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  • Même un diplôme supérieur ne protège pas du chômage

    Qu’il n’est pas aisé de trouver son chemin en arrivant sur le «marché de l’emploi», ça, c’est loin d’être neuf. Mais la croyance qu’avec un diplôme, c’est quand même incoparablement plus évident persiste. Une étude de Jobat est récemment venue bousculer cette idée reçue…

    Cette étude, donc, a été réalisée auprès de plus de 500 jeunes flamands diplômés en juin dernier et détenteurs d’un diplôme de master ou de bachelier. Parmi eux, la moitié seulement a pu trouvé un emploi.

    Mais il y a emploi et emploi… 27% des jeunes diplômés qui travaillent ont un emploi d’intérimaires. Autre donnée d’importance, 48% de ces nouveaux travailleurs qualifiés gagnent moins de 2.000 euros brut par mois. Difficile de débuter une vie indépendante dans de telles conditions.

    Nous avons déjà abordé à de nombreuses reprises la question de l’emploi et des jeunes sur ce site (voir: Les jeunes doivent-ils payer pour la crise?, Jeunes et emploi: intervention au Brussels JOBDAY, Lutter pour notre avenir, c’est lutter contre le capitalisme!,…). Avant la crise économique, les jeunes travailleurs connaissaient déjà une situation difficile. Les attaques contre les pensions (comme le Pacte des Générations en 2005) n’aident bien entendu pas à libérer de la place pour les jeunes, et les contrats intérimaires sont devenus la règle, avec l’incertitude du lendemain inscrite entre les lignes du contrat de travail. On a présenté les bureaux d’intérim comme le summum de la liberté de choisir où travailler, la crise a révélé aux yeux de tous qu’il s’agissait surtout de la liberté du patron de sabrer dans le nombre de travailleurs pour continuer à profiter du champagne.

    Dans une interview accordée au magazine Politis en avril dernier, Philippe Labbé, sociologue et ethnologue au cabinet d’étude Geste, remarquait dans le cas de la France: «Ils (les jeunes , NDLA)sont effectivement les «premières victimes de la crise» pour une raison simple: les conditions d’accès à ce marché ressemblent un peu à une sorte de purgatoire, très majoritairement (près de 8 embauches sur 10) via des CDD et missions d’intérim. Ces contrats étant considérés comme la variable d’ajustement par les employeurs, ceux-ci les compressent en période peu favorable.»

    En guise de solution, Philippe Labbé est sans équivoque: «Partager le travail. Mais c’est un gros mot, radicalement à l’opposé de l’idéologie dominante, « travailler plus… », les heures supplémentaires, etc.». Tout le problème est posé. La simple logique voudrait qu’on répartisse le temps de travail disponible en fonction du nombre de travailleurs disponibles, mais cela va à l’encontre de la sacro-sainte logique de profit des patrons.

    Le PSL revendique les 32 heures de travail par semaine avec embauches compensatoires et sans perte de salaire. Il s’agit de défendre le droit de chacun d’avoir un emploi décent avec un statut décent. Il faut d’autre part défendre les services publics, comme la SNCB ou La Poste qui sont actuellement menacé, mais on pourrait parler des soins de santé, de l’enseignement,… L’argent existe, il faut aller le chercher là où il est! Dans les poches des patrons et des actionnaires! nous avons vu ce que donne le secteur financier quand il est laissé aux mains du privé: Nationalisons le secteur bancaire pour publiquement financer les besoins réels de la population: des logements sociaux de qualité, un service national de soins de santé public de qualité, un enseignement de qualité, des transports en communs étendus et de qualité,…

    Les solutions pour l’emploi ne manquent pas, mais pour les concrétiser, nous devons construire un rapport de force capable de s’en prendre au patronat. Le PSL veut s’engager dans la discussion et la promotion d’un plan d’action national pour l’emploi, notamment en relançant l’idée de Marches des Jeunes pour l’Emploi.

  • Atmosphère combative au congrès de nos camarades suédois

    Le thème de la réponse socialiste à apporter face à la menace du changement climatique a constitué un grand foyer de discussions lors du Congrès de Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède) qui s’est tenu fin octobre. Ce Congrès a été caractérisé par un nombre impressionnant de rapports sur la crise et les luttes en Suède et, plus globalement, par une très forte atmosphère combative.

    Johanna Evans, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    «Nous avons de grandes choses à discuter à ce Congrès. Les élections de l’an prochain, les nouvelles discussions sur les salaires – qui peuvent briser le reflux actuel de la lutte de classe – et notre intervention au sommet de l’ONU de Copenhague consacré au climat», a précisé Elin Gauffin lors de l’ouverture du Congrès.

    Plus de 100 personnes issues de différentes régions du pays ont participé à ce week-end. Pour la première fois, le parti a discuté et voté des résolutions consacrées au climat aussi bien qu’aux droits des LGBT. Des résolutions ont également été votées au sujet de la situation politique en Suède, de la construction du parti et du recrutement, en plus des élections de 2010.

    Des visiteurs internationaux étaient aussi présents: Clare Doyle, du Secrétariat International du CIO, et des camarades d’Islande et de Belgique.

    Le congrès des sociaux-démocrates se déroulait au même moment, et a accentué son adaptation à la politique de droite, en soutenant par exemple la mainmise croissante de sociétés anonymes privées sur des hôpitaux et des écoles. En revanche, notre congrès a traité de la manière dont la crise et les politiques du gouvernement ont frappé les ménages ainsi que de la nécessité de la lutte.

