Category: Social

  • L’offensive anti-LGBTQIA+ se poursuit aux USA avec la loi « Don’t say gay » en Floride

    La Floride a adopté la loi « Don’t say gay » qui entre en vigueur le 1er juillet et interdit toute discussion sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles, de la maternelle à la troisième année. Dans les classes supérieures également, les cours sur le sujet seront interdits, sauf s’ils sont arbitrairement approuvés comme « appropriés » pour cet âge.

    Par Max Nolan (Socialist Alternative, ASI aux États-Unis)

    Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une offensive plus large de la droite à travers le pays et en Floride en particulier, s’attaquant aux droits reproductifs et au droit de manifester, introduisant des restrictions de vote racistes et excluant les enfants transgenres des soins et des sports à l’école. Cette offensive n’en restera pas là. Nous avons besoin d’un mouvement de masse pour défendre les droits des personnes LGBTQIA+ et repousser la droite conservatrice.

    Une vague nationale d’attaques anti-LGBTQIA+

    Le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, a écrit une lettre demandant au ministère de la Famille et des Services de protection d’enquêter sur les soins aux enfants fondés sur l’affirmation du genre en tant que « maltraitance infantile ». L’Iowa est récemment devenu le 11e État américain depuis début 2021 à adopter une loi interdisant aux enfants transgenres de participer aux sports à l’école. L’année dernière, l’Arkansas a adopté une interdiction totale des soins de santé sexospécifiques pour les enfants transgenres. Cette année déjà, 17 États ont présenté des projets de loi restreignant les soins de santé pour les jeunes transgenres.

    Les difficultés rencontrées par les personnes homosexuelles et transgenres de la classe ouvrière ne se limitent pas à ces attaques. 2021 a été l’année la plus meurtrière pour les personnes transgenres aux États-Unis. Les soins d’affirmation du genre sont inabordables. Les personnes LGBTQIA+ subissent des taux plus élevés de chômage, de pauvreté et de sans-abrisme.

    Les grandes entreprises financent la législation anti-LGBTQIA+

    Le gouverneur républicain de Floride, DeSantis, et ses partisans ont par le passé reçu beaucoup d’argent de la part de sociétés dites « LGBTQIA+-friendly ». La société Walgreens a donné un total de 28.000 dollars au gouverneur DeSantis et aux élus de Floride qui ont fait passer le projet de loi. La société a changé son logo aux couleurs de l’arc-en-ciel en juin de l’année dernière pour marquer le mois de la Pride. Disney a donné près de 300.000 dollars au cours des deux dernières années aux partisans de la loi « Don’t Say Gay ». La direction ne s’est distanciée de cette loi qu’à la suite de l’indignation suscitée, notamment parmi son personnel. En représailles, DeSantis a menacé de supprimer de nombreux avantages fiscaux dont bénéficie Disney en Floride.

    Avec ce type de proposition, la droite ne veut pas seulement déterminer ce que les enseignants peuvent et ne peuvent pas dire. C’est également un tremplin pour saper l’enseignement public en donnant aux parents la possibilité de poursuivre les écoles et de demander des dommages et intérêts, ce qui pourrait finalement mettre les écoles publiques en faillite. Les grandes entreprises et la droite préféreraient que l’enseignement soit entièrement aux mains du secteur privé.

    Il faut construire un mouvement de masse !

    À l’heure actuelle, les démocrates contrôlent la présidence et les deux chambres du Parlement, mais jusqu’à présent, ils se contentent de vagues platitudes plutôt que d’agir. Il n’y a pas eu de loi nationale pour protéger le droit à l’avortement, comme Biden l’avait pourtant promis lors de sa campagne. En réponse à l’interdiction de l’avortement au Texas, le gouvernement a laissé la question aux tribunaux. Il est clair que nous ne pouvons pas compter sur les démocrates ! Sans une mobilisation de masse, les tribunaux ne seront pas non plus enclins à stopper les attaques.

    La loi « Don’t Say Gay » suscite beaucoup d’indignation. Les étudiants et les enseignants ont mené des actions conjointes en Floride. Une grève de 500 étudiants a eu lieu au lycée de Winter Park en mars et le 1er avril, des grèves et des manifestations d’étudiants ont eu lieu dans tout l’État. C’est essentiel. Les syndicats de l’enseignement doivent se joindre aux actions et appeler à la grève. Il ne s’agit pas seulement d’une attaque contre les droits des enseignants en classe, mais d’une attaque contre les enseignants LGBTQIA+ et les jeunes en général.

    La droite tente de mobiliser sa propre base en intensifiant les attaques contre les jeunes LGBTQIA+. Il s’agit d’une offensive aux conséquences mortelles qui doit être combattue avec vigueur. Il est nécessaire de créer un mouvement de masse qui lie la lutte pour les droits des personnes LGBTQIA+ à des revendications sociales, telles que l’accès à des soins de santé publics abordables et à davantage de ressources pour l’enseignement. Cette lutte doit finalement être dirigée contre l’ensemble de ce système où chaque conquête sociale est mise sous pression dès que cela convient aux capitalistes.

  • Pride is a protest ! Combattons toutes les formes de discrimination et d’exploitation !


    Pour les personnes LGBTQIA+, la discrimination, l’incompréhension, la violence verbale et physique font toujours partie de la vie, même si nous avons déjà obtenu de nombreux droits formels et qu’il existe des législations anti-discrimination. De nombreux jeunes cachent encore leur orientation sexuelle ou leur identité de genre à leur entourage. Iels ne peuvent pas être ce qu’iels veulent être et, pire encore, deviennent souvent victimes de violences. La violence et le fait de ne pas être accepté.e ont une influence directe sur la santé mentale.

    Selon Amnesty, il existe encore 76 pays dans le monde où les actes sexuels entre adultes du même sexe sont punissables. Il y a une augmentation de la discrimination et de la violence, des zones «sans idéologie LGBTQIA+» en Pologne à la criminalisation de l’éducation LGBTQIA+ en Hongrie et aux États-Unis, en passant par les discours de haine de Bolsonaro à l’encontre des personnes transgenres au Brésil, les violences (policières) en Turquie et les camps de concentration en Tchétchénie…

    La guerre exerce également une forte pression sur la communauté LGBTQIA+ ukrainienne. Leurs droits acquis étaient déjà très limités. Les populations les plus vulnérables sont visées par une haine et une violence croissantes. Poutine qualifie la fluidité des genres de crime et assimile l’homosexualité à la pédophilie. Il mène une guerre contre la communauté LGBTQIA+ dans son propre pays depuis 10 ans.

    Mais les militants LGBTQIA+ sont également à l’avant-garde des luttes sociales. Il y a les manifestations scolaires aux États-Unis contre le projet de loi “Don’t Say Gay Bill”, les manifestations d’étudiants contre la propagande anti-LGBTQIA+ d’Erdogan et les luttes de courageu.x.ses militant.e.s au Brésil, en Hongrie et en Pologne qui sont persécuté.e.s et assassiné.e.s. En Russie, les militant.e.s LGBTQIA+ jouent un rôle de premier plan dans le mouvement anti-guerre et contre le régime de Poutine.

    Urgent : la Pride doit redevenir une lutte !

    Le mouvement LGBTQIA+ doit s’organiser et descendre dans la rue. Luttons pour nos droits, contre toute forme de discrimination et pour des investissements dans l’éducation, les soins de santé et un environnement sûr !

    Il y a plus qu’assez de ressources, mais elles sont entre les mains des 1% les plus riches. La lutte pour le bien-être des LGBTQIA+ et la lutte sociale pour une société différente vont de pair. Le bien-être de tou.te.s est en contradiction avec le capitalisme, qui se concentre sur les profits d’une petite minorité. La famille nucléaire classique est la pierre angulaire du capitalisme. Toute la structure sociale reste organisée autour d’une famille classique avec une personne qui est le soutien de famille et une autre qui s’occupe principalement des tâches ménagères. Entre-temps, deux revenus sont indispensables pour joindre les deux bouts. Cela crée une pression énorme, bien que ces tâches de soins et de ménage puissent aussi être organisées socialement. Mais pour ce faire, on doit disposer des ressources qui sont actuellement concentrées dans des mains privées.

    Selon la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), la discrimination ne disparaîtra que lorsque nous aurons supprimé le terreau créé par le capitalisme.

    Nous devons mener cette bataille ensemble. We have a world to win !

    Avec la campagne « Pride is a Protest », en 2022, nous nous battons pour :

    • Des investissements dans l’enseignement, notamment des cours d’éducation sexuelle appropriés dans lesquels les questions LGBTQIA+ et la diversité de genres sont abordées dès la maternelle.
    • Des investissements dans les soins de santé, afin que toute personne ayant besoin de soins physiques ou psychologiques les reçoive sans devoir être sur une liste d’attente.
    • Des investissements dans les services publics, le logement et les emplois décents ! Là où il y a pénurie, il y a discrimination fondée sur l’orientation, l’identité de genre et l’expression de genre.
    • Des investissements dans les lieux de rencontre et les organisations socioculturelles LGBTQIA+, qui ont beaucoup d’expertise mais peu de moyens.
    • Des investissements dans les abris et les logements sociaux afin de garantir un abri sûr pour tou.te.s.
    • Soutien international aux organisations et communautés LGBTQIA+. Pas seulement symboliquement, mais concrètement en libérant des ressources et en facilitant les procédures de migration pour les réfugié.e.s.

