Blog

  • Wallonie- Bruxelles. L’avenir en France ?

    Le rattachisme a fait un carton cet été dans la presse francophone. Tout a commencé le 29 juillet quand Le Soir a titré « Un Wallon sur deux se verrait bien français ». Le Journal du Mardi a embrayé, en faisant sa couverture sur « La tentation française » tandis que Le Vif consacrait un long article intitulé « Et si la Belgique éclatait… » à analyser ce qui se passerait si les Wallons devenaient Français, de l’instauration d’un impôt sur la fortune au changement de couleur des plaques routières. Pourquoi un tel emballement ?

    Par Jean Peltier

    Le prétexte immédiat a été la publication dans Le Soir du 29 juillet des résultats d’un nouveau sondage sur la crise communautaire. Celui-ci permet de mesurer l’ampleur de l’évolution des esprits un an après les élections et le début de la crise politico-communautaire. 93% des Wallons pensent aujourd’hui que la crise est grave. Plus frappant : alors qu’un précédent sondage en janvier montrait que 16% des Wallons pensaient que la Belgique allait disparaître, ce chiffre est monté six mois plus tard à 23% tandis que le nombre d’indécis a triplé de 6 et 18%. Et surtout, ce nouveau sondage révèle qu’en cas d’éclatement du pays, 49% des Wallons seraient favorables au rattachement de leur région à la France, alors qu’ils n’étaient que 29% au début de l’année !

    Evidemment toute l’hypothèse rattachiste repose sur un petit détail : c’est qu’il faut d’abord que la Belgique éclate ! On en est encore loin. Le patronat n’en veut pas, les syndicats n’en veulent pas, les partis n’en veulent pas et la grande majorité de la population n’en veut pas. Seul le Vlaams Belang est officiellement indépendantiste (mais il est en relative perte de vitesse). Tout le reste du mouvement autonomiste flamand (l’organisation patronale des PME, la N-VA, la Liste Dedecker, une partie du CD&V,…), même s’il s’est radicalisé, en reste à une perspective « confédéraliste » qui viderait l’Etat belge d’une grande partie des pouvoirs qui lui reste sans pour autant le faire disparaître.

    D’autre part, la réalisation du rattachement serait tout sauf une partie de plaisir. Il faudrait négocier pour la séparation un accord sur tous les points qui n’auraient pu être résolus auparavant dans le cadre belge : comment fixer les nouvelles frontières (avec des référendums locaux ou pas), répartir la dette publique énorme de la Belgique,… Il faudrait régler la question de l’avenir de Bruxelles. Il faudrait obtenir l’accord de l’Union Européenne (qui n’aurait aucune envie que l’éclatement de la Belgique ouvre la voie à des revendications d’indépendance de la Catalogne, de l’Ecosse, du Pays Basque,…). Autre chose que des « détails » !

    Le fait que l’hypothèse rattachiste prend du poids est certainement le résultat de ce qui est perçu au sud comme l’arrogance et l’agressivité des politiciens flamands. Mais il traduit aussi le fait que l’autre alternative en cas d’éclatement de la Belgique – une indépendance de la Wallonie, avec ou sans Bruxelles – n’est pas perçue comme réaliste. Beaucoup de Wallons craignent qu’une telle indépendance couplée à l’arrêt des transferts financiers fasse plonger l’économie wallonne au niveau de la Calabre ou de la Slovaquie. En ce sens, le succès naissant du rattachisme montre aussi l’échec de l’establishment wallon (y compris des « ultra-régionalistes » au sein du PS et de la FGTB) à faire naître une vraie « nation » wallonne.

    Le rattachisme reste aujourd’hui une perspective marginale. Mais si la crise politique larvée continue tout au long de l’année (ce qui est prévisible) et que les élections de 2009 ne clarifient pas la situation (parce qu’elles débouchent soit sur un statu quo général, soit une radicalisation au profit de la droite dure flamingante), la négociation de la fameuse réforme de l’Etat risque de devenir encore plus difficile et certainement plus explosive. Mais ce n’est que si un chaos politique s’installait durablement que l’hypothèse de la fin de la Belgique deviendrait un peu moins… hypothétique !

  • 20/09 Action internationale contre la conférence raciste à Cologne …

    … Viens avec nous en minibus: départ le vendredi 19/09 à 20h

    Du vendredi 19 au dimanche 21 septembre, le groupe d’extrême-droite Pro Köln organise une conférence anti-islam à Cologne pour laquelle ils annoncent un millier de participants de toute l’Europe, dont beaucoup sont ouvertement néo-nazis.

    Parmi les orateurs invités, on trouve entre autres des responsables du FPÖ autrichien, du FN français (Le Pen en personne), du Vlaams Belang, de groupes néonazis hongrois,… Les organisateurs ont planifié une manifestation dans le centre ville, qui a été autorisée malgré les protestations. Pro Köln veut présenter un profil acceptable vers l’extérieur mais il a noué d’innombrables liens avec tout le gratin néonazi.

    La conférence se tient officiellement contre « l’islamisation ». En réalité, les partis néofascistes utilisent l’extrémisme de droite islamiste pour stigmatiser et viser tous les immigrés originaires des pays dits musulmans. Pro Köln se présente comme « en résistance » contre « la turquisation » de Cologne. Après la chute de l’URSS, l’administration Bush a utilisé les attentats du 11 septembre pour renforcer la diabolisation de l’Islam afin de justifier leur politique de guerre.

    L’extrême droite en Europe cherche à profiter de cela en jouant sur cette peur. Dewinter, du Vlaams Belang, a démarré une campagne contre la vente de produits halals dans les supermarchés. Il a expliqué que « La montée des produits halal prouve que la communauté musulmane continue de s’éloigner de la sphère d’influence occidentale. En outre, je me demande dans quelles mains aboutissent les revenus de ces produits ». Le meeting raciste du Front National intitulé « Molenbeek : Paradis ou enfer Multiculturel ? » vise à assimiler l’insécurité à la présence de riverains majoritairement d’origine musulmane.

