Category: Privé divers

  • AIP : pour plus de salaire et au moins 14 euros de l’heure

    L’Accord interprofessionnel (AIP) 2019-2020 intervient après une longue période de modération salariale et de baisse de pouvoir d’achat des salariés. Cette fois encore, les patrons veulent profiter de la position de ce gouvernement : ne rien céder. Après la punition des partis de la coalition suédoise aux élections locales, il n’est pas certain qu’ils pourront longtemps continuer à jouir de l’aubaine. Le temps presse pour les patrons.

    Par Thomas

    Il est illusoire de penser que les syndicats peuvent simplement s’adresser au Groupe des Dix avec une série de revendications dans l’espoir qu’un bon accord sera négocié pour les travailleurs en Belgique. Construire un rapport de forces est crucial pour forcer les patrons et leurs laquais du gouvernement à battre en retraite.

    Les actions du 10 au 14 décembre peuvent constituer un premier pas dans cette direction même si, à l’heure d’envoyer ce journal à la presse, les choses se présentaient plutôt comme une désorganisation organisée. Chaque centrale et chaque régionale de la FGTB peut choisir comment mettre en œuvre les actions. A la CSC aussi règne la confusion quant à ce qui va se produire.

    Certains membres des syndicats s’inquiètent du fait que tout ce qu’ils feront avant les élections de mai 2019 sera instrumentalisé par la N-VA. Toutefois, après la journée d’action syndicale réussie du 2 octobre dernier, ne rien faire ne fera qu’approfondir la désillusion dans les rangs syndicaux et permettre à la droite de dominer le débat politique. La droite, et pire encore l’extrême droite du Vlaams Belang, en sortira renforcée.

    Les revendications salariales ne sont pas honteuses, elles peuvent bénéficier d’un large soutien au sein de la population. Il suffit de voir le mouvement des Gilets Jaunes contre la cherté de la vie. Des revendications telles que les augmentations salariales et la restauration totale de l’index peuvent susciter un bel enthousiasme.

    Une campagne pour les 14 euros de l’heure !

    Tout le monde a besoin d’augmentations de salaire réelles, mais c’est d’autant plus le cas pour les salaires les plus bas. Dans les secteurs les moins bien payés, un nombre croissant de travailleurs pauvres économisent sur leurs dépenses essentielles. Bon nombre des nouveaux emplois dont le gouvernement est si fier font partie de ce groupe. C’est pourquoi la campagne de la FGTB pour un salaire minimum de 14 euros par heure (soit 2.300 euros bruts par mois) dispose d’un potentiel considérable.

    Ce minimum, un grand nombre de travailleurs ne l’atteignent même pas. Une campagne offensive pour 14 euros de l’heure leur serait attractive tout en permettant d’activement les impliquer dans la lutte. C’est encore plus le cas dans les secteurs (plus récents) où la présence syndicale est encore faible. Grâce à cette campagne, cette couche de travailleurs et de jeunes peut découvrir l’importance d’un syndicat qui les défend et dans lequel ils ont eux-mêmes un rôle à jouer. Les actions précédentes chez Deliveroo ou Ryanair ont montré quel potentiel il y a dans l’organisation de nouveaux groupes et secteurs dans la lutte pour de meilleures conditions de travail.

    ‘‘15 Now’’ aux USA

    La lutte pour un meilleur salaire minimum est menée dans de nombreux pays. Certains gouvernements comprenant des partis de gauche ont concédé des augmentations limitées (en Espagne, au Portugal et en Grèce ; voir en page 14 dans le cas de l’Espagne). D’autres formations ou figures de gauche l’ont inclus dans leur programme : la France Insoumise de Mélenchon ou Corbyn au Royaume Uni, par exemple.

    Mais l’exemple que tout le monde regarde est celui des États-Unis. Là, les travailleurs des fast-foods ont donné le premier élan à la lutte pour les 15 dollars de l’heure. Cette bataille n’est pas encore terminée, mais des victoires inspirantes ont été remportées. La première grande ville où le salaire minimum a été porté à 15 dollars est Seattle. Notre organisation-sœur Socialist Alternative y a joué un rôle crucial. D’autres villes et régions ont suivi. Ces victoires à l’autre bout du monde sont des sources d’inspiration ici également. Cela illustre toute l’importance de la solidarité internationale.

    Une lutte qui n’a rien d’évident

    Ni la lutte pour l’augmentation des salaires ni la lutte pour l’augmentation du salaire minimum ne sont choses évidentes. La classe dominante défend les mêmes arguments utilisés jadis contre la journée des huit heures ou l’abolition du travail des enfants : ce serait économiquement inviable, cela minerait la compétitivité et conduirait même tout droit au désert économique. Ces arguments se sont avérés faux dans le passé et il n’en ira pas autrement aujourd’hui. La bourgeoisie ne veut pas voir sa part du gâteau rétrécir. Tout au contraire.

    Toute la question est de savoir qui s’approprie quelle partie de la plus-value : le capitaliste qui possède les moyens de production à titre privé ou le travailleur dont le labeur assure la production des biens et des services ? Ces dernières années, les capitalistes ont réussi à augmenter leur part en attaquant sans cesse les conquêtes que le mouvement ouvrier considérait comme ayant été définitivement acquises.

    Des salaires plus élevés et des conditions de vie décentes et dignes ne peuvent être obtenus qu’avec une direction prête à utiliser tous les moyens à sa disposition. Rien ne viendra avec une direction qui a peur de la force du mouvement ouvrier, à l’instar de ces dirigeants qui ont préféré sonner le glas des actions menée en 2014 qui avaient fait vaciller le gouvernement. Les syndicalistes combattifs doivent s’organiser en réseaux pour diffuser leurs informations et leurs opinions afin d’être ensemble plus forts pour imposer une approche syndicale combattive.

    Les capitalistes veulent faire de plus en plus de profits, la marge de manœuvre pour les concessions devient de plus en plus étroite. Obtenir quelque chose impose une lutte de plus en plus acharnée. Pour briser la dictature des ultra-riches, il faut mener le combat jusqu’au changement de société. Le capitalisme conduit à de plus en plus d’inégalités, il est grand temps de se battre pour une société socialiste !

  • Pilotes de Ryanair : Pourquoi pas chaque semaine ?

