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Category: Privé divers
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Travailleurs du bassin de Charleroi; tous ensemble avec les grévistes de Splintex!
Après plus de cinquante jours de grèves, la combativité est toujours bien présente. Pour rappel, la direction a décidé de congédier 284 travailleurs des 844 que compte l’entreprise, alors que 300 emplois avaient déjà disparus en 2000. La direction, prévoyant une réaction lors de l’annonce du licenciement, avait engagé, il y a plusieurs mois, des intérimaires afin d’augmenter la production et de constituer des stocks en prévision de la grève.
Alors que l’avenir est incertain pour Splintex, le pré-accord interprofessionel, signé par le patronat et les syndicats, outre l’augmentation de la norme salariale de seulement 4,5%, prévoit la possibilité d’augmenter les heures supplémentaires à 130 heures ( la loi de 71 limitait auparavant le nombre d’heures supplémentaires à 65). Ceci n’est plus très loin du retour aux 40 heures tant réclamées par le patronat ces derniers mois. Cette concession va provoquer la perte de plusieurs dizaines de milliers d’emplois en Belgique ! La lutte contre les licenciements à Splintex et la lutte pour l’emploi par la diminution du temps de travail sont liées comme deux faces d’une même pièce.
DU COTE DU PATRONAT ET DE SES LAQUAIS : UNE REPRESSION ECOEURANTE
Après les accusations de « prise d’otage de la direction » dans les journaux, ce fut au tour de cadres de l’entreprise de faire pression sur les ouvriers pour qu’ils reprennent le travail en leur téléphonant personnellement. La direction a établi une ‘liste grise’ des travailleurs à ‘évaluer’ régulièrement au sein de l’entreprise lorsqu’elle redémarrera (les délégués syndicaux et ouvriers actifs dans la grève). Quant au gouvernement, il a proposé l’organisation d’un «référendum démocratique» sur l’acceptation du plan de restructuration ou la fermeture de l’usine ! Même la justice s’en est mêlée, réclamant aux grévistes 5.000 euros par ouvriers qui serait empêcher d’accéder à son travail. Ces astreintes n’étaient qu’un premier pas avant l’intervention de la police ; 150 policiers avec matraques, auto-pompes et hélicoptère ont attaqué le piquet de grève en pleine nuit ce 19 janvier!
DU COTE DES TRAVAILLEURS : UN ELAN DE SOLIDARITE
Les ouvriers de Splintex ont pu compter sur la solidarité de délégations de tout le pays, cela autant lors de la manifestation régionale à Charleroi qui a rassemblé plus de 6.000 personnes que lors du piquet du 17 janvier où plus de 400 ouvriers étaient présents, dont de nombreuses délégations de Flandre mais aussi Bruxelles, Liège, … Le mardi 18 une assemblée générale, réunissant plus de 450 travailleurs a décidé le refus des restructurations et la poursuite de la grève. Seule cette assemblée à une légitimité, le référendum, sujet à des manipulations et tentatives de pressions, est une atteinte aux principes démocratiques des travailleurs.
Le comité de soutien qui fut constitué par des militants syndicaux combatifs avait organisé une soirée de solidarité ce mercredi 19 qui a réuni plus de 200 personnes. On pouvait autant y ressentir la combativité, que la rage envers les moyens utilisés pour casser le piquet de grève. Parmi les interventions des militants, on peut citer un délégué de la SONACA appelant à une mobilisation interprofessionnelle, … espérons que cela se traduira en actes. Pour le moment, seule les délégations des sites de GLAVERBEL ont effectivement lancé et débrayé par un appel à la grève de 24 heures.
CETTE LUTTE DOIT ETRE GAGNEE !