    L’extrême droite pointe du doigt un bouc émissaire comme responsable de tous nos problèmes. Partout en Europe, on est confrontés à un manque d’emplois décents, de logements à un prix abordable, d’écoles, de services publics de qualité, vu le manque de moyens qui y sont accordées. Ces manques sont dus à la politique antisociale qu’ont mené tous les politiciens traditionnels. En parole, tous les politiciens sont contre le racisme mais en pratique c’est leur politique qui crée ces manques qui permettent aux idées racistes de s’épanouir.

    De nombreuses organisations, parmi lesquelles le SAV (notre organisation sœur en Allemagne) et Solid (l’organisation des jeunes de la nouvelle formation de gauche « Die Linke »), mobilisent pour une manifestation à 9 h le matin du 20 septembre avec l’objectif de bloquer le début de la conférence prévu à 12 h. Nous nous servons de méthodes d’action et de stratégies qui sont adaptées à chaque situation : nous tenons compte de la perception de telle ou telle action par les couches plus larges de la population dont le soutien est pour nous une condition sine qua non à un succès. Le blocage doit avoir un caractère massif ; chercher la confrontation est incompatible avec cette stratégie car ça aboutit à ce que le message des manifestants soit passé sous silence. Comme l’extrême-droite essaie de s’organiser sur le plan européen, les antifascistes ne peuvent pas rester enfermés dans leurs frontières. La solidarité internationale est une idée qui appartient à notre camp !

    Inscris-toi pour réserver ta place en versant 25€ (15€ pour les écoliers) sur le compte 001-2282409-75 avec la mention "bus Cologne" avant le 13 septembre. Il y aura des départs en minibus le vendredi 19 septembre à 20h de plusieurs villes de Belgique – retour le 20 au soir. Le logement est compris – prends ton sac de couchage et ton matelas.

    Soutiens cette campagne et la participation d’une délégation de Résistance Internationale à la manifestation en versant un soutien sur le compte 001-2282409-75 avec la mention “soutien bus Cologne”.

    Lieux de départ des minibus – 19/09 – 20h:

    • Anvers : Berchem
    • Bruxelles : Gare du Nord
    • Gand : Dampoort
    • Liège : place du 20 Août

    Plus d’infos au 02/345.61.81


    CALENDRIER de nos campagnes:

    • De la colère à l’action organisée: Résistance Internationale!
    • 20 septembre: Manifestation contre un Congrès anti-islam organisé avec la participation du Vlaams Belang
    • 4 octobre: Action contre la conférence du Front National à Molenbeek (BXL)
    • 25 octobre: Festival "Environnement" de Résistance Internationale à Anvers
    • 6 décembre: Action pour le Climat à Bruxelles
    • 5 mars 2009: Manifestation anti-NSV à Louvain
    • 8 mars 2009: Action dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Soutenez notre travail, faites un don au MAS/LSP !

    Versez votre don ou un soutien mensuel (par ordre permanent bancaire) sur le compte n° 001-2260393-78 avec la communication « don ».

    Pour toute information supplémentaire, n’hésitez pas à nous contacter : info@socialisme.be ou finances@lsp-mas.be.
    [/box]


    Liens:

  • Pour un parti syndical !

    Avec et autour de la base syndicale, un nouveau parti des travailleurs est nécessaire :

    Voilà déjà plus d’un an que la crise économique se précise peu à peu mais, pour la première fois, il semble probable que la Belgique entre actuellement dans une vraie récession. En bref, le pire est encore devant nous : restructurations et fermetures d’entreprises, chômage en forte croissance et sacrifices douloureux.

    Par Eric Byl

    De nombreuses familles de travailleurs devront faire face à cette situation, sans réserves ou en puisant dans une épargne déjà fortement entamée par l’inflation galopante de ces derniers mois. Les patrons ont déjà prévenu que la compétitivité des entreprises devrait être garantie avant toute autre chose. Dès lors, si les travailleurs ne bougent pas, eux et leurs familles seront, une fois de plus, les victimes.

    La politique aujourd’hui : à sens unique.

    Les propositions patronales fusent de tous côtés : continuer à détricoter le lien entre les salaires et les prix assuré par l’index, diminuer fortement les prestations des services publics et donc le nombre des fonctionnaires, et surtout réduire linéairement les charges des entreprises. Les patrons disent – comme le FMI, la Commission Européenne et la Banque Nationale – qu’il faut absolument éviter la « spirale infernale salaires-prix ». Dès lors, pour éviter que les prix augmentent – et puisqu’il est impensable pour eux de réduire leurs profits record – il faut donc bloquer ou réduire les salaires.

    Chaque débat politique est une attaque à sens unique contre les acquis des travailleurs et leurs familles. Lorsque nous descendons à plusieurs dizaines de milliers dans la rue, comme lors de la semaine d’actions en juin, aucun politicien ne se montre. Mais lorsque quelques centaines de demi-portions viennent brandir le drapeau au Lion flamand, le pays s’en trouve retourné pendant une année entière. Les sondages montrent pourtant qu’en Flandre, seule une petite minorité de la population adhère à la surenchère nationaliste. Comment cela se fait-il ? Une petit minorité est politiquement sur-sur-sur-représentée.

    Les politiciens, déjà bien payés durant leur carrière, obtiennent encore un salaire supplémentaire à la fin de celle-ci, grâce à des postes bien rémunérés dans les organes de direction des entreprises du pays. Les libéraux, les démocrates-chrétiens, les nationalistes flamands et, hélas aussi, les « socialistes », représentent tous des secteurs – parfois différents, d’autres fois identiques – de l’establishment du pays. Si un parti ne satisfait plus, alors, à partir de rien, on en recrée un dont l’image est sans cesse imposée dans les médias et qui, grâce à une campagne publicitaire qui coûte des millions d’euros, franchit rapidement le seuil électoral. Les patrons utilisent leur pognon et leur influence pour s’attacher des représentants politiques loyaux.

