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Category: Privé divers
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Coronavirus. Arrêt de la production sur le site d’Audi Forest, témoignage d’un travailleur

Action syndicale à Audi en 2016 Ce lundi, les syndicats ont mis l’usine à l’arrêt. Nous sommes arrivés sur les postes de travail au matin. La logistique a été stoppée en premier car il y a la possibilité que les travailleurs aient été contact avec quelqu’un qui a été testé positif au coronavirus (Covid 19) dans le cadre du travail. Progressivement les autres ateliers ont été mis à l’arrêt.
Depuis 8h du matin, y a eu des réunions avec les délégations syndicales et la direction mais ils nous font tourner en rond. La direction d’Audi ne veut pas arrêter le travail. Les syndicats ont demandé de prendre des mesures de sécurité qu’on a des gels près des postes de travail et dans les zones vertes, des masques et des gants ainsi que des mesures de désinfections des machines et du site. La direction se moque de la santé des travailleurs. Mais si nous attrapons la maladie sur notre lieu de travail, nous pouvons la transmettre auprès de nos proches et aux personnes vulnérables.
Les seules mesures que préconisent la direction c’est que nous devons rester à distance d’un mètre les uns des autres, ne pas se serrer la main ou se donner la bise, de tousser dans notre coude, ne pas se touché la figure et se laver les mains plusieurs fois. Nous faisons cela, ne pas nous serrer la main ou se donner la bises. Il y a un pot de gel seulement au WC et pas près des postes de travail. Il semble que le virus peut rester plusieurs heures sur le métal quand on le touche mais il n’y a pas de désinfection des équipements. La distance d’un mettre n’est pas possible, il y a des gens qui travaillent à quatre dans la même voiture où les uns derrière l’autre avec la même machine, y a rien qui est protégé.
Avec le coronavirus et la santé, il ne faut pas rigoler. La production devrait être arrêtée. Beaucoup de gens pensent à leur salaire. Les instances syndicales doivent aller voir les patrons, les travailleurs ne sont pas responsable de ce qui se passe, et demander aux patrons de payer les salaires. Ils ont le fric pour cela. Les employés sont pour la plupart en télétravail. Il faut aussi une solution pour les ouvriers. Début d’après-midi, ils ont pris la décision que l’équipe deux devaient rester à la maison. On n’a pas d’information pour ce mardi s’ils vont maintenir la production prévue ou pas.
Nous publions différentes réactions de travailleurs et de jeunes confrontés à la crise du Coronavirus dans leur travail et dans leur vie. N’hésitez pas à nous envoyer votre contribution via redaction@socialisme.be
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Coronavirus. Secteur de l’événementiel. “Les collègues craignent la faillite de notre entreprise”

Partout dans le monde, des événements sont annulés à cause du coronavirus. Aucun organisateur d’événements musicaux, sportifs, de foires, etc. ne veut être tenu pour responsable d’une (éventuelle) propagation du virus ou ne veut avoir une gueule de bois financière si personne n’ose venir à l’événement. Le secteur de l’événementiel est donc l’un des premiers à ressentir la crise.
Par Serge, travailleur du secteur à Bruxelles
La société pour laquelle je travaille loue du matériel audiovisuel. Depuis des semaines, les locations annulées se succèdent. Bien entendu, cela a un effet direct sur le lieu de travail. Alors qu’auparavant, il arrivait parfois que dix camions par jour viennent chercher du matériel, ce n’est plus que dix camions par semaine. La situation ne promet pas de s’améliorer. La direction a déjà annoncé qu’aucune location n’est prévue pour le mois d’avril.
L’entreprise emploie normalement environ 300 personnes. 25 d’entre elles travaillent sous contrat intérimaire. Leurs contrats ont récemment été résiliés parce qu’il ne leur reste pas assez d’argent et de travail. Pour le personnel permanent, un système de chômage technique variable est appliqué.
Ces mesures n’ont surpris personne. Néanmoins, mes collègues sont très inquiets. Personne ne peut prédire combien de temps durera cette crise. La direction a déjà fait savoir que si la situation ne s’améliore pas rapidement, des personnes seront licenciées.
Le secteur de l’événementiel est caractérisé par une grande inégalité. Alors que les magasiniers gagnent un peu plus que le salaire minimum légal, la direction se déplace en voitures de sport coûteuses. La concurrence dans le secteur est également implacable. Il est essentiel d’avoir à chaque fois une longueur d’avance sur les autres. C’est pourquoi l’entreprise investit massivement dans de nouveaux équipements avec de l’argent qui n’est souvent pas (encore) là. Les dettes s’accumulent. Les actionnaires sont peut-être encore plus inexorables que la concurrence. Malgré la crise, ils veulent voir leur investissement multiplié.
Tout cela explique que l’entreprise n’a jamais pu mettre de l’argent de côté au cas où les choses ne se passeraient pas comme prévu. Le personnel en paie maintenant le prix. Pour l’instant, cela se limite au chômage technique, mais de nombreux collègues craignent la faillite de l’entreprise.
Nous allons publier différentes réactions de travailleurs et de jeunes concernant l’impact de la crise du Coronavirus à leur travail et dans leur vie. N’hésitez pas à nous envoyer votre contribution via redaction@socialisme.be
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Covid-19 : Terrassons le coronavirus et la marchandisation de la santé.

Suite à la propagation du coronavirus, nous sommes contraint·e·s d’annuler nos événements y compris la Grande manifestation de la santé du 29 mars. Ce n’est que partie remise bien évidemment.
Déclaration de La Santé en Lutte
Pour l’instant, nous allons nous concentrer sur les problématiques liées aux conditions de travail et de soins en cette période de crise.
C’est, en effet, dans un secteur déjà en surcharge, en manque d’effectifs et sous-financé depuis des années, que nous allons devoir, nous soignant·e·s et personnel logistique, administratif et hôtelier, nous battre pour endiguer une pandémie sans précédent.
Retour sur le plan de crise du gouvernement
Nous avons appris avant hier les nouvelles mesures prises par le gouvernement en affaires courantes. Nous saluons les précautions et le souci pour les enjeux sanitaires qui touchent l’ensemble de la population. Le gouvernement a en effet finalement été à l’écoute des alertes données par le monde scientifique et par les professionnels du secteur, et comme nous le savons, ce n’est pas forcément à son habitude.
Néanmoins, nous restons perplexes sur certains points. En effet, nous notons le compromis qui a été réalisé pour maintenir l’activité économique des grandes entreprises, pourtant majoritairement non essentielle au bon fonctionnement de notre société. Il nous semble que les principaux acteurs économiques impactés par les mesures seront les travailleur·euse·s de l’horeca, les étudiant·e·s, le milieu culturel et associatif, ainsi que les petits indépendants qui ont parfois déjà du mal à boucler leur fin de mois. Nous comprenons bien l’idée derrière ces choix, et nous soutenons le principe : il faut éviter les concentrations de population. C’est à ce titre qu’il nous paraît dès lors absurde et dangereux de maintenir l’activité des grandes entreprises où l’on sait que des centaines de travailleur·euse·s vont se côtoyer et plus que probablement risquer de contribuer à la propagation du virus.