Comme le disait Silvio Marra, ancien délégué syndical des Forges de Clabecq également présent à la soirée de soutien: ‘Une lutte doit aboutir’ ; pour ne pas que soit perdu le sacrifice de chaque ouvrier en lutte ; pour ne pas que les ouvriers, leurs familles et leurs entourages ne soient abattus ou démotivés par une défaite; enfin pour que les ouvriers de tout le pays voient et sachent que le patronat n’est pas inébranlable, que l’homme n’est pas un esclave qui n’a qu’à subir l’arrogance d’exploiteurs dictant leurs lois. Les grévistes de Splintex ont posé un jalon important dans le renouveau de luttes combatives qui vont et doivent se développer les prochains mois et années en Belgique. La prochaine étape est de gagner à tout prix cette lutte, la fatigue, les pressions familiales et financières guettent les ouvriers de Splintex ; il est primordial pour les délégations et les ouvriers des entreprises de la région d’apporter leur soutien afin d’arracher une victoire : soutien financier, présence au piquet,…Il est également indispensable de mettre sur pied un véritable comité de grève pour continuer la lutte. L’appel à une grève régionale générale doit être utilisé comme outil de mobilisation et de pression sur le patronat.
POUR UNE GREVE GENERALE REGIONALE POUR L’EMPLOI ET LES DROITS SYNDICAUX
Cette grève doit d’abord être vue et planifiée afin d’aider les travailleurs de Splintex dans leur lutte ; une victoire des ouvriers de Splintex aura un impact immense régionalement et nationalement sur la confiance des travailleurs et sur leur capacité à rendre coup sur coup les attaques du patronat. Mais cette grève doit également aller plus loin : il faut se battre pour les droits syndicaux, le droit de grève, bafoués par la justice et la police. C’est un acquis fondamental de tous les ouvriers du pays qui est attaqué, une riposte de la part d’un maximum de syndicalistes et travailleurs du pays est nécessaire. En outre, les travailleurs doivent se mobiliser pour réclamer plus de l’accord interprofessionnel. Celui-ci prépare des centaines d’autres plans de licenciement tel que celui d’AGC-Splintex. Le potentiel de mobilisation pour arracher un meilleur accord interprofessionnel est présent ; le problème est l’absence de volonté des directions syndicales de l’utiliser. Les délégations syndicales des entreprises de la région doivent se mobiliser pour assurer la victoire des travailleurs de Splintex. Un plan d’action régional est nécessaire afin d’élargir la lutte de manière aussi efficace que possible et de la gagner avant que la pression ne retombe et pour ne pas que la fatigue ait raison de cette lutte.
-Aucun licenciement chez AGC-Automobile
-Stop aux attaques contre les droits syndicaux, non aux listes grises, non aux astreintes.
-Non aux conditions du pré-accord professionnel : pas de flexibilité mais 32h/semaine, sans perte de salaire et avec embaûche compensatoire et un salaire décent pour tous.Vous pouvez soutenir les travailleurs par votre présence au piquet de grève à l’adresse suivante: AGC Automotive, Zoning industriel, avenue du Marquis, 6220 Fleurus.
Pour contacter le comité de soutien : 071/ 56 14 11 (Gustave Dache).
Vous pouvez également donner un soutien financier à la délégation syndicale au compte suivant: 063-1589760-62 avec mention « soutien aux grévistes de Splintex »Marche des Jeunes pour l’emploi
En réponse à l’appel de Résistance Internationale, la campagne jeune du MAS, la CSC-jeunes, la FGTB-jeunes, la JOC et Résistance Internationale organisent le 19 mars une Marche desJeunes pour le Travail, l’Egalité et l’Enseignement Gratuit. Résistance Internationale a trois objectifs avec cette marche des jeunes :
1)Cela fait quelques années que les jeunes descendent massivement en rue pour protester contre les conséquences de la mondialisation capitaliste. Ces jeunes expriment un sentiment vivant dans des couches plus larges de la société ; nous voulons amener ces jeunes vers le mouvement ouvrier.
2) Les jeunes se sentent à peine impliqués dans le travail syndical ; avec la marche des jeunes, nous espérons que les syndicats renforceront leur attention vis-à-vis des jeunes et intéresseront en même temps les jeunes au travail syndical.