    Nous voulons former un bloc combatif lors de la Belgian Pride du 21 mai à Bruxelles et, tout comme l’année dernière, nous organiserons également nos propres événements « Pride is a Protest » à Bruges et à Gand, le dimanche 26 juin. Avec ces actions, nous voulons souligner les origines combatives de la Pride, à l’occasion du 53e anniversaire des émeutes de Stonewall du 28 juin 1969. Un départ collectif de différentes villes, notamment de Liège et de Bruxelles, sera organisé vers Gand.

     

  • C’était il y a 100 ans : du plomb ajouté à l’essence par l’industrie automobile


    Il y a cent ans, au début des années 1920, sachant déjà que le plomb était toxique, l’industrie automobile a commencé à en ajouter à l’essence. Ils ont déguisé le plomb en l’appelant éthyle.

    Par Bill Hopwood, Socialist Alternative (ASI-Canada)

    Le plomb est un poison bien connu. Ses effets nocifs sont connus depuis 2.000 ans. Le médecin, pharmacologue et botaniste de la Grèce antique Dioscoride écrivait déjà à l’époque que « le plomb fait céder l’esprit ». Pourtant, il y a 100 ans, les constructeurs automobiles et les compagnies pétrolières ont lancé un vaste programme d’intoxication au plomb.

    Les chercheurs de General Motors ont découvert qu’en ajoutant un composé du plomb, le plomb tétraéthyle ou Tétraéthylplomb, plusieurs problèmes des moteurs à combustion interne pouvaient être résolus. Le Tétraéthylplomb n’est pas cher, et les compagnies pétrolières et automobiles pouvaient réaliser de belles marges de profits, pour autant que l’on ne se soucie pas des coûts liés à la santé. Depuis les années 1920, les voitures, les camions et les avions ont craché du plomb dans l’air, l’eau et le sol, puis sur les humains.

    Les moteurs à combustion interne dépendent d’une étincelle qui allume un mélange d’essence et d’air dans le cylindre du moteur au bon moment, lorsque le piston est dans la position idéale, pour donner une puissance maximale. Si le mélange détonne au mauvais moment, cela peut provoquer un ” cliquetis” qui endommage, voire détruit, le moteur.

    L’ajout de Tétraéthylplomb augmente la température à laquelle le mélange essence/air détonera et réduit ainsi le cliquetis et le risque d’endommagement du moteur. Toutes les essences ont un indice d’octane ; plus l’indice est élevé, plus la température à laquelle le mélange de carburant détonera est élevée. L’indice d’octane indique dans quelle mesure le carburant est susceptible de brûler de la manière souhaitée et contrôlée plutôt que d’exploser et de causer des dommages. Les carburants à indice d’octane élevé peuvent être utilisés dans des moteurs à haute pression, ce qui augmente la puissance.

    Le Tétraéthylplomb, synthétisé pour la première fois en 1854, n’était pas un produit chimique manufacturé important avant son utilisation dans les moteurs. Dupont, qui fabriquait le Tétraéthylplomb, a travaillé avec General Motors pour développer le produit comme agent antidétonant. Sa capacité à stopper le cliquetis a été établie en décembre 1921. Standard Oil of New Jersey (aujourd’hui Exxon) et General Motors ont créé l’Ethyl Gasoline Corporation en 1923 pour fabriquer du Tétraéthylplomb à ajouter à l’essence. Au départ, c’est Dupont, qui avait l’expérience de la fabrication du Tétraéthylplomb, qui dirigeait la production.

    Un poison rentable

    Avant même son utilisation dans l’essence, on savait que le Tétraéthylplomb était toxique. Son nom commercial, Ethyl, a été choisi pour cacher sa teneur en plomb. Quelques mois après le début de la fabrication, sur les 49 ouvriers du bâtiment qui fabriquait le Tétraéthylplomb, 35 étaient hospitalisés pour empoisonnement grave au plomb, hallucinations et folie. Cinq sont morts. Les ouvriers de l’usine l’appelaient le “gaz des fous” en raison de ses effets sur les capacités mentales.

    Après une enquête menée par le personnel de santé publique de New York, l’État du New Jersey et les villes de New York et de Philadelphie ont interdit la vente de Tétraéthylplomb. Ethyl Corporation suspend la production mais fait pression sur le président américain Coolidge pour qu’il enquête. Le Surgeon General des États-Unis a mis en place un comité d’examen, composé de représentants de l’industrie, dont Midgley, le chercheur qui a mis au point le Tétraéthylplomb comme agent antidétonant, mais pas les agents de santé publique qui avaient fait des recherches sur les effets dangereux, voire mortels, du Tétraéthylplomb.

    Soit dit en passant, Midgley a ensuite mis au point le premier chlorofluorocarbone (CFC) commercial qui endommage la couche d’ozone de la haute atmosphère, laquelle protège la terre des rayons ultraviolets nocifs. Il a été affirmé qu’il a contribué plus que toute autre personne à la dégradation de l’environnement.

    Le rapport du comité d’examen, publié en 1926, indiquait que le Tétraéthylplomb dans l’essence ne présentait “aucun danger” ; il n’y avait “aucune raison d’interdire la vente d’essence au plomb.” Tout ce qu’il recommande, c’est d’améliorer la protection des travailleurs qui fabriquent le Tétraéthylplomb. Cela a mis fin aux interdictions imposées à New York, Philadelphie et New Jersey.

    Le médecin légiste en chef de New York, Charles Norris, n’était pas convaincu et ordonna que la teneur en plomb de la terre dans les rues de la ville soit enregistrée. En 10 ans, entre 1924 et 1934, la teneur en plomb avait augmenté de 50 %.

    De nombreux chimistes et chercheurs en santé publique ont mis en garde contre les dangers du Tétraéthylplomb. Pourquoi, avec tous les dangers évidents pour la santé, le Tétraéthylplomb a-t-il été utilisé ? D’autres produits chimiques ajoutés à l’essence peuvent également empêcher le cliquetis. Une réponse courante consiste à ajouter de l’alcool éthylique. En fait, Midgley avait fait des recherches dans ce sens. Cependant, l’alcool éthylique ne peut pas être breveté, la Tétraéthylplomb peut l’être. Pour les constructeurs automobiles, cela a permis de résoudre un problème majeur de cliquetis du moteur et d’obtenir des véhicules plus puissants.

    Au début du 20e siècle, les voitures électriques étaient populaires, se vendant plus aux États-Unis que les véhicules à essence, bien qu’en petit nombre. Par rapport aux voitures à essence, elles étaient silencieuses, moins odorantes et polluantes, faciles à démarrer et plus fiables. Leur utilisation était toutefois limitée aux villes car les batteries avaient une faible autonomie. Avec le développement des démarreurs électriques, au lieu des manivelles, la résolution du problème du cliquetis et l’essence moins chère, les véhicules électriques ont été largement oubliés pendant des décennies. La résolution du problème du cliquetis a été une étape dans la voie de la domination des transports par les automobiles ; cependant, il existait des moyens beaucoup plus sûrs de résoudre le problème.

    Le temps qui passe

    Les recherches ne cessent de mettre en évidence les dégâts causés par le plomb. En 1909, la France, la Belgique et l’Autriche ont interdit la peinture intérieure blanche à base de plomb, et en 1922, la Société des Nations a interdit la peinture à base de plomb.

    Au fur et à mesure que les preuves de la nocivité du plomb se sont accumulées, les consignes de sécurité ont été modifiées. Dans les années 1920, le seuil “sûr” de plomb dans le sang a été fixé à 80 microgrammes de plomb par décilitre (un dixième de litre) de sang. D’autres recherches ont révélé que des niveaux de plomb beaucoup plus faibles, sans provoquer d’empoisonnement mortel, entravaient le développement mental des enfants. On sait maintenant que des niveaux inférieurs à 10 microgrammes peuvent encore nuire au développement cognitif – il n’y a probablement pas de niveau sûr. Les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables.

    L’essence au plomb contenait également des additifs chlorés qui, en brûlant, produisaient des dioxines, une autre famille de poisons, même à des niveaux très faibles.

    Après des années de pression et de preuves croissantes, le vent a commencé à tourner. L’essence sans plomb a commencé à être produite dans les années 1970 et les constructeurs automobiles ont trouvé des moyens d’éviter le cliquetis sans utiliser d’essence au plomb. En 1986, le Japon a été le premier pays à éliminer progressivement l’essence au plomb. Les États-Unis ont décidé que la quantité de plomb dans l’essence devait être réduite de manière drastique avant la fin de 1986. Son utilisation a fortement diminué et il a été interdit dans les voitures et les camions américains en 1995. Le taux de plomb dans le sang des Américains a diminué de 78 % entre 1978 et 1991. En juillet 2021, l’Algérie était le dernier pays à vendre de l’essence au plomb, tout juste après 100 ans d’empoisonnement. L’ONU estime que l’essence au plomb a causé 1,2 million de décès prématurés chaque année.

    Jessica Reyes a démontré que l’interdiction du plomb dans l’essence a entraîné une baisse de la criminalité, car le développement mental des enfants n’était plus affecté par le plomb.

    Une petite vie après la mort

    Le Tétraéthylplomb est toujours utilisé dans certains avions et véhicules tout-terrain fonctionnant à l’essence, de sorte que l’empoisonnement se poursuit, mais à un rythme beaucoup plus lent. Le seul fabricant légal est Innospec en Angleterre. Il a été condamné à une amende pour conditions dangereuses et corruption de fonctionnaires en Irak et en Indonésie.

