Category: Privé divers

  • La crise des soins est loin d’être terminée… Continuons le combat !

    Face à la grande solidarité dont bénéficie le personnel soignant, le gouvernement a bien dû lâcher du lest et donner au moins l’impression de s’attaquer aux pénuries. Un milliard d’euros supplémentaires a été mis à disposition des soins de santé. Pour le chef de groupe CD&V à la Chambre Servais Verherstraeten : ‘‘La paix sociale dans ce secteur peut avoir ce prix’’. Ces fonds sont évidemment les bienvenus… mais ils surviennent après que 2,3 milliards d’euros aient été économisés sous la direction de la ministre De Block ! Cet été, la question des soins s’est imposée lors des débats politiques des Fêtes de Gand (diffusés en streaming). L’un des intervenants était l’infirmier Bart Van der Biest. Voici ci-dessous quelques extraits de son intervention.

    Les hôpitaux sont-ils prêts pour une deuxième vague ?

    ‘‘Tout le monde dans le secteur des soins a rapidement senti que les médias et les responsables politiques concentraient leur attention sur les hôpitaux. Non pas que cela se soit passé si bien que cela : les mesures de sécurité ont été modifiées presque tous les jours. De plus, nous avons dû adapter notre façon de travailler en raison des pénuries : par exemple, nous avons dû recycler du matériel de protection à usage unique. Les hôpitaux ont dû établir un plan pour se procurer du matériel de protection. L’un des avantages des réseaux hospitaliers est que certains grands hôpitaux ont créé leurs propres ateliers pour fabriquer leurs propres masques et approvisionner les autres hôpitaux du réseau. Mais même comme cela, le service des achats de l’hôpital était essentiellement occupé à chasser des masques.

    ‘‘Le personnel soignant supposait bien qu’une deuxième vague allait arriver. Beaucoup espéraient que ce ne serait pas avant octobre ou novembre, afin d’avoir le temps de se rétablir. Il faut imaginer ce que cela représente de se promener dans une salle Covid pendant 8 ou 11 heures dans une combinaison d’astronaute quand il fait chaud ! De nombreux collègues vivent sous adrénaline depuis des mois. On peut craquer à n’importe quel moment, très certainement lorsqu’il n’y a pas de période de récupération. En termes de logistique et de structure, les hôpitaux sont préparés pour une deuxième vague, souvent en se rendant compte qu’elle peut s’étaler dans le temps. Ce sont les capacités du personnel qui posent problème. On ne peut pas tirer indéfiniment sur l’élastique. Tôt ou tard, il casse. Pendant la crise sanitaire, le personnel de santé a été très flexible, mais il y a des limites à cela.’’

    Comment faire évoluer les soins ? Et qu’est-ce qui doit changer ?

    ‘‘Cela devra se faire de bas en haut, par des actions et une mobilisation organisées par le personnel soignant. La large solidarité avec le personnel peut être mise à profit comme une opportunité pour remettre en question toute l’organisation actuelle du secteur.

    ‘‘Après la crise de 2008, le monstre du néolibéralisme a frappé la santé de plein fouet. Désormais, les soins ne sont plus considérés que sous l’angle budgétaire : pour obtenir de bons chiffres, il faut faire des économies et le secteur des soins est examiné à la loupe. Il ne s’agit plus des soins, mais d’un équilibre comptable.

    ‘‘Pour y parvenir, on attend de plus en plus du personnel soignant qu’il devienne un robot. On assiste à une industrialisation des soins de santé : moins de ressources signifient ‘‘rationalisation’’ afin de réaliser des ‘‘gains d’efficacité’’. Le processus de soins est divisé en petites parties avec des mécanismes de contrôle. Le patient est, en quelque sorte, placé sur un tapis roulant et une action est effectuée ici et là. La formation parle d’une approche holistique , mais la pratique est complètement différente. Cette différence entre la théorie et la pratique rend plus difficile la recherche de nouveaux travailleuses et travailleurs.

    ‘‘D’autre part, cette industrialisation signifie que les pratiques de gestion des secteurs à but lucratif sont maintenant transférées au secteur à but non lucratif. Quand j’ai commencé ma carrière d’infirmier il y a 20 ans, nous avions un comité exécutif, un bureau avec des cadres intermédiaires et ensuite les chefs de département. C’était la fin de l’histoire. Maintenant, il y a toute une série de responsables. Autour du conseil d’administration existent toutes sortes de postes aux noms anglais qui sont très coûteux. En dessous, il y a toute une armée de managers. Au lieu d’un bureau avec des cadres intermédiaires, il y a un couloir complet. Les chefs de service sont censés gérer leur équipe sans eux-mêmes pratiquer des soins, mais en raison du manque de personnel, cela n’est pas possible. Cela conduit à de nombreux cas d’épuisement professionnel. Au final, on a une sorte ‘‘d’armée mexicaine’’ avec plus d’officiers que de soldats. On ne peut pas gagner une guerre comme ça…

    ‘‘Les partis traditionnels sont favorables à l’accroissement du privé dans les soins de santé. Il suffit de penser au système d’accréditation par le biais duquel de coûteux consultants de grandes entreprises privées effectuent un contrôle des frais de l’établissement de santé afin d’attribuer des labels qui ont plus à voir avec le cadre qu’avec les soins, comme l’uniformisation de tous les casiers du personnel. Cela ne sert qu’à donner aux entreprises privées la possibilité de faire de gros profits. Pourquoi le contrôle des soins n’est-il pas organisé et effectué par la collectivité elle-même ? Il faut davantage de moyens pour les soins et ces derniers doivent effectivement être affectés aux soins eux-mêmes.

