Blog

  • A nouveau des actions en Iran

    Ces dernières semaines, le régime iranien a renforcé son contrôle à Téhéran. De nombreux membres des milices Basiji et des gardiens de la révolution ont, entre autres, pris position sur les places les plus importantes. Aux dires du commandant des gardiens de la révolution, ce n’était qu’une opération contre des trafiquants de drogue.

    Article de Reza Farnoud

    Les plus connus des dirigeants de l’opposition ont quant à eux appelé au calme. Mousavi a déclaré que le calme devait régner le «13 Aban» (hier). Karoubi a dit qu’il ne voulait participer qu’à une manifestation calme ou à un rassemblement silencieux. Khamenei et Ahmadinejad ont de leur côté brutalement et ouvertement prévenu des conséquences d’éventuelles actions en termes de répression. A cet effet, ils ont utilisé les médias ainsi que le sermon du vendredi.

    Le 4 novembre, toutes les rues autour de la place Enghelab et de l’université ont été fermées. Seuls les soldats pouvaient encore passer. Le centre-ville de Téhéran et d’autres grandes villes était sous le contrôle total de l’armée et des milices.

    Pourtant, les étudiants se sont réunis pour protester à 8h30, en scandant des slogans contre Khamenei, Ahmadinejad et la dictature. Ils se sont ensuite mis en marche et ont notamment été protester auprès des Nations Unies. Les gardiens de la révolution ont tiré sur les jeunes et ont aussi utilisé des gaz lacrymogènes.

    Dans l’après-midi, des concentrations d’opposants s’étaient formées à différents endroits centraux de Téhéran, dont la rue Karimkhan et les places Tir, Taleghani, Enghelab, etc. Des confrontations brutales avec la police, l’armée et les milices ont eu lieu. Vers 15h, plus de 250 personnes avaient déjà été emportées vers les hôpitaux.

    Les principaux slogans des manifestants étaient consacrés à la liberté et l’égalité ainsi qu’à la fin du règne d’Ahmadinejad, de Khamenei et de la dictature. Des slogans tels que «travailleurs, étudiants, unité» ont aussi été scandés. Ici et là, des slogans ont été lancés contre la Russie. Seuls deux groupes de manifestants (sur les 7 places de Tir et sur la place Enghelab) ont lancé des slogans favorables à Mousavi.

    D’autres villes comme Shiraz, Mashhad, Ishafan, Tabriz et Rashat, ou encore d’autre plus petites, ont également connu des manifestations. A Ishifan, le drapeau iranien a été brûlé tandis qu’à Téhéran, des photos de Khamenei ont été piétinées. Des slogans étaient inscris partout: sur les murs, les portes, les panneaux indicateurs,…

    Sur la place Enghelab à Téhéran, un grand groupe d’ouvriers des usines de la périphérie de Téhéran était présent. A Ahvaz, les ouvriers du pétrole sont partis en grève et ont enlevé les banderoles du syndicat islamique officiel pour les remplacer par les banderoles d’un syndicat indépendant.

    A ces actions, le fossé grandissant entre les dirigeants du «mouvement vert» et les manifestants eux-mêmes était frappant. Mousavi et Karoubi ont ensemble expliqué que le mieux que les manifestants pouvaient faire, c’était de rentrer chez eux pacifiquement. Ils ont aussi laissé entendre que les manifestants seraient stimulés de l’étranger. De son côté, Obama a saisi l’opportunité de ces actions pour exiger une nouvelle fois que Téhéran ouvre ses portes à l’occident, c’est-à-dire aux grandes entreprises occidentales.

    Les travailleurs et les jeunes qui descendent dans la rue ont la possibilité de changer de société. Pour cela, ils ont besoin d’un programme politique et de structures démocratiques capables d’organiser la protestation.

  • Interview du député européen irlandais Joe Higgins

    "Le ‘Oui’ au Traité de Lisbonne sera utilisé pour faire payer aux gens ordinaires le lourd prix de la crise dans les années à venir"

    Au lendemain du second vote sur le Traité de Lisbonne en Irlande, nous avons discuté avec Joe Higgins, député européen du Socialist Party en Irlande, notre parti-frère au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière. Le Socialist Party a joué un rôle prépondérant dans la campagne du référendum pour le « No » au Traité – en diffusant plus de 6.000 affiches et de 500.000 tracts. Joe Higgins a figuré quotidiennement en bonne place dans les médias.

    Propos recueilli par Paul Murphy

    Peux-tu expliquer pourquoi il y a eu 67% de «Oui» au traité de Lisbonne cette année?

    Il est très important de comprendre que le vote « Oui » ne signifie pas un soutien pour le gouvernement ou pour le Traité de Lisbonne. Une campagne massive exploitant la peur face à la crise a été menée par l’ensemble de l’establishment: le grand patronat est intervenu de manière très directe, l’ensemble des partis politiques de l’establishment et la majorité des dirigeants syndicaux ont brandi la menace de désastreuses conséquences économiques si le « Non » l’emportait une nouvelle fois. Dans le contexte de crise économique profonde, ils ont réussi à effrayer les gens en les poussant à voter « Oui » par peur des conséquences d’une victoire du « Non », et à utiliser l’espoir que l’adoption du traité pourrait améliorer les perspectives d’une reprise économique en Irlande.

    Mais cette victoire au référendum se révélera sûrement une victoire à la Pyrrhus pour les partisans du Traité. Le peuple irlandais a été inondé de promesses de redressement économique, d’investissements et d’emplois si le vote positif l’emportait. Mais Lisbonne ne pourra évidemment pas offrir tout cela. En lieu et place de cela, le résultat du référendum sera utilisé pour faire payer aux gens ordinaires le lourd prix de la crise dans les années à venir. Le mensonge de la reprise économique et les méthodes d’intimidation de la campagne du « Oui » reviendront hanter l’establishment et augmenter la colère dans la société. Une des caractéristiques les plus notables de la campagne a été son caractère inégal. J’estime que les partisans du Oui ont dépensé pour leur campagne 10 fois plus que ceux qui défendaient le Non. Ryanair et Intel ont, à eux deux, dépensé jusqu’à un million d’euros. Le caractère partisan des médias était également flagrant. Une étude a montré que, dans la dernière semaine de campagne, 65% de la couverture de la presse écrite appelait à voter « Oui » et seulement 15% plaidait pour un vote négatif.

    Peux-tu nous en dire plus sur la crise économique actuelle en Irlande?

    L’économie s’est effondrée de manière spectaculaire en Irlande. Le dernier rapport de la Commission Européenne dit que l’économie se contractera de près de 9% cette année. Pour bien comprendre l’impact de cette chute, il faut savoir que les taux de croissance du soi-disant « Tigre celtique » atteignaient régulièrement 8 ou 9% par an.

    La situation actuelle est due à une double crise du capitalisme irlandais. D’un côté, la récession internationale a eu un impact très important sur l’Irlande en tant qu’économie dépendante des exportations et des investissements étrangers directs. D’un autre côté, il y a également eu l’effondrement d’une énorme bulle immobilière interne, analogue à celle des États-Unis. La réalité est que les deux principales sources de la croissance économique dans les première et deuxième phases du boom précédent – les investissements étrangers directs, puis le boom de la construction – ont toutes deux été interrompues par la crise internationale et l’éclatement de la bulle immobilière. L’Irlande est aujourd’hui confrontée à une longue période de crise économique.

    Cela a entraîné une baisse significative du niveau de vie des travailleurs. Le chômage a explosé : il atteint maintenant le chiffre de 390.000 personnes. D’ici la fin de l’année prochaine, il pourrait s’élever jusqu’au chiffre ahurissant de 575.000 – c’est-à-dire, en pourcentage, plus qu’aux États-Unis pendant la Grande Dépression !

    Ceux qui ont encore un emploi, que ce soit dans le secteur privé ou les services publics, ont subi une série d’attaques. Les employeurs ont utilisé la récession pour tenter d’augmenter la rentabilité en attaquant les salaires et les conditions de travail.