    La première discussion a abordé les perspectives globales. «Il y a maintenant un milliard de personnes qui souffrent de la faim à travers le monde. En même temps, les banques ont encore des bonus record et leurs actions remontent en flèche. Stopper l’effondrement financier a exigé les plus grandes opérations de sauvetage jamais connues, pour quelque chose qui en soi impossible à soutenir. Qu’importe ce que peuvent bien raconter les médias et les politiciens, la crise est loin d’être finie», a affirmé PerAke Westerlund dans son introduction.

    Dans la discussion proprement dite, beaucoup d’excellentes contributions ont été faites, couvrant par exemple le Pakistan, la crise dans les Etats baltes et la lutte de masse en Iran. Des salutations envoyées par des camarades du CIO du Brésil et d’Asie ont été lues. Elément positif: la majorité des contributions ont été faites par des camarades féminines.

    La journée du vendredi a continué avec des commissions, sur le travail des conseillers communaux du parti, sur les campagnes jeunes, la situation dans les entreprises et les syndicats,… Dans l’après-midi, la lutte pour les droits des LGBT a été débattue. Lina Westerlund a introduit cette discussion, et a notamment parlé de la fondation de «LGBT-socialistes», un grand pas en avant pour le travail de notre parti sur ces questions.

    Cette première journée s’est terminée par un meeting consacré à la crise climatique. Arne Johansson a souligné le sérieux de la menace du climat, en précisant que seule une planification socialiste et démocratique de l’économie pouvait encadrer toutes les conversions nécessaires au niveau de l’orientation de la production. Johanna Evans a parlé de nos plans d’intervention pour le sommet de Copenhague et Clare Doyle a parlé d’exemples de mises à mort dues au capitalisme et de la nécessité d’une approche et d’un programme socialistes sur cette question. La discussion s’est concentrée sur ces questions et sur la tâche importante de l’intervention à Copenhague en décembre dans le but de ré-implanter le CIO au Danemark.

    Samedi et dimanche

    La deuxième journée a commencé par une discussion sur la résolution «perspectives suédoises – préparez-vous pour la lutte de classe». «La Banque Centrale compte sur une croissance stable, mais croit également que plus de 160.000 sans-emploi viendront grossir les rangs des chômeurs en 2011 par rapport à 2007», a dit Per Olsson dans son introduction. Il également analysé l’atmosphère contradictoire d’aujourd’hui, avec peu de protestations et de grèves puissantes, mais avec une colère croissante sous la surface.

    Des contributions ont été consacrées au chômage parmi les jeunes, avec notre campagne Elevkampanjen (ISR-Suède) «La jeunesse exige des emplois et un avenir vert». D’autres orateurs ont soulevé la crise de la direction des syndicats. A titre d’exemple, la marche pour l’emploi organisée par la Fédération suédoise des syndicats dans le nord a rassemblé moins de 30 participants…

    Plusieurs contributions ont rendu compte des luttes actuelles – les protestations contre les coupes budgétaires de Gothenburg, la grève des éboueurs de Stockholm et la grève chez Lagena à Haninge, les protestations contre les économies dans les soins de santé et la lutte contre des réductions de salaire pour des travailleurs âgés à Lulea. Les contradictions aigües des prochaines négociations salariales ont été abordées dans beaucoup de contributions.

    Dans cette discussion, des salutations ont été apportées par un représentant du SP, la section suédoise du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (l’équivalent de la LCR en Suède, NDT). D’autres salutations ont été faites par un représentant de l’Association des Réfugiés Ethipiens et du Foro Latinamericano.

    Les discussions suivantes ont été consacrées à la construction du parti, aux élections et aux finances du parti. Des rapport des adhésions et des nouvelles sections ont été faits et l’objectif est maintenant d’avoir 100 nouveaux membres d’ici septembre prochain. A propos des finances, nous avons décidé de lancer un appel pour augmenter les cotisations pour obtenir plus d’abonnés pour notre hebdomadaire. Samedi soir, la collecte de fonds a permis d’avoir 82.500 SEK (environ 8.250 euros).

    Le dimanche, Clare Doyle, du secrétariat international du CIO, a présenté le rapport du CIO, en commençant par le mouvement étudiant qui se développe en Autriche. Elle a donné beaucoup d’exemples de l’énormes travail et des sacrifices réalisés par nos camarades à travers le monde, par exemple au Sri Lanka et au Pakistan. Elle a également rendu compte des pas en avant qui ont été faits en termes d’expansion des sections nationales du CIO entre autres au Québec, en Malaisie et au Brésil.

    Ce congrès a été une source d’inspiration pour notre travail quotidien et a illustré la force de notre parti, avec les interventions de beaucoup de jeunes camarades et également un nombre croissant de camarades féminins.

    Juste après le congrès, nous avons commencé notre campagne annuelle pour les abonnements à notre journal. L’objectif est de recruter 300 nouveaux abonnés par ordre permanent, plus une centaine d’abonnements pour 9 mois au moins. Maintenant commence également une mobilisation de la plus haute importance pour Copenhague.

  • Comment construire l’unité dans la lutte contre l’interdiction du port du voile?

    Le PSL/LSP a participé aux réunions du MDF (Mouvement pour les droits fondamentaux), qui réunit différentes organisations et personnes contre l’interdiction du foulard à l’école, depuis le début. Tout comme à Gand et à Anvers, où nous avons mené en collaboration avec d’autres organisations des actions devant des écoles, nous sommes intervenus lors des réunions du MDF dans l’idée de vouloir élargir la construction du mouvement contre l’interdiction du port du voile à l’école. C’est pourquoi nous trouvons très positif que la revendication d’un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB soit mise en avant car elle permet de construire l’unité aussi bien avec les enseignants, les élèves que leurs familles.

    Nous pensons néanmoins que pour pouvoir construire une unité avec une couche plus large de jeunes et de travailleurs, le MDF va devoir mettre au clair certains points politiques de sa plateforme et changer certaines de ses méthodes. En effet, une interdiction a été faite aux partis politiques de pouvoir participer à l’action du 11 novembre avec leurs drapeaux. Ceci nous montre que le MDF est prêt à limiter les droits de certains pour lutter contre une autre discrimination, tout comme les directions d’écoles n’ont pas hésité à interdire la diffusion de tracts après avoir interdit le port du foulard. Nous n’acceptons pas ces méthodes et pensons qu’elles seront contre-productives.

    L’argument mis en avant par les membres du MDF est la peur que les médias les associent à un parti politique de gauche radicale ou encore à des extrémistes islamiques. Pour nous, ce n’est pas en interdisant des drapeaux que nous pourront changer l’attitude des médias mais bien en élargissant le mouvement à des couches plus larges de jeunes et de travailleurs. L’interdiction aux petits partis de gauche d’être visibles a pour conséquence que l’action du 11 novembre n’aura le soutien visible d’aucun parti politique puisque tous les partis traditionnels, aussi bien en Flandre que du côté francophone du pays, soutiennent l’interdiction du port du foulard à l’école. Le manque d’un parti large qui se base sur les meilleures traditions du mouvement ouvrier – la solidarité, la lutte contre chaque discrimination,… – a pour cause qu’il n’existe plus de parti qui défend les intérêts des jeunes et des travailleurs, y compris des travailleurs immigrés et leurs familles. Les seuls qui le font encore sur le plan politique sont les petits partis de gauche. Refuser que ceux-ci se fassent connaître, c’est empêcher de trouver des solutions contre le racisme et le sexisme créé tous les jours par le capitalisme. Cela va encore plus isoler le mouvement.

    Ce n’est pas non plus cette interdiction de drapeaux qui va empêcher des extrémistes de venir à l’action. Ce n’est qu’en travaillant avec une plateforme qui a une clarté politique que la différence sera faite avec eux. Pour nous, comme on a toujours rendu clair aux réunions, il est important qu’une approche claire de la question du choix des femmes soit présente aussi bien dans le titre que dans le contenu de la plateforme, comme cela a été finalement fait dans le tract. Nous sommes pour un véritable choix des femmes: ni interdiction ni obligation du port du foulard. Nous pensons que la plateforme doit être capable de rassembler ceux et celles qui se battent contre l’imposition du port du foulard et ceux et celles qui se battent contre son interdiction à l’école face à cette attaque raciste.

    Voilà pourquoi le PSL-LSP a décidé de ne plus participer aux réunions du MDF ainsi qu’à son action du 11 novembre. Nous pensons que pour pouvoir élargir ce mouvement, le MDF doit laisser l’espace à la discussion de fond et changer ses méthodes. Pour nous, la méthode utilisée n’est pas une question de «simples drapeaux». Nous ne pensons pas que défendre la démocratie est possible en utilisant des méthodes bureaucratiques et non-démocratiques. Nous défendons la démocratie parce qu’elle offre à nous (l’ensemble des travailleurs) les meilleures conditions pour s’organiser et arriver à un programme correct.

  • La relocalisation de l’économie : une voie sans issue

    Pour répondre à la crise de l’économie, une partie des écologistes radicaux, proposent de relocaliser l’économie. Dans le secteur de la production alimentaire, cela se traduit par le « consommer local » : tenter de réduire la chaine de production qui éloigne le producteur du consommateur… Ce genre d’idées, aussi bucoliques soient elles, ne tient pas compte des lois propres au système capitaliste et de l’une d’entre elles en particulier : la soif de profits.

    Par Alain (Namur)

    Il y a déjà plusieurs décennies, Rosa Luxembourg faisait remarquer à propos du système capitaliste: «le capitalisme ne peut pas s’accommoder de minuscules Etats, de la dissémination économique et politique ; il a besoin, pour son épanouissement, d’un territoire, grand au possible, homogène à l’intérieur et d’une civilisation spirituelle sans quoi les besoins de la société ne peuvent être élevés au niveau correspondant à la production capitaliste de marchandises, et faute de quoi de la domination de classe de la bourgeoisie est incapable de fonctionne…». (La crise de la social-démocratie, Rosa Luxembourg).

    Cela nous éclaire sur les lois internes du système, qui n’ont pas changé depuis. Les conditions objectives dans lesquelles nous vivons actuellement sont le résultat des lois internes de la superstructure, et dans celle-ci, la configuration actuelle est aussi le résultat de la lutte des classes. En clair, la manière dont sont produites les marchandises destinées à la consommation humaine ou animale (secteur agricole), sont le fait de la production capitaliste. Ce système, de manière intrinsèque, est amené à des contradictions insolvables en interne. Ce qui explique les crises de surproductions et la détresse des petits paysans. (Voir notre article sur la crise de surproduction dans l’agriculture).

    La solution serait-elle alors de retourner à l’état antérieur de la production capitaliste, où il y avait un grand nombre de producteurs qui portaient leurs marchandises sur un marché national largement protégé par des barrières douanières ? On peut même pousser le trait plus loin – certains écologistes radicaux n’hésitent pas à le faire – on peut encore retourner plus loin en arrière et retourner au temps béni où chaque personne avait son verger, sa vache, ses terres et vivait en autonomie. Il faut retrouver dans l’histoire où se trouvent ces périodes bénies car, jusqu’à il y à peu, les guerres, les famines et les disettes n’étaient pas rares en Europe occidentale ! L’époque où les suzerains prélevaient la tonlieue et le clergé la dime n’est pas à regretter…

    Il est illusoire de penser pouvoir faire machine arrière par rapport au développement capitaliste. Dans le Manifeste du parti communiste, une partie est consacrée à ce genre de prise de position politique. Marx et Engels appellent ça le socialisme petit-bourgeois. Dans la configuration politique actuelle, on peut classer dans cette branche différentes tendances : anarchistes, écologistes radicaux, décroissants. Cette tendance trouve sa base matérielle dans le fait qu’au gré du développement de l’industrie s’est formée une couche sociale qui flotte entre la classe des travailleurs et la bourgeoisie. Au gré des crises, de plus en plus de petits-bourgeois se prolétarisent et deviennent mécontents du système.

    Les marxistes reconnaissent que certains de ces mouvements ont analysé avec pertinence les contradictions inhérentes aux rapports de productions modernes. Dans le manifeste, il est même dit : « il, (le socialisme petit-bourgeois, NDLA), a démontré de manière irréfutable les effets destructeurs du machinisme et de la division du travail…. Les disparités criantes dans la répartition de la richesse, la guerre d’extermination industrielle des nations entres elles, la dissolution des mœurs anciennes, des rapports familiaux anciens, des nationalités anciennes ». Marx et Engels ajoutent de manière très juste et lapidaire : «d’après son contenu positif toutefois, ce socialisme veut ou bien restaurer les moyens de production et de communication du passé et avec eux les anciens rapports de propriété et l’ancienne société, ou bien enfermer à nouveau de force les moyens de communication moderne dans le cadre des anciens rapports de propriétés qu’ils ont fait éclater… dans les deux cas il est à la fois réactionnaire et utopique. »

    De manière plus concrète à présent, que veut dire le slogan « consommer local » : préférer acheter le lait à la ferme voisine, aller chercher ses fruits chez le producteur d’à côté, ses légumes chez le maraîcher du coin, préférer les marchandises produites sur le sol national. Bien que ça sente à plein nez le patriotisme et la fierté nationale, cela pourrait encore fonctionner pour des produits peu manufacturés : lait, pomme de terre, fruit, légumes…

    Cependant, lorsque l’on pense à des produits de consommation courante comme le riz, les tomates, les bananes, l’exemple du consommer local perd un peu de sa force car je n’ai pas vu beaucoup de rizières en Belgique et peu de plantations de café. Face à cela deux solutions : on ne consomme plus que des produits locaux ou on fait produire par nos locaux ces produits quel qu’en soit le coût écologique.

    De plus, même si les transformations que doivent subir ce type de produits sont réduites, on doit intégrer le fait qu’il faudra en cas de consommation locale intégrer dans le coût de production de l’agriculteur : le conditionnement, la publicité, les frais de contrôle qualité, les salaires des travailleurs préposés à la vente… Ceci alors qu’un des problèmes actuels que rencontrent les exploitants, c’est l’augmentation des coûts de productions. Les prix d’achat des moyens de production dans l’agriculture ont augmenté, par rapport à 2005, de 13,24% en 2006, et de 39,99% en 2008 ! Peu d’agriculteurs seraient capables de réaliser les investissements nécessaires au vu du niveau d’endettement de la profession.

    Un autre aspect de cette question peut se traduire ainsi : si vous voulez donnez du goût à votre thé, vous ne mettez pas de la betterave dans votre tasse, mais bien du sucre qui est produit à partir de cette dernière. Pour les produits qui demandent une transformation (sucre, viande, pain, fromage…), une industrie de transformation est nécessaire. On peut partir de la même idée et se dire que les industries de transformation ne vont plus accepter que les produits locaux et vendre sur le marché national. Au revoir les Kraft Food, les Nestlé et compagnie. Un bémol cependant, il faudrait tout d’abord s’assurer que la consommation nationale correspond au niveau de la production nationale actuelle. On peut déjà constater en regard de la situation actuelle que c’est une idée qui détruirait encore plus le secteur. Avec les taux d’auto-approvisionnement que nous connaissons, ne rester que sur le marché local, c’est se tirer une balle dans le pied.

    Pour les pommes de terre, on est à 250,67% d’auto-approvisionnement ; pour le lait on est à 149,93% ; pour les œufs on est à 107% d’auto-approvisionnement. Cela veut dire que consommer local, c’est se fermer les portes de l’exportation et renforcer la crise de surproduction sur le terrain national. Les produits que l’on ne produit pas nous-mêmes (par exemple : la vanille) sont importés de manière peu transformée pour être incorporés dans un produit destiné à l’exportation (par exemple : la glace). La transformation génère une plus-value qui au final est intéressante en terme de balance commerciale.

    On objectera qu’on peut ajuster la production, mais cela veut dire réduire encore le nombre de producteurs. On peut aussi ajuster la consommation à la capacité de production nationale si le problème de sous-capacité productive se pose, mais cela veut dire alors de devoir forcer les gens à modérer les achats ; la seule manière de faire, c’est de laisser le marché national jouer et donc les prix des marchandises qui sont en « manque » seraient plus chers. En gros, le retour des disettes sous une autre forme.

    Une autre question qui n’est pas résolue par le slogan « consommation locale », c’est le fait que la production locale n’est pas nécessairement verte. En fait, la part de la production verte se résume à une portion congrue : le nombre d’exploitations bio est en augmentation constante depuis une dizaine d’années, pour arriver à 803 exploitations en 2008. Mais cela reste marginal par rapport aux nombres d’exploitations qui restent en agriculture classique malgré leur diminution en termes de nombre total : -48.013 en 2007. Cela veut dire que consommer chez le sympathique producteur local, ce n’est pas encore la solution pour sauver la planète. À moins de ne consommer que les produits issus de l’agriculture bio, ce qui entrainera un afflux de capitaux dans ce secteur et il se produira alors le même phénomène que dans les autres secteurs de l’agriculture.

    On voit que d’une part, ces solutions, pour être à peu près viables, appellent au protectionnisme, mais aussi à une certaine forme de contrainte morale par rapport au produit qu’il est bon de consommer. Les décroissants raillent les marxistes dans le sens qu’ils réduisent les hommes à leurs simple situation de travailleurs, mais eux-mêmes réduisent l’homme à un consommateur individuel qui n’a que sa consommation pour influer sur les mécanismes économiques. En plus d’être réducteur, c’est ignorer tout les moyens dont le capitalisme dispose pour se maintenir et faire face à des individus pris isolément.

    On le voit, sur base capitaliste, il est impossible de trouver une solution aux problèmes rencontrés dans le secteur agro-industriel. Les illusions dans la relocalisation de l’économie à partir de « nano » expériences (qui ne sont absolument pas généralisables dans le contexte actuel), montrent la faiblesse théorique des socialistes petit-bourgeois de nos jours. Dans leur vocabulaire actuel, on sent le défaitisme et le manque de confiance dans l’instinct révolutionnaire de la classe ouvrière. En réalité, ils veulent changer la société actuelle pour maintenir leur propre position de petit-bourgeois. Cela se traduit par le fait qu’ils parlent rarement d’attaquer frontalement la société de classe actuelle et les rapports de production existants.

    Il faut se débarrasser du système capitaliste et instaurer une société socialiste qui puisse répondre aux besoins de la population par une économie démocratiquement planifiée.

  • Sri Lanka: Congrès réussi pour l’United Socialist Party

    L’United Socialist Party (USP) a tenu son 11ème Congrès National du 31 octobre au 1er novembre 2009, dans l’auditoire de la Fraternité ouvrière à Ratmalana, Colombo (capitale du Sri Lanka). Ce Congrès était constitué de délégués de toutes les provinces, y compris du Nord et de l’Est, et de travailleurs tamouls originaires de la zone centrale des plantations de thé.

    Siritunga Jayasuriya, Secrétaire de l’USP (CIO – Sri Lanka)

    Un document de perspectives nationales a été présenté par le Comité Central, et un programme de construction du parti a été discuté pendant les deux jours.

    Les discussions étaient principalement concentrées autour des nouveaux développements politiques qui ont lieu en ce moment à l’issue de la guerre. Pendant plus de trente ans, la politique du Sri Lanka était directement impliquée dans la guerre entre l’armée sri lankaise et les Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul (LTTE – Liberation Tigers of the Tamil Eelam).

    Après la défaite militaire des LTTE, les développements politiques ont connu un brusque tournant, surtout au Sud du pays. Le gouvernement capitaliste, mené par Mahinda Radjapaksé, a utilisé une campagne idéologique pro-cinghalais et pro-bouddhiste afin d’asseoir son autorité sur les Cinghalais du Sud.

    Pendant la guerre, la répression de la liberté de la presse a atteint des proportions inquiétantes. Toutes les luttes de la classe ouvrière qui ont avancé des revendications concernant la vie de tous les jours ont également été réprimées, sous l’accusation d’être pro-LTTE.

    Les autres partis de gauche, y compris le Parti Communiste et le LSSP (Lanka Sama Samadja Party – Parti sri lankais de la société équitable) ont tous publiquement soutenu la répression. Et en particulier ce pseudo-parti de gauche, le JVP (Janatha Vimukthi Peramuna – Front populaire de libération) – qui a complètement soutenu le régime de Mahinda Radjapaksé lorsque ce dernier a fait passer sa «Loi d’urgence», aujourd’hui utilisée contre les luttes de la classe ouvrière.

    Au cours du Congrès, nous avons remarqué la possibilité du développement de lutte futures de la classe ouvrière, de la jeunesse et des étudiants au cours de la période à venir. Avec le retour à l’action de ces forces, c’est un tsunami politique que va devoir affronter la soi-disant popularité du régime Radjapaksé au cours de la prochaine période.

    Dans cettte situation, l’USP a mené campagne afin de mettre sur pied un Congrès des Travailleurs National Indépendant, afin de débattre des revendications et des problèmes auxquels est confrontée la classe ouvrière, et pour prendre démocratiquements les décisions qui s’imposent.

    Dans le but de vaincre les rivalités sectaires au sein du mouvement syndical, l’USP a été à l’avant-garde de la campagne pour que les délégués d’entreprise élus de tous le pays se rassemblent en un congrès national, sur une base réellement démocratique.

    La question nationale

    D’autres discussions cruciales se sont focalisées sur le futur développement de la question nationale tamoule dans la période d’après-guerre. Cette question est à nouveau manifestée par la classe dirigeante capitaliste cinghalaise et par son incapacité à mettre en avant une solution politique à la question nationale, même après la défaite des LTTE.

    L’USP a toujours soutenu la lutte des tamouls contre leur oppression, et s’est toujours fermement dressé pour leur droit à l’auto-détermination. Mais nous considérons les LTTE comme étant partiellement responsables de leur propre défaite, du fait de leur adoption de mauvaises mesures politiques et du fait qu’ils ne se soient pas basés sur les tamouls opprimés du Sud ni sur les luttes des travailleurs du Sud contre le capitalisme.

    Dans la situation actuelle, les marxistes affrontent une tâche fort intimidante, qui consiste à appeler les Tamouls – travailleurs, pauvres, paysans et jeunes – à rejoindre les masses opprimées et la classe ouvrière du Sud du pays, s’ils veulent voir satisfaites leurs propres aspirations et revendications nationales.

    L’USP est la seule force dans le pays qui a une position principielle qui revendique l’acceptation du droit à l’auto-détermination des Tamouls. Sur cette base, nous devons bâtir une lutte combinée dans le Nord, à l’Est et dans le Sud afin de renverser le capitalisme.

    Nous avons aussi eu une discussion concentrée sur les élections présidentielles et générales à venir. Le Congrès s’est unanimement déclaré en faveur de la mise en avant d’un programme de la classe ouvrière en tant qu’alternative à la politique néolibérale et aux forces communautaires.

    Nous sommes fiers de nos camarades qui, malgré les circonstances extrêmement difficiles, ont pu participer à ce Congrès – en particulier les délégués en provenance de Jaffna, de la zone à plantations de thé et de l’Est. Nous avons reçu la visite de camarades d’Inde et du Cachemire, malgré les difficultés concernant l’organisation du voyage et la sécurité. Nous avons tous apprécié les salutations chaleureuses et optimistes que nous a envoyées Peter Taaffe de la part du CIO via un film projeté lors du Congrès. Nous apprécions l’immense soutien qui est donné à l’USP par les membres du CIO du monde entier, et en particulier en provenance de la Campagne de Solidarité avec le peuple tamoul.

    Le moral était au plus haut parmi les délégués qui ont participé aux deux jours de discussions à notre Congrès. Ceci s’est reflété dans l’excellente collecte de 40.050 roupies (235€) pour notre fonds de lutte.

  • B-Cargo: Rapport du piquet de grève à Anvers

    Le PSL-Anvers s’est rendu ce 4 novembre au piquet de grève à la gare de Berchem avec une dizaine de militants. Nous y avons distribué notre tract, y avons vendu quelques exemplaires de notre mensuel, et avons bien entendu discuté avec les militants présents. Une bonne cinquantaine de militants étaient là pour organiser le piquet. C’est une bonne mobilisation compte tenu du fait que la tradition de piquets de grève s’étaiet predue ces dernières années à la SNCB.

    Par Jan

    Nous avons entre autres réalisé une interview de Bart, militant CGSP-cheminot, et de Joachim, militant du SIC (Syndicat Indépendant des Cheminots). D’autres travailleurs des chemins de fer sont aussi régulièrement venus discuter. Voici les éléments les plus importants de cette conversation.

    Pourquoi faites-vous grève

    "En tout premier lieu afin de lutter pour l’avenir de la section marchandise B-Cargo, et finalement pour l’avenir des chemins de fer en tant que service public à part entière, tant au niveau de la prestation de services que des statuts du personnel."

    "Marc Descheemaecker (l’administrateur-délégué de la SNCB) ment quand il affirme qu’on ne touchera pas aux statuts du personnel. Si le projet de filialisation se réalise, en 5 ans de temps au maximum, 3.000 statutaires de la «filiale» B-Cargo ne seront pas remplacé après leur départ en retraite, ou alors seront remplacés par un travailleur avec de moins bonnes conditions. Celui qui ne sera pas encore calmé après cinq ans sera muté vers un autre poste au sein du groupe."

    "Il n’y aura pas de licenciements» déclare systématiquement la direction – pour essayer d’avoir l’opinion publique de son côté – mais en réalité, le groupe-SNCB perdra 3000 emplois en 5 ans. Est-ce que cela peut se justifier à un moment où des centaines d’emplois disparaissent quotidiennement."

    "Pour la direction et les médias, nous sommes des privilégiés, mais avec des shifts de 9 heures de travail avec une interruption de 2 heures, cela fait 11 heures hors de chez soi! A cela, il faut encore rajouter le temps de trajet jusqu’au boulot, et retour! Du reste, ce trajet va augmenter pour de nombreux cheminots puisqu’il est question de concentrer les activités de transport de marchandises à Anvers. On peut aussi parler des shifts de nuit, avec lesquels nous sommes 3 nuits de suite hors de la maison. Et nous devons aussi sacrifier les 13 jours de compensation. Et notre vie sociale alors? Et notre santé?"

    "Et on doit encore se taire pour la sécurité! Un machiniste doit par exemple être attentif pour réagir correctement face à un signal rouge. De plus longs shifts signifient une plus grande fatigue et moins de vigilance, de plus grandes chances, donc, d’accidents."

    "Nous, comme statutaires, avons suivi de longues formations pour pouvoir effectuer notre travail correctement et en toute sécurité. Chez les concurrents du privé, comme Crossrail, ce n’est pas le cas non, tout comme pour les futurs contractuels qui seront employés chez B-Cargo. Pour être concurrentiels, beaucoup de choses passent à la trappe."

    "Lors de contrôles, il est déjà apparu que des machinistes, chez Crossrail entre autres, travaillent parfois 15 heures d’affilée. C’est ça l’avenir? Trouves-tu que la colère des travailleurs est exagérée?"

    "A côté de cela, la SNCB balance de l’argent par les fenêtres. Doit on payer pour cela? Pour les erreurs de gestion de la direction? Nous faisons souvent des propositions à la direction pour organiser autrement, et plus efficacement, toutes sortes d’affaires, mais on ne nous parle jamais de ça."

    "La direction veut diviser-pour-mieux-régner. Les dépôts sont montés les uns contre les autres. Ceux qui sont prêts à être plus flexibles obtiennent la tâche convoitée. Et si des dépôts se retrouvent sans travail, l’argument est utilisé pour fermer ces dépôts."

    "La libéralisation du transport de marchandises a tout changé, mais même le professeur libéral Paul De Grauwe est forcé d’admettre que «la libéralisation n’a pas tellement réussi apparemment…"

    "Les entreprises privées remportent les trajets lucratifs, comme les trains complets qui ne s’arrêtent que dans une entreprise, contrairement au trafic diffus (environ 60% du volume transporté) qui est composé de wagons issus de différents sites. Cela nécessite beaucoup plus de travail, et donc de coûts. Comment pouvons-nous être aussi rentables?"

    "La tentative de filialisation est une première étape vers la privatisation de B-Cargo. Une fois privatisé, les conséquences seront grandes pour les conditions de travail du personnel, pour la sécurité,… Et des services ne seront plus assurés, comme le trafic diffus. Mais cela représente 8000 camions de fret quotidiens supplémentaire sur les routes!"

    Que pensez-vous de l’approche négative des médias? Face à la grève

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    "Les médias ne prennent en considération que les positions de la direction. Notre vision des choses est à peine mentionnée. On nous présente comme ceux qui veulent détruire la société, mais au contraire nous nous battons pour l’avenir de la SNCB!"

    "Nous entendons aussi souvent qu’il est scandaleux de stopper le trafic de voyageurs pour un conflit qui concerne la section marchandises. Mais on doit voir les choses plus largement: si on laisse la restructuration passer à B-Cargo, des plans similaires arriveront pour le reste de la SNCB. Dans trois ans (en 2012), l’Europe veut aussi libéraliser le transport de voyageurs. La direction viendra alors avec les mêmes arguments."

    "À partir de demain, on va remettre sur la table la discussion sur le service minimum, au lieu de parler des raisons de la grève. Tout cela alors qu’un service minimum à la SNCB est tout simplement impossible. Les gens sont déjà comme des sardines dans les trains aux heures de pointe, qu’est-ce que cela va donner avec encore moins de trains? Dans la pratique, cette discussion n’est qu’une attaque contre le droit de grève."

    Recevez-vous du soutien du côté politique ?

    "Les petits partis, comme el PTB ou le PSL, viennent nous soutenir, mais du côté des partis traditionnels, le silence est frappant. Les libéraux parleront de service minimum, et le SP.a et le CD&V sont inaudibles."

    "Les syndicats ne dépendent heureusement pas de elur lien avec le SP.a ou le CD&V. Quand l’action est nécessaire, même si cela s’oppose à leur politique, nous partons en grève. En 2005, nous avons fait grève contre le Pacte des Générations qui a été lancé par le SP.a, mais il serait bien entendu fort mieux de pouvoir compter sur un parti qui représente notre avis dans le Parlement."

  • A Bruxelles tout est arrêté

    La grève n’est critiquée que par les patrons, les journaleux et des organisations-fantômes comme La Ligue des usagers des trains, trams bus

    Mercredi soir déjà, c’était clair. Beaucoup plus de monde était cette fois-ci présent au piquet à Bruxelles Midi que lors de grèves précédentes. Il y avait des militants CSC-transcom, mais surtout des cheminots CGSP. Malgré la propagande de la presse, l’enjeu de la grève n’est des moindres. Si les projets de la direction sont concrétisés, nous pouvons nous attendre à son extension à toute la SNCB petit à petit, ce qu’il ne faut pas expliquer au piquet. Il n’est donc pas étonnant que cette grève, superflue selon la presse, soit tellement portée par le personnel. Est-il influencé par la gauche radicale? Nous l’aurions bien voulu, mais malgré les efforts déployés par la direction pour le faire croire, pour le moment, les cheminots ne sont pas engagé dans une voie idéologique, ils ne font que défendre leurs emplois et leurs salaires comme vous et moi.

    Par Eric

    Le tract du PSL à néanmoins été fort bien reçu Même le sommet syndical, du côté des rouges tout du moins, lit dorénavent "l’Alternative Socialiste". Cela avait certainement à voir avec notre délégation de solidarité impressionante, composée de militants de divers secteurs dont des enseignants et deux des colloborateurs de notre Parlementaire européen irlandais, Joe Higgings. Ces militants sont maintenant armés de réponses concrètes face aux mensonges de la presse utilisés contre leur secteur et leurs collègues.

    Ce mercredi matin, l’attitude des voyageurs face à notre tract n’avait pas été différente. On pouvait trouver beaucoup de compréhension pour la grève. Ceux qui travaillent dans le privé, le non-marchand, l’enseignement ou d’autres transports en commun comme les bus savent bien ce que signifie l’introduction de différents statuts. Nous n’avons d’ailleurs trouvé aucun voyageur qui adhère à la ligue fantome "des usagers des trains, trams et bus". Quelqu’un saurait-il nous présenter un de ces "utilisateurs" en chair et en os? Ou alors ne sont-ils vraiment que des fatômes qui ne vivent dans la presse qu’en cas de grève, et même alors uniquement sous la forme de communiqué de presse?

    Que des journalistes poussent un micro sous le nez du rare voyageur qui arrive en gare en pleine journée de grève pour que ce dernier puisse vomir toutes sa frustration devant toute la Wallonie et Bruxelles, nous pouvons à la limite encore le comprendre. Mais que cette même presse prétende ensuite que ceci illustre l’opinion de la Wallonie et de Bruxelles, cela dépasse les bornes. Qui est-ce que l’on trouve dans une gare après toute une semaine d’avertissements pour cette grève dans tous les médias? Cela peut arriver à tout le monde mais… oui, à ceux-là en premier.

    A Bruxelles-Nord aussi, cela n’a cette fois-ci pas duré longtemps pour mettre tout à l’arrêt. Beaucoup de monde au piquet, mais pour ne pas faire beaucoup plus que constater qu’aucun train ne roule. Les quelques traditionnels jaunes n’ont rien pu faire, et leurs collègues n’ont pas eu besoin de piquet pour être convaincus de la grève, ils étaient déjà restés chez eux.

    Le jeudi matin, la grève était manifeste. A Bruxelles, son centre de gravité était autour de la gare du Midi avec des piquets aux bâtiments de la direction, rue de France, au dépôt des accompagnateurs de train et à l’"Atrium", le quartier général de la SNCB, Porte de Hal. Cette fois, tout était fermé, y compris ce qui en général reste intact lors de grèves. Les grévistes n’avaient pas beaucoup de boulot. Au plus devaient ils contrôler si un rare jaune n’essayait pas de contourner le piquet. Et, nous l’admettons, certains jaunes sont prêts à beaucoup pour plaire au chef, jusqu’à renverser leurs collègues comme sur une piste de bowling. Mais de cela, ni la FEB, l’UWE ou les "usagers" n’en parlent.

    Entre les drôles de simagrées des quelques jaunes, on a surtout discuté au piquet. Sur le fait qu’on avait attendu trop longtemps pour informer le personnel sur le dossier B-Cargo par exemple, ou encore qu’il n’y a pas d’assemblées sur le lieu de travail, ce qui renforcerait pourtant la compréhension des collèguies sur l’enjeu de la grève. Il aurait aussi fallu faire appel aux autres centrales des services publics, et même du privé, pour expliquer la grève et faire contrepoid aux mensonges de la presse. Il est encore regrettable qu’à Bruxelles, les syndicalistes néerlandophones et francophones ne font pas plus de réunions communes. Bref, au piquet, on a réfléchi sur les moyens de renforcer encore la grève.

    Apparément, la direction a compris. Après avoir tenu le personnel et les syndicats à la ligne durant des mois, Descheemaeker a commencé à saisir que sans parler, il n’arrivera à rien. Il prétend avoir compris. Espérons que cela vaut aussi pour Haek et Lallemand.

  • INTERVIEW – B-Cargo: «C’est un combat pour un transport sécurisé et écologique, où le personnel n’est pas taillable et corvéable à merci»

    A l’occasion de cette première journée de grève des travailleurs de la SNCB concernant le projet de filialisation de B-Cargo, nous avons rencontré Jean-Claude, un cheminot liégeois. Pour lui, derrière cette problématique, c’est plus généralement d’un choix de société dont il est question.

    • Pourquoi le PSL soutient les cheminots (tract)

    Socialisme.be: Est ce que tu peux brièvement expliquer pourquoi il y a eu grève aujourd’hui?

    Jean-Claude: "Le problème vient du trafic de marchandises, réparti entre trafic diffus et par train complet. Le trafic diffus consiste à rassembler en un convoi des wagons de différentes entreprises raccordées au réseau ferré. Le train complet parcourt de plus longues distances, et nécessite donc moins de main d’œuvre. Le trafic diffus est assuré exclusivement par B-Cargo, étant donné que le prix de revient est proportionnellement plus important par rapport à la recette. Les entreprises de transport privées ne sont pas intéressée à concurrencer Cargo sur ce terrain, qui n’est pas assez rentable à leur goût."

    "Environ 80% de l’activité Cargo concerne le trafic diffus, et 20% le trafic par train complet. Par contre, les recettes, elles, sont de 20% pour le transport diffus, et de 80% pour le trafic par train complet. Inutile de calculer longtemps pour se rendre compte qu’il faut réaliser une économie de 60% sur le trafic diffus pour rehausser sa rentabilité au niveau du trafic par train complet. C’est bien entendu impossible."

    "Il n’y a que deux solutions: soit admettre que le trafic diffus est un service public, et donc le subsidier en conséquence, soit abandonner le trafic diffus avec les répercussions que cela comporte, comme la diminution du trafic par voie ferrée et l’augmentation d’un trafic routier déjà saturé. Au niveau de la sécurité, des conditions de travail et de l’écologie, ce second choix aurait également des conséquences catastrophiques."

    Socialisme.be: Et c’est vers ce second choix que s’oriente la direction?

    Jean-Claude: "Il est évident que la direction ne va jamais dire ça. Mais les restructurations qu’elle annonce vont conduire à la faillite. Ces mesures ne permettront jamais de faire une économie de fonctionnement de 60%. On se dirige vers le même scénario que pour ABX, qui a été aussi filialisée, mise en faillite, et revendue au privé. La direction tente de mettre un bel emballage autour de ce projet, mais ce n’est que pour faire passer la pilule, ce que les travailleurs et les syndicats n’acceptent pas."

    "La filialisation permettrait d’engager du personnel qui n’aurait plus le statut de cheminot, et donc de court-circuiter les statuts. Il suffit de regarder les conditions de travail des camionneurs qui doivent rester plus de septante heures par semaine hors de chez eux pour avoir leur salaire."

    Socialisme.be: Dans les médias, on parle beaucoup de prise d’otage des usagers…

    Jean-Claude: "Le public doit se rendre compte des conséquences qu’impliqueraient une diminution du trafic par voie ferrée: dégradation de l’environnement, de la santé et de la qualité de vie de chacun, sans parler des embouteillages! A l’heure des négociations de Copenhague sur les changements climatiques, la logique de profit à court terme du libéralisme montre ses limites, voire même son incapacité, pour mettre en place une société où la qualité de vie est au centre des préoccupations."

    Socialisme.be: Les travailleurs de la SNCB ne sont pas seuls à devoir faire face à des mesures d’austérité. On peut parler des postiers, ou encore de l’enseignement,…

    Jean-Claude: "Le problème de La Poste est plus proche du nôtre. Dans l’enseignement, il faut investir, mais ici, ce dont il est question, c’est de la suppression pure et simple d’un service public. Mais il est évident que des choix de société se posent. L’argent de l’État est de moins en moins consacré à la collectivité et face à cela, nous devons réagir tous ensemble. Malgré l’augmentation des richesses produites dans la société, les recettes de l’État diminuent et les services publics en souffrent. Certains, les plus nantis, s’en mettent de plus en plus dans les poches…"

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