Category: Privé divers

  • Battons-nous pour plus de salaire, pas pour des miettes !

    Après les applaudissements, la gifle

    Nos salaires ne pourraient augmenter que de 0,4 % maximum au cours des deux prochaines années ? C’est ce que proposent les patrons. Ils justifient cela en disant que nous traversons la plus grande crise économique depuis la guerre et qu’il serait irresponsable de faire grève pour de meilleurs salaires. Les médias traditionnels marchent à leur suite mais il faut dire qu’ils trouvent toujours qu’une grève est irresponsable.

    Par Thomas

    Tous sur le même bateau ? Mon oeil !

    Les patrons essaient encore de nous faire croire que nous sommes tous sur le même bateau et que nous avons des intérêts similaires. Rien n’est plus faux. Les entreprises du BEL20, les sociétés belges cotées en bourse, ont déjà versé plus de 5 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires. Ces entreprises font encore de gros bénéfices. Ce n’est pas le résultat du travail des actionnaires, mais celui du personnel qui travaille chaque jour, parfois au risque d’être contaminé. Sans nous, il n’y aurait tout simplement pas de bénéfices !
    Le propriétaire de Lidl, par exemple, se paie 1 milliard d’euros chaque année. Cela représente 83 millions d’euros par mois. Pour le personnel belge de Lidl, 0,4 % d’augmentation équivalent à environ 8 euros bruts par mois. C’est pourtant lui qui a gardé les magasins ouverts pendant la crise sanitaire, pas le patron.

    Nous travaillons de plus en plus dur. Depuis 1996, nos salaires ont accusé un retard de 12 % vis-à-vis de la croissance de la productivité. De là découle une augmentation de l’épuisement au travail, le coût des burnouts et des maladies étant répercuté sur la collectivité. Pour plus de profits, chaque situation est une opportunité. Pour augmenter les salaires, ce n’est jamais le bon moment.

    Il nous faut un plan d’action

    Comment faire en sorte d’être récompensés pour notre travail ? Que les profits que nous produisons finissent aussi dans nos poches ? Cette question, nous l’avons souvent posée, avec parfois plus de détermination qu’à d’autres. La lutte a permis d’aller plus loin : en 2019, la norme salariale a été portée de 0,8 % à 1,1 % après une grève. Seulement menacer d’entrer en action ou mener des actions symboliques n’impressionne guère la FEB et les autres organisations patronales.

    Les furieuses réactions patronales à l’annonce de la journée de grève nationale du 29 mars illustrent que nos grèves leur font mal. Nos salaires sont présentés comme un « coût », mais les jours de grève, nous entendons toujours dire combien l’action syndicale leur « coûte ». Implicitement, ils reconnaissent ainsi que c’est nous qui produisons les richesses. Depuis la crise sanitaire, c’est d’ailleurs plus évident pour un plus grand nombre de gens.

    Les journées d’action de février ont démontré l’étendue du mécontentement à l’égard de la norme salariale. La grève du 29 mars a été préparée avec une excellente « Gazette des salaires ». Informer les collègues est essentiel, il est d’ailleurs préférable de le faire collectivement lors des réunions du personnel et d’assemblées interprofessionnelles. C’est l’occasion idéale d’y discuter et d’y voter les revendications et les prochaines étapes de la lutte. Car une journée de grève ne suffira peut-être pas à obliger les patrons à faire des concessions. Avec un mouvement déterminé qui dispose d’une stratégie claire, nous pouvons vaincre.

    Lutter pour une alternative

    La colère est grande. A la hauteur de l’arrogance patronale. Sans combat et sans alternative, le mécontentement se transformera en cynisme, ce sur quoi la droite et l’extrême droite peuvent se régaler. Un plan d’action visant à augmenter tous les salaires et à mettre fin aux salaires de misère inférieurs à 14 euros brut de l’heure est nécessaire. Si nous nous battons, nous pouvons gagner. Si nous ne faisons rien, nous avons déjà perdu.

    Dans le système capitaliste, les patrons essayeront toujours de reprendre d’une main ce qu’ils ont dû concéder de l’autre. De Tijd prévient déjà : « augmenter les salaires aujourd’hui, c’est contribuer à organiser les licenciements de demain. » Nous connaissons déjà la meilleure manière de riposter : la nationalisation sous contrôle des travailleuses et des travailleurs des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs.

    Dans le bras de fer entre travail et capital qui s’engage sur fond de crise économique, sanitaire et écologique, nous devons nous armer d’un programme global de transformation socialiste de la société. Ce sont les travailleuses et les travailleurs qui font tourner le monde et sont la source des richesses produites. La seule manière de sortir de l’impasse capitaliste est qu’ils se saisissent des leviers principaux de l’économie et organisent démocratiquement le fonctionnement de ces secteurs clé de la production selon une planification démocratique respectueuse de l’environnement.

  • GSK : les travailleurs se mobilisent face aux menaces de délocalisation et de suppression d’emploi

    Ce mardi 2 mars 2021, le personnel de GSK s’est mit en grève à Wavre et à Rixensart. A l’origine de cela, une série d’offensives de la part de la direction : gestion des CDD, utilisation illégale de caméra, préparation de la délocalisation d’une partie de la production et enfin l’Accord interprofessionnel (AIP). La FGTB a appelé à des assemblées sur les deux principaux sites et le débrayage a suivi la première assemblée.

    Cette grève fait suite à une semaine de grève dans un des bâtiments concernant leurs collègues qui multiplient les CDD sans perspectives d’obtenir une CDI. Les CDD se suivent, obligeant les collègues en CDI à former en permanence des nouveaux. 17 % des ouvriers de GSK sont embauchés sous ce type de contrat précaire. Depuis l’annonce de restructuration il y a un an, la direction avait annoncé qu’elle bloquerait les offres de CDI, en particulier pour le personnel logistique, indépendamment des besoins dans les équipes. La solidarité s’est rapidement étendue dans les autres bâtiments et a permis de préparer le personnel à se mobiliser.

    Un autre point qui fâche, c’est l’utilisation abusive de caméra. Plus de 1000 sont déjà utilisées. Il y a quelques semaines, des chefs ont utilisés des lunettes-caméra au mépris des lois et du règlement de travail, sans dire si les images sont enregistrées ni préciser qui les regarde.

    Fin février, GSK a aussi annoncé qu’elle envisageait de délocaliser la production du vaccin contre l’hépatite B vers Singapour. Une étude est aussi en court pour délocaliser l’animalerie en Italie, mettant de fait à l’arrêt les études précliniques sur les sites belges. Sur les 3 dernières années, 6 vaccins ont déjà été délocalisés. GSK réplique en évoquant 600 millions d’investissements sur les sites belges mais cela permet juste d’entretenir les bâtiments. GSK entend même développer la robotisation, le matériel à usage unique (du matériel jeté après usage, ne nécessitant plus de nettoyage, de stérilisation, de maintenance…) et envisage d’étendre l’externalisation.

    Le risque d’un deuxième plan Renault dans les années à venir plane au dessus du personnel. Cette première action a permis d’illustrer le potentiel. Mais face à une hiérarchie obstinée, cela ne sera pas suffisant. Une bonne stratégie doit permettre d’unifier des couches plus larges de travailleurs. Chaque assemblée devrait évaluer l’évolution des négociations avec la direction et organiser un plan de bataille crescendo : grève de 24h une semaine, 48h la suivante, 72h après,… La solidarité pourrait aussi s’étendre à d’autres entreprises en restructuration comme Sodexo (qui est implanté sur les sites GSK belges) qui a connu une restructuration récemment ou Pfizer-Zaventem qui a licencié il y a quelques jours 15 % de son personnel.

    Le PSL appelle à la nationalisation de GSK sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité, sans rachat ni indemnités. Cela est nécessaire non seulement pour sauver l’emploi, mais aussi pour orienter la production selon les besoins de la population et non en fonction de la soif de profits.

  • Commerce du vêtement : Restructurations multiples en plein Covid-19

    Photo de la page Facebook de la CNE.

    Dans le numéro de septembre de Lutte socialiste, nous avions attiré l’attention sur la façon dont les chaînes de magasins de vêtements, dans un contexte de crise sanitaire, mettent le personnel sous pression pour accroître les profits. Il ne s’agit pas seulement de surexploiter les travailleuses et travailleurs qui produisent les vêtements, les chaussures et les accessoires de sport dans des pays lointains à bas salaires.

    Par Guy Van Sinoy, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    En Belgique aussi, et ailleurs en Europe, il s’agit de surexploiter les travailleurs des grands magasins qui vendent ces marchandises. Bien souvent, il s’agit de femmes travaillant à temps partiel, avec un contrat flexible et un salaire dérisoire. En 2020, au cours des deux périodes de confinement des commerces non essentiels, le personnel s’est retrouvé avec une indemnité de chômage qui, pour un emploi à temps partiel très mal payé, se réduit à peau de chagrin.

    D’autre part, plusieurs marques connues ont carrément mis la clé sous la porte : Brantano, Camaïeu, il y a quelques mois. Aujourd’hui, H&M a annoncé 8 fermetures de magasins (Liège, Bruxelles, Gent, Anvers, etc), d’autres sabrent dans les effectifs pour réduire les coûts salariaux. Ainsi, chez Sport Direct, une multinationale britannique qui dispose de 37 magasins en Belgique et qui compte environ 450 salarié.es dont une majorité de jeunes, la direction entend réduire le nombre d’heures en magasin. Pour cette société, la période des soldes ne porte pas seulement sur le prix de vente des marchandises, elle porte aussi sur les horaires du personnel. Concrètement : une diminution de manière unilatérale du nombre d’heures de travail mentionnées dans le contrat de travail. En Wallonie et à Bruxelles les travailleurs sont partis en grève en front commun syndical pour s’opposer à cette mesure arbitraire et illégale. La CNE et le SETCa réclament une réduction du temps de travail sans perte de salaire (32 heures en 4 jours/semaine) mais les négociations sont toujours en cours.

    En Grande-Bretagne, où le mouvement syndical a été cruellement affaibli depuis les années Thatcher, près de 80 % des 24.000 travailleurs de Sport Direct ont un contrat de travail de « zéro heure » : chaque semaine, ils rejoignent leur lieu de travail sans connaître le nombre d’heures à prester. La direction décide seule. Sans compter les milliers de travailleurs qui sont intérimaires.

    Heureusement notre force syndicale et la législation sociale en Belgique ne permettent pas une telle politique asociale qui nous ramènerait au 19e siècle. Mais la vigilance et la solidarité internationale sont indispensables pour résister à une telle régression sociale. On peut donc dire que chez Sport Direct, la lutte sociale est aussi un Sport de Combat

  • Organisons la lutte pour de réelles augmentations de salaire !

    Sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle !

    Nos salaires ne pourraient augmenter que de 0,4 % ces deux prochaines années ? C’est un véritable scandale ! Non seulement pour les travailleuses et travailleurs qui ont fait fonctionner la société pendant la pandémie, mais aussi pour celles et ceux qui n’ont reçu qu’une partie seulement de leur salaire durant celle-ci. Et tout ça après des décennies de politiques d’austérité néolibérales qui ont déjà laissé de nombreuses personnes sur le carreau, avec ou sans emploi. La chose est encore plus visible aujourd’hui avec la pandémie et la crise économique : les files d’attente aux banques alimentaires ou pour les logements sociaux n’ont jamais été aussi longues. Alors qu’il sera encore plus dur de mettre de l’argent de côté à l’avenir, les dix personnes les plus riches au monde se sont enrichies de 500 milliards de dollars !

