte dans lequel elles sont d’abord introduites, sont toujours, en dernier recours, une arme qui sera conservée dans le futur, afin d’être utilisée contre la classe ouvrière, et en particulier contre tous ceux qui se battent pour un avenir socialiste. C’est une des raisons qui explique pourquoi les socialistes ont à la fois une responsabilité et un intérêt dans l’organisation d’une opposition rigoureuse face à toute forme de répression – sans pour autant adopter le point de vue des dirigeants sociaux-démocrates d’Irlande du Nord qui préféraient ignorer ou, pire encore, soutenir les mesures répressives introduites par les différents gouvernements britanniques depuis le commencement des Troubles.

    Pendant des décennies, l’Irlande du Nord a été utilisée par la classe dirigeante britannique comme un laboratoire à ciel ouvert dans lequel elle pouvait perfectionner ses méthodes de surveillance et de contrôle de foule, en vue de les utiliser contre la classe ouvrière britannique. En 1984 et 85, les mineurs britanniques ont d’ailleurs pu goûter aux méthodes de police militaire qui avaient d’abord été affûtées jusqu’à la perfection dans les rues de Belfast et de Derry.

    Contre-productif

    C’est le terrorisme individuel qui crée un climat dans lequel une telle répression peut être employée. Tout récit de la tuerie de Gibraltar qui ne ferait que discuter du rôle de l’Etat, sans aborder le moins du monde la question de ce qu’était allée y faire l’unité de l’IRA, est par conséquent déformée et unilatérale. Ce n’est qu’une fois qu’on a rempli les trous dans l’histoire que l’ensemble du tableau émerge, ce qui, en plus de démontrer la brutalité de l’Etat, nous montre aussi la futilité et, du point de vue de la classe ouvrière, la nature totalement contre-productive de la campagne de l’IRA.

    La brochure commémorative du Sinn Féin dit que les trois volontaires étaient « en service », mais sans nous fournir le moindre mot d’explication quant à la nature de leur mission. On peut effectivement affirmer, comme le fait cette brochure, qu’il n’y avait « pas de bombe », mais cela revient à s’interrompre à la moitié de la phrase. Pour que cette affirmation soit totalement véridique, il faudrait dire qu’il n’y avait « pas de bombe à Gibraltar ». Mais, cependant, sur la côte espagnole, juste à côté, dans la station balnéaire de Marbella, se trouvait une deuxième voiture remplie de 63kg de plastic accompagnés d’une minuterie, à l’horloge programmée pour 11h20, mais qui n’avait pas encore été activée.

    Il est évident que la cible intentionnelle était la cérémonie du changement de garde qui devait se produire deux jours plus tard. L’automobile garée par Sean Savage à Gibraltar avait été parquée là afin de réserver un emplacement de parking et, si le plan s’était déroulé comme prévu, aurait été remplacée, peu avant la cérémonie – qui devait prendre fin à 11h20 – par la voiture contenant la bombe.

    Il n’y aurait eu aucun avertissement. Si tout s’était déroulé selon le plan établi, les trois membres de l’IRA se seraient déjà trouvés en Espagne au moment de l’explosion, sans avoir la moindre idée du nombre de gens qui auraient pu se trouver à proximité de la voiture.

    La conséquence la plus probable aurait été un carnage horrible, qui aurait tué ou mutilé, sans aucune distinction, les membres de la fanfare militaire, mais aussi les passants et les spectateurs (hommes, femmes et enfants). Cet acte aurait été un désastre pour la propagande du mouvement républicain. Les images des civils morts ou blessés auraient été utilisées pour justifier une grande campagne anti-IRA, pas seulement en Irlande du Nord et en Grande-Bretagne, mais à travers toute l’Europe. Nous pouvons être certains que, si les trois volontaires de l’IRA avaient pu rentrer en Irlande comme si de rien n’était, nous n’aurions droit aujourd’hui à aucune brochure commémorative, aucun défilé ni meeting.

    Le bombardement d’Enniskillen

    Quatre mois avant Gibraltar, le huit novembre 1987, l’IRA avait mit en œuvre une opération qui, si l’on parle de ses objectifs immédiats, a été un succès total. Une bombe explosa à l’endroit prévu, tuant onze personnes et en blessant soixante-trois autres, gravement pour plusieurs d’entre elles. Une de ces personnes est décédée après treize jours de coma. Ceux qui avaient organisé cet attentat ont pu s’échapper sans problème. A ce jour, ils n’ont toujours pas été arrêtés.

    Lors de cet incident, appelé par la suite « l’atrocité de l’Armistice », une bombe, placée près du cénotaphe d’Enniskillen, avait été programmée pour exploser au moment où la foule se rassemblait pour commémorer les victimes de la guerre. Pour ceux qui avaient placé cette bombe, cette opération fut une grande réussite ; mais pour qui que ce soit d’autre, Enniskillen fut un désastre, pas seulement pour les familles qui en ont souffert, mais aussi un désastre pour le mouvement républicain, ouvrant même des divisions au sein de l’IRA. Sans aucune surprise, le vingtième anniversaire de l’atrocité d’Enniskillen, en novembre dernier, est passé sans que le Sinn Féin n’organise quoi que ce soit.

    Enniskillen, tout comme Gibraltar, a montré comment, après presque deux décennies de lutte armée, l’IRA considérait toute chose comme sens dessus-dessous : un « succès » à la Enniskillen signifiait une défaite et une perte de soutien, tandis qu’un échec à la Gibraltar devenait une réussite. La « lutte armée » était dans l’impasse.

    Même des événements inhabituels comme l’incident d’Andersonstown, lorsque les deux caporaux de l’armée ont foncé avec leur voiture dans le cortège funèbre de Kevin Brady, une des victimes de Milltown, ont montré comment, dans la plupart des cas, les actions de l’IRA étaient devenues contre-productives. Avec le souvenir de ce qui s’était passé à Milltown bien présent dans l’esprit de tous, les personnes présentes aux funérailles étaient déjà sur leurs gardes. Lorsque la voiture des deux soldats est passée devant la procession, a tourné dans une ruelle adjacente (pour se rendre compte que c’était un cul-de-sac…) et est revenue à toute vitesse en marche arrière en plein milieu du cortège, tout le monde a naturellement supposé que c’était une nouvelle attaque. Ils ont donc agi en conséquence. Leur suspicion a été confirmée lorsque l’un des soldats a sorti son pistolet pour tirer en l’air en guise d’avertissement. Rapidement débordés et désarmés, les soldats ont été arrachés de leur véhicule.

    S’ils avaient été emmenés, interrogés puis relâchés, toute l’attention des médias en Irlande et en Grande-Bretagne se serait penchée sur la question de savoir ce que ces soldats faisaient là et aurait vérifié la véracité de l’explication fournie par l’armée : qu’ils s’étaient trompés de rue et s’étaient retrouvés à Andersonstown par accident.

    Que s’est-il passé à Andersonstown ?

    A moins que les soldats britanniques, comme le prétendit l’IRA, se trouvaient là en mission secrète ? Et est-ce que Milltown, trois jours auparavant, n’avait pas été le résultat d’une opération similaire ? N’y avait-il pas eu un accord entre l’armée et les loyalistes afin de cibler les dirigeants républicains ? Ce ne sont là que quelques-unes des questions auxquelles les caporaux auraient été confrontés, et leurs réponses auraient permis de lever un peu le voile au sujet de la sale guerre que l’Etat était en train de mener en coulisses.

    A quoi jouaient donc ces soldats, en ce jour de funérailles ? Cela n’a jamais été réellement expliqué, et certainement pas par l’armée. Nous ne connaîtrons sans doute jamais la vérité, parce que l’IRA est vite intervenue, et que quelques minutes après avoir trouvé leur carte de militaire sur eux, l’IRA a conduit les deux soldats dans une décharge pour les exécuter.

    Cette « exécution » a en fait octroyé un énorme bénéfice à l’armée britannique. Toute l’attention a été dirigée non pas sur la raison de la présence des deux soldats au cortège, ni sur les causes de la bourde qui les a fait détecter et arrêter par la foule, mais elle se focalisa au contraire fermement sur la brutalité de l’IRA, qui avait exécuté des prisonniers alors que ceux-ci n’étaient pas seulement désarmés, mais avaient également été battus jusqu’à en perdre conscience.

