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  • Le textile rayé de la carte en Flandre

    Le secteur textile est en train de disparaître en Flandre, envoyant des milliers de travailleurs au chômage. Doit-on simplement accepter ces fermetures et se contenter de négocier de « bons » accords sociaux ? Ou une vraie lutte pour sauver les emplois est-elle possible ?

    Par Benoit (Gand)

    En Belgique, l’industrie textile est un secteur industriel actuellement en grande difficulté. Au premier trimestre 2007, il avait déjà connu une baisse de production de 8 % en moyenne. Ces dernières semaines, plus de 2.000 travailleurs de ce secteur ont été licenciés. En même temps, les directions ont annoncé la délocalisation de certaines productions. L’entreprise Bekaert Textiles, par exemple, a l’intention de produire ses tissus à matelas à moindre coût (lire : à de moins bonnes conditions de travail et de salaire) en Turquie et en Tchéquie.

    Ces fermetures s’expliquent par le recul des ventes dans des pays qui sont les débouchés les plus importants du textile belge : 15% en Grande-Bretagne (notamment à cause de la position très faible de la livre sterling face à l’euro) et même 30% en Espagne. De plus, il est probable que ces deux pays entrent bientôt officiellement en récession. Une baisse des investissements ou de la consommation là-bas aura également des répercussions ici sur la demande de main d’œuvre dans le secteur textile. La suite logique est une spirale négative de baisse des salaires et du pouvoir d’achat ainsi qu’une augmentation du chômage.

    « Comme au chantier naval Boelwerf et pour les mines, on laisse purement et simplement tout tomber »

    Face à la vague de licenciements de ces dernières semaines, les politiciens n’avaient visiblement pas de solution à apporter ; ils n’en ont donc rien dit. Et pourtant, c’est toute une région qui est sinistrée. La fermeture de Domo, à Zwijnaarde, a signifié la perte d’emplois pour 91 ouvriers et 47 employés. Chez Uco, à Gand, 393 personnes ont perdu leur boulot ; la production déménage en Roumanie. Chez Beaulieu, à Wielsbeke et à Ninove, 387 emplois ont volé à la trappe. Une semaine plus tard, Bekaert Textiles, à Waregem, a fermé à son tour : 281 emplois disparus. Et ce n’est pas encore fini.

    Lors de la journée d’action pour le pouvoir d’achat, les travailleurs du textile ont manifesté à Gand. Dans les discours, l’accent a été mis sur l’obtention de bons accords sociaux, mais aucune proposition claire n’est venue pour éviter les fermetures. Pourtant, le MAS pense que c’est possible en se servant des bénéfices engrangés ces dernières années pour maintenir l’emploi et mettre la production sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes. Pour une perte de plus de 2.000 emplois, seuls 158 travailleurs devraient être recasés ? Que fait-on des années d’expérience des autres travailleurs ? Où doivent-ils aller ?

    Quel chemin suivre ?

    Les faillites placent les travailleurs dans une position délicate parce qu’il serait soi-disant impossible de continuer à faire tourner l’entreprise. Mais si l’on considère les bénéfices de Bekaert par exemple, on obtient une tout autre image. Début août, cette entreprise a annoncé une augmentation du bénéfice net de 73% en 2007 pour atteindre 126 millions d’euros. Avec cette somme, des tas d’emplois peuvent être créés en plus des emplois existants. Pourtant, les licenciements ont été « justifiés » parce qu’il n’y avait pas assez de bénéfices.

    Il existe pourtant des exemples de lutte réussie pour le maintien des emplois dans des entreprises condamnées. Ainsi, les Forges de Clabecq, une entreprise métallurgique du Brabant wallon, a été sauvée après une longue lutte acharnée à la fin des années ’90. Cette lutte, animée par une délégation syndicale très combative, s’est maintenue jusqu’à la reprise par le groupe Duferco.

    Comme le disait Roberto D’Orazio, le délégué principal FGTB, « Cela fait des années que l’on essaye de convaincre les travailleurs de ce pays que les fermetures sont inévitables. Le système mène sans interruption une campagne consciente et programmée de démoralisation. Le message est simple : regardez autour de vous, la résistance des travailleurs est un coup d’épée dans l’eau. Mais à Clabecq, cela s’est passé autrement. Dans nos esprits, il n’y avait pas de place pour l’exclusion, le chômage, la privation et l’injustice. Et finalement, notre combat a connu un une issue positive: le redémarrage de l’usine… »

  • Crise économique. Le PS défend le capitalisme, pas les travailleurs

    Tout le monde connait la chanson de Jacques Dutronc “Je retourne ma veste… toujours du bon côté”. Le PS aussi. Il semble même en avoir fait son hymne en vue des prochaines élections. Alors que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles économiques, les ténors du PS, après avoir bâfré sans état d’âme à l’écuelle des contre-réformes néolibérales pendant ces vingt dernières années, se sentent aujourd’hui obligés de relever la tête et de se muscler le bras gauche. Pour s’en servir ou pour l’esbroufe?