3) Au travers de la Marche des Jeunes, nous voulons mener la discussion sur la nécessité d’un parti des travailleurs indépendant et de la rupture des liens entre les syndicats, PS et CDh, qui mènent tous les deux la politique pour la bourgeoisie. -
ACG Automotive (Splintex): Cette lutte est aussi notre lutte
Ce lundi 17 janvier, il y avait un grand rassemblement de militants originaires de tout le pays au piquet de grève de Splintex à Fleurus, près de Charleroi. Le défi des grévistes est de taille. Après 48 jours de grèves, les huissiers et la police tentent de casser la grève.
La direction d’AGC automotive est décidée à entrer en confrontation de manière brutale. Le licenciement des 284 travailleurs fut la première attaque frontale. Nous soutenons la résistance contre l’agression patronale, cette lutte est aussi notre lutte.
Les "négociations" ne changèrent pas la politique patronale. La direction d’AGC Fleurus utilise même le tribunal pour déposer une requête unilatérale en exigeant des astreintes contre les grévistes. Ceux-ci résistent toujours en menant la lutte pour la sauvegarde de tous les emplois.
Lundi matin, plusieurs centaines de militants se sont réunis au piquet. L’huissier, qui s’est présenté, a dû faire demi-tour sous la pression des travailleurs. Ceux-ci redoutaient une réaction la police pour casser la grève et criminaliser le mouvement. La forte mobilisation, ce jour-là, a remonté le moral des travailleurs.
La Centrale Générale a mobilisé des délégations dans tout le pays. On annonçait que le secteur métal mobiliserait régionalement au piquet ce mardi matin. Plusieurs militants venant d’autres entreprises avaient déjà pris part aux piquets.
Cette mobilisation doit être un départ pour organiser une mobilisation la plus large possible. La lutte que mène les travailleurs de Splintex nous concerne tous. Elle met en avant, de manière claire, la politique du patronat et du gouvernement en Belgique aujourd’hui : licenciements et criminalisation de mouvements sociaux.
Vendredi passé, une « concertation » avec le ministère de l’emploi et du travail avait déjà eu lieu, mais elle n’a aboutit que sur le fait que la direction ne voulait faire aucune concession.
Cette politique patronale n’est pas seulement appliquée à Splintex. Il faut discuter de l’élargissement du mouvement. Il est nécessaire d’avoir une action locale comme une grève générale régionale. Cela pourrait catalyser la colère contre les astreintes et créer une plus grande solidarité.
Les piquets de grèves ont un caractère très combatifs et les travailleurs sont déterminés. Ils ne se laissent pas intimider par l’attitude agressive de la direction.
C’est un exemple important pour la lutte des travailleurs en Belgique. Nous appelons à participer aux piquets et à la fête de solidarité pour élargir le mouvement.
Mercredi 19/01 – 19h00 : fête de solidarité organisé par le comité de soutien – présence des militants syndicaux de la région.
La Ruche Verrière
Place Edmond Gilles
Lodelinsart
Prendre l’A54, direction Gilly/Lodelinsart, prendre la Chaussée de Châtelet direction Lodelinsart, prendre la deuxième rue à droite, au bout de cette rue le bâtiment est sur la place). Le piquet de grève est accessible par l’E42, (sortie 15 Fleurus), direction Charleroi-Gilly jusqu’au rond-point près du zoning industriel de Fleurus. Là il faut prendre la première à gauche. -
Mon emploi c’est ma tartine: on n’y touche pas!
ACG AUTOMOTIVE (Ex-SPLINTEX)
LES TRAVAILLEURS d’AGC Automotive (ex-Splintex) à Fleurus, en grève depuis le 1er décembre, sont plus déterminés que jamais à lutter pour défendre tous les emplois.
Guy Van Sinoy
En 2000, les ouvriers de Splintex ont connu une restructuration et perdu 300 emplois. En décembre 2001 le groupe japonais Asahi a pris le contrôle total du groupe Glaverbel. A l’époque, l’administrateur délégué, Luc Willame, déclara que cela n’aurait "aucun impact négatif sur l’emploi en Belgique" (La Libre Belgique, 16/12/ 2001).
En 2002 Glaverbel a fusionné AS Technology et Splintex, son département fabriquant des vitres pour le secteur automobile. Le nouvel administrateur de Glaverbel, Arthur Ulens, déclara que cela n’aurait pas d’impact sur l’emploi en Belgique. En plus de l’usine de Fleurus, le groupe fabrique des vitres pour voitures en Italie, en France et en Tchéquie. En juin 2004 à l’occasion d’un Comité d’entreprise européen, la direction a réaffirmé qu’elle n’avait pas l’intention de supprimer des emplois.
Jeudi 2 décembre 2004, la direction d’AGC Automotive Europe (plus connu sous le nom de Splintex) a annoncé par courrier la suppression de 284 emplois (sur 844!), la fermeture d’un four produisant des vitres latérales, le recours à la soustraitance et à l’intérim pour absorber les variations de la demande. Pour certains, c’est l’épouse qui a ouvert le courrier et qui a téléphoné à l’usine pour prévenir le mari, pensant qu’il avait perdu son emploi. Les travailleurs sont partis immédiatement en grève et on retenu une partie de la direction dans l’usine.
"Séquestration! Prise d’otages!" ont hurlé les patrons et les médias à leur botte. En réalité ce sont les travailleurs qui sont pris en otages par la multinationale et ses men-songes à répétition. Après 24 heures, l’assemblée générale des travailleurs a voté pour que les directeurs retenus puissent se rendre à Bruxelles à une réunion de négociation.
A l’assemblée générale du 16 décembre, après deux semaines de grève, les délégués syndicaux ont annoncé aux travailleurs que la direction refusait de revoir sa position. Des actions sont prévues auprès des sous-traitants où sont stockés les produits finis.
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Explosion du gazoduc à Ghislenghien. La fatalité a bon dos
Explosion du gazoduc à Ghislenghien
LE 30 JUILLET à 8h55 une conduite de gaz naturel sous haute pression (80 bars) passant sous le zoning industriel de Ghislenghien explose, fait 21 morts (à ce jour) et plus d’une centaine de blessés dont certains dans un état critique. Une colonne de flammes, haute de plusieurs dizaines de mètres, s’élève dans le ciel tandis que le morceau de conduite (3 tonnes) qui a explosé est projeté à 150 mètres. Sous l’effet de l’onde de chaleur les circuits électriques de bâtiments situés à plusieurs centaines de mètres de l’explosion fondent. Certaines victimes (travailleurs à l’ouvrage sur le zoning, pompiers, automobilistes circulant à proximité de la catastrophe) tentent de fuir la fournaise et seront retrouvées gisant dans les champs calcinés autour du zoning.
Guy Van Sinoy
L’enquête pour déterminer les causes de la catastrophe sera longue. Mais d’ores et déjà un certain nombre de faits sont accablants. Comment expliquer que l’on permette d’installer un zoning audessus d’un gazoduc à haute pression? L’alerte a été donnée à 8H30, mais aucune évacuation du site n’a été organisée. Les pompiers, policiers et techniciens d’Electrabel, envoyés sur le lieu du drame quelques dizaines de minutes plus tôt (on avait signalé une fuite de gaz) ignoraient qu’il s’agissait d’une conduite de 90 cm sous haute pression (plus de 400 m3 de gaz transportés par seconde sur une distance de 145 km!). Pire: le permis délivré en septembre 2003 à la société Diamant Boart (dont les installations en construction ont été anéanties par l’explosion) parlait de la présence d’une conduite de gaz dans le sous-sol mais on n’en trouvait pas la moindre trace dans la modification du plan de secteur de 1993. Le morceau de conduite qui a explosé porte les traces de griffes d’un engin de terrassement (pelleteuse, bulldozer).
La Confédération de la Construction flamande (VCB) a demandé, à la suite de cette catastrophe, un inventaire complet et précis de toutes les canalisations souterraines qui sillonnent les trois régions du pays. Car sous le bitume c’est la jungle! Les sociétés de distribution (Belgacom, les sociétés de distribution d’eau, de gaz et d’électricité) interviennent de façon anarchique. Avec la libéralisation des marchés des télécommunications, du gaz et de l’électricité, le nombre de sociétés et d’organismes intervenant va augmenter et encore plus compliquer la gestion du sous-sol de notre pays qui compte déjà 400.000 km de conduites souterraines.
La catastrophe de Ghislenghien est au transport du gaz ce que le naufrage de l’Erika est au transport du pétrole par bateau. Dans un monde où règnent l’anarchie capitaliste, les lois de la jungle, la course effrénée au profit il est utopique de croire que les compagnies privées sont disposées à produire et à transporter l’énergie (charbon, pétrole, électricité, gaz, nucléaire) en toute sécurité. Car cette sécurité a un prix et elle pèse lourd sur la rentabilité et les profits.
La seule façon de garantir que la production, le stockage et la distribution de l’énergie se fassent en respectant l’environnement ainsi que la sécurité des travailleurs et des riverains est de nationaliser le secteur sous contrôle ouvrier et sous le contrôle de la population.
Un dernier point était choquant. Les obsèques nationales des victimes, le 4 août, n’étaient organisées que pour 7 des victimes: 5 pompiers, un policier et un employé d’Electrabel. Pas pour les ouvriers de Diamant Boart tués sur leur lieu de travail. Pourquoi cette discrimination indécente? Toutes les victimes n’avaient-elles pas droit à la même considération?
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“La flexibilité à fond la caisse!”
Les nouveaux esclavagistes
CHAQUE JOUR des dizaines de milliers d’intérimaires travaillent dans les entreprises de Belgique. Engagés la plupart du temps pour une durée d’une semaine, ce sont des travailleurs sans droits car la moindre protestation entraîne le non renouvellement du contrat. Nous avons rencontré un travailleur intérimaire qui nous parle de ses conditions de travail. Comme il a besoin de travailler pour vivre, il a préféré garder l’anonymat. Nous l’appellerons donc René.
Propos recueillis par Guy Van Sinoy
Quand nous écrivons que les travailleurs intérimaires sont surexploités, certains pensent que nous exagérons. Peux-tu parler de ton expérience?
René: Une mauvaise expérience dont je peux parler, c’est chez Mamma Lucia, une entreprise du zoning de Nivelles qui fabrique des lasagnes industrielles. La première chose qui frappe en entrant dans la boîte, c’est que la majorité des travailleurs sont intérimaires, ce qui est déjà illégal. En effet, la loi ne permet le recours aux intérimaires que pour remplacer des travailleurs contractuels malades ou en congé, ou encore en cas de travail exceptionnel. Chez Mama Lucia, l’exception est la règle!
Deuxièmement: tu sais quand tu rentres mais tu ne sais pas quand tu sors. Il n’y a pas d’heures fixes (Ce qui est illégal car les horaires doivent être fixés par le règlement de travail décidé par le Conseil d’entreprise. ndlr). Si tu es en équipe d’après-midi, tu commences à 14h mais tu peux finir à minuit, 2h ou 4h du matin selon les besoins de la production.
Cela fait donc parfois des journées de travail de plus de 12 heures?
Cela m’est arrivé de rester au travail plus de 14 heures, mais eux ne comptent pas comme cela. Mon travail consistait à emballer les plats préparés sortant de la machine. Quand la machine de la production a du retard, on doit attendre à la cafétéria mais on n’est pas payé. Il se peut que l’on doive rester 1h15 à la cafétéria sans que cela ne soit considéré comme temps de travail.