    Dans une déclaration de l’époque, l’IRA, de manière incroyable, a tenté de s’affirmer sur le plan moral en se distanciant des coups que les caporaux avaient reçus. Mais ce qu’ils ont offert n’était qu’une succincte « justification » de leurs actes qui, loin d’être rassurante, était effrayante tant elle rappelait l’approche clinique des SAS dans leur fonctionnement. Leur déclaration se terminait par : « Malgré ce qu’en disent les médias, nous sommes satisfaits du fait qu’à aucun moment, nos Volontaires n’ont physiquement attaqué les soldats. Une fois leur identité confirmée, ils furent immédiatement exécutés ».

    La campagne de l’IRA s’essouffle

    A ce stade, la campagne militaire de l’IRA avait déjà bien perdu de sa vigueur. Pendant les années ‘80, l’IRA avait reçu quatre grosses cargaisons d’armes et d’explosifs en provenance de Libye – donc le plastic qui fut retrouvé à Malaga. L’IRA était armée jusqu’aux dents avec tout un arsenal d’armes qui troqué par la suite en échange d’avantages politiques. Mais, bien avant que l’IRA ne décide de rendre « hors d’usage » ces stocks d’armes, elle n’avait déjà plus du tout la possibilité de les utiliser.

    Sur le plan militaire, l’IRA était contenue. L’idée qui était fournie aux Volontaires de l’IRA au début des années ‘80 était que les armes libyennes leur permettraient de mener une offensive majeure ; mais cette idée n’a jamais été mise en pratique, et n’aurait d’ailleurs jamais pu l’être. Toute escalade de la violence aurait signifié une plus grande exposition et un plus grand risque. A ce stade, l’armée britannique avait à la fois les moyens militaires et les services de renseignement appropriés pour contrer toute action que l’IRA aurait pu entreprendre. La « grosse poussée » (« big push ») de l’IRA s’est terminée avant d’avoir pu commencer – dans le champ de tir des SAS à Loughgall.

    Au moment de Girbaltar, la direction de l’IRA n’était que trop bien consciente que leur campagne militaire ne pourrait jamais parvenir à vaincre l’Etat britannique. Le discours qu’ils employaient dans les années ’70, qui parlait d’un « retrait imminent des troupes britanniques » avait été abandonné depuis belle lurette. La direction républicaine s’était déjà repliée sur une stratégie politique ; de plus en plus d’efforts étaient investis dans la construction de leur aile politique, le Sinn Féin, et par là-même, bon gré mal gré, ils se voyaient contraints de donner moins d’importance à la lutte armée.

    Mécontentement au sein de l’IRA

    Au sein de l’IRA, les membres commençaient à soupçonner les dirigeants de s’être « attendris » au sujet de la « lutte armée », et étaient mécontents de l’attention grandissante portée à la politique. Dan McCann était un de ceux qui participaient à l’opposition à la direction d’Adams sur ce sujet. Il avait quitté l’IRA pendant un certain temps, et n’avait été persuadé de rejoindre à nouveau que quelque temps avant sa mission infortunée à Gibraltar.

    En public, la direction républicaine devait maintenir un discours affirmant que la victoire serait au final obtenue par les moyens militaires, mais en combinaison de moyens politiques. Ce n’était là qu’un message prononcé à contrecœur. Le langage déterminé des années ‘70, parlant d’un « retrait imminent des troupes britanniques », sonnait faux par rapport aux nouvelles circonstances, et avait depuis longtemps été abandonné.

    Lorsque Martin McGuinness, le Chef du Personnel de l’IRA, a pris la parole à l’anniversaire du massacre de Loughgall, il parlait toujours d’une défaite des forces britanniques par des moyens « militaires » et « politiques ». Mais les tombes au-dessus desquelles il se tenait, celles de l’unité de l’IRA oblitérée par les SAS, renvoyait un message somme toute différent. McGuinness ajouta ceci : « Mais en disant cela, je ne veux pas dire que l’IRA a la capacité de chasser chaque soldat britannique de Derry, Armagh, Down ou où que ce soit d’autre. Mais ils ont toujours la possibilité d’écœurer les forces d’occupation britanniques. » Mais il aurait été plus juste de reconnaître que, à ce stade, que l’IRA n’avait même plus la possibilité d’irriter l’armée britannique, sans même parler de « l’écœurer ».

    « Ulstérisation »

    La nature changeante du conflit a eu un autre aspect malvenu pour les républicains. La politique britannique, pendant quelque temps, avait consisté en une « ulstérisation » des forces de sécurité, semblable à la politique de « les Irakiens aux commandes » poursuivie par les Etats-Unis en Irak, mais en bien plus fructueux. La plupart de l’activité militaire du front en Irlande du Nord avait donc été confiée à des locaux, en grande majorité des protestants, regroupés dans le Régiment de Défense de l’Ulster (Ulster Defence Regiment – UDR).

    A cause de cette ulstérisation et, en général, de leur avantage militaire, le nombre de soldats britanniques tués en Irlande du Nord était retombé à un niveau qui aurait eu bien du mal à ne fût-ce qu’inquiéter l’état-major. Les pertes de l’armée britannique s’élevaient à neuf hommes en 1984, deux en 1985 et quatre en 1986. Ceci, ajouté à la baisse du bilan général depuis la fin des Troubles, signifiait que les objectifs des britanniques, définis lors d’une conférence de presse en 1971 par Reginald Maudling, Secrétaire de l’Intérieur Tory, et qui consistaient à réduire le taux de violence à un « niveau acceptable », avaient dans l’ensemble été accomplis.

    Pour les républicains, l’effet indésiré de l’ulstérisation était que c’étaient maintenant des membres de l’UDR, en plus de ceux de la RUC, qui se trouvaient en tête de la liste de l’IRA. Ce facteur accrut inévitablement le caractère sectaire de la campagne de l’IRA.

    En fait, la campagne avait été sectaire dans les faits, mais aussi parfois dans l’intention, dès son commencement. Par exemple, parmi la première vague d’attentats au début des années ‘70, il y avait des attaques sans avertissement sur des pubs protestants dans des quartiers ouvriers. Pourtant, la grande majorité des jeunes qui, à l’époque, accouraient à l’IRA la rejoignaient parce qu’ils voyaient la lutte comme une lutte contre l’Etat, et ne voulaient pas se retrouver mêlés à un conflit sectaire.

    La politique d’ulstérisation a signifié que, à partir des années ‘80, au lieu de tuer des soldats « trangers » britanniques, c’était surtout des soldats irlandais protestants qui se retrouvaient visés. Beaucoup d’entre eux étaient des volontaires à mi-temps qui se faisaient tuer en-dehors du service, souvent pendant qu’ils étaient au boulot ou sur le chemin du boulot. Quel qu’en ait été l’objectif, aux yeux de la majorité des protestants, on avait là affaire à des attaques sectaires. Dans les zones rurales, où beaucoup de victimes étaient des fermiers locaux, ces attaques furent perçues comme une preuve que l’IRA menait une campagne génocidaire, afin de chasser les protestants de leurs terres.

    Les protestants pris pour cibles

    Il y eut deux morts, après Gibraltar, qui n’ont pas été mentionnés dans la brochure commémorative du Sinn Féin. Dans un des cas, c’était parce qu’il s’agissait d’une affaire que les républicains préféreraient ne pas voir refaire surface.

    Le 18 mars, la veille de l’exécution des deux caporaux britanniques à Andersonstown, Gillian Johnston, une jeune protestante âgée de 21 ans, était assise avec son fiancé dans sa voiture, dans le petit village de Belleek, dans le Conté de Fermanagh, lorsque l’IRA a ouvert le feu sur eux. Elle fut tuée et son fiancé blessé. L’IRA a alors immédiatement publié une déclaration disant que ce meurtre était une erreur et que la cible était son frère, supposé être membre de l’UDR. La famille a très vite contredit cette affirmation, signalant qu’il n’y avait personne chez eux qui faisait partie de l’UDR.