    Par Alain (MAS-Namur) et Jean Peltier (MAS-Liège)

    Elio et Laurette étaient très en verve au congrès de rentrée du PS pour dénoncer les errements du libéralisme et l’hypocrisie des grands financiers. Dans la foulée, Laurette s’est aussi scandalisée lors de l’émission Mise au point devant les propos provocateurs de Rudy Thomaes de la FEB, qui exigeait que l’on restreigne les coûts des soins de santé. C’était très beau. Mais ces belles colères ne pourront pas faire oublier si facilement à quel point les dirigeants socialistes ont activement contribué à la situation actuelle. Quand ils privatisaient la CGER et Belgacom, quand ils « réformaient » l’enseignement en supprimant des milliers de postes, quand ils donnaient le feu vert à Reynders pour les intérêts notionnels,… Laurette et Elio nous ont montré une toute autre image que celle de courageux Robins des Bois prenant aux riches pour donner aux pauvres !

    Le PS étudie la crise…

    L’Institut Emile Vandervelde, le centre d’étude du Parti Socialiste, a été mis à contribution pour analyser la crise actuelle et élaborer les réponses du PS. Mais lorsqu’on lit cette étude, on a envie de compléter le refrain « je retourne ma veste… » par « toujours du mauvais côté ».

    Le titre de cette étude donne déjà le ton : « Crise mondiale des marchés financiers. Pour un retour à l’économie réelle ! ». L’objectif est répété tout au long du texte : ce « retour à l’économie réelle » doit permettre de « restaurer la confiance… ». Attention, il ne s’agit pas de restaurer le pouvoir d’achat des travailleurs et des allocataires sociaux, encore moins de rétablir la part des salaires dans le produit intérieur brut, qui a diminué en Belgique de près de 7% en 20 ans. Il s’agit de restaurer la confiance… dans un système économique qui fait eau de toute part.

    Toute l’analyse de l’IEV vise à glorifier l’ « économie réelle » ou « productive » (et accessoirement ses gentils patrons !) et à dénoncer la « financiarisation excessive » de l’économie « qui pèse négativement sur l’économie réelle et sur le bien-être social des populations ». Avec un diagnostic à la clé : « la crise actuelle est la conséquence inévitable d’une régulation insuffisante des marchés financiers dominés par une frénésie spéculative ».

    Tout à sa belle indignation, l’IEV passe cependant sous silence quelques points gênants. Le premier est que cette « financiarisation de l’économie » n’est pas un accident de parcours qui serait du à l’avidité de spéculateurs parasites agissant en dehors de « l’économie réelle », mais bien la réponse soutenue par l’ensemble du patronat – qu’il soit « réel », « productif », « financier » ou « spéculatif » à la baisse des taux de profit dans les années ’70 et ’80. Ensuite que toute la politique néolibérale qui a accompagné cette « financiarisation de l’’économie » s’est faite avec la complicité – gênée ou sans complexe – de tous les PS européens. Et enfin que cette crise était prévisible depuis des années mais que les PS n’ont rien fait nulle part pour organiser une réponse collective des travailleurs avant et pendant cette crise.

    …et veut soulager les « bons » patrons

    Ce rapport de l’IEV débouche sur une série de propositions « pour le retour à l’économie réelle ». Il propose ainsi de décourager le crédit purement spéculatif, de forcer les banques d’affaires à la transparence, de créer un organe mondial (excusez du peu) de régulation et de contrôle des marchés financiers, d’établir un prélèvement de faible taux sur les transactions purement financières (noter ici le « de faible taux »), de définir un cadre international ou européen de protection des ménages dans le domaine du crédit, d’agir résolument contre les paradis fiscaux et de créer à cet effet une Task Force (c’est encore plus impressionnant quand c’est dit en anglais) au sein du Service Public Fédéral Finance (pour cela, il faudrait d’abord commencer à engager au sein de ce même SPF Finance qui comme beaucoup de services publics manque de personnel et a été consciemment affaibli par les libéraux pour museler toute lutte efficace contre la fraude fiscale patronale). Il est frappant de voir à quel point ces mesures visent à « réguler » le capitalisme et pas à lutter contre celui-ci. Dans toutes ces mesures, il n’y a rien sur la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, l’augmentation des salaires et des allocations, le rétablissement complet de l’index, ou encore la diminution du temps de travail avec embauche compensatoire. Et il n’y a non plus pas la moindre proposition visant à organiser une mobilisation et une lutte des travailleurs pour le pouvoir d’achat et l’emploi.

    Ce rapport de l’IEV a en fin de compte un immense mérite, celui de montrer ce que signifie vraiment le « tournant à gauche » du PS. L’objectif de celui-ci est simplement d’améliorer la gestion du capitalisme en restreignant le pouvoir des patrons « financiers » (chouchoutés par les libéraux) au bénéfice des patrons « producteurs ». Le PS entend donc se poser plus que jamais en soutien des patrons « responsables » et utiliser le crédit qui lui reste auprès des travailleurs pour rester au pouvoir afin d’aider les « bons » patrons à tenir le coup et à relever la tête.

    Face à la faillite du néolibéralisme, le PS n’offre qu’une perspective de replâtrage du capitalisme. Les travailleurs ont besoin d’un autre programme pour une autre société. Et ce ne sont pas Elio, Laurette et les fins penseurs de l’IEV qui le leur proposeront !


    LIENS:

  • Le patronat envoie à nouveau des huissiers contre les grévistes

    Cela faisait quelques années que l’on avait plus vu le patronat recourir aux tribunaux contre les grèves, mais cette méthode est à nouveau utilisée contre les grévistes. A la société textile « Beaulieu », à Wielsbeke, les huissiers ont été utilisés après une demande unilatérale de la direction.