    Quelle a été la réaction du gouvernement et des patrons face à cette crise?

    Le gouvernement repose sur une coalition du Fianna Fail, qui est le principal parti capitaliste, et du Parti Vert. Il a mené une politique néolibérale très dure, assurant le renflouement des banques tout en faisant payer la charge à la classe ouvrière. Pendant qu’ils proposaient de donner 54 milliards d’euros aux banques pour racheter les créances à risque, ils ont procédé à des milliards d’euros de réductions dans les services et les allocations publiques. Le budget de décembre contiendra sans aucun doute une nouvelle vague de coupes.

    Le gouvernement a commandé un rapport qui recommande des réductions de dépenses à hauteur de 5,4 milliards d’euros. Si toutes les coupes conseillées étaient mises en œuvre, il y aurait plus de 17.000 suppressions d’emplois dans le secteur public. Les soins de santé subiraient des réductions spectaculaires, avec plus de 6.000 suppressions d’emplois envisagées. Il existe également un plan visant à réintroduire des taxes sur l’eau, qui avaient été précédemment combattues par une campagne massive de non-paiement dirigée par le précurseur du Socialist Party.

    Comment ont réagi les travailleurs et les syndicats à cette politique?

    Il y a une colère énorme parmi les travailleurs contre la politique de ce gouvernement. Malheureusement, la direction syndicale a joué un triste rôle. Le Secrétaire général du Congrès irlandais des Syndicats a, de manière honteuse, marqué son accord avec la nécessité de réduire les dépenses et s’est juste montré en désaccord avec le calendrier – les coupes devraient, selon lui, être étalées sur une plus longue période.

    Le mouvement syndical a pourtant appelé ces derniers temps à de grandes manifestations nationales. Du point de vue de la direction syndicale, il s’agit de gagner une influence pour préparer la négociation avec le gouvernement afin d’atténuer les aspects les plus néfastes de ces assainissements. En février 2009, une manifestation particulièrement nombreuse a rassemblé 120.000 personnes et a débouché sur le projet d’une journée de grève générale, mais qui a ensuite été annulée par la direction syndicale.

    Le Socialist Party appelle à transformer de telles mobilisations en de véritables plans d’action pour combattre les plans budgétaires du gouvernement. Un appel de ce type de la part du mouvement syndical recevrait un appui massif des travailleurs et pourrait jeter les bases d’une chute du gouvernement sur la question du budget.

    Comment vois-tu les perspectives pour la gauche en Europe dans les années à venir?

    Au Parlement européen, sur la plupart des questions, une grande coalition s’opère entre les deux grands blocs, les « Socialistes & Démocrates » et le Parti Populaire Européen (démocrates-chrétiens et conservateurs). Cela a été illustré de manière frappante dans le débat sur Lisbonne, tant en Irlande qu’au niveau européen. En Irlande, le Parti travailliste [l’équivalent de notre PS dirupien – NDLR], en collaboration avec des secteurs de la direction syndicale, a joué un rôle délétère en essayant de créer l’illusion que Lisbonne créerait une Europe sociale. Au Parlement européen, ils ont collaboré avec les autres grands groupes pour proclamer à plusieurs reprises la nécessité vitale pour l’Irlande de faire passer Lisbonne.

    La principale question politique dans toute l’Europe est donc la nécessité de construire de nouveaux partis de masse des travailleurs. La dernière série d’élections a montré que les travailleurs cherchaient une alternative. Les médias avaient annoncé que les élections en Allemagne seraient une défaite pour la gauche et une victoire pour la droite. La réalité a été pourtant très différente. Tant le SPD (social-démocratie) que la CDU (démocratie-chrétienne) ont subi un recul, mais Die Linke a réalisé des résultats très importants, obtenant près de 12% des voix. De même au Portugal, où le Bloc de Gauche a fait une percée électorale importante, emportant près de 10% des voix, tandis que le Parti Communiste Portugais obtenait 8%. Le Bloc de Gauche et Die Linke ont désormais de grandes opportunités, mais seulement s’ils mettent en avant une stratégie indépendante, qui inclut l’opposition aux politiques pro-capitalistes de la social-démocratie.

    Ces résultats donnent de fortes indications du soutien potentiel qui existe pour les idées de gauche et socialistes parmi les travailleurs. Ils doivent être utilisés pour plaider en faveur de la nécessité et de possibilité de construire de nouvelles formations ouvrières dans d’autres pays. Je pense que le Comité pour une Internationale Ouvrière peut jouer un rôle important dans ce processus – en participant au développement de ces partis, et aussi en appuyant la nécessité cruciale d’un programme socialiste clair.

    www.joehiggins.eu

  • Villeroy & Boch : Les travailleurs du Luxembourg payent aussi la crise capitaliste !

    La crise n’épargne pas le Luxembourg. Outre les banques qui licencient, le Grand-Duché comporte aussi des industries touchées de plein fouet, notamment dans le secteur sidérurgique (ArcelorMittal) et automobile (Goodyear). Villeroy & Boch est un des fleurons historiques de cette industrie locale. Ou plutôt était. Car en mars dernier, la Direction annonçait la fermeture du site avec ses 230 salariés, malgré des bénéfices en 2008/2009 et après déjà 2 plans sociaux (2003=120 licenciés, 2006=180).

    Le comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg.

    Avec une arrogance révoltante de la part de la direction, ne voulant pas payer plus que les indemnités légales. Pendant plusieurs mois, les discussions ont piétiné, et la direction a continué de proposer des sommes dérisoires.

    De plus, «la direction a commencé dès Mars à mesurer le temps qu’il fallait pour démonter une machine et cela devant nos yeux!», expliquait une salariée.

    Les travailleurs avaient la volonté de mettre la pression dès le départ, mais ils en ont été dissuadés par leurs syndicats qui ne voulaient pas transgresser la loi luxembourgeoise, très restrictive sur le droit de grève. «Il aurait fallu réagir plus tôt, on a l’impression que c’est trop tard, les stocks de marchandises ont été vidés! Nous avons joué le jeu depuis Mars en assurant un travail de qualité!»

    Le 21 octobre, les salariés déclenchaient pour la première fois une grève pour se faire entendre dans les négociations. Mais la direction est restée ferme: 25,95€/mois d’ancienneté. Les travailleurs revendiquent 225€/mois, soit un peu plus que l’indemnité obtenue en 2003. «C’est la crise des patrons mais c’est nous qui payons», s’énerve une travailleuse.

    Le 26 octobre, les travailleurs ont manifesté devant le siège social à Mettlach (Allemagne) pour n’obtenir que 70€/mois de la part du patron; les ouvriers ont donc de nouveau bloqué l’usine!

    Le surlendemain, la Direction a de nouveau menacé en affirmant qu’elle licencierait pour faute grave si la production ne reprenait pas, sur base d’une loi en sa faveur. Pris à la gorge, les salariés ont repris le travail.

    Mais le combat n’est pas terminé. Les Villeroy ont montré à tous qu’on ne devait pas se laisser guider vers l’abattoir. Pour poursuivre la lutte, ils auront encore besoin de courage et de solidarité. Malheureusement, ces derniers jours, peu de monde s’est pressé pour les soutenir: hormis des délégués syndicaux investis, aucune entreprise extérieure ne les a soutenus, et les directions syndicales nationales sont restées discrètes.

    Seul André Hoffmann, député de La Gauche a interpellé le Ministre du travail au Parlement, qui lui a répondu sur le mode «je voudrais bien mais je ne peux point»!