    Ils savaient

    Le président de Dupont écrivait en 1922 que le Tétraéthylplomb est “un liquide incolore à l’odeur douceâtre, très toxique s’il est absorbé par la peau, entraînant un empoisonnement au plomb presque immédiat”. Mais pendant des décennies après, les entreprises de fabrication ont nié ces faits.

    Midgley savait que c’était toxique : il a été empoisonné en 1923. Mais pendant des années, les fabricants ont esquivé, caché les recherches, ou produit de faux rapports, retardé, fait de fausses déclarations – tout pour ne plus perdre d’argent.

    Les actions des sociétés qui fabriquent le Tétraéthylplomb constituent une histoire qui nous est familière. Les fabricants de tabac ont fait de même, en niant pendant des années le fait que les cigarettes tuent. Les fabricants de pesticides ont également refusé de laisser la science se mettre en travers de la route du profit. Le pire de tous est l’alliance infernale des constructeurs automobiles, des compagnies pétrolières et charbonnières, des banques et de leurs gouvernements amis qui refusent de s’attaquer au changement climatique.

    Au moins, les premiers vendeurs commerciaux de tabac dans l’Europe du 14e siècle pouvaient prétendre qu’ils ne savaient pas qu’il causait le cancer. De même, les premiers marchands de charbon, qui remontent à des centaines d’années, ne savaient pas que sa combustion entraînerait des changements climatiques. Il s’agissait d’effets imprévus. Bien entendu, cela n’excuse pas le refus des entreprises d’agir lorsque ces effets sont connus. Dans le cas du plomb tétraéthyle, l’impact mortel était connu avant même sa mise en vente – un acte véritablement criminel, mais aucune entreprise n’a jamais été poursuivie.

    Le capitalisme a toujours privilégié les profits à court terme et le fera toujours. Souvent, les grandes entreprises abusent de la science et de la technologie pour faire de l’argent tout en causant du tort. Les besoins de la santé publique ou d’un environnement sain ne sont pas pertinents pour elle. La propriété publique et le contrôle démocratique sont essentiels pour libérer la recherche de la prison des profits.

  • Sammy Mahdi (CD&V) trahit les sans-papiers : Relançons le mouvement pour préparer la riposte !


    Ce 30 novembre les sans-papiers de l’Union des sans papiers pour la régularisation (USPR) fêtaient un triste anniversaire : les 10 mois d’occupation de l’église du Béguinage. Les grévistes de la faim et leurs soutiens estiment avoir été trahis par le secrétaire d’état à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V), alors que tombent les premières décisions de l’Office des Étrangers. Sur 20 dossiers communiqués aux avocats, 5 sont déjà négatifs.

    Par Pietro (Bruxelles), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Tout en comprenant bien le profond désespoir ainsi que la frustration des sans-papiers en lutte, le PSL/LSP, notamment par le biais de ses membres sans-papiers, avait défendu dès le début que la grève de la faim n’était pas en mesure de construire le rapport de forces nécessaire pour arracher une réelle victoire. Seule la construction patiente d’un mouvement de masse en est capable.

    La question des migrations ne va pas disparaître de la scène. Les travailleurs des centres des FEDASIL ont récemment organisé 24 heures de grève pour dénoncer le manque de places et de moyens concernant l’accueil des demandeurs d’asile. La crise en Afghanistan et la réouverture des routes migratoires cet été ont de nouveau plongé le système d’accueil belge au bord du gouffre. Les pratiques de la police des frontières sont de plus en plus répressives, comme l’ont illustré les deux cas d’étudiants ressortissants étrangers arrêtés sans justification et placés en centre fermé… alors qu’ils étaient en règle ! Ils ont été libérés grâce à la solidarité et à la mobilisation des étudiants et des universités.

    Pendant ce temps, les sans-papiers restent à la merci des patrons qui profitent de leur situation pour les exploiter à des salaires de misère dans des conditions parfois dangereuses, ce qui met pression sur les conditions de travail et de salaires de toutes et tous. Fethi Mohammed, un ex-gréviste de la faim, s’est retrouvé contraint de travailler sur un chantier en dépit de ses problèmes de santé. Il est tombé d’un échafaudage et a fait une chute de 5 mètres. Il s’en sort avec plusieurs fractures et un traumatisme crânien. Le voilà le vrai visage la politique migratoire du gouvernement.

    Plusieurs initiatives se développent aujourd’hui avec la naissance de nouveaux collectifs, comme celui qui a lancé plusieurs actions autour de l’occupation de l’ancien siège de la KBC à Molenbeek. Le collectif des sans-papiers de la CSC se mobilise pour récupérer des salaires que des patrons qui exploitent les sans-papiers refusent de leur payer. L’USPR traîne l’Etat belge en justice contre les décisions négatives de l’Office des étrangers.

    Une réelle victoire exige de travailler à l’unité de ces collectifs et de leurs soutiens autour de la construction d’un plan d’action national qui accorde une grande attention au lien avec les autres mouvements de lutte, tout particulièrement syndicaux (pompiers, personnel infirmier, employés du non marchand, etc).

  • Sommet de Glasgow. Good COP or bad COP?

    À l’issue de la COP26 à Glasgow, le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele résumait le bilan en ces termes : « Bien plus que du bla-bla, mais c’est très insuffisant ! ». Notre expert national est donc nettement moins pessimiste que Greta Thunberg qui estime que la COP26 n’était rien d’autre qu’une opération de greenwashing sans aucune avancée réelle. Qui a raison ?

    Article de Jean Larock issu de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Pour Jean-Pascal van Ypersele, « la reconnaissance encore plus nette de l’urgence de l’action et un accueil favorable du dernier rapport du GIEC » sont des motifs de satisfaction ainsi que l’appel à réduire l’usage du charbon et des subsides aux énergies fossiles. « L’ensemble des textes adoptés à Glasgow ne diminue pas immédiatement les émissions de gaz à effet de serre, mais crée un cadre et des signaux de plus en plus clairs vers la décarbonisation pour tous les gouvernements, tous les acteurs économiques et tous les citoyens. Maintenant, au boulot !», conclut le climatologue. Il reconnaît donc explicitement qu’aucune mesure concrète et immédiate n’est sortie de la COP26… Ce qui donne implicitement raison à Greta Thunberg.

    Sur base des annonces faites lors de la Conférence, les experts parlent d’un réchauffement compris entre 1,8 et 2,4 °C. Soit mieux que les 2,7°C auxquels nous étions condamnés avant la COP. Pour les optimistes, chaque dixième de degré gagné est une victoire. On pourrait le voir comme cela si ces victoires étaient tangibles et garanties. Or elles ne sont encore qu’à l’état de promesses non contraignantes ou d’engagements sans réelles sanctions prévues en cas de non-respect.

    Nous ne sommes pas dans un simple débat philosophique entre optimistes et pessimistes. Dire que chaque dixième de degré gagné est une victoire ne doit pas nous faire oublier que chaque dixième de degré perdu représente une menace mortelle pour des dizaines voire des centaines de millions de personnes sur cette planète.

    Mais regardons d’un peu plus près les résultats de cette « COP de la dernière chance » dans les domaines clés : réduction globale des émissions, sortie des énergies fossiles, aide aux pays du Sud, méthane, déforestation,… et enfin compensation carbone.

    La réduction des émissions globales représente sans doute le plus grand échec de cette COP. Comme indiqué, les efforts supplémentaires n’atténueront que très peu le réchauffement. Une cinquantaine de pays n’ont fait aucun effort pour améliorer leur copie de 2015. La seule minuscule avancée réside dans l’accord de réviser les objectifs plus fréquemment que tous les 5 ans. Mais ce n’est évidemment rien de concret.

    Concernant les énergies fossiles, pour la première fois, à Glasgow, une COP a envisagé la fin du pétrole et du charbon. Mais à la dernière minute, l’Inde, soutenue par la Chine et l’Afrique du Sud, a obtenu un affaiblissement notable du pacte : au lieu d’une « disparition progressive » du charbon, l’accord n’appelle qu’à « intensifier les efforts vers sa « diminution progressive » . « Pour la première fois, les énergies fossiles sont pointées du doigt dans un texte de COP. Ce qui ressemble à un pas en avant à l’échelle des négociateurs, reste une lapalissade tragi-comique à l’échelle du monde réel. Aucun calendrier de sortie des hydrocarbures, pourtant principales responsables du réchauffement climatique, n’est en effet évoqué. Les dirigeants des pays riches préfèrent hypothéquer l’avenir des jeunes générations et la survie des pays vulnérables plutôt que remettre en cause les intérêts criminels de leurs industries fossiles », souligne Greenpeace France.

    Au niveau de l’aide aux pays du Sud qui sont les plus touchés par la crise climatique, c’est un nouvel échec et les promesses faites déjà en 2009 aux pays pauvres n’ont toujours pas été tenues. Seules l’Écosse et la Wallonie ont brisé un tabou en annonçant respectivement 1,17 million et 1 million d’euros pour répondre aux pertes et dommages. Au pied du mur, les pays vulnérables ont dû se contenter d’un lot de consolation avec l’organisation d’un dialogue de 2 ans pour discuter des arrangements de financements pour éviter, limiter et répondre aux pertes et dommages sans garantie qu’il aboutira à des engagements concrets. Proposeriez-vous à quelqu’un qui est en danger de mort de venir l’aider, mais seulement d’ici deux ans ?

    Côté méthane et déforestation, il y a eu de nombreuses annonces en parallèle des négociations, mais leur portée reste incertaine, car des pays clés ont refusé de les signer (comme le Canada, l’Argentine ou la Nouvelle-Zélande dans le cas de l’élevage) tandis que l’on peut douter de la sincérité de certains signataires (le Brésil de Bolsonaro dans le cas de la déforestation).