    Avec environ 30 pilotes, quelques responsables du syndicat chrétien des employés et un groupe de militants du PTB/Comac, j’ai participé ce matin au nom du PSL à l’action de solidarité avec la grève historique des pilotes de Ryanair à Charleroi. Des 46 vols prévus à Zaventem, 26 ont été annulés de même que 82 à Charleroi. En Irlande et en Suède, 20 vols ont été supprimés dans les deux cas et, en Allemagne où 96% des pilotes de Ryanair éparpillés sur 8 aéroports étaient favorables à la grève, 25 vols ont été annulés. A Eindhoven, avec seulement 4 avions, les vols ont été équipés de volontaires issus d’ailleurs en Europe. Finalement, Ryanair a dû annuler plus de 400 de ses 2400 vols prévus.

    Par Eric Byl

    Bien que les pilotes de Charleroi n’aient fait obstacle à aucun collègue désireux de travailler, c’est à peine s’il y avait du trafic aérien. Cela s’explique par un mécontentement particulièrement puissant. Un des pilotes me racontait que Ryanair était sa 8e société. Il avait volé et vécu à peu près partout dans le monde, du Moyen orient à l’Asie en passant par la Russie, etc. Lors de la période de creux de l’aviation durant la crise de 2007-09, il a travaillé dans le triage de nuit dans une société privée postale et, plus tard, a également travaillé comme chauffeur de bus. Depuis, la demande de pilotes a fortement augmenté et il a pu reprendre cette activité. Il me racontait que, tout comme dans les entreprises courriers, au moins la moitié des pilotes de Ryanair travaillent avec un statut d’indépendant et que tous les nouveaux recrutements s’effectuent ainsi. Seuls ceux qui viennent d’une autre société ont la possibilité d’obtenir un contrat fixe afin de les fidéliser à Ryanair puisque, depuis, il y a mondialement pénurie de pilotes, surtout de commandants.

    Dans les années de crise, son collègue avait travaillé comme barman. Les salaires des pilotes semblent élevés, mais les chiffres qui apparaissent dans la presse sont fortement exagérés. Ils reposent sur quelques exceptions, ceux qui sont prêts à aller jusqu’au bout et acceptent n’importe quelle prestation. Aucun des pilotes présent ne pouvait s’imaginer de tels montants. De plus, beaucoup de pilotes doivent fortement s’endetter, de 90 à 100.000 euros, pour suivre la formation de pilote. Pour celui qui n’est pas issu d’un milieu aisé, cela signifie facilement un amortissement mensuel de largement 1000 euros au cours des 10 premières années. A Ryanair, les pilotes payent eux-mêmes leurs uniformes, la nourriture et les boissons, jusqu’au parking du personnel. A Zaventem, cela représente 100 euros par mois, sans être certain qu’il y ait de la place puisque le parking est souvent débordé.

    La préparation de l’avion, qui prend une heure trente, et la clôture, une demi-heure, ne sont pas rémunérées. On peut alors te demander d’allonger le service à 12 heures. La plupart des indépendant n’osent pas refuser. Après quelques années, il est possible de devenir commandant moyennant une formation supplémentaire. Officiellement, il n’y a aucune pression mais, dans les faits, c’est ce que veut Ryanair puisqu’on peut dès lors recevoir n’importe quelle base de stationnement. Le gouvernement a augmenté l’âge de la retraite à 67 ans, mais l’Europe interdit que des pilotes aient plus de 65 ans. Celui qui ne passe pas le contrôle médical ne peut plus piloter d’avion. Il existe pour cela des assurances, mais les pilotes indépendants doivent payer la prime de leur propre poche. Des exceptions existent, mais la plupart des pilotes ne passent plus ces contrôles entre 55 et 60 ans. Pour autant que je le sache, parmi les participants à l’action, aucun n’excédait les 60 ans.

    Les pilotes au statut d’indépendant payent évidemment eux-mêmes leurs cotisations sociales, mais les pilotes salariés sont aussi dans l’inconnu concernant leur sécurité sociale. Tous les contrats à Ryanair sont de droit irlandais et celui qui n’est pas domicilié en Irlande ne peut prétendre à des allocations sociales irlandaises. Celui qui commence sa carrière à Ryanair doit suivre une formation supplémentaire qui coûte 30.000 euros, qu’il faut ensuite rembourser. Afin de fidéliser les pilotes à la société, on peut signer pour 5 ans et, dans ce cas, le montant à repayer diminue d’année en année, un peu comme cela vient récemment d’être introduit à la SNCB pour les machinistes ou comme cela existe à la STIB pour les conducteurs. L’ancienne idée des pilotes « crème de la crème » est révolue, perdue avec la Sabena. O’Leary, le PDG de Rynair, appelle les pilotes des « chauffeurs de bus qualifiés ». Lorsque l’on regarde les conditions de travail et de salaire, la profession de pilote s’est petit à petit « prolétarisée », un peu comme celle des enseignants ou, il y a encore plus longtemps, celle de facteur.

    Heureusement, on ne remarque pas seulement cela aux conditions de travail et de salaire, mais aussi à la combativité et la solidarité croissantes. J’ai été étonné par l’empressement avec lequel les pilotes ont mis leurs foulards syndicaux. La majorité d’entre eux sont tant membres de l’association des pilotes Beca (Belgian cockpit association) que de la CNE. Être membre du syndicat leur permet de déclarer la grève. La solidarité avec le personnel de cabine était elle aussi frappante. Bien que la société recrute des pilotes partout dans le monde, ceux présents à l’action étaient essentiellement belges. Parmi le personnel de cabine, ce n’est qu’une petite minorité, ils sont surtout Italiens, Espagnols, Portugais et, de plus en plus, Européens de l’Est. Cela s’explique par des salaires extrêmement bas, jusque 800 euros. Un des pilotes faisait remarquer que l’on gagne autant à temps partiel à Lidl qu’en tant que steward à temps plein chez Raynair ! Tous les participants en étaient indignés et tout à fait près à lier leur action à celle du personnel de cabine.

    Les revendications des pilotes et du personnel de cabine sont pareilles. Ils veulent que le droit du travail du pays où ils sont stationnés soit en vigueur. Ils veulent que les syndicats soient reconnus et que l’on arrête l’abus de faux indépendants. Ils veulent de meilleures conditions de travail et des salaires légalement réglés. La majorité des pilotes présents étaient sceptiques. La reconnaissance des syndicats a été promise à plusieurs reprises mais continue à traîner. La société affirme explicitement ne pas vouloir quitter sa structure de bas coût. Juste avant la grève, la direction de Ryanair avait encore communiqué préférer la grève aux concessions, puisque ce serait plus « bon marché ».

    Parallèlement, il est impossible de nier la ténacité du personnel. Lorsque O’Leary menace de délocaliser l’emploi en Irlande vers la Pologne, le personnel n’est plus intimidé, O’Leary est confronté à une nouvelle grève. Lorsqu’en Hollande il va en justice pour interdire la grève, l’association des pilotes décide de rejoindre la grève. La peur de mener des actions s’est évaporée, partiellement parce qu’il y a une grande demande de pilotes, mais aussi parce qu’ils sont conscients de leur force collective et du potentiel d’élargissement. Il était frappant de voir que les participants de l’action à Charleroi ne se faisaient pas le moindre souci concernant leurs collègues qui voulait travailler. La participation à la grève était trop grande pour cela. Ils sont tous convaincus qu’il faudra de nouvelles actions et annoncent avec confiance qu’en Italie, en Espagne et au Portugal, l’heure de l’action arrive. « Aujourd’hui, rien ne sera donné », m’assurait un pilote, « Mais pourquoi pas chaque semaine ? Alors, cela pourrait tourner. »

    Pour Ryanair, il s’agit pour le moment d’un cas de principe : ne pas vouloir dévier d’un modèle extrêmement profitable. Mais les frais de personnel ne représentent que 12% des coûts totaux et la majorité des sociétés d’aviation ne peuvent que rêver de la marge bénéficiaire de Ryanair. Ryanair se rend bien compte que de nouvelles revendications vont suivre si la société fait de nouvelles concessions. Il est sûr qu’alors, le personnel voudra une harmonisation des salaires et des conditions de travail, un meilleur règlement des congés et des garanties en cas de maladie. De plus, le personnel recruté à travers Crewlink et Workforce commencera à exiger des droits égaux.

    L’enjeu est gigantesque. Il est donc compréhensible que le secrétaire syndical de la CNE dit espérer une intervention politique de la part de l’Europe ou des gouvernements nationaux. Mais jusqu’ici, l’Europe n’a pas bougé le petit doigt et les politiciens belges se déclarent également « impuissants ». La volonté d’action du personnel qui a fait tourner la relation de force en sa faveur, ne continuera pas à croître éternellement, tout comme la demande mondiale de pilotes. On ne peut pas perdre du temps en entretenant des illusions envers l’Europe et les gouvernements nationaux. Au contraire, il faut saisir la situation relativement favorable pour arracher pour tous, pilote et personnel de cabine de partout en Europe, une solution par l’action en escalade et des grèves de plusieurs jours.

     

  • Solidarité avec les grévistes de Ryanair !

    Photo: Wikicommons

    Déclaration de solidarité du Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistiche Partij

    (parti-frère du Socialist Party irlandais, de Socialistische Alternative Voran en Allemagne, de Socialistisch Alternatief au Pays-Bas et de Rättvisepartiet Socialisterna en Suède, tous membres du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Le Parti Socialiste de Lutte suit avec grand intérêt et enthousiasme la lutte du personnel de Ryanair.

    Ryanair abuse de chaque faiblesse dans la législation pour exploiter son personnel au maximum. La compagnie emploie son personnel selon le droit irlandais. Mais puisque la législation irlandaise ne permet aux travailleurs de se constituer de droits à la sécurité sociale que s’ils sont domiciliés en Irlande, les équipes belges travaillent sans se constituer de droits à la pension ou aux allocations de chômage. Le PSL soutient la revendication des syndicats et des associations de pilotes (Beca, EERC) en faveur de l’application de la législation du travail en vigueur dans le pays où on commence et finit le boulot et où on habite. C’est la seule manière de combattre la casse sociale des patrons qui font du shoping avec les différentes législations du travail. C’est aussi la seule manière de ne pas casser cette législation au niveau européen mais au contraire de l’harmoniser vers le haut.

    Une multitude de statuts existent dans l’entreprise. Le moins attractif, selon le système des « contrats 0 heures », ne permet un salaire que si l’avion est en vol. Retard ? Nettoyage de l’appareil entre deux vols ? Pas de salaire. Presque 70% des pilotes travaillent sous statut d’indépendant. Parmi le personnel de cabine, qui doit essentiellement vendre, il s’agit surtout de contrats d’intérim, avec encore moins de sécurité et de protection. Des journées de travail trop longues mettent aussi en danger la sécurité des voyageurs. Le personnel, tant les pilotes que le personnel de cabine, en a marre des conditions de travail, de la pression extrêmement élevé et de la flexibilité. Le PSL soutient ces actions collectives, les tentatives réussies de les coordonner internationalement et l’obtention de droits syndicaux.

    Sous pression de cette action et des précédentes, Ryanair et O’Leary ont déjà dû faire des concessions aux pilotes fin de l’année dernière et, après la grève du personnel de cabine, à « cette petite minorité avec ses revendications déraisonnables ». La menace de déplacer des avions d’Irlande vers la Pologne, ce qui menace 300 emplois, était l’un des détonateurs de cette grève au côté des mauvaises conditions de travail et de salaire ainsi que du refus de reconnaître les syndicats. Les provocations brutales d’O’Leary ne mènent plus à l’effet espéré, elles stimulent au contraire la résistance. Il a dû ravaler ses menaces contre le personnel de cabine en Belgique et sa tentative de faire interdire par un juge la grève au Pays-Bas a poussé l’association des pilotes du pays à rejoindre la grève. Le PSL est bien d’accord : il faut répondre à chaque provocation de la direction par l’action collective : la faiblesse stimule l’agression.

    Après la grève des pilotes de l’an dernier, O’Leary s’est vu forcé de reconnaître les syndicats. Mais, ces 6 derniers mois, cette concession était peu visible, jusqu’à la grève du personnel de cabine. Il a alors promis de reconnaitre les syndicats en Belgique. Mais, depuis, les syndicats vont plus loin et le PSL soutient leur revendication d’également faire reconnaitre le syndicat au sein de Crewlink, pour que les conditions de travail du personnel employé via ce bureau puissent être améliorées. Dans la presse, on essaye de culpabiliser les voyageurs. « Consommer, c’est choisir » a ainsi écrit l’éditorialiste du Soir. O’Leary ne demande pas mieux : cela monte les voyageurs et le personnel les uns contre les autres. Lui-même peut s’envoler avec 3 millions d’euros de salaire et des bénéfices pour Ryanair qui augmentent d’année en année, jusqu’au montant incroyable de 1,5 milliard d’euros pour l’année passée ! Ce n’est pas le voyageur, mais la direction de Ryanair et ses actionnaires qui sont responsables des mauvaises conditions de travail ! Ryanair exploite le personnel, trompe le voyageur avec toutes sortes de frais non-annoncés et fait payer la collectivité en jouant les aéroports entre eux.

    Qu’est-ce que le PSL a à voir avec tout ça ? Toute la construction européenne et tous les partis de droite jusqu’à la social-démocratie sont ou bien d’accord avec le modèle de Ryanair ou laissent faire en soupirant. « C’est carrément scandaleux, et indigne de l’Union européenne que des gens doivent encore mener des actions pour cela. Nous espérons que l’Union européenne prendra ses responsabilités », déclare le syndicat à juste titre. Mais tant que ces partis de droite et la social-démocratie sont ceux qui dictent leur loi, rien ne se passera. Nous avons besoin d’actions collectives, de droits syndicaux mais aussi de représentants qui défendent les intérêts des travailleurs avec autant d’acharnement que la droite défend ceux des patrons. Cela signifie aussi l’imposition légale de droits du travail et de salaires convenables, y compris la possibilité de les arracher par la saisie et par l’exploitation d’une société aérienne publique sous contrôle démocratique de la communauté et des travailleurs.

    Voici ci-dessous une déclaration conjointe des députés irlandais de Solidarity et membres du Socialist Party Mick Barry, Ruth Coppinger et Paul Murphy

    Strike – force Ryanair to make real changes

    Last December Ryanair said it would recognise trade unions. But since, it has ducked, dived, delayed and continued to decline the rights to collective bargaining or to make any serious concessions on key outstanding issues that affect all staff across Europe, including agency work, poor conditions and bogus self-employment.

    Ryanair is not primarily concerned about cheap airfares or the public good. In reality they mistreat their staff and their passengers with the sole goal of maximising profits. Michael O’Leary’s wage is already way above €3 million a year and Ryanair’s profit last year was an incredible €1.5 billion!

    Ryanair is a flagship for bullying and super-exploitative capitalism. So Friday 10 August sees the fifth day of industrial action forced on Ryanair staff because of the complete intransigence of Michael O’Leary and Ryanair management.

    Unprecedented action across Europe – making history

    Ryanair are under pressure from this spreading solidarity action spanning Ireland, Belgium, Sweden, the Netherlands and Germany.

    A victory for Ryanair workers would show workers everywhere that you can fightback against vicious anti-union bosses, including multi-national corporations. This is a vital battle.

    Ryanair is determined to hold out and will use every dirty trick in the book. That’s why Ryanair workers need to be united and be given the full support of the trade union movement throughout Europe.

    As members of the Socialist Party and Solidarity TDs in the Dail, we offer our full support to the Ryanair workers. Will assist in whatever way we can. In addition as part of the international socialist movement, the CWI, our sister parties throughout Europe are actively supporting your campaign. In solidarity we raise the following ideas for consideration:

    • No meaningful response from Ryanair, points to the need to escalate the action
    • Increase the number of strike days, up to and including the possibility of all-out action
    • Unite the workers – ensure that all cabin crew and pilots strike together
    • Bring together a rank and file workers council for Ryanair staff across Europe
    • Continue the action throughout Europe to maximise the pressure and the benefit for all Ryanair workers
    • Avoid divide and rule tactics – don’t make deals separately on a country by country basis
    • “Nothing is agreed until everything is agreed” – make sure acceptable agreements are achieved for all Ryanair staff in every country before action is ended
    • Call on the Irish Congress of Trade Unions, the union federations in the Netherlands, Sweden, Belgium and Germany, as well as the European Trade Union Confederation, to organise a complete trade union boycott of all Ryanair operations when its workers are on strike

    An injury to one is an injury to all – Unity is strength

  • Deliveroo. Résistance contre la régression sociale et l’ubérisation de l’économie

    Les coursiers de Delivroo en action au Royaume Uni

    En octobre, la plateforme de livraison Deliveroo annonçait son intention de modifier le mode de rémunération et de condition d’emploi de ses livreurs. Elle veut imposer à l’ensemble de ses ‘‘partenaires’’ (comprenez : ses livreurs) de devoir passer au statut d’indépendant à partir du 31 janvier. Deliveroo ne souhaite plus les rémunérer à l’heure mais à la livraison, sans couverture sociale et sans rémunération minimale garantie.

    Par Nicolas M (Bruxelles)

    Pour le gouvernement et le patronat, le monde change et des réformes ‘‘courageuses’’ doivent être entreprises. La loi Peeters en Belgique et la loi travail de Macron en France donnent le ton. Les anciennes conquêtes sociales sont assaillies. Cette tempête de flexibilisation ne semble pas avoir de limite et, aujourd’hui, ce sont les coursiers de Deliveroo qui sont dans l’œil du cyclone. De telles sociétés mènent leur ‘‘modernisation sociale’’ au pas de charge.

    Organisation collective

    Depuis 2016 s’est constitué un Collectif des Coursier-e-s pour représenter et organiser les ‘‘partenaires’’ de différentes plateformes. L’initiative est à l’origine des différentes actions comme celle du 24 novembre ou encore des grèves des 8 et 13 janvier. Elle s’est montrée capable de coordonner des actions à Bruxelles, Liège, Malines, Anvers et Gand, avec le soutien de la CNE (centrale des employés de la CSC), de la CSC Transcom ou encore de l’ABVV (aile flamande de la FGTB). En Angleterre aussi, les coursiers ont lutté collectivement à diverses occasions lorsque Deliveroo a modifié les conditions de travail ou a licencié – pardon, ‘‘déconnecté’’ – certains livreurs justement actifs dans de tels comités. A Leeds (une grande ville du Nord de l’Angleterre), un collectif également soutenu par le syndicat local a été capable d’imposer la réintégration de 7 de leurs collègues mis hors-jeu par la direction car ils discutaient de leurs conditions de travail sur WhatsApp.

    Avec ce statut d’indépendant que Deliveroo veut imposer à l’ensemble de ses livreurs en Belgique, l’entreprise veut isoler ses travailleurs dans le but de réduire à néant la résistance collective. Les journées d’actions qui ont eu lieu ces dernières semaines illustrent à quel point l’union et la lutte collective sont cruciales face à l’avidité patronale.

    Quelles revendications ?

    Jusque ici, les livreurs peuvent être salariés via la coopérative SMART. De cette manière, les livreurs accèdent au statut de travailleurs salariés en CDD de courte durée (minimum 3 heures), ils sont couverts par une assurance en cas d’accident et des cotisations sociales sont payées. Mais cela permet aussi à Deliveroo de se cacher et d’éviter ses responsabilités en tant qu’employeur. De plus, la SMART ponctionne sur les prestations ses frais de fonctionnement en tant qu’intermédiaire. En n’étant pas l’employeur officiel des coursiers, mais bien l’employeur officieux, Deliveroo peut contourner des notions jugées dépassées telles que le salaire minimum, la convention collective de travail, la représentation du personnel, etc. Bienvenue dans le monde merveilleux de la ‘‘nouvelle économie de plateforme’’ !

    Les coursiers en Belgique revendiquent la possibilité de choisir entre le statut d’indépendant et celui de salarié via la SMART. Ils exigent également de recevoir une rémunération minimum horaire garantie. Ils demandent encore une concertation avec la direction. Ils ajoutent aussi que l’idéal serait d’être directement salarié par Deliveroo, avec de vrais contrats de travail. Ce dernier point est crucial.

    Pour de vrais emplois avec de vrais contrats et de vrais salaires

    A la RTBF, l’administrateur délégué de la SMART, Sandrino Graceffa, expliquait sa déception de voir sortir Deliveroo du giron de la SMART: ‘‘Nous étions en passe de réussir une expérimentation sociale qui permettait de démontrer qu’il était possible de trouver un modèle protecteur pour ces travailleurs ubérisés.’’ Le ‘‘modèle protecteur’’, c’est un contrat de travailleur salarié signé entre les travailleurs et leur employeur. L’expérience SMART permet à Deliveroo de pouvoir déconnecter n’importe qui n’importe quand puisqu’aucune obligation ou garantie n’est contractuellement signifiée avec des règles claires. Tout cela est jugé désuet, tout comme la période de travail, les horaires, le salaire brut, la durée de préavis, etc.

    Le manque d’emplois permet aux patrons de proposer n’importe quoi. Et comme il y a toujours des travailleurs et des étudiants à la recherche de quoi boucler leurs fins de mois, les plateformes instrumentalisent la situation pour brandir que ce sont les travailleurs eux-mêmes qui désirent travailler de manière flexible. Cette économie de plateforme représente un défi pour les travailleurs et leurs organisations syndicales. Il s’agit d’un secteur à bas salaires qui joue le rôle de laboratoire d’expérimentation dans le but de torpiller les conditions de travail de façon plus généralisée. Le soutien des syndicats est capital et la syndicalisation des coursiers s’impose. Ce dont il s’agit, c’est de résister à un modèle de société barbare par une lutte qui exige d’être unifiée : étudiants, travailleurs précaires et salariés, tous ensemble pour des emplois décents.

  • Vandemoortele Seneffe : Touche pas à mon délégué !

    Appel de la FGTB Horval : horeca – alimentation – services

    3 jours avant Noël, Laurent, notre délégué principal FGTB Horval chez Vandemoortele Seneffe, a été licencié SANS MOTIF ! Les seuls reproches qui lui sont faits sont liés à son statut et à sa mission de représentant des travailleurs. En faisant taire un délégué, Vandemoortele s’attaque frontalement au travail syndical et marque d’un geste fort sa volonté d’empêcher toutes nouvelles revendications au sein de son entreprise.

    Après plusieurs heures de conciliation, la direction refuse toujours de réintégrer Laurent. En réaction à ce refus unilatéral, la FGTB Horval ne pouvait rester sans réaction et a déposé un préavis de grève ! Nous exigeons, en effet, la réintégration immédiate du travailleur !

    Pour marquer votre soutien à Laurent et pour appuyer notre demande auprès de la direction, signez notre pétition en ligne ! Ensemble, nous sommes plus forts !

    Pour plus d’informations sur ce dossier, nous vous invitons à nous suivre sur notre page Facebook @fgtbhorval et sur twitter @FGTB_Horval

    => Signer la pétition

  • [VIDEO] 50 jours de grève à Mistral… et la victoire !

    Au bout de 50 jours de grève, le personnel de Mistral (une asbl hébergeant des adultes autistes à Saint-Georges) a recommencé le travail après avoir obtenu gain de cause sur ses deux revendications : réintégration du délégué syndical et départ de la directrice. Une victoire dans un conflit historique marqué par la solidarité effective.

    Nous avons déjà abordé cette lutte au travers d’une interview, voici ci-dessous une vidéo réalisée par le SETCa.

  • [INTERVIEW] Grève victorieuse pour les travailleurs de l’ASBL Mistral !

    Photo : Julien Dohet

    Cinquante jours. C’est le temps qu’il aura fallu aux travailleurs du Mistral, une association qui accueille une trentaine d’autistes adultes à Saint-Georges-sur-Meuse (Liège), pour remporter leur combat les opposant à la direction. Du 21 septembre au 10 novembre, le piquet de grève fut lieu de débats et de prises de décisions collectives. Si le conflit a partiellement été couvert par les médias traditionnels, ce ne fut que de façon très insuffisante. Lutte Socialiste et socialisme.be ont souhaité participer à la médiatisation de ce conflit en interrogeant Julien Dohet, secrétaire politique au SETCa Liège.

    Propos recueillis par Sébastien (Liège)

    Socialisme.be : Bonjour Julien. Tout d’abord, peux-tu revenir sur les raisons qui ont poussé les travailleurs à se mettre en grève ?

    Julien Dohet : Le facteur déclencheur a été le licenciement du délégué syndical SETCa pour ‘‘faute grave’’. Afin de justifier sa décision, la direction a accusé ce dernier de maltraitance envers les résidents. Un comble pour cette personne présente depuis des années et ayant la confiance de ses collègues mais aussi des parents… Cela dit, le climat social se dégradait déjà depuis 18 mois, au moment de l’arrivée de la nouvelle directrice et de ses techniques de management. Certaines revendications ont commencé à poindre à ce moment, signe d’un malaise plus profond dont le licenciement ne représenta que la goutte d’eau de trop.

    Quelles étaient leurs revendications ?

    J.D. : Elles ont évolué au cours du processus. Tout d’abord, les travailleurs exigeaient la réintégration du délégué syndical licencié ainsi que des changements dans le management. Finalement, le CA et la direction rechignaient tant à se pencher sur les problèmes que cette dernière revendication a évolué au fur et à mesure du conflit pour finalement exiger le départ de la directrice !

    Mener une lutte n’a rien de simple ; la transformer en victoire, encore moins. Pourrais-tu expliquer comment Mistral s’est organisé pour faire plier la direction ?

    J.D. : Effectivement ! Je pense que l’élément central fut la très bonne organisation du piquet. Durant 50 jours, les travailleurs y ont tenu débats et prises de décisions collectives. Le contact avec les parents s’est très vite instauré, ce qui est primordial dans ce secteur. Aussi, c’est la détermination des travailleurs qui leur a permis de tenir alors que le CA tentait de les décourager en jouant la montre. Mais pour tenir sur le temps long, la création du fond de soutien fut déterminante. Et quel succès ! Celui-ci a permis d’augmenter l’indemnité de grève versée aux travailleurs, ce qui a créé un appel d’air de solidarité alors que le conflit commençait à tirer en longueur. Ce fond a donc certes eu une importance financière, mais il a aussi rendu visible aux yeux des travailleurs cette solidarité large qui existait autour d’eux. On a notamment pu voir que telle entreprise a contribué à hauteur de tel montant à travers leur caisse de grève, que tels autres travailleurs rejoignaient le piquet en solidarité, etc.

    Finalement, quel résultat au bout de 50 jours ?

    J.D. : Une grève de 50 jours dans le secteur, c’est déjà historique… mais gagner ! Et sur les deux revendications ! La victoire fut totale : réintégration du délégué et licenciement de la directrice !

    En conclusion, quels conseils et encouragements pourrais-tu communiquer aux travailleurs actuellement en lutte dans leur entreprise ?

    J.D. : Aujourd’hui, le mouvement social manque un peu de victoires. Il faut donc montrer que même dans un secteur qui n’est ni connu par ses structures ni par sa combativité, on peut remporter des luttes. Pour ça il faut rester unis et organiser la solidarité autour du conflit. Malgré le soutien extérieur, ce sont les travailleurs qui ont mené le cœur du conflit. On n’a pas été obligés de demander à des permanents ou à d’autres délégués temps-plein de se rendre sur le piquet pour effectuer des remplacements ou relancer le souffle du piquet. Le piquet n’aurait pas tenu dans un tel cas de figure ! Non : définitivement, l’issue d’une lutte n’est dans les mains de personne d’autre que les siennes propres, celles des travailleurs !

  • Combat et résistance, les maîtres-mots pour les travailleurs de Truck Technic

    Photo : FGTB

    Truck Technic, c’est cette entreprise spécialisée dans le reconditionnement des systèmes de freinage pour poids-lourds, située dans le zoning des Hauts-Sarts en région liégeoise et dont les travailleurs étaient partis en grève le 5 décembre pour protester contre leurs conditions de licenciement. En effet, le groupe international Méritor dont dépend l’entreprise, a pris la décision de délocaliser l’activité en Tchéquie. Ceci a des accents bien connus : la direction du groupe tente de maximiser ses profits en s’installant dans une région où la main-d’œuvre est à moindre coût et où le taux d’exploitation est plus élevé.

    Par Simon (Liège)

    Le groupe n’est pourtant pas en difficulté. En 2016, il a fait 551 millions de dollars de bénéfice après rétribution des actionnaires. Malgré cela, la première proposition de Méritor aux travailleurs était de leur octroyer 15% du préavis légal en guise de dédommagement, ce qui correspond pour certains a à peine 600€ net. Les travailleurs de Truck Technic ont estimé qu’ils valent mieux que cela. Ils ont revendiqué une prime de licenciement qui leur permette de voir venir ainsi que la mise en place d’une cellule d’outplacement gérée par les pouvoirs publics.

    Méritor a d’abord proposé des montants ridiculement bas en regard des possibilités du groupe mais il a assorti le versement de ces montants à des conditions vexatoires : renoncement des travailleurs licenciés à tout recours juridique tant collectivement qu’individuellement et surtout, exigence de pouvoir contrôler le site en l’absence de tout représentation syndicale à la fin des négociations pour inventorier les éventuels « vols et dégradations ». A juste titre, les travailleurs ont repoussé ces conditions et ont demandé une forme de contrôle ouvrier lors de la visite des représentants du groupe.

    Afin de peser sur les négociations, les ouvriers ont décidé la grève avec occupation de leur lieu de travail. Celle-ci a duré plus de 45 jours. A une époque où tant de travailleurs licenciés se résignent, cette ténacité rend toute sa dignité au monde ouvrier et au combat syndical.

    En ce sens, les concessions du groupe aux travailleurs relèvent déjà de la victoire. Ils ont obtenu un relèvement de leurs primes, une indemnité compensatoire pour les RCC, un accord pour une présence syndicale lors de l’inventaire et une cellule de reconversion publique.

    Le maintien du site sous statut public t n’était certainement pas la piste la plus probable mais a bien sûr fait l’objet de discussions par les grévistes :  ce n’est pas comme si l’activité de Truck Technic n’avait aucune valeur pour la collectivité. Elle  tirerait plutôt avantage à voir une entreprise de ce type continuer d’exister et être réorientée vers la  satisfaction de besoins sociaux : le secteur public dispose d’un parc automobile important pour lequel il n’existe pas forcément de solution d’entretien.

    Les travailleurs ont interpellé la Région Wallonne qui travaille encore aujourd’hui à une « solution industrielle » pour maintenir une activité sur le site, malheureusement sans piste de solution sérieuse à ce jour.

    Ceux qui l’ont vécu le savent bien : une grève aussi longue est difficile à vivre. Elle pèse sur le moral, sur la vie de famille. Les grévistes de Truck Technic ont tenu le coup grâce à une forte cohésion (des assemblées ont eu lieu plusieurs fois par semaine durant l’occupation) et parce qu’ils ont pu compter sur de nombreuses manifestations de solidarité : des visites de délégations, des encouragements de la part de la population, du ravitaillement par exemple au moment de Noël puisque le réveillon s’est passé au sein de l’entreprise.

    Au terme du combat, i les ouvriers de Truck Technic peuvent se targuer d’avoir fait plier une multinationale grâce à leur persévérance, ceci vient renforcer leur mérite, cela doit aussi servir de leçon au mouvement ouvrier : Ne doutons pas que d’autres Truck Technic continueront à se déclarer régulièrement puisqu’il existe d’autre Méritor. Dans ces moments, il sera de la responsabilité de chaque militant syndical d’organiser sa délégation ou son secteur pour venir renforcer le combat des camarades dont l’emploi est menacé car chaque licenciement économique est une défaite pour l’ensemble d’entre nous.

  • Douwe Egberts. 3 milliards € de profits + cadeaux fiscaux = 274 emplois en moins.

    douweegb

    Alors que nous attendions de savoir avec quelles mesures exactement le gouvernement allait venir chercher dans nos poches les milliards nécessaires pour boucler son budget 2017, une série d’entreprises ont annoncé leurs plans de restructuration les unes après les autres. Pas une semaine sans une nouvelle mauvaise nouvelle: Caterpillar, AXA, ING, etc. Le 15 septembre ce fut au tour de Douwe Egberts de participer à cette sombre dynamique : arrêt de la production sur le site de Grimbergen, 274 emplois supprimés.

    Par Nico M (Bruxelles)

    En 2014, Douwe Egberts passe sous le giron de Jacobs. Le groupe Jacobs Douwe Egberts devient alors le premier groupe mondial pour la production et la vente de café : 3 milliards de profits par an. A Grimbergen, le site était responsable de 15 millions de bénéfices en 2015 pour 35.000 tonnes de production annuelle.

    De plus l’entreprise a bénéficié en Belgique de 1,5 millions d’euros de diminution d’impôts à travers les intérêts notionnels en 2015 et de 500.000 euros de réduction de cotisations sociales. Avant le rachat par Jacobs, les travailleurs avaient aussi accepté la suppression des équipes du week-end. Jamais assez de sacrifices, jamais assez de cadeaux fiscaux ne garantissent le maintien de l’emploi. Une fois encore, la seule chose qui semble expliquer cette saignée est à chercher du côté de la voracité des actionnaires en termes de rentabilité.

    Selon la porte-parole toujours, les attentes des consommateurs changent et l’usine n’est plus adaptée. Si l’usine de Grimbergen n’est plus adaptée, est-ce de la faute des travailleurs ? Si l’organisation de la production rencontre des problèmes, c’est du côté du management qu’il faut se tourner. Pourquoi les investissements n’ont-ils pas été réalisés pour adapter la production aux ‘‘nouveaux besoins’’ ? La direction veut privilégier les gros volumes et les produits spécialisés, des attentes auxquelles le site de Grimbergen ne pourrait pas répondre. Si rien n’a été fait en ce sens c’est une erreur de la direction. A moins qu’elle n’ait planifié la fermeture du site à l’avance ?

    Une alternative pour et par les travailleurs

    La direction s’est également exprimée sur la situation de surcapacité au sein du groupe qui expliquerait qu’elle veuille se débarrasser de Grimbergen. Au vu de ces déclarations, la direction ne reculera pas et elle poussera à fermer et à atteindre ses nouveaux objectifs. Une nouvelle réduction de charges ou une baisse de salaires ne ferait qu’augmenter la compétition entre les travailleurs des différents sites sans garantir pour autant le maintien des emplois. La direction a d’ailleurs expliqué que même si les travailleurs travaillaient gratuitement, elle fermerait tout de même l’usine.

    Après la phase d’information de la loi Renault, un plan social devra être négocié en 60 jours maximum. En cas d’échec, la possibilité pour licencier au minimum légal est ouverte pour la direction. Pourquoi ne pas organiser une phase d’information offensive avec les travailleurs. Avec leur banderole à l’entrée de l’usine les délégations du site montrent la voie : ‘‘3 milliards de profits, 1,5 million d’intérêts notionnels, 274 emplois en moins: inacceptable!’’

    C’est un bon point de départ pour entamer une large campagne à partir de l’usine. Les assembles générales du personnel donnent l’occasion de discuter des craintes et des attentes tout en trouvant des réponses collectives. Les travailleurs doivent contrecarrer les arguments favorables à la fermeture. Nous avons à Grimbergen des machines pour produire du café, des travailleurs pour les faire marcher et enfin des buveurs de café à travers tout le pays. Face au départ du groupe, la question de l’expropriation sans indemnisation doit être posée. La nationalisation de la ligne de production sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité est le meilleur moyen pour mettre en place un projet industriel qui garantisse en premier lieu non pas les profits, mais les emplois. De telles discussions imposeront la question de l’occupation du site par les travailleurs afin d’assurer que la direction ne puissent pas démanteler le site pour le revendre ensuite dès la fin de cette année. La moitié des effectifs de Grimbergen non touchés par le plan social sera amenée à déménager une fois le plan social acté.

    Comme dans tous combats, la solidarité est nécessaire. La banderole pourrait être reproduite en affiches et une campagne vers les commerces et la population des environs pourrait être organisée par les syndicats avec un appel à une manifestation de solidarité jusqu’aux portes de l’entreprise. Ce serait, à côté à la loi Renault, un signal fort dans le sens du maintien des emplois. Ne laissons pas les combats contre les licenciements être isolés.

  • [INTERVIEW] Menace sur l’emploi chez Magotteaux (Vaux-sous-Chèvremont)

    magotteauxCe dimanche 26 juin, dès 9h, quelque 350 personnes se sont réunies dans l’entité de Vaux-sous-Chèvremont devant les usines Magotteaux, dont une des unités de production a vu son activité interrompue. Familles de travailleurs avec enfants, anciens et habitants des environs ont ensuite sillonnés l’entité dans une marche pour l’emploi. Malgré l’atmosphère conviviale, l’émotion et surtout la colère étaient palpables.

    Rapport par Clément (Liège), photos de Simon (Liège)

    Un travailleur explique «Aujourd’hui, Magotteaux est un grand groupe, et il y a presque cent ans c’est d’ici que tout est parti. On subit une concurrence interne énorme ; ils disent que nous ne sommes pas rentables, mais ils font tourner l’usine bien en dessous de ses capacités de production. Avant, l’ancienne direction du site s’était battue pour qu’on ait de plus gros volume de production, mais la nouvelle laisse tout aller à vau-l’eau. Ils sont entrain de condamner le site.» Un autre : «Quand j’ai appris qu’on était repris par une multinationale chilienne, je me suis dit ça y est, «ils vont nous refaire le coup d’Arcelor», et avec la mise sous cocon du fourneau, c’est encore plus clair. Mais on ne va pas se laisser faire, on va se battre.» La marche s’est conclue par un bref blocage d’un rond-point de la petite ville, avant un rassemblement et des prises de paroles devant l’entrée du site, tout proche.

    Dans le cadre de la grève nationale appelée par la FGTB ce 24 juin, nous avons eu l’occasion de discuter de la situation avec Eric Detaille, délégué principal FGTB.

    Peux-tu nous expliquer quelle est la situation aujourd’hui ? Pourquoi cette attaque a-t-elle eu lieu et ce qu’elle signifie pour le site de Magotteaux à Vaux-sous-Chevremont ?

    La direction du groupe nous a récemment annoncé la mise sous cocon du fourneau de l’unité n°1 (sur trois unités, ndlr), celle qui produit les boulets de broyage. 80 travailleurs ont été mis en chômage technique, mais cela impacte aussi une vingtaine de travailleurs externes à l’entreprise. La mise sous cocon est annoncée jusque fin octobre, mais dans les faits, il y a peu d’espoir que la production soit un jour relancée : les frais s’élèveraient à environ un million d’euros.

    Cette mise sous cocon découle d’une baisse du volume de la demande de boulets de 40% pour le site de Magotteaux-Liège : ceux-ci sont aujourd’hui produits sur d’autres sites du groupe, à l’étranger. Ce n’est pas la première fois que ce genre de chose arrive : on développe régulièrement de nouveaux produits, et une fois le procédé de production est au point et est plus rentable, la direction externalise la production.

    Ce qui est inquiétant avec l’arrêt de l’unité 1, c’est que les frais fixes du site resteront les mêmes, mais devront être supportés par deux unités de production au lieu de trois. Cela provoque des inquiétudes pour l’avenir de l’ensemble du site.

    Quelle a été votre réaction face à cette attaque ?

    On s’est dit qu’on devait avant tout informer les travailleurs. On a fait des assemblées du personnel et des arrêts de travail, mais on laisse travailler les ouvriers des deux autres unités, qui ont encore des commandes en cours. La semaine passée, les travailleurs au chômage économique ont fait trois jours de grève. Ils ont tenu des piquets pour sensibiliser les collègues et discuter des actions à entreprendre. Dimanche 26 juin, nous organiserons un rassemblement et une petite marche pour l’emploi à Vaux-sous-Chevremont (voir photos ci-dessous). On y fera également l’historique du site, qui a bientôt 100 ans, pour sensibiliser la population. On a distribué plusieurs centaines de tracts dans la localité et dans la région et on a lancé un appel sur facebook. Nous avons également rendez-vous avec Marcourt (PS), mais on doute que ça nous apporte quelque chose de concret. On essaie aussi de sensibiliser Bacquelaine (MR, minstre des pensions et bourgmestre de Chaudfontaine, NDLR), après tout, c’est de sa commune qu’il s’agit.

    Ce que nous voulons, c’est que le groupe dont dépend le site nous rende plus de volume de production et nous donne des garanties d’investissement dans les usines qui produisent les pièces. D’autant que la santé financière du groupe Magotteaux est bonne. Sigdo Koppers (la multinationale qui possède le groupe) a dégagé 134 millions de bénéfice net en 2015, et sur le site de Magotteaux-Liège, la productivité a augmenté de plusieurs pourcents la même année. Il faut qu’ils arrêtent de nous faire croire n’importe quoi ; la seule chose qu’ils veulent, c’est gagner plus pour leurs actionnaire.

    Dans le même temps le gouvernement Michel clame créer des emplois grâce à sa politique. Qu’as-tu à dire à cela ?

    Il ne faut pas rire : la seule chose que ce gouvernement fait, c’est attaquer le monde travail, il ne joue que pour les riches. Peut-être qu’ils ont – et encore – créés quelques emplois dans des PME, mais les seuls emplois que leur politique peut créer, ce sont des emplois de merde, dans de mauvaises conditions de travail et mal payés. Chaque attaque que lance le gouvernement, c’est pour le patronat ; et leur but, c’est de dézinguer le monde ouvrier pour de bon.

    Comment peut-on arrêter ce gouvernement selon toi ?

    Dans un premier temps, les syndicats doivent s’organiser pour mettre le plus de gens possible dans la rue ; mais un jour d’un côté et un jour de l’autre, ce n’est pas suffisant. Il faut aussi arrêter de faire chacun son truc dans son coin. On a besoin d’un vrai plan d’action construit pour changer la donne. Ce gouvernement, il va continuer : il fonce droit devant. Il faut le faire sauter, sinon il ne s’arrêtera pas. Le plan d’action qu’on a là, il est trop saucissonné : on a besoin d’un vrai front commun, et les directions doivent plus écouter leur base pour qu’il soit vraiment efficace.

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    Café syndical à Liège : « Comment renverser ce gouvernement de malheur? » Ce mercredi 29 juin, 18h30,
    au Centre culturel “Le Zénith” (15, Rue Jean d’Outremeuse, 4000 Liège). Venez partager vos expériences et envisager la préparation d’un automne chaud contre Michel 1er avec des militants syndicaux et notamment GUSTAVE DACHE, vétéran du mouvement ouvrier à Charleroi. Métallo durant des années, il a été délégué à Caterpillar et à Citroën et a également très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61.

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    Menace sur l'emploi chez Magotteaux

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