    ‘‘Aujourd’hui, la commercialisation, très certainement en Flandre où elle est le plus avancée, signifie que les bénéfices vont aux structures privées alors que la collectivité supporte les coûts. La libéralisation et la privatisation ne conduisent pas à des soins plus accessibles ou moins chers, mais à des soins plus coûteux. Nous devons payer plus pour moins de services : c’est ce que signifient les politiques néolibérales. D’autre part, nous devons défendre un secteur des soins aux mains du secteur public, afin qu’il ne soit pas une vache à lait pour des intérêts de profit privé, mais que des soins chaleureux et humains puissent occuper le devant de la scène”.
    Les moyens supplémentaires promis répondent-ils au mécontentement dans le secteur ?

    ‘‘La méfiance du personnel soignant envers la politique et les employeurs est grande. Par exemple, chaque accord social est appliqué avec beaucoup de retard. Par exemple, le droit de prendre trois semaines de congé consécutives est sur la table des négociations depuis de nombreuses années, mais cela n’a toujours pas été concrétisé.
    ‘‘L’accord historique d’un milliard d’euros pour le secteur fédéral de la santé est encore loin d’être gagné. Sur ce montant, 600 millions d’euros doivent encore être votés au Parlement fédéral en septembre. Après cela, tout doit encore être négocié en détail et converti en conventions collectives. Le précédent accord social d’octobre 2017 nous apprend que c’est l’étape la plus difficile.

    ‘‘Il faudra encore voir ce qui arrivera sur le terrain, surtout avec une deuxième vague. Le scepticisme est largement répandu et beaucoup de gens sont fatigués d’attendre. Nous devrons intensifier la pression pour obtenir plus de mains, plus de salaire et des soins attentionnés au lieu d’une industrie des soins de même qu’un renforcement de la sécurité sociale’’.

  • Foyer de coronavirus et grève à Inbev-Jupille : « On est sacrifiés pour la production »

    Un foyer de coronavirus a été détecté sur le site de la multinationale AB-Inbev à Jupille, en région liégeoise. Dix travailleurs sont touchés. L’un d’eux, Carlo, est actuellement entre la vie et la mort. Le message de la direction est simple : « la vie continue ». Une grève a été déclenchée jeudi 3 septembre dernier. L’attitude de la direction est inacceptable : qu’elle aille dire que « la vie continue » à la famille de Carlo ! Comme pour mieux illustrer son manque d’humanité, la direction a envoyé un huissier au piquet ce dimanche soir et ce lundi matin.

    Ce lundi matin, au piquet de grève, la colère est palpable. « Il n’y a plus d’humanité, il n’y en a que pour l’argent. C’est une entreprise à milliards, pour eux, on n’est que des numéros. Et nos enfants, que vont-ils devenir si on laisser passer ça ? » On se rappelle bien parmi les travailleurs qu’il avait déjà fallu entrer en action pour imposer les premières mesures de sécurité. Et quelle était l’attitude de la direction à l’époque ? « Le responsable des ressources humaines est sorti nous dire qu’en Italie, on travaillait ! Mais on mourrait aussi en Italie ! On est sacrifiés pour la production, il n’y a que ça qui compte. » Evidemment, à ce moment-là, les grosses têtes de la direction ne se pressaient pas sur le site…

    Un autre travailleur ajoute : « La direction ne fait pas preuve de la moindre humanité, mais ce n’est pas neuf. Dans les conditions de travail de manière générale, il y a une dégradation et un relâchement au niveau de l’hygiène et de l’entretien. C’était visible bien avant l’arrivée du Covid19. Avant, on faisait des révisions sérieuses du matériel. On prenait le temps pour ça. Mais on économise sur tout aujourd’hui, notamment au travers d’un système d’enveloppes, de budgets, pour chaque secteur. »

    Chaque participant au piquet est bien entendu scandalisé par l’envoi d’un huissier. A cela s’ajoutent encore des coups de pression par sms de la part de la hiérarchie, y compris des coups de téléphone : « Le retour au travail en toute sécurité est assuré à la brasserie. Tous les résultats connus des tests effectués jeudi sont négatifs. Nous vous rappelons que si vous ne travaillez pas, vous ne serez pas payés. Soyons positifs et reprenons rapidement le travail pour assurer le futur de Jupille en continuant le respect strict des mesures COVID-19. » Rester positif dans ces conditions ? Si les travailleurs n’étaient pas entrés en grève, combien de personnes infectées aurait-il fallu avant que quelque chose ne soit fait ? 50 ? 100 ?