    Chez Eurostamp (sous-traitant auto) à Villers La montagne (F), les travailleurs attendent les noms des 107 personnes licenciées. Chez Delphi, à Bascharage (L), 110 emplois vont passer à la trappe. Quelques kilomètres et une frontière séparent ces deux entreprises, et Villeroy n’est pas loin. Contre cette offensive patronale sans frontières, la convergence des luttes doit s’organiser. C’est une urgence et c’est le mot d’ordre central du comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg.

    npalongwy@yahoo.fr

  • CHANGEMENT CLIMATIQUE: Beaucoup de discussions, pas de solution

    Du 7 au 18 décembre se tiendra à Copenhague la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, «la dernière opportunité pour le monde de faire cesser le changement climatique avant qu’il ne dépasse un point de non retour», selon le Commissaire européen à l’environnement. On discute pourtant déjà depuis la conférence de Rio en 1992 mais les choses n’ont toutefois fait qu’empirer…

    Par Nicolas Croes

    Ce sommet réunira des dirigeants d’environ 190 pays pour mettre au point le successeur du Protocole de Kyoto, qui arrivera à échéance en 2012. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce protocole avait un objectif particulièrement limité… qui n’a pourtant même pas été rempli! Pour maintenir le réchauffement climatique à une augmentation inférieure au seuil critique de 2% (par rapport à la période pré-industrielle), il faudrait que les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050 soient inférieures de moitié à celles de 1990. Kyoto n’avait cependant ‘l’ambition’ que de diminuer de 5,2% les émissions de dioxyde de carbone d’ici 2012 par rapport aux émissions de 1990. Mais les émissions de gaz à effet de serre augmentent malgré tout plus vite que prévu…

    Kyoto suinte l’idéologie néolibérale. Ainsi, les facultés soi-disant naturellement auto-régulatrices du marché sont à la base des mécanismes d’échange de droits d’émission. Ce principe autorise une entreprise ou un pays qui n’a pas réussi à atteindre l’objectif de réduction à acheter ce qu’il lui manque à un autre pays ou une autre entreprise qui lui, a réussi à atteindre l’objectif et même à descendre en dessous. Dans les faits, cela signifie que les grands pays industrialisés achètent le droit de continuer à polluer à des pays moins développés qui ont plus de facilités à atteindre l’objectif fixé. Selon la Banque Mondiale, la valeur des droits d’émission de gaz carbonique a plus que doublé l’an dernier. Le système marcherait-il? Un spécialiste de l’université d’Oxford a conclu de ses études que «cette régulation sert avant tout à favoriser le marché. Il ne s’agit pas de réduire les frais pour limiter les émissions, il s’agit de se faire un paquet d’argent». Une bonne réponse à l’Ecolo Olivier Deleuze qui, en son temps, avait déclaré au sujet de Kyoto qu’il préférait «un accord imparfait mais vivant à un accord parfait qui n’existe pas»

    Une des premières expériences de recours à ce genre de procédé basé sur la vente de «droits de polluer» avait pour objectif l’élimination du plomb dans l’essence. Effectivement, les voitures roulent maintenant à l’essence sans plomb. Victoire ? Oui, mais pour un objectif extrêmement limité atteint en… vingt-trois ans ! A pareil rythme, l’homme possèdera des branchies avant de voir le moindre effet significatif sur le changement climatique.

    En marge des discussions officielles du sommet de Copenhague se tiendront diverses manifestations et protestations auxquelles participera une délégation internationale du Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge). D’autre part, une manifestation se déroulera à Bruxelles le 5 décembre.

    Nous n’avons aucune illusion sur ces négociations entre des gens qui représentent le monde des affaires et pour qui le capitalisme et une économie aussi gaspilleuse que l’économie de marché sont des dogmes à ne surtout pas remettre en question. Mais au cours de ces mobilisations, nous voulons entrer en discussion avec les manifestants qui cherchent comme nous de réelles solutions face au péril environnemental.

    Nous pensons qu’une gestion raisonnable des ressources naturelles et de l’environnement n’est possible que dans une économie basée sur la ges-tion des secteurs clés de l’économie par les travailleurs couplée avec une planification démocratique de la production. Tant les intérêts des travailleurs que ceux de l’environnement seraient ainsi pris en compte, et non pas exclusivement les profits de parasites-actionnaires.

    C’est pourquoi nous voulons mettre en avant le lien crucial à tisser entre les défenseurs de l’environnement et le mouvement des travailleurs. Les méthodes de lutte de masse telles que la grève, l’occupation des entreprises, la solidarité active,… nous semblent être des moyens bien plus efficaces que les actions symboliques de « citoyens-consommateurs » pour imposer la reconversion écologique des entreprises et des secteurs polluants et pour préparer le passage à une société conciliant les besoins de la population et le respect de l’environnement.

  • CHANTAGE à B-Cargo: “Filialiser ou arrêter toute activité”

    Le personnel de la SNCB est en grève. Pas pour “harceler les voyageurs”, mais pour faire revenir la direction sur ses intentions. Celle-ci a proposé aux syndicats 8 scénarios concernant sa section de fret B-Cargo. De l’arrêt de toute activité à 7 variantes de filialisation. Les syndicats ont toute suite annoncé la grève. Si une solution tarde à venir, le travail sera stoppé chaque jeudi.

    Ce que les médias vous racontent sur cette grève

    "Les syndicats s’énervent pour rien, car personne ne sera licencié. On prend en otage le voyageur dans une vielle discussion idéologique, puisque la filialisation ne signifie pas privatisation. Le personnel des chemins de fer est nommé et, par conséquent, peu flexible et mobile. Les syndicats des cheminots s’attachent à leurs “privilèges” et menacent ainsi le futur de l’entreprise."

    En réalité

    La crise est utilisée pour imposer des “shifts coupés” de 11h, avec des prestations variées en durée dont le début et la fin varient quotidiennement. Parallèlement, on veut nous reprendre 13 journées de compensation, pour lesquelles nous avons subi des coupes salariales. On veut casser le statut du personnel, introduire des conditions de travail du 19ème et bientôt offrir aux spéculateurs une entreprise de transport de grand volume a prix bradés.

    Vous connaissez sûrement la notion de “sous-traitance”, le fait de sous-traiter des “tâches” à des tiers. Le personnel de cuisine ou de nettoyage d’un hôpital par exemple, ou encore d’une école ou d’une entreprise privée. L’objectif est de réduire ‘les coûts de personnel’ et de miner la solidarité sur le lieu de travail. C’est ce que la direction de la SNCB a en tête lorsqu’elle plaide la “filialisation”, la transformation d’une branche de l’entreprise en une section autonome. C’est sa manière de se défaire à court terme de 1.200 “statutaires” et plus tard de 3.000. Les activités marchandises seraient principalement concentrées à Anvers, avec pour beaucoup de travailleurs un temps de déplacement supplémentaire pour aller au boulot.

    Pour des salariés, des petits indépendants ou de petites entreprises familiales, la crise signifie l’insécurité et le recul social. Mais, pour les grands patrons, elle représente surtout une opportunité. Le trafic de B-Cargo a reculé de 38% et par conséquent, la société réaliserait une perte de 130 millions d’euros en 2009. Des cacahuètes comparées aux 25 milliards que les autorités ont donné aux banquiers/spéculateurs qui ont provoqué la crise. B-Cargo transporte quotidiennement le volume de 12.000 camions. Cela nous épargne beaucoup d’embouteillages et est en plus un moyen de transport sécurisé, écologiquement responsable. De ce transport, 60% (l’équivalent de 8.000 camions) sont du transport ”dispersé”, des trains composés de wagons d’origines diverses. En faisant abstraction des coûts entrainés par les embouteillages, cela ne peut être rentabilisé. Les entreprises privées de transport ferroviaire ne sont pas intéressées par ce transport dispersé, ce ne sont que les belles parties qui les intéressent.

    Et pour le transport de voyageurs?

    La filialisation de B-Cargo est un pied de biche pour casser le statut du personnel partout à la SNCB. La direction souhaite mettre différentes catégories de travailleurs en compétition, avec des types de contrats différents. Jannie Haek et Luc Lallemand, respectivement administrateurs-délégués du Holding et d’Infrabel, ont immédiatement annoncé qu’en ce qui les concerne, l’exemple de B-Cargo fera école. Bref: ils imposeront les mêmes conditions à leur personnel.

    Comme beaucoup de voyageurs, les salariés de la SNCB ne peuvent compter que sur leur propre force et espérer le soutient de «l’opinion publique». Ils devront se méfier des politiciens traditionnels, qu’ils participent au gouvernement ou soient dans l’opposition: le “libéralisme” règne, même chez les “socialistes”. Saviez-vous que Haek et Lallemand se disent “socialistes”?

    Le Parti Socialiste de Lutte soutient le personnel de la SNCB dans sa lutte pour défendre son statut. Nous sommes en faveur d’une société ferroviaire forte, moderne et publique sous le contrôle démocratique de la collectivité et non pas d’une poignée de “managers” qui ne regardent que les profits. La soif de profit privé nuit à notre environnement, à nos conditions de travail et à notre mobilité.


    Comment ABX a été liquidé

    Pour “assainir” le distributeur de colis, on a engagé des experts privés qui ont promu quelques cheminots pour les assister. Des grades spécifiques ABX ont étés créés. Le cadre a été diminué.

    Après quelques années, ces mesures sont apparues insuffisantes pour survivre financièrement.

    Une nouvelle diminution de cadres a suivi, accompagnée de conditions de travail menaçant le statut. Puisqu’aucun cheminot ne voulait encore travailler sous ces conditions à ABX, on a fait appel à des contractuels et à des statuts précaires. En fin de compte ABX faisait des pertes et a été vendue. Pour conclure cette vente, il a même fallu y mettre les moyens. Peu après, ABX a quand-même été viable puisque les nouveaux propriétaires l’ont revendue à un investisseur pour un multiple du prix qu’ils avaient déversé. Quelques malins avaient pris des participations à ABX et sont devenus milliardaires.

    (Ecrit sur base de http://www.acod-spoor.be)

  • La fabrique de l’opinion

    L’encre du texte de la déclaration de politique générale n’était pas encore sèche que les directions des grands syndicats se sont empressées de l’encenser. Tout le gratin de ceux qui comptent (éditorialistes, intellectuels médiatiques, leader d’opinion,…) ont acclamé Van Rompuy comme jadis, la foule acclamait le magicien Houddini.

    Par Alain (Namur)

    À son époque, ce célèbre magicien avait réussi à faire disparaitre un éléphant devant une foule médusée. Van Rompuy en a fait autant, toutes proportions gardées, en faisant disparaitre un déficit de 25 milliards et en réussissant à maintenir la paix sociale! Le grand magicien, nous parlons ici de Houdini, avait un truc… Van Rompuy en a quelques uns aussi… Le but de cet article est de montrer quelques «trucs et ficelles» utilisées pour fabriquer le consentement. Autrement dit, comment l’idéologie de la bourgeoisie opère pour se rendre idéologie dominante.

    Dans toute société, l’idéologie et la culture sont en fonction des intérêts de la classe dominante. L’une des tâches de l’idéologie est de produire un discours cohérent qui permet le maintient des grandes structures de la société (ici, le maintient du système d’exploitation de la classe des travailleurs). La crise économique a eu, outre ses effets sur les conditions objectives, un effet sur la conscience des masses. Pour partie, la classe ouvrière a bien entrevu le rôle des banques et de la dérégulation à tout crin dans la crise actuelle. De plus en plus de gens tirent des conclusions anticapitalistes, ce qui se reflète aussi dans le slogan de la campagne de la FGTB wallonne: Le capitalisme nuit gravement à la santé (voir notre article à ce sujet).

    Dans cette configuration, il était difficile de faire passer un budget d’austérité de manière frontale. Il a fallu mettre en œuvre toute les forces de propagande pro-système. Il est important pour tous les militants réellement socialistes et, de manière générale, pour tous ceux qui luttent contre le système capitaliste, d’analyser les mécanismes mis en œuvre pour faire passer les désirs et intérêts de l’idéologie dominante. Nous aborderons ici trois grands mécanismes qui concourent à la production de l’idéologie dominante, mais il en existe d’autres non moins importants (comme le contrôle sur l’enseignement):

    • La proximité sociologique et idéologique entre les gens de la presse, les intellectuels, les cadres et la classe dominante actuelle, la bourgeoisie.
    • Les techniques modernes de production de l’information
    • La manipulation par les techniques de communications

    .

    1. La proximité sociologique et idéologique:

    «Le discours dominant doit son efficacité proprement symbolique au fait qu’il n’exclut ni les divergences ni les discordances.» (La production de l’idéologie dominante, P. Bourdieu).

    La classe dominante actuelle a été acculée par la lutte des classes à accorder certaines concessions. Ces concessions essentiellement matérielle dans l’immédiat après guerre mais, après ’68, les concessions ont aussi été sociétales. Ensuite, avec la phase néolibérale de l’économie, le discours dominant est peu à peu devenu hégémonique. Avec l’écrasement de la lutte des mineurs en Angleterre et la défaite des aiguilleurs du ciel aux USA dans les années ’80, la bourgeoisie a pu déployer les voiles. Avec la chute de l’URSS et l’idée qu’un autre système était possible, les années ’90 ont été pour la propagande bourgeoise un point culminant. La fameuse formule ‘TINA’ (There Is No Alternative, il n’y a pas d’alternative) résume l’état du rapport de forces qui s’est instauré. Dans cette période, avec la diminution du niveau de conscience de classe et le reflux des luttes, de plus en plus d’enjeux stratégiques ont été dépolitisés. Cela a donné lieu au niveau politique à une technicisation des affaires publiques.

    Actuellement, dans les affaires communales, il n’est pas important d’être de tel ou tel parti mais bien d’être vu comme un bon gestionnaire. Ceci a comme effet d’éloigner encore plus les gens de la politique. Il y a comme un complexe d’infériorité de la part de la classe des travailleurs qui laisse le soin à des experts et à des technocrates d’administrer des dossiers devenus soi disant apolitiques.

    À l’heure actuelle, si on suit la vie politique, si on lit la presse, on ne peut pas douter de la diversité d’opinions qui s’expriment ça et là. À ceci près que cette diversité d’opinion va dans la direction du discours dominant, à quelques nuances près. On peut constater cela à l’ensemble de ‘lieux communs’ qui se retrouvent dans les différents discours.

    Comme exemple, on peut prendre la notion de budget de l’Etat. La science économique actuelle a été pensée en excluant toute forme de changement radical. Le point de départ, le cadre du paradigme de la science économique, c’est le système capitaliste considéré par d’aucun comme immuable et lié à la nature humaine. Passée cette erreur, le cadre de la pensée économique dominante est cohérent. Ainsi, la discussion actuelle sur le budget est révélatrice. Pour tous les commentateurs, il est essentiel d’avoir un budget à l’équilibre. Ceci nécessite donc des efforts de tous les secteurs, toutefois il faut veiller à ne pas faire fuir l’investisseur et à protéger l’attractivité de la Belgique… Ceci et quelque autres poncifs, justifie pour beaucoup le fait que la classe ouvrière doit payer la crise capitaliste.

    L’intégration de ces lieux communs se fait dans les écoles où l’on forme l’élite dirigeante (les universités, écoles de gestions). Quand on analyse la structure de notre système d’éducation, on peut comprendre l’homogénéisation de la pensée chez les élites. Avec un enseignement fortement inégalitaire et élitiste, ceux qui se retrouvent dans les universités et les lieux où l’on va former les cadres relais de la bourgeoisie sont issus d’un processus de sélection très fin. Il est très peu probable de trouver des membres de la classe ouvrière traditionnelle. On peut par contre rencontrer les couches intermédiaires de la société: les enfants de la petite bourgeoisie, les enfants des couches favorisées du salariat (favorisées par un capital matériel ou intellectuel et culturel). Les gens qui en arrivent là ont déjà intégré les codes, les habitudes et les schémas de pensée de la classe dirigeante. Ces gens se retrouvent dans des lieux où la pensée est tellement homogène qu’elle en devient apolitique. Ils peuvent après draper cet apolitisme comme gage scientifique de l’objectivité.

    Ceci peut s’avérer très pratique: lors d’un débat télévisé pré-electoral, on invite un homme dit de gauche qui a le même cursus que sont contradicteur, un homme de droite, un vrai celui-là, qui se dit du centre ou du centre droit. Afin d’objectiver le débat et donner un semblant de hauteur, aussi pour compter les points, on invite un intellectuel qui enseigne dans un de ces lieux ou l’homme politique de gauche comme de droite a été enseigné… la boucle est bouclée. Personne ne peut attaquer le journalisme de parti pris ni le professeur d’université, le titre d’expert conférant aussi à celui qui le porte une aura quasi religieuse.

    Un autre élément qui n’est pas négligeable est le cloisonnement géographique, mais aussi culturel et occupationnel des élites dirigeantes. Avec leur capital matériel et culturel, les élites ne se mêlent pas souvent à la masse. Ils sont souvent de grands consommateurs culturels. Ceci a un double effet symbolique: les dirigeants se sentent légitimés par leur apparente supériorité intellectuelle et culturelle sur les masses, les masses consentent plus facilement à obéir à des élites si elles leurs semblent détenir des infos et des savoirs qui leurs sont inaccessible.

    2.La production de l’information

    La démocratie rime pour certains avec liberté de presse (c’est un peu l’antienne de Reporters Sans Frontières). Mais lorsque que l’on entend liberté de presse, bien souvent on parle de liberté vis-à-vis de l’État et non vis-à-vis des intérêts du monde financier. L’information est devenue un produit d’appel qui a comme fonction de faire venir les annonces publicitaires. Afin de ne pas faire fuir l’annonceur, il faut bien consentir à plier les faits, qui sont têtus, aux intérêts de la classe dominante.

    «Pour obtenir d’avantage de contrats publicitaires, il faut des lecteurs appartenant à tous les horizons politiques. La réponse donnée par les éditeurs fut de mettre au point une technique fondée sur la ‘doctrine de l’objectivité’, ce qui conduit à transformer la presse américaine en une expression neutre de l’idéologie de l’establishement». (Citation reprise du livre de M. Bénilde, On achète bien les cerveaux).

    Le travail à ‘coup de buzz’

    Afin d’obtenir la primeur sur l’info et se distinguer de ses concurrents, les différents journaux traquent les unes. Les journalistes sont à la recherche de l’information sensationnelle. Avec les techniques de production en flux tendu on ne prendra pas le temps de vérifier l’info et on aura tendance à faire d’un épi-phénomène un buzz médiatique.

    Les conseillers en communications des hommes et femmes politiques l’ont bien compris. C’est au premier qui se répandra en confidences, dans la presse. Certains politiques pour rester présents dans le paysage médiatique, sortent en vitesse de croisière une exclu par semaine. Les fuites de documents confidentiels sont souvent organisées par les spins doctor des politiciens. C’est un contrat tacite gagnant-gagnant, le journaliste n’a plus besoin de chercher l’info, ça prend du temps et de l’argent, l’info lui tombe dans les bras; les politiciens peuvent contrôler leur communication et s’assurer que le message qui passera ne sera pas trop critique.

    Prenons notre magicien Van Rompuy, il a réussi a faire avaler une austérité comme on avale une cuillère de sirop. Le plan communication a cependant été très bien travaillé: après avoir annoncé un budget impossible, un État en faillite, chaque ministre est sorti avec sa petite solution, sa vision des choses, pendant presque un mois, on a entendu des exclusives sur ce que pensaient faire tel ou tel ministre. Les journalistes font leurs choux gras lorsqu’ils titrent sur l’augmentation du diésel de 0,20 euros et les politiciens peuvent tester l’effet de telle ou telle mesure sur la population. Après une période anarchique et une polarisation du discours est venu le WE de négociation où aucune info n’a plus filtré pour déboucher sur le budget en l’état et encore une fois chaque ministre qui tire ses marrons du feu.

    La construction du texte

    Lorsque l’on analyse de manière globale un texte journalistique, on peut en dégager quatre éléments: le titre, le chapeau, le corps et la conclusion. Il est de coutume pour les journalistes de faire un titre qui attire l’attention, quitte à tordre un peu les faits. Au besoin, on nuancera dans le chapeau et dans le corps du texte. Généralement, quand le lecteur lit, il retient bien souvent le titre, le début du texte et sa conclusion, c’est malheureusement là qu’on trouve le contenu le plus fortement idéologiquement connotés.

    Pour le budget on peut prendre en exemple la une du soir du 13 octobre 2009: «Les banques paieront 1,4 milliards en trois ans». En apparence, il s’agit de l’énoncé pur et simple, sauf que si l’on va plus loin, on se rend compte qu’au final c’est le client qui probablement réglera la facture.

    La hiérarchisation de l’information.

    Plusieurs lois sont enseignées dans les écoles de journalisme genre: dix morts à dix kilomètres sont plus importants que dix milles morts à mille kilomètres… Il y a aussi le fait que pour la presse écrite, ceux qui achètent le journal, en particulier la presse de référence, sont généralement ceux que l’on catégorise comme les catégories socioprofessionnelles supérieures. Les journaux ayant depuis longtemps constaté cela (étude de marchés, sondages…), les rédactions ajustent leur contenu en fonction de l’intérêt supposé de leur lecteur. Ainsi, on peut se dire qu’un cadre ou un intellectuel sera plus intéressé de savoir si oui ou non la classe politique et le roi doivent se rendre au pied de Benoit seize, malgré la séparation de l’église et l’Etat, malgré la sacro-sainte laicïté, malgré la neutralité…

    L’Info-spectacle

    La politique, c’est bien connu c’est rébarbatif. Afin d’attirer l’audimat et donc l’annonceur, il faut arriver à susciter l’intérêt. Mais comment faire pour éveiller l’envie d’écouter des protagonistes qui en gros disent la même chose, qui sont souvent les mêmes ou fils de,…

    Il faut scénariser l’info. Les Anglais appellent ça l’infotainment ou l’entertaintic. Un mixte entre politique et divertissement. Cela donne naissance à des débat ou la confrontation de personne à personne s’efface au profit d’arrangements plus ludiques où l’agencement plateau et la construction de l’émission est souvent l’objet de recherches affinées (Bye Bye Belguim, par exemple…).

    Une autre manière de susciter le débat est de l’hyperboliser. En renforçant les contradictions entre les protagonistes, on obtient des échanges plus vifs et acérés qui peuvent tourner, Ô grâce, au pugilat. Comme mentionné plus haut, la plupart des ayant voix sont généralement d’accord sur le fond, plus précisément sur la superstructure, il faut alors faire état des micro-différenciations qui existent entre différentes tendances de l’idéologie dominante.

    La fin des discussion sur le budget a été témoin d’un de ces débats surréalistes qui sont l’œuvre de ce mécanisme: la guerre sémantique qui a opposé austérité (les libéraux, Vanhengel en tête) et la rigueur (les socialistes et Onkelinkx). À noter que la différence entre austérité et rigueur, c’est plus une question de style, mais au final les travailleurs seront les victimes de la crise qu’ils devront payer quelque soit le terme choisi pour désigner cette politique en faveur de la classe dominante.

    3. La manipulation mentale

    On a décrit sommairement quelques mécanismes qui expliquaient comment se produisaient l’idéologie dominante, comment elle se renforçait et comment les élites bourgeoises et les couches intermédiaires de la société la fabriquaient dans leur journaux et leurs outils de propagandes. Il nous reste encore à expliquer pourquoi la classe ouvrière, dont les intérêts sont de manière rédhibitoire, opposés aux intérêts des capitalistes, est polluée par les idées conservatrice et réactionnaire des dirigeants.

    Georges Orwell a écrit dans son livre 1984 que «64.000 répétitions font une vérité!». En effet, pour qu’une information soit retenue par le cerveau humain, elle doit passer par la mémoire immédiate, la mémoire de travail et au final la mémoire à long terme. Pour qu’une info soit stockée et participe alors au système de croyance cognitive, il faut que celle-ci ait du sens et de la pertinence. L’ensemble de l’enseignement que nous avons de l’école dans les cours de science sociale, mais de manière générale l’idéologie dominante auquel tout individu est confronté de sa naissance à sa mort aide à donner sens et pertinence aux infos émises, même quand elles sont fausses. Afin de faciliter la rétention, la répétition est un moyen qui permet au cerveau de retraiter l’information. La multiplication des canaux qui répètent et ânonnent le point de vue de la bourgeoisie participe à ce mécanisme.La surcharge cognitive

    Lorsque le cerveau reçoit trop d’informations à traiter, un moment, il sature. Une partie des nouvelles informations n’est donc plus assimilable ou assimilée. A l’heure actuelle, il y a en fait trop d’information et pas assez de temps pour les analyser de manière critiques. Les gens n’ont pas le temps de confronter l’information à leur système de croyance cognitive.

    Sur le budget, pendant un mois, tout et son contraire a été dit si bien que même un chat n’y aurait pas retrouvé ses petits. C’est une manière de désinformer comme une autre. Pour les médias dominants, restreindre l’information est dangereux car considéré comme anti-démocratique par les masses, il faut donc jouer la saturation et la surcharge pour exactement le même effet.

    Problème d’inférence logique

    L’inférence logique, c’est une aptitude qui consiste à déduire une info ou à tirer une conclusion à partir d’information donnée, c’est en gros la capacité de lire entre les lignes. Il n’est pas toujours aisé de procéder à l’inférence logique, dans un monde idéal, la presse devrait nous aider à décoder l’information brute. Néanmoins, avec le postulat de l’objectivité, elle laisse ce travail à l’audimat en évitant ainsi de prendre position et de froisser une partie de l’audimat et l’entièreté des milieux de pouvoir.

    Pour le budget, on nous annonce qu’en 2010 et en 2011 on va payer en moyenne 3,3 milliards d’euros sur 25 milliards, l’équilibre étant pour 2015. Cela fait donc 6,6 milliards. Mais entre 2012 et 2015, il n’est pas précisé qu’on réglera le solde. En fait, le tour de passe de Van Rompuy tient essentiellement au saucissonnage. On ne répète pas souvent que 2011 étant une année électorale la conclusion qui s’impose c’est que ce gouvernement qu’on nous présente comme responsable a en réalité botté en touche afin de préparer dès maintenant sa campagne et maintenir ses petits postes.

    La technique de l’ascenseur émotionnel

    Les experts en marketing l’ont bien compris. Un papier à l’essuie glace de la voiture fait penser au PV. Outre le fait de capter l’attention, lorsque l’on se rend compte que c’est une pub, soulagée par le fait qu’on n’est pas verbalisé, on a tendance à être plus réceptif au message publicitaire. Les politiques ont arrangé un peu le truc: tu annonce un truc immense, genre bain de sang social ou de manière sectorielle, tu annonces aux profs qu’on va bien les faire cracher. Les gens montent, enragent, se mobilisent, partent à l’action… Avant que cela ne chauffe de trop, tu dis que tu vas faire des efforts revoir ta copie. Après avoir fait semblant de travailler jours et nuits, tu annonces un jour avec une mine fatiguée les mesures auxquelles tu pensais pouvoir arriver aidée par des directions syndicales qui n’aiment pas trop la révolte, encore moins la révolution, tu peux faire passer tes mesures en te faisant passer pour quelqu’un de responsable de ferme mais qui sait négocier

    Les problèmes de représentations mentales

    Le système de croyance cognitive agit comme un ensemble de représentations mentales. Lorsque nous sommes confrontés à une nouvelle connaissance. Si celle-ci est en désaccord avec nos représentations mentales, nous sommes en état de conflit sociocognitif.

    Si on parle de budget à un citoyen lambda, il va directement faire la comparaison avec le budget de son ménage: je dépense ce que le fruit de mon travail me permet de dépenser. Si je vis au dessus de mes moyens je dois me restreindre. Ajouter à cela la vieille expression patriarcale de la gestion en «bon père de famille» et on peut voir la facilité avec lesquels les gouvernants font payer la crise aux masses. En profitant de la représentation mentale de la majorité des gens, l’idéologie dominante avance ses intérêts.

    À ce niveau, il faut noter que le rôle d’un parti défendant réellement la classe des travailleurs est essentiel pour contre argumenter face à la classe bourgeoise. L’avantage des marxistes est ainsi d’être armés d’une théorie qui en tout point s’éloigne de la propagande bourgeoise. Il faut veiller cependant à gagner la confiance des masses afin que celles-ci traverse les conflits sociocognitifs. Armée de perspectives justes et avec un travail de propagande et de participation aux luttes, on pourra augmenter l’autorité d’un parti des travailleurs et d’un parti révolutionnaire.

    Pour finir sur ce point, il faut se rappeler une chose essentielle, les arguments dialectiques sont une chose, mais la lutte de la classe des travailleurs pour défendre ses intérêts reste la meilleure école. C’est dans la lutte que le niveau de conscience s’élève. C’est dans la lutte que les travailleurs apprennent le mieux. Parce que dans le cadre de la lutte, les représentations mentales des travailleurs sont testées de manières globales, ce qui fait naitre des nouveaux conflits sociocognitifs qui sont à même d’amener à la construction de nouveau savoir. Cela dépend de la direction qui est à la tête des masses…

    L’émotionnel

    Le cerveau a tendance à se focaliser sur les informations qui concerne la survie en premier lieu et ensuite sur les informations liées aux émotions. Lorsque Di Rupo a fait sa sortie sur le bain de sang social, il a habilement joué sur la peur de l’ensemble de la classe ouvrière d’une politique ouvertement de droite qui attaquerait tout les acquis sociaux.

    Il arrive parfois que l’on soit submergé par nos émotions. Sans trop entrer dans les détails du fonctionnement du cerveau. Un trop plein d’émotions empêche la partie du cerveau qui gère les aspects rationnels de fonctionner. Cela donne lieu à d’importante possibilité de manipulation utilisées dans la pub, dans la politique et le management sous la forme du «storytelling». Obama est passé maitre dans l’art de raconter une histoire commune qui mobilise des aspects émotionnels forts qui permet de mobiliser les gens à sa cause.

    Conclusion

    Il n’était pas question ici de faire l’état des lieux complet de la question de la production de l’idéologie dominante, mais de montrer quelques trucs et ficelles qui ont permis au premier ministre une habile manœuvre au service de la classe dominante pour faire passer son budget.

    Ce résumé montre à quel point aujourd’hui nous avons besoin d’une presse ouvrière et de militants révolutionnaires bien formés afin de résister à toute la pression de la société bourgeoise.

  • Autriche: Universités occupées, 50.000 étudiants dans la rue et le gouvernement forcé à faire ses premières concessions

    Ce jeudi 22 octobre, les étudiants de l’université de Vienne ont occupés leur amphithéâtre. Six jours plus tard, l’occupation s’était propagée à d’autres universités et villes autrichiennes. Le 28 octobre, 50.000 étudiants sont descendus dans la rue à Vienne et 400 à Salzburg pour manifester leur opposition au manque de moyens, d’espace et de financement pour un enseignement gratuit.

    Laura Rafetseder, SLP (CIO-Autriche)

    Leurs principales revendications étaient une augmentation du financement publique des universités plutôt que de donner l’argent aux banques, une opposition aux frais d’inscription et au processus de Bologne (directive européenne visant à introduire le privé dans l’éducation) ainsi qu’au système de Numerus Clausus. Après 9 jours d’occupation, le Ministre de la Science, Hahn, a déclaré que le gouvernement donnerait 34 millions d’euros en plus aux universités. En dépit du fait que ces 34 millions d’euro ne résoudront pas la crise qui s’abat sur les universités, il s’agit d’un signe clair que le gouvernement peut être forcé de faire des concessions en cas de mouvement de lutte.

    Le manque de financement est responsable de la crise dans les universités.

    Les premiers à protester ont été les étudiants de l’Université des Beaux-Arts, qui se sont opposés à l’introduction d’un système de bachelor/master inspiré du Processus de Bologne. Ils ont vite été rejoint par les étudiants de l’université de Vienne qui en ont ras-le-bol des conditions dans l’université – les étudiants doivent s’assoir par terre faute de place, etc. Au cours des élections de l’an dernier, les minervals avaient été partiellement aboli grâce à un puissant mouvement de masse contre les frais d’inscriptions. Encore aujourd’hui, la lutte se poursuit pour diminuer ces frais pour les étudiants hors-UE et les étudiants qui étudient «trop» longtemps. Les médias et le gouvernement ont tenté de s’opposer à cette diminution partielle du minerval en s’en prenant aux étudiants Allemands des universités autrichiennes, tout en ignorant délibérément que c’est le manque de moyen qui est à l’origine de ce mouvement.

    La solution du gouvernement s’est résumée en une série d’attaques contre l’enseignement dont le système de numerus clausus pour réduire le nombre d’étudiants. Il y a aussi le danger que le minerval revienne à son niveau précédent. Les frais d’inscription ont été introduit en 2002 en même temps que le système de bachelor/master ainsi que la privatisation de certaines parties de l’université, mesures contre lesquelles les étudiants ont protesté. Ces mouvements de protestations n’ont pas abouti à cause du rôle des dirigeants étudiants et des dirigeants syndicaux. Le mouvement était isolé et les conséquences des changements n’étaient pas évidentes pour beaucoup d’étudiants. Cela a changé depuis. Aujourd’hui, la majorité des étudiants est bien consciente que la hausse du minerval, l’introduction du système de bachelor/master et du numerus-clausus n’améliorera pas la situation, bien au contraire. Le fait que le gouvernement donne de l’argent aux banques, et que les étudiants doivent pour cela accepter de voir leurs conditions d’enseignement diminuer a provoqué une vague de colère. Un des principaux slogan des manifestations était «De l’argent pour l’enseignement – pas pour les banques et le big-business!»

    Une colère croissante parmi la classe ouvrière, solidarité avec les étudiants

    Le mouvement de protestation a prit place au beau milieu d’unee monté de la colère parmi la classe ouvrière concernant sa situation sociale. 2.000 travailleurs des crèches avaient ainsi manifesté le 17 octobre pour un meilleur salaire, plus de personnel et de meilleures conditions de travail. D’autre part, les négociations salariales des travailleurs du métal ont été rompues lors de la conférence avec les dirigeants syndicaux, le 28 octobre. Fin septembre, les travailleurs des imprimeries avaient eux aussi manifesté contre la tentative de l’union patronale de laisser tomber les négociations collectives. Le printemps dernier encore, les écoliers s’étaient mis en branle et il s’en est fallu de peu qu’arrive une grève des enseignants, mais les leaders syndicaux ont été trop lâches.

    Le gouvernement est en train de préparer des attaques massives contre les enseignants mais, pour des raisons tactiques, ils attendent la fin des élections dans le syndicat des enseignent qui prendront place fin novembre. L’ensemble du secteur scolaire semble se mettre en alerte.

    Le fait que les médias, et plus spécialement les tabloïdes, parlent des protestations de manière sympathique reflète le fait que la population est du côté des contestations. Cela reflète aussi le fait que l’ÖGB (le Congrès Syndical Autrichien) doit ouvertement supporter les protestations des étudiants. Les protestations ont, sans doute, mit la pression sur l’ÖGB – la plupart de la classe ouvrière regarde ces protestations avec sympathie, contente que «enfin quelque chose se passe». C’est cela qui différencie ce mouvement étudiant des précédents.

    Forces et faiblesses du mouvement

    Le mouvement a poussé une nouvelle couche d’étudiants à entrer en lutte. Un côté très intéressant du mouvement est l’aspect internationaliste – des rapports d’occupations se déroulant dans d’autres pays ont été faits durant les Assemblées Générales. Les étudiants allemands représentent aussi une grande partie des étudiants en lutte, et ce malgré les tentatives du gouvernement de diviser le mouvement en accusant ceux-ci d’être responsable des problèmes dans les unifs. L’occupation assure aussi que la vie au jour-le-jour est organisée (nettoyage et approvisionnement en nourriture pour les occupants,…). Cela montre comment, dans une société socialiste, on pourrait assurer que les besoins journaliers de chacun soient assurés. La tentative de certains médias de faire passer l’occupation pour une «petite fête» n’a pas réussi. Un point négatif, cependant, est que le mouvement est clairement moins radical que ce à quoi l’on a déjà pu assister dans le passé. Ce mouvement n’est ainsi pas clairement anticapitaliste, mais plus anti-néolibéral, ce qui illustre que la conscience varie en fonction des évènements. Le mouvement est aussi assez hésitant pour élire démocratiquement des représentants, ce qui pourrait, à l’avenir, tourner en sa défaveur.

    Le mouvement se disperse

    A l’heure où nous écrivons cet article, le futur du mouvement n’est absolument pas clair. Mais le fait que celui-ci se soit propagé vers d’autres villes et universités et que la manifestation du 28 octobre a constitué une grande victoire est une indication que le mouvement pourrait encore grossir. Le 29 octobre, il y a eu des manifestations à Innsbruck et à Graz. Pour l’instant il y a eu des occupations à Vienne, Linz, Graz, Innsbruck et Klagenfurt. Il est également possible qu’une grève écolière prennent place en solidarité la semaine prochaine.

    Le CIO participe au mouvement

    Depuis le début du mouvement, le Sozialistische Linkspartei (SLP, CIO-Autriche) a fait partie intégrante de la lutte. L’idée de la manifestation du 28 octobre a ainsi été suggérée par les camarades du CIO en Autriche. Les activistes du SLP ont joué un rôle crucial pour tenter de joindre d’autres luttes au mouvement étudiant. Le mécontentement parmi les travailleurs du métal a été supporté par une délégation des universités sur base de notre initiative. A Salzburg, nous avons été centraux dans l’organisation de la manifestation avec d’autres groupes. Jan Rybak, un membre du SLP, a été un des principaux orateurs de la manifestation de Salzburg. Nous avons mis en avant la nécessité pour le mouvement d’élire démocratiquement un comité pour organiser la protestation et pour l’ÖGB d’organiser la solidarité. Nous avons suggéré l’idée d’une conférence nationale pour discuter des revendications, des slogans et des prochaines étapes pour augmenter la pression sur le gouvernement. Cela pourrait être une étape d’une grande importance pour rassembler les différentes luttes dans une même journée de grève nationale du secteur de l’enseignement (étudiants et professeurs, travailleurs des crèches, universitaires et enseignants).

    Nous expliquons aussi que ce mouvement montre la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs puisqu’aucun des partis de l’establishment n’a de solutions à proposer et n’a même pas envie d’en chercher. C’est le système capitaliste qui est responsable de la crise dans l’éducation. Il doit être remplacé par un système socialiste qui assurera à chacun un enseignement gratuit et de qualité.

  • Gand: Protestation ce 10 novembre contre une marche fasciste

    Ce mardi 10 novembre, la N-SA, une organisation ouvertement fasciste, organise une manifestation autorisée à Gand. Apparemment, les autorités gantoises ne voient pas de problème à livrer la ville une nuit durant aux agissements d’un groupuscule de néonazis violents qui ont déjà pas mal à se reprocher. Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA-ALS) pensent que nous ne pouvons pas laisser de semblables groupuscules marcher à Gand sans opposition.