Nous sommes également inquiets par rapport à la question du maintien des salaires des personnes confinées ou dans l’incapacité d’aller travailler. En effet, la précarisation de la population va engendrer des dégâts sanitaires que nous redoutons fortement. Plusieurs études révèlent la corrélation immédiate entre le niveau de revenus et le niveau de santé de la population. Nous sommes donc très préoccupés par ce risque de paupérisation et par les difficultés d’accès aux soins qui ne vont pas faciliter la lutte contre le Covid-19. En effet, il est à noter, dans les annonces du gouvernement, l’absence d’intervention concernant la prise en charge des frais médicaux liés à cette pandémie. Nous sommes face, aujourd’hui, à un secteur de santé inégalitaire, fonctionnant à plusieurs vitesses. L’accès aux soins est de plus en plus conditionné au niveau du revenu des patient·e·s. Face au coronavirus les personnes à faibles revenus ont donc un risque de mortalité plus élevé. Nous ne l’acceptons pas.
Pour finir, on ne peut pas passer à côté d’une autre annonce stupéfiante : la Ministre de la Santé a défendu, au parlement, quelques heures avant les annonces concernant les mesures à prendre pour lutter contre la pandémie de Covid-19, un projet de loi visant à économiser 48 millions supplémentaires dans les hôpitaux du pays ; cela même alors que depuis des mois le secteur dénonce un épuisement généralisé, et appelle urgemment à un refinancement. N’a-t-elle décidément honte de rien ?
Alors, sommes-nous prêt·e·s ?
C’est la question que tout le monde se pose. Comme nous le disions plus haut, le coronavirus arrive comme une charge supplémentaire dans un secteur déjà à bout. Alors, bien évidemment, nous, personnel de la santé, nous allons faire preuve de solidarité et allons donner le maximum pour soigner l’ensemble de la population. Comme à notre habitude, dirons-nous, car c’est là le sens que nous donnons à notre travail.
Quelles seront les conséquences des économies imposées précédemment dans notre système de santé sur la capacité de prise en charge et de lutte contre la pandémie qui nous menace aujourd’hui ?
D’abord, il sera toujours plus difficile d’avoir davantage de soignant·e·s au chevet des patient·e·s. Des conditions de travail repoussantes ont eu raison des infirmières, depuis des années, créant une pénurie majeure.
Ensuite, la marchandisation du secteur a poussé les directions hospitalières à externaliser, précariser, sous-staffer des services essentiels au bon fonctionnement de la structure hospitalière. En effet, aujourd’hui plus que jamais, nous allons avoir besoin du personnel logistique, administratif et hôtelier en nombre, formé, motivé. Une attention particulière devra être donnée au personnel de l’entretien ménager, qui sera dans les jours à venir, tout comme les autres professionnels de la santé, certainement sur-sollicité.
Pour finir, le tournant managérial de la gestion hospitalière laisse des équipes soignantes sans supervisions professionnelles aptes à traiter les questions de santé. Heureusement que nous savons encore comment faire notre métier. Pour exemple, les soins à domiciles, laissés sans directives et qui ont eu le professionnalisme de se donner des guidelines propres et concrètes pour la gestion de la pandémie. De plus, la gestion managériale du « juste à temps » laissant les unités avec très peu de stock, ce qui présage des grosses pénuries de matériel.
Pour conclure, nous sommes conscients que nous allons devoir donner beaucoup de nos personnes dans cette phase sanitaire critique. Pour illustrer ces sacrifices, la direction du CHU Saint-Pierre a demandé « d’annuler toutes les vacances, récupérations et congés programmés jusqu’au mois de juin » de tout son personnel. Le personnel de la santé devra être sur le pont ces prochains mois, nous le savons. Ces mesures sont les prémices d’une réquisition qui nous guette, probablement. Mais quelles sont les contreparties proposées par les directions hospitalières et l’Etat pour le personnel de la santé qui sera amené à sacrifier beaucoup durant les mois à venir ? Pour l’instant, et une fois de plus, le personnel des institutions de soins se prépare à ce qu’on lui demande de nombreux efforts, sans la garantie d’une reconnaissance juste et nécessaire.
Aujourd’hui, plus que jamais, la population réalise l’importance d’avoir des effectifs en suffisance et du personnel soignant sur le terrain, formé et correctement payé, pour faire face aux problèmes de santé. Plus que jamais, nous savons que nous avons besoin de tout le monde dans cette fourmilière qu’est l’hôpital. Du personnel d’entretien au médecin, du laborantin au brancardier, un renfort global des effectifs est bel et bien urgent et nécessaire. Plus que jamais, le monde réalise que la santé est un droit pour toutes et tous, et qu’il serait inacceptable de laisser mourir ceux et celles qui ont peu de moyens. Plus que jamais, nous nous rendons compte que les entreprises privées ne suivent pas cette logique, en spéculant sur la maladie, les médicaments, les produits désinfectants, les masques, etc.
C’est pourquoi, plus que jamais, notre slogan « + d’effectifs, + de salaires et + d’humanité » fait sens, pendant et après la pandémie.
Préparons-nous à nous battre sur tous les fronts contre le coronavirus et contre l’austérité !
Nous demandons :
- Une protection plus grande de la population en arrêtant toute la production non essentielle afin de limiter réellement au maximum la propagation du virus.
- Des garanties claires de maintien des salaires pour toutes celles et ceux qui sont amené·e·s à arrêter le travail dans ce contexte de crise.
- Une prise en charge par l’Etat avec participation importante des grandes entreprises pour toutes celles et ceux qui auront à subir une prise en charge médicale liée au coronavirus.
- Un arrêt immédiat de toutes mesures d’économies dans le secteur de la santé.
- Un refinancement massif du secteur pour faire face à cette situation et à toutes situations ultérieures. L’objectif doit être des soins de qualité gratuits pour toutes et tous.
- Des contreparties sérieuses pour tout le personnel du secteur qui sera amené à travailler dans des conditions encore plus difficiles dans les semaines et mois à venir.

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Liège. Grève chez Deliveroo : entretien avec un coursier

Ce vendredi 6 mars, à Liège, sous une pluie battante, les travailleurs de Deliveroo se sont rassemblés rue Pont d’Avroy en protestation contre le nouveau système “free login” imposé par leur employeur.
Des membres de la section de Liège du PSL étaient présents en soutien, l’occasion de revenir sur ce nouveau système, mais aussi de soutenir cette lutte contre cette diminution des revenus de ces travailleurs. Nous en avons discuté avec l’un d’eux.
Entretien réalisé par Jeremiah (Liège)
Peux-tu nous expliquer ce qui va changer avec ce système de Free login ?
D’abord, c’est un système qui est mis en place depuis déjà 2 semaines, donc on a déjà pu constater la diminution de nos revenus.
L’ancien système était bien meilleur, car il nous garantissait un revenu horaire de 15 à 20 € de l’heure dans les bons jours, car il y avait un nombre limité de coursier par créneau horaire. En limitant le nombre de coursiers par créneau, cela permettrait d’être presque sûr d’avoir des commandes durant ce laps de temps.
Avec le système de Free login, n’importe qui peut aller à n’importe quel créneau, ce qui augmente la concurrence entre les livreurs. La conséquence concrète est que l’on peut attendre plusieurs minutes, voire 1h, pour obtenir une commande, ce qui diminue notre salaire horaire. Il peut même atteindre 5 €/h quand il y a trop de livreurs sur un créneau. Le temps d’attente n’étant pas payé, notre salaire est divisé par 3 à cause de ce nouveau système.