    Les travailleurs devraient utiliser leurs syndicats afin de veiller à avoir leurs propres représentants politiques. Ceux-ci sont, hélas, aujourd’hui toujours rivés à la social-démocratie pour les Rouges, et à la démocratie-chrétienne pour les Verts. La dernière fois qu’ils ont pu réaliser une revendication défendue par les syndicats remonte à un demi-siècle avec la création du statut des VIPO. Depuis lors, ils hurlent avec les loups néolibéraux. Quand la base syndicale FGTB et ses représentants se permettent de rappeler le PS à l’ordre, on leur reproche de « faire le jeu de la droite ». Les supposés représentants de la CSC dans le PSC puis le CDH sont noyés parmi les notables et les représentants des classes moyennes et du patronat.

    Le manque de représentants sérieux des travailleurs explique pourquoi les gouvernements respectifs ont pu traverser les grèves de 1993 contre le Plan Global et de 2005 contre le Pacte des Générations et, ensuite, faire passer leurs plans de façon quasi-unanime au parlement.

    La Centrale Générale FGTB : « Il faut en finir complètement avec la politique libérale »

    En automne, les travailleurs devront à nouveau descendre massivement dans la rue. Le 28 juillet, la Centrale Générale de la FGTB a déjà lancé un appel dans ce sens. Le MAS soutient cet appel. On peut lire dans celui-ci : « S’il existe encore une gauche politique dans ce pays, elle doit réunir toute son énergie et sa créativité afin d’élaborer une autre politique fiscale et salariale. Il faut en finir complètement avec la politique libérale ».

    Nous supposons que c’est une manière de parler et que la Centrale Générale sait pertinemment que la « gauche politique » qui devrait réaliser cela n’existe, hélas, pas de nos jours au parlement. Et, malgré tout le respect pour les deux plus grands partis non-parlementaires, le PTB et le MAS – et bien qu’un cartel de ces deux partis lors des élections européennes serait un signal épatant – aucun des deux, ni même les deux ensemble, ne dispose des moyens nécessaires pour former cette « gauche politique » à partir de rien.

    C’est en partant de la même inquiétude que celle de la Centrale Générale que le MAS appelle déjà depuis quelques années à la création d’un nouveau parti large des travailleurs qui réunirait tous les courants prêts à lutter contre la politique néolibérale. A la suite de la lutte contre le Pacte des Générations, le CAP semblait être un bon début dans cette voie. Hélas, ses responsables, les anciens députés SP.a Sleeckx et Van Outrive et l’ancien secrétaire général de la FGTB Debunne, ont laissé passer les chances aux moments décisifs.

    Le MAS continue de penser que la FGTB doit rompre avec le PS et le SP.a et la CSC avec le CDH et le CD&V. Nous sommes partisans d’un nouveau parti large des travailleurs, construit avec et autour de la base syndicale. Un parti syndical donc, pas dans le sens d’un parti qui traduise politiquement les intérêts de l’appareil syndical, mais bien d’un parti qui donne la parole à ceux qui vivent à la base.

    Un tel parti devrait prendre appui sur la riche expérience de la base syndicale, tant en ce qui concerne son programme que ses principes d’action. Il pourrait sélectionner ses représentants parlementaires suivant les mêmes principes que la FGTB et la CSC quand elles présentent 115.000 candidats lors des élections sociales : des candidats qui représentent leurs collègues à leurs propres risques et sans percevoir le moindre cent ! En gardant pour eux le salaire moyen d’un travailleur, ces représentants élus pourraient consacrer fort utilement le reste de leur salaire de parlementaire à soutenir les travailleurs dans leurs luttes et pour construire le mouvement.

    La présence d’un parti syndical avec de tels principes ferait disparaître les châteaux gonflables que sont la Liste Dedecker et même le Vlaams Belang. Sur le lieu de travail, chaque délégation syndicale est confrontée à des opinions de toutes sortes. Pour être forte face au management et au patron, elle a pourtant besoin d’unité. La seule façon d’atteindre cette unité n’est pas d’imposer le silence sur le lieu de travail mais bien de mener un débat démocratique et, aux moments cruciaux, de prendre les décisions à l’aide de votes démocratiques, ce qui n’empêche pas de rediscuter l’affaire par après, si les conditions se mettent à changer. Pour un parti des travailleurs qui utiliserait ces méthodes démocratiques, la diversité ne constituerait pas une menace mais bien une force.

  • Week End “Retrouvailles” 2008: Près de 240 journaux vendus!

    Chaque année se déroule à Liège un WE où les associations liégeoises peuvent présenter leurs activités dans le Parc de la Boverie. C’est l’occasion pour des milliers de personnes de venir rencontrer dans un cadre détendu différents groupes, dont Résistance Internationale, la campagne jeune du Mouvement pour une Alternative Socialiste. Malgré une faible présence de militants le samedi pour cause de campagne antifasciste et un temps assez capricieux le dimanche, nous avons pu vendre pas moins de 239 exemplaires de notre mensuel l’Alternative Socialiste (notre record à Retrouvailles) et récolter 130 euros de fonds de lutte, essentiellement grâce à nos livres et brochures. Plusieurs personnes ont également fait part après discussion de leur volonté d’approfondir leur connaissance de nos idées et de nos méthodes afin de rejoindre notre parti. Cette activité a été une occasion de plus de vérifier l’ouverture qui existe dans la société pour nos idées.


    Lien:

  • Les coûts salariaux sont-ils trop élevés ?