C’est le secteur de l’alimentation? Quel était le salaire horaire?
Cela tournait autour de 10 euros de l’heure. Les primes d’équipes sont minimes: après 22 heures la prime est de 15%.
En quoi consistait ton travail?
Les plats préparés sortent de la chaîne et il faut les mettre à la main dans des plastiques qui sont pressés puis cela passe dans une machine qui étiquette. C’est assez stressant car il faut suivre le rythme, debout, avec masque, bottes et gants.
Il n’y a pas de syndicat dans cette entreprise?
Je n’ai jamais vu de délégué. Je suppose que le poids syndical doit être faible, voire nul, car la majorité des travailleurs sont intérimaires. Sans compter les employés qui sont dans les bureaux, j’estime qu’il doit y avoir une centaine d’ouvriers au travail dans cette usine dont 2/3 d’intérimaires.
Comme les travailleurs sont en contact avec des denrées alimentaires, je suppose que les intérimaires passent – c’est prévu par la loi – un examen médical pour vérifier s’ils n’ont pas de maladies contagieuses?
Oui, c’est possible, mais on ne m’a jamais fait passer d’examen médical! On m’a juste demandé d’avoir les mains propres!
Où trouve-t-on ces lasagnes dans le commerce?
Tu vas rire car c’est le même produit qui est emballé sous des noms différents: Mamma Lucia, Carrefour, GB. Tout à coup on arrête la chaîne, on change les étiquettes et on remet la chaîne en route!
Tu étais engagé à la semaine?
C’est même pis car ils font des contrats à la journée. Sur la semaine on te fait quatre contrats d’une journée car souvent on ne travaille pas le vendredi. C’est vraiment la flexibilité à fond la caisse!
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Sigma Coatings et Alstom. Pourquoi les conflits sociaux se durcissent
Sigma Coatings et Alstom.
FIN NOVEMBRE 6 membres de la direction de Sigma à Manage (Hainaut) ont été retenus dans les locaux de l’entreprise par les travailleurs en grève. Quelques jours plus tard la direction d’Alstom à Beyne-Heusay (Liège) subissaient le même sort.
Eric Byl
En février les cadres de Cockerill Sambre ont enfermé le directeur général Alain Bouchard et quelques membres de la direction à l’université de Liège. Un peu plus tard les travailleurs de Tihange faisaient de même. Dans les années 80 les travailleurs de la FN avaient aussi retenus la direction pendant deux jours. Beaucoup de militants syndicaux connaissent l’un ou l’autre exemple où les travailleurs ont bloqué des responsables de la direction dans des locaux lors de situations difficiles.
La presse a réagi avec une indignation sélective, surtout en Flandre. Le patronat flamand (Vlaams Economisch Verbond, VEV) veut imposer la personnalité juridique aux syndicats et saisir les caisses de grève car elles "paient des gens qui mènent des opérations criminelles". Le ministre de l’Intérieur, Dewael, aurait voulu une intervention de la police fédérale. L’hebdomadaire Knack a commenté: "Le bourgmestre socialiste de Manage, Christian Gibeau, a eu raison de ne pas vouloir l’intervention de la police. Cela aurait mené à une situation sans issue". Afin de parer à l’explosion sociale, la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) n’a condamné que discrètement les "actions sociales illégales." Knack et les stratèges les plus futés de la bourgeoisie n’ont pas voulu mettre de l’huile sur le feu.
Depuis des mois et des années les familles des travailleurs sont confrontées aux restructurations d’entreprises, aux délocalisations et aux fermetures. Rarement les clauses légales et les conventions collectives ont été respectées. Pour un rien les patrons ont fait appel aux tribunaux pour infliger des astreintes astronomiques aux piquets de grève. Les briseurs de grève ont même parfois été déposés par hélicoptère dans l’enceinte d’entreprises en grève, pour éviter de devoir franchir les piquets et les occupations d’usines sont attaquées sur le plan juridique sous le motif de "viol de propriété privée".