Ils ont utilisé une réunion de “concertation” organisée par la plateforme avec les indépendants, le but étant de mettre en avant plus de flexibilité, mais cela se fait au prix d’un salaire inférieur à 10 €/heure et donc ne vaut pas la peine pour nous. En vérité, Deliveroo a imposé ce système sans concertation avec les livreurs.
Deliveroo permet des revenus plus élevés que les autres plateformes grâce à son système de paye à la course. Le système de Free login va donc attirer également les coursiers des autres plateformes, augmentant encore la concurrence entre les coursiers.
Au niveau de votre statut, est-ce que quelque chose a changé depuis cette interpellation du tribunal du travail envers Deliveroo sur le statut de faux indépendants ?
Moi je suis toujours sur le statut d’indépendant, donc je dois payer toutes mes lois sociales tandis que Deliveroo ne paye rien. Mais aujourd’hui je suis une exception, car la majorité des travailleurs sont sous statut P2P (pour peer to peer): il permet un régime fiscal avantageux pour Deliveroo, mais comporte un vrai risque pour les livreurs. En effet, avec ce statut le “biker” ne peut pas gagner plus de 6130 € par an, ce qui est pourtant le cas de nombreux livreurs. Ils pourraient donc se faire pointer du doigt par le SPF Finances, alors qu’en réalité c’est bien Deliveroo qui profite de ce statut.
Quelles sont tes conditions de travail au quotidien?
Je suis coursier scooter, donc c’est moi qui paye mon assurance, mon essence, je fais ça de manière professionnelle. Le problème c’est en cas d’accident, même si je me blesse durant une course, Deliveroo n’est pas obligé de m’aider pendant ma période de remise en forme.
De plus, l’entreprise fournit du matériel : support pour smartphone, pantalon, sac qui ont un coût (entre 5 € et 20 €) et surtout une qualité qui est plus que contestable. Rien que le mois précédent j’ai dû acheter 2 ou 3 supports smartphone pour mon scooter. Avec le nouveau système de Free login, il va y avoir plus de tensions entre les livreurs et ils le savent.
Comment s’est passée la mobilisation ?
Très bien, cet après-midi on peut dire qu’il y a un retard de 6 à 7h concernant l’ensemble des commandes à Liège sur la plateforme Deliveroo. Cela veut dire que ça a été bien suivi.
Alors que les conditions de grève sont vraiment compliquées à cause de l’application et du système de tracking mis en place par l’entreprise. Tous les livreurs sont traqués en permanence à l’aide de l’application, même quand celle-ci n’est pas ouverte elle prend les coordonnées GPS. Lors de grèves en France, cela a déjà donné des licenciements, car l’entreprise savait exactement qui faisait grève grâce à cette application. Donc aujourd’hui, nous prenons nos précautions avec une messagerie cryptée et on désinstalle l’application lorsqu’on réalise des actions.
Nous comptons poursuivre le mouvement ce weekend, mais aussi le weekend prochain, pour continuer de mettre la pression sur Deliveroo qui refuse toujours de nous rencontrer.
On a fait aussi appel aux syndicats, FGTB et CSC pour nous soutenir dans notre action, mais aussi nous protéger en cas de répression contre les grévistes.
Comme à son habitude Deliveroo dit que si un jour, à cause du tribunal de travail ou à cause d’une grève, ils sont obligés de mettre les travailleurs au statut de salarié avec un salaire décent, l’entreprise sera obligée de fermer en Belgique, donc c’est une menace réelle.
Plus tard dans la soirée, les grévistes ont été former des piquets devant les grands fastfoods qui proposent la livraison à domicile. De cette manière, ils pouvaient empêcher l’accès des autres travailleurs de Deliveroo, mais aussi entrer en discussion avec les travailleurs des autres plateformes.
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INEOS Phenol : Grève contre l’arrogance patronale

Le 9 janvier 2020, une grève a éclaté parmi les 180 employés de l’usine de phénol INEOS au port d’Anvers. La cause immédiate était le licenciement de Chris De Wachter, délégué syndical de la CGSLB. Chris a systématiquement dénoncé les situations dangereuses. Il a résisté à la troisième façon dont le nouveau directeur de l’usine, Hugo Piot, voulait mettre en œuvre une nouvelle organisation du travail.
Par un délégué FGTB du secteur de la chimie à Anvers
Une insatisfaction latente face à une nouvelle direction
Au sein du personnel, le mécontentement n’a fait que croître depuis un certain temps suite au changement de direction et à la nouvelle gestion. Lors du piquet de grève, les délégués ont expliqué comment les réunions du Conseil d’entreprise et du Comité pour la prévention et la protection au travail étaient (CPPT) devenues des réunions à sens unique où la nouvelle direction ne tolérait aucune contradiction.
Outre la réintégration de Chris De Wachter, 55 ans, ou une compensation financière jusqu’à sa retraite anticipée, qui se serait concrètement traduite par 2 ans de salaire au-dessus du niveau légal, le front syndical réclamait un autre style de gestion. Ou mieux : le départ pur et simple du directeur Hugo Piot. Il réclamait également une réelle participation des représentants du personnel et des accords équilibrés concernant la nouvelle organisation du travail.
Solidarité contre l’agressivité d’INEOS
La solidarité entre les membres du personnel s’est avérée beaucoup plus forte que prévu et la grève a fait plus de mal à INEOS qu’elle ne veut l’admettre. C’est la plus grande des trois usines de phénol d’INEOS, qui est de loin le leader du marché du phénol. Dans au moins une entreprise du port d’Anvers, une chaîne de production entière a été à l’arrêt en raison d’une pénurie d’acétone, un sous-produit normalement fourni par INEOS Phenol.
Les pertes pour INEOS sont importantes : un multiple de ce qu’il en coûterait de payer De Wachter jusqu’à sa retraite. La flexibilité supplémentaire exigée par la direction ne compensera pas la perte économique. C’est une question de principe, une épreuve de force. Avec six sites de production à Anvers, c’est devenu une base d’exploitation cruciale pour INEOS, qui emploie 22.000 personnes dans le monde et génère un bénéfice d’exploitation de 4,3 milliards de dollars.
Diviser et régner pour briser la grève
L’erreur d’appréciation de la direction d’INEOS l’a placée en porte-à-faux dans le débat public dès les premiers jours de la grève. Mais la direction s’est vite rattrapée: les opérateurs ont été contactés individuellement, et mis sous pression jusque par téléphone à leur domicile. Une lettre a été envoyée à chacun, argumentant que les grévistes mettaient en danger l’avenir de l’usine – et donc les emplois.
Une proposition patronale avec de vagues promesses qui ne tenaient pas debout a été soumise au vote. Mais promettre de nouvelles embauches pour remplacer ceux qui ont récemment démissionné n’est pas une concession. Engager un psychologue pour écouter les doléances des travailleurs est plus une gifle qu’une concession en termes de participation. La direction a perdu : 78% contre elle.
Mais la direction avait préparé l’étape suivante. Deux jours après le vote, après 23 jours de grève, elle a déclaré dans les médias que l’usine serait amenée à un ‘‘niveau de sécurité accru’’. Des déclarations trompeuses ont servi à supprimer l’occupation obligatoire du site par mesure de sécurité. Cela permettait aux syndicats d’alterner travail et grève, et donc de limiter au maximum les pertes de salaire. La direction a annoncé qu’elle garantirait la sécurité avec des cadres (qui ne sont pas formés pour cela) et quelques travailleurs volontaires. Les badges d’accès ont été retirés aux grévistes, ce qui a rapidement accru la pression financière.