    Au piquet, nous rencontrons également des militants du PTB, dont Raoul Hedebouw. Au cours de l’échange que nous avons, il explique : « Ça explique bien à quel point le grand patronat s’en fout. Ça fait deux semaines qu’on a des échos inquiétant du terrain. Deuxièmement, on voit bien que quand les travailleurs résistent, on envoie les huissiers. C’est une justice de classe. »

    La FGTB exige le départ de la direction des Ressources Humaines ainsi que celui du responsable de la Sécurité. Patrick Rehan, Secrétaire Régional FGTB Horval, a expliqué à la presse « On a des éléments qui prouvent qu’ils ont commis des erreurs dans la gestion de cette situation. Ces personnes ne peuvent plus faire partie de l’entreprise. On n’a plus confiance. (…) La direction met la pression. Elle envoie des sms à des travailleurs en grève pour leur demander de reprendre leur poste. Mais on tient bon, on ne bougera pas. »

    Les messages visant à pousser les grévistes à reprendre le travail et l’envoi d’un huissier représentent des entraves graves au droit à la grève ! Cela illustre très clairement le chemin suivi par le patronat dans ce contexte de crise sanitaire et économique. Il faut riposter et construire un rapport de force contre chaque atteinte aux droits de travailleurs. La manifestation de la santé appelée par le réseau d’action militant La Santé en Lutte et qui se tiendra ce dimanche à Bruxelles peut constituer une bonne étape dans cette direction. Rendez-vous ce 13 septembre à 13h au Mont des Arts à Bruxelles (à côté de la gare centrale) !

  • Secteur du vêtement : Le personnel mis sous pression et parfois jeté par-dessus bord

    Même avant la pandémie, les chaînes et les boutiques de vêtements ne ménageaient pas leurs efforts pour faire du profit. Le confinement et les restrictions ultérieures ont aggravé la situation. Certaines chaînes ont demandé une protection contre leurs créanciers ou ont fait faillite. Il s’agit notamment de E5-Mode, Brantano et Camaïeu. Chez les employés qui ont souvent travaillé pour la même enseigne pendant des années, c’est maintenant la panique.

    Par Thomas (Gand)

    La concurrence dans le secteur de la vente de vêtements est féroce depuis de nombreuses années. Les marges bénéficiaires sont limitées mais les patrons essaient quand même de maximiser les profits. Une des façons d’y parvenir est d’économiser sur les coûts de production : beaucoup de vêtements sont fabriqués en Asie dans des ateliers clandestins où un salaire mensuel de 50 euros n’est pas exceptionnel. Ici, le personnel des boutiques de vêtement est aussi exploité car les contrats à temps partiel et les horaires flexibles sont monnaie courante.

    Certaines (la grande majorité du personnel de ce secteur sont des femmes) travaillent quelques heures par jour, six jours par semaine. Les contrats à durée indéterminées sont de plus en plus remplacés par des intérimaires et des étudiantes.

    Le prétexte invoqué pour imposer un tel dumping social est que ‘‘les clients veulent des vêtements bon marché’’. Les meilleurs mensonges ont toujours un fond de vérité : bien sûr, les personnes qui ont du mal à joindre les deux bouts préfèrent les vêtements moins chers. Mais il ne s’agit pas de cela pour les actionnaires : ils veulent tout simplement augmenter leurs profits. On joue avec les chaînes de magasins comme s’il s’agissait d’un monopoly. Une société mère ou un groupe d’investisseurs achète une nouvelle marque, la restructure, oblige le personnel à travailler de manière encore plus flexible, après quoi la marque est rapidement revendue. Cela rend impossible toute vision à long terme.

    Lorsqu’il s’est avéré que les choses n’allaient pas bien chez Camaïeu, la société mère française Camint (Camaïeu International) a exigé le transfert du capital en France, après quoi le sauvetage de la filiale belge est devenu très difficile. Il est possible que cela fasse partie d’un rachat lucratif, le précédent CEO et actionnaire Soënen étant un acheteur potentiel. Avec la vente de Brantano et d’autres entreprises du groupe d’investisseurs FNG, il est clair que le montant déposé sur la table compté plus que le nombre d’emplois à sauver.

    La concurrence n’a bénéficié qu’aux actionnaires. Les nouvelles acquisitions et restructurations ne profiteront ni au personnel ni aux clients. Une flexibilité encore plus grande est intenable : déjà maintenant, les quelques heures travaillées chaque jour sont encombrées de tâches qui rendent la charge de travail insoutenable.

    Des contrats de travail et des salaires décents, est-ce impossible ? Ouvrons les livres de compte pour que le personnel puisse vérifier ! Il est préférable que le personnel planifie lui-même l’organisation du travail. De cette manière, la charge de travail peut enfin devenir soutenable et les contrats à temps plein possibles pour ceux et celles qui le souhaitent.

    Mais cela ne tombera pas du ciel. Il faut s’organiser dans les magasins où des licenciements ou des fermetures sont prévus ainsi que dans le reste du secteur. En Irlande, le personnel de la chaîne Debenhams a récemment donné l’exemple en luttant quatre mois durant contre la menace de fermeture des magasins de la chaîne. Grâce au rapport de forces le gouvernement a dû tenir compte des travailleurs.