    Pour la communauté protestante locale, c’était là une nouvelle preuve des doubles mesures employées par les républicains. L’IRA condamnait le gouvernement britannique pour ses mensonges et sa tentative d’étouffer l’affaire de Gibraltar. Mais leur propre réaction après ce meurtre a pourtant été de diffuser une déclaration qui était tout aussi mensongère.

    L’IRA condamnait les « lois martiales » qui permettaient aux SAS d’exécuter des « volontaires désarmés » à Gibraltar. Mais leur propre justification de la mort de Gillian Johnston était qu’ils cherchaient à tuer un membre de l’UDR qui, selon toute probabilité, aurait été désarmé lui aussi. Plus que ça, les trois personnes tuées à Gibralatar étaient « en service », ce qui n’aurait pas été le cas de la cible de Belleek.

    Une guerre d’usure sectaire

    Les Troubles, au milieu des années ‘80, n’étaient de plus en plus rien d’autre qu’une petite guéguerre sectaire, une guerre d’usure, dans laquelle le conflit entre les républicains et l’Etat était de plus en plus reléguée à l’arrière-plan. La contribution des milices loyalistes, dont la tâche principale consistait à effectuer des tueries sectaires perpétrées au hasard, au bilan des morts augmentait de plus en plus. Au début des années ‘90, leur action commençait à dépasser celle des républicains ; ils en arrivaient au point de se vanter du fait que plus de personnes perdaient la vie par leur action que par celle des républicains…

    Dans les jours qui ont suivit Gibraltar, on a eu droit à un exemple typique de ceci : c’est là la deuxième victime qui n’est pas mentionnée dans le matériel du Sinn Féin. Le 15 mars, le jour même où les corps des trois « martyrs » de l’IRA étaient rapatriés à Belfast, la veille de l’attaque de Michael Stone à Milltown, un jeune employé de magasin catholique a été par balle à Belfast Sud. Charles McGrillen, âgé de 25 ans, fut abattu par les Combattants pour la Liberté de l’Ulster (UFF – Ulster Freedom Fighters), un autre nom de l’Association pour la Défense de l’Ulster (UDA – Ulster Defence Association), à la succursale de Dunnes Stores où il travaillait.

    Sa mort met en lumière une autre facette des Troubles qui est systématiquement laissée de côté par tous les commentateurs ou historiens, sans même parler des propagandistes sectaires – l’importance du mouvement ouvrier. Charles McGrillen était militant syndical et délégué T&GWU (Transport and General Workers Union – Syndicat Général des Transports et des Travailleurs). Son assassinat n’était pas seulement une attaque contre les catholiques, mais aussi une attaque contre les syndicalistes et leur capacité à s’organiser sans danger.

    Il faut une réponse des syndicats

    Cette attaque demandait une réponse de la part des syndicats, dans leur ensemble. Mais à la place, les dirigeants syndicaux, y compris ceux de la T&GWU, le syndicat auquel avait appartenu Charles McGrillen, préférèrent s’asseoir sur leurs mains et maintenir un silence indigné. Cette réaction est typique du rôle – ou de l’absence de rôle – des dirigeants syndicaux tout au long des Troubles.

    La paralysie du sommet des syndicats signifiait que les membres à la base se sentaient incapables de faire quoi que ce soit face aux forces sectaires qui paraissaient invincibles. Pourtant, l’immense pouvoir détenu par la classe ouvrière avait été démontré à travers toute l’Irlande du Nord, à peine vingt-quatre heures avant la mort de Charkes McGrillen.

    Alors que les corps des victimes de Gibraltar étaient en route pour Belfast, des dizaines de milliers de travailleurs, catholiques comme protestants, s’étaient rassemblés à l’Hôtel de Ville de Belfast et devant d’autres institutions un peu partout dans le Nord, afin de protester contre les attaques du gouvernement sur les services des soins de santé. Même sans un appel clair de la part des dirigeants syndicaux à aller vers une action de grève, cette manifestation s’est dans les faits transformée en une grève générale partielle, avec plusieurs entreprises contraintes de fermer tandis que leur main d’œuvre quittait le lieu de travail pour rejoindre les travailleurs de la santé et des autres services publics à la manifestation. A Belfast, les ouvriers des chantiers navals ont défilé hors de l’usine Harland and Wolff, rencontrant en chemin les travailleurs du port de Belfast Est. Ils ont marché ensemble sur l’Hôtel de Ville. Les employés de l’Hôpital Royal Victoria et d’autres lieux de travail de Belfast Ouest les ont rejoints en cours de route. Il en était ainsi à travers toute la ville.

    Unité de la classe ouvrière

    On ne trouve aucune mention de cette manifestation dans aucune chronique des Troubles écrite par qui que ce soit. Pourtant, même lors de cette période de soulèvements de masse, de funérailles gigantesques et de défilés de milliers de personnes dans les rues, la plus grande de toutes les manifestations a bel et bien été celle-là, cet exemple éclatant d’unité de classe.

    C’était une puissante démonstration du pouvoir de la classe ouvrière mais, lorsqu’il s’agit de combattre le sectarisme ou de résister à la répression de l’Etat, l’absence de direction donnée par les responsables syndicaux a fait en sorte que ce pouvoir restait surtout un pouvoir latent.

    Les délégués et les militants de base, et surtout les membres de Militant (le prédécesseur du Socialist Party, notre section irlandaise), commençaient à organiser des grèves et des manifestations contre les tueries, mais la pression exercée sur les dirigeants syndicaux était encore trop faible que pour les forcer à appeler aux grèves et aux rassemblements de masse qui, à peine quelques années plus tard, amèneraient des dizaines de milliers de personnes dans les rues revendiquant le retrait des milices paramilitaires et qui seraient une des principales raisons à leur faire abandonner leurs campagnes.

    Du point de vue de la classe ouvrière, la véritable histoire des Troubles jusqu’alors avait été celle d’innombrables occasions perdues qui se sont transformées en défaites, toutes dues au total manque de réponse de la part des dirigeants syndicaux face aux grands événements qui allaient chambouler toute l’histoire d’Irlande du Nord. Après Gibraltar, ils ont encore laissé passer une autre occasion de se confronter aux forces sectaires.

    Ils n’avaient rien à dire au sujet des meurtres perpétrés par le gouvernement Thatcher à Gibraltar. Leur silence a donné le champ libre au Sinn Féin et au mouvement républicain pour puiser dans la colère qui soufflait sur les communautés catholiques afin de s’assurer que l’opposition à ces morts demeurait unilatérale, confinée à leur communauté.

    Car s’il est une chose dont on ne peut accuser le mouvement républicain, c’est d’inertie. Ils ont répondu de manière rapide et énergique à la nouvelle de la mort de leurs trois camarades à Gibraltar. Ils s’en sont servi pour mobiliser leur base et en ont tiré autant de capital politique que possible.

    Responsabilité des dirigeants syndicaux

    Comparons ceci avec une direction syndicale capable de faire sortir dans les rues des dizaines de milliers de personnes pour protester contre les coupes budgétaires dans les soins de santé, mais qui, un jour plus tard, n’ont absolument rien fait lorsqu’un de ses propres militants s’est fait tuer par la section Belfast Sud de l’UDA, une force notoirement meurtrière et sectaire. S’ils avaient répondu avec même seulement un dixième de l’énergie et de l’initiative dont les républicains avaient fait preuve pour promouvoir leur propre cause, ils auraient pu, par exemple, faire fermer les supermarchés et organiser une manifestation massive de pure colère ouvrière, le jour des funérailles de Charles McGrillen.

    Et, s’ils l’avaient fait, ils auraient été capables, mais aussi forcés, d’organiser une manifestation de même envergure trois jours plus tard, lorsque l’IRA a assassiné Gillian Johnson. La classe ouvrière aurait pu émerger renforcée de tous ces troubles, ayant porté un grand coup aux forces sectaires des deux camps. Mais au lieu de ça, les dirigeants syndicaux ont gâché cette occasion qui leur était offerte, et le mouvement républicain a été, et est toujours, capable de tirer profit d’événements qui, lorsqu’on les analyse correctement, révélaient la faillite de leurs méthodes.

    Ce qui s’est passé après Gibraltar, c’était cela la véritable histoire des Troubles jusque là ; une longue litanie d’occasions manquées à cause de l’attitude d’autruche adoptée par la direction syndicale. Vingt ans plus tôt, le mouvement ouvrier aurait pu diriger l’Histoire dans une toute autre direction s’il s’était placé à la tête de la campagne pour les droits civiques, s’était courageusement opposé à la réaction oppressante de l’Etat unioniste et avait lié cette lutte à celle pour des emplois, des logements décents, des salaires adéquats et des services publics pour tous les travailleurs, catholiques comme protestants. S’il avait fait cela, le mouvement ouvrier aurait offert une organisation plus accueillante et une meilleure méthode de lutte pour la génération de jeunes catholiques qui, poussés par la colère et la frustration, se sont alignés derrière l’IRA.

    Au lieu de cela, la direction syndicale a choisi de rester en-dehors de tous ces enjeux, se contentant d’appeler au calme, ce qui, dans les faits, consistait plus en un soutien tacite aux sections « modérées » ou « réformistes » du gouvernement. Et c’est sans mentionner le Parti Travailliste d’Irlande du Nord, vacillant, alors qu’il avait eu le potentiel pendant les années ‘60 de se développer en une force politique de masse, mais qui avait rapidement adopté une position sectaire pro-unioniste. En conséquence de cela, il a totalement été désintégré.

    Les conséquences de la faillite des dirigeants sociaux-démocrates

    La conséquence de tout ceci a été que la couche la plus radicalisée des jeunes ouvriers catholiques a été perdue au profit du républicanisme. La plupart se sont tournés vers l’IRA Provisoire (une scission de l’IRA « officielle »), malgré sa direction extrêmement sectaire et très à droite, en croyant erronément que ses méthodes apparemment plus militantes étaient la meilleure manière de résister et de faire avancer la lutte pour une Irlande socialiste. De son côté, afin de temporairement satisfaire la nouvelle génération de jeunes recrues, les vieux dirigeants républicains ont du tenter d’aromatiser leur nationalisme de droite avec une rhétorique populiste de gauche, y compris, de temps à autre, des références au socialisme.

    Mais leur véritable message n’était jamais rien de plus qu’une version réchauffée de la vieille idée qui empoisonne la politique irlandaise depuis la Guerre d’Indépendance, l’idée que « le Travail doit attendre ». D’abord, tous les nationalistes, de gauche comme de droite, patrons et employés, fermiers et ouvriers agricoles, doivent s’unir pour mettre un terme à la séparation et pour réunifier le pays ; ensuite seulement, la lutte pour le socialisme pourra-t-elle commencer. Mais puisqu’il n’y a jamais eu la possibilité de passer outre la résistance protestante, et en particulier la résistance de la classe ouvrière protestante, à l’idée d’une Irlande capitaliste unifiée, le socialisme est resté un idéal pour un futur que l’on n’atteindrait jamais. Ceux qui ont rejoint l’IRA ont non seulement signé pour une campagne militaire vouée à l’échec mais aussi pour une idéologie politique qui, au fond, n’était rien de plus que le même vieux nationalisme de droite, sous un emballage différemment.

    Au moins, l’ancienne direction de droite, basée dans le Sud pendant les années ‘60 et ‘70 rendait parfois un hommage à l’objectif socialiste. Mais on ne peut certainement pas en dire autant des dirigeants d’aujourd’hui. La vitesse à laquelle la direction républicaine actuelle a viré à droite aurait laissé bouche bée même la vieille garde. Tout comme leurs frères d’idéologie à la tête du « New Labour », Adams (Gerry Adams, président du Sinn Féin) et sa bande ne se soucient même plus de ne fût-ce que mentionner le socialisme de temps en temps, soucieux qu’ils sont d’éviter tout propos qui pourrait diminuer leurs chances de se faire accepter comme partie prenante de l’establishment politique.

    Le Sinn Féin passe au capitalisme

    Ils adoptent maintenant le marché et le capitalisme de manière ouverte, enthousiaste, énergique. Ils nous l’ont encore rappelé via leur brochure commémorative. Sur la première page du journal qui accompagnait la brochure, à côté d’une photo de Gerry Adams, il y a un article qui reprend un discours que le sieur a donné à une réunion d’entrepreneurs à Belfast-Ouest, le 14 février : « Je veux être bien clair sur le fait que le Sinn Féin n’est pas anti-business. Nous sommes pro-business. Le Sinn Féin veut voir les affaires de tout le monde prospérer. Nous voulons voir des investissements dans des zones telles que Belfast-Ouest, qui ont été délibérément négligées pendant si longtemps. » Voilà le Sinn Féin relooké, version 2008. On est bien, bien loin de l’image de lutte qu’ils ne peuvent maintenant plus se donner qu’en rappelant aux gens la manière dont les choses tournaient il y a une vingtaine d’années.

    Avant qu’ils aient proposé d’organiser une célébration de la vie de Mairéad Farrell dans la Longue Gallerie à Stromont, il y a une question que le Sinn Féin aurait du se poser. Non pas la question de savoir si leurs amis de coalition du DUP se seraient sentis offensés par cette idée. Non, la vraie question qu’il aurait fallu se poser était celle-ci : Mairéad Farrell aurait-elle souhaité que sa vie fût célébrée dans cette salle ? Ou, posée différemment : aurait-elle considéré la présence des Ministres Sinn Féin dans une institution de droite de l’Irlande du Nord, aux côtés de leurs ex-ennemis jurés du DUP, valait la peine de tous ces sacrifices, de la prison, de la grève de la faim, de Gibraltar ?

    Le commentaire qu’a fait Mairéad Farrell lorsqu’elle a été libérée de la prison pour femmes d’Armagh en 1986 suggère qu’elle aurait répondu par la négative. Décrivant ce que la lutte signifiait pour elle, elle a déclaré: « Je suis socialiste, définitivement, et je suis républicaine. Je crois en une Irlande unie : une Irlande unie et socialiste, définitivement socialiste. Le capitalisme ne fournit aucune solution du tout pour notre peuple, et je pense que c’est là le principal intérêt des Brit’s en Irlande. »

    Bien entendu, Mairéad Farrell, si elle avait vécu, aurait pu elle aussi suivre le virage à droite effectué par Adams et le reste de la direction actuelle du Sinn Féin. Mais nous ne sommes pas en droit de supposer quoi que ce soit – elle est morte, détentrice d’une vision bien différente de celle adoptée de nos jours par Adams et compagnie – et n’ils n’ont pas ce droit non plus.

    Vingt ans plus tard, la véritable leçon de tout ce qui s’est passé à Gibraltar et après, est qu’il est nécessaire de construire une alternative socialiste combative face au sectarisme et au capitalisme, de sorte que les énergies de la nouvelle génération ne soient pas gâchées par des idées et des méthodes qui sont d’avance vouées à la défaite.

  • Cologne : Action internationale contre la conférence raciste

    Du vendredi 19 au dimanche 21 septembre, le groupe d’extrême-droite, Pro Köln veut tenir une conférence anti-islam à Cologne pour laquelle ils disent attendre un millier de participants (dont beaucoup sont ouvertement nazis) de toute l’Europe. Les organisateurs ont également planifié une visite guidée dans « les quartiers à problèmes avec l’aspect multiculturel en arrière-plan » et une manifestation dans le centre ville (qui a été autorisée malgré les protestations).

    Par Kevin, MAS – Leuven

    Parmi les orateurs invités, on trouve entre autres des responsables du FPÖ autrichien, du FN français (Le Pen en personne), du Vlaams Belang, de groupes néonazis hongrois,… Sous pression de l’extérieur, l’invitation officielle du raciste Nick Griffin (du BNP britannique) a été retirée mais il reste évidemment le bienvenu « à titre informel ».

    Pro Köln est un parti populiste d’extrême-droite qui entretient de bonnes relations avec le Vlaams Belang. Il a mené à plusieurs reprises des campagnes contre la construction de mosquées. Pro Köln veut présenter un profil acceptable vers l’extérieur mais il a noué d’innombrables liens avec tout le gratin néonazi, entre autres via les néo-nazis du NPD ou via les soi-disant Nationalistes Autonomes. À la conférence de septembre, ces néonazis seront indubitablement les bienvenus.

    La conférence se tient officiellement contre l’islamisation. En réalité, elle vise tous les immigrés originaires des pays dits musulmans. Pro Köln se présente comme « en résistance » contre « la turquisation » de Cologne. Cette conférence doit marquer le lancement de la campagne électorale de Pro Köln qui espère élargir son groupe de 5 conseillers communaux. En même temps, cette formation assez récente veut se placer sur la carte de l’extrême-droite européenne.

    Le 20 septembre, différentes actions de protestation auront lieu. De nombreuses organisations, parmi lesquelles le SAV (notre organisation sœur en Allemagne) et Solid (l’organisation des jeunes de Die Linke), mobilisent pour un blocage de la conférence. Fait amusant, les actions antifascistes sont financées par Pro Köln lui-même, qui a commis une gaffe en publiant sur son site web un mensonge concernant le conseiller communal socialiste de gauche, Claus Ludwig. Ils ont du payer une amende de 10.200 euros. Celle-ci est utilement utilisée aujourd’hui pour la lutte antiraciste.

    Mais si Pro Köln n’est peut-être pas malin, c’est quand même une organisation dangereuse qui sème une zizanie raciste et qui flirte avec les néo-nazis. Comme l’extrême-droite essaie de s’organiser sur le plan européen, les antifascistes ne peuvent pas rester enfermer dans leur frontières. La solidarité internationale est une idée qui convient plutôt à notre côté de la barricade. Le samedi 20 septembre, nous irons à Cologne avec Résistance Internationale et Blokbuster autour de notre slogan «Des emplois, pas de racisme ». Bien entendu nous mènerons aussi des campagnes antiracistes dans notre propre pays. Travaille à cela avec nous et viens renforcer nos rangs !


    DOSSIER:

    ISLAM & SOCIALISME


    CALENDRIER de nos campagnes:

    • De la colère à l’action organisée: Résistance Internationale!
    • 20 septembre: Manifestation contre un Congrès anti-islam organisé avec la participation du Vlaams Belang
    • 4 octobre: Action contre la conférence du Front National à Molenbeek (BXL)
    • 25 octobre: Festival "Environnement" de Résistance Internationale à Anvers
    • 6 décembre: Action pour le Climat à Bruxelles
    • 5 mars 2009: Manifestation anti-NSV à Louvain
    • 8 mars 2009: Action dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes

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    Pour toute information supplémentaire, n’hésitez pas à nous contacter : info@socialisme.be ou finances@lsp-mas.be.
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    Liens:

  • Un enseignement gratuit et de qualité !

    Renforcer le pouvoir d’achat par un salaire étudiant et…

    Le début d’une nouvelle année scolaire peut peser très lourd financièrement pour beaucoup d’étudiants et pour leurs parents. Il n’y a pas seulement les minervals à payer mais aussi des syllabus et des livres, le loyer et la garantie pour un kot,… La diminution du pouvoir d’achat risque de réduire dans beaucoup de ménages la possibilité de faire des études supérieures. Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA – l’organisation étudiante du MAS) s’opposent à cela. C’est pourquoi nous participons à « Respacte », une campagne large contre la hausse des frais d’études.

    Respacte veut notamment organiser une nouvelle enquête pour chiffrer les vrais coûts des études supérieures. Une étude précédente de la FEF (Fédération des Etudiants Francophones) avait montré qu’un étudiant avec kot paie facilement entre 10.000 à 12.000 euros par année d’études, un étudiant qui vit à la maison entre 7.000 et 9.000 euros ! Mais tandis que le coût des études ne cesse de monter, les bourses d’études, elles, ne sont pas adaptées…

    Depuis la mise en oeuvre des réformes de Bologne, l’enseignement supérieur a connu une commercialisation poussée. Celle-ci favorise un petit groupe d’institutions « d’élite » avec, comme conséquence, que pour un certain nombre de formations master-après-master, les minervals atteignent déjà parfois 9.000 euros ! Ce n’est là que le premier pas vers des augmentations généralisées des minervals. EGA lutte pour un enseignement gratuit et de qualité.

    A coté des minervals, il y a encore les frais de transport, d’hébergement, de nourriture,… Les « réformateurs » néolibéraux de l’enseignement évoquent souvent la « mobilité » des étudiants quand ils plaident les avantages du regroupement des universités. Mais jamais ils ne parlent des moyens pour faciliter le transport des étudiants. Il existe des mesures limitées en matière de transports publics, mais elles devraient être élargies vers un transport public gratuit et de qualité pour tout le monde. Sur le plan du logement, EGA lutte pour plus de « kots » et de maisons sociales.

    Pour offrir une indépendance aux jeunes, il nous faut un salaire étudiant pour garantir que tout le monde puisse avoir accès aux études supérieures et y consacrer le temps nécessaire. Un jeune issu d’une famille qui doit faire de grands efforts pour qu’il puisse étudier est soumis à une forte pression et risque de choisir des études plus courtes et économiquement plus rentables plutôt que celles qui l’intéresseraient le plus.

    Si nous voulons rendre les études accessibles pour tout le monde, nous devrons rompre avec la logique néolibérale du marché qui veut transformer les universités et les hautes écoles en sous-traitants des grands multinationales. Pour cela, davantage de moyens publics pour l’enseignement sont nécessaires : augmenter le budget pour l’enseignement vers 7% du PIB serait déjà un beau début.

    Des revendications pareilles ne peuvent pas être coupées de la lutte du mouvement ouvrier contre la logique du capitalisme. Dans l’intérêt de tous les étudiants, le mouvement étudiant doit se lier avec les actions syndicales sur le pouvoir d’achat et y présenter ses revendications spécifiques.

    EGA est bien présent dans la lutte pour un enseignement gratuit et de qualité. N’hésite pas à nous rejoindre !


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  • Lancement de l’année politique au MAS/LSP

    Samedi 13 septembre 2008

    Environ 70 camarades ont participé au secrétariat national du MAS/LSP au meeting et au barbecue de lancement de notre année politique. A cette occasion, dans une ambiance fraternelle et optimiste quant aux prochains défis qui nous font face, notre nouveau matériel de campagne sous le slogan "Tous ensemble pour le pouvoir d’achat et pour l’emploi" a été présenté.

    Au cours du meeting, trois orateurs ont pris la parole: Els Deschoemacker, qui a abordé la situation politique internationale et internationale sur base de laquelle notre activité va prendre place; Boris Malarme, qui a parlé du rôle crucial de nos campagnes parmi la jeunesse et de leur potentiel; et enfin notre camarade allemand Claus Ludwig, conseiller communal à Cologne, a parlé des mobilisations contre le congrès anti-islam du 20 septembre prochain contre lequel nous mobilisons en Belgique également.

    Enfin, nous avons ensemble pu savourer un excellent barbecue. Les participants sont repartis plein d’énergie et d’enthousiasme vers leurs sections avec le nouveau matériel et la teneur des discussions à faire partager à chaque camarade.


    CALENDRIER de nos campagnes:

    • De la colère à l’action organisée: Résistance Internationale!
    • 20 septembre: Manifestation contre un Congrès anti-islam organisé avec la participation du Vlaams Belang
    • 4 octobre: Action contre la conférence du Front National à Molenbeek (BXL)
    • 25 octobre: Festival "Environnement" de Résistance Internationale à Anvers
    • 6 décembre: Action pour le Climat à Bruxelles
    • 5 mars 2009: Manifestation anti-NSV à Louvain
    • 8 mars 2009: Action dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes

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  • Réélection de “Long Hair” Leung Kwok-hung

    Hong-Kong

    Grands gains pour la “Ligue des Sociaux-Démocrates” lors des elections générales.

    Les élections du dimanche 7 septembre du Conseil Législatif ou Legco, le pseudo-parlement de Hong Kong, ont été un sévère coup porté au Parti Libéral, parti de droite, qui a été massacré lors de ces élections et a été rayé de la carte. Mais elles ont aussi constitué une victoire importante pour la Ligue des Sociaux-Démocrates (LSD), la force la plus à gauche à s’être présenté à ces élections. La LSD a vu sa représentation monter de deux à trois sièges. La participation à été inférieure au dernier suffrage de 2004 – autour de 45% cette fois-ci. Ceci reflète la colère croissante parmi les travailleurs et la jeunesse vis-à-vis des salaires, du prix des services publics et des privatisations. Au total, en présentant 5 candidats, la LSD a reçu presque 153.000 voix. C’est là un résultat stupéfiant qui représente environ 10% des voix (1,52 million).

    Article issu de chinaworker.info

    Ces résultats sont extrêmement significatifs en dépit de la nature limitée et antidémocratique de la « démocratie parlementaire » de Hong Kong. Le gouvernement de la Région Administrative Spéciale n’est pas élu mais nommé. Le régime chinois dirige Hong Kong par un Chef de l’Exécutif à ses ordres, Donald Tsang, dont les politiques peuvent à peine être contrôlées par le Legco (une majorité des deux tiers est nécessaire pour un véto). Cet arrangement est très commode pour la classe de chefs d’affaires qui dirige l’économie de Hong Kong ainsi que pour ses alliés du gouvernement « communiste » de Chine. Malgré le fait que ces élections se soient déroulées si peu de temps après les jeux olympiques et la vague de nationalisme chinois qui a déferlé jusqu’à Hong Kong, les élections de dimanche dernier ont été peu confortables pour l’administration Tsang – dont le soutien publique est à son niveau le plus bas – ou pour Pékin. Dans les 30 collèges électoraux géographiques qui font partie du Legco, les pan-démocrates ou « l’opposition », comme ils sont également connus dans les médias, ont augmenté leur représentation de 18 à 19 sièges. L’étiquette de pan-démocrate se rapporte à une constellation de partis et de groupes qui exigent le suffrage universel – ce n’est pas un bloc ou une alliance électorale formelle. Le soutien au régime est issu des quartiers les plus riches, où l’on trouve les médecins, les avocats, les banquiers et les promoteurs immobiliers. Cela illustre quelle classe à Hong-Kong est proche de Pékin.

    Ce résultat s’oppose à ce qu’avaient prévu les commentateurs bourgeois. Ils avaient en particulier prédit la chute de l’élu socialiste le plus populaire du LSD, « Long Hair Leung Kwok-hung (notamment le Wall Street Journal du 7 septembre 2008. Une dépêche de l’agence de presse AFP prévoyait avec plaisir le jour des élections que « Long Hair » pourrait « sombrer dans l’obscurité politique ». En réalité, il a été réélu avec une marge confortable, récoltant presque 45.000 voix, arrivant ainsi en seconde place dans le collège électoral où il s’était présenté. Le fait que les travailleurs, les bas salaires et les étudiants en lutte aient voté pour un socialiste comme « Long Hair » n’a fait que conforter les riches de leur droit de s’opposer au suffrage universel et à n’importe quelle extension des droits démocratiques.

    Les thèmes sociaux étaient dominants

    De même, les stratèges de Pékin étudieront à n’en pas douter ces résultats électoraux avec la plus grande attention et la plus grande inquiétude. L’homme de Pékin à Hong Kong n’est autre que Xi Jinping, l’héritier présumé assurer la présidence de la Chine après que Hu Jintao se soit retiré en 2012. Le fait que plus de « modérés », c’est-à-dire des « démocrates » pro-capitalistes, aient perdus du terrain pour les « sociaux-démocrates » les plus radicaux qui se sont clairement positionnés contre les privatisations et ont appelé à l’instauration d’un salaire minimum illustre le danger que court Pékin. Les gains du LSD illustrent que les habitants ordinaires de Hong-Kong voient la question de la démocratie comme étant fortement liée aux améliorations sociales nécessaires – un salaire décent, de véritables emplois et un secteur public plus fort et plus juste.

    « Notre groupe n’est pas encore un parti, mais une alliance » a déclaré « Long Hair » à chinaworker.info. « Mais maintenant nous devrons avoir des discussions au sujet de la façon de développer ceci à l’avenir. Une chose que nous avons à discuter discuterons est la nécessité d’une section jeune pour travailler dans l’esprit pionnier de la social-démocratie d’il y a 100 ans », a-t-il ajouté.

    Chinaworker.info envoie ses félicitations à Lon Hair et à ses camarades pour cet impressionnant résultat électoral extrêmement significatif. Nous, ainsi que tous les socialistes, suivrons ces développements et ces discussions avec grand intérêt. Une analyse complète des élections de Legco apparaîtra bientôt sur chinaworker.info.

  • L’extrême-droite est une moisissure sur un système pourri

    Contre le racisme : l’unité des travailleurs et le socialisme

    Avec l’arrivée de la récession économique, boucler les fins de mois va devenir de plus en plus dur. Cela peut ouvrir un terrain fertile aux idées qui divisent comme le racisme ou le sexisme. Ainsi, la perte de quelque 250.000 emplois dans le secteur de la construction en Espagne pourrait bien accentuer les divisions entre les travailleurs espagnols et des travailleurs immigrés venant souvent d’Europe de l’Est. Les nombreuses agressions violentes dont ont été victimes les Tsiganes ces derniers mois en Italie montrent jusqu’où peut aller le racisme.

    Par Geert Cool

    Hypocrisie bourgeoise

    La bourgeoisie a une attitude hypocrite vis-à-vis des demandeurs d’asile et des immigrés. D’une part, elle se frotte les mains à la perspective de pouvoir disposer d’une main d’œuvre étrangère à bon marché (on estime qu’en Belgique, à peu près 20 % du PNB provient du travail au noir). Les travailleurs immigrés ou illégaux occupent en général les emplois les plus mal payés, ce que les patrons utilisent en plus pour exercer une pression sur les salaires de l’ensemble des travailleurs.

    Alors que la bourgeoisie exploite au maximum le travail immigré, elle ne semble pourtant pas avoir trop de problèmes avec les opinions racistes – ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’elles divisent les travailleurs, en mettant l’accent sur ce qui les différencie plutôt que sur ce qui les unit. De plus, la législation de plus en plus sévère en matière d’asile, qui accule beaucoup d’étrangers à vivre et à travailler dans l’illégalité, renforce la division parmi les immigrés eux-mêmes.

    En outre, une partie de l’establishment (comme les néo-conservateurs américains autour de Bush) utilise consciemment un racisme quasi-ouvert à l’égard des immigrés musulmans. Sous prétexte d’une guerre contre le terrorisme, l’impérialisme US (qui auparavant n’avait pourtant pas hésité à soutenir militairement et financièrement les Talibans afghans) a diabolisé l’Islam afin de compenser la perte de l’ancienne « menace rouge » représentée par l’Union Soviétique. C’est tout profit pour l’industrie militaire des Etats Unis – mais aussi pour des politiciens populistes de droite, comme le Hollandais Geert Wilders, qui jouent habilement sur cette peur.

    N’enterrons trop vite l’extrême-droite !

    Le renforcement des idées racistes a été facilité par la disparition d’un certain nombre de traditions du mouvement ouvrier, notamment après la chute du Mur. L’idée de lutte collective est moins forte aujourd’hui. Il semble souvent plus facile de chercher des « solutions » individuelles, comme celles que fournit le racisme.

    Pourtant, dès qu’un mouvement de lutte se développe pour exiger un changement, les travailleurs se montrent plus sensibles à ce qui les unit qu’à ce qui les divise. On voit cela dans chaque mouvement, du plus petit piquet de grève aux manifestations massives pour le pouvoir d’achat. La remontée des mouvements de lutte à laquelle on assiste aujourd’hui en Europe offre aux antiracistes beaucoup de possibilités de marquer des points. Mais il faut que ces mouvements de lutte trouvent une traduction sur le terrain politique, sinon ce seront les néo-fascistes et les populistes de droite qui risquent de profiter de l’instabilité politique et de la fragilisation de l’establishment pour remporter des succès électoraux.

    Il est trop tôt pour enterrer déjà maintenant les formations d’extrême-droite. La lutte contre le Vlaams Belang n’est pas encore gagnée même s’il existe une possibilité que celui-ci recule aux élections de 2009. S’il n’y a pas d’alternative, le VB peut revenir dans le jeu, tout comme le FPÖ est actuellement en train de revenir en Autriche alors qu’il avait pourtant souffert d’une scission importante menée par son ancien dirigeant Jorg Haider.

    Par contre, la position électorale de l’extrême-droite peut être minée si des alternatives politiques émergent à gauche à partir de mouvements de luttes. La montée de Die Linke en Allemagne (qui est devenu aujourd’hui le 3e parti dans les sondages) a provoqué le recul du NPD fasciste qui a perdu la moitié de ses électeurs dans son bastion de Saxe. Mais si Die Linke se compromet en entrant dans une coalition menant une politique néo-libérale, alors l’extrême-droite pourra rapidement rebondir. C’est ce qui s’est passé en Italie où la gauche n’a pas réussi à proposer une alternative et a soutenu le gouvernement néolibéral impopulaire de Romani Prodi, permettant à Berlusconi de revenir au pouvoir.

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit

    L’extrême-droite peut se développer comme une moisissure sur un système pourri. Si on ne fait pas disparaître la pourriture, on peut peut-être freiner un peu le développement de la moisissure mais il existera toujours une base sur laquelle elle pourra reprendre. Le capitalisme est un système pourri qui n’a à offrir à beaucoup de gens qu’une perspective de boulot précaire, de salaire de misère ou de flexibilité à outrance. Ce ne sont pas les immigrés ou les pauvres qui sont responsables de ce système ; au contraire, eux aussi en sont les victimes.

    Quand les travailleurs, les pauvres, les jeunes développeront collectivement une alternative à ce système, nous pourrons construire un monde sans chômage, sans famine et sans guerre. Ce n’est qu’alors que nous pourrons faire entrer définitivement le racisme dans les livres d’histoire. Pour nous, cette alternative ne peut être qu’une alternative socialiste où ce sont les besoins de la majorité qui sont centraux et pas ceux d’une poignée de capitalistes.


    CALENDRIER de nos campagnes:

    • De la colère à l’action organisée: Résistance Internationale!
    • 20 septembre: Manifestation contre un Congrès anti-islam organisé avec la participation du Vlaams Belang
    • 4 octobre: Mobilisation contre la conférence du Front National à Molenbeek (BXL)
    • 25 octobre: Festival "Environnement" de Résistance Internationale à Anvers
    • 6 décembre: Action pour le Climat à Bruxelles
    • 5 mars 2009: Manifestation anti-NSV à Louvain
    • 8 mars 2009: Action dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes

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  • Morales écrase l’opposition de droite lors du référendum révocatoire

    Quelle voie suivre pour la lutte ?

    En dépit de ce qu’en disent les médias, le référendum révocatoire du 10 août en Bolivie ne s’est pas soldé par un statu quo. Evo Morales, le gouvernement du Mouvement Vers le Socialisme (MAS – Movimiento Al Socialismo), et les mouvements sociaux ont bel et bien vaincu l’opposition de droite ; en fait, ils l’ont écrasée. Le président Evo Morales et son Vice-Président, Alvaro Garcia Linera, ont été ratifiés avec 67,41% des votes, une augmentation de près de 14% par rapport aux 53,7% de votes avec lesquels ils furent élus en 2005. Ils ont obtenu plus de 50% dans 96 des 112 provinces de Bolivie, et le soutien pour Morales à même dépassé la barre des 2/3 (66,66%), un cap important puisque la droite a sans cesse tenté d’éviter les réformes progressistes et de bloquer le passage de la nouvelle constitution en déclarant que « la démocratie, c’est 2/3 ». La participation à ces élections fut aussi très élevée : 83,33% de la population a voté.

    Dans les départements traditionnellement alliés au MAS (La Paz, Oruro et Potosi), Morales a gagné plus de 83%, et dans des endroits supposés mitigés (Cochabamba et Chuquisaca), le président a obtenu respectivement 70,9% et 53,88%. Même dans les états de l’Est contrôlés par la droite, connus comme la « media luna » (la demi-lune), Morales a remporté 52,50% de votes positifs à Pando, 49,83% à Tarija, 43,71% à Beni et, dans le bastion de l’opposition à Santa Cruz, 40,75%.

    Un « Oui » pour Morales : un vote en faveur du socialisme, contre la droite.

    La victoire impressionnante de Morales n’est pas seulement un mandat populaire pour sa présidence. Elle reflète aussi le véritable désir du peuple bolivien pour le changement fondamental que Morales a promis d’apporter. Les paysans, la population indigène, les travailleurs et les pauvres de Bolivie ont voté « oui » car ils soutiennent la nationalisation complète de l’industrie des hydrocarbures et veulent plus de nationalisations. Ils ont voté « oui » parce qu’ils veulent se débarrasser des gros propriétaires fonciers et distribuer la terre aux communautés indigènes et aux paysans pauvres. Ils ont encore voté « oui » parce qu’ils veulent plus de programmes sociaux, comme la bourse pour les enfants en âge d’aller à l’école (le bon « Juancito Pinto »), et le nouveau programme de sécurité sociale (la « Renta Dignidad ») qui a pour but de garantir un niveau de vie digne de ce nom pour chaque enfant, chaque personne âgée, et chaque personne pauvre.

    Maintenant, nous qui sommes dans les mouvements sociaux, nous avons le droit et la responsabilité de réaliser la volonté du peuple, d’élargir et d’approfondir le processus de changement, et de le transformer en une véritable lutte révolutionnaire pour le socialisme.

    Premièrement, nous devons exiger un referendum sur la nouvelle constitution écrite par l’assemblée constituante du MAS et mobiliser nos forces pour assurer qu’elle soit approuvée. Bien que cette nouvelle constitution ne soit ni socialiste ni révolutionnaire, elle satisfait de nombreuses revendications émanant des mouvements sociaux, et a beaucoup d’aspects socialistes et révolutionnaires. Elle promet « une participation réelle et vigoureuse de l’Etat et de la société dans l’économie » et « interdit et criminalise les grands propriétaires terriens ». Elle garantit aussi « le droit à la vie et à l’intégrité, à la nourriture, à l’éducation, aux soins de santé, à un habitat et à un logement décent » et « à un travail digne et stable avec un salaire correct ». Aux communautés indigènes, elle garantit « des droits collectifs à une existence libre, à une identité culturelle, à la spiritualité, à la libre détermination, à un gouvernement propre et à un territoire, au sein de l’unité de l’Etat ».

    Tout comme en ce qui concernait le référendum révocatoire, nous ne devons pas soutenir la nouvelle constitution comme une fin en soi, mais comme un outil afin d’organiser et de mobiliser les mouvements sociaux, afin de politiser les gens au sujet de la nécessité du dépassement du capitalisme et de la construction d’une société socialiste.

    L’opposition ne va pas simplement accepter sa défaite démocratique. Elle va utiliser tout le soutien dont elle peut encore jouir dans les villes de la media luna, ses groupes de choc semi-fascistes et son contrôle économique pour attaquer les mouvements sociaux et le gouvernement du MAS. A présent, ils vont attaquer avec toute l’énergie du désespoir.

    Après avoir été ratifié à Santa Cruz, le préfet Rúben Costas a donné un discours de guerre et de division, abreuvant son auditoire et sa base sociale de haine, de peur et de racisme, et les préparant à une lutte difficile. Il a traité Morales de « dictateur » et de « singe » et a qualifié le gouvernement du MAS comme étant « le plus cruel des terroristes d’Etat de l’ère moderne ». Il a ensuite annoncé la continuation du projet illégal d’autonomie de la media luna (ce qui, légalement, revient à de la sédition), a annoncé des élections pour l’assemblée législative autonome illégale (également de la sédition), a appelé à la création d’une force départementale de police parallèle (encore de la sédition), et a révélé un projet de lancement d’une agence taxatrice départementale en vue de contrôler les ressources économiques (toujours de la sédition) (La Opinion, 11 August 2008). Le reste des préfets de la media luna ont donné des discours semblables.

    Le 15 août, cette violence s’est manifestée concrètement après une action de protestation menée par Rúben Costas et par le « Comité civique pour Santa Cruz », où les membres de « l’Union des Jeunes de Santa Cruz » ont attaqué la police et ont littéralement battu le chef de la police et un de ses lieutenants.

    Le 19 août, la droite a commencé à utiliser son pouvoir économique pour faire payer aux masses leur soutien à Morales. Les dirigeants de la media luna a mis en route un plan de lockouts patronaux et de barrages routiers, demandant plus d’argent de la nationalisation des hydrocarbures (à laquelle ils se sont opposés tout du long) ; et dans un bref aperçu du futur, ils ont également émis l’idée de réduire le flux de produits alimentaires en direction des départements de l’ouest de la Bolivie.

    Mais nous autres des mouvements sociaux, nous sommes l’immense majorité en Bolivie, et nous avons le droit de créer une société socialiste si c’est ce que nous voulons. En réponse à la sédition des préfets et des « comités civiques » de la media luna et des attaques violentes de l’Union de Jeunes de Santa Cruz, nous devrions arrêter, poursuivre et incarcérer toute personne impliquée.

    Et même, plus encore, à chaque fois que la droite organise une manifestation ou une action, il est de notre devoir d’y répondre avec toute la force des mouvements sociaux. Si l’opposition attaque nos manifestations, nos leaders, nos marchés et nos habitations, alors nous devons être organisés, mobilisés et préparés à nous défendre, et à les repousser physiquement. Car si nous ne répondons pas de cette manière, alors le fascisme et la droite s’étendront et se renforceront. Mais si nous sommes organisés et mobilisés, alors nous des mouvements sociaux sommes bien plus nombreux, bien plus forts, et capables d’écraser le fascisme en Bolivie.

    Les masses sont conscientes de cela et cette pour cette raison que lorsque Morales a fait son discours à La Paz après avoir triomphé contre la révocation, des dizaines de milliers de personnes ont crié : « mano dura, mano dura » (traduit littéralement par « une main dure »), en référence aux actions que nous devrions entreprendre contre l’opposition. Malheureusement, Morales a répondu avec un discours de conciliation et d’unité avec l’opposition de droite : « …cette unité peut être réalisée en liant la nouvelle Constitution Politique de l’Etat avec les statuts autonomistes de [la droite] ». Il a encore déclaré : « Je veux profiter de cette occasion pour saluer et exprimer mon respect aux préfets qui ont obtenu la ratification au référendum ; nous respectons la légitimité dont ils bénéficient, et je les appelle à travailler de manière unifiée. Lorsque nous nous serons unis aux autorités régionales, nous pourrons facilement satisfaire à toutes les demandes des secteurs et des régions du pays » (Evo Morales, 10 août 2008, La Paz).

    Mais les préfets racistes qui se battent pour les intérêts du grand patronat, des grands propriétaires terriens, et des multinationales ne méritent pas notre respect. L’ Alternative Socialiste Révolutionnaire (ASR – Alternativa Socialista Revolucionaria, CWI-Bolivie) se bat pour l’unité de la Bolivie, mais il n’est pas possible d’unir les intérêts des grands propriétaires terriens, des patrons et des multinationales avec ceux de la classe ouvrière, des paysans, des indigènes, et de la majorité pauvre. Donner cette illusion est quelque chose d’erroné et de dangereux pour les mouvements sociaux.

    Nous avons besoin du socialisme pour unir la Bolivie, satisfaire les revendications de la population et vaincre la droite

    L’ASR lutte pour l’unité de classe entre les travailleurs, les paysans, les indigènes et les pauvres de l’ouest et les travailleurs, les paysans, les indigènes et les pauvres de l’est. Jusqu’à présent, les changements effectués par Morales et le gouvernement du MAS ont été progressistes, mais très modérés. La majorité des nationalisations sont en fait des renégociations de contrats qui impliquent le versement de centaines de millions de dollars à quelques-unes des sociétés les plus riches du monde. L’éradication des grandes propriétés n’a toujours pas encore réellement commencé. Le gouvernement n’a redistribué que 500 000 hectares appartenant aux grands propriétaires terriens, mais il s’agissait de parcelles inutilisées, alors que seules 100 familles contrôlent 25 millions d’hectares de terrain tandis que 2 millions de paysans pauvres n’en possèdent que 5 millions (Programme de développement des Nations Unies). Enfin, les programmes sociaux sont une aide, mais ils sont loin de garantir une vie digne à la majorité de pauvres. En résumé, la droite a maintenu quasi tous ses instruments de contrôle sur l’économie, tandis que le peuple bolivien reste pauvre.

    Cela est problématique pour deux raisons. D’un côté, la droite peut utiliser son pouvoir économique pour attaquer la majorité pauvre et susciter de la frustration et de la désillusion dans les mouvements sociaux. Nous observons déjà les lockouts et les barrages routiers, qui ont provoqué une nouvelle augmentation des prix des denrées alimentaires. D’un autre côté, la droite peut utiliser ses richesses pour faire des concessions dans certains secteurs ciblés et par là diviser les masses. Une proposition récente de quasi doubler le salaire minimum à Santa Cruz à presque 1.000 Bolivianos par mois (143$) en cas d’obtention de l’autonomie du département illustre bien cette stratégie.

    Pour les travailleurs, un salaire minimum de 1.000 bolivianos par mois est nécessaire. Cependant, avec un programme qui permet à la droite de continuer à profiter de la majorité des richesses de la Bolivie, le gouvernement du MAS est impuissant face au populisme de droite. Il n’a pas assez d’argent et doit se contenter de déclarer que les propositions de la droite « ne sont pas viables ».

    La même chose s’est produite avec la juste revendication de la classe ouvrière pour un système de pension financé par l’Etat qui garantirait la retraite à 55 ans (l’espérance de vie en Bolivie est de 62,5 ans), ce que le gouvernement a qualifié de « non-viable ». Si le gouvernement du MAS ne trouve pas une manière de répondre au populisme de droite et de satisfaire les justes revendications de la classe ouvrière, il court le risque de perdre le soutien des travailleurs.

    Dans le but d’avoir assez de richesses pour remplir les justes revendications des travailleurs, des paysans, des indigènes et des pauvres, nous devons contrôler démocratiquement les ressources naturelles, les forces productives, et la distribution des richesses en Bolivie. Cela nous permettrait de planifier l’économie et d’orienter la production en vue de satisfaire les besoins de base de la population, plutôt que de se concentrer presque exclusivement sur les profits destinés à l’oligarchie et aux sociétés multinationales. Ce sont là les changements dont nous avons besoin : des changements socialistes révolutionnaires.

    Pour créer le socialisme, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une victoire lors d’un référendum révocatoire, ni même de l’approbation d’une nouvelle constitution progressiste. Nous devons également être préparés à aller mener dans les rues la lutte contre l’opposition de droite. C’est pour cela que l’ASR appelle à la création de « Comités de défense et de lutte » afin d’ouvrir un espace de débat, de lutter et d’élire des représentants pour organiser les actions sur nos lieux de travail, dans les campagnes, dans les communautés indigènes, dans les quartiers pauvres, et dans les universités. Cela permettra aussi aux bases des mouvements sociaux de mener démocratiquement la lutte et d’unifier leurs actions à une échelle locale, régionale et nationale.

    Nous avons gagné le référendum révocatoire. Mais l’opposition de droite ne mourra pas simplement parce qu’elle a perdu son soutien démocratique. Pour remporter la lutte, mettre fin à cette opposition, et résoudre les problèmes de pauvreté et d’inégalité, il nous faut utiliser notre victoire du référendum et profiter de la campagne d’approbation de la nouvelle constitution pour nous organiser en Comités de défense et de lutte, mobiliser pour mettre fin au capitalisme et créer une société socialiste démocratique contrôlée par les travailleurs, les paysans, les indigènes, et les pauvres qui ensemble forment le peuple Bolivien.


    "Sans lutte, pas de progrès. Ceux qui professent la liberté mais déprécient l’agitation, sont des gens qui désirent des récoltes sans avoir à labourer la terre, de la pluie sans avoir à subir le tonnerre et les éclairs… Le pouvoir ne cède rien qui n’ait été exigé. Il ne l’a jamais fait, et il ne le fera jamais." – Frederick Douglass


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