Goutte à goutte, les employés ont été placés sur la liste des personnes prêtes à travailler. Apparemment, ils étaient plus nombreux à la CSC que dans les autres syndicats, si bien que les délégués de la CSC ont décidé de faire de même. Le front syndical a été brisé. Mais après cinq semaines, plus de la moitié des 80 opérateurs étaient toujours en grève.
Le mouvement pour le climat soutient le piquet de grève
Les premières visites des militants pour le climat ont d’abord été accueillies de façon sceptique. Mais cela a changé au fur et à mesure que la bataille se poursuivait. Suite au battage médiatique, politique et patronal, le secteur chimique a le sentiment que la lutte pour une économie neutre en CO2 menace les emplois. Dans le contexte du capitalisme, c’est un scénario probable, car les patrons n’hésitent pas à faire payer les employés lorsque leurs profits sont sous pression.
‘‘Ces types se battent contre le capitalisme, et nous, en fait, c’est ce que nous faisons aussi’’, a résumé un délégué. Les discussions entre grévistes et militants pour le climat ont par exemple porté sur les technologies – bien que souvent encore sur le papier ou en phase pilote – déjà disponibles aujourd’hui pour créer une industrie chimique sans combustibles fossiles et neutre en CO2. L’attitude arrogante d’INEOS, qui traite les travailleurs avec mépris et refuse tout débat avec le mouvement pour le climat, a également été souvent évoquée.
De telles rencontres du mouvement écologiste avec les travailleurs en lutte sont importantes pour parvenir à une compréhension mutuelle et permettre de développer la coopération.
La grève aura des conséquences dans l’usine
Le 24 février, le personnel reprend le travail : la flexibilité demandée par la direction ne sera appliquée que sur une base volontaire et le directeur de l’usine se retire de la présidence des organes consultatifs. Une victoire complète des grévistes était difficile à obtenir étant donné l’attitude radicale de la direction, les imposantes réserves d’INEOS et le fait que la lutte se limitait à l’usine de phénol. Mais comme les secrétaires de la FGTB Levi Sollie et Patrick Lodewijckx l’ont indiqué dans la Gazet van Antwerpen, la direction ne pourra pas faire comme si une grève aussi longue ne changeait pas les relations au sein de l’usine. Cela s’est également manifesté après les longues grèves chez LANXESS Rubber (2014) et ExxonMobilAntwerpPolymers (2016). Depuis la grève, INEOS Phenol a eu un nombre étonnamment élevé de candidats parmi les opérateurs pour les prochaines élections sociales.
L’importance de la grève dépasse les limites de l’usine de phénol. En premier lieu pour les employés des autres sites INEOS à Anvers. Le patronat et les syndicats de l’ensemble du secteur chimique anversois tireront les leçons d’un conflit provoqué par le style agressif d’INEOS. En outre, le licenciement de Chris De Wachter est une gifle pour le mouvement syndical. Il est dans l’intérêt du mouvement syndical dans son ensemble de lutter pour la réintégration et – si cela s’avère impossible – dans un deuxième temps, d’augmenter le ‘‘prix’’ pour ce licenciement. Des représentants des travailleurs combatifs et solidaires sont essentiels pour défendre les intérêts des travailleurs et de leur famille dans une société et une économie régies par les grandes entreprises.
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Clabecq. « Ou ils nous payent, ou on se battra comme en 1997 »

L’avertissement est clair, il a été lancé aujourd’hui par Silvio Marra, ancien délégué syndical des Forges de Clabecq, alors qu’une centaine de personnes avaient bravé la pluie pour se réunir à Tubize. L’action visait à lancer la mobilisation visant à récupérer les arriérés de salaire des travailleurs des Forges.
Récupérons les arriérés de salaire !
Lors de la faillite des Forges de Clabecq en décembre 1996, une partie seulement des salaires dus aux travailleurs licenciés leur ont été payés. 23 ans plus tard, les curateurs ont pu réunir un montant de près de 18 millions d’euros en vendant des actifs. De quoi donc payer aux anciens ce qu’on leur doit encore (plusieurs milliers d’euros à chacun)… Mais l’État belge ne n’entend pas de cette oreille et veut mettre la main sur cette somme !
Un procès est donc en cours entre les curateurs et l’Etat belge, le jugement sera prononcé le vendredi 20 mars prochain au Palais de Justice de Bruxelles.
Les travailleurs entendent maintenir la pression pour faire valoir leurs droits. Et le rassemblement d’aujourd’hui était un excellent premier pas. Parmi les manifestants se trouvaient notamment un groupe de travailleurs de la CGSP – ALR qui a pu discuter ensuite avec Silvio. Ce dernier a souligné : « Un militant syndical doit avoir une vision politique, c’est-à-dire une manière d’accéder à une société juste. Ce qui est fondamental, c’est la société que l’on veut et comment nous voulons y arriver. »
Prochains rendez-vous :
- Vendredi 20 mars, 9h, Palais de Justice de Bruxelles (place Poelaert)
- Samedi 18 avril, de 10h à 12h30, à la Taverne de la gare (devant la gare de Tubize), Assemblée d’information sur les suites du dossier (résultat du procès, détail des créances de chacun, etc.)

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GSK. Nationaliser pour sauver l’emploi

Ce 5 février, le couperet est tombé: GSK a annoncé son “plan de transformation”. La restructuration touchera près des 1000 travailleurs: 595 cadres, 125 employés et 215 CDD (ouvriers et employés).La direction de GSK et les politiciens orientent le débat vers la bonne santé du secteur et la promesse de GSK de consacrer 500 millions d’euros à ses infrastructures en Belgique. Mais en orientent ces investissements dans la robotisation, l’automatisation et le matériel à usage unique, de nouveaux emplois deviendront obsolètes à l’avenir, essentiellement en production. Au niveau de l’entreprise, 500 millions sur 3 ans constituent moins de 1% des actifs et ce n’est en rien une promesse de maintien de l’emploi.
Le site de Wavre est le plus grand site de production de vaccins au monde. Deux millions de doses sortent chaque jour du site.
Le PSL appelle à la nationalisation de GSK sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité, sans rachat ni indemnités. Nationaliser pour sauver l’emploi. Nationaliser pour orienter la production selon les besoins: non aux pénuries de médicaments et de vaccins! Nationaliser pour orienter les investissements selon les besoins: pour financer le secteur des soins de santé qui en a grandement besoin. Nous apprenions il y a quelques jours la pénurie en vaccin contre le papillomavirus (HPV), le Gardasil9 de MSD. Or, le site de Wavre produit un vaccin contre le HPV, le Cervarix. Nationaliser permettrait de produire de manière à prévenir les pénuries mais aussi en vue d’exporter vers les pays où l’infection est mortelle faute d’infrastructures pour prendre en charge les malades, certainement dans de nombreux pays d’Afrique.