    Avec des revendications offensives, il est possible de mobiliser les collègues de l’entièreté du secteur : un salaire minimum de 2.300 euros brut par mois, des contrats à plein temps pour ceux et celles qui le souhaitent, des contrats à durée indéterminée, des horaires respectant la vie privée et communiqués au moins trois mois à l’avance, suffisamment de collègues dans le magasin,… Bien évidemment, tout cela s’oppose aux intérêts des patrons. C’est à nous d’imposer cela !

  • La Santé en Lutte : Actions “Tournons leur le dos” réussies !

    Liège

    Ce dimanche, des centaines de personnes ont répondu à l’appel du groupe d’action militant La Santé en Lutte pour des rassemblements à Bruxelles, Charleroi, Liège et Namur afin tout à la fois de revendiquer un refinancement massif des soins de santé et de dénoncer la gestion scandaleuse de la crise Covid-19 de la part des autorités belges.

    Ces rassemblements se sont partout extrêmement bien déroulés en dépit de la pression policière et du refus d’accorder des autorisations. Comme le souligne très justement La Santé en Lutte : ‘‘Le droit de manifester, entre autres repris dans la Convention européenne des Droits de l’homme, est l’un des droits les plus fondamentaux en démocratie. Nous devons reprendre la rue et défendre nos conditions de travail, une augmentation des effectifs, nos salaires, l’accès aux soins, etc. La crise covid-19 n’est bien sûr pas finie et il est important d’en avoir conscience. Si nous sortons dans la rue nous devons le faire en garantissant notre sécurité sanitaire. Mais aujourd’hui il n’y a plus de raison de faire reprendre le travail et la consommation et continuer à interdire la lutte sociale.’’

    Et les raisons de reprendre le chemin de la lutte ne manquent pas, très certainement dans la santé ! Au micro de BX1 lors du rassemblement de Bruxelles, Naïma expliquait : “J’ai pas signé pour sacrifier ma vie. J’ai signé pour soigner des gens ! On est clairement de la chair à canon !” Stephen, membre de La Santé en Lutte, précisait quant à lui : ‘‘Avant le Covid, 1/3 des infirmiers et infirmières étaient à risque de burnout, aujourd’hui c’est 2/3 ! On voit les soignants tomber comme des mouches.’’

    Sur RTL, il précisait : ‘‘Le secteur des soins de santé pâtit depuis des années d’un sous-financement qui s’est révélé plus flagrant encore pendant la crise sanitaire liée au Covid-19. À certains moments, nous devions choisir qui allait porter un masque et qui pas. Le personnel des soins de santé et les personnes vulnérables ont été complètement oubliés.”

    Aux divers rassemblements, les pancartes et banderoles artisanales exprimaient une profonde colère : “le gouvernement compte ses sous, nous comptons les morts” ou encore “Maggie tue les soins”. A Liège, le PSL, qui était présent à chacun des divers rassemblements, est intervenu notamment avec une banderole sur laquelle était inscrit : ‘‘Le capital tue l’hôpital – Du blé pour la santé !’’

    La réussite de ces rassemblements est de très bonne augure pour la Grande manifestation de la santé appelée par La Santé en Lutte pour le mois de septembre prochain, une initiative qui a le potentiel de réunir des milliers de personnes derrière le personnel de la santé.

    Bruxelles

    Vidéo de La Santé en Lutte

    Vidéo du PSL-Liège

  • 14 juin : Action de La Santé en Lutte “Tournons leur le dos”

    Appel de La Santé en Lutte // Événement Facebook

    Rassemblons-nous pour faire une haie de déshonneur le dimanche 14 juin à 14h :

    • A Bruxelles, dos au cabinet De Block et au ministère de la Santé (Boulevard du Jardin Botanique 50, 1000 Bruxelles)
    • A Charleroi, dos au ministère de la Finance (Rue Jean Monnet 14, 6000 Charleroi)
    • A Liège, dos au MR (Vinâve d’Ile 9 , 4000 Liège)

    ? Venez avec vos banderoles, vos slogans, vos masques, votre blouse blanche, verte, noire, rouge, enfin, venez comme vous êtes !

    – Parce que Maggie de Block a cru qu’elle pouvait nous réquisitionner comme des pions, tournons-lui le dos.
    – Parce que Sophie Wilmès ose dire qu’elle écoute et comprend la souffrance des soignant·e·s après avoir amputé le budget de la santé de 900 millions d’euros, tournons-lui le dos.
    – Parce que l’Etat a laissé mourir nos ainé·e·s dans des conditions inhumaines, tournons-lui le dos.
    – Parce que nous sommes en colère contre la gestion de cette crise et la mise en danger systématique des travailleur·euse·s de première ligne, tournons-leur le dos.
    – Parce qu’on nous a envoyé soigner sans matériel, sans masque, sans effectif suffisant, tournons-leur le dos.
    – Parce que le gouvernement a minimisé les risques pour pouvoir rationner le matériel de protection, tournons-lui le dos.
    – Parce qu’ils ont maintenu l’activité économique tant qu’ils le pouvaient, au péril de nos vies, tournons leur le dos.
    – Parce qu’on ne fait pas de bénéfices ni d’économies sur la maladie, tournons le dos à la marchandisation !
    – Parce que la sécurité sociale n’est pas une variable d’ajustement, tournons le dos aux politiques d’austérité !
    – Parce que nos dirigeants nous traitent avec mépris, rassemblons-nous pour leur tourner le dos.