    L’OCDE vient d’annoncer que les salaires augmentaient plus vite dans notre pays que dans les pays voisins. Dans le cadre d’une crise économique menaçante, l’argument des coûts salariaux est de nouveau mis en avant dans chaque discussion sur l’augmentation des salaires. En plus, cet argument est aussi agité pour souligner le danger d’une spirale d’augmentation des prix. Qu’y-a-t-il de vrai là-dedans ?

    Les profits augmentent, les salaires réels pas

    Tout d’abord il faut relever que la part des salaires dans le Produit Intérieur Brut belge (PIB – qui représente la valeur de tout ce qui a été produit en un an dans le pays) ne cesse de diminuer par rapport à celle des profits des entreprises. Pour la première fois depuis 1971, la part des salaires est tombée en 2006 en dessous de la moitié du PIB. En 1981 elle était encore de 58%. Ceci veut dire que les salaires ne suivent pas les augmentations de productivité.

    Entre 2002 et 2006, les salaires ont augmenté de 13% (un peu plus de 2% par année en moyenne) tandis que les profits des entreprises progressaient de 26%. Dans un PIB de 300 milliards d’euros, les profits des 30.000 plus grandes entreprises représentent aujourd’hui 77 milliards d’euros. Et ce n’est pas encore assez pour le patronat. Le FEB explique que la part des salaires dans le PIB hollandais ou allemand est encore plus faible et est même «10% plus basse qu’en 1970 ». C’est sans aucun doute ce qu’elle voudrait obtenir en Belgique aussi.

    Des frais salariaux qui augmentent trop vite ?

    Pour la période 2007-2008, une norme salariale de 5% a été déterminée, mais les augmentations de prix ont fait que les sauts d’index ont été plus nombreux que prévu. Beaucoup de travailleurs n’ont rien reçu en termes d’augmentation salariale au-delà des hausses d’index (qui ne donne en lui-même qu’une image tronquée de la montée des prix réels). En chiffres réels, nous avons régressé mais le patronat se plaint parce que la régression va moins vite que dans certains pays voisins !

    Cet argument mène à un cercle vicieux pour les travailleurs car le patronat pourra toujours trouver un autre pays avec des salaires encore plus bas. Adidas vient encore de le montrer en diminuant sa production en Chine, parce que les salaires y étaient devenus « trop élevés » en comparaison avec des pays comme le Laos, le Cambodge ou le Vietnam. On prétend que les salaires, en augmentant, alimenteraient une spirale de hausse – la production coûtant plus cher, les produits coûteraient dès lors plus cher – ce qui neutraliserait les effets positifs de l’augmentation salariale. A son époque, Marx avait déjà répondu à cet argument en disant que l’intérêt des capitalistes est d’augmenter les prix, qu’il y ait ou non augmentation salariale, parce que, pour eux, seuls les profits sont importants.

    Augmenter seulement les salaires nets ?

    La réponse des libéraux à la question du pouvoir d’achat est d’augmenter les salaires nets, sans augmenter le salaire brut. Cela peut apparaitre attirant et est déjà partiellement utilisé avec les « bonus salariaux » (sur lesquels aucune contribution à la sécurité sociale n’est payée et seulement très peu de charges). Plusieurs dirigeants libéraux – qui n’ont eux-mêmes pas de problèmes de pouvoir d’achat – plaident pour diminuer les contributions à la sécurité sociale des travailleurs, ce qui ferait ainsi augmenter leur pouvoir d’achat. Ils sont soutenus sur ce point par des fédérations patronales comme Agoria (métal) et Unizo (PME flamandes).

    Le problème avec ces propositions, c’est que ces diminutions ont évidemment des effets ailleurs. Ces pertes pour la sécurité sociale ou pour la fiscalité doivent être compensées autre part, par exemple par l’augmentation des taxes locales ou par la diminution des acquis sociaux ou des services publics.

    Pour les libéraux, dans leurs villas luxueuses, cela ne pose aucun problème : ils plaident pour continuer la privatisation de la sécurité sociale (par exemple par le biais des « deuxième et troisième piliers »). Pour éviter qu’une couche de plus en plus grande de la société soit exclue, nous avons au contraire besoin de plus de moyens pour la sécurité sociale, notamment pour mettre en place un service de soins de santé national.

    Nous disons : augmenter les salaires !

    Nous pensons que les salaires bruts doivent monter. L’indexation n’est pas suffisante : elle est déjà fortement minée et elle ne tient pas compte des hausses de productivité. Après les fortes augmentations de prix des mois passés, les négociations pour un accord interprofessionnel seront difficiles cet automne. Un appauvrissement collectif des travailleurs, comme celui de 2007-08, ne sera plus accepté.

    Les moyens pour de véritables augmentations des salaires et des allocations existent : il suffit d’aller les chercher dans les 77 milliards d’euros des 30.000 plus grandes entreprises du pays.

  • Néolibéralisme en crise – la fin d’une époque

    Crise économique, politique et sociale

    Plus aucun économiste digne de ce nom ne se permet de nier l’existence d’une crise économique, même si, afin de ne pas effrayer la population, certains (comme le candidat républicain à la présidentielle US John McCain) osent encore affirmer que « les fondamentaux de notre économie sont forts ». Cette crise, qui est sans doute loin d’avoir atteint son pic et dont nous ne ressentons encore que partiellement les effets, aura inévitablement des répercussions sur la gestion du capitalisme et sur les conditions de vie de milliards de travailleurs.

    Dossier de Stéphane, MAS Liège

    Subprimes et pouvoir d’achat: la crise à tous les étages!

    Cette crise a débuté il y a un an comme une crise purement financière à partir de la crise des subprimes, ces prêts hypothécaires à grands risques réalisés par des sociétés de crédit US. Dans l’incapacité de rembourser leurs prêts, des centaines de milliers de familles américaines se sont retrouvées à la rue. Mais, plus grave pour les capitalistes, de nombreuses banques se sont ainsi retrouvées avec un sérieux manque à gagner.