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Médicaments & vaccins : quand le marché nous rend malades
Ces dernières semaines, plusieurs problématiques ont illustré quelques contradictions du secteur pharmaceutique. L’affaire de la petite Pia a illustré le coût exorbitant des traitements.(1) Le secteur des pharmacies d’officines a aussi crié son désarroi face aux pénuries de médicaments en faisant référence aux ‘‘pénuries de temps de guerre’’ (2). Dans un contexte général de dé-financement des soins de santé et de lutte du secteur, le coût des machines et des traitements a aussi été mis en cause. Les remboursements de médicaments en 2018 ont coûté 4,5 milliards d’euros à la collectivité.(3) Si on ajoute à cela certains scandales comme celui des opiacés qui a dévasté la vie de centaines de milliers d’Américains en 20 ans(4), un constat s’impose : sauvegarder le secteur pharma d’une production basée sur les profits.Par un délégué FGTB du secteur pharmaceutique
Les pénuries de médicaments en Belgique
La problématique des pénuries de médicaments est un phénomène mondial. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a d’ailleurs fait une feuille de route pour tenter d’enrayer le problème lors d’une de ses sessions de janvier 2018, sans jusqu’ici parvenir à réellement trouver une solution. (5) Pour ce qui est de la situation en Belgique, en considérant seulement le mois de novembre, on compte 602 notifications d’indisponibilités de conditionnement de médicaments. La liste n’étant pas figée, l’AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé) estime que sur tous les médicaments conditionnés en Belgique, 5% connaissent en moyenne la pénurie.(6) Les conséquences peuvent être dramatiques pour les patients qui attendent leur traitement. L’exemple récent de pénurie de l’antibiotique Clamoxil a entraîné une sortie dans la presse des professionnels de la santé pour dénoncer le phénomène. (7)
Selon l’AFMPS, il y a trois causes principales à ces indisponibilités :
- L’indisponibilité réelle, due à un incident de production, à un problème lors du transport,…
- Un arrêt de commercialisation, la firme ne distribuant plus le produit en Belgique ou ayant stoppé la commercialisation du produit.
- Un problème de distribution où le produit est disponible en Belgique mais pas dans toutes les pharmacies ou en raison du fait que les firmes ne respectent pas le contingent prévu par le pays.
Pour nous en prendre à ces causes mises en avant par les autorités, nous devons remettre en question l’organisation capitaliste de la production.
Une production de plus en plus sociale, mais dont l’appropriation est privée
Quand une entreprise privée produit des médicaments elle ne le fait pas pour l’usage que la collectivité va en faire c’est à dire soigner des malades. Elle le fait pour engendrer des bénéfices. Les produits de santé sont donc devenus une marchandise comme les autres sous le règne capitaliste. Cette marchandisation de la société a pour conséquence que l’ensemble du secteur des soins de santé est de plus en plus considéré comme une source de profits.
Cela implique d’organiser la production pour maximiser les profits en question, pour produire au moindre coût et vendre au prix fort. Cela entraîne des délocalisations de la production ou plus exactement le découpage de la chaine de production pour optimiser à chaque étape la valorisation de la marchandise : effectuer la recherche et le développement dans un pays où existe une déduction fiscale pour le brevet (comme c’est le cas en Belgique), effectuer les tests cliniques là où la législation sera la plus adéquate, extraire les matières premières dans des pays spécialisés dans ce secteur, organiser la production sur différent pays pour mettre les travailleurs en concurrence les uns avec les autres. Tout cela pour vendre au plus offrant.
Dans tout ce processus de production, on applique l’organisation scientifique du travail la plus moderne qui soit pour éviter le stockage et les coûts que cela représente. Si les Etats veulent disposer de stocks stratégiques, c’est à la collectivité d’en payer le prix. Derrière les causes de l’indisponibilité, on trouve donc la soif de profits.
Quant à l’arrêt de commercialisation, le terme exprime très bien que ces dirigeants de firmes n’ont que faire des besoins qui existent dans la santé. Ils veulent enrichir leurs actionnaires. Comme manière de réguler la pénurie, des industriels préconisent d’ailleurs l’augmentation des prix. En effet, si l’offre est inférieure à la demande, les prix du marché devraient augmenter. Mais en suivant cette loi, on diminue la demande qui est en capacité d’accéder au soin de santé.
Les solutions dans le cadre du marché et leurs contradictions
Faces à ces différents problèmes, certains tentent d’ébaucher des solutions dans le cadre du système et de répondre aux besoins des patients mais ces dernières se heurtent à la propriété privée des moyens de production.
En général, comme une bonne partie des médicaments est remboursée par la collectivité via la sécurité sociale, le prix des médicaments est négocié entre la firme productrice et l’Etat. Une discussion qui s’effectue derrière des portes closes. Le pouvoir de négociation des différents Etats dépend donc de l’importance de leur marché potentiel. Certains évoquent l’idée d’une négociation européenne pour un prix unique. Mais les différences socio-économique, et donc de pouvoir de négociation, sont fort différentes. De plus, il faudrait une unification européenne au niveau des remboursements et donc un financement de la sécurité sociale harmonisé ou à tout le moins coordonné au niveau européen, ce qui n’est pas à l’ordre du jour.
Une autre idée défend de protéger l’industrie pharmaceutique européenne afin de disposer d’une indépendance dans l’approvisionnement en produits de santé. Cette idée de ‘‘protectionnisme social’’ est tentante mais, comme on le voit actuellement, les tendances à la démondialisation entraînent un ralentissement de l’économie mondiale. Dans le secteur pharma comme pour d’autres secteurs, le marché américain et asiatique (Chine et Japon) sont primordiaux pour toutes les entreprises. Risquer de se fermer ces marchés par une guerre commerciale risque d’amener encore plus de problèmes non seulement dans ce secteur mais dans l’ensemble de l’économie européenne et mondiale.
Voyant les solutions bloquées au niveau européen, différents modèles sont évoqués pour faire baisser la facture finale pour le patient et la collectivité, comme le ‘‘modèle Kiwi’’. Il s’agit d’un modèle ou l’Etat fait un appel d’offre pour disposer du médicament le moins cher. Le bureau du plan a calculé que cela pourrait représenter une économie de 500 millions d’euros pour l’assurance maladie invalidité.(8) Ce serait évidemment de l’argent bienvenu à réinjecter dans les soins de santé. Mais cela risque d’aggraver le risque de pénurie. En effet, pour peu que la firme ait un accident de production, il n’y aurait pas de produit de remplacement. De plus, le secteur pharma s’est organisé depuis longtemps pour vendre le maximum de sa production là où c’est le plus intéressant. Les grossistes-répartiteurs vendent leurs stocks là où ils ont les meilleurs prix, entraînant des difficultés d’approvisionnement et des pénuries dans les autres pays. Cette solution ne répond également pas à l’absence de traitement qui est présente pour certains produits du fait de la faiblesse de la demande. C’est le cas des maladies qu’on appelle ‘‘orpheline’’, car elle ne touche pas une masse critique de gens suffisamment grande que pour investir dans la production de traitement.