    Le personnel du secteur textile est durement touché par les restructurations et les licenciements. À Beaulieu, il s’agit près de 400 emplois sont menacés. La FTGB a déclaré dans un communiqué de presse : « les employés de ces secteurs n’obtiennent pas de parachutes dorés et le gouvernement pompe des milliards pour le sauvetage des sociétés. »

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    Beaulieu fait partie de "Beaulieu International Group", ou B.I.G. A la manifestation du 6 octobre à Gand, le personnel avait clairement dit ce qu’il pensait des manières de la direction… (Sur la banderole: "Un employeur avec des manières de cochons")
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    Les travailleurs s’opposent aux licenciements et aux primes de départ limitées. Alors que la presse croule sous les informations sur les millions d’euros de parachutes dorés, la direction propose à Beaulieu de ne payer que 150 euros par année d’ancienneté. C’est à peine suffisant pour acheter un parachute ordinaire. On est loin des parachutes dorés…

    Le mécontentement est grand parmi les travailleurs, raison des actions menées, auxquelles la direction ne répond qu’en envoyant des requêtes unilatérales et des astreintes pour briser la grève. Cette décision du juge sur les astreintes a conduit à envoyer un huissier aux grévistes. Une astreinte de 1.000 euros par personne et par violation a été fixée si le personnel qui voulait travailler ne pouvait pas passer le piquet. En d’autres termes, le piquet de grève est interdit par le juge ou est réduit à une expression purement symbolique.

    Il s’agit bien entendu d’une violation du droit de grève, on essaye de briser la grève en faisant appel au système judiciaire et aux huissiers pour régler un conflit collectif. Pourtant, la législation du travail précise qu’un juge ne peut pas intervenir dans un conflit collectif. La manière dont cette règle est interprétée dépend visiblement des relations de force.

    Afin de répondre à cette agression patronale et à cette attaque contre le droit de grève, les travailleurs de Beaulieu ne doivent pas être les seuls à se battre. Beaulieu est dans les mains de la famille De Clerck, dont le pater familias peut compter pour sa fête d’anniversaire sur la présence non-fortuite de Margaret Thatcher et de Bush sénior, entre autres. On ne doit pas attendre beaucoup de compréhensions pour les travailleurs et leurs organisations de la part de ces cercles. C’est l’option patronale dure qui prévaut, seuls comptent les bénéfices.

    Face à cette agression, la solidarité entre travailleurs est nécessaire, dans le secteur textile mais aussi dans les autres. Face aux tentatives de semer la division, l’unité et la solidarité représentent les armes les plus fortes. Si les travailleurs de Beaulieu doivent se battre seuls, ils seront plus faibles et les provocations et agressions du patronat pourront dès lors avoir un impact.


    > Tous ensemble pour plus de pouvoir d’achat et pour l’emploi

  • DAF Trucks met 750 ouvriers à la porte

    Campines

    Les licenciements annoncés chez le fabricant de camions DAF Trucks à Westerlo aggravent le bain de sang social en Campine. La liste des sociétés qui restructurent ou mettent progressivement un terme à leur activité, commence à devenir longue. Chez DAF, ce sont 750 ouvriers CDD et intérimaires qui disparaissent ainsi que 60 ouvriers CDI qui seront prépensionnés ou mis en chômage temporaire.

    Par Luc, MAS-Louvain

    Ceux qui restent connaîtront aussi des difficultés. Le travail de nuit et de week-end est en passe d’être supprimé, avec pour effet une sérieuse perte de salaire. L’autre mesure envisagée est la possibilité de chômage technique. L’usine fermerait deux semaines, avant et après le Nouvel An. Et pendant les mois d’été, il pourrait y avoir jusqu’à 2 journées de chômage technique par semaine.

    Les investissements programmés pour un montant d’environ 100 millions d’euros sont gelés (l’investissement le plus important consistait en la création d’une nouvelle chaîne de laquage). Ces investissements étaient considérés par beaucoup de travailleurs comme une garantie de l’avenir de l’usine de Westerlo.

    Selon la direction, la crise financière et économique l’oblige à diminuer la production (de 245 à 170 pièces par jour) et à restructurer. En effet, les actions de Paccar, la société-mère de DAF, ont perdu 35 % de leur valeur sur le dernier mois. Des tas de commandes sont annulées. La direction de Paccar s’est retrouvée devant le choix suivant : sauver des emplois ou mettre les bénéfices à l’abri. Inutile de dire quel choix elle a fait ! Et pourtant, la société a engrangé 904,8 millions de dollars de bénéfices au cours des 9 premiers mois de l’année (dont encore 299 millions au cours du troisième trimestre !)

    Ces dernières années, la production chez DAF Trucks a énormément augmenté. Actuellement les ouvriers sont encore en train de produire 245 pièces (essentiellement des cabines) ainsi que quelques 600 essieux pour rattraper le retard. L’accroissement de la production est surtout du à l’augmentation de la productivité. L’entreprise fabrique la même quantité de cabines et d’essieux qu’il y a quelques années mais avec moins d’ouvriers. Les conséquences de cette augmentation de la productivité sont que tout le monde doit travailler plus mais aussi qu’actuellement beaucoup de travailleurs risquent d’être licenciés.

    Herwig Jorissen, le dirigeant de la Centrale flamande des Métallos FGTB, a raison lorsqu’il dit qu’il faut mettre sur pied un plan d’urgence – si l’Etat a pu trouver des milliards pour les banques, cela doit également être possible pour le secteur automobile. La disparition de 750 emplois signifie aussi une grosse perte de revenus pour 750 ménages. Jorissen veut que le préavis des ouvriers soit aligné sur celui des employés et que lors d’une restructuration, les intérimaires reçoivent un préavis qui corresponde au travail presté.