    Ce monde politique et ses ambitions financières ne nous représentent pas !

    Contre le retour à l’anormal renversons la table de monde marchand pour construire un « après » plus juste, plus humain, plus démocratique, plus égalitaire.

    Luttons pour un accès à des soins de qualités pour toutes et tous.

    Luttons pour un renforcement de nos métiers et de nos salaires, pour une révision des normes d’encadrement, pour une démocratie dans nos institutions de soins, pour plus d’effectifs, pour des contrats stables, pour une santé basée sur l’humain plutôt que sur les chiffres, pour une sécurité sociale forte, …

    ? Revendications de La Santé en Lutte : https://lasanteenlutte.org/nos-revendications/

    Respectons la distance physique et les gestes barrières.

    ? Si vous voulez organiser un rassemblement dans un autre lieu, dans votre ville, contactez La Santé en Lutte !

  • Liège “La Santé A Du Sens”

    Ce mardi 2 juin, le SETCa – Groupe Santé CHC- délégation hôpitaux avait appelé à un rassemblement à Clinique CHC MontLégia. Plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des membres du personnel, avaient répondu à l’appel.

    Ce rassemblement défendait l’engagement de plus de personnel, l’amélioration des salaires, la garantie d’équipement de protection pour toutes et tous, que plus de temps soit accordé pour être au chevet des patients, qu’il y ait moins de stress pour les soignants,… en bref : “rendre du sens à ces métiers qui ont du sens”. Ce rassemblement était bien entendu très utile pour mener campagne autour de ces revendications légitimes mais qui ne tomberont pas du ciel.

    Quelques militants du PSL étaient présents et ont souligné l’importance de la Grande manifestation de la santé organisée à l’initiative du groupe d’action militant La Santé en Lutte.

     

  • Faut il sauver Brussels Airlines ? Nationaliser pour sauver l’emploi !

    Le siège de l’entreprise. Photo : Wikipedia

    C’est la question qui est dans toute les têtes depuis l’annonce ce mardi du plan de la direction de BA de licencier 1000 personnes, c’est à dire 1/4 de son personnel. La dépression économique qui couvait et a été déclenchée par la pandémie de COVID 19 menace plusieurs pans de l’activité économique et des millions d’emplois à travers le monde. Comment notre camp, celui des travailleuses et des travailleurs, peut-il réagir dans le monde d’après ?

    Par Alain (Namur)

    Le personnel comme variable d’ajustement pour protéger les profits

    Ces 20 dernières années, le secteur aérien a subi des mutations et des crises. Au début des années 2000, sur fond de crise économique et de période d’incertitudes liées aux attentats, la faillite de la Sabena était prononcé en 2001. Avant la faillite, le groupe Swissair avait vampirisé les finances de la société et les subsides de l’Etat. Le secteur a été confronté à la grande récession mais aussi aux sociétés low-cost qui ont rendu la compétition encore plus féroce pour maintenir les marges.

    Cette situation a brisé l’image idyllique que l’on pouvait avoir du secteur aérien. Les profits du secteur ces 20 dernières années ont été restaurés et maintenus au prix d’une hausse de l’exploitation de la force de travail. Divers mouvement sociaux ont mis en lumière quelles sont les conditions de travail du secteur. La lutte des bagagistes, celle du personnel de vol ou de Skeyes ont illustré que le combat paie. Mais elles ont aussi souligné la brutalité des patrons du secteur, avec l’aide des Etats.

    Le patron de Ryanair, Michael O’Leary, a ainsi mis son bras en jeu pour interdire au personnel toute représentation collective (en savoir plus). Au-delà de l’exploitation de la force de travail, le secteur profite aussi des infrastructures publiques pour verser des dividendes aux actionnaires. En effet, les aéroports, mais aussi toute l’infrastructure industrielle liée au secteur est soutenue par des fond publics. Que ce soit via skywin, le pôle de compétitivité du secteur, ou via des investissements dans le capital des sociétés de finances publiques (SOGEPA, SOWALFIN, SFPI) et de société comme Safran aéro booster ou la Sonaca. Le secteur oriente l’argent public pour réaliser des profits privés. Avec la crise de société comme Thomas Cook et ou de BA c’est tout ce biotope qui est menacé. Cela illustre aussi à quel point la politique de « l’Etat-stratège » a des limites.

    Nationaliser les pertes et privatiser les profits : le plan des capitalistes

    Beaucoup de sociétés aériennes, sont d’anciennes sociétés nationales privatisées ou ouvertes au capital privé. Aujourd’hui, les capitalistes qui ont touché leurs dividendes des années durant jouent la carte du chantage à l’emploi puisque leurs profits sont menacés. Les Etats nationaux, qui veulent d’une part maintenir leur prestige en défendant leur champion national et d’autre part sauvegarder leurs infrastructures industrielles, passent donc à la caisse en nationalisant les pertes. C’est ce qui est en train de se jouer avec BA.