    La révision des mécanismes de compensation carbone est présentée par certains comme une avancée, car l’Article 6 des accords de Paris qui prévoyait un système d’échange des droits d’émission piétinait depuis 2015. La COP26 a donc réussi à mettre au point des règles d’encadrement du marché de la compensation carbones. «Malgré le fait que les marchés carbone peuvent s’avérer dangereux à la fois pour atteindre l’objectif de +1,5 °C et pour le respect des droits humains, les États ont adopté un texte qui donne quelques garanties sur l’intégrité environnementale et les droits humains», estime le Réseau Action Climat. Cette « victoire » en demi-teinte ne doit pourtant pas nous faire oublier les défauts fondamentaux de ce mécanisme de compensation.

    Tout d’abord, il crée un décalage entre des émissions de CO2 déjà réalisées, et des projets de compensation qui mettront des années à se construire et dont les résultats restent hypothétiques et fonction de la performance encore incertaine de certaines actions. Par exemple, planter des arbres sur certains types de sols peut engendrer des émissions de CO2 supérieures au volume que les arbres pourront absorber… Ensuite, mettre le CO2 sur un marché, c’est permettre aux entreprises qui en ont les moyens de continuer à polluer, en « rachetant leurs péchés » comme au temps des indulgences. Cela crée également un nouveau terrain de jeux pour les spéculateurs. Bref, c’est un petit pas dans une direction hasardeuse. Il serait beaucoup plus judicieux de mettre en place une planification démocratique de la transition et de la décarbonation de l’économie au lieu de jouer l’avenir de la planète en bourse.

    Enfin, la COP26 a battu un triste record : celui de ses propres émissions de CO2. Selon des estimations encore provisoires, son bilan carbone dépasserait les 100000 tonnes de CO2, soit 2 fois plus que pour la COP21 de Paris et 4 fois plus que la COP15 de Copenhague. Autre détail illustrant toute l’hypocrisie du sommet : l’industrie fossile comptait la plus grosse délégation à la COP26, avec 503 délégués, largement devant les pays les plus impactés par le changement climatique.

    Notre Internationale ASI (Alternative Socialiste Internationale) avait mobilisé massivement et a réalisé un grand pas en avant dans la construction d’une résistance internationale contre le greenwashing et la destruction capitaliste. Notre énergie révolutionnaire est 100% renouvelable. Alors si le résultat de la COP26 ne vous satisfait pas et que vous voulez sauver notre planète, rejoignez-nous !

  • Pollution, gaspillage… Vaincre le chaos de l’économie de marché par la planification socialiste

    « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue » (Victor Hugo)

    Les défenseurs du capitalisme présentent leur système comme si c’était l’économie la plus efficace et la plus innovante, comme une mécanique bien huilée à la marche irrésistible vers l’avant. C’est tout l’inverse : une broyeuse qui avance au hasard, qui perd ses pièces et qui exhale une fumée asphyxiante. Loin de représenter une manière efficace d’agencer l’économie, la loi du marché exprime bien plus les sentiments, les intuitions et les fantasmes d’investisseurs fortunés et de fonds d’investissement rapaces incapables d’avoir une réelle perspective à long terme.

    Par Constantin (Liège), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Économie de marché ou environnement : il faut choisir

    Le capitalisme repose sur la concurrence entre entreprises. Pour écraser leur concurrent, celles-ci devaient à l’origine construire plus solide. Le problème étant le suivant : comment continuer à faire du profit quand le marché est saturé ? Un constat s’est imposé : vendre des objets solides est une aberration. Pourquoi ne vendre un produit qu’une fois par consommateur ou par ménage ? L’énergie qui a dès lors été dépensée pour convaincre qu’il était pratique – et même nécessaire – de posséder certains produits en double ou en plusieurs couleurs, pour produire des objets à usage unique ou pour diminuer la qualité des produits est tout simplement incalculable. Quel gâchis de talents et de moyens. Ceux qui nous parlent de « capitalisme vert » et qui veulent limiter le champ de notre action à ce qui est acceptable dans l’économie de marché veulent nous faire croire que le système qui a élevé l’obsolescence programmée au rang d’art est capable de nous sauver !

    Pour avoir une chance face au changement climatique, nous ne pouvons pas nous permettre de subir davantage le chaos du marché. Nous devons nous extraire de la logique de ce système et nous libérer de la tyrannie des capitalistes qui détruisent notre planète. C’est pourquoi nous sommes pour son renversement et l‘instauration d’une économie démocratiquement planifiée, ce que nous appelons le socialisme.
    Planifier l’économie ? Il n’en faut pas plus pour que les capitalistes crient « au fou » ! Pourtant, les propriétaires actuels des moyens de production se livrent à une planification extrêmement poussée et tentent de ne laisser aucun détail au hasard pour écraser leurs concurrents. Les multinationales étudient à travers le monde les différences de salaire et de conditions de travail, comment ils peuvent mettre pression pour les faire baisser, comment organiser la production aux quatre coins du monde et gérer le transport de marchandises, etc. C’est ainsi que l’on se trouve dans une situation où du bois wallon est vendu à de grandes entreprises chinoises qui en font des meubles… vendus en Belgique. Tout est calculé avec le plus grand soin.

    Ce que nous entendons par « socialisme », c’est l’extension des éléments de planification déjà présents à l’échelle de toute la société grâce à l’expropriation des grandes entreprises (les banques, les assurances, les géants pharmaceutiques,…) pour les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité. De cette manière, nous pourrions mobiliser toutes les possibilités existantes pour faire face au péril climatique.

    Que pourrait faire une économie socialiste démocratiquement planifiée en quelques mois ?

    • 12% des émissions totales de CO2 proviennent du transport routier. En investissant massivement dans des transports publics gratuits dans toutes les villes, en transportant les marchandises par rail et en empêchant que le transport maritime mondial soit utilisé comme un moyen de réduire les coûts de la main-d’œuvre, ces émissions pourraient être réduites de façon spectaculaire.
    • 6 % des émissions proviennent de la déforestation et des incendies. La déforestation pourrait être rapidement transformée en son contraire, tandis que les incendies pourraient être réduits grâce à la gestion des forêts, à une planification urbaine plus responsable et à des investissements publics dans les services de lutte contre les incendies.
    • L’industrie et les entreprises énergétiques d’aujourd’hui créent d’énormes émissions (environ 10 % des émissions) exclusivement par des processus inefficaces. Avec une économie planifiée qui élimine les déchets inutiles et avec des investissements permettant d’économiser l’énergie, ces émissions pourraient être réduites de façon spectaculaire.
    • 17,5 % des émissions proviennent de l’énergie utilisée dans les bâtiments. Il n’en resterait quasiment rien avec un ambitieux plan public d’isolation des bâtiments quartier par quartier.
    • Des structures capitalistes entières et des industries extrêmement destructrices pourraient être démantelées : l’industrie de l’armement, l’industrie publicitaire, la spéculation financière, y compris les cryptomonnaies.
  • Frontière Bélarus / Pologne : Les réfugiés traités comme des animaux sur fond d’accroissement des tensions impérialistes

    Foto: Flickr/premierrp

    Déclaration commune de membres d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) de Pologne, du Bélarus, de Syrie et de Russie concernant la crise à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, alors que des milliers de réfugiés sont pris dans un no man’s land entre les deux pays, aux portes de l’Union européenne.

    Depuis des semaines, une crise se développe à la frontière entre le Belarus et la Pologne, où des milliers de réfugiés fuyant la guerre et les conflits en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Yémen et ailleurs sont pris dans un no man’s land entre les deux pays, à la frontière de l’Union européenne. Le 16 novembre, des affrontements ont éclaté lorsque la police polonaise a utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et peut-être même des grenades assourdissantes contre les réfugiés.

    Des milliers de gardes-frontières du Bélarus poussent les réfugiés à avancer. Deux avions à capacité nucléaire et des parachutistes russes ont été déplacés dans le pays. Du côté polonais, l’état d’urgence a été décrété dans les régions frontalières, où 15.000 soldats assurent le maintien de l’ordre avec le soutien technique de l’armée britannique. La présence britannique est perçue comme un camouflet pour l’UE, le gouvernement polonais ayant refusé l’aide de la force frontalière “Frontex” de cette dernière. La Lettonie et la Lituanie ont également envoyé respectivement 3.000 et 5.000 soldats à leurs frontières avec le Belarus et ont commencé à construire des centaines de kilomètres de clôtures en fil de fer barbelé de trois mètres de haut le long de celles-ci.

    Des conditions infernales

    Les conditions sont infernales. De nombreux réfugiés vivent dans la forêt par des températures inférieures à zéro. Ils disent ne pas avoir de nourriture et devoir boire l’eau des rivières. Les gardes-frontières bélarusses tentent de forcer des milliers de personnes à entrer dans une zone d’exclusion de 3 kilomètres de large, derrière une clôture en fil de fer barbelé établie par la police polonaise, les laissant dans les limbes du XXIe siècle. Un réfugié kurde a décrit comment les gardes biélorusses « nous frappaient avec des bâtons de bois, ils nous donnaient des coups de pied et des coups de poing, pas seulement moi mais aussi des femmes et des enfants » pour les empêcher de rentrer au Bélarus.