    Cette crise financière n’est évidemment pas restée sans conséquence sur l’économie réelle et ce sont les travailleurs qui ont une fois de plus payé pour l’incapacité du capitalisme à gérer l’économie correctement. Ainsi, la crise financière s’est rapidement propagée à d’autres secteurs comme l’alimentation ou l’énergie (qui a attiré beaucoup de capitaux spéculatifs : 81% des contrats pétroliers au Nymex, la bourse des matières premières à New York, sont aux mains de spéculateurs) provoquant ainsi l’inflation que nous connaissons depuis maintenant plusieurs mois.

    Ensuite, la crise s’est étendue à la production en tant que telle; plongées dans la tourmente, une série d’entreprises publiques et privées ont dû « assainir » ou « restructurer » (cochez le mot le moins choquant) comme en Espagne où 300.000 postes ont été supprimés, surtout dans la construction, ou en Californie où 22.000 fonctionnaires ont été licenciés. Une entreprise comme General Motors (Opel, Saab, Daewoo, Cadillac, etc.) qui a connu une perte de 15 milliards de dollars ne va sans doute pas se tourner les pouces en voyant ses profits baisser mais elle va tenter de réduire ses coûts en attaquant les salaires et/ou en licenciant.

    Cette crise que nous ressentons déjà avec vigueur en Europe et dans le monde occidental est sûrement encore plus dure à vivre dans les pays néo-coloniaux comme l’Afrique par exemple où les émeutes de la faim de succèdent.

    Et alors que le tableau semble déjà plus que sombre, le FMI annonce que si, pour l’instant, les pertes sont estimées à 400 milliards de dollars, une seconde vague de crise est possible et que les pertes finales devraient se situer autour de 1.000 milliards de dollars. Bref, c’est la crise à tous les étages!

    Les vieilles tactiques ne fonctionnent plus…

    Au cours des « trente glorieuses » (de1945 à 1975), la croissance avait été très forte et les avantages sociaux acquis par les travailleurs avaient considérablement augmenté. Quand la crise a éclaté, au milieu des années ‘70, les capitalistes ont expliqué aux travailleurs qu’il fallait limiter ces acquis pour la survie de l’économie. Au cours des trente dernières années, à chaque fois qu’une crise a pointé le bout du nez à la porte de l’économie et que l’ombre de la diminution des profits s’est profilée, les capitalistes ont toujours mis en avant que les travailleurs devaient faire des sacrifices, qu’il fallait se serrer la ceinture tous ensemble, etc.

    Aujourd’hui ce n’est plus possible : la croissance bancale des années ‘90 et 2000 n’a aucunement profité aux travailleurs. Celle-ci s’est en effet réalisée non par un progrès général de la société mais par la surexploitation des travailleurs, assurée tant par la précarisation du travail que par l’arrivée d’une nouvelle main d’oeuvre bon marché désormais disponible dans les anciens pays à régime stalinien nouvellement entrés dans le jeu capitaliste.

    Les riches et leurs enfants d’abord !

    Depuis la fin des années ‘70 jusqu’à aujourd’hui, le dogme néo-libéral a régné en maître sur la planète et parmi les penseurs du capitalisme. Suivant ses théoriciens Milton Friedman et Friedrich Hayek, la non-intervention de l’État dans l’économie était la règle d’or. On a alors procédé à des privatisations à tour de bras.

    Aujourd’hui, l’immeuble est en feu et les capitalistes coincés à l’intérieur appellent l’État à la rescousse. Celui-ci, après maintes hésitations par peur que le mythe du néo-libéralisme ne s’effondre, a répondu favorablement et a clairement fait passé le message : ça sera les riches et leurs enfants d’abord !

    Ainsi par exemple, la banque britannique Northern Rock, qui avait joué avec le feu en investissant dans les subprimes et qui s’y étaient brûlée, a été nationalisée par le gouvernement travailliste afin d’éviter la faillite. Celui-ci a donc fait sienne la devise de « privatisation des bénéfices et collectivisation des pertes ». De leur côté, les pouvoirs publics US ont injecté des sommes faramineuses pour sauver les grandes sociétés de crédit Fanny Mae et Freddie Mac.

    Dans le même temps, ces mêmes gouvernements qui n’hésitent pas à dépenser des millions de dollars pour sauver des entreprises et le portefeuille de leurs actionnaires continuent d’affirmer que les caisses sont vides et que, malgré la baisse du pouvoir d’achat, des augmentations salariales sont impossibles. Pourtant, comme le dit le dicton « qui veut, peut ». En réalité, les gouvernements – qu’ils soient « sociaux-démocrates » comme c’est le cas en Grande-Bretagne ou « libéraux » comme aux Etats-Unis – ont bien montré qui ils souhaitaient sauver : l’État-pompier vient tirer des flammes les multinationales et leurs actionnaires et laisse les travailleurs sur le carreau.

    La Chine pour sauver la baraque ?

    Certains économistes capitalistes rêvent que la Chine vienne sauver le monde de la crise et/ou qu’elle prenne le relais des États-Unis comme leader économique mondial. Mais ne nous y trompons pas, la structure économique de la Chine est complètement différente de celle des États-Unis. Le marché US est depuis longtemps le marché d’écoulement en dernier ressort de la production mondiale. Depuis le début de la crise, la production trouve de moins en moins de débouchés. La Chine, elle, a une économie principalement dirigée vers l’exportation et, malgré les dires de tous les admirateurs de la « république populaire », le niveau de vie des Chinois n’augmente que très peu. De plus, la Chine n’a pas été non plus épargnée par la crise et les entreprises chinoises procèdent elles aussi à des licenciements.

    Certains estiment que les capitaux chinois et asiatiques pourraient sauver les entreprises occidentales et il est vrai qu’ils font actuellement tout pour ce qu’ils peuvent pour sauver le marché occidental sans lequel ils ne trouveraient plus de débouchés pour leurs produits.