    Le chantage de la Lufthansa est pragmatiquement cynique. Elle réclame 300 millions d’euros à l’Etat belges et plus d’1 milliard à l’Etat allemand sans que ces deux Etats aient leur mot à dire sur la gestion de l’entreprise ! Il faut préciser que, pourtant, les politiciens traditionnel ne sont pas dangereux pour le capital. Dexia a compté dans sa direction des politiciens belges de premiers plans comme Dehaene ou Di Rupo tout en poursuivant sa politique de casino. Les négociations sont menées en vase clos entre les capitalistes et leurs représentants politiques : pas la moindr trace représentation du personnel. Celui-ci en est juste réduit à attendre le passage du rouleau compresseur.

    Ouverture des comptes et nationalisation pour sauver l’emploi : des revendications pour notre classe

    On dit souvent qu’on n’achète pas un chat dans un sac. De la même manière, on ne peut pas donner plus de 300 millions d’euros à une société de capital privée qui à l’intention de ne rendre aucun compte et qui veut licencier 1000 personnes. De plus, la direction a déjà annoncé la couleur en voulant négocier au rabais les conditions de travail du personnel restant. On dit que le secteur aérien est en difficulté. La dépression annonce en effet une dévastation économique comparable à celle qui a suivi le crash de 1929. De fait, avec la crise, les avions sont cloués au sol. Les sociétés sont en manque de liquidité et la moitié d’entre elles est menacée de faillite. Mais où sont passés les profits des années précédentes ?

    2019 a été une année difficile due au ralentissement de la croissance mondiale. Mais une année difficile pour le capital, c’est une année où les marges sont moindres que prévu. Au niveau international, pour 2019, le rendement sur capital investi était de 5,7%, la marge bénéficiaire était de 3,1% et les recettes totales pour ce secteur d’industrie étaient de 839 milliards de dollars. (1) Malgré ces chiffres le secteur s’apprête à sabrer dans l’emploi partout dans le monde. Ce sont 25 millions d’emplois qui sont menacés. (2)

    La collectivité doit pouvoir ouvrir le sac et vérifier les comptes du secteur. Beaucoup d’argent a déjà été investi dans le secteur et dans son infrastructure industrielle. Il doit y avoir expropriation, sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés. La seule voie doit être de nationaliser pour sauver l’emploi et réorganiser le secteur sous le contrôle des travailleuses et des travailleurs !

    Le secteur aérien et l’environnement

    Le mouvement pour le climat de l’année passée a très justement mis en avant que le secteur aérien est un contributeur important au réchauffement climatique. Aujourd’hui, la réponse des capitalistes du secteur est cinglante : il faut choisir entre l’emploi ou l’environnement. À l’échelle mondiale, on parle de plus de 25 millions d’emplois menacés. Face à cela, les politiciens traditionnels n’ont aucune solution. Le parti ECOLO a parlé d’alliances emploi-environnement mais, depuis son entrée aux gouvernements wallon et bruxellois, on ne voit pas trop bien comment cela se matérialise. Aucun changement structurel n’a été amené dans ce secteur.

    Face à cela, quelle est la réponse des marxistes ? Nous estimons que la première étape doit être de nationaliser l’ensemble du secteur pour garantir l’emploi et réorienter l’activité sous contrôle de la collectivité. C’est la seule manière d’assurer que le secteur respecte les normes environnementales.

    Mais au-delà de ça, c’est la seule voie pour planifier une transition du secteur. La question de la mobilité doit être pensée de manière collective et globale. Il faut une gestion planifiée des vols intercontinentaux pour y affecter le personnel nécessaire. Une réduction du temps de travail et des cadences avec maintien du salaire et sauvegarde de l’emploi doit permettre de pouvoir partager le travail et le rendre soutenable. Il faut augmenter l’interconnexion des voies de chemin de fer et la qualité de ceux-ci pour diminuer la nécessité des vols aériens à l’échelle continentale. Une réorientation du personnel aérien pourrait être possible dans le cadre de sociétés de transport gérées collectivement à l’échelle nationale.

    Une plongée brutale dans le monde d’après

    Beaucoup de choses ont été dites ou écrites sur la possibilité d’émergence d’un monde post-covid où plus rien ne serait comme avant. Alors que l’heure est au déconfinement, on se rend compte que ce qui lui donnera sa forme sera la lutte des classes.

    Le patronat considère la crise comme une opportunité pour défendre son programme. Toutes les difficultés économiques vont être instrumentalisées pour garantir le profit d’une minorité. On le voit déjà dans notre pays, la crise a été l’occasion d’écarter les représentants du personnel, d’attaquer les droits conquis et de réaliser des coupes budgétaires.

    Dans cette situation, notre camp ne pourra vaincre qu’uni et organisé. Certains commentateurs comparent les 8 millions alloués à la culture aux 290 millions qui sont demandés par BA. Nous devons repousser cette approche. Il est important de mettre en avant ce qui nous unis. Il n’y a pas d’opposition entre la auvegarde de l’emploi et la défense de la culture. La classe ouvrière a synthétisé cela dans la chanson et le slogan « Bread and Roses » : nous voulons du pain, mais aussi des roses. Nous voulons construire une société qui assure les besoins de toutes et tous et qui permettent à toute la société de s’épanouir et de s’émanciper. Cela exige que l’économie ne produise pas pour l’échange mais pour l’usage, en fonction des besoins et de manière rationnelle. Il y a énormément de richesse qui ont été générées ces dernières années et la crise actuelle ne doit pas nous le faire oublier !

    Aujourd’hui, plus de 900.000 personnes sont au chômage temporaire. 180.000 personnes sont menacées de perdre leur emploi. À cela s’ajoutent les procédures Renault qui étaient déjà en cours, comme chez GSK. Une campagne de solidarité pourrait être mise sur pied en défense de l’emploi et pour la nationalisation sous contrôle de la collectivité. Pour faire vivre cette campagne, le personnel menacé par les licenciements pourraient faire des affiches à mettre au fenêtre ou des message à poster sur les réseaux pour poser les premiers pas de la construction d’une relation de force en faveur du monde du travail.

    Notes :

    1) https://www.iata.org/contentassets/36695cd211574052b3820044111b56de/2019-12-11-01-fr.pdf
    2) https://www.rtbf.be/info/monde/detail_le-secteur-aerien-pourra-t-il-eviter-la-catastrophe-industrielle?id=10483629

  • 7 avril, Journée mondiale de la santé : soutenons les revendications légitimes des professionnels de la santé !

    Le drame qui se déroule dans les hôpitaux et les maisons de retraite n’était pas inévitable. Ce n’est pas seulement une conséquence de la propagation du Covid-19, la situation est née d’un autre virus qui a dévasté le secteur pendant des décennies. Les gouvernements successifs ont cherché à commercialiser le secteur au lieu d’investir suffisamment dans un service de qualité pour la population.

    Alors que des milliards d’euros sont injectés dans l’économie aujourd’hui, il n’y a toujours pas assez de masques et d’autres équipements de protection, les hôpitaux doivent faire la manche pour acheter des respirateurs,… La politique criminelle des autorités se poursuit donc. S’il est vrai qu’une “guerre” est actuellement menée contre la propagation du virus, alors les gouvernements actuels et les précédents sont des criminels de guerre !

    La Santé en Lutte, avec d’autres groupes militants de travailleuses et travailleurs du secteur en Europe, se saisissent du 7 avril pour protester sur les réseaux sociaux, dénoncer l’hypocrisie des gouvernements et du patronat et défendre les revendications du personnel. La campagne ROSA et le Parti Socialiste de Lutte (PSL) soutiennent cet appel et demandent à leurs membres et sympathisants d’y participer. Prenez une photo de vous avec l’une des affiches présentées ci-dessous et publiez-la sur Facebook ! Si vous n’avez pas d’imprimante, écrivez sur papier le slogan/la revendication de votre choix. Envoyez-là également à michaelbouchez@gmail.com

    Aujourd’hui, nous manifestations sur les réseaux sociaux puisque beaucoup d’entre nous sont confinés chez eux et que les manifestations sont impossibles. Mais nous nous tenons prêts à retourner dans la rue le plus vite possible !

  • De la solidarité à la lutte pour plus de moyens pour les soins de santé

    La Santé en Lutte devant la Tour des finances à Bruxelles. Photo : La Santé en Lutte.

    Soudain, les politiciens sont presque unanimes à faire l’éloge du personnel de santé. Ils félicitent également les nombreuses expressions de solidarité de la part de la population. Quelle hypocrisie après des années de réductions budgétaires dans les soins de santé ! Quelle hypocrisie après des années de criminalisation de la solidarité ! Mais cela en dit long sur le pouvoir de la solidarité de la base de cette société. Même dans les milieux dirigeants, il convient de faire au moins semblant d’être d’accord.

    Bien sûr, applaudir à 20 heures ou suspendre un tissu blanc à sa fenêtre, c’est insuffisant pour obtenir les moyens qui font si cruellement défaut à nos hôpitaux. Mais le fait que ces initiatives soient si populaires illustre le potentiel existant pour une lutte concrète quand cela sera possible. Et ce ne sera pas un luxe : la N-VA a proposé lors des négociations gouvernementales d’économiser encore plus de 5 milliards d’euros dans les soins de santé ! Tôt ou tard, avec l’augmentation des déficits budgétaires, les autres partis traditionnels se pencheront également sur les soins de santé et la sécurité sociale pour y faire de dangereuses économies. Ces dernières années, tous les partis gouvernementaux se sont accordés pour imposer une norme de croissance plus faible pour les soins de santé.

    Les soins de santé ont déjà été soumis à un régime impossible ces dernières années: la croissance des besoins n’a pas été accompagnée d’une augmentation égale des ressources (tant financières qu’en infrastructures et en personnel). Le progrès médical a permis d’économiser sur le nombre de lits et le personnel. En conséquence, les hôpitaux sont maintenant potentiellement en difficulté, malgré les efforts héroïques du personnel.