Les capitalistes contre la santé publique
Le scandale des antidouleurs aux USA a révélé que, chez les capitalistes, la soif de profit était plus forte que la volonté de répondre aux nécessités humaines. Alors que les USA ont mené une guerre à la drogue et aux cartels avec comme motifs la santé publique, ces derniers mois, on s’est rendu compte qu’une crise sanitaire terrible avait frappé le pays. Plus de 300.000 personnes sont décédés en 20 ans suite à l’addiction aux opioïdes acquise avec la prise de traitements antidouleurs. L’oxycontin est particulièrement mis en avant. Ce médicament produit par la firme Purdue depuis 1996, qui continue d’être vendu, avait été lancé à grand renfort de marketing et en donnant des avantages à certains médecins pour qu’ils le prescrivent. Cela illustre que pour les capitalistes le profit reste la priorité.(9)
Une autre voie d’inquiétude pour la santé publique, c’est la qualité générale des produits mis sur le marché. Afin d’augmenter la rentabilité de la recherche et du développement, les sociétés veulent diminuer le temps nécessaire à l’étape de mise sur le marché. Il existe une procédure de mise sur le marché rapide qui est appelé fast-track ou voie rapide qui est mise en route pour des maladies orphelines ou lorsqu’un traitement n’est pas disponible. Mais, de plus en plus, les sociétés veulent étendre cette méthode aux traitements qui ne correspondent pas aux critères actuels afin d’en diminuer le coût de recherche et de développement. Cette volonté de diminuer le temps met sous pression les équipes de recherches et cela peut à terme diminuer la qualité des produits mis sur le marché.
Les capitalistes sabotent les solutions
En octobre, un scandale est sorti dans la presse qui révèle que les sociétés Roche et Novartis se sont entendues pour maintenir le prix d’un médicament contre la dégénérescence maculaire à un niveau élevé, volant ainsi plusieurs millions d’euros à la collectivité. La ministre de Block a minimisé le phénomène mais le PTB a très justement dénoncé les choses.(10) Dans cet article, Sophie Merckx fait cette déclaration : ‘‘Nous devons d’urgence mener un débat de fond sur le pouvoir qu’exerce aujourd’hui l’industrie pharmaceutique sur notre société. La bourse ou la vie, cela ressemble à une phrase tirée d’un vieux western, et pourtant c’est de plus en plus une réalité. Cela doit cesser. Pour nous, c’est clair : la recherche et le développement des médicaments doivent être entre les mains du public, de façon à ce que les besoins des patients soient la priorité, et non l’avidité des actionnaires des entreprises pharmaceutiques.’’
Produire en fonction des besoins sociaux ? Nationaliser l’industrie pharmaceutique !
L’industrie pharmaceutique est un secteur qui génère énormément de profits. Les ‘‘pharma papers’’ ont révélé l’ampleur de ces montagnes de fric. Entre 1999 et 2017, 11 des plus gros laboratoires pharmaceutiques ont réalisé 1019 milliards d’euros de bénéfices ! De toute cette richesse créée par le travail social, pas moins de 925 milliards ont été versés aux actionnaires, c’est à dire 90,8%.(11) Tout cet argent n’a pas été réinvesti dans la recherche et le développement de traitements innovants efficaces et accessibles à toutes et tous. Dans le cadre d’une industrie nationalisée et sous le contrôle et la gestion des travailleurs et des patients, on pourrait faire baisser le coût des médicaments et investir dans la recherche et le développement, de même que dans une infrastructure industrielle intégrée avec de bonnes conditions de travail pour répondre aux besoins sociaux.
Nous sommes d’accord avec Sophie : nous devons mener un débat de fond sur le pouvoir de l’industrie pharmaceutique sur notre société. Au lieu de seulement prendre en compte l’avis et les intérêts des dirigeants et des actionnaires de ce secteur, nous pensons que nous devons mener ce débat avec les militantes et militants qui travaillent dans ce secteur ainsi que les militantes et militants du secteur des soins de santé, des mutuelles, de l’assurance maladie invalidité, les malades bref tout ceux qui sont concernés. C’est en nous organisant ensemble et par la lutte que l’on pourra établir le rapport de force pour sortir ce secteur des griffes des 1% et que l’on pourra discuter de la meilleure manière de répondre aux besoins sociaux.
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L’industrie Pharma en Belgique
Le secteur pharmaceutique est un secteur économique de poids. Au niveau mondial la production mondiale équivalait à 997 milliards de dollars en 2014 et une valeur ajouté de 442,6 milliards de dollars. Au niveau de la Belgique, le secteur compte 980 entreprises et plus de 50.000 équivalents temps-pleins par année. Le secteur a généré une valeur ajouté de 14,7 milliards d’euros en 2016 soit plus de 290 000 euros par ETP en moyenne. La Belgique représente 9,5 % de la valeur de production au niveau européen pour 2016. (12)
Grâce à son poids dans l’économie belge. Le secteur sait organiser son influence auprès des différents politiciens des partis traditionnels qui votent des lois sur-mesure pour ce secteur. Le mécanisme fiscal de déduction pour brevet en est un exemple, mais la manière dont a été négocié le contrat de stock contre la grippe H1N1 par la ministre de la santé Laurette Onckelinkx à l’époque en est un autre (13). De manière plus générale, le secteur profite de la loi de 1996 et de ces différentes modifications qui, sous couvert de protection de la compétitivité, bloque l’augmentation des salaires en Belgique. Cela assure que les travailleuses et travailleurs de ce secteur ainsi que la collectivité ne savent pas prendre leur juste part de la richesse généré collectivement ces dernières années.
Il est important de réfléchir avec les militantes et les militants de ce secteur afin d’orienter la production et la richesse crée dans la réponse aux besoins sociaux et à l’amélioration des conditions d’emplois.
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Un système malade de lui-même
Lors de la chute du mur de Berlin et de l’effondrement de l’URSS, certains commentateurs superficiels ont attribué l’échec du modèle soviétique à l’attrait des jeunes de l’Est pour le rock et les jeans. Mais ce sont des causes beaucoup plus profondes qui ont entraîné une si vaste contestation du système bureaucratique. Celle-ci a hélas abouti à une contre-révolution capitaliste au lieu d’une révolution politique qui aurait pu ouvrir la voie au socialisme démocratique. Une de ces contradictions de l’URSS résidait dans le fait que la poigne de fer bureaucratique sur l’économie planifiée empêchait cette dernière d’atteindre son plein potentiel pour répondre ainsi adéquatement aux besoins sociaux.
Ceci nous rappelle que lorsqu’un système de production n’est pas capable de répondre aux besoins sociaux et de faire progresser la société, cela pose les germes de sa remise en cause. Le système de production capitaliste n’a jamais prétendu répondre aux besoins sociaux. La société capitaliste croule sous les marchandises mais seuls ceux qui sont en capacité d’acheter sont intéressants pour les capitalistes. Pour les autres, ceux qui sont trop pauvres pour avoir accès aux soins de santé ou à des traitements par exemple, le système produit tout un arsenal idéologique pour justifier de les laisser mourir alors que l’humanité possède les solutions pour éviter cela.
La pénurie qui sévit dans le secteur pharmaceutique est une des illustrations de la crise du système. Même ceux qui ont la capacité d’acheter des marchandises, ne sont pas en mesure de le faire, du fait des contradictions liées à la manière dont les propriétaires de capitaux organisent la recherche, la production et la distribution.
NOTES
1) https://plus.lesoir.be/248632/article/2019-09-20/mobilisation-pour-sauver-la-petite-pia-un-medicament-19-million-cest-du-hold et https://fr.socialisme.be/53688/vaincre-la-cupidite-de-big-pharma-par-la-nationalisation-du-secteur de l’édition précédente.
2) https://www.rtbf.be/info/societe/detail_penurie-de-medicaments-j-ai-l-impression-d-etre-en-temps-de-guerre-dit-un-pharmacien?id=10330859
3) https://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-mutualite-chretienne-liste-les-dix-medicaments-qui-coutent-le-plus-cher-a-la-securite-sociale?id=10349741
4) https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/02/21/antidouleurs-l-amerique-devastee-un-scandale-sanitaire-hors-du-commun_5426103_3246.html
5) https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/273813/B142%283%29-fr.pdf?sequence=1&isAllowed=y
6) https://www.afmps.be/fr/items-HOME/indisponibilites_de_medicaments
7) https://plus.lesoir.be/236531/article/2019-07-15/la-penurie-de-medicaments-atteint-des-sommets
8) https://www.lecho.be/entreprises/pharma-biotechnologie/le-modele-kiwi-au-secours-du-budget-des-soins-de-sante/10120160.html
9) https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/10/15/l-inquietant-succes-de-l-oxycontin-puissant-antalgique-opiace_5369758_1650684.html
10) https://www.ptb.be/nouveau_scandale_pharmaceutique_le_ptb_exige_une_audition_de_la_ministre_de_block_et_qu_on_r_clame_les_millions_vol_s
11) https://www.bastamag.net/webdocs/pharmapapers/le-megabusiness-des-labos/1000-milliards-d-euros-de-profits-en-vingt-ans-comment-les-labos-sont-devenus-des-monstres-financiers/
12) chiffres : courrier hebdomadaire du crisp numéro 2366-2367
13) https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_grippe-h1n1-l-etat-belge-lie-a-gsk-le-contrat-revele?id=4989613 -
[INTERVIEW] Soutenons la lutte des aides ménagères !
Le 28 novembre, un millier d’aides ménagères du secteur des titres-services se sont mobilisés à Bruxelles. Ce fut la toute première action nationale du secteur. Les négociations salariales avaient été rompues lorsqu’il s’est avéré que les patrons n’étaient pas prêts à accepter une augmentation salariale brute de 1,1%. Le résultat des négociations salariales nationales de l’Accord interprofessionnel (AIP) prévoit pourtant que c’est possible. Les patrons proposent une augmentation de 0,6 %, et ce uniquement sous la forme d’une prime unique nette, ce qui, pour la plupart des travailleurs, représente une prime de 65 euros.Socialisme.be a demandé une réaction à Levi Sollie, secrétaire à la Centrale Générale de la FGTB à Anvers-Waasland, qui suit ce secteur.
“Ces travailleuses et travailleurs ont déjà des salaires très bas, le salaire horaire minimum est de 11,04 euros de l’heure, elles et ils gagnent en moyenne 11,5 euros de l’heure. La plupart d’entre eux ne travaillent également qu’à temps partiel, pour beaucoup, il n’est pas possible de travailler plus d’heures, puisqu’il ne s’agit pas d’heures consécutives sur le même lieu de travail et que les déplacements peuvent prendre beaucoup de temps. Certains parmi elles et eux sont également âgés de plus de 50 ans. Si un emploi à temps plein leur serait offert, ce ne serait pas possible. Des études ont démontré que la profession entraîne toutes sortes de problèmes de santé, y compris des maux de dos et d’articulations chroniques. La proposition de l’organisation patronale du secteur est donc scandaleuse et montre que quelques employeurs ne se soucient en fait pas du tout de leur personnel.
“Nous n’avons reçu aucune réponse formelle suite à l’action du 28 novembre. Un certain nombre d’entreprises ont affirmé qu’elles accepteraient une augmentation de 1,1 %, mais la fédération patronale Federgon s’en tient à sa proposition initiale. Afin d’exercer une pression supplémentaire, de nouvelles actions cette semaine. Ce vendredi 13 décembre, nous espérons bien pouvoir faire progresser les négociations.”
Un certain nombre de réactions de patrons du secteur ont été publiées dans la presse, qui défendent qu’il ne serait tout simplement pas possible d’offrir plus.
“L’action du 28 novembre visait Randstad-Tempo Team, l’un des acteurs majeurs du secteur, qui a depuis lors indiqué sa volonté d’accorder l’augmentation salariale de 1,1%. Les actions de cette semaine cibleront deux autres grands groupes qui disposent de ressources plus que suffisantes, mais qui continuent à faire blocage : Group Daenens et Trixxo. Leur situation montre qu’il n’y a certainement pas de “manque de moyens”.
“Le Groupe Daenens a réalisé un bénéfice de plus de 3 millions d’euros en 2018 et il dispose d’environ 15 millions d’euros de réserves. Le groupe a déjà réalisé plus de 60 acquisitions, ce qui a porté le nombre d’employés à plus de 12.000. Dienstenaanhuis, Smile 4 you, Makkie, Greenhouse sont quelques-unes des entreprises qui appartiennent au groupe et Daenens est également copropriétaire de Plus Home Services, TS Wallonie,…
“Trixxo est également un mastodonte du secteur avec plus de 6.500 travailleurs. Au cours des dernières années, il semble qu’il y ait eu suffisamment de ressources pour acquérir Clixx et un certain nombre de concurrents plus petits. En octobre, Luc Jeurissen, le CEO, a envoyé une lettre à toute une série de petites entreprises en mettant en avant une offre d’achat. Parallèlement, il défend toutefois qu’il n’y a pas d’argent pour une augmentation de salaire.
“Si de telles grandes entreprises rentables et en pleine croissance prétendent que les ressources ne sont pas disponibles, cela illustre qu’elles ne se concentrent que sur leurs profits, même si cela signifie que leurs employés doivent vivre dans la pauvreté. Beaucoup d’entre elles et eux ne reçoivent qu’un salaire net de 1.000 euros pour leur travail à temps partiel – qui peut vivre de cela ?”
Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?
“Vendredi, lors des négociations, nous verrons si des progrès peuvent être réalisés. Ces actions ont permis d’assurer une couverture médiatique et, pour la première fois, de faire la lumière sur les conditions de travail difficiles et le faible niveau de reconnaissance, qui ne se reflète pas seulement dans les salaires. Les politiciens ont également été mis sous pression par l’action et quelques-uns ont été obligés de déclarer que l’offre patronale ridicule de 0.6% était insuffisante. Les patrons doivent faire d’autres propositions, sinon nous resterons mobilisés.”
La Campagne Rosa solidaire des travailleuses et travailleurs des titres-services !
Le secteur des titres-services peut constituer un exemple pour de nombreux autres où se retrouvent essentiellement des femmes et où sévissent les bas salaires, les mauvaises conditions de travail et le manque de reconnaissance. Ces travailleuses sont plus difficiles à organiser par les syndicats, beaucoup d’entre elles ne voient jamais leurs collègues, les horaires de travail sont très flexibles et ils rendent difficile de discuter de la manière de changer les choses. Ces actions constituent un très bon premier pas, y compris concernant l’augmentation du taux de syndicalisation du secteur.
Le faible niveau de reconnaissance pour ce travail se traduit par des salaires avec lesquels on ne peut pas vivre, mais pas seulement. Le matériel utilisé ne bénéficie d’une grande attention. De nombreuses travailleuses développent des problèmes respiratoires en raison des produits utilisés tandis que les maux de dos sont généralisés et illustrent le manque de réflexion sur la maniabilité du matériel. Cela démontre que la charge est trop lourde et que l’on accorde trop peu d’attention à la formation et aux conditions de travail. Ce faible niveau de reconnaissance se reflète également dans le fait qu’un grand nombre de femmes font l’objet de commentaires sexistes de la part de leurs clients, comme l’a démontré une étude de la CSC.
La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) était présente aux actions des aides-ménagères par solidarité. Il est scandaleux que même une augmentation de salaire de 1,1% soit refusée par les patrons. Nous soutenons les revendications syndicales qui réclament au minimum à court terme que le personnel puisse disposer d’une même augmentation salariale que le reste des travailleurs. Ce serait un pas important en avant si la lutte syndicale pouvait y parvenir.
À plus long terme, il faudra bien sûr faire davantage pour créer des emplois à part entière dans le secteur : avec une attention à l’amélioration du matériel et des mesures visant à prévenir les problèmes de santé, mais aussi certainement avec de nouvelles augmentations de salaire. Même avec un emploi à temps plein dans ce secteur, ce qui n’est pas facile à obtenir, il est aujourd’hui impossible d’obtenir un revenu qui permette de vivre dignement.
C’est précisément pour ces secteurs que la revendication de la FGTB d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure est si importante. Seule une lutte conséquente dans laquelle les employés aux salaires les plus bas reçoivent le soutien des travailleurs les mieux payés peut remporter une victoire générale. Une victoire dans une entreprise serait déjà un pas important, car elle pourrait constituer un exemple et un précédent pour ensuite mener concrètement la bataille dans tous les lieux de travail.
Dans la perspective de la prochaine Journée internationale de lutte pour les droits des femmes – le 8 mars 2020 – nous nous concentrerons sur cette revendication, ainsi que sur d’autres revendications indispensables, telles que l’individualisation des allocations sociales et le renforcement de la lutte contre le harcèlement au travail. Ce n’est que si nous continuons à descendre dans la rue et à faire entendre notre voix que ce dont nous avons besoin bénéficiera d’une attention !
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Mobilisation dans le secteur du gardiennage !

Ce mardi 22 octobre ils étaient 350 en front commun syndical à se mobiliser pour des meilleures conditions de travail devant le QG de l’OTAN à Bruxelles. Cela peut paraître peu, mais sachons que c’est énorme lorsque l’on sait que le moyen de pression par excellence utilisé par la direction sur les travailleurs – leur mise au ban disciplinaire via planning blanc et chômage économique (66% du salaire, 11 euros brut par jour et rappelable si contacté 12 heures avant le début de la prestation) – n’a été proscrit qu’en 2012 grâce à la convention collective de travail du 15 mars relative à la durée et à l’humanisation du travail. Malheureusement, cette tactique de pression est encore utilisée. Et pourtant, en 10 ans jamais pareille mobilisation n’avait été vue.
Par un travailleur du secteur
Outre la mobilisation de ce mardi 22 octobre, la grève a été suivie dans le secteur aéroportuaire à Zaventem et à Charleroi, où les agents ont manifesté leur mécontentement via un excès de zèle, causant des files et des retards pour le contrôle des bagages. En conséquence du refus patronal de réduire les marges bénéficiaires au profit du salariat, des dizaines de voyageurs ont raté leur vol.
En parlant des marges bénéficiaires du secteur, nous pouvons assurer qu’elles se portent très bien. Prenons le cas de Securitas, le leader européen. Son taux de profit, pour la maison mère en Suède, avoisine les 3,4% depuis 4 ans, engrangeant de 25 à 30 millions d’euros de bénéfices nets chaque année. Et les prévisions sont à la hausse pour les 3 années qui s’annoncent. En Belgique, le bénéfice net après impôts était de 10 millions en 2016, de 7 millions en 2017, de 16 millions en 2018. Bref, pas de quoi inquiéter les actionnaires qui sommeillent tranquillement sur leur portefeuille d’actions.
Rien d’étonnant que de tels bénéfices nets se dégagent vu qu’ils s’octroient sur le dos d’une armée de 18.000 travailleurs, toutes entreprises de gardiennage confondues, rien qu’en Belgique (contre 330.000 à travers le monde).
En Belgique, plusieurs moyens sont mis à disposition de l’employeur pour maintenir ses avantages : engagement via le plan formation insertion, équivalant à un salaire défiscalisé (11,11% de précompte et aucune ONSS) et donc désocialisé ou encore salaire d’embauche à 95% du brut de base durant les trois premiers mois d’embauche. Retenons qu’un salaire brut à 100% pour la catégorie de base s’élève à 14,45 euro sans aucune évolution salariale liée à l’ancienneté. A cela s’ajoutent les contrats étudiants ainsi que les engagements en CDD mettant un peu plus de pression sur le travailleur pour les rendre plus flexible.
Et c’est bien cette flexibilité qui est au cœur du sujet de la mobilisation du 22 octobre. Le secteur du gardiennage tourne en général 24/24 et 7/7. Les primes sont rikiki comparées aux implications sociales qu’engendrent de tels plannings (+/- 17% en weekend et 22,5% en nuit contre 100 à 150% dans d’autres secteurs d’activité!).
Les revendications sont simples: une revalorisation des primes mais aussi le respect du protocole d’accord 2017-2018 sur le biorythme (respect de la chronologie jour nuit dans les plannings mensuels).
A côté de cela, le cahier de charge 2019-2020 du front commun couvre bien d’autres demandes, comme l’harmonisation du statut ouvrier avec celui de l’employé sur les remboursements maladie et les congés d’ancienneté. Selon l’employeur, un ouvrier aurait moins besoin d’argent quand il est malade qu’un employé: un ouvrier en maladie voit son salaire décroître dès la 3ème semaine au lieu de la 4ème pour les employés. De plus, il aurait manifestement besoin de moins de congé: un employé reçoit 1 jour de congé après 5 années d’ancienneté contre 10 pour un ouvrier. Si nous devions faire une liste des inégalités, elle serait bien longue. Réintroduisons donc de l’égalité au profit des travailleurs, nivelons vers le haut !
En réponse aux premières mobilisations (en avril, le secteur aéroportuaire avait fait un arrêt de travail de 40 minutes à Charleroi), le patronat a proposé un one shot d’écochèque de 150 euros (contre 100 euros lors du dernier accord) au prorata du temps de prestation de l’année écoulée, 1,1% d’évolution de salaire ainsi que des aménagements pour les fins de carrière. Donc rien n’est réellement proposé pour répondre aux exigences des travailleurs et donc au fond du problème.
Dès le lendemain de la grève du 22, des réunions étaient en cours à la FGTB pour évaluer les actions possibles. Et pourtant, le vendredi 25 octobre un accord semble être tombé et serait même prêt à être adopté par la commission paritaire qui se réunira le 7 novembre. Au final, ce sera 200 euros sous forme d’écochèque, augmentation effective de 1,1% et les primes du samedi dimanche revalorisées de 3%. En somme, du sel sur les cacahuètes.
Retenons camarades qu’une mobilisation de 350 militants permet d’obtenir ces quelques avantages. Que se passerait-il si tous les travailleurs du secteur descendaient dans la rue pour réclamer une socialisation des profits de l’entreprise grâce à une politique redistributive massive ! Chaque travailleur serait enfin valorisé en fonction de son travail. L’effort est supporté par la collectivité et non pas par quelques managers ou actionnaires isolés.
Rejetons cet accord, remobilisons nous et profitons-en pour réclamer des élections sociales (chez G4S et Securitas, les délégués sont nommés) dans toutes les entreprises de gardiennage. Nous ferons tout pour que les travailleurs soient conscients de leur force et aient toutes les cartes en main pour massivement faire pression sur les actionnaires. Et cela même si, en coulisse, des listes de grévistes circulent.