    Dans cette zone d’exclusion, la loi martiale est en vigueur. Les travailleurs humanitaires et le personnel de soin sont empêchés d’apporter de la nourriture, de l’eau, des vêtements, des couvertures, etc. aux réfugiés. Les journalistes ne peuvent pas non plus pénétrer dans la zone pour rendre compte de la situation, ce que le gouvernement justifie par la garantie de leur sécurité. Jaroslaw Kaczyński, chef du parti polonais “Droit et Justice”, affirme que cela est dû au fait qu’une grande partie des médias ne font que répéter la propagande de Loukachenko, alors qu’en réalité ils ne font que dénoncer la brutalité et l’illégalité des actions de l’État polonais. Bien que la zone constitue une grave violation des libertés civiles, avec des restrictions de mouvement imposées aux citoyens polonais, les autorités autorisent la chasse à l’arme à feu près de la frontière ! Cette mesure est interprétée du côté bélarusse comme un feu vert accordé à la chasse aux réfugiés.

    Un réfugié syrien qui buvait de l’eau sale et mangeait des restes d’arbres a tenté à trois reprises de repasser au Bélarus, mais il a été battu par les gardes-frontières. Il a fini par être tellement malade que la police polonaise a dû l’envoyer à l’hôpital, où il craint maintenant de revenir, car ils le renverraient dans la zone d’exclusion. D’autres rapports indiquent que les gardes-frontières polonais ont utilisé des électrochocs contre les réfugiés. Lorsque les premiers réfugiés sont morts dans les bois polonais, leurs corps ont été traînés par les gardes polonais de l’autre côté de la frontière, au Bélarus.

    Le nombre de réfugiés décédés a déjà atteint deux chiffres, et comme le temps se refroidit rapidement, il risque encore d’augmenter. Parmi eux, un nombre inconnu d’enfants. Ces enfants et leurs mères sont confrontés à des conditions particulièrement difficiles. Selon un secouriste : « La première fois que nous avons vu des enfants dans les bois, nous avons été choqués. Nous avons vu une femme accroupie en train d’allaiter un petit bébé au milieu de la nuit, et un autre enfant de trois ans debout à côté d’elle. Nous n’arrivions pas à nous sortir cette image de la tête : une femme perdue, abandonnée, allaitant son bébé avec deux enfants dans une forêt froide au milieu de nulle part. » Selon certains rapports, les femmes et les enfants sont poussés au front afin de servir de bouclier humain.

    Une crise causée par l’impérialisme

    Comme pour la crise de 2015, cette vague de réfugiés résulte de la dévastation et de la violence causées par les interventions impérialistes en Syrie, en Irak et au Yémen. Le récent retrait humiliant de l’impérialisme américain après ses vingt ans d’occupation de l’Afghanistan a laissé encore plus de personnes tentant d’échapper à l’aggravation des conditions de répression et à la menace de famine.

    La situation réelle en Syrie, par exemple, est mise en évidence par la conférence de deux jours soutenue par la Russie qui s’est tenue à Damas la semaine dernière dans le but de « faciliter le retour de millions de réfugiés syriens » dans le pays. De nombreux pays ont refusé d’y participer tandis que l’Union européenne a déclaré que « la situation en Syrie n’était pas encore sûre pour les retours ». L’intervention russe à Idlib a créé une crise des réfugiés dans cette ville, tandis que la Turquie a créé des problèmes dans d’autres régions du nord de la Syrie. L’impérialisme occidental et le gouvernement Assad ont réussi à créer des réfugiés dans tout le pays.

    Là où il y a la guerre, il y aura toujours des réfugiés, en particulier ceux qui tentent d’éviter les combats. Certaines oppositions syriennes qui se rangent aujourd’hui du côté de la contre-révolution affirment que les réfugiés actuellement bloqués à la frontière ne devraient pas être aidés car ils n’ont pas participé à la lutte contre Assad. Nous rejetons l’argument selon lequel les réfugiés ne méritent pas d’être aidés parce qu’ils n’ont pas rejoint l’opposition à Assad. Beaucoup de ceux qui ne l’ont pas fait étaient motivés par leur méfiance à l’égard des islamistes de droite et des autres forces réactionnaires de l’opposition. Il s’agit d’une crise humanitaire qui exige une solution reposant sur l’unité des travailleurs et des pauvres.

    L’impérialisme et l’UE en particulier n’ont pas cherché à résoudre la catastrophe humanitaire, mais à empêcher les réfugiés d’atteindre l’Union européenne. En essayant de s’échapper, les réfugiés ont été victimes de l’exploitation pure et simple du système capitaliste lui-même. Des profiteurs sans scrupule ont vu le jour et proposent des visas et des voyages à des prix exorbitants.

    Un groupe de Syriens a remis 5.000 dollars chacun à un “intermédiaire” de Damas pour un voyage organisé censé inclure un séjour de dix jours dans un hôtel de Minsk. Une fois au Bélarus, leur contact a coupé toute communication avec eux. “Ce salaud nous a menti”, a commenté l’un d’eux. “Il avait promis un hôtel pour dix jours, mais dix d’entre nous se sont retrouvés entassés dans une minuscule chambre à côté d’un bordel pour seulement trois nuits. Et maintenant, il ne répond plus au téléphone.” Les hôtels font payer des milliers de dollars pour rester – comme l’a commenté un administrateur d’hôtel : “C’était très calme pendant la pandémie. Les touristes ne venaient plus, mais maintenant c’est occupé tous les jours. C’est bon pour les affaires”. Les taxis facturent des centaines de dollars pour les trajets vers la frontière.

    Mais d’autres ne voient pas cette crise humanitaire comme une source de profit. Du côté polonais de la frontière, des familles sont prêtes à nourrir et à réchauffer des réfugiés désespérés. Ces derniers mois, des villes et des régions allemandes, comme Munich, ont déclaré qu’elles étaient prêtes à accueillir des réfugiés d’Afghanistan. Loukachenko en profite pour dire qu’il peut organiser un vol direct pour les réfugiés vers Munich. Ceux qui sont arrivés en Allemagne après la crise précédente n’ont cependant pas trouvé la vie facile. Seule la moitié d’entre eux ont obtenu un emploi, une situation aggravée par la pandémie, tandis que beaucoup ont été victimes d’attaques xénophobes.

    L’Europe forteresse

    Néanmoins, ces tentatives d’aide contrastent fortement avec l’approche des responsables européens, qui se concentrent sur le renforcement de la “forteresse Europe”. Lorsqu’en 2015, le Hongrois Viktor Orban a construit un mur pour empêcher les réfugiés d’entrer en Hongrie, la sympathie massive du public pour les réfugiés a obligé l’UE à le critiquer. Aujourd’hui, les gouvernements européens soutiennent ouvertement le financement commun des murs et clôtures extérieurs. La longueur des murs frontaliers prévus en Europe de l’Est a déjà atteint 1200 kilomètres, soit huit fois la longueur du célèbre mur de Berlin !

    Les réfugiés se retrouvent au milieu du conflit entre les puissances impérialistes. À un certain niveau, il s’agit d’une guerre des mots. Le président bélarusse Loukachenko accuse l’Occident de mener une “guerre hybride” contre son pays, une affirmation reprise par le gouvernement polonais à son encontre, tandis que les dirigeants européens l’accusent de “militariser” la crise. Voilà qui agace les réfugiés : ils nient être des “armes”, ils sont, disent-ils, des êtres humains “ici pour vivre, pas pour se battre.” Les régimes des deux côtés de la barrière traitent les réfugiés comme s’ils n’avaient aucun droit, comme un problème à résoudre. Mais les réfugiés eux-mêmes doivent avoir leur mot à dire sur leur propre avenir.

    Cette crise reflète les contradictions qui se développent au sein même de l’Union européenne. Le gouvernement polonais de droite populiste et anti-immigrés a récemment fait adopter par sa Cour constitutionnelle une décision déclarant que les lois polonaises l’emportent sur celles de l’Union européenne.

    Mais en ce qui concerne le différend frontalier, l’UE soutient pleinement la position anti-immigration du gouvernement polonais et les tentatives de la police polonaise de repousser les migrants vers le Belarus. Cette attitude est en contradiction directe avec le droit international et avec la politique d’asile récemment modifiée de l’UE, qui promet une décision rapide sur le statut de réfugié et un processus d’examen préalable à l’entrée. Cela ne devrait pas être une surprise car l’UE a déjà soutenu le refoulement des réfugiés qui tentent de traverser la Méditerranée ainsi que dans ses négociations avec le président turc Erdogan. L’UE n’est pas gouvernée, comme elle le prétend, par des “valeurs humanitaires”, mais utilise les réfugiés comme des pions dans sa lutte de pouvoir avec Lukashenko et Poutine. Elle est également tout à fait consciente de la nature antidémocratique et de plus en plus autoritaire du gouvernement polonais, mais est tout à fait heureuse de fermer les yeux sur ce fait, car le régime fait son “sale boulot”.

    Le chantage de Loukachenko

    Il ne fait cependant guère de doute que le président autoritaire du Belarus, Alexandre Loukachenko, a alimenté la crise. Les “agences touristiques” qui ont encouragé les réfugiés à se rendre au Bélarus bénéficient d’un soutien officiel et utilisent même une procédure de demande de visa simplifiée. Nombre d’entre eux se sont rendus à Minsk sur des vols de la compagnie aérienne publique Belavia, bien que celle-ci ait annoncé qu’elle ne transporterait pas de passagers en provenance d’Irak, de Syrie et du Yémen. Une fois à Minsk, les réfugiés ont été aidés à se rendre à la frontière et les troupes bélarusses auraient utilisé des lasers et des stroboscopes pour distraire les gardes polonais lorsque les réfugiés tentaient de passer.

    La crise sert en partie de diversion aux problèmes réels de la société bélarusse après le soulèvement de l’année dernière contre Loukachenko. Après l’échec du mouvement visant à le destituer, une répression massive s’est abattue sur le Belarus. Des milliers de militants de l’opposition ont été arrêtés, d’autres ont été licenciés et beaucoup ont fui à l’étranger, dans des pays comme la Pologne et la Lituanie. Le caractère de Loukachenko est tel qu’il voit clairement dans cette situation une occasion de se venger de la Pologne et de l’UE pour leur soutien à l’opposition bourgeoise libérale qui était à la tête des manifestations de l’année dernière. Mais il s’en sert également pour faire pression sur l’UE afin qu’elle lève les sanctions qu’elle a imposées, avec l’argument que si l’UE prend de nouvelles mesures, il déclenchera une vague de réfugiés. Ses actions actuelles ont l’avantage supplémentaire de rendre les frontières du Belarus plus difficiles à franchir pour les opposants qui tentent d’échapper à sa colère.

    Le soutien de la Russie

    Si derrière la Pologne se tient l’UE, derrière le Belarus se trouve la Russie. Les tensions entre les puissances impérialistes ont augmenté de façon spectaculaire ces derniers mois. En juillet, un avion russe a même largué quatre bombes pour faire dévier un navire britannique de sa route en mer Noire. Les disputes se poursuivent au sujet de l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe, et l’Allemagne a de nouveau refusé de certifier le gazoduc NordStream 2. L’OTAN, le chef de la CIA et de hauts responsables britanniques, ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken, se livrent à des manœuvres au sujet de la menace que représente la Russie pour l’Ukraine, des déclarations que le Kremlin utilise pour attiser le sentiment anti-occidental dans le pays.

    Le Kremlin a démontré à plusieurs reprises qu’il était prêt à lancer des attaques militaires pour détourner l’attention des problèmes intérieurs. Ceux-ci sont actuellement nombreux. Le pays a connu une quatrième vague dévastatrice de la pandémie avec l’un des taux de mortalité les plus élevés au monde, tandis que l’économie et le niveau de vie stagnent. Toutefois, à l’heure actuelle, les coûts militaires, économiques et sociaux d’une attaque contre l’Ukraine seraient trop importants pour que le Kremlin prenne un risque inutile. Il préférerait plutôt utiliser son renforcement militaire actuel à la frontière ukrainienne et son soutien à Loukachenko pour faire pression sur l’Occident dans l’espoir de l’empêcher de prendre de nouvelles mesures.

    Dans le même temps, le processus visant à résoudre le conflit gelé dans l’est de l’Ukraine n’a pas progressé. Le président ukrainien populiste Volodymyr Zelinskiy a vu sa cote de popularité tomber à des niveaux records et son soutien au sein de l’élite dirigeante s’effriter. Il a promis de résoudre le conflit avec les deux républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk d’ici la prochaine élection présidentielle, en 2024, et les faucons ukrainiens le poussent à provoquer la Russie dans une confrontation militaire. L’instabilité de la région est démontrée une fois de plus par une nouvelle série de combats autour du Haut-Karabakh cette semaine.

    De la même manière, la Russie ne veut pas que Loukachenko aille trop loin dans son conflit avec l’Occident, surtout si cela affecte l’économie russe. Lorsque Loukachenko a menacé de couper l’approvisionnement en gaz de l’Europe, le Kremlin a rapidement dénoncé cette menace. La crainte du Kremlin est que Loukachenko se soit créé un problème, qu’il ne puisse faire marche arrière dans cette confrontation sans perdre la face. Comme l’a dit Lukashenko lors d’une réunion du gouvernement : “Ils nous font peur avec les sanctions. Bien, voyons voir. Ils pensent que je plaisante, que j’agite ma langue. Il n’en est rien. Nous allons nous défendre. C’est tout, nous n’avons nulle part où nous retirer”.

    Si Loukachenko perdait la confrontation et que l’opposition libérale se renforçait, la Russie pourrait même être contrainte d’intervenir au Belarus même.

    Nos revendications

    Comme la plupart des crises qui frappent actuellement le monde, celle-ci est complexe, intensément internationale et, à la base, causée par le capitalisme et les conflits impérialistes. Pour mettre fin à la crise actuelle, nous avons besoin de solidarité et d’organisation pour exiger

    • La fourniture immédiate de nourriture, de vêtements, d’abris et de services médicaux pour toutes les personnes actuellement piégées à la frontière ;
    • La liberté pour les journalistes de faire des reportages dans la région, y compris dans la zone frontalière et avec la réintégration de tous les journalistes licenciés par le régime bélarusse ;
    • Le retrait des gardes-frontières, des troupes et de la police des deux côtés de la frontière et la levée de la zone d’exclusion, afin de permettre aux organisations humanitaires d’aider les réfugiés et de gérer leur passage en toute sécurité vers un abri et un endroit chaud ;
    • Un soutien international organisé et contrôlé par les syndicats, les organisations de réfugiés et de défense des droits de l’homme, ainsi que par les réfugiés eux-mêmes et la population locale pour organiser et contrôler le processus de démilitarisation de la région frontalière et gérer l’aide aux réfugiés ;
    • L’acceptation immédiate de ces réfugiés dans l’Union européenne, avec l’examen rapide de toutes les demandes d’asile et l’octroi du statut de réfugié ou d’autres statuts légaux, permettant de voyager sans entrave vers le pays de leur choix ;
    • La fourniture de logements et d’emplois stables, l’accès à l’éducation et aux soins de santé pour tous.

    Il s’agit toutefois de revendications qui répondent aux problèmes immédiats de ceux qui souffrent à la frontière bélarusse/polonaise.

    Nous rejetons toute tentative de dresser les réfugiés contre la population locale. L’argent utilisé pour l’appareil militaire et policier afin de “sécuriser” les frontières devrait plutôt être utilisé pour assurer la sécurité des réfugiés. Les profits réalisés par les compagnies pétrolières et les fabricants d’armes grâce aux conflits au Moyen-Orient devraient être récupérés et utilisés pour reconstruire les économies de cette région.

    La richesse des riches en Europe et dans le monde, générée par l’exploitation des pays plus pauvres et de la classe ouvrière dans le monde, devrait être utilisée au profit de tous. Nous comprenons que ce n’est pas une solution “facile” – mais c’est la seule vraie solution car, sans une transformation économique et sociale radicale de ces pays, aucune frontière, aucune police, aucun fil barbelé ne suffira à empêcher les réfugiés désespérés de tenter de s’enfuir.

    Les sanctions actuellement utilisées par l’impérialisme américain et européen contre les régimes autoritaires du Bélarus, de Russie, de Syrie et d’Irak sont inefficaces, nuisent au niveau de vie des travailleurs et des jeunes, tout en affectant à peine l’élite dirigeante. Elles permettent aux régimes de dépeindre le pays comme étant politiquement “assiégé” par les gouvernements occidentaux, tout en rejetant les difficultés économiques sur les sanctions elles-mêmes. Des sanctions efficaces commenceraient par l’ouverture des comptes des riches et de l’élite dirigeante de ces pays pour révéler qui sont leurs amis et collaborateurs dans d’autres pays, avec l’expropriation de leurs richesses. Cela ne sera possible que par l’action indépendante du mouvement ouvrier mondial.

    En effet, une lutte plus large de la classe ouvrière basée sur la solidarité internationale est nécessaire contre les causes profondes de cette crise – contre le régime autoritaire d’Aleksander Lukashenko au Bélarus et le gouvernement réactionnaire “Droit et Justice” en Pologne, ainsi que contre les politiques impérialistes des États-Unis, de l’UE, de la Russie et d’autres pays qui ont provoqué la catastrophe dans des pays comme la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan et le Yémen – en d’autres termes, une lutte contre le capitalisme mondial et pour une société socialiste internationale et démocratique.

  • Crise climatique. La COP26, festival mondial du Greenwashing


    Après deux semaines, 30.000 délégués, observateurs et lobbyistes ont conclu le sommet mondial “COP 26” à Glasgow. Résultat : promesses vides et inaction.

    Par Per Olsson, Rättvisepartiet Socialisterna (ASI-Suède)

    Le sommet climatique de Glasgow fut un « festival mondial de greenwashing et un échec », a déclaré Greta Thunberg lors de son intervention à la manifestation « Fridays For Future » à Glasgow le 5 novembre dernier. Cette manifestation a été suivie le lendemain par une énorme marche pour le climat qui a rassemblé plus de 100.000 personnes dans les rues de Glasgow.

    La COP26 à Glasgow restera dans l’histoire pour deux raisons totalement opposées. Premièrement, elle a vu l’intensification du greenwashing par l’élite dirigeante dans le but de cacher ses promesses totalement inadéquates et, surtout, ses actions inadéquates. Deuxièmement, elle a été marquée par l’étonnante mobilisation de celles et ceux qui réclament l’adoption de véritables mesures, ce qui a en réalité permis de relancer à l’échelle internationale le combat contre la crise climatique après la pause causée par la pandémie.

    Avec plus de 500 personnes accréditées, la plus grande délégation présente à ce sommet était l’industrie des combustibles fossiles. Ce seul fait confirme que la COP26 a effectivement bien été un festival de greenwashing. Alors que le sommet touchait à sa fin, les négociations se sont poursuivies sur la série de nouveaux engagements visant à limiter les émissions et la hausse des températures.