    Bien sûr, nous soutenons ces mesures, mais nous disons qu’il faut aller plus loin. Ces derniers mois, le gouvernement a procédé à des nationalisations partielles de banques en difficultés pour sauver des bénéfices, pas pour sauver des emplois. Si les pertes sont ainsi socialisées, les bénéfices restent privatisés. Si les entreprises veulent liquider des emplois, cela devrait être le moment pour les nationaliser sous le contrôle des travailleurs pour mettre l’emploi et les conditions de travail au centre des préoccupations. S’il est possible de nationaliser pour protéger les bénéfices, alors pourquoi ne serait-ce pas possible pour sauver des emplois décents ?


    > Tous ensemble pour plus de pouvoir d’achat et pour l’emploi!

  • Carrefour solde ses employés

    La chaîne de supermarchés Carrefour veut créer un précédent avec l’hypermarché brugeois “Blauwe Toren” (“La Tour Bleue”). Le personnel de cette succursale ne serait pas sous la commission paritaire régulière, mais sous une autre dont les conditions de salaire et de travail sont beaucoup moins avantageuses. Le personnel devra être plus flexible et gagnera facilement 25% de moins.

    La succursale de Carrefour à la Tour Bleue est le 57ième hypermarché de Carrefour en Belgique. La direction du groupe présente ce centre comme un projet vedette dans notre pays : l’hypermarché créera 150 nouveaux emplois et détient un tas de nouveautés.

    Jusque là, pas de problèmes. Mais les conditions de salaire et de travail pour le personnel représentent par contre un problème exceptionnel. Carrefour (par l’intermédiaire d’une franchise appelée Brugge Retail SA, créée par l’entreprise) veut placer le personnel au sein de la commission paritaire 202.01 au lieu de la commission paritaire 312. Une commission paritaire est une structure de regroupement d’un secteur spécifique qui va décider de certaines conditions de paiement et de travail pour tout ce secteur. Tous les hypermarchés dans notre pays relèvent de la CP 312. La CP 202.01 est celle des petits magasins d’alimentation générale et des sociétés de produits alimentaires, la CP 312 celle des grands magasins. Tout le monde sait bien que c’est un grand magasin, mais le personnel devrait néanmoins accepter les conditions des petits magasins d’alimentation générale.

    Les conséquences pour le personnel sont excessives. La flexibilité est augmentée de telle façon que l’horaire hebdomadaire peut être composé de 6 jours de travail au lieu de 4,5. Une journée de travail peut commencer à 5 h du matin ou finir à minuit. Par semaine on travaille 1,5 heure en plus. Le dimanche – avec la possibilité d’être ouvert jusqu’à 40 dimanches par an – le salaire est payé à 100% (au lieu de 300% dans les grands magasins). Pour les employés, ceci représente un salaire d’environ 25% inférieur. Carrefour met désormais aussi son propre personnel en solde.

    Le front syndical commun s’oppose à ce dumping social et met en avant qu’il s’agit en faite d’épargner sur le dos des employés. Cette semaine déjà ont eu lieu des actions, entre autres au siège national du groupe Carrefour à Evere. Le SETCa a correctement déclaré: “Derrière le projet Brugeois « Tour Bleue » de Carrefour se cachent des conditions de travail peu enviables. Des salaires bas, polyvalence, horaires de travail flexibles très difficiles à combiner avec une vie privée saine, beaucoup de travail à temps partiel involontaire…” L’enjeu ne concerne pas uniquement ce magasin, Carrefour veut créer ici un précédent pour pouvoir par la suite couper partout dans la position sociale du personnel.

  • Grève chez CYTEC à Drogenbos

    Depuis le lundi 13 octobre, le personnel de l’entreprise chimique CYTEC Surface Specialities, située à Drogenbos, est en grève. Le déclenchement de la grève fait suite au licenciement, au début du mois d’octobre, d’un employé du site, pour « raisons économiques », et ce sans respect des procédures prévues dans la Convention Collective de Travail de l’entreprise (entre autres le reclassement de la personne licenciée, voire, à défaut, le paiement d’une indemnisation). Le non-respect de la CCT se justifiait aux yeux de la direction par le fait que le dossier de l’employé en question contenait des fautes graves. Après que la délégation syndicale ait exigé d’avoir accès au dossier, il s’avéra que ce dernier ne contenait absolument aucun fait reprochable à l’employé, qui, soit-dit en passant, comptabilisait 21 ans d’ancienneté.

    Par Cédric, MAS-Bruxelles

    La réalité est que ce licenciement s’inscrit en prévision d’une restructuration plus large ; déjà, au cours de l’année, un autre employé du site s’était fait licencier. Ce dernier comptabilisait 31 ans d’ancienneté dans l’entreprise. Ces licenciements isolés ont pour but de créer un précédent, tout en éliminant de la boîte les travailleurs qui coûtent les plus chers. En atteste le fait que la direction refuse de reconduire la CCT pour les deux ans à venir, laquelle offre des garanties en terme de maintien de l’emploi. C’est pourquoi la réaction des travailleurs de l’usine est plus que nécessaire. Une de leurs revendications principale est notamment la reconduction de la CCT pour les deux années à venir. Maintenant que les travailleurs se sont mobilisés pour défendre leurs emplois, la direction se targue du fait qu’elle n’a pas de mandat pour négocier, renvoyant la balle au management américain. Au début du mois, par contre, elle était tout à fait compétente pour licencier un travailleur sans motif valable!