    Depuis des années, le personnel soignant se mobilise pour avoir plus de collègues et de meilleures conditions de travail pour assurer une meilleure prise en charge des patients. Il n’y a pas eu de gouvernement contre lequel la « colère blanche » n’a pas protesté. Après cette crise, la lutte pour obtenir davantage de financement public pour les soins de santé devra se poursuivre, en mobilisant tout le soutien et la solidarité que l’on voit aujourd’hui s’exprimer aux fenêtres.

    Le soutien de l’élite capitaliste vise à contenir et même à récupérer cette solidarité. Même dans les applaudissements on trouve une différence de classe : d’une luxueuse villa isolée, cela ne se voit presque pas. Mais dans un quartier populaire, l’acte prend résolument un caractère collectif.

    Nous ne nous laissons pas avoir par les politiciens qui justifiaient les mesures d’austérité hier ou qui en réclamaient davantage ! S’ils essaient de se lier à notre solidarité, c’est parce qu’ils en ont peur. Mais n’en restons pas là et assurons que les personnes coupables des économies réalisées sur les soins de santé aient une frousse bleue après cette crise !

    Comme l’a fait remarquer le groupe d’action “La Santé en Lutte” le week-end dernier : “Merci pour vos applaudissements tous les soirs, mais nous vous demandons surtout de ne pas oublier ce qu’il se passe maintenant et de continuer à nous soutenir dans nos futures mobilisations. Une fois le confinement levé, nous aurons de quoi dire et nous aurons de quoi faire. Et nous aurons besoin de vous !”

  • “Sans décision collective pour les entreprises non essentielles, nous allons devoir les fermer nous-mêmes”

    Le Coronavirus sur le terrain. Témoignages et réactions.

    Je suis délégué dans une usine de taille moyenne en région liégeoise, nous avons dû nous battre pour réussir à fermer l’entreprise jusqu’à nouvel ordre.

    Il y a encore trois jours, je trouvais que certains de mes collègues exagéraient. Puis j’ai discuté avec mes enfants (de l’expérience des travailleuses et travailleurs italiens, des appels du personnel médical à se limiter aux activités vitales), j’ai mieux compris en quoi c’était une erreur collective de continuer à aller travailler. Pas seulement pour nous et nos proches, mais pour toutes les personnes fragiles et celles dont on va avoir besoin sur les premières lignes.

    Ce problème que s’évertue à nier un patronat qui tient beaucoup trop à ses bénéfices. La plupart de mes collègues ne niaient pas ce problème, mais ne voyaient pas comment se passer de leur revenu. Et il faudra aussi se battre pour cela.

    Hier, ni mon permanent syndical ni le conseiller en prévention (!) de l’entreprise ni le contremaître ne m’ont pris au sérieux lorsque j’ai demandé s’il ne valait pas mieux fermer.

    Les mesures de confinement ont été annoncées hier et la volonté de la direction de mon entreprise était encore de maintenir l’activité ce matin, alors que les conditions minimalistes de « distanciation sociale » évoquées par le gouvernement n’étaient pas applicables sur nos postes de travail. Le gouvernement s’est gardé de rappeler que le virus reste dans l’air pendant plusieurs heures, qu’il reste sur les surfaces de contact encore plus longtemps et que les personnes affectées ne présentent pas nécessairement de symptômes : cela réduirait à peau de chagrin les lieux de travail capables d’être « sécurisés ». Cela n’a pas de sens d’interdire les regroupements extérieurs si on les permet à l’intérieur des usines.

    Ce matin, je ne travaillais pas, j’ai donc demandé à mes collègues de me tenir au courant de la situation. Lorsque j’ai compris qu’aucune mesure n’était prise par l’entreprise, j’ai décidé de me rendre à l’usine. Ma compagne m’avait aidé à synthétiser les arguments. Arrivé sur place, j’ai constaté que de nombreuses personnes étaient déjà en arrêt de travail spontané. Une tension énorme régnait sur le site : une collègue, en pleurs, m’a expliqué qu’elle était contrainte de faire garder ses enfants par ses parents âgés.

    Une réunion a fini par être organisée (à l’intérieur !) regroupant les délégué·es, les permanent·e·s des syndicats, le conseiller en « prévention » et le patron. Au départ, tout le monde semblait vouloir continuer la production et mettre en place des mesurettes pour se convaincre de répondre aux normes de sécurité. La position syndicale était : que les personnes qui ne veulent pas travailler « parce qu’elles ont peur » se mettent en maladie.

    La réunion a duré une bonne heure et le ton a sensiblement changé au fur et à mesure de la discussion : si on me regardait comme un extraterrestre au départ, plusieurs personnes recevaient des informations d’autres fermetures par téléphone et, malgré mon stress et ma colère, j’ai pu ré-expliquer calmement la situation. Si les médecins supplient qu’on limite le débordement à venir des hôpitaux, si les clients des magasins doivent être seuls dans 10m2, pourquoi continuer une activité non nécessaire ?

    S’il n’y a pas de décision collective pour toutes les entreprises non essentielles, nous allons devoir faire boule de neige en les fermant nous-mêmes.

    Courage à toutes et tous.

    Nous publions différentes réactions de travailleurs et de jeunes confrontés à la crise du Coronavirus dans leur travail et dans leur vie. N’hésitez pas à nous envoyer votre contribution via redaction@socialisme.be

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