Dans la pratique, beaucoup de patrons ont enterré tout dialogue social. Leurs méthodes dignes du 19e siècle battent cependant de l’aile. Dépossédés de leurs moyens de luttes traditionnels, les travailleurs choisissent d’autres voies, même si cela doit parfois aboutir à une confrontation plus musclée. En juillet 2000, on a même vu les travailleurs de Cellatex à Givet (France), confrontés à une fermeture de leur usine, menacer de verser de l’acide dans la rivière si on ne voulait pas les entendre. Les travailleurs de Adelshoffen à Strasbourg, placés dans une situation identique, ont menacé, de leur côté, de carrément faire sauter l’usine.
Comparé à cela, l’action des travailleurs de Sigma apparaît comme presque banale. En mai 2003, la direction avait annoncé la suppression de 73 emplois. Après 7 jours de grève un pré-accord avait été signé: prépension à 50 ans, départs volontaires, crédit temps, baisse de salaires de 15%. Début novembre, la direction a annoncé qu’elle ne respecterait pas l’accord signé et que l’âge de la prépension serait rehaussé à 52 ans. Une tentative de conciliation a échoué le 17 novembre. Tous les employés ont alors été renvoyés chez eux pendant une semaine et la direction a disparu. Les ouvriers restés sur place ont assuré le maintien de l’outil de cette usine classée Seveso sans recevoir la moindre directive de la direction.
Le 24 novembre la direction a convoqué un conseil d’entreprise extraordinaire où elle a annoncé une nouvelle restructuration avec 159 pertes d’emploi (sur 279!) sans plan social. Les travailleurs en grève ont alors retenus 6 membres de la direction dans les locaux pendant trois jours pour imposer une négociation. La direction a signé un accord où elle reconnaissait le droit des travailleurs d’occuper l’usine et de bloquer les stocks de matières premières et de produits finis. Elle s’engageait aussi à ne pas faire appel aux forces de l’ordre et à rediscuter de la prépension à 50 ans.
Le 17 décembre à la manifestation régionale pour l’emploi à La Louvière, les travailleurs de Sigma étaient au premier rang. Les responsables syndicaux régionaux ont parlé de reconversion, mais n’ont rien dit sur le maintien de l’emploi. Le bourgmestre PS de La Louvière et le secrétaire régional de la FGTB ont tempêté contre les multinationales mais n’ont pas dit un mot sur une reprise de l’usine par la Région wallonne. Pas de mots d’ordre pour mobiliser les travailleurs de la région, ni pour lancer une grève régionale de solidarité. Avec d’autres si piètres dirigeants syndicaux on peut comprendre que les travailleurs iront parfois jusqu’au bout pour ne pas rester sur le carreau.
L’action des travailleurs de Sigma a été la dernière issue qu’il leur restait, une meillieure option que la concertation syndicale des appareils syndicaux qui mène à la défaite. Tout comme les exemples de Cellatex ou Adelshoffen, avoir retenu la direction dans les locaux fait partie d’un autre type de syndicalisme: le syndicalisme de combat. C’est souvent un type d’action qui a lieu quand la lutte est en recul, quand il faut vendre sa peau le plus chère que possible. Cela peut débloquer une situation, mais si le rapport de forces n’est pas en leur faveur la bourgeoisie peut passer à la contre-offensive par la répression.
Retenir la direction dans les locaux, ou d’autres types d’actions "radicales", ne peut cependant être une tactique payante que si elle ne nuit pas l’unité des travailleurs et celle des travailleurs avec la communauté locale. Cela doit être subordonné à la stratégie générale du syndicalisme de combat: meetings de masse dans les entreprises, grèves de solidarité, envoi de délégations de grévistes aux entreprises de la région, mobilisation de la population, mise sur pied de comités de grève et de solidarité.