    Appel des Etudiants de gauche Actifs et de Blokbuster

    La N-SA (Alternative Nationale-Solidariste) est une organisation d’extrême-droite basée sur les théories fascistes et dont les rangs ont été rejoints par quelques membres du Vlaams Belang. Ce groupuscule a récemment fait parler de lui dans les médias suite à un reportage consacré à leur congrès et dans lequel on a pu voir quelques dizaines de néonazis écouter des discours nazis consacrés entre autres au thème d’une Europe blanche et à la haine des juifs. Quand ces individus sortent en rue, ils ne craignent pas de recourir à la violence contre ceux qui défendent une autre opinion que la leur ou dont la couleur de peau ne leur reviennent pas. EGA a déjà pu constater cela plusieurs fois, notamment avec la récente tentative de quelques membres du NSV et du NSA d’empêcher par la force la tenue d’un meeting EGA à Anvers (voir notre article à ce sujet). Ce groupuscule entretient également des liens avec Nation, un groupe marginal de néonazis francophones. Jeunes Nations appelle d’ailleurs à manifester avec la NSA ce 10 novembre.

    La manifestation de la NSA «contre la violence» n’est qu’une excuse pour semer la violence et rendre dangereuse la ville de Gand. Ils veulent manifester contre la soi-disant violence antifasciste. Nous ne nous sentons pas concerné, la violence ne fait pas partie de nos méthodes de lutte. EGA se distancie de ce genre de méthodes et les condamne clairement.

    Une action non-violente dans les milieux étudiants clarifie que le N-SA n’est pas le bienvenu et que les étudiants rejettent leur violence et leur idéologie. D’autre part, à la veille de l’armistice, les rues seront fort fréquentées et la N-SA peut se mêler aux étudiants après sa manifestation pour intimider ceux qui pensent «autrement». Ce n’est qu’en se rassemblant dans la rue que l’on peut forcer les autorités à ne pas laisser les fascistes traîner dans le voisinage étudiant et les forcer à rentrer le plus rapidement possible chez eux.

    Le N-SA prétend proposer une alternative anti-capitaliste face à la crise actuelle, mais il ne s’agit en réalité que d’un message fasciste et nazi. Faute d’une opposition de gauche combative, en ces temps de crise, de semblables groupes fascistes peuvent gagner du terrain. S’en prendre à la croissance de l’extrême-droite ne peut se faire qu’en s’en prenant aux causes de ce développement. Entre-temps, nous ne devons bien entendu pas rester bras croisés et leur laisser ainsi le champ libre pour répandre leur violence. Mais nous devons clairement affirmer qu’il faut s’attaquer aux problèmes sociaux tels que le chômage et la pauvreté pour bloquer l’extrême-droite. Voilà le terreau sur lequel l’extrême-droite peut croître.

    Les Étudiants de Gauche Actifs et la campagne antifasciste flamande Blokbuster appellent chacun à mobiliser avec nous contre le N-SA ce 10 novembre.

    Nous nous rassemblerons au Blandijn à 19h30 et irons en direction d’Overpoort pour une action non-violente. Nous voulons assurer que les quartiers étudiants restent protégés de la propagande fasciste et que les étudiants soient prévenus de ce qui pourrait arriver la nuit. Selon nous, cela n’a pas de sens d’engager une confrontation avec le N-SA. L’establishment pourrait mettre les antifascistes au même niveau que les néonazis violents, mais nous voulons que ce soient notre nombre et notre message qui dominent.

  • Ixelles: “De l’emploi pour les jeunes”!

    Ce samedi matin, la section d’Ixelles du PSL-LSP a lancé sa campagne pour l’emploi chez les jeunes lors d’un stand tenu Place Flagey. Avec une bonne équipe de camarades, nous avons vendu 13 exemplaires de notre journal et nous avons récolté une dizaine d’euros de fond de lutte pour financer notre campagne. Les réactions face à notre matériel et à notre approche ont été diverses, mais enthousiastes. Plusieurs personnes nous ont laissé leurs coordonnées afin d’être tenus au courant de l’évolution de la campagne et pour participer à la mise sur pieds de comités pour une future marche des jeunes pour l’emploi.

    Par Karim

    Après l’intervention réussie de la veille au bureau de chômage de Bruxelles, lors de laquelle nous avons vendu 20 journaux, cette nouvelle activité nous démontre le potentiel qui existe pour une telle campagne. Toi aussi, participe et mobilise pour des emplois de qualité pour tous et toutes!!

  • Khrouchtchev: Le stalinien qui a dénoncé Staline

    En février 1956, lors de la 20ème conférence du Parti Communiste d’Union Soviétique, le premier secrétaire Nikita Khrouchtchev a dénoncé les crimes de Staline (mort en 1953). Cependant, comme les événements révolutionnaires de 1956 l’ont démontré, cette dénonciation de Staline n’entrainait pas de rejet du stalinisme.

    Après la défaite des nazis, l’armée soviétique a occupé l’Europe de l’Est. Graduellement, par une série de gouvernements de «front populaire» et grâce à une poigne de fer sur l’armée, la police et la justice, des régimes staliniens – copies de l’Union Soviétique – ont été installés.

    Les conditions de vies étaient rudes. Les dommages de guerre ont entraîné le dépeçage des usines et des machines, emportés en Union Soviétique. Un système d’organisation du travail sévère, impliquant le travail à la pièce et des objectifs très élevés de production sous gestion autoritaire, (connu sous le nom de «Stakhanovisme") a été imposé. Des milliers de militants ouvriers ont été expulsés des partis communistes au fur et à mesure que la société était purgée de tous les potentiels adversaires politiques par l’appareil policier stalinien.

    Les partisans du révolutionnaire russe Léon Trotsky (un adversaire implacable du stalinisme) avaient expliqué que malgré le fait que l’occupation de l’Europe de l’Est avait temporairement renforcé le régime stalinien, le rôle parasitaire de la bureaucratie allait inévitablement entrer en conflit avec le fonctionnement de l’économie planifiée. Cela provoquerait un conflit entre la classe ouvrière et la bureaucratie. La revendication de démocratie ouvrière ne pouvait être réalisée que par une «révolution politique».

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Sur les évènements de 1956 en Hongrie

    A l’occasion du 50e anniversaire du soulèvement de 1956, nous avions publié un dossier détaillé sur ces évènements.

    >Hongrie 1956 : quand les conseils ouvriers ont fait trembler la bureaucratie soviétique et la bourgeoisie du monde entier

    [/box]
    L’expression la plus claire de cette révolution politique nécessaire s’est produite en Hongrie, également en 1956 (bien qu’une brève vague de grève en Pologne avait eu lieu plus tôt dans l’année et avait pris le caractère d’un soulèvement ouvrier).

    Cet évènement avait commencé par un développement de la dissidence parmi les intellectuels (le “cercle Petofi") et parmi les étudiants ainsi que par des scissions au sein du parti communiste hongrois, ce qui avait ouvert la voie pour que l’opposition de la classe ouvrière puisse elle aussi se développer. Au mois d’octobre, une révolution politique était était à l’ordre du jour. Rapidement, les travailleurs ont embrassé le programme de Lénine de 1919 contre la bureaucratisation.

    Dans la capitale, Budapest, des conseils ouvriers (c-à-d des soviets), ont été établis avec l’élection de représentants et avec le droit de révoquer ces derniers. Leurs salaires ont été limités et l’armée a été remplacée par des milices ouvrières. La liberté d’expression a aussi été établie, à l’exception des contre-révolutionnaires capitalistes. Pour réaliser tout cela, deux grèves générales et deux soulèvements avaient été nécessaires de la part de la classe ouvrière dans l’ensemble de la Hongrie.

    Les troupes soviétiques d’occupation ont été contaminées par cette atmosphère révolutionnaire et elles ont été retirées à la hâte, pour être remplacées par des troupes plus dignes de confiance pour le régime.

    Khrouchtchev, qui avait plus tôt dénoncé Staline, a en fait recouru aux mêmes méthodes brutales pour écraser la révolution. En conséquences, les partis communistes occidentaux ont connu des scissions et de nombreuses défections de masse. Khrouchtchev a survécu et le système répressif stalinien a été préservé pour plusieurs décennies, mais la révolution des ouvriers de 1956 a prouvé que les déclarations du XXe Congrès du PCUS étaient hypocrites.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop