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  • Pas de norme salariale pour les topmanagers

    Les négociations entre les syndicats et les organisations patronales sur un nouvel accord interprofessionnel vont bientôt commencer. De tous côtés, on s’échauffe déjà, et chacun y va de ses chiffres et de ses analyses pour renforcer ses positions. Les organisations patronales disent que, vu la crise économique et la forte inflation, il n’y a pas d’espace pour des augmentations salariales et elles plaidaient pour l’abolition du système d’indexation automatique.

    Par Karel, LSP-Bruges

    Mais il faut bien constater que les salaires de ceux qui plaident pour une politique de modération salariale sont ceux… qui montent le plus. L’hebdomadaire Trends vient de révéler que les salaires des topmanagers des entreprises reprises dans le Bel-20 ont augmenté en moyenne de 15% en un an. Dans les entreprises plus petites, l’augmentation des salaires des managers est plus limitée mais elle reste toujours nettement supérieure à celle qu’ont pu enregistrer ouvriers, employé et fonctionnaires !

    Plusieurs politiciens ont réagi ces derniers mois en s’indignant des hauts salaires des topmanagers. Mais, dans la réalité, rien n’a été fait pour arrêter l’enrichissement de cette petite élite privilégiée. Karel De Gucht (VLD) a déclaré que les hauts salaires des managers donnaient du « blé à moudre au moulin des populistes » qui essaient de miner la confiance dans notre système économique. Mais il n’a évidemment pas été plus loin qu’un appel « moral » aux managers à se restreindre un peu… Les politiciens ne savent même pas limiter les salaires des managers dans les entreprises où l’Etat est actionnaire majoritaire comme à La Poste et à Belgacom.

    Il n’y a pas que chez nous que les salaires des topmanagers font problème : c’est un débat à l’échelle européenne. Le Commissaire européen Joaquim Almunia a déclaré après une réunion avec les ministres des Finances que « c’est une situation intenable de demander une norme salariale à la population alors que les topmanagers s’offrent des salaires excessifs ». C’est en Allemagne que la discussion est la plus animée. Ce n’est pas un hasard puisque c’est ici que les attaques les plus dures ont été lancées des dernières années contre les revenus de la population. Allez justifier après cela que le salaire du patron de Mercedes ait augmenté de 45% l’an dernier pendant que le revenu net de la population ordinaire diminuait…

  • Les socialistes de gauche se préparent pour un automne chaud

    Cet été, nous avons surtout mené des campagnes parmi les jeunes, avec des interventions très réussies notamment à Dour et au Pukkelpop. A partir de septembre, notre travail lycéen et étudiant recommence avec des campagnes autour de l’antifascisme, de l’anti-sexisme, de l’écologie. Mais la rentrée sera bien sûr surtout marquée par la question du pouvoir d’achat.

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    Agenda

    • 6-7 septembre : présence active à la fête Retrouvailles à Liège
    • 13 septembre : barbecue et meeting national
    • 19 septembre : festival des sans-papiers à Bruxelles, à partir de 18h. place Flagey
    • 20 septembre : manifestation antiraciste à Cologne
    • 4 octobre : action contre un meeting FN à Molenbeek
    • 25 octobre : festival d’environnement de Résistance Internationale à Anvers
    • 6 décembre : Action nationale pour le climat
    • 5 mars 09 : manif anti-NSV à Leuven
    • 8 mars 09 : action dans le cadre de la journée internationale des femmes

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    En juin, le MAS/LSP a été présent à toutes les manifestations provinciales de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat (à l’exception d’Arlon) et a rencontré un bon écho pour son exigence de « + de pouvoir d’achat par + de salaire ». Pendant l’automne, il y aura certainement des nouvelles actions. Le MAS y interviendra avec le slogan « Tous ensemble pour le pouvoir d’achat et l’emploi » et plaidera aussi pour un parti syndical avec et autour de tous ceux qui sont entrés en action pour le pouvoir d’achat.

    Un tel parti n’existera pas sans doute pas encore pour les élections de 2009. Le MAS a proposé un cartel avec le PTB pour une unité des forces anti-néolibérales. Si cela n’est pas réalisable, le MAS se présentera seul aux élections.

    Nous voulons relancer l’année politique avec un meeting et un barbecue à notre secrétariat national le 13 septembre. Un des orateurs à ce meeting sera Claus Ludwig, membre du SAV, notre organisation-sœur en Allemagne, et conseiller communal pour Die Linke à Cologne. L’autre orateur sera Els Deschoemacker du MAS/LSP. Ce meeting et ce barbecue marqueront le lancement d’un automne chargé d’activités et de campagnes.

    Face à la crise de la politique traditionnelle et du système économique, il nous faut une alternative. Cet automne, il y aura beaucoup de discussions au sein du MAS pour analyser la crise du capitalisme, la situation et les perspectives politiques en Belgique et pour évaluer notre fonctionnement des deux dernières années. Ces discussions, à tous les niveaux de l’organisation, du Comité National aux sections locales, aboutiront à notre congrès biennal les 12, 13 et 14 décembre.

    L’urgence d’une alternative socialiste devient chaque plus claire. Nous serons particulièrement actifs au cours des prochains mois pour engager un maximum de discussions et pour construire une force socialiste de gauche forte. Nous ne pouvons pas compter sur d’autres pour cela, nous devrons le faire nous-mêmes, chacun avec nos capacités et nos possibilités propres. Et toi aussi, tu peux y jouer un rôle important en rejoignant nos rangs !

  • ISLAM & SOCIALISME

    Dans cet article, Hannah SELL explique l’approche des marxistes pour combattre l’islamophobie en tirant les leçons de la politique des bolcheviks dans le sillage de la révolution russe. Si beaucoup de données ne concernent que la Grande-Bretagne et sont un peu datées, la situation n’est pas fondamentalement différente actuellement en Belgique. L’approche adoptée dans cet article reste une aide d’importance.

    Publié en octobre 2004 dans « Socialism Today », revue du Socialist Party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et pays de Galles.

    Entre un et demi et deux millions de musulmans vivent aujourd’hui en Grande-Bretagne. Rien qu’à Londres, ils sont issus de 50 groupes ethniques différents. Ils représentent une des sections les plus pauvres de la société britannique : un musulman économiquement actif sur sept est au chômage, comparé à 1 sur 20 pour le reste de la population. Les deux communautés musulmanes les plus importantes de Grande-Bretagne, originaires du Pakistan et du Bangladesh, sont particulièrement appauvries. En 1999 par exemple, 28% des familles blanches vivaient en dessous du seuil de pauvreté comparé aux 41% d’Afro-Caribéens et aux 84% de familles bengalaises (une étude de l’université d’Anvers a récemment mis en lumière le fait que 58% de la population d’origine marocaine vit en Belgique sous le seuil de pauvreté, pour 15% de la population globale, NDT)

    L’histoire des musulmans de Grande Bretagne est une histoire de pauvreté et de discrimination. Historiquement, la discrimination contre les musulmans en Grande-Bretagne a été un des nombreux aspects du racisme de la société capitaliste. Sous différentes formes, le racisme a été un élément intrinsèque du capitalisme depuis son origine. Lors de la dernière décennie et en particulier depuis l’horreur du 11 septembre 2001, il n’y a aucun doute que les préjugés anti-musulmans – l’islamophobie – ont augmenté de façon dramatique. Alors que d’autres aspects du racisme sont déjà présents, les musulmans sont confrontés aux manifestations les plus aigües de discriminations. Le gouvernement verse des larmes de crocodile sur cette hausse du racisme contre les musulmans et ceux que les gens «perçoivent» comme étant des musulmans. Mais c’est la politique gouvernementale qui est responsable d’une augmentation de 41% du nombre d’arrestations et de fouilles contre les populations asiatiques. Plus fondamentalement, la participation du gouvernement aux guerres brutales contre l’Irak et l’Afghanistan (deux pays à majorité musulmane), avec toute la propagande qui accompagne ces interventions et qui dénigre les populations de ces deux pays, a inévitablement fait monter l’islamophobie.

    L’ancien ministre de l’intérieur David Blunkett a suggéré que les minorités ethniques devaient faire de plus grands efforts pour «s’intégrer» à la société britannique, en blâmant les musulmans et les autres communautés pour la montée du racisme. En réalité, c’est le contraire qui est exact. Plus la société est hostile envers eux, plus les minorités ethniques et religieuses vont s’identifier uniquement à leurs propres communautés. Le renforcement de l’identification de beaucoup de musulmans à leur religion et à leur culture a ainsi nettement augmenté. Selon une étude récente, 74% des musulmans britanniques considèrent que leur religion a une influence importante sur leur vie quotidienne, contre 43% chez les Hindous et 46% chez les Sikhs. Nombreuses sont les raisons qui expliquent cela, mais il ne fait aucun doute que la montée des préjugés contre l’Islam a conduit beaucoup de jeunes à défendre leur religion en renforçant leur identification à celle-ci.

    Cependant il n’est pas vrai de dire que les jeunes musulmans de Grande-Bretagne s’identifient seulement ou premièrement au pays d’où ils, ou plus souvent leurs parents ou grands parents, sont originaires. Les deux tiers de tous les musulmans de Grande-Bretagne ont moins de 25 ans. Ayant été élevés en Grande-Bretagne, la plupart d’entre eux ont une double identité, à la fois partie intégrante de la Grande-Bretagne et aliénés par celle-ci. Ces jeunes ont grandi dans une société où ils se sentent sous la menace constante d’une arrestation à cause de leur couleur ou de leur religion. Ils sont confrontés aux discriminations dans l’enseignement et sur le lieu de travail et ont été enragés par la propagande de guerre impérialiste du gouvernement. Mais seule une petite minorité a tiré la conclusion erronée que le barbare terrorisme de masse de la part d’organisations islamiques réactionnaires comme Al Qaïda offre une alternative. Contrairement à ce qu’affirme la presse à scandales, 73% des musulmans de Grande-Bretagne sont fortement opposés aux attaques terroristes. En même temps, le potentiel qui existe pour un mouvement unifié capable d’impliquer les musulmans a été illustré par les centaines de milliers de musulmans qui ont participé, avec d’autres sections de la population, au mouvement anti-guerre durant les plus grandes manifestations qui se sont jamais déroulées en Grande-Bretagne.

    Comment les marxistes doivent-ils aborder la question des communautés musulmanes vivant en Grande-Bretagne? Notre point de départ est d’être fermement opposés aux discriminations anti-musulmanes en défendant le droit de chaque musulman à pouvoir vivre sans subir l’islamophobie, indépendamment de sa classe ou de sa conception de la religion. Concrètement, cela signifie de lutter pour le droit des musulmans à pratiquer librement leur religion, y compris en choisissant librement de porter ce qu’ils veulent. Le véritable marxisme n’a rien à voir avec ceux de l’extrême gauche française qui ont refusé de s’opposer aux exclusions des jeunes femmes musulmanes qui portaient un voile à l’école. Nous devons activement défendre le droit de chacun de pratiquer la religion qu’il choisit (ou de n’en pratiquer aucune) sans avoir à subir de discrimination ou de préjugés.

    Cela ne signifie cependant pas que nous percevons la population musulmane dans sa totalité comme un bloc homogène et progressiste. Au contraire. Plusieurs facteurs, comme la classe, l’origine ethnique et la conception de la religion divisent la population musulmane. Il y a en Grande Bretagne 5.400 musulmans millionnaires, dont la plupart ont fait leur fortune en exploitant d’autres musulmans, et de petites communautés musulmanes sont très riches. Ainsi, 88 Koweïtiens, dont la plupart résident en Grande Bretagne, ont investi 55 milliards de Livres Sterling dans l’économie britannique. Alors que nous avons à défendre les droit de ces milliardaires de pratiquer leur religion sans répression, nous avons aussi à convaincre les travailleurs musulmans qu’ils ont des intérêts diamétralement opposés à ces individus et que la voie vers la libération se trouve dans la cause commune avec les autres sections de la classe ouvrière à travers le monde mais, comme ils vivent en Grande Bretagne, en premier lieu avec la classe ouvrière britannique.

    En tant que révolutionnaires socialistes, le programme que nous mettons en avant doit toujours avoir pour objectif d’encourager l’unité de la classe ouvrière en tant qu’élément du processus d’élévation de sa confiance et de son niveau de compréhension. C’est la raison pour laquelle notre organisation sœur en Irlande du Nord a toujours lutté pour l’unité des travailleurs catholiques et protestants. Dans la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, les politiques réactionnaires de Tony Blair et du New Labour (le Parti Travailliste) créent des divisions que nous devons tenter de surmonter.

    Historiquement, il y a de fortes traditions d’unité entre les travailleurs musulmans et les autres sections de la classe ouvrière en Grande-Bretagne. Elles proviennent du rôle important joué par les meilleurs éléments du mouvement ouvrier dans la lutte contre le racisme. Par conséquent, les travailleurs noirs et asiatiques, y compris les musulmans, ont tissé un lien fort avec le mouvement ouvrier, bien que la majorité d’entre eux ne provenait pas initialement d’un milieu urbain dans leur pays d’origine. Dans les années ‘70, les travailleurs noirs et asiatiques ont joué un rôle clé dans plusieurs luttes industrielles. En 1976, la grève de Grunwicks contre les bas salaires, qui a largement impliqué des femmes asiatiques, a été une des batailles cruciales de cette décennie.

    Un des résultats de ces traditions positives a été que, jusqu’à récemment, les musulmans de Grande-Bretagne ont eu tendance à soutenir le Labour Party. Une étude réalisée en 1992 a par exemple conclu que «les musulmans sont loyaux envers le Parti Travailliste car ils le voient comme un parti qui œuvre pour la classe ouvrière et aussi parce que le Parti Travailliste est de loin le moins raciste à la fois dans son attitude et dans sa pratique comparé aux autres partis, en particulier face au Parti Conservateur». Un sondage de l’institut MORI réalisé après les élections de 1997 a démontré que 66% des électeurs asiatiques et 82% des électeurs noirs ont voté pour le Parti Travailliste, un taux beaucoup plus élevé que la moyenne nationale de 44%. En comparaison, les Conservateurs ont obtenu seulement 22% du vote asiatique.

    Cependant, le New Labour d’aujourd’hui ne représente en aucune façon les intérêts des travailleurs. Au contraire, le Parti Travailliste est maintenant un parti favorable à la classe dirigeante dans lequel les syndicats sont sans pouvoir. Il n’est donc pas étonnant que non seulement les musulmans mais aussi la majorité des travailleurs ne croient plus que le Labour Party est «pour eux». La désillusion est particulièrement profonde parmi les électeurs musulmans issus de la classe ouvrière. Les politiques racistes du New Labour, malgré qu’elles aient un vernis plus sophistiqué que celles des Tories, ont profondément désillusionné la plupart des musulmans. Mais c’est la guerre en Irak qui a agi de façon à rompre de façon décisive le soutien que beaucoup de musulmans accordaient encore au Labour Party. Un sondage d’opinions réalisé avant les élections Européennes a rapporté que le soutien au Labour Party a chuté de 75% chez les électeurs musulmans à seulement 38% lors des élections générales.

    Le mouvement anti-guerre a donné un aperçu du potentiel de ce que signifie gagner les travailleurs musulmans désillusionnés par le Labour à une alternative de classe. Ce processus n’est cependant pas automatique. Une condition vitale est qu’après la trahison complète du New Labour, le mouvement ouvrier prouve encore et encore dans la pratique qu’il est déterminé à combattre le racisme et l’islamophobie. Mais les marxistes doivent aussi défendre une approche de classe et socialiste concernant les musulmans. Le fait que les musulmans et les révolutionnaires socialistes marchent ensemble dans le mouvement anti-guerre constitue un véritable pas en avant. Mais nous ne devons pas laisser nos discussions avec les musulmans anti-guerre au niveau de notre opposition commune à l’occupation impérialiste de l’Irak. Nous devons étendre les discussions à des questions de classe ici, en Grande-Bretagne, y compris sur la question d’un programme et d’une stratégie aptes à combattre les privatisations et les coupes budgétaires du New Labour. Nous devons aussi soulever la nécessité d’une alternative politique au New Labour – un nouveau parti de masse qui rassemble le mouvement anti-guerre, les syndicalistes et les militants contre la casse sociale – un parti qui représente et organise toutes les sections de la classe ouvrière.

    Au cours de ces discussions, il sera parfois nécessaire de soulever des questions sur lesquelles il n’y a pas d’accord complet entre les marxistes et certains musulmans. Par exemple, face au racisme qui existe dans la société capitaliste, un nombre croissant de musulmans revendiquent de façon compréhensible des écoles musulmanes séparées. Nous devons d’une part lutter contre le racisme et la discrimination à l’école, ainsi que pour le droit de tous les étudiants d’avoir les commodités pour pratiquer leur religion, mais, d’autre part, cela n’implique pas le soutien à la création d’écoles musulmanes séparées, pas plus que nous ne soutenons d’autres écoles religieuses. Nous devons patiemment expliquer que cette voie amènera à une plus grande ségrégation et à une plus grande isolation des communautés musulmanes qui, en retour, mèneront à faire croître le racisme contre eux.

    De même que nous luttons pour le droit des jeunes musulmanes à choisir de porter le voile, il est aussi clair que nous soutenons le droit de celles qui choisissent de ne pas le porter, même lorsque cela signifie d’entrer en conflit avec d’autres musulmans.

    L’approche erronée de RESPECT

    Malheureusement, cette approche de classe n’a pas été adoptée par le Socialist Workers Party (SWP). RESPECT, la nouvelle coalition électorale qu’il a formé avec le député George Galloway a obtenu quelques succès électoraux, largement grâce à l’appel lancé aux musulmans. Lors des élections européennes, RESPECT a tiré un tract spécifique destiné aux musulmans qui présentait RESPECT comme «le parti des musulmans». George Galloway a été présenté comme un combattant pour les musulmans et décrit de cette manière : «Marié à une doctoresse palestinienne, il a de forts principes religieux concernant la lutte contre l’injustice. Il a été exclu par Blair parce qu’il a refusé de s’excuser pour son attitude anti-guerre. Nos députés musulmans soit sont restés silencieux, soit ont soutenu la guerre. De qui voulez vous pour être votre voix ?»

    Alors qu’il est juste de présenter les références anti-guerre de Galloway et de dénoncer les députés musulmans qui ont refusé de s’opposer à la guerre, le reste de sa déclaration est une tentative hautement opportuniste de faire appel aux musulmans sur base de leur religion. Au lieu de cela, les véritables socialistes doivent tenter de convaincre les musulmans qu’ils peuvent atteindre par les idées socialistes, et parmi eux plus spécifiquement les jeunes musulmans issus de la classe ouvrière (la majorité de la population musulmane de Grande-Bretagne).

    Si RESPECT avait profité de cette situation pour gagner des musulmans ainsi que d’autres sections de la classe ouvrière au véritable socialisme, cela aurait été louable. Mais au lieu de cela, ils ont fait appel aux musulmans en tant que bloc dans l’espoir d’obtenir des gains électoraux à court terme. En fait, l’histoire de l’engagement des musulmans en politique a démontré que cette approche ne marche pas. Il n’y a aucun doute à avoir sur le fait que quelques politiciens musulmans du New Labour se sont engagés en politique dans l’intention d’aider leur communauté. Cependant, à moins d’avoir eu une approche socialiste, ils ont échoué à le faire. C’est par exemple une position complètement erronée de la part de Galloway d’expliquer qu’il ne se présente pas contre Mohamed Sawar, député de Glasgow Govan, parce qu’il est musulman. Sawar a constamment voté avec le New Labour sur toutes les questions. Bien qu’il ait voté contre la guerre, il a depuis lors voté avec le reste de son parti à chaque occasion, même sur la question de l’Irak. Le fait qu’il soit musulman ne signifie pas qu’il défende les intérêts des musulmans ordinaires. Au niveau local, les conseillers musulmans tendent à être issus des petites élites musulmanes plutôt que d’être issus de la classe ouvrière. Mais le plus important, c’est que la majorité d’entre eux a adopté les politiques blairistes du New Labour.

    Mais RESPECT ne fait pas qu’échouer à élever la conscience de classe parmi les musulmans. Si elle continue sur cette voie, la coalition peut entretenir des divisions dangereuses parmi la classe ouvrière entre les musulmans et les autres communautés. Si RESPECT a des succès en étant vu comme un parti musulman qui ne s’adresse pas aux autres sections de la classe ouvrière, il peut éloigner les autres sections de la classe ouvrière et renforcer les idées racistes.

    Malheureusement, cela semble être la voie que Respect a prise. Lors des récentes élections au Sud de Leicester, RESPECT a obtenu un résultat électoral non négligeable. Sa candidate était Yvonne Ridley, la journaliste qui s’est convertie à l’islam après avoir été capturée par les talibans en Afghanistan. Encore une fois, RESPECT a fait appel à la communauté musulmane sur une base purement religieuse. Le tract spécial qu’elle a destiné à la communauté musulmane faisait référence à un dirigeant local de la communauté qui a dit que Ridley était «la seule candidate MUSULMANE» et que «les musulmans vont jouer un rôle clé lors de l’élection». Le tract n’indiquait pas d’autres raisons de voter pour RESPECT.

    La révolution russe comme justification

    En vue de justifier aujourd’hui son opportunisme politique en Grande-Bretagne, le SWP a cherché dans l’histoire de quoi appuyer son approche avec un exemple. C’est dans ce cadre que Socialist Review, publication du SWP, a publié un article de Dave Crouch avec lequel le SWP a crû justifié sa position en se basant sur l’attitude des bolcheviks après la révolution.

    Alors que l’article de Crouch donne un compte-rendu intéressant des évènements qui se sont produits, en utilisant un ton inégal et une emphase clairement façonnée pour justifier l’attitude du SWP envers RESPECT, il désinforme ses lecteurs. Dans un article beaucoup plus long sur le même sujet, publié en 2002 dans le journal théorique du SWP International Socialism, Crouch démontre pourtant qu’il est capable d’adopter une approche un peu plus objective. Ironiquement, dans cet article là, il critiquait un auteur au sujet de «la politique nationale [des bolcheviks qui s’est développée] dans un isolement presque hermétique de la société pré-révolutionnaire à la contre-révolution stalinienne». Mais dans Socialist Review il a reproduit l’erreur qu’il critiquait en ne voyant pas les différences énormes existant entre la situation des marxistes aujourd’hui en Grande-Bretagne et celle de la Russie durant les années qui ont immédiatement suivi la Révolution de 1917. Il a alors simplement déclaré que «nous pouvons apprendre des bolcheviks et nous inspirer des réalisations faites par les bolcheviks».

    Par exemple, l’Armée Rouge a participé à de nombreuses alliances militaires avec des forces pan-islamiques. Cependant, il s’agissait d’une situation de guerre civile et de nombreuses armées capitalistes attaquaient et essayaient d’écraser la première révolution victorieuse en collaboration avec les classes dirigeantes locales, dominées par les grands propriétaires terriens. La guerre civile était particulièrement intense dans les zones à prédominante musulmane d’Asie Centrale. Les comparaisons directes à faire avec la Grande-Bretagne actuelle sont évidemment très limitées…

    Cela ne signifie aucunement qu’il n’y a pas de leçons à tirer du travail de pionniers des bolcheviks. Mais l’article de Crouch ne dévoile que la moitié de l’histoire. Il se concentre presque exclusivement sur des points tels que l’union entre les dirigeants musulmans et les bolcheviks sans expliquer les divergences politiques, les conflits et les complications qui ont existé ou encore comment les bolcheviks ont essayé de gagner les masses musulmanes au programme marxiste. Sans toutefois le dire explicitement, l’article donne aussi l’impression complètement incorrecte selon laquelle l’islam était intrinsèquement plus progressiste que les autres religions parce que c’était la religion des peuples opprimés et colonisés et encore que les bolcheviks avaient traité les populations musulmanes d’une façon fondamentalement différente des autres religions.

    En fait, Vladimir Lénine et Léon Trotsky ont correctement traité les droits religieux de toutes les minorités opprimées avec une attention et une sensibilité extrême, consécutive de leur approche sur la question nationale. Leur objectif était de minimiser systématiquement les divisions et les différences entre les sections de la classe ouvrière. Ils avaient compris que, pour la réalisation de cet objectif, il était nécessaire de démontrer encore et encore que le pouvoir des Soviets était la seule voie vers la libération nationale pour les nationalités opprimées par ce qui avait été l’empire russe des Tsars (que Lénine appelait la «prison des peuples»). Mais jamais ils n’ont cependant baissé la bannière de l’unité internationale de la classe ouvrière. Quand des concessions étaient faites à des forces nationalistes, il était ouvertement et honnêtement expliqué pourquoi de telles concessions étaient nécessaires, et en même temps les bolcheviks continuaient à argumenter clairement en faveur d’un programme marxiste parmi les masses des territoires opprimés.

    Le contexte de l’époque doit être soigneusement regardé. Les bolcheviks agissaient dans des circonstances de difficultés phénoménales. Par la suite, malgré le potentiel existant dans d’autres pays pour des révolutions victorieuses, ces dernières n’ont pas pu aboutir et le premier Etat ouvrier s’est retrouvé isolé dans une situation d’arriération économique avec une domination paysanne. Finalement, ces facteurs ont permis l’émergence du stalinisme ainsi que l’écrasement de la démocratie ouvrière par le fait d’une hideuse bureaucratie.

    Ces conditions extrêmes, la survie de la révolution ne tenait alors qu’à un fil, ont forcé l’Etat ouvrier à faire des concessions à tous les niveaux. En 1921 – alors qu’il était clair qu’on ne pouvait pas compter sur une révolution victorieuse dans un autre pays à court terme – Lénine a été forcé de proposer la Nouvelle Politique Economique (NEP) pour éviter un retour aux privations et aux famines de masse. Cela impliquait des concessions envers le marché. Ces difficultés matérielles écrasantes ont inévitablement eu un effet sur la capacité de l’Etat ouvrier à appliquer ses politiques dans de nombreux domaines.

    Néanmoins, l’approche de Lénine et Trotsky vis-à-vis des droits nationaux, religieux et ethniques en particulier a constitué un modèle dans le sens où elle a combiné la sensibilité envers les aspirations nationales à une approche de principe. Cela n’a rien de commun ni avec l’opportunisme du SWP, ni avec l’approche rigide et étroite de quelques autres parmi la gauche.

    Le droit des nations à l’autodétermination

    L’approche utilisée par les bolcheviks vis-à-vis des populations musulmanes ne découle pas en première instance de la question de la religion en elle-même, mais plutôt de la manière dont la religion était en rapport avec le droit des nations à l’autodétermination. L’unification des pays et la solution à la question nationale est une des tâches clés de la révolution démocratique bourgeoise, ce qui inclut l’élimination des rapports terriens féodaux et semi-féodaux ainsi que l’instauration de la démocratie bourgeoise. Ces tâches n’ont jamais été achevées dans la Russie tsariste qui était en fait une monarchie absolue semi-féodale. Les bolcheviks avaient compris qu’étant donné le développement tardif de la bourgeoisie en tant que classe en Russie et sa crainte mortelle des mouvements révolutionnaires de la classe ouvrière, la bourgeoisie russe était incapable de réaliser les tâches de sa propre révolution.

    C’est Trotsky, avec sa théorie de la révolution permanente, qui a été le premier à tirer la conclusion que ces tâches devaient être l’œuvre de la classe ouvrière à la tête des masses paysannes. Trotsky a expliqué que, aussi important que pouvait être le rôle de la paysannerie, elle ne pouvait être capable d’agir de façon indépendante à cause de son caractère hétérogène et dispersé. La paysannerie est toujours à la suite soit de la classe dirigeante, soit de la classe ouvrière.

    Trotsky a continué à expliquer que la classe ouvrière ne se limiterait pas à l’accomplissement des tâches de la révolution démocratique bourgeoise mais passerait ensuite aux tâches de la révolution socialiste de façon «ininterrompue». Lénine avait tiré la même conclusion plus tard, dans ses «Thèses d’Avril» de 1917. Et effectivement, lors de la Révolution d’Octobre 1917, la classe ouvrière a dépassé les tâches de la révolution démocratique bourgeoise pour commencer à effectuer celles de la révolution socialiste.

    Ces tâches étaient de loin plus grandes dans les territoires de l’empire russe que dans la Russie elle-même. Les différentes régions avaient des caractéristiques différentes, mais l’image générale était celle d’économies extrêmement sous-développées et de populations constituées de façon écrasantes de paysans pauvres. Si la bourgeoisie libérale était faible et lâche en Russie, elle n’existait tout simplement pas dans la plupart de ces territoires. La classe ouvrière y était surtout constituée d’émigrés russes et les quelques bolcheviks présents avant la révolution étaient issus de cette couche de la population. Tous ces facteurs étaient particulièrement aigus en Asie centrale, région à dominante musulmane. Il est toutefois faux de conclure que les caractéristiques d’arriération d’Asie centrale avaient un lien avec cette dominante musulmane. Ces caractéristiques étaient le résultat des relations économiques et sociales féodales et la situation était peu différente dans des régions similairement sous-développées mais à dominante chrétienne.

    Lénine et Trotsky ont compris quelles étaient les énormes difficultés auxquelles le nouvel Etat ouvrier devait faire face pour résoudre la question nationale dans ces régions. La domination impérialiste par le tsarisme russe s’était profondément fait sentir et des luttes déterminées et sanglantes s’étaient déroulées contre cette oppression aussi récemment qu’en 1916. Il était donc vital de démontrer encore et encore aux nationalités qui avaient été opprimées par le tsarisme que le pouvoir soviétique n’était pas une nouvelle forme d’impérialisme, mais bien la seule voie par laquelle ils pouvaient obtenir leur libération.

    En conséquence, la constitution adoptée en juillet 1918 affirmait clairement que les soviets régionaux basés sur «un mode de vie et une composition nationale particuliers» pouvaient décider s’ils voulaient intégrer la République Socialiste Fédérale de Russie et sur quelle base. Cependant, les constitutions seules ne suffisent pas. La réalisation des tâches de la révolution démocratique bourgeoise signifiait d’assister le développement d’une culture nationale qui n’avait pas eu d’espace pour se développer auparavant. Par exemple, après des décennies de «russification», l’utilisation des langues locales a été encouragé, ce qui a aussi signifié dans plusieurs cas de développer pour la toute première fois une forme écrite de l’une ou l’autre langue.

    Il n’y a là aucune contradiction entre cette approche et l’internationalisme des bolcheviks. Ce n’est qu’en se révélant être la meilleure combattante pour la libération nationale des opprimés que la Russie des soviets pouvait montrer que la voie de la libération était liée à la classe ouvrière mondiale, et plus spécifiquement à la classe ouvrière de Russie. Cependant, cette approche n’a pas été comprise par tous les bolcheviks. Une certaine couche d’entre eux a vu dans le droit à l’autodétermination des nations quelque chose de contraire à leur internationalisme. Cette analyse a en réalité joué le jeu du nationalisme Grand Russe. Mais c’est au contraire l’approche extrêmement habile et sensible de Lénine qui a eu pour effet que la République Socialiste Fédérale de Russie a réussi à intégrer sur une base libre et volontaire beaucoup de nationalités auparavant opprimées par le tsarisme.

    L’approche des bolcheviks envers l’islam

    Comme l’islam avait été réprimé par le tsarisme, et était aussi réprimé par les impérialismes français et britanniques à travers le monde, il était inévitable que le droit des musulmans à pratiquer leur religion devienne un élément central des revendications des masses musulmanes. Les bolcheviks ont reconnu ce droit et ils étaient extrêmement sensibles sur ce point, de la même manière qu’ils l’avaient été avec les autres religions opprimées comme le bouddhisme et le christianisme non orthodoxe.

    Mais Dave Crouch va trop loin quand il affirme que «les bolcheviks ont eu une attitude très différente (envers l’islam) comparé au christianisme orthodoxe, la religion des brutaux colonisateurs et missionnaires russes». Il ajoute que «1.500 russes ont été chassés du parti communiste du Turkestan à cause de leurs convictions religieuses, mais pas un seul Turkestani». C’est une simplification excessive. Les russes ont été exclus pour avoir poursuivi l’oppression de la Russie impériale sous le nom de la révolution, et non simplement à cause de leur religion.

    Bien sûr, les bolcheviks avaient compris le rôle profondément réactionnaire du christianisme orthodoxe dans les territoires de l’empire tsariste en tant qu’instrument de l’oppression grand russe. Néanmoins, en particulier en Russie même, le christianisme orthodoxe avait une double nature. C’était à la fois la religion oppressive des tsars ainsi que ce que Marx appelait «le soupir de la créature opprimée» des masses russes. Lénine pensait aussi aux millions de travailleurs, en particuliers paysans, qui croyaient toujours en la foi chrétienne orthodoxe en disait que «nous sommes absolument opposés à offenser les convictions religieuses».

    Le véritable marxisme de Lénine et des bolcheviks n’a aucune ressemblance avec les crimes ultérieurs de Staline. A partir d’un point de vue matérialiste, et donc athée, les bolcheviks ont de façon correcte été favorables au droit de chacun à suivre la religion qu’il souhaitait, ou de n’en suivre aucune. Ils avaient compris que cela signifiait la séparation complète de la religion et de l’Etat. La religion d’Etat a été un des piliers majeurs de l’oppression dans la société féodale et, avec quelques modifications, le capitalisme continue d’ailleurs toujours à l’utiliser. Dans la Russie semi-féodale, le mécanisme du christianisme orthodoxe (la religion d’Etat) était une force aux mains de la réaction. Mais, bien que de façon différente, cela était aussi le cas de l’islam dans les républiques à dominante musulmane. Alors que le christianisme orthodoxe était la religion de l’oppression coloniale et l’islam une religion opprimée qui avait un soutien écrasant de la part des masses pauvres, l’élite indigène a tenté d’utiliser l’islam comme outil pour la contre-révolution. La séparation de l’église et de l’Etat en Asie centrale n’a pas seulement concerné le christianisme orthodoxe, mais aussi l’islam. Les bolcheviks avaient adopté cette approche au risque d’obtenir des conflits avec certaines sections de musulmans. Par exemple, en résultat de cette politique, des parents musulmans ont dans certaines régions refusé d’envoyer leurs enfants à l’école.

    Mais, tout en argumentant en faveur de la séparation de la religion et de l’Etat, les bolcheviks étaient très prudents pour éviter de donner l’impression qu’ils imposaient d’en haut la société «russe» à l’Asie centrale. Là où la population était en faveur de la Charia (loi islamique) et des tribunaux islamiques, les bolcheviks avaient compris que s’y opposer aurait été vu comme de l’impérialisme russe. Cela n’a cependant pas voulu dire que les bolcheviks acceptaient les politiques féodales réactionnaires menées par les tribunaux de la charia, pas plus qu’ils n’acceptaient les attitudes féodales qui existaient dans différents aspects de la société de l’ancien empire russe. Ils avaient simplement compris que les attitudes réactionnaires ne pouvaient pas être abolies, mais devaient changer avec le temps. C’est pourquoi ils avaient établi un système légal parallèle en Asie centrale, pour tenter de prouver en pratique que les soviets pouvaient apporter la justice. Pour sauvegarder les droits des femmes, en particulier, l’usage des tribunaux islamiques n’était permis que si les deux parties étaient d’accord. Et si l’une des parties n’était pas satisfaite du jugement, elle pouvait encore avoir recours à un tribunal soviétique.

    L’islam divisé

    Sur cette question et sur d’autres, Crouch donne une impression inégale. En lisant son article, on peut s’imaginer que la population musulmane entière d’Asie centrale était progressiste et alliée aux Bolcheviks. Dans un article de deux pages contenant de nombreux exemples sur la relation positive entre les forces musulmanes et les bolcheviks, seulement deux courtes références illustrent que ce n’était pas le cas dans toutes les circonstances. La première est quand Crouch déclare «en même temps, les dirigeants musulmans conservateurs étaient hostiles au changement révolutionnaire», mais aucune autre explication n’est donnée sur le rôle de ces «dirigeants musulmans conservateurs». La deuxième référence consiste à déclarer que «le mouvement Basmachi (une révolte islamique armée) a éclaté». Cependant, la responsabilité de cette révolte contre-révolutionnaire est exclusivement liée à la politique coloniale du soviet de Tashkent durant la guerre civile.

    Il est vrai que, durant la guerre civile russe, lorsque des larges parties de l’Est étaient détachées de la Russie, certains émigrés russes chauvins ont soutenu la révolution parce qu’ils la considéraient comme le meilleur moyen d’assurer la continuité de la domination russe. Les politiques qu’ils avaient décrétées soi-disant au nom de la révolution ont perpétué l’oppression tsariste des musulmans. A Tachkent, ville musulmane à plus de 90%, le soviet, sous la direction des Socialistes-Révolutionnaires et des Mencheviks, a utilisé la langue russe dans toutes ses procédures et a exclu les dirigeants locaux sans principes et de façon complètement chauviniste. Ces politiques réactionnaires ont joué un rôle majeur dans la constitution du mouvement Basmachi par des bandes de guérilleros islamiques. Mais, en Octobre 1919, la direction bolchevik a rétabli le contact avec Tachkent et a alors inversé les politiques du soviet de Tachkent. En Avril 1918, 40% des délégués du soviet de Tachkent étaient musulmans.

    Alors que les préjugés grand-russes ont sans aucun doute persisté, les bolcheviks se sont donnés une peine considérable pour montrer que le pouvoir des soviets signifiait la liberté nationale et culturelle. Comme Crouch le décrit, «des monuments sacrés islamiques, des livres et des objets pillés par les tsars ont été remis aux mosquées. Le vendredi – jour de célébration musulman – a été déclaré jour férié pour le reste de l’Asie centrale». Mais aucune de ces mesures n’a empêché le nationaliste turc Enver Pasha de venir en Asie Centrale en 1921 et de se joindre immédiatement à la révolte Basmachi, en transformant ainsi des fractions tribales en une force unifiée pour la réaction islamique. Une partie des musulmans avaient rejoint la contre-révolution, non pas à cause des crimes du soviet de Tachkent, mais pour gagner un territoire sur lequel ils pourraient exploiter d’autres musulmans. En d’autres mots, c’était pour défendre et pousser de l’avant leurs propres intérêts de classe.

    Les bolcheviks ont toujours compris que leur tâche était de créer le maximum d’unité entre les travailleurs et d’amener derrière eux les masses paysannes. Cela signifiait de convaincre les masses musulmanes pauvres que leur cause était celle de la révolution, et non pas celle des dirigeants islamiques réactionnaires. Contrairement au SWP aujourd’hui, ils ont toujours déployé leurs efforts dans ce but.

    Les dirigeants autochtones

    Dave Crouch parle des peines que se sont donnés les bolcheviks pour essayer de développer des directions nationales autochtones dans les soviets des Etats autonomes nouvellement formés. La politique des soviets a compris l’instauration d’un commissariat musulman (Muskom), dont la direction était en grande partie composée de musulmans non bolcheviks. En même temps, un effort particulier a été fait pour recruter des autochtones au Parti Communiste (PC – nouveau nom des bolcheviks), ce qui a conduit à une sérieuse augmentation du nombre de membres musulmans.

    Dave Crouch déclare dans son texte : «Il y avait des discussions sérieuses parmi des musulmans sur les similitudes entre les valeurs islamiques et les principes socialistes. Les slogans populaires de l’époque comprenaient : «Vive le pouvoir des soviets, vive à la charia!»; «Religion, liberté et indépendance nationale». Des partisans du «socialisme islamique» ont appelé les musulmans à établir des soviets ».

    De nouveau, ceci cache une réalité plus complexe – aucune mention n’est faite de l’attitude des bolcheviks envers ce «socialisme islamique». Il est naturellement vrai que, alors que le PC était marxiste et donc athée, la croyance religieuse ne représentait pas en soi un obstacle pour rejoindre le parti, et beaucoup de musulmans ont été recrutés. Cependant, cela ne signifiait aucunement qu’il suffisait d’être musulman et de soutenir la révolution pour rejoindre le Parti Communiste. Bien que des alliances militaires à court terme aient été formées avec toutes sortes de forces, il n’y a seulement eu qu’une organisation musulmane sur le territoire soviétique qui ait été reconnue par les bolcheviks comme un véritable parti socialiste (sur la base de son programme) – Azerbaidjani Hummet, qui devait plus tard devenir le noyau du PC de l’Azerbaïdjan. D’autres, comme le parti nationaliste libéral kazakh, Alash Orda, ont été écartés, en dépit de leurs déclarations en faveur de la révolution, et ce en raison de leur programme et de leur base de classe.

    Néanmoins, telle était l’importance de développer des directions autochtones pour le Parti Communiste que des individus qui avaient une approche totalement différente de celle de Lénine et Trotski ont pu rejoindre le PC. Parmi eux, le cas de Mirsaid Sultangaliev, devenu ensuite président du commissariat central musulman après avoir rejoint le PC en novembre 1917, est révélateur. Il affirmait que: «Tous les musulmans colonisés sont des prolétaires et comme presque toutes les classes dans la société musulmane ont été opprimées par les colonialistes, toutes les classes ont le droit d’être désignées «prolétariennes».

    Sur cette base il argumentait qu’il ne pouvait pas y avoir de lutte des classes au sein des nations opprimées. En réalité, ces idées étaient une couverture pour les intérêts de l’élite dirigeante locale. D’ailleurs, ces idées étaient constamment et publiquement contre-argumentées par la direction du Parti Communiste. Par exemple, les Thèses sur la question nationale et coloniale, adoptées par le deuxième congrès de la Comintern (l’Internationale Communiste) disent clairement: «La lutte est nécessaire contre le panislamisme, le mouvement panasiatique et les courants similaires qui lient la lutte de libération contre l’impérialisme européen et américain au renforcement du pouvoir des impérialismes turcs et japonais, de la noblesse, des grands propriétaires terriens, du clergé, etc.»

    Elles ajoutaient: «Une lutte déterminée est nécessaire contre les tentatives de mettre une couverture communiste aux mouvements révolutionnaires de libération qui ne sont pas réellement communistes dans les pays [économiquement] arriérés. L’Internationale Communiste a le devoir de soutenir le mouvement révolutionnaire dans les colonies seulement dans l’optique de rassembler les éléments des futurs partis prolétariens – communistes dans les faits et pas seulement de nom – dans tous les pays arriérés et de les former à être conscients de leurs tâches particulières, c’est-à-dire de lutter contre les tendances démocratiques bourgeoises de leur propre nation».

    Cet exemple illustre à quel point l’approche des bolcheviks est complètement différente de celle du SWP aujourd’hui. Il est vrai que le Manifeste du Congrès des Peuples de l’Est a, comme l’a fait remarquer Crouch, appelé à une guerre sainte, à laquelle les marxistes d’aujourd’hui ne doivent accorder de l’attention que dans son contexte. Ce qui a réellement été dit comprenait un clair contenu de classe: «Vous avez souvent entendu l’appel à la guerre sainte, de la part de vos gouvernements, vous avez marché sous la bannière verte du prophète, mais toutes ces guerres saintes étaient fausses, car elles ont seulement servi les intérêts de vos dirigeants égoïstes et vous, travailleurs et paysans, êtes resté dans l’esclavage et le manque après ces guerres… Maintenant, nous vous appelons à la première véritable guerre sainte pour votre propre bien-être, pour votre propre liberté, votre propre vie !»

    Lors de ce Congrès, il a été souligné encore et encore que la lutte devait être menée contre «les mollahs réactionnaires de notre propre entourage» et que les intérêts des pauvres à l’Est étaient liés à ceux de la classe ouvrière à l’Ouest.

    La Révolution de 1917 a inspiré des millions de personnes à travers le monde. D’immenses couches de pauvres des nations opprimées se sont rassemblés derrière la bannière du premier Etat ouvrier, y compris beaucoup de musulmans. L’attitude de Lénine et de Trotsky consistait à insister sur le point que rejoindre le pouvoir des soviets signifiait la libération nationale et la liberté religieuse. C’était le point le plus crucial étant donné l’histoire répugnante de la Deuxième Internationale social-démocrate qui a soutenu l’oppression coloniale et en déclarant cela, Lénine et Trostky n’ont pas affaibli leur programme socialiste. Au lieu de cela, ils ont insisté sur le fait que la voie vers la liberté ne se trouvait pas dans l’unité avec sa propre bourgeoisie nationale mais au contraire avec la classe ouvrière mondiale dans la lutte contre l’impérialisme mais aussi contre leurs «propres» propriétaires terriens féodaux et contre les mollahs réactionnaires qui avaient ces derniers.

    Quelles leçons pour aujourd’hui?

    En Asie centrale, Lénine et Trotsky ont tenté de gagner une population paysanne à prédominante musulmane qui luttait pour ses droits nationaux, à la bannière de la révolution mondiale, sur un fond de lutte désespérée pour la survie du premier Etat Ouvrier. En Grande-Bretagne aujourd’hui nous tentons de gagner une minorité opprimée de la classe ouvrière à la bannière du socialisme.

    Dans bien des sens, notre tâche est de loin plus facile. La grande majorité des musulmans en Grande-Bretagne est issue de la classe ouvrière et beaucoup d’entre eux travaillent dans des lieux de travail ethniquement mixtes, particulièrement dans le secteur public. Le massif mouvement anti-guerre a donné un aperçu du potentiel qui est présent pour un mouvement unifié de la classe ouvrière, avec des musulmans intégralement englobés dans ce processus. La création d’un nouveau parti de masse des travailleurs qui mènerait campagne sur une base de classe à la fois sur les questions générales ainsi que contre le racisme et l’islamophobie constituerait un énorme pôle d’attraction pour les travailleurs musulmans tout en commençant à détruire les préjugés et le racisme.

    Cependant, l’absence d’un tel parti actuellement amplifie les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Dans les années ‘90, l’effondrement des régimes d’Europe de l’Est et d’Union Soviétique a fourni au capitalisme mondial une opportunité pour écarter la question du socialisme en présentant le socialisme comme un échec en mettant faussement sur un pied d’égalité le socialisme et les régimes staliniens. Cela a permis aux classes dirigeantes de mener un assaut idéologique contre les idées du socialisme. L’aile droite du Parti Travailliste, comme de la social-démocratie partout à travers le monde, s’est servie de cette occasion pour abandonner toute référence au socialisme dans leur programme et pour devenir des partis clairement capitalistes.

    Plus d’une décennie après l’effondrement du stalinisme, une nouvelle génération tire la conclusion que le capitalisme est incapable de satisfaire les besoins de l’humanité et parmi elle une minorité en arrive à des conclusions socialistes. Néanmoins, la conscience reste en recul derrière la réalité objective, et le socialisme n’est pas encore devenu une force de masse.

    Etant donné le vide qui existe par conséquent, des jeunes radicalisés recherchent une alternative politique. Une petite minorité de jeunes musulmans en Grande Bretagne regarde vers des organisations de l’islam politique de droite telles que Al-Muhajiroun. L’absence d’alternative offerte par de telles organisations est démontrée par leur opposition au mouvement anti-guerre, sous le prétexte qu’il engage les musulmans à manifester à côté de non-musulmans. La majorité des jeunes musulmans radicaux ont été dégoûtés par des organisations comme Al-Muhajiroun et ont compris la nécessité d’un mouvement anti-guerre unifié. Le potentiel pour construire une base forte pour les socialistes parmi les musulmans existe sans aucun doute, mais seulement si notre engagement à leur côté se fait avec une argumentation pour le socialisme.

    Il y a partout à travers le monde de grands parallèles à faire avec la situation à laquelle les bolcheviks ont été confrontés, bien que les différences restent grandes. En Irak aujourd’hui, par exemple, les marxistes sont confrontés à la tâche difficile de reconstruire des organisations ouvrières indépendantes et de mobiliser les travailleurs et les masses pauvres en défense de leurs droits, y compris le droit de s’organiser indépendamment des organisations islamiques dont le programme n’offre pas d’alternative aux masses irakiennes. Les leçons du 20ème siècle soulignent les dangers qu’encourent les socialistes s’ils renoncent à leur programme indépendant. Au Moyen Orient en particulier, c’est l’échec des Parti Communistes de masse à conduire la classe ouvrière au pouvoir qui a permis à l’islam politique de droite de l’emporter. Lors de la Révolution iranienne de 1978-79, la classe ouvrière a dirigé un mouvement qui a renversé la monarchie brutale et soumise à l’impérialisme. Le Parti Communiste Tudeh était la plus grande force de gauche en Iran, mais il n’a pas poursuivi une politique ouvrière indépendante. Au lieu de cela, il s’est lié à l’Ayatollah Khomeini malgré les tentatives du clergé pour étouffer le mouvement ouvrier indépendant. Le résultat a été l’arrivée au pouvoir du régime de Khomeini qui a écrasé le Toudeh et a assassiné les éléments les plus conscients de la classe ouvrière.

    D’un autre côté, malgré les difficultés énormes auxquelles ils ont été confrontés, les bolcheviks ont donné un aperçu de la seule voie vers la libération (que ce soit la libération nationale ou encore religieuse) : la classe ouvrière mondiale unifiée autour d’un programme socialiste.

    Les 80 années qui ont suivi ont été un cauchemar d’oppression nationale pour les mêmes minorités qui avaient goûté à la libération durant les années qui ont directement suivi la révolution. Le stalinisme d’abord et maintenant le capitalisme ont signifié l’oppression brutale pour les minorités de la région. Après l’horreur de Beslan, le danger d’une nouvelle guerre caucasienne est présent. La cruauté des preneurs d’otages à Beslan a très justement choqué le monde, et nulle cause ne peut justifier de telles actions inhumaines. Néanmoins, les origines de la situation actuelle sont liées à l’horrible assujettissement du peuple tchétchène par les gouvernements russes successifs, avec 250.000 tués et la capitale Grozny rasée. C’est l’incapacité complète du capitalisme au 21ème siècle de résoudre la question nationale qui va mener une nouvelle génération à redécouvrir le véritable héritage des bolcheviks.

    Les bolcheviks et les musulmanes.

    Le JENOTDEL (Le bureau des ouvrières et des paysannes) a mené une campagne pour aller vers les paysannes opprimées du monde soviétique, souvent en prenant un grand risque. En Asie Centrale, les militants du Jenotdel ont organisé des «yourtes rouges» («tentes rouges») où les femmes de la région se voyaient offrir une formation pour différents métiers, l’alphabétisation, une formation politique et ainsi de suite.

    Cependant, comme la révolution est restée isolée, cette démarche n’a pas pu pleinement réussir (ni dans les régions musulmanes, ni dans l’Union Soviétique) parce que la révolution, dans un pays économiquement arriéré, était incapable de fournir les moyens économiques et culturels pour libérer les femmes. Trotsky avait décrit comment la nouvelle société envisageait de fournir des maternités, des crèches, des jardins d’enfants, des écoles, des cantines sociales, des laveries collectives, des stations de premiers secours, des hôpitaux, des sanatoriums, des organisations athlétiques, des théâtres, tous gratuits et de haute qualité pour donner à la femme et ainsi au couple amoureux une véritable libération des chaînes d’oppression millénaires.

    Mais il continuait d’expliquer «il s’avérait impossible de prendre d’assaut la vieille famille, non pas parce que la volonté manquait, ou parce que la famille était si fermement ancrée dans les cœurs des hommes. Au contraire, après une courte période de méfiance envers le gouvernement et ses crèches, jardins d’enfants et institutions comme celles-ci, les ouvrières et après elles les paysannes les plus avancées ont apprécié les avantages infinis de la prise en charge collective des enfants ainsi que de la socialisation de toute l’économie familiale. Malheureusement, la société était trop pauvre et trop peu cultivée. Les véritables ressources de l’Etat ne correspondaient pas aux plans et aux objectifs du Parti Communiste. On ne peut pas «abolir» la famille, il faut la remplacer. La véritable libération des femmes est irréalisable sur la base de la «pénurie généralisée». L’expérience prouvera bientôt cette austère vérité que Marx avait formulé 80 ans auparavant» (La Révolution trahie).

    La «pénurie généralisée» était particulièrement aiguë en Asie Centrale. Pratiquement, cela signifiait que les femmes qui s’évadaient des situations familiales répressives étaient confrontées à la famine comme elles n’avaient littéralement pas de moyens de soutien alternatifs. Même si les moyens économiques avaient existé pour libérer les femmes du fardeau domestique et leur permettre d’avoir un rôle économique indépendant, il n’y a pas de doute que le nouvel Etat ouvrier aurait toujours été confronté à de la résistance, particulièrement dans les régions économiquement arriérées où la classe ouvrière n’existait pas encore. Cependant, comme Trotsky l’a décrit, après une période, sur la base des ressources fournies, l’écrasante majorité en serait venue à comprendre les avantages de la libération des femmes.


    Liens:

  • Où va le Vietnam?

    Ecole d’Eté du CIO – 2008

    Le Vietnam n’est pas un très grand pays et n’est pas si important que cela sur la scène mondiale, mais après l’intervention américaine, tous le monde sait situer ce pays dont l’influence augmente.

    Le Vietnam ressemble à la Chine d’il y a dix ans. On ne peut pas encore dire que l’économie est complètement capitaliste, mais c’est la direction vers laquelle le gouvernement se dirige.

    La population vietnamienne est la 2e en importance dans l’Asie du Sud-Est, dans un pays dont l’accès au fleuve Mékong lui ouvre les portes d’autres pays. De plus, Saigon est une ville de grande importance économique dans la région. Le Vietnam reste toutefois un des pays les plus pauvres au monde, mais il sort de cette situation et son rôle dans les institutions internationales augmente, de même que ses liens diplomatiques avec l’Europe ou l’Afrique. Le gouvernement essaye en fait de mettre fin à l’isolement du pays en tentant d’entretenir de bons rapports avec tout le monde.

    Pour les capitalistes, les avantages sont nombreux au Vietnam, dont les deux principaux sont les bas salaires – les plus bas de la région (30 euros par mois, soit encore moins qu’en Chine) – et la stabilité. Cette stabilité s’explique par une population très homogène : 87% de la population est issue de l’ethnie Viet et l’islam radical qui pose problème aux capitalistes, en Indonésie par exemple, n’a pas d’implantation dans le pays. De plus, le Parti Communiste, auquel est incorporé la nouvelle couche capitaliste émergeante, tient les affaires sous contrôle sans qu’une communauté chinoise ne contrôle des pans entier de l’économie comme c’est le cas ailleurs en Asie du Sud-Est.

    Les investissements étrangers augmentent à grande vitesse. En 2005, il y a eu 7 milliards de dollars d’investissements, pour 20 milliards déjà en 2007. Mais au cours des 4 premiers mois de cette année uniquement, cette somme a déjà été dépassée.

    L’ouverture du marché a aidé le PCV a consolider son pouvoir, ce dont la nouvelle classe capitaliste émergeante a besoin pour être tranquille. Le principal problème est l’inflation, très élevée et de l’ordre de 30% (pour 16% en février), que le gouvernement n’arrive pas à juguler malgré l’interdiction faite aux entreprises publiques d’augmenter les prix. Le FMI a conseillé au Vietnam de garder des réserves monétaires pour faire face aux problèmes et donc de stopper les dépenses publiques ce qui constitue une intensification de la politique néolibérale.

    Cette année, la Bourse du Vietnam a chuté au point de devenir la moins viable au monde. La flambée des prix des matières premières a fait stopper plusieurs chantiers, car les matériaux coûtent trop cher et que le budget est dépassé. Beaucoup de pêcheurs sont à quai à cause du prix du pétrole. Et même si une certaine classe moyenne se développe, 75% de la population sont toujours des paysans et l’écrasante majorité est très pauvre. 200.000 paysans sont menacés d’expulsions à cause de projets immobiliers, car l’Etat peut à tout moment expulser des gens sur les terres qui lui appartiennent. Les protestations contre cela ont été fortement réprimées. La balance commerciale est un autre élément problématique de l’économie vietnamienne, car elle est fort déficitaire, le pays devant beaucoup importer à la différence de la Chine.

    Beaucoup de ceux qui réclament la démocratie pensent qu’il faut s’appuyer sur l’impérialisme et les illusions sont vastes envers la soi-disant démocratie capitaliste et l’ouverture au marché. Certains dans le Sud du pays éprouvent une nostalgie relative envers l’occupation américaine et l’idée selon laquelle il y avait plus d’emplois à l’époque. En fait beaucoup de personnes dans le sud voient le PCV comme une sorte d’autre force d’occupation, même si le Parti Communiste bénéficie encore d’un large soutien dans le reste de la population.

    Le Vietnam a dû se battre successivement contre le Japon, la France, les USA, le Cambodge et la Chine. La guerre a donc duré longtemps et le Parti a dû forger des liens encore très forts avec la population en comparaison de la Chine pour s’assurer un soutien populaire continu pendant les 45 ans de guerre. Les associations de quartiers et différents collectifs existent encore et le souvenir de la guerre est très présent. Pas mal de gens pensent que si le PCV quitte le pouvoir, il y aurait une nouvelle guerre ou une séparation du pays et ils soutiennent donc le PCV malgré leurs critiques. Il y a encore ceux qui pensent que la révolution a déjà eu lieu et que lutter pour le socialisme signifie de travailler beaucoup à l’école et de bien servir le pays.

    Mais la crainte face à l’introduction du capitalisme, face à ce qui se passe en Chine aussi, est largement présente, de même que l’idée que le Vietnam ne contrôle pas son économie. Ce sentiment est plus fort qu’en Chine car, après autant d’années de guerre pour l’indépendance, la fierté nationale est très forte. Les gens ne veulent pas que tous ces efforts n’aient servi à rien en fin de compte.

    Le contrôle du régime et la délation freinent l’organisation de la contestation, mais la classe ouvrière grandit rapidement. Depuis le mois d’octobre 2007, une série de vagues de grèves a déferlé sur le pays. Il y a comme en Chine, mais à une échelle beaucoup plus restreinte, un phénomène de flux de paysans vers les villes, pas seulement vietnamiennes car le Vietnam exporte beaucoup de main d’œuvre, comme elle est très bon marché, vers la Malaisie, la Libye ou encore l’Europe de l’Est. C’est la couche de la population qui est la plus ouverte aux idées radicales, de par la conscience que toute l’économie dépend d’eux et de la conscience de classe que le régime diffuse par l’idéologie officielle. Mais le mouvement de classe ouvrière vietnamienne est encore faible du fait de son manque d’expérience et de l’impossibilité de s’organiser dans un syndicat indépendant.

    Cependant, ce qui est encourageant, c’est que la plupart des dernières grèves ont été victorieuses et il existe un récent Comité de protection des travailleurs vietnamiens clandestin dont la direction est à l’étranger qui milite pour des droits syndicaux, a une approche clairement et fortement orientée vers la classe ouvrière et a de bons articles très précis sur la situation au Vietnam. Ils militent essentiellement parmi les travailleurs à l’extérieur du pays mais semblent disposer d’un certain soutien à l’intérieur, qui est toutefois difficile à évaluer en raison du secret qui accompagne ce type de travail. Ils ont hélas beaucoup d’illusions sur la « démocratie » bourgeoise, la manière dont fonctionnent les syndicats en Europe et aux USA et n’ont pas de vision de la nécessité de construire un parti révolutionnaire. Mais c’est déjà un premier pas important pour le mouvement ouvrier et on peut espérer que des conclusions révolutionnaires soient tirées de l’expérience de leurs luttes.

  • Le Caucase demain comme les Balkans hier ?

    La guerre entre la Géorgie et la Russie se « terminera » probablement avec un lent retrait des forces russes. Mais les conséquences de ce conflit dureront encore longtemps. C’est la première intervention de la Russie en dehors de ses frontières depuis la chute de l’Union Soviétique. Les images de villages incendiés et de populations en pleurs illustrent le sort des régions où plusieurs pouvoirs impérialistes luttent pour le contrôle.

    Par Bart Vandersteene

    Début août, le président géorgien Sakaashvili a proclamé l’état de guerre, mobilisé les réservistes et envoyé ses troupes dans la région sécessionniste d’Ossétie du Sud. La Russie a riposté en envoyant des troupes qui ont chassé les soldats géorgiens d’Ossétie et occupé une partie de la Géorgie. Si les Etats-Unis ont annoncé directement leur soutien à la Géorgie, l’Union Européenne a plutôt essayé de négocier un cessez-le-feu et un compromis.

    Les tensions dans la région autour de la Géorgie se sont intensifiées depuis fin 2006, de parallèle à l’accentuation des tensions entre les USA et la Russie. La Géorgie essaie de devenir membre de l’OTAN, elle apporte ouvertement son soutien au bouclier anti-missiles que les USA construisent en Europe de l’Est et 1.000 Marines américains ont pris part aux dernières grandes manœuvres militaires avant la guerre. D’autre part, la reconnaissance de l’indépendance de Kosovo en février a été une grande défaite pour la Russie et son influence dans les Balkans à travers son allié serbe.

    Ce n’est donc pas un hasard si, fin 2006, le gouvernement russe a commencé une campagne raciste contre les Géorgiens qui habitent en Russie. Un boycott économique contre des produits géorgiens a aussi été annoncé. Les Géorgiens à Moscou ont été harcelés par des contrôles répétés d’identité et de permis de travail. La télévision russe montrait des centaines de Géorgiens suspectés d’être en situation illégale qui étaient déportés vers leur pays.

    Au cours des deniers mois, le gouvernement Sakaashvili a été confronté à des problèmes économiques croissants. La « révolution des roses » en 2003 a créé l’illusion que la Géorgie pourrait devenir une partie de « l’Occident », avec la même qualité de vie et les libertés démocratiques. Cette illusion s’est vite brisée et Sakaashvili a été de plus en plus confronté à une opposition décidée. Les manifestants sont de nouveau descendus dans la rue. Sakaashvili a alors envahi l’Ossétie de Sud moins sur base d’un plan stratégique réfléchi que dans une tentative désespérée pour détourner l’attention des problèmes internes.

    L’hypocrisie – premier signe de guerre

    La vérité – première victime

    L’éclatement d’une guerre ouverte dans la deuxième semaine d’août s’est accompagné d’une énorme hypocrisie dans la propagande des deux cotés.

    Tout à coup, les USA se sont prononcés contre l’autodétermination de l’Ossétie et de l’Abkhazie, alors qu’ils avaient soutenu il y a quelques mois l’indépendance du Kosovo. La Russie a soutenu l’autodétermination de l’Ossétie de Sud, alors qu’elle a mené deux guerres brutales pour éviter l’indépendance de la Tchétchénie toute proche. La presse occidentale a pris position pour la Géorgie et Sakaashvili, n’accordant presqu’aucune attention à l’attaque initiale des troupes géorgiennes en Ossétie et aux centaines de morts civiles qu’elle a provoquées, notamment à cause des bombardements. Dans l’autre camp, on trouve ceux qui prétendent que tout cela n’est qu’un grand complot américain.

    Sur un arrière-fond de pauvreté et de chômage, la question nationale dans le Caucase est une base permanente pour des conflits, surtout lorsque de grandes puissances impérialistes viennent jouer sur les sentiments nationaux pour promouvoir leur propres intérêts.

    Même dans des pays « modernes » et « développés », comme la Belgique, la Grande-Bretagne ou l’Espagne, le capitalisme n’a pas réussi à résoudre les questions nationales. Dans l’ex-Union Soviétique, les nouvelles élites capitalistes n’ont pas cessé de stimuler les conflits nationaux. L’héritage du stalinisme et de son approche bureaucratique des nationalités a clairement laissé des traces dans la région. Mais c’est la réintroduction du capitalisme qui a totalement appauvri cette région et l’a laissée aux mains des puissances concurrentes qui se battent pour le contrôle des réserves et des routes du gaz et du pétrole.

    Les socialistes révolutionnaires doivent prendre position dans de tels conflits. Pas pour apporter leur soutien à une nation ou à un groupe ethnique contre l’autre, mais pour défendre les intérêts de la classe des travailleurs toute entière contre ses exploitateurs. Ce qui veut dire que, malgré l’attitude agressive de la part du gouvernement Sakaashvili, nous ne pouvons pas donner notre soutien au gouvernement sud-ossète de Kokoity. Celle-ci repose sur les représentants du KGB et l’armée russe. Il se finance par la contrebande et le marché noir, avec le soutien de ses protecteurs russes. Tout comme Sakaashvili est un pion pro-américain, le gouvernement Kokoity est un gouvernement qui défend les intérêts de la maffia avec le soutien de l’impérialisme russe. Nous appelons donc à l’unité des travailleurs ossètes, russes et géorgiens dans la défense de leurs intérêts communs.

    Dans le Caucase tout entier, la situation se dégrade. La lutte des forces impérialistes pour le contrôle de la région va continuer à s’intensifier. La construction d’une nouvelle ligne de pétrole est remise en question par les investisseurs. Les conditions dans la région convergent vers une explosion comme celle qu’on a vue il y a quelque temps dans les Balkans. Dans ce conflit, il n’y aura pas que les forces régionales qui seront impliqués, mais aussi les forces impérialistes les plus importantes.

  • [BROCHURE] LUTTER CONTRE LE SEXISME EST NECESSAIRE ! (1)

    Nous avons souhaité éditer une brochure sur le sexisme à l’heure des festivals, où les femmes et les jeunes filles sortent, profitent des vacances, des festivals et de la liberté, mais où elles doivent aussi malheureusement faire face à un sexisme ambiant. En effet, bien qu’au plaisir de se retrouver entre ami(e)s peut s’ajouter celui de faire de nouvelle rencontres et plus si affinités, il arrive bien souvent que les filles se retrouvent confrontées à autre chose que des relations sexuelles consenties.

    Un bien triste exemple vient illustrer ces propos. Vendredi 20 juin, à la fête du rock de Flémalle, une jeune fille de 20 ans a trouvé la mort selon toute apparence en tentant d’échapper à un homme qui voulait abuser d’elle. Ce n’est malheureusement pas un cas isolé.

    Il y a seulement quelques dizaines d’années, les filles ne jouissaient pas de la liberté de pouvoir rechercher du plaisir sexuel. Cette émancipation a été le fruit des luttes importantes des générations précédentes de féministes et de travailleuses pour plus d’indépendance, de liberté et d’égalité. Cependant, le sexisme n’a pas disparu avec ces évolutions, il s’est développé sous de nouvelles formes qui coexistent avec d’anciennes. Et si les capitalistes sont remarquables pour une chose, c’est sans aucun doute pour leur capacité à faire des profits avec n’importe quoi, notamment avec la rupture du tabou sur la sexualité.

    Pendant plus de 20 ans, de nombreuses femmes (post féministes) ont mis en avant qu’il n’y avait plus de discriminations de genre, qu’il s’agissait alors pour les femmes de conquérir le pouvoir, de prendre les places des hommes, quitte pour cela à faire sacrifice de sa famille. Mais depuis quelques années, notamment avec la lutte contre le Pacte des Générations et les diverses attaques antisociales mises en place par nos gouvernements, cette idée d’égalité acquise vacille et il est devenu impossible pour ces post féministes de nier la réalité.

    Les chiffres sortent dans la presse bourgeoise, et parlent d’eux mêmes. La dépendance financière des femmes, leur double tâche (au travail et à la maison), les incompatibilités sur le marché du travail flexible actuel entre temps plein et vie de famille, sont autant d’éléments devenus aujourd’hui incontestables.

    LA DISCRIMINATION EST PARTOUT

    Les femmes sont discriminées dans toutes les structures de la société.

    Au travail.

    Sur le marché du travail, elles se retrouvent majoritairement dans les emplois les plus précaires et les moins bien payés. Pour l’illustrer :

    1. Aujourd’hui en Belgique, les femmes gagnent en moyenne 26% de moins que le salaire d’un homme et ce chiffre atteint les 40% dans le secteur des banques et des assurances. Pour un travail équivalent elles touchent en moyenne 6% de moins à la fin du mois.
    2. 75 % des femmes travaillent dans un secteur qui reflète leur rôle traditionnel. Ainsi, les chefs d’entreprise et cadres sont composés à 28% de femme et à 72% d’hommes. Dans l’enseignement, nous trouvons 68,7 % de femmes et 31,3 % d’hommes, mais seulement 33,3% de femmes au poste de directeur. Par contre, les mannequins, vendeurs, démonstrateurs sont à 77,1´% des femmes. Dans les soins de santé et les services sociaux, il y a 77,1% de femmes pour 22,9% d’hommes et, pour le personnel de nettoyage, il y a 84,1% de femmes et 15,9% d’hommes.
    3. Le temps partiel est la plupart du temps imposé aux femmes: en Belgique 46% des femmes actives travaillent à temps partiel contre 6% des hommes actifs. Aux Pays-Bas ce chiffre atteint les 70% !
    4. 10,1% des femmes actives travaillent en ALE (4,10€ / heure) contre 3,5% des hommes actifs.

    Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de s’apercevoir que le risque de pauvreté est bien plus élevé pour les femmes que pour les hommes (27% contre 13% en Wallonie vivent dans la pauvreté, plus de 60% des plus pauvres dans le monde sont des femmes). Ainsi, en ce qui concerne les pensions : ¼ des femmes perçoit une pension de moins de 500 euros par mois contre 1/8 des hommes; 1 femme sur 3 a une pension de moins de 1000€/mois.

    Cette situation implique une importante dépendance financière vis-à-vis du conjoint, qu’il est dès lors bien difficile de quitter. C’est ainsi que 80% des mères célibataires sont pauvres. Et c’est dans ce contexte également que les femmes se retrouvent les premières victimes des attaques sociales. Pour exemple, le Pacte des Générations augmente ce fossé déjà évident entre hommes et femmes. Beaucoup de femmes ne seront en effet plus capable de prendre leur retraite avant 65 ans, puisqu’elles ont le plus souvent une carrière interrompue, et que de ce fait, elles n’auront que rarement suffisamment d’années de carrière leur permettant de partir en prépension.

    Concernant les patrons : le capitalisme se nourrit de cette situation puisqu’il permet à la bourgeoisie de diviser les travailleurs et de faire pression sur l’ensemble des salaires afin d’assurer un maximum de profit.

    A la maison

    A cela, s’ajoute une autre exploitation de la femme, celle au sein de la famille. En effet, en plus de leur emploi, elles doivent dans la majorité des foyers s’occuper du travail ménager (nourriture, ménage, enfants, gestions du foyer…), qui à 80% en moyenne est effectué par elles. Ce travail ménager constitue des milliers d’heures de travail non rémunéré et en fait, des milliards d’économie pour les Etats capitalistes. La masse mondiale du seul travail domestique féminin, gratuit et indispensable au fonctionnement d’une société, représentait, en 1995, onze milliards de dollars.

    LA FEMME COMME OBJET SEXUEL

    Cette faible position économique entraîne une position sociale également des plus faibles, cela engendre les violences conjugales, le harcèlement, et pousse également de nombreuses femmes vers la prostitution et la pornographie.

    De manière générale, les femmes sont les premières victimes des violences morales et physiques (harcèlement, violence conjugale, mutilations, viols, …) ,1 femme sur 3 sera confrontée à une de ces violences dans sa vie. En Belgique, 1 femme sur 7 est victime de violences conjugales graves (1/5 dans l’Union Européenne) et 68% de femmes déclarent (dans une étude de1998) avoir subit de la violence physique et sexuelle. Ces chiffres ne font qu’augmenter chaque année. La violence conjugale est la première cause de mortalité prématurée des femmes en Europe.

    Cette violence peut notamment s’expliquer par l’image de la femme véhiculée dans la société capitaliste. Effectivement, à la position sociale secondaire s’ajoute une image diffusée en masse: celle de la femme comme objet sexuel.

    Contrairement à l’opposition sévère qu’aurait rencontré les blagues ou réflexions sexistes dans les années ‘70, aujourd’hui – à la suite de la chute du mur de Berlin et de l’offensive idéologique bourgeoise qui a suivi – le moindre signe de désapprobation face à ce genre de blague est considéré comme émanant d’une frustration, d’un manque de dérision, ou encore considéré comme une réaction conservatrice… Evidemment, nous n’avons rien contre le nu ni le sexe en tant que tels, mais bien contre leur instrumentalisation à des fins commerciales car c’est de cela qu’il s’agit. Et cela renforce le machisme. Les femmes sont ainsi incitées à accepter des comportements sexuels ne correspondant pas à leur désir mais plutôt à celui des hommes. Nous défendons la liberté sexuelle. Mais la liberté implique également le droit de dire « non » et de pouvoir s’attendre à ce que ce non soit respecté.

    Cette situation permet au patronat de s’en mettre plein les poches. Le sexe se vend et fait vendre.

    Le sexe se vend

    L’industrie légale ou illégale du sexe n’a jamais autant prospéré et connaît une énorme explosion. De la presse pornographique, des films, des sites Internet, en passant par tous les objets les plus hétéroclites, jusqu’au tourisme sexuel, au commerce de la femme, des enfants, à la prostitution,… tous ces secteurs rapportent gros. Les multinationales en récoltent de monstrueux profits. On peut notamment voir émerger avec succès dans les Sex shops et sites de vente en ligne de DVD porno, les rayons «viols», «violences conjugales» et les arguments de vente sont sans équivoque…

    La prostitution est aussi un marché qui prospère et qui est banalisé également dans les pays occidentaux. On a pu voir, aux Pays-Bas notamment, des femmes menacées de perdre leurs allocations chômage si elles n’acceptaient pas de se prostituer, ou encore en Allemagne de travailler comme serveuses nues dans un bar. Dans ces deux pays la prostitution est totalement légalisée et est considérée comme un emploi comme un autre.

    La prostitution et la pornographie ne sont pas un choix comme on veut nous le faire croire. Les assainissements mènent, ici aussi, à ce que toujours plus de filles et de femmes se sentent obligées de se prostituer pour gagner un revenu. Il faut savoir que l’âge moyen d’entrée dans la prostitution se situe entre 13 et 15 ans pour plus de 80% des personnes prostituées. Et une étude montre qu’entre 90 et 95% des femmes se prostituant souhaiteraient ne plus avoir à le faire. Ce n’est pas un hasard non plus d’apprendre qu’en France, 40.000 étudiants se prostituent pour payer leurs études. Une étude américaine récente effectuée auprès de personnes prostituées dans 5 pays (USA, Zambie, Turquie, Afrique du Sud et Thaïlande) montre chez 67% de ces personnes prostituées, on trouve des troubles analogues à ceux qui ont été diagnostiqués notamment chez les vétérans de la guerre du Vietnam présentant un « syndrome de stress post-traumatique ».

    Le sexe fait vendre.

    Pour chaque produit (en passant de la voiture, aux soirées étudiantes, ….), les capitalistes utilisent le corps féminin pour accroître leurs chiffres de vente. C’est pourquoi on est confronté à des femmes au corps soi disant idéal (souvent dénudé) partout au quotidien.

    Ce bombardement de femmes plastiques a en fait permis l’ouverture de nouveaux marchés dans lequel on investit bien plus que dans la recherche médicale et dans lequel le budget investit aux Etats-Unis est 3 fois supérieur à celui investit dans l’enseignement : il s’agit de la cosmétique. L’industrie mondiale de la beauté (maquillage, chirurgie plastique, produits de régime, etc.) est estimée à une valeur totale de 160 milliards de dollars par an.

    En effet, cette image dégradante selon laquelle la femme doit «être belle et c’est tout», entraîne une multitude de conséquences graves telles que les complexes physiques qui engraissent les profits de ce nouveau marché, mais qui jouent aussi un rôle important dans le développement des maladies mortelles (la boulimie, l’anorexie,…) qui arrivent de plus en plus fréquemment. On peut voir aujourd’hui des fillettes de 8 ans entamer des régimes ou porter des strings vendus par H&M. C’est ainsi que l’on apprend qu’en Europe, seulement 1 % des jeunes femmes disent se sentir totalement satisfaites de leur corps, 54% des filles de 10 à 14 ans craignent d’être trop grosses. Une étude, faite en 2001, montre qu’être svelte signifie être attractive pour les hommes, être sexy et pouvoir faire carrière. Deux tiers des femmes considèrent que la chirurgie esthétique peut améliorer l’image qu’elles ont d’elles même.

    Cette image véhiculée justifie les comportements machistes des hommes envers les femmes. Elle justifie également le fait que les femmes doivent être belles pour être embauchées. Cela se remarque d’ailleurs chez certaines politiciennes mettant en avant leur physique plutôt que leur programme lors des campagnes électorales (tel que Freya Van den Bossche, SP.a, ex-Ministre du Budget qui mettait en avant ses jambes sur les affiches électorales pendant sa première campagne).

    La principale conséquence est que les femmes sont regardées en premier lieu comme un objet sexuel, puis en second seulement comme un être normal, pensant. Et c’est ainsi que dans toutes les sphères de la société les femmes subissent le sexisme.


    La deuxième partie de cette brochure sera publiée demain

  • 13 septembre : BBQ et meeting national

    Le samedi 13 septembre, le MAS/LSP lancera son année politique avec un meeting sur la lutte sociale à laquelle nous pouvons nous attendre les mois à venir et les campagnes jeunes du MAS/LSP, le tout accompagné d’un barbecue en soirée. Tous les membres et sympathisants sont les bienvenus à partir de 15h à notre secrétariat national.

    Les actions, manifestations et grèves autour du pouvoir d’achat qui alimenté le premier semestre 2008 ont été un avant-goût de ce à quoi nous devons nous attendre dans les prochains mois. Dès septembre commenceront les premières actions syndicales qui prépareront les négociations en vue des Accords interprofessionnels. La crise économique qui se développe aura également des effets en Belgique avec des restructurations et peut-être même des fermetures à suivre. Le MAS/LSP veut être prêt dès septembre avec un message clair, combatif et socialiste. Le 13 septembre, le matériel de campagne sera présenté.

    L’une des premières mobilisations que nos jeunes vont prendre en charge cette année, c’est l’envoi d’une délégation Blokbuster/Résistance Internationale à la manifestation contre le congrès anti-islamique à Cologne, auquel participera notamment le Vlaams Belang et ses amis politiques. A notre meeting-barbecue, nous recevrons Claus Ludwig, membre de notre organisation-soeur allemande SAV, conseiller communal à Cologne et une des figures centrales dans la campagne contre le congrès anti-islamique. Il viendra nous parler de l’importance de cette mobilisation et du déroulement de la campagne à Cologne.

    Enfin, Els Deschoemacker prendra la parole au nom du MAS/LSP pour dresser un aperçu des défis politiques qui nous attendent, tant sur le plan international que national, et montrera comment le MAS/LSP, en cette période de crise du capitalisme, veut offrir une alternative socialiste.

    Le 13 septembre est donc une occasion idéale pour échanger des idées et échafauder des plans avec des camarades d’autres sections pour la réussite de notre intervention politique des derniers mois de 2008.

    Essayez s’il vous plaît de vous inscrire à l’avance pour le barbecue: 8 euros pour les salariés – 6 euros pour les non-salariés (info@lsp-mas.be ou 02/3456181)

    Des animations pour enfants sont prévues

    • A partir de 15h, vous êtes les bienvenus pour prendre un verre ; des crêpes sont prévues pour les enfants,
    • A 16h30, le meeting politique,
    • A partir de 18h, barbecue et soirée jusqu’à …
  • Scandale de l’amiante. Envoyés à la mort

    SCANDALE DE L’AMIANTE

    Envoyer une équipe d’ouvriers enlever quatre tonnes d’amiante, un produit hautement cancérigène et potentiellement mortel, sans protection et quasiment à mains nues, ce s’appelle un assassinat. Et se débarrasser des débris sans prévenir personne de ce qu’on va en faire, c’est étendre le risque à toute une population.

    Jean Peltier

    L’affaire incroyable qui vient d’être révélée par le Parquet de Bruxelles trouve son origine dans l’opération de rénovation de plusieurs bâtiments industriels menée à Anderlecht en juin 2007. Il semble que la plus grande partie de ces travaux se soient déroulés suivant les règles mais, dans un des bâtiments, l’entrepreneur a laissé les ouvriers retirer quatre tonnes d’amiante au karsher, au grattoir et à mains nues, sans les avertir du danger, sans protection et sans autorisation environnementale. L’amiante a également été transportée de manière illégale mais on ignore où elle a été conduite.

    "L’institut belge pour la gestion de l’environnement (IBGE) a été informé par le témoignage anonyme d’un responsable de la sécurité. Après un an d’enquête, nous avons déjà pu retrouver cinq ouvriers, mais nous sommes à la recherche d’au moins un autre homme, le chef d’équipe", a expliqué lors d’une conférence de presse ce jeudi Patrick Carolus, magistrat spécialisé en environnement au parquet de Bruxelles. La recherche est difficile car les ouvriers provenaient d’Europe de l’Est et ont depuis lors quitté le pays. "Ce chef d’équipe pourra sans doute nous expliquer comment se sont déroulés les travaux. Qui a donné l’ordre de retirer l’amiante? Est-ce que l’équipe savait de quels matériaux il s’agissait? Ce sont des questions auxquelles nous aimerons trouver une réponse. De plus, tous les ouvriers doivent subir rapidement une série d’examens pour savoir ce qu’il en est de leur santé" a poursuivi le magistrat.

    Si sa responsabilité est prouvée, "l’entrepreneur risque jusqu’à un an de prison et une amende pouvant atteindre 500.000 euros. S’il s’avère qu’une logique économique prévalait et que le but était d’épargner de l’argent, des peines très lourdes vont être requises", a encore ajouté le magistrat.

    Ce fait divers – qui n’a pas semblé très important pour les journalistes puisque la RTBF et les quotidiens n’en ont parlé qu’un seul jour – est pourtant extraordinairement révélateur du monde dans lequel la capitalisme nous fait vivre : la concurrence qui amène les patrons à comprimer leurs coûts au maximum, y compris au détriment de la sécurité et de la santé des travailleurs ; l’exploitation forcenée de travailleurs étrangers qui, dans un secteur comme la construction, n’ont souvent pas de papiers, pas de contrat, pas de sécurité sociale et donc aucun suivi médical ; et les dangers écologiques que ces mêmes patrons font tout pour dissimuler ou minimiser (pendant des dizaines d’années, les « maîtres de l’asbeste » ont dissimulé le danger, avec la complicité des gouvernements, malgré les preuves scientifiques et médicales).

    L’assassin silencieux

    L’amiante est un des produits industriels les plus dangereux qui existe. Vu ses qualités isolantes (sur le plan thermique et acoustique), sa facilité d’utilisation et son faible coût, il a été pendant plus d’un siècle un des matériaux les plus utilisés dans le secteur de la construction, particulièrement en Belgique, que ce soit pour couvrir des toits, carreler des sols, isoler des plafonds et des gaines de chauffage central, filtrer l’air dans les métros,… Mais, avec le temps, il s’effrite en longues fibres aisément respirables qui sont extrêmement dangereuses pour la santé. Car l’amiante provoque l’asbestose et le cancer du poumon et de la plèvre (enveloppe externe des poumons). Ces maladies se caractérisent d’abord par un essoufflement qui s’accentue avec le temps – même si le patient n’est plus en contact avec l’amiante – jusqu’à la suffocation. L’évolution est lente mais irréversible : le patient finit par mourir dans d’atroces souffrances. Il n’existe aucun remède !

    Si l’asbestose et le cancer du poumon apparaissent après une exposition prolongée à l’amiante – et touchent donc essentiellement les travailleurs de l’amiante -, le cancer de la plèvre peut aussi frapper en dehors du milieu du travail. Il suffit parfois pour être atteint d’avoir été très peu en contact avec de l’amiante, et cela 20 ou 40 ans auparavant …Si le nombre de victimes parmi les travailleurs de l’amiante se compte déjà par milliers, le pire reste encore à venir. D’une part parce que, pour les travailleurs de l’amiante, il peut parfois s’écouler 20 ou 30 ans entre l’exposition au matériau et la maladie, d’autre part parce qu’en ce qui concerne le grand public, ce n’est lorsque le matériau contenant de l’amiante commence à s’user ou à se détériorer que des fibres se libèrent insidieusement, contaminant aujourd’hui des personnes qui ne développeront un cancer que dans 30 ou 40 ans ! Alors, si des bureaux et des écoles sont contaminés par l’amiante ou si, comme à Anderlecht, des tonnes d’amiante ont été déménagées et abandonnées on ne sait où, on peut imaginer le drame que cela pourra déclencher dans le futur…


    Il y a un an, le dossier de l’amiante avait déjà animé la rentrée scolaire, suite à l’interview d’un enseignant dénonçant la présence d’amiante dégradé dans les écoles. Nous avions alors publié un dossier sur ce sujet que nous reproduisons ici.

    ECOLES. Alerte à la bombe

    Article par Marie Francart

    Lorsque le dimanche 2 septembre, un enseignant – qui a préféré garder l’anonymat par crainte de sanction disciplinaire – dénonce lors de l’émission télévisée « Controverse » (sur RTL-TVI), la présence d’amiante dégradé dans de nombreux bâtiments scolaires, cela fait l’effet d’une bombe !

    Tout a commencé en 2004, lorsque ce prof du sud du pays a eu la désagréable surprise de découvrir un morceau de faux plafond sur le sol de sa classe. L’analyse des débris révèle la présence d’amiante. Inquiet, l’enseignant commence à se renseigner et constate que son école est littéralement truffée d’amiante. Il alerte ses collègues et la direction, en vain. « C’est un sujet tabou » dénonce-t-il : les enseignants ont peur de faire du tort à leur école et les syndicats ne s’intéressent pas au problème. Malgré ces obstacles, le prof poursuit sa petite enquête et découvre que de très nombreuses écoles de la Communauté française et en particulier les constructions préfabriquées recèlent d’importantes quantités d’amiante. Fort de ce constat, il fustige « la politique actuelle du gouvernement Arena qui consiste à «gérer » le risque avec des moyens insuffisants, sans même avoir fait un inventaire complet de la situation, plutôt qu’à l’éradiquer au nom du principe de précaution. C’est de la non-assistance à personne en danger ! »

    Cette « bombe » fait exploser de colère Marie Arena, la ministre de l’Enseignement obligatoire : elle exige de savoir de quelle école il est question et dénonce ces « déclarations sensationnalistes : « Comment est-il possible d’agiter de tels éléments et de faire peur aux parents à la veille de la rencontre scolaire ? » Selon la ministre, ce professeur ferait peur à la population pour rien et la situation serait sous contrôle. Vraiment ?

    Selon le député Ecolo Yves Reinkin, aucun inventaire de la présence d’amiante dans les écoles du Hainaut n’a encore été réalisé. En ce qui concerne les autres bâtiments de la Communauté française, les documents transmis par l’administration révèlent que certains inventaires n’ont jamais été réalisés ou qu’ils ont été égarés ! D’après les parlementaires Ecolo, la Ministre n’a aucune idée du nombre d’écoles, de crèches et de centres sportifs qui sont concernés par le problème de l’amiante. Elle n’est pas en mesure non plus de fournir des renseignements précis quant aux désamiantages réalisés, au planning des futurs travaux, au volume et à l’origine des budgets qui seront nécessaires. Considérant que la Ministre « traite la présence d’amiante dans les bâtiments qui relèvent de sa compétence avec un laxisme irresponsable », Ecolo a déposé une proposition de résolution enjoignant le Gouvernement à agir.

    L’amiante : minéral magique …

    L’amiante ou asbeste est une roche naturelle qui désigne six variétés de métaux de structure fibreuse qui sont des silicates hydratés (1). L’exploitation industrielle de l’amiante remonte au 19e siècle. Très vite, ses qualités isolantes (sur le plan thermique et acoustique), sa facilité d’utilisation – il s’allie facilement à d’autres substances telles le ciment, la peinture, le papier, le caoutchouc… -, sa résistance mécanique significative et son faible coût le transforment en un des matériaux les plus utilisés dans le secteur de la construction.

    L’amiante a servi pour couvrir des toits (simili-ardoises :Eternit) carreler des sols (dalles) isoler des plafonds et des gaines de chauffage central, mais aussi pour filtrer l’air (dans les métros), préparer l’asphalte des revêtements routiers, etc. Le nombre de produits différents pour lesquels on a utilisé de l’amiante est estimé à plus de 3.000. On l’a même utilisé pour fabriquer des grille-pains, des filtres à cigarettes et pour filtrer le vin. En 1929, la Belgique utilisait 20.000 tonnes d’amiante par an, en 1978 elle en consommait plus de 70.000. La Belgique était d’ailleurs en huitième place dans le monde pour l’utilisation de l’amiante (2).

    … ou poison mortel

    L’amiante a la propriété de se séparer en fibres extrêmement longues et fines. Leur longueur peut être 100 fois supérieure à leur épaisseur. Or, plus une fibre est longue et fine, plus elle est respirable et donc dangereuse pour la santé. L’amiante se révèle cancérogène pour l’homme. Elle peut causer 3 types de maladies. : l’asbestose, le cancer du poumon et le mésothéliome ou cancer de la plèvre (enveloppe externe des poumons). Ces maladies se caractérisent d’abord par un essoufflement qui s’accentue avec le temps – même si le patient n’est plus en contact avec l’amiante -, ensuite vient un halètement et finalement une suffocation qui mène à l’agonie. L’évolution est lente mais irréversible : le patient finit par mourir dans d’atroces souffrances. Il n’existe aucun remède !

    Tandis que l’asbestose et le cancer du poumon apparaissent après une exposition prolongée à l’amiante – et touchent donc essentiellement les travailleurs de l’amiante – , le mésothéliome par contre peut aussi frapper en dehors du milieu du travail. Il suffit parfois pour être atteint d’avoir été très peu en contact avec de l’amiante, et cela 20 ou 40 ans auparavant …Si le nombre de victimes parmi les travailleurs de l’amiante se compte déjà par milliers, le pire reste encore à venir. D’une part parce que, pour les travailleurs de l’amiante, il peut parfois s’écouler 20 ou 30 ans entre l’exposition au matériau et la pathologie, d’autre part parce qu’en ce qui concerne le grand public, ce n’est lorsque le matériau contenant de l’amiante commence à s’user ou à se détériorer que des fibres se libèrent insidieusement, contaminant aujourd’hui des personnes qui ne développeront un cancer que dans 30 ou 40 ans ! Alors, si les écoles sont contaminées par l’amiante, on peut imaginer le drame que cela pourra déclencher dans le futur…

    Des décennies de mensonges…

    Aujourd’hui une directive européenne interdit totalement l’usage de l’amiante. Mais elle ne date que de 2005. Pourtant, les dangers liés à l’amiante en matière de santé sont connus depuis longtemps. Dès les premières années de l’exploitation industrielle de l’amiante, des pathologies étaient déjà apparues. Ainsi, en 1900, deux médecins anglais signalent une « fibrose diffuse » chez un ouvrier mort à 34 ans. En 1906, un inspecteur du travail à Caen signale 50 décès dans une filature d’amiante. Cette année-là, d’autres cas de décès par asbestose sont signalés. A partir de 1925, on entreprend de réelles études statistiques sur l’asbestose et on découvre chez les travailleurs de l’amiante, 40 % de morts par cancer. (POUR) La loi de 1952 qui régit le dépistage de l’asbestose dans les entreprises travaillant l’amiante « imposant toutes les mesures requises pour la santé et la sécurité des travailleurs », prouve clairement qu’aussi bien l’Etat que les patrons connaissent parfaitement les dangers de l’amiante.

    Mais, pendant des années, les « maîtres de l’asbeste » dissimulent le danger, avec la complicité des gouvernements. Malheureusement, la loi de 1952 et les soi-disant mesures de prévention ne changent pas grand chose aux conditions de travail des ouvriers : il y a trop de profit à gagner.

    C’est aussi la conclusion à laquelle arrive Michel Verniers, délégué syndical de l’entreprise Coverit (filiale du groupe Eternit) à Harmignies, près de Mons, qui a fermé ses portes en 1987. Quelques années après la fermeture de l’usine, il est intrigué par le nombre anormalement élevé de décès de ses anciens collègues, et commence à tenir une liste des décès et à faire des recherches sur l’amiante. Il constate que, sur les 220 travailleurs de l’usine, 116 sont morts et 49 sont malades. Vivian Lescaut, lui aussi ancien travailleur de Coverit, explique que les ouvriers n’étaient pas conscients des dangers de l’amiante, vu qu’à l’époque aucun d’entre eux n’était malade. Les patrons eux savaient, mais, faisaient tout pour nier le problème : lorsqu’à fin des années 70, des journalistes sont venus dans l’usine et ont prévenu les ouvriers des risques que l’amiante représentait pour la santé, le patron les a mis dehors et à dit aux ouvriers qu’il ne fallait pas écouter les journalistes, que c’était de la désinformation (3).

    C’est toujours la même chanson…

    Le discours des patrons de Coverit rappelle étrangement celui que nous sert aujourd’hui la ministre à propos de l’amiante dans les bâtiments scolaires : on aurait bien tort de s’inquiéter, tout est sous contrôle… C’est faux, parce que l’amiante est omniprésente dans certains bâtiments scolaires, en particulier dans les fameux R.T.G. préfabriqués, construits dans les années ‘70 (les années d’or de l’amiante) prévus pour faire face au baby-boom de l’après-guerre. Ces constructions étaient provisoires, conçues pour une durée de vie de 30 ans tout au plus. L’amiante y est présente dans les chaufferies, les appuis de fenêtre, les tableaux, les cloisons de séparation, les faux-plafonds et même les toits.

    Les sceptiques rétorqueront que l’amiante n’est pas dangereuse lorsqu’elle reste figée dans la matière ; ce n’est que lorsqu’elle se libère dans l’atmosphère qu’elle est hautement toxique. En effet, mais il suffit de visiter les « préfabs » des écoles pour comprendre que ces bâtiments ont largement dépassé leur temps de vie et qu’ils sont dans un état d’usure et de délabrement avancé. Il y a donc bel et bien un problème d’amiante dans les écoles. Et ce n’est pas quelques encapuchonnages (il s’agit d’enrober l’amiante pour l’empêcher de se libérer) qui vont régler ce vaste problème.

    Que faire ?

    Il faut d’urgence établir un inventaire complet de l’amiante présent dans toutes les écoles de tous les réseaux. Ensuite, il est impératif de procéder à un désamiantage total, à effectuer avec toute la précision et les précautions nécessaires à ce genre de travail, suivi d’une démolition de tous les bâtiments insalubres qui sont « provisoires » depuis plus de 30 ans. Et enfin, il faut ériger de nouveaux bâtiments propres, écologiques et bien isolés qui permettront par ailleurs de réduire très fortement la consommation d’énergie. Mais cela coûtera cher, très cher, et la Communauté française n’a pas d’argent. Cela fait des années que le MAS met en avant la nécessité d’un refinancement de l’enseignement qu’il faut ramener à 7 % du PIB. Cet argent servirait non seulement à mieux encadrer les élèves, mais aussi à les recevoir dans des écoles dignes de ce nom et qui ne risqueraient pas de mettre leur santé en péril. Le désamiantage du Berlaimont a coûté plus d’un milliard d’euros et pourtant, les autorités n’ont pas hésité à le faire. La vie et la santé de nos enfants et de nos enseignants vaut-elle moins que celle des euro-députés ?


    1. repris de « Le point sur l’amiante », www.ecoconso.be de la Région wallonne
    2. données citées dans le dossier «Danger amiante » de l’hebdomadaire « Pour » n°217, 27 juillet 1978
    3. voir « Mortelle amiante », dans le mensuel « La Gauche » n°20, février 2006
  • Grèce : Syriza change la donne !

    Ecole d’Eté du CIO-2008

    La situation politique en Grèce a profondément changé suite à l’émergence du phénomène Syriza, que nos camarades grecs ont rejoint il y a peu. Voici leur présentation de la situation lors de l’école d’été du CIO.

    Syriza est une coalition de 11 partis et organisations de gauche (divers groupes trotskistes ou maoistes, des scissions du parti social-démocrate Pasok ou du parti communiste KKE, des altermondialistes et beaucoup d’inorganisés) que nous avons rejoint il y a deux mois. Syriza est en formation, mais il y a déjà une bataille entre l’aile droite qui est organisée et l’aile gauche qui ne l’est pas encore.

    Les élections de septembre 2007 étaient leur première participation et Syriza avait obtenu 5%. En un an, le soutien de Syriza a été presque multiplié par trois pour arriver à 13%, voir 19% dans les sondages, soit un million de personnes. Cela illustre le potentiel et le vide qui existe à gauche et cela a modifié le rapport des forces dans le pays. Des couches larges dans la société considèrent Syriza comme une alternative au gouvernement, ce qui surprend les anticapitalistes de Syriza, qui craignent de devoir répondre au changement dans la société et n’y sont pas préparés. Syriza a cassé la tradition de vote misérables pour l’extrême-gauche, c’est aujourd’hui le seul parti de gauche dont le soutien augmente.

    Le Pasok est dans une crise dont il n’arrive pas à sortir. Les masses savent qu’elles n’ont rien à attendre d’une organisation qui ne fait rien pour se distinguer de la politique du gouvernement malgré le fait qu’elle est dans l’opposition. Des dizaines de scandales de corruption ont impliqué des membres du Pasok.

    La classe capitaliste est très inquiète. Le gouvernement de droite n’a plus qu’un siège de majorité et le Pasok n’est pas une alternative fiable. Le parti communiste KKE et Syriza ont ensemble dans les sondages jusqu’à 25% des voix. Des milliers d’articles parlent de l’émergence du phénomène Syriza, qui représente un véritable casse-tête électoral.

    La situation sociale a elle aussi beaucoup changé en un an. Le mouvement étudiant a réussi à attirer les lycéens et les professeurs aux cours de manifestations et d’occupations. Au cours d’une lutte de deux mois, le mouvement a réussi à obtenir des concessions sur la question de la gratuité de l’enseignement. Mais le gouvernement a quand même introduit le capital privé dans l’enseignement après la grève et les collèges privés sont légalisés. Les étudiants organisent maintenant la riposte pour empêcher l’application de ces lois et personnes ne sait jusqu’où cela peut aller.

    La Grèce a connu trois grèves générales avec 3 millions de grévistes au point culminant. Des dizaines de professions ont aussi été en grève entre celles-ci: les dockers, les journalistes, les avocats, les éboueurs, les électriciens… La réforme des pensions a mené à une lutte qui a fait partir le ministre responsable. Le nombre de travailleurs impliqués montrait que la volonté de lutter était présente, mais les directions syndicales n’ont pas été à la hauteur et ne voulaient pas aller jusqu’au bout. La conscience de classe se développe vraiment dans une telle situation.

    L’an dernier, le gouvernement n’a rien fait pour aider les victimes des incendies de forêts et de multiples scandales de corruption ont touché les partis. L’inflation est aussi très grande dans un pays où ¼ de la population vit sous le seuil officiel de pauvreté.

    Mais ces conditions objectives ne suffisent pas à expliquer la formation de Syriza. De nouveaux éléments ont permis cela, notamment l’attitude sectaire et arrogante du KKE qui a laissé le champ libre à une formation possédant une attitude ouverte. Ensuite il y a l’échec de la gauche anti-capitaliste, qui représente au moins 30 organisations différentes et qui joue pourtant un rôle dirigeant dans les protestations, notamment étudiantes. Syrisa a opéré un tournant à gauche en critiquant vertement les partis traditionnels et en faisant référence au socialisme ainsi qu’à d’autres termes de gauche, mais sans toutefois d’explication, ni de soutien aux luttes sociales et syndicales. Synaspismos, qui fait partie de Syriza, a connu aussi un tournant à gauche qui a commencé il y a trois ans avec l’élection de leur nouveau dirigeant.

    Les conditions objectives et subjectives vont continuer à se conjuguer pour nous fournir assez d’adrénaline politique pour mettre en avant l’alternative socialiste au capitalisme.

  • Incident du 28/06 dans le Guizhou – où en est-on ?

    Le renvoi des dirigeants n’est que le début, nous voulons la vérité!

    Cet article a été publié sur le site Chinaworker.info le 4 juillet 2008. Le 28 juin, 30,000 habitants de la ville de Wèng’an, province du Guizhou protestaient contre le gouvernement local et la police, après la mort de Li Shufen, une jeune fille de 17 ans.

    chinaworker.org

    Le point de vue officiel dans les médias a soudain changé : le secrétaire général du comité du parti communiste du comté de Wèng’an, le maire, le secrétaire général du comité politico-législatif, et le chef de la police du comté ont tous été renvoyés, mais quelle est la vérité derrière l’incident du 28/06?

    Selon les informations fournies par nos correspondants la nuit dernière, au cours du dernier épisode de « Today Interview » (un programme sur une des chaînes de télévision nationales), des experts légaux ont été invités afin de discuter ouvertement de l’incident du 28/06 dans la ville de Wèng’an, dans le Guizhou. Un tel événement est une rareté en soi, de même que le titre du programme : « Pour défendre les droits des citoyens, il importe de suivre les procédures légales appropriées ».

    Le ton des participants semblait plutôt modéré, et avait même des accents critiques envers les dirigeants de Wèng’an. Toujours selon nos correspondants, nous avons ici affaire à un cas de « 50 coups de planche pour chaque partie » (proverbe chinoise signifiant qu’autant la population que les dirigeants sont en tort). Mais il est clair que, si l’on est tout à coup arrivé à déclarer que « le gouvernement de la base local doit porter la responsabilité » au lieu de « les masses ignares ont été provoquées par une petite minorité de forces obscures », cela dénote une différence subtile mais fondamentale dans le point de vue des médias officiels.

    Dès 10 heures hier soir, lorsque les sites internet et médias gouvernementaux déclaraient ouvertement que « le secrétaire général du comité politico-législatif du comté de Wèng’an et le chef de la police locale ont été démis de leurs fonctions et remplacés par de nouveaux responsables », on avait déjà constaté un virage à 90° dans l’opinion officielle, bien qu’on n’ait pas encore assisté ici à un demi-tour complet. Il est clair que les enquêtes officielles menées par les Gouvernements Centraux et Provinciaux, ont mené à la découverte de nombreuses infractions de la loi par les dirigeants locaux. Puisque les médias officiels appellent également à une poursuite des enquêtes concernant les agissements des principaux membres des comités du parti et du gouvernement local, ainsi que de leurs subordonnés, il semble bien que les problèmes dans la région ne soient pas juste le fait d’un ou deux hauts-gradés qui se seraient mal conduits.

    Mais Chinaworker devrait ici mettre en avant le fait que ceci n’est que le début : nous demandons une véritable enquête, en profondeur, sur l’incident du 28/06, y compris concernent toutes les causes initiales, conséquences finales et autres affaires reliées à l’incident dans tous ses aspects. Les revendications énoncées par Chinworker depuis le 29 juillet ne seront pas modifiées d’un iota, et ce n’est pas maintenant que nous allons commencer à nous faire des illusions concernant le gouvernement, juste parce qu’ils ont viré quelques dirigeants sans même d’ailleurs donner la moindre explication aux habitants. Nous n’exigeons rien d’autre que la Vérité !


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