    Ainsi les investissements des fonds souverains en Occident vont en augmentant. Ces « fonds souverains » sont des capitaux appartenant à un État ou dépendant fortement de celui-ci., comme par exemple l’Abu Dhabi Investment Authority qui investit à travers le monde les revenus pétroliers des Émirats Arabes Unis ou encore la China Investment Corporation qui gère des capitaux de l’État chinois.

    Ces capitaux ont, selon certains économistes, l’avantage d’être plus stables et, à l’inverse des capitaux purement privés, de moins chercher le profit à court terme en ayant une vision à plus long terme.

    La fin d’une époque

    Même si ces capitaux peuvent avoir un effet bénéfique pour l’économie, les investissements de ces fonds souverains ne sont pas nécessairement bien accueillis, les États voyant avec peu d’enthousiasme leurs entreprises passer sous le contrôle de fonds d’Etat étrangers. Il est en effet inévitable qu’entrent en contradiction les intérêts du pays dans lequel les capitaux sont investis et les intérêts du pays investisseur. Ainsi par exemple, l’acquisition de ports US par un fonds d’investissement de Dubaï, petite monarchie arabe du Golfe pourtant grand alliée des Etats-Unis, n’a pas plu au gouvernement de George Bush qui a immédiatement forcé celui-ci à les revendre.

    Nous voyons ici comment le néo-libéralisme, fondé sur le désinvestissement de l’État et le libre-échange absolu, peut être mis de côté en cas de crise et de menace pour « les intérêts stratégiques » du gouvernement US.

    Cette méfiance vis-à-vis de ces fonds avait été bien résumée par un journaliste financier américain qui déclarait il y a quelques mois « Voulons-nous que les communistes (la Chine) ou les terroristes (Abu Dhabi, Qatar) possèdent nos banques ? Je prendrai n’importe lequel, je pense, parce que nous sommes tellement désespérés » ou encore par le chef du fonds souverain d’investissement norvégien qui disait « Ils ne nous aiment pas mais ils veulent notre argent ».

    La crise augmentant, on voit de plus en plus clairement comment le libre-échangisme et la globalisation font place au « chacun pour sa pomme ».

    Quelles conséquences pour les travailleurs?

    La crise, en définitive, devrait donc créer des tensions fortes entre États, entre impérialismes mais aussi entre classes sociales.

    En s’approfondissant, la crise intensifiera aussi la lutte pour le contrôle des ressources essentielles car un retour du protectionnisme signifie que chaque État devra plus que jamais compter uniquement sur lui-même et devra donc contrôler de manière sûre des ressources comme le pétrole ou le gaz. On vient d’en voir un exemple avec la récente guerre entre la Russie et la Géorgie qui n’est pas sans rapport avec le fait que la Russie voit l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan passer à travers le territoire de la Géorgie (l’allié privilégié des États-Unis dans le Caucase).pour transporter le pétrole de la Mer Caspienne et de l’Asie centrale en contournant la Russie.

    Mais la crise économique et un retour en grâce de méthodes protectionnistes risquent aussi de stimuler la colère de millions de travailleurs. Si l’État est capable de nationaliser pour préserver les profits des actionnaires, pourquoi ne peut-il pas nationaliser pour préserver les emplois des travailleurs?

    Il est clair que les premières conclusions tirées par les travailleurs seront de demander à l’Etat des réponses concrètes à leurs problèmes concrets. Mais l’expérience et l’intervention des marxistes seront décisives pour démontrer aux travailleurs que l’État est par nature un État au service des capitalistes et qu’il défend les intérêts de ceux-ci et non ceux de la majorité de la population. Seule une société où la production serait orientée et gérée par les travailleurs peut permettre de répondre aux besoins profonds de ceux-ci. Seul le socialisme peut sortir l’humanité des crises, des guerres et de la misère.


    1. Jim Cramer, CNBC Finance News Network, NY Times, 20/01/2008

    Liens:

  • Pas de fin en vue pour la crise politique

    Les vacances sont presque finies. Fin septembre, la N-VA tiendra un congrès où elle retirera sans doute son soutien au gouvernement. En attendant, les mauvaises nouvelles économiques pleuvent. Leterme a déclaré qu’il ne croit plus aux dates-butoirs. Mais les occasions de blocage au sein du gouvernement ne vont certainement pas manquer au cours des prochains mois.

    Anja Deschoemacker

    L’équipe Leterme va-t-elle survivre aux congrès du CD&V et de la NV-A ? Va-t-elle pouvoir fabriquer un budget qui tienne la route ? Des négociations communautaires vont-elles pouvoir vraiment commencer alors qu’on en est encore à se bagarrer sur qui peut participer à cette concertation : les deux « Etats régionaux » imaginaires (Flandre et Wallonie) dont parlent les partis flamands ou toutes les structures importantes de la Belgique, donc les trois Régions (y compris Bruxelles) et les trois Communautés (y compris la germanophone) ? Le gouvernement va-t-il pouvoir jouer un rôle actif dans les négociations sur les salaires qui s’annoncent ?

    La seule chose qu’on peut dire avec un peu de certitude est que tous les partis traditionnels craignent aujourd’hui des élections et que le gouvernement va faire tout qui est dans en son pouvoir pour tenir en place. Pour les politiciens professionnels du gouvernement, des élections signifient évidemment mettre en danger leur propre pouvoir d’achat ! Mais surtout les patrons les poussent à ne pas jeter le pays dans le chaos au moment où leurs profits sont mis sous pression par la crise économique.

    Avec ce nouveau budget, comme avec celui de l’an dernier, le gouvernement va certainement encore multiplier les promesses non chiffrées. La nécessité de faire quelque chose pour les revenus les plus bas est encore plus forte après cet été d’inflation record. Mais, en même temps, les patrons hurlent comme des enfants gâtés pour réclamer plus de cadeaux. Et on ne sait pas encore ce que le gouvernement pourra dépenser, alors qu’il devra peut-être aussi renflouer des banques fragilisées par les conséquences de la folle chasse aux profits qu’elles ont menée ces dernières années.