    Il était déjà clair au fur et à mesure que les discussions se poursuivaient que toute proposition serait de toute façon très limitée. Malgré tout, contrairement à ce qui s’est passé après le sommet de Paris de 2015 (la COP 21), où beaucoup de gens croyaient encore que la rencontre conduirait à des actions sérieuses, la plupart des militants pour le climat ne se font aujourd’hui aucune illusion sur le fait que les gouvernements participants tiendront leurs promesses.

    L’aggravation rapide de la crise climatique, et la lutte qui en a résulté, a créé une nouvelle prise de conscience croissante : celle qu’il faut changer de système.

    Avant le sommet sur le climat, les gouvernements du monde entier devaient soumettre leurs nouveaux engagements en matière de climat. Ces contributions déterminées au niveau national (CDN) se sont avérées loin d’être suffisantes pour atteindre l’objectif d’une augmentation maximale de 1,5 degré de la température mondiale. Les scientifiques ont souligné que si les gouvernements continuent à agir comme ils le font actuellement, une dévastatrice augmentation de la température de 2,7 degrés se produira d’ici 2100.

    Ces engagements ont été suivis de nouveaux lors du sommet sur le climat, ce qui a incité l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à espérer que l’augmentation de la température puisse être limitée à 1,8 degré. Mais les calculs de l’AIE sont eux-mêmes coupables de greenwashing.

    “Nous avons fait les calculs : le scénario de l’AIE laisse encore un énorme déficit d’émissions en 2030”, déclarent les chercheurs de Climate Analytics. Ils soulignent la nécessité de réduire les émissions mondiales de près de la moitié en l’espace d’une décennie pour que la température de 1,5 degré Celsius reste à portée de main.

    Lors du sommet sur le climat, les gouvernements se sont engagés à mettre fin à la déforestation d’ici à 2030, le président brésilien Jair Bolsonaro figurant parmi les signataires. Mais c’est durant son mandat de président que la déforestation en Amazonie a établi de nouveaux records.

    “Il y a une très bonne raison pour laquelle Bolsonaro s’est senti à l’aise pour signer ce nouvel accord. Il permet une autre décennie de destruction de la forêt et n’est pas contraignant. Pendant ce temps, l’Amazonie est déjà au bord du gouffre et ne peut pas survivre à des années de déforestation supplémentaires. Les peuples indigènes demandent que 80% de l’Amazonie soit protégée d’ici 2025, et ils ont raison, c’est ce qu’il faut. Le climat et la nature ne peuvent pas se permettre cet accord” a commenté Carolina Pasquali, directrice exécutive de Greenpeace Brésil.

    La COP26 est parvenue à un accord visant à réduire les émissions de méthane de 30 % d’ici à 2030, mais les trois plus grands émetteurs – la Russie, la Chine et l’Inde – n’ont pas signé.

    Les principaux consommateurs et producteurs de charbon ont refusé de signer l’accord de la COP26 visant à éliminer progressivement son utilisation d’ici à 2030. Les gouvernements américain, indien et chinois ont tous refusé de le faire, tandis que le gouvernement polonais, qui avait d’abord signé, a changé d’avis en moins d’un jour, affirmant que le charbon ne peut être éliminé que d’ici 2049.

    Depuis 2009, les pays riches se sont engagés à aider les pays pauvres par le biais de l’aide climatique, qui devait s’élever à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Cet objectif n’a pas été atteint ; l’aide climatique, qui est à la fois une aide et des prêts accordées aux conditions des pays riches, a atteint 80 milliards de dollars en 2019. Une goutte d’eau dans l’océan. Les subventions des gouvernements aux énergies fossiles sont 74 fois plus importantes et équivalent à 11 millions de dollars par minute !

    Mais à la COP26, cet échec sera couvert par de nouvelles promesses vides. Comme l’a exprimé Greta Thunberg : “Net zéro d’ici 2050. Bla. Blah. Bla. Zéro net. Bla. Bla. Bla. Climat neutre. Bla. Blah. Blah. C’est tout ce que nous entendons de la part de nos soi-disant dirigeants. Des mots qui sonnent bien mais qui, jusqu’à présent, n’ont mené à aucune action. Nos espoirs et nos rêves se noient dans leurs paroles et leurs promesses vides.”

    Depuis le sommet de Paris sur le climat en 2015, les températures ont augmenté plus rapidement que jamais et l’augmentation des émissions cette année pourrait être la deuxième plus importante de l’histoire. Le mix énergétique mondial est toujours le même qu’il y a 10 ans.

    Les enfants nés en 2020 risquent de connaître en moyenne près de sept fois plus de vagues de chaleur, trois fois plus de mauvaises récoltes et deux fois plus d’incendies incontrôlés que leurs grands-parents, selon un récent rapport de recherche de Save the Children et de climatologues de l’université de Vrije à Bruxelles.

    Comme c’est la recherche du profit et de l’exploitation par le capitalisme qui guide les décisions prises par l’élite dirigeante, le monde se rapproche de plus en plus d’une catastrophe mondiale.

    Les changements nécessaires ne peuvent être obtenus que par une lutte généralisée à partir de la base, en joignant la force du mouvement pour le climat à celle des luttes ouvrières et des syndicats et en se préparant à lutter par des grèves et des blocages de l’économie.

    Seul un tel mouvement serait suffisamment puissant pour mettre fin à l’inaction de l’élite dirigeante, en lui retirant le pouvoir et en permettant la mise en œuvre de plans alternatifs de production et de distribution durables dans le cadre d’une économie publique et démocratiquement planifiée. Il s’agirait d’un véritable “changement de système”, qui remplacerait le capitalisme par le socialisme démocratique et permettrait le développement durable du monde.

  • Alternative Socialiste Internationale a fait retentir le besoin urgent d’un changement socialiste pour le climat à la COP26

    « Un homme s’est fixé l’objectif d’arrêter l’alcool dans 29 ans, en 2050, grâce à une méthode par paliers où il ne changera rien pendant 20 ans tout en bénéficiant de crédits d’alcool pour les années où il n’a pas bu, ce qui pourrait déplacer sa date de fin de consommation vers 2065. En attendant, il s’est déjà acheté un second frigo à bières qu’il décrit comme une méthode de ‘capture et stockage’ » La blague circule en plusieurs langues sur internet et synthétise parfaitement la « politique » dominante actuelle en matière de lutte contre la crise climatique. Tout porterait effectivement à rire si la situation n’était pas aussi dramatique.

    S’adressant à la foule à la suite de la manifestation du vendredi 5 novembre à Glasgow, Greta Thunberg a parlé de la COP26 comme d’un échec, une « célébration du ‘business as usual’ et du blabla », un « festival de greenwashing ». Six ans après l’accord de Paris qui visait à limiter le réchauffement de la planète bien en deçà de +2°C, si possible +1,5°C, nous nous dirigeons vers un réchauffement catastrophique de +2,7°C selon l’ONU. Ces 6 années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et les avertissements retentissent les uns après les autres. Mais l’inaction criminelle des dirigeants du monde se poursuit.

    Durant la première semaine de la COP26, il a plu des déclarations optimistes sur la déforestation, la sortie du charbon ou encore la levée de milliards de dollars pour des investissements verts. Comme l’explique Mohamed Adow, directeur du groupe de réflexion sur le climat Power Shift Africa basé à Nairobi, il y a « deux réalités » : « L’une est le monde des communiqués de presse du gouvernement britannique annonçant une multitude d’initiatives, suggérant que tout va bien et que nous avons presque résolu la crise climatique. L’autre réalité est hors de cette bulle de relations publiques. Le climat, ce sont les faits. »

    Comme pour illustrer toute l’hypocrisie du sommet, l’industrie fossile compte la plus grosse délégation à la COP26, avec 503 délégués, largement devant les pays les plus impactés par le changement climatique. Plus de 400 jets privés ont été mis à disposition pour amener diverses personnalités à Glasgow. Parmi elles se trouve le milliardaire Jeff Bezos, qui avait récemment fait part de sa solution pour le climat : « Nous devons déplacer toutes les industries lourdes, toutes les industries polluantes dans l’espace. » Qu’un pareil personnage soit invité à participer au sommet de l’ONU sur le climat est en soi une illustration de ce que nous avons à en attendre. La pollution causée par ces ultra-riches et VIP capitalistes produira plus de gaz à effet de serre que 1600 Écossais en un an… uniquement pour leur arrivée ! Contrairement à ce que les décideurs politiques et les médias dominants tentent de nous faire croire, nous ne sommes pas toutes et tous égaux face à la crise climatique. Là aussi, il y a deux réalités.

    D’un côté l’on trouve les criminels climatiques qui possèdent les leviers de l’économie et qui décident en toute connaissance de cause de continuer à sacrifier la Terre et l’humanité au profit des actionnaires. De l’autre celles et ceux qui subissent et subiront le plus durement les conséquences de la crise climatique alors que ce sont celles et ceux dont le travail, avec la nature, est source de toutes richesses.

    Contre le gaspillage de l’économie de marché, la planification démocratique socialiste

    Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) avait mobilisé un imposant contingent international (d’environ 300 militantes et militants) afin de défendre une alternative face au chaos et au gaspillage de l’économie de marché. Une économie socialiste démocratiquement planifiée pourrait radicalement changer la situation en quelques mois à peine. Quelques exemples :

    • 12% des émissions totales de CO2 proviennent du transport routier. En investissant massivement dans des transports publics gratuits, en transportant les marchandises par rail et en empêchant que le transport maritime mondial soit utilisé comme un moyen de réduire les coûts de la main-d’œuvre, ces émissions pourraient être réduites de façon spectaculaire.
    • 6 % des émissions proviennent de la déforestation et des incendies. La déforestation pourrait être rapidement transformée en son contraire, tandis que les incendies pourraient être réduits grâce à la gestion des forêts, à une planification urbaine plus responsable et à des investissements publics dans les services de lutte contre les incendies.
    • L’industrie et les entreprises énergétiques d’aujourd’hui créent d’énormes émissions (environ 10 % des émissions) exclusivement par des processus inefficaces. Avec une économie planifiée qui élimine les déchets inutiles et avec des investissements permettant d’économiser l’énergie, ces émissions pourraient être réduites de façon spectaculaire.
    • 17,5 % des émissions proviennent de l’énergie utilisée dans les bâtiments. Il n’en resterait quasiment rien avec un ambitieux plan public d’isolation des bâtiments quartier par quartier.
    • Des structures capitalistes entières et des industries extrêmement destructrices pourraient être démantelées : l’industrie de l’armement, l’industrie publicitaire et la spéculation financière par exemple.
    Salle comble le samedi soir pour notre meeting international…. et même plus encore ! Une autre salle a dû être mise à disposition à l’étage inférieur, où le meeting a été retransmis.

    La faillite du capitalisme de plus en plus généralement acceptée

    Les militantes et militants d’ASI n’ont pas économisé leurs efforts pour faire entendre ce message en Ecosse lors des deux grandes manifestations qui se sont tenues à Glasgow les 5 et 6 novembre et lors d’une action à Édimbourg le 5 novembre à l’aide de stands ; de la vente du journal de nos camarades d’Angleterre, du Pays de Galles et d’Ecosse ; de la distribution de tracts ; d’un grand meeting ;… et d’imposantes délégations dans les manifestations de Glasgow.

    A Glasgow, le « School strike for future » du vendredi et ses quelques dizaines de milliers de manifestants était un parfait échauffement pour la manifestation du samedi qui a réuni pas moins de 100.000 personnes. Dans ces 2 cortèges, il était difficile de manquer nos délégations dynamiques qui ont regroupé plusieurs centaines de personnes à chaque fois. Le dynamisme et la détermination de ces contingent s’est reflétée dans l’excellente couverture médiatique dont nous avons bénéficié (et dans nombre d’extinctions de voix parmi les camarades). Nous avons tenté autant que faire ce peu de traduire nos idées en action et d’imposer notre marque sur les événements, ce qui s’est révélé payant.

    Près de 80 personnes sont parties de Belgique pour rejoindre la délégation d’ASI.

    Après la manifestation du vendredi, un podium a réuni divers orateurs et oratrices, dont Greta Thunberg. Nous avons également pu prendre la parole et notre camarade Amy Ferguson, une syndicaliste d’Irlande du Nord, qui a brillamment expliqué quel rôle pouvait jouer la classe ouvrière dans la lutte contre la crise climatique. Ce même jour, nous avons également manifesté à Édimbourg et rejoint des étudiants et étudiantes du secondaire en grève devant le parlement écossais qui, avec le gouvernement écossais (à l’image des politiciens capitalistes du monde entier) continue à laisser les grands pollueurs tranquilles. Le samedi soir, un meeting international intitulé « Le capitalisme tue la planète, luttons pour une transformation socialiste de la société » a réuni plusieurs centaines de personnes à la suite de la manifestation de Glasgow. Dans toutes ces activités, nous avons pu constater à quel point la compréhension de l’incapacité du capitalisme à offrir une issue face à cette crise a grandi et est plus généralement acceptée.

    Cette intervention historique de la part de notre internationale fera date dans la mémoire de tous les participantes et participants. Au-delà de notre intervention dans le mouvement pour le climat – en cherchant à orienter celui-ci vers la classe ouvrière et des solutions liées à la nécessité d’une transformation socialiste de la société – des pas de géant ont été fait pour « internationaliser notre internationale » et approfondir les échanges entre camarades des différentes sections à la suite d’années notamment marquées par les confinements. Nous remercions toutes et tous les camarades dont les efforts ont permis cet éclatant succès et vous invitons à y participer à votre échelle en participant au « fonds Glasgow » qui a permis d’assister près de 80 jeunes à partir de Belgique pour rejoindre l’Ecosse.

    Manifestation du vendredi 5 novembre à Glasgow

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    Manifestation du samedi 6 novembre à Glasgow

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    Action à Edimbourg le vendredi 5 novembre

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  • « Nos revendications sont modérées, nous voulons juste la Terre »

    Délégation d’ASI à la manifestation du samedi à Glasgow.

    Vendredi, une grande manifestation a eu lieu à Glasgow en marge de la COP26 à l’appel de Fridays for Future avec la participation de milliers d’étudiants du secondaire et du supérieur. Ce cortège très dynamique était un parfait échauffement pour la grande manifestation qui a eu lieu le lendemain. Greta Thunberg figurait parmi les orateurs qui se sont succédé au podium à la fin de la manifestation. Avant qu’elle ne prenne la parole, notre camarade Amy Ferguson, une syndicaliste d’Irlande du Nord membre d’Alternative Socialiste Internationale. Voici ci-dessous son discours traduit en français et la vidéo de son intervention.

    « Mon nom est Amy Ferguson. Je suis militante syndicale de Unite Hospitality en Irlande du Nord et je suis également membre d’Alternative Socialiste Internationale.

    « Cette semaine, Boris Johnson a admis que les réunions internationales comme le G20, et j’ajouterais la COP26, ne sont que des gouttes d’eau dans un océan surchauffé. Ces prétendus dirigeants du monde et leurs sponsors du secteur des combustibles fossiles ont eu des décennies pour agir, mais ils n’ont toujours rien à nous offrir, si ce n’est du greenwashing capitaliste. Ils continuent leurs affaires comme si de rien n’était et nous devons l’accepter parce qu’ils plantent quelques arbres ? C’est le mieux qu’ils puissent nous offrir. Il suffit de gratter la fine couche de vernis de leur rhétorique pour voir à quel point celle-ci est vide de sens.

    « Depuis l’accord de Paris sur le climat en 2016, les 60 plus grandes banques du monde ont investi 3.800 milliards dans des entreprises de combustibles fossiles. Ce n’est pas seulement de l’inaction, cela revient à détruire activement notre planète. Les délégués à la COP26 se félicitent du peu qu’ils font, tout en veillant à ne pas trop marcher sur les plates-bandes de leurs sponsors des énergies fossiles. N’oublions pas que ce ne sont pas eux qui ont mis le climat sur le devant de la scène : ce sont les millions de jeunes et de travailleurs du monde entier qui l’ont fait. Ce sont ces mouvements qui nous offrent une bouée de sauvetage.

    « La semaine dernière, j’ai participé à une conférence de mon syndicat avec des centaines de délégués représentant un million de membres de Grande-Bretagne et d’Irlande. Lors de cette conférence, nous avons eu une discussion sur ce qu’il faut faire face à la crise climatique. Des travailleurs de l’industrie lourde, des transports et d’autres secteurs ont dit à quel point le mouvement pour le climat les inspirait. Ils ont dit combien il est nécessaire que nos mouvements soient connectés. Certains essaient de nous dire que nous devons choisir entre une planète vivable et des emplois décents, mais c’est tout le contraire qui est vrai. Il y a tellement de travail à faire pour construire des infrastructures vertes ou développer de nouvelles technologies ! L’initiative pour cela ne viendra pas d’en haut ; l’initiative et la connaissance pour tout ça sont présentes parmi les travailleurs.

    « À Belfast, il y a quelques années, les travailleurs du chantier naval Harland & Wolff étaient confrontés à la menace de la fermeture de leur chantier et à la perte de leurs emplois. Au lieu d’accepter cela, les travailleurs ont occupé le chantier et proposé une alternative claire. Ils ont déclaré que leurs connaissances et leurs compétences devraient être utilisées pour construire des infrastructures vertes. Ils ont fini par sauver leurs emplois.

    « La semaine dernière, le personnel ferroviaire en Écosse a menacé de faire grève autour de revendications salariales. S’ils stoppent leur travail, ils sont capables de paralyser des villes entières. Cette menace a suffi à imposer une augmentation de salaire. Avec tous ceux qui défendent des transports publics gratuits et décents, nous devons nous rapprocher de ces travailleurs pour utiliser notre force collective. Rien ne peut nous arrêter en faisant cela ! Au fait, c’est une excellente chose que les éboueurs de Glasgow en grève soient ici. Ils méritent notre entière solidarité.

    « Notre énergie ne doit pas disparaître après ces actions. Nous devons continuer à nous organiser et à tisser des liens entre nous. Ce sont les jeunes et les travailleurs qui peuvent offrir une issue à la crise. Nous disposons de la force, des plans et des idées, mais nous ne pouvons pas contrôler ce que nous ne possédons pas. Notre mouvement doit se concentrer sur la racine des problèmes. Nous ne devons pas permettre au système capitaliste et à ses milliardaires, ses PDG et leurs politiciens de continuer sur la même voie désastreuse. Nous devons retirer le pouvoir de leurs mains.

    « L’alternative doit être socialiste, elle doit reposer sur la propriété publique et le contrôle démocratique des plus grandes entreprises et du secteur financier. Cela nous permettrait d’élaborer un plan international fondé sur les besoins des populations et de la planète, et non sur les comptes bancaires des riches. Les politiciens nous disent d’être réalistes et modérés. En réponse, je veux répéter les mots du syndicaliste et socialiste irlandais d’origine écossaise James Connolly : nos revendications sont modérées, nous voulons simplement la Terre. »

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