    Ce lundi matin, quelques militants du MAS/LSP se sont rendus sur le piquet en soutien aux travailleurs en lutte. La grève est massivement suivie : sur une entreprise qui compte quelques 525 travailleurs, 98% des ouvriers et 80% des employés ont décidé d’arrêter le travail. De plus, la solidarité ouvriers-employés, parfois mise à mal lors de luttes précédentes, était clairement de mise. Des militants syndicaux provenant d’autres entreprises étaient également sur place en signe de solidarité. Le sentiment de la menace d’une restructuration était largement présent. D’autant plus que le personnel a appris au début du mois qu’un des ateliers de production (PU) était mis en vente. Si celui-ci ne trouve pas repreneur d’ici le 31 décembre, il sera tout bonnement supprimé : une trentaine d’emplois passeraient alors à la trappe.

    Pour intimider les travailleurs et tenter de briser la grève, la direction ne recule devant rien : envoi de mails mensongers à l’ensemble du personnel, recours à la police et à la justice… Elle a même pris l’initiative de faire appel à une firme extérieure pour reprendre la production, ce qui constitue une solide entorse au droit de grève, mais aussi à la sécurité : ainsi, le personnel-cadre fut pendant un temps obligé de reprendre certaines tâches du personnel-ouvrier, pour lesquelles les cadres ne sont pas qualifiés. Quant on sait la dangerosité du site, cela laisse matière à réflexion : un des grévistes présent sur le piquet nous expliquait qu’en cas d’incendie, l’ensemble de la capitale devrait être évacuée ! Le site se trouve ainsi classé juste en-dessous des centrales nucléaires en termes de dangerosité et d’exposition à des produits toxiques…

    De plus, les conditions de travail sur le site se sont sensiblement dégradées depuis que l’entreprise a été revendue par UCB à une firme américaine, celle-ci y ayant introduit de nouvelles techniques de management afin d’augmenter la productivité. La perception comme quoi « Depuis que les Américains sont là, c’est pire » ne doit pourtant pas nous faire perdre de vue qu’en matière de licenciement et de restructurations, UCB n’est pas en reste, elle qui est en train de liquider plus de 500 emplois en Belgique.

    Un des grévistes nous expliquait qu’il s’était fait récemment rappeler à l’ordre par la direction parce qu’ « il ne souriait pas en arrivant au boulot» ; ce dernier nous rétorquait que ça ne le fait pas sourire de travailler pour engraisser une poignée d’actionnaires. En effet, il est impossible de concilier la soif de profit de quelques actionnaires avec la satisfaction, la sécurité et les conditions de travail des salariés.

  • Crise économique et crise d’idées

    Interview de Jean-Claude Marcourt (PS) accordée au journal Le Soir

    Sous le titre-citation «C’est un choc. On réagit», le ministre wallon de l’économie a déballé ses idées sur la crise dans l’édition du 16 octobre du journal Le Soir. Marcourt nous apprend ainsi que le PS déposera bientôt une batterie de propositions de lois. On se réjouit de les lire, parce qu’en guise d’avant goût, on reste sur sa faim avec cette interview. Marcourt possède bien quelques idées ici et là, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ne peuvent prêter qu’à rire lorsqu’on les compare à la gravité de la situation. C’est toujours ça de pris.

    Par Nicolas Croes

    Cela n’a l’air de rien, être ministre de l’économie, mais ça demande des compétences qui ne sont pas données à tout le monde. Ainsi, si vous demandez autour de vous ce qu’on pourrait faire face à la crise, personne ne vous répondra : « Il faut revenir à des règles de base où le système sera moins flamboyant quand il monte et moins destructeur quand il descend. Pourquoi ne pas supprimer la dictature des résultats trimestriels, qui obligent les entreprises à se braquer sur des objectifs à court terme ? Les marchés financiers pourraient se contenter de résultats semestriels.»(1) Combien de diplômes doit-on posséder pour pondre une idée pareille?! C’est certain, une telle mesure règlerait bien des choses… Vous voulez des résultats trimestriels ? Et bien non, uniquement semestriels ! Quel coup porté à ceux dont la soif de profit est à la base de la crise actuelle…

    Ne soyons toutefois pas malhonnêtes, ce n’est pas le seul projet ambitieux que propose Jean-Claude Marcourt. Il déclare encore au journaliste qu’il a «déposé hier sur la table du gouvernement quatre mesures visant à aider les entreprises qui ont besoin de crédits. (…) Bref, nous sommes derrière l’activité économique.»(1) Et c’est bien vrai ! Pour soutenir «l’activité économique», c’est-à-dire les patrons et les actionnaires, on peut toujours faire confiance au PS. Qui a privatisé Belgacom ? Di Rupo. Qui est responsable des assainissements et de la perte de milliers d’emplois dans l’enseignement ? Di Rupo et Onkelinx. Qui a déclaré que diminuer les taxes sur les entreprises créait de l’emploi ? Onkelinx. Qui a voté la déduction des intérêts notionnels avec le MR? Le PS.

    Tout pour les patrons

    Le libre marché et le «capitalisme financier» tant décriés aujourd’hui, le PS les connaît comme on connaît un bon pote (inutile d’insister sur le siège de Di Rupo au conseil d’administration de la banque Dexia, mais faisons-le tout de même un peu). Pourtant, sur son blog, Marcourt affirme que «Le libéralisme du « laissez-faire » vient de démontrer ses limites : George Bush voulait toujours moins d’impôts [slogan bien connu en Belgique], une stimulation à outrance de l’offre et plus d’exposition à la libre concurrence pour être plus compétitif.»(2) Il faut un certain culot pour critiquer cette politique néolibérale dont les principes ont été à la base de celle que le PS a appliqué ici : privatisation de La Poste, Pacte des Générations, etc. D’autant plus de la part du créateur du très néolibéral Plan Marshall. La différence de proportion entre les USA et la Belgique tient moins en la pugnacité des élus et des structures du PS qu’en la force et le degré d’organisation des travailleurs.

    Exagération ? Que nenni ! D’ailleurs, plus loin dans l’interview, Jean-Claude Marcourt précise pour qui bat son cœur : «J’ai lancé une invitation aux représentants du patronat, de l’Union wallonne des entreprises et des Classes moyennes, aux représentants des pôles de compétitivité et des organisations syndicales, à réfléchir ensemble à ce qui se passe : comment soutenir nos entreprises?» Soutenir les entreprises? Qui créé les richesses produites par ces entreprises ? Ce ne serait par hasard pas ces mêmes travailleurs qui luttent pour leur pouvoir d’achat ? Pourquoi accorder des milliards aux entreprises et aux banques et rien à nous?

    Et quand le journaliste du Soir lui demande «craignez vous des mouvements sociaux en Wallonie», il répond : «Le monde patronal ne doit pas y trouver de faux prétexte pour restructurer. S’il y a des difficultés, la transparence des chefs d’entreprises à l’égard des travailleurs sera fondamentale. Il faut faire fonctionner la démocratie à l’intérieur des entreprises. Et puis, la Wallonie n’est pas une terre de gréviculteurs, mais de gens qui veulent travailler.» Quand quelqu’un fait grève, Monsieur Marcourt, ce n’est en rien parce qu’on ne veut pas travailler. C’est parce qu’on ne veut plus travailler sous ces conditions! Et quant à la démocratie dans les entreprises, elle ne sera véritable que quand les travailleurs – ceux qui produisent les richesses – seront les maîtres de leurs lieux de travail et que les patrons et actionnaires – ceux qui volent le fruit du travail des autres – seront du domaine du passé.

    Il ne suffit pas de glorifier les luttes du passé sur son blog pour se dire socialiste, il faut soutenir celles d’aujourd’hui. Un chemin tel que celui suivi par Jean-Claude Marcourt conduit face aux travailleurs, pas à leur côté.


    (1) Le Soir, 16/10/08, « C’est un choc. On réagit »
    (2) Blog de Jean-Claude Marcourt, 25/10/08, Le poker menteur du libéralisme

    Liens:

  • Le droit de choisir… pour le patron

    Immigration économique choisie

    Le gouvernement fédéral vient de décider de créer un « service pour la migration économique » au sein de l’Office des Étrangers. Ce « nouveau service » a vu le jour cet été, alors que la ministre de l’Immigration n’a toujours pas présenté une « circulaire de régularisation » malgré les mobilisations répétées des sans-papiers. Cette évolution de la politique d’immigration dans notre pays ne laisse rien présager de bon ni pour les sans-papiers ni pour les travailleurs belges.

    Par Jean Peltier (MAS-Liège) et Pablo (MAS-BXL)

    Pourquoi donc le gouvernement souhaite-t-il tellement stimuler une « immigration économique » alors qu’il passe son temps à organiser depuis des années un tri impitoyable entre « vrais » réfugiés politiques – qu’il accepte d’accueillir au compte-goutte – et « mauvais « réfugiés économiques » qu’il fait réexpédier vers leur pays toutes affaires cessantes ? Sont-ils devenus fous au 16, rue de la Loi ? Pas du tout. C’est juste que, pour les patrons et les politiciens, les immigrés qui arrivent chez nous ne sont pas les bons !

    Les « choisis » et les autres

    Les patrons ne sont pas xénophobes : ils aiment bien certains étrangers. Ce n’est pas une question de couleur ou de religion. Ceux qu’ils aiment, ce sont ceux qui peuvent venir boucher les trous dans l’économie. Et ceux-là sont de deux types.

    Il y a d’abord les travailleurs qualifiés qui peuvent venir combler des manques dans des secteurs en manque de main d’œuvre qualifiée (comme la santé) et très qualifiée (comme l’informatique de pointe). A ceux-là, gouvernement et patronat sont prêts à donner des papiers – provisoires – et un salaire décent. Il s’agit en effet de faire la chasse à des « cerveaux » qui, sans cela, pourraient être tentés plus facilement par des grands pays comme la France, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis qui appliquent cette politique depuis plus longtemps.

    Si cette immigration est « choisie », c’est surtout par le pays d’ « accueil » qui ne doit pas assurer la formation de base du travailleur (c’est un pays du monde néocolonial qui en a payé le haut coût), qui en retire le bénéfice immédiat et qui renvoie le colis au pays d’origine quand la pénurie est comblée. L’ « immigration choisie », c’est le contraire de la bien connue délocalisation d’entreprise – dans ce cas-ci, on délocalise la main d’œuvre pour permettre aux entreprises belges de rester dans le pays – mais le but est le même : faire un max de profit en payant le moins possible.

    Il y a aussi une autre catégorie d’étrangers que les patrons aiment bien : ceux qu’ils peuvent faire travailler en noir, à bas salaires et sans sécurité sociale et d’emploi dans les jobs peu ou pas qualifiés de certains secteurs (bâtiment, horeca). Mais qu’est-ce qui peut bien forcer un étranger de travailler dans de telles conditions ? Mais simplement le fait de ne pas avoir de papiers et de vivre dans la peur d’un contrôle de police, prélude à l’expulsion du pays. C’est pourquoi le patronat et les libéraux sont tellement opposés à une régularisation générale des sans-papiers : parce qu’elle les priverait rapidement d’une main d’œuvre qu’ils peuvent exploiter si facilement dans les conditions actuelles.

    Et pour les autres, ceux qui ne sont ni des « cerveaux » ni des « petites mains » ? Et bien, comme personne ne les a appelés ici, il n’y a aucune raison de se gêner pour les renvoyer chez eux… ce qui est en plus un excellent moyen de rappeler aux « privilégiés » qu’ils ont intérêt à se tenir à carreau.

    Echec assuré

    Cette politique d’immigration sélective pose – au moins – deux questions. Est-elle tenable (pour les patrons et leurs politiciens) ? Est-elle acceptable (pour tous les autres) ? La réponse est deux fois non.

    L’Europe et les USA peuvent blinder leurs législations contre l’immigration clandestine, construire des murs et des camps de détention aux frontières et bourrer les charters de retour, ils n’arriveront jamais à contenir la pression de l’immigration. Parce que les problèmes du monde néocolonial (créés par le pillage colonial, puis par l’exploitation forcenée de ces pays au profit des multinationales et des Etats occidentaux) sont colossaux : sous-développement économique, surpopulation, pauvreté massive,… Parce que la croissance que connaissent une partie de ces pays est tellement inégalitaire qu’elle ne permet pas ni de rattraper le retard sur les puissances capitalistes développées ni de résoudre les problèmes sociaux dans ces pays. Parce qu’au cours de ces derniers mois, la crise économique et la spéculation sur les produits alimentaires ont aggravé la situation pour des centaines de millions de gens (1). Et parce que tout cela n’offre souvent comme perspective à des dizaines de millions de jeunes que de tenter de gagner le Nord afin d’y trouver un boulot et un salaire pour vivre et pour faire vivre leur famille restée au pays. Les lois et les murs pourront peut-être freiner ce processus mais certainement pas l’arrêter.

    D’autre part, cette politique est inacceptable à tous points de vue. L’application d’une immigration « choisie » – c’est-à-dire sélective en fonction des besoins du patronat – transforme les travailleurs « sélectionnés » en simples pions que les capitalistes déplacent à leur gré d’un pays à l’autre et elle contraint les « non choisis » à la clandestinité et au travail en noir. Elle crée chez nous une concurrence « légale » entre les travailleurs qualifiés du pays et ceux qui sont importés d’ailleurs et une concurrence « sauvage » parce que non réglementée (vu la clandestinité de certains) entre travailleurs non qualifiés. Et elle prive les pays du Tiers-Monde de travailleurs qualifiés qui pourraient être utiles à son développement… après avoir fait payer à ces pays le coût de la formation de leurs travailleurs.

    C’est pourquoi, à l’immense hypocrisie de cette « immigration choisie » nous défendons une politique complètement opposée. Le droit des travailleurs à chercher librement dans un autre pays un emploi et une vie décente pour eux et leur famille s’ils estiment ne pas pouvoir en trouver chez eux. La régularisation des sans-papiers parce que c’est une condition indispensable pour unir les travailleurs locaux et immigrés dans nos pays. La défense intransigeante des conditions de salaires et de travail conquises par le mouvement ouvrier dans nos pays pour éviter que l’arrivée de travailleurs étrangers ne permette aux patrons de casser le marché du travail et la protection sociale. L’aide aux syndicats et aux organisations populaires dans le monde néocolonial pour qu’ils puissent améliorer eux aussi les conditions de vie des populations locales. La solidarité entre travailleurs partout dans le monde. L’expropriation des multinationales afin de dégager les moyens pour mener une réelle politique de développement. Et une réorganisation de la production au niveau mondial sous le contrôle des travailleurs, de manière à pouvoir trouver des solutions économiques et écologiques durables au bénéfice de l’écrasante majorité des populations. En bref, une politique réellement socialiste.


    1. Voir le dossier sur la crise alimentaire dans l’AS n° 132 de juin 2008


    > Dossier "Sans-papiers" de ce site

  • Fuite en avant pour sauver la planète ?

    Relance du nucléaire

    De plus en plus confrontés à l’évidence du réchauffement de la planète, les politiciens traditionnels sont à la recherche de toutes sortes de mesure qui leur permettraient de produire de l’énergie plus proprement. Une des solutions avancées est une extension du parc nucléaire en Europe, afin de remplacer les vieilles centrales au gaz et pétrole. Or ceci constitue plus une fuite en avant qu’une véritable solution.

    Par Gilles, MAS Mons

    En Belgique, on trouve deux centrales nucléaires en activité : celle de Tihange (Huy, 3 réacteurs) et celle de Doel (Anvers, 4 réacteurs). Toutes deux ont été construites il y a environ 30 ans et l’âge de la retraite devrait approcher… si ce n’est que les gouvernements successifs n’ont cessé de repousser encore et encore la date de fermeture de ces réacteurs. Alors que la durée d’usage avait déjà été prolongée à quarante ans, le gouvernement Leterme a décidé d’octroyer vingt ans de plus aux centrales belges : il faudra donc attendre jusqu’à 2035 pour assister à la fermeture des centrales (au lieu de 2005 comme initialement prévu).

    Le gouvernement et leurs amis d’Electrabel se justifient en disant que la remise à neuf des centrales coûterait cher et que cette hausse des coûts serait d’office répercutée sur la facture (comme si Electrabel ne pouvait pas se permettre cet investissement !). D’autre part, ils prétendent que les centrales nucléaires sont sûres et non polluantes. Leurs arguments semblent avoir porté, puisque récemment 6 Belges sur 10 se disaient d’accord pour ce maintien. Mais le récent incident de Fleurus (près de Charleroi) a remis en question tous ces beaux discours sécurisants.

    Que s’est-il passé à Fleurus ? Une fuite s’est produite à l’Institut des Radio-Elements (IRE), un établissement public-privé chargé de produire des isotopes radioactifs à des fins médicales, et celle-ci a contaminé toute la région. Ceci représente le plus grave incident nucléaire en Belgique. Cependant la population locale n’a été prévenue qu’une semaine après les faits, avec des avertissements du type « Ne mangez pas les légumes de votre jardin ». L’exploitant a tenté d’étouffer l’affaire jusqu’au dernier moment par crainte des répercussions, tandis que l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) s’est révélée totalement inefficace : incompétence des responsables (beaucoup ont obtenu leur poste uniquement via leurs relations politiques), matériel inopérant, etc.

    Les incidents nucléaires se sont multipliés au cours des dernières années : en 2006 en Suède, on est passé à deux doigts d’un nouveau Tchernobyl lorsque le système de secours de la centrale de Forsmark est tombé en panne. Les scientifiques chargés de la surveillance ont avoué que seul le hasard a permis d’éviter la catastrophe. Cet été en France, des fuites ont été révélées près d’une centrale de la Drome, contaminant le personnel et peut-être les récoltes. Des accidents graves et parfois mortels se sont également produits en Hongrie et au Japon au cours des cinq dernières années.

    Plutôt que de vouloir sérieusement investir dans des énergies inoffensives telles que la biomasse, l’éolien, le marémoteur, le solaire… les capitalistes et leurs politiciens préfèrent se tourner vers des solutions hautement rentables sur le court terme, mais pleines de risques pour le présent comme pour l’avenir. Car où stocker de manière sûre les déchets nucléaires provenant des centrales ? Même les agences de contrôle sont soumises à la loi du profit et des jeux politiques, ce qui les rend inaptes. Et évidemment, on cache tout cela à la population.

    Une production véritablement verte est incompatible avec le système capitaliste. Pour sauver la planète, préparons la révolution écologique ! Qui sera aussi une révolution socialiste.


    Le prestige et les profits avant l’environnement et le pouvoir d’achat

    Sous la pression des entreprises et des politiciens, sans participation ni consultation de la population, plus d’un milliard d’euros des impôts va être consacré au projet de prestige de la liaison Oosterweel!

    Cette liaison doit passer au dessus de certains quartiers et mettre en danger la santé des habitants avec la masse de particules fines diffusée par les voitures et les camions. Résistance Internationale lutte pour plus d’investissements pour des transports en commun gratuits et des solutions comme un tunnel qui pourrait récupérer et purger l’air des particules fines.

    Le 25 octobre il y aura un festival anticapitaliste pour l’environnement à Anvers, nous discuterons entre autres de la lutte contre le projet de la liaison Oosterweel, en plus de discussions sur l’énergie, la surpopulation, la crise alimentaire, les catastrophes naturelles, etc. Un meeting et des concerts suivront en soirée. Participe à nos campagnes sur l’environnement ! (Plus d’infos : 02/345.61.81)


    Liens:

  • Les femmes, premières victimes de la crise

    La baisse du pouvoir d’achat touche tous les travailleurs, mais les plus pauvres sont bien évidemment frappés plus violemment encore. Selon bon nombre d’études, en Belgique, environ 15% de la population seraient en dessous du seuil officiel. Cela correspond concrètement à un revenu mensuel de moins de 860 euros par mois pour un isolé, soit moins de 60% du revenu moyen par habitant.

    Par Marie, MAS-Liège

    Dans le panier d’un ménage pauvre, la part de frais de nourriture atteint 27% des allocations, et celle du logement, 42,5% (moyenne wallonne : 26%). Afin d’endiguer la précarisation, le président de la Fédération wallonne des CPAS réclame une augmentation des allocations au niveau du seuil de pauvreté, ce qui signifierait pour un isolé passer de 698 à 860 € et pour une famille avec enfant de 930 à 1548 €. Cela correspondrait à un coût de 1,25 milliards d’euros, équivalant à la moitié de l’avantage fiscal octroyé aux entreprises par le biais de la déduction des intérêts notionnels !

    Les personnes les plus touchées par la précarité sont les femmes âgées isolées n’ayant qu’une petite pension, les mères isolées n’ayant qu’un seul revenu et enfin les femmes mariées au foyer qui sont dépendantes de leur conjoint. Les femmes sont donc en première ligne : 16,2% sont touchées par la pauvreté contre 13,8% des hommes, et dans les familles monoparentales le fossé s’accroît : 26% des femmes sont touchées contre 12% des hommes. D’autres facteurs jouent dans ce sens, notamment le travail à temps partiel qui compte 80% de femmes, ou encore la féminisation de certains secteurs (l’enseignement, le textile, le social, le travail ménager…) les moins bien rémunérés et les moins considérés.

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