    Les négociations salariales s’annoncent très difficiles. Les « partenaires sociaux » vont-ils réussir à conclure un accord (ce qui n’a pas été le cas il y a deux ans parce que la direction de la FGTB n’a pas réussi à trouver une majorité dans ses rangs) ? Ou se dirigera-t-on vers une situation comme celle qu’a évoquée récemment (1). Cortebeeck, le président de la CSC, dans laquelle les secteurs devraient négocier séparément au printemps, ajoutant qu’un tel scénario serait « en faveur des secteurs forts, mais au détriment des secteurs plus faibles ».

    Le gouvernement va essayer par tous les moyens de faire payer la crise par les travailleurs et les allocataires sociaux. Au sein du gouvernement – comme de l’opposition parlementaire –personne ne mettra en avant le fait que les entreprises ont fait des profits record les dernières années et qu’on devrait utiliser cet argent pour protéger la population contre la hausse du coût de la vie et contre un nouvel élargissement de la pauvreté. En même temps, les partis traditionnels vont continuer à faire tourner sous nos yeux la grande roue communautaire. Avec les élections régionales et européennes – et peut-être fédérales – en vue, il va pleuvoir des provocations. Pourtant – parce qu’ils n’ont pas d’autre choix – ces partis finiront sans doute par aboutir à un accord, bien que cela ne se passera probablement qu’après les élections de juin 2009.

    Mais, d’ici là, nous devons lutter pour imposer nos propres revendications : un budget qui réponde aux besoins des gens qui vivent de leur salaires et de leurs allocations et une augmentation réelle du salaire brut en plus de l’index. Et nous devons nous préparer à faire face à des attaques encore plus sérieuses, une fois qu’un nouveau gouvernement disposera après juin 2009 d’une période de quatre années sans élections.


    1. Interview au Knack, 20 août 2008
  • Ensemble pour le pouvoir d’achat et l’emploi !

    FGTB/CSC: Rompez les liens avec le PS et le CDH !

    Avec et autour de la base syndicale, un nouveau parti des travailleurs est nécessaire : Pour un parti syndical !

    Les actions pour le pouvoir d’achat avant les vacances ont été massivement suivies. Pendant l’été, la gravité de la situation a été confirmée. En juillet, l’inflation a atteint 5,91% sur base annuelle. Les prix élevés de l’énergie et de l’alimentation font que la vie devient de plus en plus chère tandis que nos salaires peinent à suivre.

    Geert

    Mais quand nous réclamons des augmentations de salaire, on nous répond qu’il n’y a pas moyen et on nous brandit sous le nez la crise économique qui arrive. C’est un mauvais argument : dans la période de croissance économique des dernières années, les travailleurs et leurs familles n’ont pas connu de progrès : les salaires réels et la part des salaires dans le PIB (moins de 50% en Belgique) n’ont pas augmenté.

    Les crises de l’immobilier et du crédit aux Etats-Unis sont maintenant utilisées pour expliquer que nos exigences salariales sont irréalistes. Alors que les travailleurs et leurs familles ne sont en rien responsables de cette crise, les patrons voudraient nous faire payer la facture. Nous n’avons pas pu profiter de la croissance, pourquoi devrions-nous maintenant payer pour la crise ?

    Les grandes entreprises ont fait des bénéfices énormes ces dernières années. Comment ? En diminuant les « coûts salariaux » (lire : en mettant la pression sur nos conditions de travail et nos salaires) et en empochant les nombreux cadeaux fiscaux offerts par leurs « amis politiques » dans les divers gouvernements. En 2007, les 30.000 plus grandes entreprises ont fait ensemble 77 milliards d’euros de profit. Cet argent n’a pas été utilisé pour améliorer notre pouvoir d’achat, il a disparu dans les portefeuilles des grands actionnaires. Pour les top-managers et les actionnaires, il y a aucune norme salariale. Mais pour les travailleurs, chaque euro de notre salaire est une menace pour la compétitivité !

    Ils organisent notre misère, organisons notre lutte !

    Le patronat se prépare à de nouvelles attaques contre nos salaires et notre niveau de vie dès la rentrée. Nous devons préparer notre contre-offensive. La semaine d’action pour le pouvoir d’achat en juin était un bon début. Avec plus de 80.000 manifestants dans les rues, elle a dépassé toutes les attentes. La volonté de passer à l’action est donc bien présente. Malheureusement, à ce moment, les directions syndicales n’ont pas annoncé une action nationale (par exemple avec une grève générale) immédiatement à la rentrée, ce qui aurait donné la possibilité de mobiliser pendant tout l’été.

    Il faut un plan d’action discuté en impliquant la base, notamment avec des réunions interprofessionnelles régionales. Ce plan d’action pourrait ainsi déboucher sur une grève générale de 24 heures bien préparée.

    Nous n’obtiendrons « + de pouvoir d’achat par + de salaire » qu’en engageant la lutte. Et dans celle-ci, nous devrons être organisés sur le plan syndical mais aussi politique.

    Le problème, c’est qu’actuellement aucun grand parti ne défend les revendications des dizaines de milliers de manifestants (et des centaines de milliers qui les ont soutenu) pour le pouvoir d’achat. Nous avons besoin de notre propre parti qui défende les revendications syndicales.

  • De Crem engage une aventure militaire

    Les aventures de Crembo en Afghanistan

    Le gouvernement a beau être paralysé par la guéguerre communautaire que se mènent les partis traditionnels, il a quand même réussi à se mettre rapidement d’accord pour augmenter l’implication militaire de notre pays dans l’occupation de l’Afghanistan. La logique guerrière de De Crem a été suivie par ses collègues qui ont ainsi confirmé De Crem dans son rôle de nouveau bichon de Bush.