    UNE VICTOIRE OBTENUE POUR LES 14€ DE L’HEURE !

    Il est inacceptable qu’il puisse encore y avoir en Belgique des gens qui ne gagnent pas un salaire minimum de 14 euros de l’heure ou 2.300 euros bruts par mois. C’est un minimum pour vivre dans la dignité et chaque travailleur le mérite ! À l’université de Gand, cette victoire vient d’être arrachée après une campagne de longue haleine menée par le personnel et les étudiants.

    Les richesses ne manquent pas en Belgique pour assurer ce minimum, y compris dans les entreprises qui paient leur personnel moins de 14 euros de l’heure. Il suffit de penser à la grande distribution ou au secteur de l’entretien, où les multinationales encaissent chaque année des milliards de profits et cajolent leurs actionnaires. Mais ce sont les travailleuses et les travailleurs qui produisent la valeur ajoutée. C’est pourquoi cet Accord interprofessionnel (AIP) doit permettre de porter le salaire minimum à 14 euros de l’heure et de le lier à l’index.

    Les travailleurs font tourner le monde & l’austérité a échoué

    Aujourd’hui, de plus en plus de travailleuses et de travailleurs sont menacés par le chômage. Qui restera debout dans l’horeca ? S’il fallait écouter Rasière, le patron de Belfius, les petits cafés et les restaurants pourraient bien disparaître ! Les restructurations ou les fermetures menacent du reste les autres secteurs également, même les plus rentables.

    Les travailleuses et travailleurs de ces entreprises ne sont pas responsables de la crise ! Ils et elles n’ont pas à en payer le prix ! Répartissons le travail disponible entre celles et ceux qui peuvent travailler, sans perte de salaire, pour en finir avec l’épuisement professionnel et le stress insoutenable et offrir un emploi à celles et ceux qui n’en ont pas.

    Oui, c’est possible de se battre pour cela aujourd’hui ! La pensée unique néolibérale de ces dernières décennies tombe en morceaux. Tout le monde sait bien que la politique d’austérité qui a suivi la dernière crise économique n’a fait que retarder et compliquer la reprise.
    Contrairement à la dernière fois, les ressources des plans de relance doivent bénéficier aux travailleuses et aux travailleurs, pas aux banques ou aux multinationales ! Cela n’arrivera pas du jour au lendemain évidemment. De très nombreux hommes et femmes politiques entretiennent de solides connexions avec les entreprises et espèrent y trouver plus tard un beau poste en guise de remerciement pour services rendus. Construisons un rapport de force ! Si nous nous battons, nous pouvons gagner ! C’est ce qu’ont démontrés les camarades des soins de santé. Le collectif d’action militant La Santé en Lutte a su construire une pression grandissante en organisant ses actions. Grâce à cela et au large soutien en faveur du personnel soignant, des concessions de plus de 2 milliards d’euros ont pu être arrachées. La prochaine action de La Santé en Lutte aura lieu le 15 mai.

    Organisons notre colère

    La première journée d’action autour de l’AIP a illustré l’indignation qui vit dans les entreprises. De nombreuses et nombreux collègues sont venus apporter leur soutien aux syndicalistes à la porte de l’entreprise. La journée d’action du front commun syndical de ce 25 février réunira plus de monde. Mais il faudra aller plus loin : il faut discuter d’un plan d’action avec des revendications claires et, de préférence, le faire voter lors de réunions interprofessionnelles et d’assemblées du personnel.

    Il est possible de s’organiser, même avec les mesures sanitaires. Les réunions du personnel organisées en ligne pendant cette pandémie ont parfois eu plus de participants qu’auparavant. Les syndicats peuvent organiser des concentrations militantes en ligne avec une discussion sur le programme dont nous avons besoin dans cette crise, suivies de réunions du personnel dans le plus grand nombre d’entreprises possible pour expliquer et concrétiser notre plate-forme de revendications. Impossible ? En Grande-Bretagne, le syndicat de l’éducation a organisé une réunion Zoom à laquelle ont assisté plus de 400.000 personnes, après quoi le Premier ministre Boris Johnson a été contraint de fermer les écoles dans l’intérêt de la sécurité du personnel et des jeunes.

    Entrer en action reste possible. Puisque nous pouvons travailler, il est également normal de pouvoir arrêter de le faire. La plus grande force du mouvement ouvrier, c’est son nombre. Pourquoi ne pas créer une nouvelle journée d’action dans le but de tenir des arrêts de travail dans quelques milliers d’entreprises avec des actions qui respectent les mesures sanitaires – masques et distanciation sociale – dans une cour ou à l’entrée des entreprises, combinées par exemple à une prise de parole enregistrée et partagées sur les réseaux sociaux avec des photos ? Un plan d’action comme celui de 2014 montrerait à quel point nous sommes sérieux. Cela augmenterait les tensions au sein du gouvernement et pourrait briser la norme salariale et la loi sur les salaires.

    Une campagne sérieuse avec l’organisation d’actions et une implication massive des collègues peut nous donner le rapport de force dont nous avons besoin pour être écoutés. Et si les patrons font toujours la sourde oreille, nous aurons alors construit l’élan vers de nouvelles mobilisations. Sous le capitalisme, chaque concession n’est toutefois que temporaire. Les patrons essaieront toujours de reprendre ce que nous avons arraché par la lutte. Si la pandémie, à côté de la crise climatique et de la crise économique, a bien démontré quelque chose, c’est que ce système ne fonctionne pas dans notre intérêt. Le PSL/LSP défend une transformation socialiste de la société : un système où les travailleuses et les travailleurs feraient non seulement tout fonctionner, mais où ils et elles décideraient aussi de la manière de le faire. Grâce à une planification démocratique de l’économie, nous pourrions satisfaire nos besoins sociaux.

  • AIP. Sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle !

    En tournant le dos à la Première ministre Sophie Wilmès, le personnel soignant a remis la résistance sociale à l’ordre du jour. Suivons cet exemple dans la lutte pour une augmentation des salaires ! Photo : Collectif Krasnyi

    Organisons la lutte pour une augmentation des salaires conséquente !

    0,4 %. Voilà l’augmentation maximale des salaires pour les deux prochaines années selon le Conseil central de l’économie. Pour les patrons, c’est même de trop. Pas question de toucher aux dividendes de leurs actionnaires. Briser la norme salariale signifie de balayer la loi sur les salaires. De véritables augmentations de salaire et un salaire minimum d’au moins 14 euros de l’heure : voilà ce qu’il nous faut.

    Un meilleur pouvoir d’achat

    La loi de 1996 sur les salaires impose une norme salariale obligatoire et détermine la manière dont le Conseil central de l’économie calcule son estimation de la norme salariale. Ce calcul et le caractère obligatoire de la norme salariale posent de nombreux problèmes. La loi a été encore empirée par le gouvernement Michel alors qu’elle a dès ses origines été écrite en faveur des patrons. Tout est facile pour eux : ils fixent les règles eux-mêmes, y compris les manières de tricher, et considèrent la moindre critique comme sortant de la légalité ! Cette loi est un obstacle pour que les travailleuses et les travailleurs disposent d’un revenu décent ? Alors elle doit disparaître.

    Tous les organismes et autorités financières, jusqu’aux libéraux les plus intransigeants, reconnaissent que le modèle austéritaire doit être abandonné, au moins temporairement. Mais les patrons veulent se garder les moyens supplémentaires pour eux-mêmes et leurs actionnaires. Qu’est-ce qui stimulerait le mieux l’économie : des bénéfices supplémentaires planqués dans les paradis fiscaux ou un meilleur pouvoir d’achat qui entraînerait directement une augmentation des dépenses dans l’Horeca dès la réouverture ? Les patrons instrumentalisent la situation des secteurs en difficulté mais le patron de Belfius a récemment affirmé que la fermeture de cafés et de restaurants ne posent pas de problèmes ! Les banques ont été sauvées par des fonds publics en 2008, mais elles sont les premières à tordre le cou aux petits indépendants qui peinent à garder la tête hors de l’eau. Non n’avons aucune leçon de solidarité à recevoir du patronat. Par contre, des augmentations de salaires conséquentes soutiendraient le pouvoir d’achat et donc les dépenses dans les secteurs en difficulté.

    Les dix hommes les plus riches du monde ont vu leur richesse combinée augmenter de 500 milliards de dollars pendant la pandémie. En revanche, de nombreux travailleurs et travailleuses exerçant des professions essentielles telles que les soins, le nettoyage, la distribution ou le transport gagnent moins de 14 euros de l’heure. Ils et elles se sont tués à la tâche pour des salaires de misère pendant la pandémie. Le manque de moyens pour les soins, l’enseignement et les autres services publics entraîne des conséquences graves. Pendant ce temps, de plus en plus de gens ne suivent plus et tombent malades. La réaction des patrons est de s’en prendre aux malades plutôt qu’aux conditions qui les rendent malades. Maintenant qu’un espace s’ouvre pour des investissements publics, il faut aller prendre l’argent là où il se trouve : auprès des super riches et des gros actionnaires. Ces fonds doivent être consacrés à ce dont nous avons besoin : de sérieuses augmentations de salaire, l’augmentation du salaire minimum à au moins 14 € de l’heure ou 2.300 € par mois, des conditions de travail viables et un programme d’investissement public massif dans les services publics tels que les soins, la garde d’enfants, l’enseignement, les transports publics, les logements sociaux,…

    Organisons la lutte !

    Le directeur général de la FEB, Timmermans, a déclaré que si les syndicats ne sont pas d’accord avec la norme de 0,4%, ils devraient sonder le gouvernement pour qu’il modifie la loi sur les salaires. Suivons cette recommandation ! Non pas avec du lobbying et des demandes prudentes, mais en organisant le mouvement ouvrier pour briser la norme salariale et la loi sur les salaires de 1996. Nous ne serons écoutés que si nous construisons un rapport de forces.

    Il est possible de nous organiser. Nous n’allons quand même pas être les derniers à faire entendre la résistance sociale en ces temps de mesures sanitaires ?

    La journée d’action du 12 février est une bonne première action de sensibilisation sur laquelle peut s’appuyer le front syndical commun. La CSC a déjà annoncé la date du 25 février. Les assemblées du personnel organisées en ligne pendant cette pandémie ont souvent eu plus de participants qu’auparavant. Les syndicats peuvent organiser des concentrations militantes en ligne avec des discussions sur le programme dont nous avons besoin dans cette crise, suivies d’assemblées du personnel dans le plus grand nombre d’entreprises possible pour expliquer et concrétiser notre plate-forme de revendications. Impossible ? En Grande-Bretagne, le syndicat de l’éducation a organisé une réunion Zoom à laquelle ont assisté plus de 400.000 personnes, après quoi le Premier ministre Boris Johnson a été contraint de maintenir les écoles closes pour assurer la sécurité du personnel et des jeunes.

    Il est possible de faire entendre sa voix, même avec les mesures sanitaires actuelles. Si nous sommes autorisés à nous réunir pour travailler, alors nous devons également l’être pour interrompre le travail et nous organiser. La plus grande force du mouvement ouvrier, c’est son nombre. Pourquoi ne pas mobiliser vers une nouvelle journée d’action avec des arrêts de travail dans quelques milliers d’entreprises et des actions dans le respect des règles sanitaires, avec masques et distanciation sociale, dans une cour ou devant l’entrée de l’entreprise, combinées par exemple à une vidéo et le partage de photos des actions via les réseaux sociaux ?

    Si nous nous battons, nous pouvons gagner

    Les travailleuses et travailleurs de la santé ont montré que la lutte paie. Depuis des décennies, ils et elles sont descendus dans les rues pour réclamer plus de personnel, un meilleur salaire et des soins de qualité. Ces mobilisations n’ont souvent pas eu l’effet souhaité, mais ont contribué à la construction d’un rapport de force. Mais, depuis le début de la pandémie, le collectif d’action militant La Santé en Lutte a organisé plusieurs actions, dont celle, bien connue, où le personnel soignant a tourné le dos à la première ministre Sophie Wilmès. Ces actions et le large soutien au personnel soignant ont imposé des concessions pour un montant de 2 milliards d’euros.

    La semaine dernière, l’Université de Gand a annoncé un accord de principe pour une augmentation du salaire minimum à 14 euros de l’heure pour son personnel, à la suite d’une longue campagne menée par le personnel et les étudiants, notamment des actions à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars. La lutte paie !

    Une campagne et des actions sérieuses cherchant l’implication maximale des collègues peuvent nous permettre de construire le rapport de force qui nous permettra d’être écoutés. Et si les patrons font ensuite la sourde oreille, cela aura permis de servir d’élan pour de nouvelles mobilisations. Mais tant que nous restons au sein du capitalisme, chaque concession est temporaire. Les patrons essaieront toujours de reprendre ce que nous arrachons en luttant. La réaction face à la pandémie, à la crise climatique et à la crise économique démontre une chose : ce système ne fonctionne pas dans notre intérêt. Le PSL/LSP défend une transformation socialiste de la société : un système où les travailleuses et travailleurs non seulement feront tout fonctionner, mais où ils décideront également de la manière dont cela s’effectue grâce à une planification démocratique pour satisfaire nos besoins.

  • Fin de la grève après 51 jours chez Ashland (Doel)

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que le personnel de l’entreprise chimique Ashland à Doel a fait une grève courageuse et remarquable. Cela témoigne également de l’arrogance patronale. Après 51 jours, la mesure d’augmentation du temps de travail a été retirée de la table, au moins six licenciements ont été retirés et il a été décidé de négocier le reste.

    Pour rappel, le 7 décembre, la direction d’Ashland a annoncé que le site très rentable allait se séparer de 39 de ses 167 employés dans le cadre d’une restructuration internationale. En outre, le temps de travail devait passer de 33,6 heures par semaine à 35,6 heures, ce qui menaçait le système plus humain de production en cinq équipes. Le patron a immédiatement annoncé le licenciement des 39 membres du personnel. L’objectif de cette restructuration n’était pas de faire face à des pertes, mais d’engranger encore plus de profits. Le fait qu’Ashland à Doel fabrique un produit utilisé dans les gels pour les mains, entre autres, ne fait que rendre l’attitude patronale encore plus cynique en ces temps de crise sanitaire.

    Immédiatement après l’annonce, une grève qui durera finalement 51 jours a éclaté. La détermination du personnel, tant des jeunes travailleurs que des plus anciens, fut remarquable. Le fait qu’il y ait eu un piquet de grève animé, avec beaucoup de discussions et une bonne ambiance, a joué un rôle important dans le maintien de l’unité et de la solidarité au cours de la lutte. Cela aurait sans doute été renforcé par une campagne de solidarité plus large des salariés de l’ensemble du secteur, même si cela n’était certainement pas évident en raison des mesures sanitaires.

    En janvier, sept membres du personnel ont reçu leur C4, un geste condamné par le ministre de l’Economie et du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS). Au cours d’une nouvelle réunion, la première en fait, au cours de laquelle quelque chose a été proposé, il s’est avéré que la direction était prête à reconsidérer l’augmentation du temps de travail des travailleurs. Cela signifiait que 6 licenciements en moins, ce qui en laissait 33. Jeudi dernier, les négociations se sont poursuivies avec pour résultat un accord-cadre qui confirme que l’extension du temps de travail pour tous est hors de question. En outre, des négociations ont été annoncées sur le nombre de départs (y compris les sept personnes qui ont reçu leur C4), un plan social avec réorientation pour ceux qui partent, des critères pour le départ volontaire et d’autres questions. Ces négociations commenceront le 9 février.

    L’accord-cadre a été approuvé par une majorité des deux tiers des travailleurs en grève, ce qui a permis la reprise du travail. Dans leur communication aux membres du personnel, les représentants syndicaux ont noté “Nous tenons avant tout à remercier tous ceux qui ont manifesté leur solidarité au cours des 51 derniers jours pour leur combativité et leur détermination”. Ils ont ajouté : “La base atteinte par cette action pour entamer de nouvelles négociations donne aux représentants des travailleurs une position de départ nettement meilleure par rapport au plan proposé par l’employeur initialement mis sur table le 7 décembre 2020”. Ils ont raison de souligner l’unité du personnel en cette période difficile, une unité qui sera utile dans ce qui sera sans aucun doute des négociations difficiles.

    La direction d’Ashland montre que l’avidité capitaliste pour le profit s’oppose directement aux intérêts des travailleurs et de leurs familles. Il ne suffit pas de faire des profits, il faut qu’il y en ait toujours plus. Sous le capitalisme, cela est atteint en jetant des gens à la rue. Cependant, ce sont les travailleurs qui font tout tourner et créent la valeur ajoutée. La grève aura coûté beaucoup d’argent à la direction d’Ashland. Celle-ci sait à peine ce qui est produit et de quelle manière, elle prend ses décisions et envoie à la casse du personnel sur base de chiffres et de tableaux. Ce système n’a rien à offrir aux travailleurs et à leur famille !

  • [INTERVIEW] FedEx « On ne veut pas diminuer les licenciements, on veut zéro licenciement ! »

    Le mardi 20 janvier, nous apprenions dans la presse l’intention de l’entreprise de transport de fret FedEx de procéder à une vaste restructuration au niveau Européen, et de supprimer plus de 700 emplois en Belgique (671 à Liège-airport et 47 à Zaventem). Presque immédiatement après l’annonce, les travailleurs de FedEx-TNT à Liège se sont mis en grève. Nous en avons discuté avec un travailleur de l’entreprise. Propos recueillis par Clément (Liège).

    Le grand public a appris cette annonce de licenciements collectif par voie de presse. Comment l’ont appris les travailleurs ?

    Il n’y a pas eu de communication de la direction de l’entreprise directement vers les travailleurs. Moi je suis dans l’équipe de nuit, je l’ai appris sur Facebook, comme beaucoup d’autres collègues. Puis on a vu la conférence de presse qui a suivi le Conseil d’Entreprise extraordinaire de lundi. On a appris pour les 671 licenciements, mais aussi pour les 861 collègues restant, qui vont devoir accepter des contrats plus flexibles.

    Quel était l’état d’esprit des travailleurs après cette annonce ? Il y a eu une réaction très rapide avec 48h de grève, d’où est parti le mot d’ordre ?

    Ça a été un gros choc pour tout le monde évidemment. On est beaucoup à venir de TNT et on est nombreux à bosser pour la boîte depuis des années. On a beaucoup donné pour cette entreprise, on a toujours travaillé avec beaucoup de dévouement et de conscience professionnelle. Il y avait un vrai sentiment de dégoût de voir ainsi notre avenir menacé après les sacrifices réalisés alors que beaucoup ont des crédits, etc. Les types qui prennent ce genre de décisions, ils sont inhumains en fait. D’autant que dans le bilan comptable, c’est 3 millions de bénéfices net à l’année.

    Mais surtout, il y a beaucoup de colère. Le mot d’ordre des 48h de grève je sais pas exactement d’où il est parti, mais probablement des instances de la FGTB-Métal. C’est très clair que la base voulait vraiment partir en action, si on nous avait écouté ça n’aurait pas été 48h, mais une semaine de grève.

    Comment s’est déroulée la grève ?

    C’était très bien coordonné, notamment entre les équipes de jour et de nuit, pour s’assurer que le piquet soit toujours fourni. Au plus haut, entre 23h et une heure du matin, quasi toute l’équipe de nuit était au piquet. J’ai pas compté, mais ça devait faire 800 collègues. Et en 15 ans chez TNT, c’est la première fois que je connais une grève qui n’est pas simplement un arrêt de travail. Peut-être qu’on aurait dû se mettre en grève plus souvent en fait.

    Il y a aussi eu des témoignages de solidarité des travailleurs des autres entreprises qui sont à Liège-airport qui sont venus nous soutenir. Quand on était en grève, la direction a essayé d’utiliser des travailleurs d’autres boîtes, comme les ravitailleurs de Liège-airport. Ils ont tous refusé.

    Tu parlais d’arrêt de travail juste avant, il y en a eu en octobre lié au covid non ? Ça a signifié quoi concrètement de travailler pendant le covid chez vous ?

    On a bien fait un arrêt de travail en octobre. La direction internationale du groupe avait annoncé l’octroi d’une prime de 1000e par travailleurs à cause des bons résultats du groupe et du fait qu’on avait bossé avec le Covid (entre le 31/05 et la 31/08/20, le groupe FedEx a engrangé un bénéfice de 1,28 milliards d’euro, contre 800 million sur la même période, NDLR). On nous a finalement promis 250e de prime pour février 2020, mais il a fallu montrer les crocs

    Pour les conditions de travail, au début, c’était très compliqué. On devait continuer de travailler parce qu’on était considérés comme essentiels. Mais au début, on avait pas de gel, pas de masques, pas de procédure. Peu à peu il y a des choses qui se sont mises en place mais bon, dans le boulot qu’on fait, respecter la distanciation par exemple, c’est quasi impossible malgré qu’on soit disciplinés.

    On s’est mis en danger pour l’entreprise en fait. On a des collègues qui ont été contaminés, et se mettre en quarantaine c’était pas facile pour tout le monde à cause des pertes de salaire que ça pouvait représenter.

    Aujourd’hui, la procédure Renault a été enclenchée, quelles sont les perspectives pour la lutte et pour la suite?

    Déjà, les syndicats doivent être clairs : ce qu’on veut, c’est pas « diminuer les licenciements », mais bien zéro licenciement et il faut le dire clairement. Si tu dis que tu veux juste diminuer le nombre de licenciements, c’est la porte ouverte pour que le patronat passe en force. Puis c’est irrespectueux pour les travailleurs, ça veut dire que tu es prêt à en laisser sur le carreau et que ça ne te pose pas de problème.

    On doit aussi se méfier de la procédure Renault. Généralement, c’est quand même une loi que les patrons utilisent pour faire traîner la situation, la laisser pourrir et étouffer la contestation. Vu l’opacité de la procédure, on réclame un maximum d’information sur la procédure, sur ce qui s’y passe : ça nous aidera a décider comment réagir à chaque étape.

    Et si on ne parvient pas à empêcher les licenciements, on veut assurer les indemnités de départ les plus hautes possibles et des vraies garanties de requalification avec un vrai emploi garanti derrière.

    Je pense aussi qu’on a besoin de plus d’agitation de la part du syndicat sur le lieu de travail. Il y a des militants, mais il y a aussi trop de collègues qui sont méfiants envers le syndicat. Si on injecte pas de la combativité et de l’envie de retourner en action, on risque d’être perdus. On a des collègues qui travaillent en pleine panique parce qu’ils ont peur d’être parmi les licenciés s’ils font un faux pas. Ce qu’il nous faut, c’est empêcher les licenciements collectivement, en luttant.

    On n’est pas les seuls concernés, c’est un plan de restructuration européen (entre 5500 et 6400 pertes d’emplois annoncées en Europe, NDLR), on doit aussi créer la solidarité avec les travailleurs et les délégations syndicales dans les autres pays. Et rester mobilisés, faire parler de nous et de ce qui se passe à FedEx, parce que ici, une semaine après l’annonce, dans la presse on n’en parle plus. Mais ça veut pas dire que ça n’existe plus.

    Un mot pour conclure ?

    Une anecdote, plutôt. Hier, on a reçu une communication de la direction qui disait qu’elle allait nous payer le salaire de nos deux jours de grève. C’est vraiment vicieux. D’abord, c’est nous traiter comme des enfants : ils veulent transformer notre réaction rationnelle de partir en grève pour défendre notre avenir en une réaction émotionnelle qu’ils seraient prêts à nous pardonner. Quand tu mets 700 personnes à la porte, tu ne viens pas jouer les mère Thérèsa.

    Et dans leur lettre, ils disent qu’ils ont « informé les syndicats » de leur décision. Ce genre de démarche, ça va aussi stimuler la méfiance envers le syndicat en donnant l’impression qu’ils marchent main dans la main avec la direction. C’est à la fois une tentative de calmer le jeu et de diviser les travailleurs.

  • [La Santé en Lutte] Encore une fois les lieux de travail pointés du doigt !

    Nous l’avons souvent dénoncé et aujourd’hui, alors (qu’enfin) les chiffres viennent confirmer notre analyse, le gouvernement maintien son cap du confinement du social et du privé au profit du travail et de la consommation. Le deux poids deux mesures continue. Celui-ci est le résultat d’une vision marchande de la société, une vision ou l’intérêt économique prime sur le bien être et la santé.

    Depuis le début de la pandémie l’État cherche à sous estimer et à minimiser l’impacte du travail sur les contaminations au Covid-19 (absence de chiffre, absence de contrôle, recommandations sans sanctions, etc etc). D’un côté la culture, les loisirs, le social et le privé stigmatisés, contrôlés et confinés à grand renfort de police; de l’autre la consommation, le travail et l’école encouragés, comme si c’était des lieux, ou des activités, plus sûrs que les autres. En réalité il n’est certainement pas plus sûr d’être au travail sans pouvoir respecté les distanciations physiques qu’être dans une salle de cinéma à deux sièges de son voisin.

    Le gouvernement fait des choix, ceux-ci sont en faveur des intérêts économiques des employeurs et de la finance. Ils ne sont pas en faveur des PME, de l’économie locale, associative ou culturelle, et encore moins de notre vie sociale. Ces choix sont ceux d’un État qui préserve coûte que coûte le cap néo libéral au détriment de la santé physique ou mental de la population.

    Lutter pour notre santé c’est aussi lutter pour une changement de paradigme et remettre le bien être (la santé physique et mentale) au centre de nos réflexions !

    PS : Rappelons quand même que monsieur Timmermans, président de la fédération des employeurs belge (FEB), osait dire fin avril que “l’endroit où vous travaillez est peut-être le lieu le plus sûr pour ne pas être contaminé”. Cette affirmation sans fondement scientifique avait comme seul objectif de déconfiner le travail afin de préserver les intérêts des employeurs. Cette propagande, menée par nos employeurs et nos gouvernements, cherche à tromper les citoyen·nes afin de faire accepter les mesures inégales sur le plan sanitaire.

    Envoyez nous vos témoignages via email lasanteenlutte@gmail.com ou via message sur facebook. Racontez nous comment ça se passe dans votre institution de soin !

    Une problématique sur votre lieu de travail? Contactez La santé en lutte si vous désirez de l’aide pour vous organiser, du renfort dans vos mobilisations, un relais médiatique ou quoi que ce soit qui pourrait contribuer à la lutte !

  • Grève à Ashland (Doel) : la direction veut sacrifier l’emploi et les conditions de travail pour le profit

    Action aux portes d’Ashland lundi dernier.

    Ashland, à Doel (Flandre orientale), est en grève. Le site situé dans la zone portuaire d’Anvers – juste à côté d’Ineos Phenol où une grève a également eu lieu au début de l’année – compte 167 employés et se porte très bien. Mais ce beau profit ne suffit pas au groupe américain. L’augmentation de la production en raison notamment de la fabrication de gel hydroalcoolique n’importe pas non plus aux responsables.

    La direction centrale a annoncé que tous les sites doivent faire des économies. Pour que les chiffres satisfassent le siège central, 39 emplois doivent disparaître à Doel. Alors qu’il ne s’agit encore légalement que d’une “intention de licenciement”, les employés concernés ont déjà été informés. Pour les autres, la flexibilité doit être accrue et le temps de travail doit augmenter de 33,6 à 35,6 heures par semaine. Cela se ferait notamment en passant à un système à quatre équipes.

    Le 10 décembre, les ouvriers et les employés ont immédiatement cessé le travail et un piquet de grève a été installé. Puisque la direction n’est pas prête à sérieusement discuter et que les dirigeants américains ne se soucient que des chiffres, cela pourrait devenir un long conflit au milieu de la période de Noël.

    Cette situation illustre parfaitement à quel point la soif de profit des grandes entreprises doit être satisfaite à tous prix pour répondre aux exigences des actionnaires. La suppression d’emplois a pour seul but de faire plus de profits : le site de Doel se porte déjà très bien. Mais pour les capitalistes, ce n’est jamais assez…

    La proposition d’allonger le temps de travail sans augmenter les salaires constitue un dangereux précédent pour l’ensemble du secteur. Ashland a été l’une des premières entreprises à introduire une semaine de 33,6 heures. Si un pareil allongement du temps de travail est concrétisé dans une petite entreprise comme Ashland, d’autres patrons suivront l’exemple sans aucun doute.

    Installer un piquet de grève n’est pas évident en période de pandémie, mais c’est tout de même nécessaire. Le travail s’est poursuivi tout au long de la pandémie dans le secteur chimique. Certaines entreprises vont même jusqu’à augmenter leur production, en partie à cause de la demande accrue de plastique. Le personnel doit être en mesure de répondre au patronat. Si les mesures sanitaires permettent de travailler, alors il n’y a aucun problème à installer un piquet de grève. Il sera toutefois difficile d’organiser la solidarité indispensable de la part du reste du secteur et au-delà.

    N’hésitez pas à rendre une visite de solidarité au piquet de grève, de préférence lors d’un changement d’équipe, par exemple vers 6h30 du matin. L’adresse est Geslecht 2, Doel.

    Solidarité avec le personnel d’Ashland ! Non aux licenciements et non à l’extension des heures de travail !

    Visite au piquet ce matin.
  • La Santé en Lutte rue de la Loi : en route vers l’acte 2 de la Grande Manifestation de la Santé !

    Communiqué de La Santé en Lutte suite au rassemblement de ce vendredi 11 décembre.

    Ce soir, nous étions nombreuses et nombreux devant les lieux de pouvoir ! Aujourd’hui encore, nous leur avons montré notre détermination à combattre leurs politiques austéritaires et tous les drames qu’elles ne manquent pas de produire ! Nous sommes nombreu·ses à défendre un droit pour toutes et tous à un système de santé de qualité ! La Santé est un droit fondamental !

    MERCI à toutes et tous d’être venu·es !

    Aujourd’hui encore, nous leur avons montré que nous ne sommes pas dupes : les gouvernements qui se succèdent ne remettent nulle part en question le choix de la marchandisation du secteur de la Santé. Ce ne sont ni les remerciements, ni les applaudissements ou les primes qui nous préserverons toutes et tous, soignant.es comme patient.es, de revivre un tel cauchemar !

    Nous avons besoin de plus de bras. Maintenant ! Pas l’année prochaine ! Pour ça il faut engager. Maintenant ! Pas l’année prochaine. Du personnel est disponible, il faut développer des bonnes conditions de travail pour maintenir le personnel en place et attirer de nouveaux/elles collègues. Il existe 19000 infirmièr·es diplomé·es dans la nature (1) et plus encore à temps partiel. Nous avons un taux de chômage à 6% et les structures de soins maintiennent beaucoup de collègues en contrat précaire : CDD, intérim, temps partiel imposé. Au lieu d’améliorer nos conditions, le gouvernement exploite la bonne volonté de la population pour la faire travailler gratuitement via le recours au volontariat. Au lieu d’engager des aides soignant·es ou plus de personnel d’entretien, par exemple, l’Etat instrumentalise les étudiant·es. En somme, au lieu de réinvestir et d’engager, le gouvernement préfère brader nos métiers et mettre en concurrence les bénévoles et les étudiant·es avec les travailleur·euses salarié·es… c’est un comble ! Pire, une injure.

    Au lieu d’un réel débat public et d’une défense de la Santé comme un droit fondamental, ce sont des primes à la consommation que l’on nous verse pour essayer de nous faire taire. Nous ne les laisserons pas nous leurrer !

    C’est la tarification à l’activité qu’il faut dénoncer, instaurée il y a plus de 15 ans, qui n’a fait que créer une course à la rentabilité, et dont la logique est antinomique de celle du soin. C’est l’austérité appliquée au secteur, engendrant morts et complications médicales, qu’il faut combattre. C’est la réduction du nombre de lits d’hôpital qu’il faut dénoncer, qui ne cessent de baisser depuis 1990 (2). Ce sont les causes des pénuries d’infirmièr·es qu’il faut questionner. C’est de la précarisation des métiers logistique et hôtelier qu’il faut parler. C’est de l’organisation actuelle des soins de santé, morcelés entre diverses compétences publiques, qu’il faut débattre. C’est du nombre de médecin en activité à temps plein – moins d’1 médecin pour 1000 habitant·es selon l’INAMI en 2016 (3) – qu’il faut parler. C’est la baisse continue de l’accessibilité réelle et effective aux soins qu’il faut dénoncer. C’est l’augmentation du nombre de patient·es par soignant·es. C’est le “marché des séniors” qu’il faut remettre en cause. Ce sont ces questions qui sont essentielles, et qui sont les seules à même d’apporter une réponse structurelle et pérenne !

    Il est urgent de dénoncer tout ça et demander justice et dignité pour nous toutes et tous. Nous museler au prétexte des risques sanitaires auxquels nous sommes par ailleurs exposés du fait du maintien des occupations non essentielles et de l’absence de mesures de protection adéquates (par exemple dans les transports en commun et dans les écoles) c’est encore ajouter une violence à celle que nous subissons depuis tant d’années.

    Nous voulons un changement clair de la politique des soins, maintenant. Nous refusons de travailler pour du chiffre et de soigner des numéros ! Nous voulons une politique de prévention efficace et du temps pour prendre soin de la population. Nous voulons plus d’effectifs soignants, logistiques, administratifs et hôtelier afin de d’améliorer le travail au chevet des patient·es et les conditions de travail de l’ensemble des professions lié au secteur de la Santé. Il faut mettre fin à la dynamique austéritaire de nos gouvernements qui provoquent un affaiblissement des nos services publics, et renforcer le financement de la Santé pour améliorer les conditions de travail et la qualité des soins.

    Que nous soyons soignant·es, patient·es d’aujourd’hui ou de demain, nous sommes toutes et tous concerné·es par la Santé ! Notre détermination est sans faille ! Nous devons augmenter le rapport de force ! Nous appelons toutes les personnes qui le souhaitent à nous rejoindre pour renforcer le combat ! Et c’est pourquoi La santé en lutte appelle à une grande journée d’action et de grève de l’ensemble du secteur au printemps !

    Bientôt, nous nous redonnerons rendez-vous dans la rue pour l’acte 2 de la Grande Manifestation de la Santé !!
    VIVE LA LUTTE DE LA SANTE !
    VIVE LA LUTTE POPULAIRE !
    VIVE LA SANTE EN LUTTE !

    Photos de marina et Celia

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