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  • Quelques adaptations au programme du socialisme 2009

    Nous avons dû légèrement adapter le programme de "Socialisme 2009". Keith Gibson, le dirigeant de la grève de Lindsey en Angleterre, est remplacé par un autre membre du comité de grève de Lindsey, John Mc Ewen. Un groupe de discussion consacré à la révolution portugaise de 1974 est remplacé par un groupe de discussion sur la situation actuelle en Irlande, pays très durement touché par la crise économique. Enfin, les commissions consacrées aux 20 ans de la chute du Mur et à l’histoire du CIO sont interverties car notre euro-parlementaire irlandais, Joe Higgins, qui doit parler sur l’histoire du CIO, ne peut être présent que le samedi.

    Les adaptations sont donc les suivantes:

    • Dans le café syndical du samedi ainsi qu’au meeting du samedi soir, Keith Gibson ne prendra pas la parole et est remplacé par John Mc Ewen. Keith a dû annuler son voyage en Belgique pour raisons familiales, mais il nous a toutefois proposé un remplaçant, John Mc Ewen, qui était membre du comité de grève de Lindsey. Licencié après la première grève, il a plus tard été réintégré grâce aux actions de grève des autres travailleurs.
    • Joe Higgins ne peut participer que le samedi à notre week-end, raison pour laquelle la commission sur l’histoire de notre internationale est déplacée du dimanche matin au samedi après-midi. La commission sur la chute du Mur avec Bob Labi et Tanja Niemeier est elle aussi déplacée, du samedi après-midi au dimanche matin.
    • La commission sur le 35e à anniversaire de la révolution portugaise est remplacée, pour raison familiale de l’orateur, par une commission consacrée à la situation en Irlande. Finghin Kelly et Paul Murphy sont tous deux collaborateurs de Joe Higgins au parlement européen et feront un rapport de la situation en Irlande après l’effondrement de l’illusion du Tigre Celtique. Ils aborderont aussi la situation politique et sociale après le réferendum sur le Traité de Lisbonne.

    Le programme définitif est donc le suivant:

    Samedi 24 octobre 2009

    13h30: Le capitalisme plongé dans la crise. Marx avait raison! Par Els Deschoemacker – responsable construction du PSL – avec une présentation du programme de S2009

    14h00-16h00: Café syndical: Quelle lutte syndicale est nécessaire aujourd’hui?avec Sven Naessens (Total-Anvers), John Mc Ewen (Raffinerie Lindsey, Angleterre), Daniël Behruzi (auteur allemand, notamment à propos d’Opel), Mohamed (ancien délégué FGTB à Bekaert Textiles Hemiksem) – Modérateur: Eric Byl (membre du Bureau Exécutif du PSL)

    Ou:

    Débat politique: Quel programme et quel avenir pour la gauche en Belgique? avec un représentant du PC-Bxl, Céline Caudron (LCR), un des initiateurs de la Table Ronde des Socialistes en Flandre et Bart Vandersteene (porte-parole du PSL)

    16h00-16h30: Pause

    16h30-18h30: Groupes de discussion

    • Histoire du CIO: aux racines de notre internationale. avec Joe Higgins (membre du bureau Exécutif International du CIO) et Robert Bechert (membre du Secrétariat International du CIO)
    • Quelles sont les causes de la crise économique actuelle? par Benjamin (PSL Mons) et François Bliki (co-fondateur du PSL)
    • Ecolo au gouvernement à Bruxelles et en Wallonie, à quoi s’attendre? par Laure (PSL Bruxelles) et Nicolas Croes (membre du Bureau Exécutif du PSL)
    • Les contre-réformes dans l’enseignement en Communauté française et en Communauté flamande. Comment organiser la lutte? par Eddy Decreton (enseignant et vice-président CGSP-enseignement en Flandre Orientale), Patrick Zeoli (enseignant francophone) et Kristof Bruyland (enseignant et secrétaire régional CGSP-enseignement)
    • Nationalisations sous le contrôle des travailleurs. Comment faire de ce slogan un élément central de notre lutte? Avec Levi Sollie (délégué principal FGTB-Bayer) et Jan (président PSL Anvers)
    • Mc jobs: est-ce l’avenir de la jeune génération? par Thomas (PSL Anvers) et Matt Dobson (responsable de la campagne Youth Fight for Jobs en Angleterre)
    • Les conséquences de la crise pour les femmes : pour un programme anti-crise socialiste! par Elisa (PSL Mons) et Stefanie (PSL Louvain)

    19h30-21h00: Luttes des travailleurs en Europe: pour la lutte, la solidarité et le socialisme. avec John Mc Ewen (membre du comité de grève de la Lindsey Oil Refinery en Angleterre), Joe Higgins (parlementaire européen du Socialist Party en irlande), Leila Messaoudi (candidate du NPA pour les élections européennes en France et membre du courant Gauche Revolutionaire) et Levi Sollie (délégué principal FGTB Bayer)

    Dimanche 25 octobre 2009

    10h30-12h30: Groupes de discussion

    • 20 ans après Tiananmen. Le régime choinois ébranlé. par Geert Cool (membre du Bureau Exécutif du PSL) en Peter (PSL Louvain)
    • Stop à la commercialisation des soins de santé. avec Bart Van der Biest (BBTK délégué SETCA de l’hôpital AZ de Halle) et Karim Brikci (délégué CGSP à l’hôpital Brugman)
    • Retirer la production et la distribution alimentaire des mains des capitalistes. Pour une politique agricole socialiste! par Alain (PSL Namur)
    • Marx is back, construire un mouvement de jeunes anti-capitaliste. par Pablo (responsable EGA Bruxelles) – Mathias (responsable EGA Flandre Occidentale et Orientale)
    • Bas les pattes de nos services publics, du statut du personnel et de nos pensions. par Wouter Gysen (délégué CGSP SNCB) et Luc Wendelen (délégué CGSP De Lijn)
    • 20 ans après la chute du Mur. Témoignage d’un participant par Robert Bechert (du Secrétariat International du CIO) et analyse par Tanja Niemeier (PSL Gand).
    • L’interdiction du port du voile: diviser pour mieux régner. Quelle attitude des marxistes envers la religion? avec un représentant du PSL-Anvers et Anja Deschoemacker (membre du Bureau Exécutif du PSL)

    12h30-13h30: Pause

    13h30-15h30: Groupes de discussion

    • Les répercussions de la crise économique en Irlande, quels enseignements pour la Belgique? avec Finghin Kelly et Paul Murphy, tous deux collaborateurs de Joe Higgins au parlement européen. Ils aborderont aussi la situation politique et sociale après le réferendum sur le Traité de Lisbonne.
    • Lutter pour le socialisme aujourd’hui: avec quel programme? Critiques du réformisme dans les livres de Peter Mertens et Erik De Bruyn. par Stephan (PSL Bruxelles) et Jon (PSL Louvain)
    • Pourquoi les médias socialistes sont-ils nécessaires? avec Emiel (PSL Anvers) et Jean Peltier (PSL Liège)
    • Grandes villes et quartiers populaires, une jeune génération n’a aucun avenir face à elle. avec Jalil (PSL Bruxelles) et Aisha (PSL Bruxelles)
    • Le mouvement de masse contre le régime iranien. Quelle attitude pour les marxistes et quel programme mettre en avant? avec Daniël Behruzi (membre de notre secteur-sœur allemande, le SAV) et Eric Byl (membre du Bureau Exécutif du PSL)
    • Capitalisme et sport: la balle de plus en plus dans le camp du big business. Quelle réponse socialiste? par Jan (PSL Louvain) et Tim (PSL Gand)
    • Droits égaux pour les LGBT. La lutte n’est pas finie. par Stephane (PSL Bruxelles) et Liesje (présidente PSL Flandres Orientale et Occidentale)

    15h30-16h00 : Pause

    16h00-17h00: 20 ans après la chute du Mur et du stalinisme. Quelles conséquences pour la lutte de classe? Avec Robert Bechert, Tanja Niemeier et Eric Byl


    Le week-end Socialisme 2009 aura lieu au Centre “De Kriekelaar”, rue Gallait n°86, 1030 Schaerbeek, à 10 minutes à pied de la Gare du Nord.

    Samedi 24/10: de 13h00 à 21h

    Dimanche 25/10: de 10h00, à 17h

    Repas: Des snacks ainsi que des plats chauds à prix démocratiques seront disponibles à la caféteria.

    Prix:

    • Weekend entier: 15 € (Prévente à 12 €) pour les salariés, 10 € (Prévente à 8 €) pour les non-salariés
    • 1 jour (samedi ou dimanche): 8 € (Prévente à 7 €) pour les salariés, 6 € (Prévente à 5 €) pour les non-salariés

    Une garderie est aussi organisée, veuillez préciser à l’inscription le nombre d’enfants ainsi que leurs âges.

    Vous voulez aider à faire de Socialisme 2009 un succès?

    Des volontaires sont nécessaires en cuisine, au bar, pour l’installation, à l’entrée, à la garderie,…


    Inscriptions pour S2009 via:

    socialisme2009@socialisme.be – 02/345.61.81

  • Irlande: Pour une grève générale de 24 heures le 6 novembre!

    A bas le gouvernement!

    Aucun doute, en Irlande, il y a «eux et nous». Pour eux: 54 milliards d’euros de renflouement pour les banques ou encore 216.000 euros de dépenses pour John O’Donoghe, le ceann-comhairle (président du parlement). Pour nous: réductions de salaire, coupes sociales dans l’acceuil aux enfants, les soins de santé ou l’éducation et encore de nouveaux impôts. Ce mois de décembre, les économies (d’un montant de 4 milliards d’euros) vont frapper la qualité de vie de chaque homme, femme et enfant de la classe des travailleurs!

    Stephen Boyd, Socialist Party (CIO-Irlande)

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    La discussion prévue lors du week-end Socialisme 2009 sur la Révolution des Oeillets au Portugal ne prendra pas place, pour des raisons familiales concernant l’orateur. Ce groupe de discussion sera remplacé par un groupe consacré à la situation en Irlande, avec deux collaborateurs irlandais de l’euro-député Joe Higgins: Paul et Finghin. Joe parlera au meeting central du samedi et également dans un groupe de discussion sur l’histoire du CIO (qui passe du dimanche au samedi).
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    L’appel pour une journée de protestation lancé par l’ICTU (Irish Congress of Trade Unions) pour le 6 novembre est l’occasion pour les travailleurs de montrer leur opposition aux attaques du gouvernement. Le 21 février dernier, 120.000 personnes avaient manifesté contre les assainissements et l’ICTU avait ensuite parlé d’un plan pour une grève générale le 30 mars, grève en définitive annulée pour le simple prétexte d’une nouvelle discussion entre «partenaires sociaux». Quelle avancée…

    Cette attitude des dirigeants syndicaux avait irrité et démoralisé de nombreuses personnes. Mais, pour les protestations du 6 novembre, il est à nouveau question de nouveaux entretiens entre «partenaires sociaux». Le secrétaire général de l’ICTU, David Begg, et son président, Jack O’Connor, ne veulent que discuter pour atténuer les pires aspects des assainissements.

    Quelques dirigeants syndicaux sont disposés à concéder des économies sur le dos du service public et des conditions de travail et même d’accepter d’allonger la semaine de travail sans augmentation de salaire pour peu qu’il n’y ait pas de coupe salariale ou de pertes d’emplois. Quand le secrétaire général de l’ICTU, David Begg, a donné son avis à propos du plan d’assainissement de 4 milliards d’euros du gouvernement pour les dépenses publiques, il a déclaré que «Ce qu’ils essayent de faire est trop brutal, trop tôt». David Begg et beaucoup d’autres dirigeants syndicaux ne sont pas réellement opposés aux projets du gouvernement, ils diffèrent seulement sur l’ampleur des économies et sur le rythme d’application.

    David Begg a ainsi expliqué qu’il s’opposait aux plans des gouvernements de réduction des dépenses publiques pour atteindre un déficit de 3% d’ici 2013, comme le veut la Banque Centrale Européenne. Mais ce n’est que la date qui pose problème, il pense que les coupes d’austérité doivent être effectuées plus lentement et pour une plus longue période, jusqu’en 2017. Il soutient donc toujours l’idée d’assainissements, mais pour une plus longue période.

    Ces assainissements décimeront les soins de santé, endommageront durablement l’enseignement de nos enfants, appauvriront les allocataires sociaux et mettront des milliers de travailleurs à la porte.

    La décision de l’ICTU de proposer une journée d’action le 6 novembre n’est pas arrivée sans grincement de dents. Les dirigeants syndicaux sont divisés à propos de la meilleure manière de faire face à la crise vis-à-vis de leurs affiliés. Les dirigeants syndicaux ne sont pas divisés sur la façon de combattre et de stopper les attaques du gouvernement et des patrons, mais sur la manière de faire passer une nouvelle discussion entre «partenaires sociaux» !

    La plupart des dirigeants syndicaux ont perdu le contact avec la réalité, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que bon nombre d’entre eux gagnent plus de 100.000 euros par an et n’ont donc aucune idée de la vie des travailleurs. Plus grave encore, la majorité des dirigeants syndicaux soutiennent le système capitaliste et l’économie de marché qui a causé la crise économique actuelle. Ils croient qu’il n’y a aucune alternative contre les projets du gouvernement.

    L’impact de la crise pour les travailleurs et leurs familles est très réel. Il ne s’agit pas de voir comment discuter avec le gouvernement, mais de voir comment survivre.

    La colère des syndicalistes a poussé les dirigeants syndicaux plus loin qu’ils ne le voulaient. Le syndicat IMPACT a ainsi voté pour organiser des grèves en cas de menace de licenciements ou d’attaque sur les salaires de ses membres malgré le fait que certains de ses dirigeants sont opposés aux protestations du 6 novembre!

    D’importantes forces se sont liguées contre la classe des travailleurs. Le gouvernement a été rejoint par les médias, les organismes des patronales et le Fine Gael (principal parti d’opposition, de droite) pour une campagne commune en vue d’obtenir la réduction des dépenses sociales ainsi que la diminution du salaire minimum et des salaires des travailleurs de la fonction publique. Les 20.000 emplois du secteur public sont menacé. Des milliers de professeurs, d’infirmières, de médecins, etc. perdront leurs emplois.

    La réponse des dirigeants syndicaux n’est pas suffisante. Ils ont pourtant le pouvoir de mobiliser 650.000 membres, ainsi que leurs familles, pour la plus grande journée de grève et de protestation que ce pays ait jamais connu. Le gouvernement s’effondrerait devant un tel mouvement. Malheureusement, les dirigeants syndicaux n’appelleront pas à la grève, à moins d’un retournement de situation fort inattendu. La majorité des dirigeants syndicaux porte une responsabilité dans ce qui va arriver et devraient être démis de leurs fonctions.

    Pour une grève générale de 24 heures!

    Le Socialist Party, rejette complètement leur approche. Le point de départ de n’importe quel mouvement contre les économies sur le dos des services publics et des travailleurs doit être: comment stopper les plans du gouvernement et non : comment faire des économies alternatives.

    Les protestations du 6 novembre devraient prendre la forme d’une grève de 24 heures. Un appel du mouvement syndical pour une grève d’une journée contre les plans d’austérité budgétaire recevrait un large appui de la part de tous les travailleurs, mais aussi de la part des chômeurs. La coalition gouvernementale Fianna Fail/Green est faible, il est possible de la faire chuter.

    Les médias seront bientôt couverts de «pleurs» et de jérémiades des ministres du gouvernement, des patrons et des économistes qui leur sont vendus. Tout ceux-là condamneront les syndicats de menacer et la reprise, et la réputation internationale de la «nation». Ils ne méritent que le mépris! Le pays a été conduit au bord de la faillite par le Fianna Fail et ceux qui soutiennent servilement le capitalisme.

    Les travailleurs, les jeunes et les chômeurs doivent leur donner une bonne réponse en sortant dans la rue par centaines de milliers le 6 novembre. Chômeurs, collectivités locales confrontées à des coupes dans des services essentiels, enseignants, travailleurs du public et du privé doivent être unis dans la lutte pour défendre l’emploi, les salaires et les conditions de travail.

    Un changement politique fondamental est nécessaire. Le capitalisme, responsable de la crise, doit être rejeté. Nous avons besoin d’un parti de masse de la classe ouvrière pour construire une société socialiste où les besoins de la majorité seraient prioritaires.


    «Tous les travailleurs, les chômeurs et tous ceux qui craignent les coupes sauvages du ministre Lenihans doivent rejoindre les protestations du 6 novembre. Que cette journée soit telle que le Fianna Fail et les Verts ne puissent jamais l’oublier. Que cela soit le début d’un véritable mouvement pour stopper les économie.» Joe Higgins, député européen du Socialist Party (CIO-Irlande)

  • Les jeunes doivent-ils payer pour la crise?

    Certains ont beau parler de reprise économique, en termes d’emploi, l’avenir ne fait que s’assombrir… et particulièrement pour les jeunes. Les données révélées par Eurostat démontrent ainsi qu’il y a actuellement 5 millions de jeunes sans emploi dans la zone euro. Pour les 15-24 ans, le taux de chômage est de 18,3% alors qu’il est de 8,8% pour l’ensemble de la population active. Des chiffres destinés à grimper encore…

    Par Ben (Mons)

    Cette étude affirme sans aucun doute possible que le chômage augmente, et plus vite parmi les jeunes. La Belgique, bien entendu, n’est pas épargnée. Dans son rapport annuel qui vient de sortir, l’OCDE estime que le chômage augmentera chez nous de 220.000 chômeurs entre 2009 et 2011. Parmi eux, combien de jeunes ? Les données actuelles permettent de s’en faire une idée.

    En Wallonie, cette rentrée a été caractérisée par une augmentation de 18,6% du nombre de jeunes en stage d’attente d’une allocation de chômage. A Bruxelles, le nombre de jeunes chômeurs a grimpé de 5,4% au mois d’août tandis qu’en Flandre, le nombre de jeunes chômeurs a explosé de 40% en un an. Et pour retrouver un emploi par la suite, c’est galère… A titre d’exemple, entre l’été 2008 et l’été 2009, le nombre d’offres d’emplois sur internet a diminué de 12% en Belgique.

    Au delà du chômage, les jeunes se retrouvent également sur-représentés dans les emplois précaires, les intérims, les temps partiel, les CDD,… c’est-à-dire parmi les premiers ‘emplois’ à disparaître aux premiers accrocs économiques. La FGTB a ainsi mis en lumière que le nombre d’intérimaires a diminué de 24% durant le 1er trimestre de 2009 seulement. Et encore la Belgique est elle mieux lotie que la France ou l’Allemagne, où cette proportion atteint un tiers !

    Ceux qui restent ont la ‘chance’ de subir une pression de plus en plus forte au travail et d’aller bosser, avec une grande incertitude du lendemain. Cette pression et le manque d’attention pour la formation conduit inévitablement à des accidents de travail. Ainsi, selon l’Agence européenne pour la Santé et la Sécurité au Travail, les jeunes travailleurs courent deux fois plus de risques d’avoir un accident du travail que leurs ainés. Les jeunes ont face à eux de brillantes perspectives !

    On peut soit ne faire que se lamenter face à un tel constat, soit tenter de réagir. Et force est de constater que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Un véritable programme pour l’emploi est aux antipodes de ce que proposent les partis traditionnels et leur logique selon laquelle ce sont les patrons qui créent les richesses. Pour nous, ce sont les travailleurs qui les produisent, et c’est de ce point de départ qu’il faut commencer. Il est tout à fait possible de répartir le temps de travail disponible en instaurant la semaine des 32h de travail par semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire. L’argent existe, il faut aller le chercher là où il est: dans les poches des grandes entreprises et des actionnaires.

    Atteindre ce but n’est possible que par la lutte. Un bon premier pas dans ce cadre serait de relancer l’idée de Marches des jeunes pour l’emploi, comme celles organisées en 1982, 1984, 1993 et 2005. Ce serait une bonne occasion pour regrouper des forces afin de lancer le débat sur la question de l’emploi et de la riposte que doivent organiser les travailleurs. Si vous voulez participer à des comités locaux pour lancer avec nous de telles initiatives, n’hésitez pas, contactez nous!

  • NON à l’augmentation des prix de la garderie de Nivelles.

    Nous vous avons déjà parlé sur ce site de l’augmentation faramineuse des tarifs de la garderie de l’intercommunale à Nivelles. Ce mercredi 30 septembre avait lieu le rendez vous avec l’échevin de la petite enfance de Nivelle. Nous étions 4 personnes présentes pour lui déposer les quelques 200 signatures de protestation à l’encontre des nouveaux prix (tout en précisant que les forces et le temps nous avaient manqués et que nous n’avions donc pas fait le tour de toutes les écoles concernées).

    Par Laure (Bruxelles)

    L’échevin nous a reçus avec son plus grand sourire, et s’est immédiatement dédouanée du problème «je ne comprends pas toutes ces lettres de protestations que j’ai reçues», nous dit elle, «je ne suis pas responsable, c’est l’intercommunale qui l’est».

    Evidemment, nous lui avons tout de même rappelé qu’en tant qu’échevin de la petite enfance, elle avait plus que son mot à dire concernant l’affaire, et effectivement ses mots se sont fait entendre dans un discours creux de politicien traditionnel: «Les autres garderies pratiquent un tarif très élevé elles aussi, personne ne s’en est plaint jusqu’à présent, et il faut bien reconnaître qu’en fait l’intercommunale pratiquait des coûts anormalement bas, ce qui l’a d’ailleurs mis en déficit. Rendez vous compte, la commune investit beaucoup trop d’argent dans les garderies, 40.000€ ! Payés par les contribuables, pire, payés aussi par ceux qui n’ont pas d’enfants! D’ailleurs le conseil communal n’a pas encore accepté de financer ce service cette année encore… Et puis, vous savez, si la commune a accepté cette augmentation, c’était parce que c’était ça ou la fermeture de la garderie, et ça il n’en était pas question évidemment, dans quelle situation vous seriez vous retrouvés!»

    Avec de tels arguments, on ne pouvait que la remercier d’éclairer notre pauvre lanterne. Après tout, 200€ de plus par mois ce n’est pas si énorme…!

    Avec de tels discours, on voit que nos élus n’ont pas les mêmes salaires ni la même réalité de vie que la majorité des travailleurs! De nombreux parents vont se retrouver contraints de prendre des temps partiels pour garder eux-mêmes leurs enfants alors que leurs salaires actuels sont déjà insuffisants pour payer les factures en fins de mois!

    Mais ce que madame l’échevin ne dit pas, c’est qu’au dernier conseil communal, il a été voté que 500.000€ de la commune seraient donnés en holding à Dexia! Et si on ose lui mettre cela devant le nez, elle monte sur ses grands chevaux et rétorque qu’il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Seulement, torchons ou serviette, c’est toujours les mêmes qui en paient la facture !!

    En tout cas, l’indifférence et le mépris étaient clairs, juste enrobés d’hypocrisie «Je vais faire ce que je peux, mais à mon avis, vous savez, faut pas trop compter dessus».

    La remise de la pétition n’était qu’un premier pas, il est certain que seule une lutte importante des parents en colère pourra empêcher l’échevin et l’intercommunale de pratiquer une telle politique d’austérité.

    Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! STOP au démantèlement des services publics ! Pour des services de qualités et gratuits pour tous ! Ce n’est pas à nous de payer leur crise !

  • Daimler Saint-Ghislain : Manifestation de solidarité

    Ce vendredi matin, quelques 300 personnes ont manifesté leur soutien aux travailleurs de Preiss Daimler Saint-Ghislain (ex-belref). Leur usine a été mise en faillite le 29 septembre dernier par la maison mère allemande, qui a pourtant fait 12 millions d’euros de profit en 2008.

    Photos par Florian, Rapport par Ben et Gilles

    Comme le dit la FGTB, «Il s’agit d’une véritable catastrophe pour l’emploi régional: 173 emplois directs sont perdus sans compter les emplois indirects. En fait c’est toute l’industrie de la céramique boraine qui est en train de disparaître de la carte; NGK BAUDOUR (ex CERABEL), RNI, VESUVIUS HAUTRAGE, BELREF SAINT-GHISLAIN ont cessé de vivre en quelques mois. L’épine dorsale du Borinage industriel est en train de passer de vie à trépas.»

    Le chômage dans la région de Mons Borinage est déjà le plus élevé de Wallonie, avec la crise, c’est le peu d’emploi qui reste dans la région qui disparaît. Un plan d’action pour l’emploi est plus que nécessaire et la manifestation en soutien aux travailleurs de Belref, bien que modeste, est un bon pas dans ce sens.

    Une grande solidarité était présente, mais l’enthousiasme n’était pas de mise. Des délégations d’un peu partout étaient venues manifester sous la pluie. La délégation de Bridgestone a bien entendu été remarquée, mais il y avait aussi des délégués du centre, de Tournai,…

    Sur place, nous avons recueilli ces quelques mots d’un responsable de la centrale générale de Verviers: «On est venu de Verviers à une dizaine de personnes, tous des délégués, dans trois voitures. On a décidé au niveau de notre Centrale Générale de faire un jour de grève dans quatre entreprises de notre région, en solidarité avec les camarades de Preiss-Daimler, comme nous l’avions déjà fait pour Bridgestone à Frameries pendant l’été. D’autant plus que Preiss-Daimler possède une succursale chez nous, qui fabrique des fibres de verre.

    Il est clair que dans un futur proche, il y aura de plus en plus de fermetures. Ca n’a pas encore tellement été le cas à Verviers, mais ça ne saurait tarder. Et à ce moment, nous voudrons nous aussi pouvoir compter sur la solidarité d’autres régions. C’est toute une réflexion qu’il faut avoir sur la société actuelle: on a un besoin vital de solidarité.»

  • 14. La révolution espagnole 1931-1939: En guise de conclusion

    Il s’est présenté en Espagne une situation révolutionnaire exceptionnellement favorable, sans doute plus favorable encore que celle de l’Octobre russe. La réaction ouvrière contre le soulèvement des généraux et des fascistes prit immédiatement le caractère d’un assaut révolutionnaire contre le régime capitaliste. Mais la plus prometteuse des révolutions peut tourner à l’aigre si elle ne dispose pas de son complément indispensable : un parti révolutionnaire.

    En Espagne en 1936, l’appareil d’Etat de la bourgeoisie fut partiellement disloqué : armée, police, magistrature, bureaucratie furent en grande partie détruits ou étaient passés dans le camp fasciste. Le mouvement révolutionnaire s’étendait à la campagne où les paysans confisquèrent les grandes propriétés et les biens de l’Eglise, partageaient les grands domaines, se libéraient de toutes les servitudes du passé. Malheureusement, les travailleurs espagnols n’ont pas eu les dirigeants clairvoyants et audacieux capables de leur indiquer la solution du problème et de leur donner les moyens de vaincre les obstacles, intérieurs et extérieurs, s’opposant au développement du mouvement vers la victoire de la révolution socialiste. Alors que toute la situation objective portait naturellement vers une telle conclusion, les partis du Front Populaire vont exiger des ouvriers de ne pas sortir des limites de la démocratie bourgeoise. Au vu de tels développements, la lacune fondamentale à constater est qu’il n’y avait pas un parti révolutionnaire avec une direction capable de faire une analyse correcte de la situation, d’en tirer les conclusions nécessaires et de mener fermement les travailleurs à la prise du pouvoir. Trotsky disait que la solution victorieuse des tâches révolutionnaires qui se posaient à l’Espagne exigeait trois conditions : un parti, encore un parti…et toujours un parti.

    Cette même conclusion peut être tirée de nombreux mouvements révolutionnaires qui jalonnent l’histoire du capitalisme. C’est pourquoi nous pensons que les leçons à tirer de cette expérience sont d’une importance cruciale et préservent toute leur actualité. Les enseignements de la révolution espagnole ne doivent cependant pas rester sur le papier : la construction d’une organisation révolutionnaire internationale est la seule manière utile de rendre hommage au sacrifice des centaines de milliers de travailleurs espagnols, afin de permettre que ce genre de tragédies ne se reproduise plus à l’avenir.

  • 13. La révolution espagnole 1931-1939: La défaite et son prix

    Sur le plan économique, la destruction des acquis de la révolution s’établit avec la même ardeur. En janvier 1937, 58 décrets financiers du gouvernement catalan restreignent nettement le champ d’activité des entreprises collectivisées. Le 3 février, pour la première fois, la Generalidad décrète illégale la collectivisation d’une industrie – celle des produits laitiers. Au mois d’avril, elle annule le contrôle ouvrier sur les douanes. Dans les campagnes, la même dynamique s’installe : on démantèle les collectivités, les terres sont rendues aux anciens propriétaires fonciers.

    Fin 1937, les premiers “conseillers“ russes seront rappelés (la plupart seront exécutés par Staline une fois rentrés en URSS). Les envois d’armes russes diminuent rapidement. La guerre contre Franco perd de plus en plus son caractère de guerre civile qu’elle avait au lendemain du 19 juillet ; l’Espagne devient le théâtre d’une guerre classique où un camp se trouve en situation d’infériorité militaire et technique. “C’est une guerre de mouvement qui va maintenant se livrer entre les deux Espagnes et l’armée de métier va pouvoir affirmer sa supériorité en ce domaine face aux milices révolutionnaires improvisées.“(1) La situation devient de plus en plus claire : on prépare un armistice sur le dos du prolétariat espagnol. Les massacres d’ouvriers sur les différents fronts créent une démoralisation qui prépare l’ambiance favorable au compromis avec Franco. La bourgeoisie espagnole comme internationale jubile, et multiplie les réjouissances cyniques, comme le montre cet extrait d’un article tiré du journal français “Paris-Midi“: “Aujourd’hui, le point positif est que la guerre a résorbé le chômage en tuant les chômeurs. La guerre finie, sans doute y aura-t-il du travail pour tout le monde.“ (2)

    En octobre 1937, le journal américain “The New Republic“ reconnaît: “Il est clair aujourd’hui que pour la France et l’Angleterre, la préoccupation suscitée par une victoire fasciste en Espagne n’est plus qu’une considération parfaitement secondaire, si tant est qu’il n’en a pas été ainsi dès le départ.“(3) Un mois plus tard, le premier ministre britannique Chamberlain confirme cette constatation en annonçant l’établissement de relations officielles avec Franco. En avril 1938, l’Espagne est coupée en deux par l’offensive nationaliste. Fin janvier 1939, les troupes de Franco entrent dans Barcelone. En mars, Madrid capitule à son tour. A la fin du même mois, tout ce qui reste de la zone républicaine est occupé en huit jours. En avril, le gouvernement américain reconnaît à son tour la légitimité du pouvoir franquiste. La victoire définitive de Franco se concrétise par de nombreux supplices et exécutions, par la déportation de centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. “El Caudillo“ placera le mouvement ouvrier espagnol sous la camisole de force du fascisme pour de longues années.


    1. “Histoire de l’Internationale Communiste“, de Pierre Broué, chap.31 : “Front populaire : image et réalités “
    2. “Chronique de la révolution espagnole“, publiée par l’“Union Communiste“, éditions Spartacus, p.117
    3. “Révolution et contre-révolution en Espagne“, de Felix Morrow
  • 12. La révolution espagnole 1931-1939: La contre-révolution stalinienne

    Les staliniens vont exceller dans un travail consistant concrètement à aider le fascisme à triompher, en déployant une campagne immonde et une répression féroce contre tous les éléments révolutionnaires ou ce qui s’en rapproche, allant dans bien des cas jusqu’à l’élimination physique pure et simple.

    L’Espagne devient le champ où opèrent en toute impunité les tueurs de Staline : c’est d’ailleurs en Espagne que sera recruté et formé le jeune tueur Ramon Mercader, futur assassin de Trotsky. En novembre 1936, le consul général d’URSS à Barcelone dénonce le journal du POUM “vendu au fascisme international“. (1) Le 12 décembre, le POUM est éjecté du gouvernement catalan. La presse stalinienne se déchaîne contre les révolutionnaires : les militants du POUM sont traités d’espions, de terroristes, de saboteurs, d’assassins. On accuse même ses miliciens de jouer au football avec les fascistes entre les lignes de feu, sur le front d’Aragon !

    Le désarmement des travailleurs est poursuivi systématiquement, et les arrestations et assassinats de militants ouvriers se multiplient. C’est le conflit irréductible entre les aspirations des travailleurs et la politique stalinienne visant à bloquer ces aspirations qui précipitera la crise que l’on a appelée “les journées de mai 1937“ en Catalogne. A la tentative des staliniens de reprendre le contrôle de l’immeuble de la “Telefonica“ (central téléphonique contrôlée par les miliciens de la CNT depuis le 19 juillet), les travailleurs de Barcelone répondent spontanément par la grève générale avec occupation d’usines et construction de barricades. La résistance des travailleurs est qualifiée de “putsch hitlérien“ par “L’Humanité“. (2) Elle réussit pourtant dans un premier temps à tenir en échec l’offensive contre-révolutionnaire. Pris à l’improviste, les dirigeants de la CNT et de la FAI ne trouvent malheureusement rien de mieux que de prêcher le calme, d’appeler les travailleurs à abandonner les barricades et à retourner au travail. Le POUM, quant à lui, couvre, par son silence et ses hésitations, la trahison des chefs anarchistes. Lâché par sa direction, le prolétariat de Barcelone est finalement écrasé. Ces événements marquent une étape décisive dans l’étranglement du mouvement révolutionnaire espagnol entamé depuis quelques mois.

    Mais, ainsi que le disait Trotsky, “le Front populaire ne pouvait remplir sa mission d’étouffer la révolution socialiste autrement qu’en abattant morceau par morceau son propre flanc gauche.“(3) C’est pourquoi, rapidement, le POUM est dissout, ses locaux sont occupés, ses journaux interdits, et la majorité de ses dirigeants arrêtés. En juin ’37, Andrès Nin, accusé d’espionnage au service de Franco, est arrêté par la police officielle puis livré aux services secrets soviétiques ; il est soumis à un terrible interrogatoire puis lâchement exécuté. Ses tortionnaires voulaient obtenir de lui une fausse confession comme celles qu’ils avaient arrachées en août ’36 à Zinoviev et Kamenev dans le cadre des procès de Moscou, afin de construire de fausses accusations et de mettre en scène un véritable “procès de Moscou espagnol“. Mais il ne confessera rien du tout. Toutefois, même si l’héroïsme de Nin sous la torture sauva sans doute bien des vies, de nombreux militants trotskistes ou poumistes subiront le même sort; on les accuse d’être “des fascistes déguisés qui emploient un langage révolutionnaire pour semer la confusion“. (4) “En assassinant Andrès Nin, on voulait écraser le POUM (…) Par un tragique paradoxe, ce n’est pas à la bourgeoisie elle-même qu’il a été réservé de réaliser cette tâche, mais au parti communiste et aux membres des autres sections de la III° Internationale, spécialement recrutés pour réaliser cette œuvre contre-révolutionnaire. Lorsque Nin eut été assassiné, que de nombreux autres camarades de son parti eurent été massacrés ou fusillés, que des centaines de militants du POUM eurent été emprisonnés, qu’un grand nombre d’autres eurent été odieusement maltraités dans les " tchékas " du S.I.M., dans les cachots de la police d’Etat, sur les pontons ou dans les camps de travail du sinistre commandant stalinien Astorga, le POUM fut déclaré dissous afin de lui interdire toute manifestation politique publique.“(5) Le 20 juin 1937, après l’arrestation des dirigeants du POUM, “L’Humanité“ titre : “Le trotskisme au service de Hitler. Un vaste complot ourdi par les dirigeants du POUM et ceux de la Phalange est découvert à Madrid.“ Dans cet article, on peut lire: “La liaison entre les dirigeants du POUM aujourd’hui en prison et les fascistes de la 5ème colonne est établie de la manière la plus indiscutable“.(6) L’auteur de ces lignes, Georges Soria, agent du GPU, reconnaîtra lui-même à la fin de sa vie que ces affirmations reposaient sur du sable.

    Le procès intenté aux dirigeants du POUM débutera en octobre ’38 devant le “Tribunal central d’espionnage et de haute trahison“, créé à l’origine pour poursuivre les fascistes. Les dirigeants du POUM ne seront finalement pas condamnés pour trahison (du fait de l’absence totale de preuves) mais à cause, entre autres, dit la sentence, de “l’attitude du POUM qui persiste dans sa ligne révolutionnaire et entretient le dessein de dépasser la république démocratique et d’imposer ses propres conceptions de la société“ (7) ; il s’en suivra de solides peines de prison pour chacun d’eux. Il mérite quand même de s’attarder quelque peu sur cette belle démonstration de “dialectique stalinienne“ : alors que les hommes de Staline s’évertuent à convaincre que les poumistes sont des agents aux mains de la contre-révolution, ceux-ci sont finalement condamnés par les juges à cause…de leurs conceptions révolutionnaires. On cerne ici toute l’incohérence cynique de la machination : le but du Parti Communiste est de mettre le POUM hors d’état de nuire en décapitant sa tête, et ce sous quelque prétexte que ce soit.

    Après s’être attaqué au POUM et aux trotskistes, les staliniens s’attaquent à la CNT et à la FAI. Le journal des miliciens cénétistes “Frente Libertario“ est interdit, le comité régional madrilène de la CNT, tout comme la rédaction du journal anarchiste de Bilbao, sont arrêtés, et l’imprimerie cénétiste est remise dans les mains des staliniens. En juillet 1937, la CNT est à son tour chassée du gouvernement. Se référant à ces événements, Trotsky écrit : “Dans le domaine des idées, le stalinisme est un zéro. Il dispose en revanche d’un appareil colossal qui exploite le dynamisme de la plus grande révolution de l’histoire et les traditions de son héroïsme et de son esprit de conquête…Staline est passé de la violence révolutionnaire des exploités contre les exploiteurs à la violence contre-révolutionnaire contre les exploités. Sous les mots et les formules anciennes, c’est la liquidation de la révolution d’Octobre qui est en train de se réaliser. Personne, si ce n’est Hitler, n’a porté au socialisme autant de coups mortels que Staline.“(8)


    1. “La révolution et la guerre civile en Espagne“, de Guy Van Sinoy
    2. “Chronique de la révolution espagnole“, publiée par l’“Union Communiste“, éditions Spartacus, p.62
    3. “Leçons d’Espagne“, de Léon Trotsky, p.40
    4. “La Révolution Espagnole 1931-1939“, de Pierre Broué, chap.8, p.93
    5. “L’assassinat d’Andres Nin : ses causes, ses auteurs “, de Juan Andrade
    6. “Révolution et contre-révolution en Espagne“, de Felix Morrow
    7. “Révolution dans la guerre d’Espagne“, de Wilebaldo Solano
    8. “Oeuvres“ de Léon Trotsky, 1938
  • 11. La révolution espagnole 1931-1939: L’issue de la guerre civile : une question politique ou militaire ?

    Le mot d’ordre principal du PCE est “victoire militaire d’abord, réforme sociale ensuite“. (1) Diaz, que nous avons déjà mentionné plus haut, déclarait : “Il est nécessaire de se mobiliser dans la plus grande unité pour gagner la guerre. Communisme libertaire, dictature du prolétariat, socialisme d’Etat, ou république fédérale, nous parlerons de tout cela APRES la guerre.“ (2) En clair, il s’agissait, au nom de la guerre, de sacrifier la révolution.

    Ce qu’il faisait mine de ne pas comprendre est qu’on ne pouvait gagner la guerre sans gagner la révolution. Le sort de la lutte militaire était lié directement au développement et à l’issue de la lutte révolutionnaire contre l’Etat bourgeois. Il n’y avait évidemment pas de solution intermédiaire à partir du moment où l’on admet la structure de classe de la société.

    La politique stalinienne, au contraire, consistera précisément à tenter désespérément de chercher le chemin d’une “troisième voie“ afin de maintenir le statu quo. Cette politique peut se résumer très simplement par une formule du type : “ni la victoire du fascisme, ni celle de la révolution“. Staline devait par conséquent entreprendre l’exercice périlleux d’armer la République tout en désarmant la révolution. “Il ne s’agit plus pour lui de soutenir une révolution ouvrière, il s’agit de maintenir un certain équilibre des puissances et de louvoyer avec les masses auxquelles il faut bien mentir“, nous explique Victor Serge (3). Cependant, la lutte s’était engagée dans une voie telle que l’issue ne pouvait être apportée que par l’écrasement de l’un ou de l’autre des adversaires en présence. Trotsky analyse: “La tâche des révolutionnaires authentiques consiste, tout en affermissant et en renforçant le front militaire, à briser la tutelle de la politique de la bureaucratie soviétique, donner aux masses un programme social hardi, découvrir les inépuisables sources d’enthousiasme dont les masses sont capables, d’assurer la victoire de la révolution et, par là de soutenir la cause de la paix en Europe. Le salut de l’Europe est à ce prix.“(4) Etablissant une référence à la guerre de sécession, et voulant souligner à quel point la politique est l’arme décisive dans la guerre civile, il poursuit : “Des réformes sociales hardies sont le gage de la victoire. Lee était sûrement un chef militaire plus talentueux que Grant. Mais le programme d’abolition de l’esclavage assura la victoire de Grant.“(5)

    Beaucoup d’historiens ont une fâcheuse tendance à expliquer la défaite contre le fascisme en Espagne sous un angle purement militaire. Avec une analyse aussi superficielle, comment expliquer la victoire des Bolchéviks contre les blancs pendant la guerre civile en Russie ? Ceux-ci avaient alors dû faire face, en plus de la contre-révolution intérieure, à l’intervention de 21 puissances étrangères armées jusqu’aux dents. Fin stratège militaire, Napoléon affirmait que “dans une guerre, le moral des troupes vaut trois fois le nombre d’effectifs”. En effet, la clé du succès des Bolchéviks ne résidait pas dans leur supériorité militaire ou technique, mais dans le fait qu’ils portaient sur leur drapeau un programme capable de rassembler des millions d’ouvriers et de paysans dans une lutte à mort contre leurs exploiteurs. En Espagne, un tel programme était la condition de la victoire. En particulier, une politique correcte vis-à-vis des paysans et de la question agraire, défendant résolument l’expropriation des grands propriétaires fonciers et la remise de la terre aux paysans, aurait pu indiscutablement faciliter la désagrégation des troupes de Franco, à composition principalement paysanne. Malheureusement, aucun parti n’était préparé à défendre un tel programme jusqu’au bout ; la destruction méthodique des conquêtes révolutionnaires détruisait au contraire la raison pour laquelle tant de militants se battaient, et préparait les conditions de la défaite. “Qu’a donné la république démocratique au paysan toujours roulé, toujours exploité ? La misère et les balles. Or, que lui promettait contre Franco le Front populaire ? Le maintien de la même république (…) Le langage mou et la politique pourrie de la démocratie bourgeoise et du Front popu¬laire étaient incapables de disloquer et de démoraliser l’armée fasciste, composée des éléments précisément faciles à gagner : les paysans exploités, les esclaves colo¬niaux, et même les Allemands et les Italiens luttant pour une cause qui n’était pas la leur.” (6)


    1. “The Spanish Revolution 1931-1937“, de Peter Taaffe et Ted Grant, p.12
    2. “The Spanish Revolution 1931-1937“, de Peter Taaffe et Ted Grant, p.13
    3. “Révolution dans la guerre d’Espagne“, de Wilebaldo Solano
    4. “Oeuvres“ de Léon Trotsky, 1938
    5. ibidem
    6. “L’Espagne livrée “, de M. Casanova
  • 10. La révolution espagnole 1931-1939: Le pacte de non-intervention

    Le 1er août 1936, Léon Blum, cédant aux pressions de l’impérialisme britannique ainsi qu’à celles du parti radical -son partenaire bourgeois dans la coalition du Front Populaire français- avait proposé un “pacte de non-intervention“ en Espagne, ratifié quelques jours plus tard par la quasi-totalité des pays européens (29 au total, dont l’Italie et l’Allemagne).

    Ce pacte était une hypocrisie complète. Il n’arrêtait certes pas les fournitures d’armes et d’hommes aux fascistes : pour venir en aide à Franco, Hitler envoya entre 20.000 et 60.000 hommes, Mussolini une centaine de milliers) ; par contre, il permettait dans une large mesure d’étreindre la résistance des miliciens ouvriers, notamment par la fermeture de la frontière française et l’embargo général sur les armes.

    Sans surprise, l’URSS, sous prétexte de ne pas provoquer la guerre, s’était engagée elle aussi dans cette politique de non-intervention. Trotsky commentait: “La politique de non-intervention que le gouvernement de l’URSS vient officiellement de rejoindre est conservatrice, nationaliste et étroite. Ces gens essaient de se justifier en disant ‘Nous ne voulons pas provoquer la guerre’. Ainsi, ils laissent l’Europe devenir fasciste, puis se retirent. Au bout du compte, ils auront quand même la guerre, mais devrons l’affronter dans des conditions infiniment plus défavorables.“ (1)

    Cependant, en octobre 1936 s’opère un changement brusque dans l’attitude de la part de la Russie stalinienne : l’URSS viole le pacte et entame à son tour les premières fournitures d’armes. L’arrivée de l’aide matérielle russe (chars, tanks, avions…et police politique) sur le territoire espagnol et l’entrée en scène, à l’initiative et sous le contrôle des différents partis communistes du monde, des “Brigades Internationales“ -formées de volontaires de tous pays venus combattre le fascisme-, a pu faire croire à beaucoup de militants que le gouvernement soviétique cédait à la pression des masses. Il y a certainement là une part de vérité, car le courant de sympathie vis-à-vis des miliciens espagnols est énorme parmi le mouvement ouvrier mondial, et le prestige de l’URSS est en jeu. Néanmoins, comme nous l’explique Wilebaldo Solano, ancien membre du POUM: “Si Staline a changé son fusil d’épaule, il n’a pas pour autant l’intention de laisser se développer la révolution espagnole. Tout en rompant avec la non-intervention, il veut néanmoins continuer à rassurer Londres et Paris et prouver sa capacité à maîtriser le prolétariat d’Espagne.“ (2) En effet, l’intervention de l’URSS est dictée par d’autres préoccupations que la victoire de la révolution : les intérêts de sa politique extérieure, la volonté de s’opposer au renforcement de l’Allemagne nazie de plus en plus menaçante. Même à considérer cette stratégie dans un cadre strictement “antifasciste“, elle était vouée d’avance à la défaite ; car, comme le dit Pierre Broué, “Staline, incontestablement, était plus préoccupé de faire aboutir son propre plan d’extermination que d’arrêter celui que venait de promettre et d’engager le général Franco avec l’appui d’Hitler et de Mussolini.“(3)

    Effectivement, lorsque Staline se décide à envoyer en Espagne des armes, du matériel et des hommes (alors que cette aide fut refusée au début, lorsqu’elle aurait pu être décisive), un autre facteur était intervenu : le recul de la révolution, marqué notamment par l’entrée des représentants de la FAI, de la CNT et du POUM dans le gouvernement. Cet appui en armes va à la fois servir aux staliniens d‘instrument de chantage pour obtenir des garanties politiques de la part des représentants du camp dit “républicain“, et constituer un prétexte pour ceux-ci afin de justifier leur capitulation et la trahison de leur base. Pas d’armes, pas de ravitaillement pour Barcelone et le front d’Aragon tant que la CNT n’accepte pas les mesures contre-révolutionnaires proposées par les staliniens : tel est l’odieux chantage auquel ont recours ces derniers. De leurs côtés, les dirigeants de la CNT courbent la tête devant l’influence russe dans la crainte de se voir retirer l’aide en armements. L’ “Independant News“ du 31 octobre 1937 rapporte que García Olivier, éminent dirigeant de la CNT, et ministre de la justice dans le gouvernement de Madrid, va jusqu’à affirmer qu’“il faut céder une fois pour toutes aux exigences de Moscou“. (4)

    Or, le “soutien“ des staliniens n’est qu’une étape dans leur manoeuvre destinée à étouffer le foyer révolutionnaire espagnol. De fait, la “réaction démocratique“ ne tarde pas à laisser la place à la contre-révolution stalinienne dans toute sa cruauté, mettant la touche finale à l’étranglement de la révolution. L’Espagne devient un laboratoire pour la prochaine guerre mondiale où Staline va pouvoir démontrer aux puissances occidentales qu’il est un allié solide et digne de confiance, capable de ramener l’ordre en étranglant une révolution inopportune.


    1. “Oeuvres“ de Léon Trotsky, 1938
    2. “Révolution dans la guerre d’Espagne“, de Wilebaldo Solano
    3. “Histoire de l’Internationale Communiste“, de Pierre Broué, chap.31 : “Front populaire : image et réalités “, p.696
    4. “Chronique de la révolution espagnole“, publiée par l’“Union Communiste“, éditions Spartacus, p.43
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