    Le conseil des ministres a approuvé la proposition de De Crem d’envoyer quatre avions F16 et cent militaires pour six mois dans le sud de l’Afghanistan. Ils vont participer là-bas à des situations de combat et entreprendre des actions à risque. Jusqu’à maintenant les troupes belges intervenaient surtout dans la garde de l’aéroport de Kaboul, ce qui était bien moins dangereux que la nouvelle mission à Kandahar.

    Sur la base de Kandahar, ils coopéreront avec les Français et les Néerlandais et pourront aussi participer à l’opération « Enduring Freedom » (Liberté Durable), une décision qui doit surtout plaire à Bush. Dans des situations d’urgence, les F16 pourront aussi voler au dessus du Pakistan. Enfin l’opération de va pas durer quatre mois comme prévu au départ, mais au moins six.

    Cet élargissement de la participation belge à la guerre et à l’occupation de l’Afghanistan vient à un moment étonnant. D’une part, parce qu’au même moment le Ministère de la Défense a du reconnaître qu’il avait encore dans ses tiroirs pas mal de factures non payées et que le budget de la Défense allait être largement dépassé cette année. Et d’autre part, parce que la guerre en Afghanistan (comme celle en Irak) est sans issue pour Bush et ses copains.

    Avec sa politique actuelle, De Crem, le Rambo du plat pays, marche gaillardement derrière les conservateurs va-t-en-guerre regroupés autour de Bush. Au moment où des centaines de millions de gens attendent impatiemment la fin de l’ère Bush, De Crem rejoint le club en déclin des bichons de Bush. Un autre membre de ce club, Sarkozy, est actuellement sur le grill à l’occasion de la mort de 10 soldats français en Afghanistan fin août. Avant cela, il avait déjà fait transférer des troupes supplémentaires dans ce pays malgré les sondages qui montraient que deux-tiers des Français y étaient opposés.

    En approuvant les propositions de De Crem, tous les partis du gouvernement – les libéraux, les chrétiens mais aussi le PS – prennent la responsabilité de la politique de guerre que De Crem veut mener. Les critiques de l’ancien Ministre de la Défense André Flahaut (PS) n’ont pas empêché ses camarades de parti dans le gouvernement se suivre De Crem.

    Un premier détachement est parti le 3 août avec le but de commencer réellement la mission en septembre. L’intervention militaire en Afghanistan va coûter cette année 5,2 millions d’euros. Alors qu’il n’y a soi-disant pas de moyens pour améliorer le pouvoir d’achat, on en a trouvé sans problème pour participer à la politique de guerre de Bush. De Crem espérait limiter l’opposition à cette mesure en la faisant passer en urgence au conseil des ministres en plein été. Vu que ce sont des actions militaires risquées que les soldats belges vont entreprendre en Afghanistan, ce ne sera sans doute qu’une question de temps avant le retour du premier cercueil qui revient. Entendra-t-on encore beaucoup l’arrogant De Crem à ce moment ?

  • Manifeste avec nous contre le Front National le 4 octobre

    En prévision des élections régionales de juin 2009, le « nouveau FN », reconstitué à la suite de l’écartement de Daniel Féret, et fort du ralliement de l’ancien FNB, passe à l’offensive. Le nouveau FN a l’ambition de mettre sur pied un véritable parti d’extrême-droite doté de structures efficaces. En s’affirmant « radicalement différent du vieux FN », il lance une opération de charme visant à se donner une nouvelle image, débarrassée des pratiques de gangsters et des sagas judiciaires qui ont dominé jusqu’ici son existence.

    Par Cédric, MAS Bruxelles

    Le parti néo-fasciste veut organiser un meeting pré-électoral le 4 octobre dans la commune de Molenbeek, sur le thème « L’insécurité, une catastrophe bruxelloise ». Le choix de la commune de Molenbeek n’est pas anodin : le FN entend cibler ce qu’il nomme les quartiers « les plus victimes de l’immigration ». Molenbeek étant en outre une des communes les plus pauvres de la région bruxelloise, avec un taux de chômage avoisinant les 40%, le FN a trouvé là un terrain fertile pour alimenter son discours attribuant tous les maux aux étrangers.

    Le FN : un néo-fascisme assumé…

    Le nouveau FN n’a rien renié de ses vieilles attaches idéologiques : Patrick Sessler, secrétaire général du parti, affirme ne rien regretter de ses rencontres avec Léon Degrelle, pas plus que de son salut nazi sur la tombe de Franco, dont le règne fut selon lui « salutaire » pour l’Espagne. Michel Delacroix, le président du parti, déclare quant à lui sans complexe : « Je déteste l’escroquerie structurelle qu’est le socialisme et tous ses avatars mous et ces dérivés. Je ne déteste pas Karl Marx: je le hais. Il est le paroxysme morbide du judéo-cartésianisme.»

    …au service des riches et des patrons

    Le FN prétend être le défenseur des citoyens ordinaires et des petites gens. Il n’y a rien de plus faux. Dans le débat sur la crise du pouvoir d’achat, le FN, en affirmant par exemple que « Nos entreprises sont handicapées par un coût de main d’œuvre parmi les plus élevés du monde », a clairement choisi son camp : celui du patronat. Sessler voit quant à lui dans l’imposition de la personnalité juridique aux syndicats « qui paralysent le développement économique et sont aujourd’hui l’une des causes du chômage », une des trois mesures les plus urgentes à appliquer dans notre pays.

    Nous ne pouvons laisser les néo-fascistes francophones s’organiser ! Le 4 octobre, Résistance Internationale organisera une manifestation dans les quartiers de Molenbeek pour dénoncer la tenue du meeting raciste du FN. Aidez-nous à construire cette mobilisation, non seulement pour démontrer en nombre notre opposition à l’extrême-droite, mais aussi pour avancer une réponse socialiste à la politique anti-sociale menée par les partis traditionnels.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop