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Category: Social
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Activistes du climat et cheminot.e.s : même combat! Sauvons le climat!
Des investissements massifs dans les transports publics !
L’an dernier, le RMT (le plus grand syndicat des transports au Royaume-Uni) s’est mis en grève pour obtenir de meilleures conditions de travail, des salaires plus élevés et la sécurité d’emploi. Des militant.e.s pour le climat comme Just Stop Oil et Extinction Rebellion se sont joints aux piquets de grève. Cette année, les militant.e.s allemand.e.s ont fait de même. Les syndicats des transports se sont mis en grève et ont soutenu la marche pour le climat du 3 mars. Ils ont obtenu des hausses de salaire ainsi que le “Deutschland ticket”, un billet mensuel moins cher (49 euros) qui permet de voyager dans tout le pays.
Par Koerian (Gand), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
Le trafic tue
Activistes du climat et cheminot.e.s en grève : une combinaison logique. 25% des émissions de gaz à effet de serre en Europe proviennent des transports, dont 72% du transport routier. En outre, les routes, les voitures et les camions changent radicalement notre vie. Ils sont à l’origine de particules fines, responsables entre autres de cancers, de maladies pulmonaires, d’asthme et de maladies
cardiovasculaires.On a dénombré 540 décès dus à la circulation en 2022. La circulation est la plus grande forme de pollution sonore et pèse sur notre santé mentale de manière quotidienne et continue. En outre, les infrastructures de circulation dominent notre espace public et prennent de l’espace qui pourrait être consacré aux parcs, aux places et à un environnement plus humain.
Les transports publics sont mis en pièces
Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et créer un cadre de vie plus attrayant pour toutes et tous, il faut des transports publics plus nombreux, plus performants et moins chers. Or, depuis des décennies, les transports publics sont réduits à peau de chagrin. Les gouvernements précédents ont découpé la SNCB en plusieurs morceaux (Infrabel, SNCB et HR-Rail) pour faciliter la privatisation du transport.
Pour faire accepter que la SNCB ne fonctionne pas (et pour libérer de l’espace pour des cadeaux aux grandes entreprises), des gares ont été supprimées, les conditions de travail ont été attaquées et des emplois ont été supprimés. Les services se sont
dégradés, le personnel peut à peine prendre des vacances ou des jours de compensation… Les 1,75 milliard d’argent frais reçus par Infrabel entre ’23 et ‘32 sont une goutte d’eau dans un océan d’économies. Dans le même temps, De Lijn supprime un sixième de ses arrêts à partir de janvier.Voiture=bénéfice
Pour la bourgeoisie, c’est simple : les voitures et camions sont rentables, les bus et les trains ne le sont pas. En partie grâce à l’électrification du parc automobile, l’industrie peut doubler ses profits. Comme d’autres gouvernements, la Vivaldi, ECOLO et Groen y compris, ne jurent que par “les lois du marché”. Il s’agit de supprimer ce qui n’est pas rentable pour les actionnaires du BEL 20 (éducation, soins de santé, transports publics).
Des mesures comme les zones à faibles émissions peuvent sembler vertes, mais elles punissent les personnes qui conduisent la même voiture depuis des années et qui n’ont pas les moyens de s’acheter un nouveau véhicule. Ceux qui en ont les moyens seront accueillis à bras ouverts par les constructeurs automobiles. Dans le cadre du capitalisme, les décideurs politiques au pouvoir défendront toujours les profits des grandes entreprises.
Une solution simple
La solution, elle aussi, est simple. Si nous voulons que les gens laissent leur voiture à la maison, si nous voulons que nos quartiers soient moins bruyants et plus verts, si nous voulons réduire les émissions, nous avons besoin d’une alternative réaliste à la voiture. Une telle alternative implique en premier lieu des investissements significatifs dans les transports publics. Plus de bus, de trams et de trains, plus de personnel dans les gares, un réseau nocturne étendu… Deuxièmement, il faut miser sur des systèmes de vélo et de covoiturage bon marché, publics et efficaces pour combler les lacunes.
La solidarité
C’est précisément là que les syndicalistes et les écologistes se retrouvent. Un transport ferroviaire de qualité signifie aussi plus de personnel et un équipement correct, des guichets au lieu de distributeurs automatiques et suffisamment de congés et de jours de compensation pour que le personnel ferroviaire puisse accomplir ses tâches en toute sérénité et sans stress.
L’Allemagne et la Grande-Bretagne ont fourni des exemples importants de ce à quoi peut ressembler une lutte commune pour l’investissement. Pour remporter de grandes victoires, le mouvement pour le climat devra soutenir systématiquement toute action syndicale dans le secteur et vice versa.
Une délégation du personnel des transports publics lors de la manifestation pour le climat du 3 décembre pourrait ouvrir la voie à un mouve-
ment de longue durée. Les militant.e.s climat qui participeront aux piquets de grève des 6 et 7 décembre pourront renforcer la solidarité. -
Réunions publiques : investir dans les transports publics, sauver le climat
Le 3 décembre aura lieu une marche nationale climat. Les mercredi 6 et jeudi 7 décembre, une nouvelle grève des chemins de fer est prévue. Elle sera suivie par des actions “Code rouge” autour du secteur de l’aviation, entre autres concernant les jets privés extrêmement pollueurs qui non seulement pèsent sur l’environnement, mais sont aussi largement subventionnés par les fonds publics injectés dans le secteur.
Naomi Klein avait déjà fait remarquer que les cheminot.e.s en grève sont les activistes climatiques du 21e siècle. Comment renforcer les grèves des chemins de fer ? Comment créer des liens entre les cheminot.e.s et les activistes du climat ? Nous organisons deux réunions ouvertes avec un intervenant de Libre Parcours, le journal d’action pour et par le personnel des transports publics, et un.e activiste du climat. Ces réunions ouvertes auront lieu à Bruxelles (mardi 28 novembre) et à Anvers (mercredi 29 novembre). Lors de cette dernière réunion, un chauffeur de bus sera également auprès d’un membre du personnel de la SNCB et d’un activiste du climat.
- Mardi 28 novembre. 19h30 Pianofabriek – salle Cadzand, rue du Fort à Bruxelles
- Mercredi 29 novembre. 19h30 Café Multatuli, Lange Vlierstraat Anvers

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L’empreinte carbone des grandes entreprises égale celle de 3,87 millions d’habitant(e)s !
Il y a quelques années, les débats autour de la crise climatique se concentraient sur le comportement individuel et la consommation, comme si notre avenir reposait sur la disparition des pailles en plastique et sur les douches courtes. La nouvelle étude d’Oxfam aide à recentrer le débat sur la racine du problème: l’empreinte carbone moyenne des grandes entreprises du BEL20 s’élève à 20,84 millions de tonnes de CO2 par an, soit les émissions annuelles des 34% les plus pauvres de Belgique.
Par Constantin (Liège)
Oxfam relaye l’analyse du cabinet de conseil Oliver Wyman et Carbon Disclosure Project (CDP), selon laquelle seules 3% des grandes entreprises belges seraient effectivement engagées sur une trajectoire d’émissions compatible avec un réchauffement de 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle (objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris de 2015). Les priorités du capital sont limpides: Oxfam souligne que sur la période 2016-2021, les entreprises du Bel 20 (l’indice boursier belge) ont versé pas moins de 47,5 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires, ce qui équivaut à 70% des bénéfices réalisés par ces entreprises. C’est aussi l’équivalent de 68 fois le budget annuel des TEC !
C’est une excellente chose de dénoncer ainsi les véritables responsables de la crise climatique. Le rapport d’Oxfam est toutefois très léger dès lors qu’il s’agit d’envisager les solutions. Il cible – à juste titre – la nécessité de faire payer les plus riches ainsi que ces grandes entreprises qui compensent leur inaction climatique par un évitement fiscal frénétique. Mais lorsqu’elle défend que « Aucun dividende ne devrait pouvoir être versé tant que l’entreprise n’est pas sur une trajectoire d’émissions compatible avec l’objectif de 1,5 °C », cela ressemble à un souhait. Comment imposer cela alors que si peu a pu être réalisé jusqu’ici ?Peu de temps après la sortie de l’étude d’Oxfam, Glen Peters, directeur de recherche à l’institut de recherche climatique CICERO en Norvège, tirait une fois de plus la sonnette d’alarme : les émissions mondiales de dioxyde de carbone devraient encore augmenter d’environ 1% en 2023 pour atteindre un nouveau record. Chaque année, les émissions continuent d’augmenter.
Deux constats s’imposent. Le premier, c’est qu’on ne peut pas simplement faire comme avant, aligner les rapports et les recommandations, en espérant un résultat différent. Le second, c’est qu’on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas.
Construire un mouvement de lutte suffisamment puissant pour exproprier les criminels climatiques est une priorité vitale. Placer ces entreprises sous contrôle public démocratique est un premier pas nécessaire pour assurer une reconversion rapide des industries polluantes en garantissant la santé des travailleuses et travailleurs sans perte de salaire et avec amélioration des conditions de travail. Mettre la main sur leurs avoirs permettrait aussi le redéploiement des transports en commun sur tout le territoire, tout en assurant leur gratuité ; des investissements massif dans les énergies renouvelables, l’établissement d’un plan public d’isolation et de rénovation du bâti quartier par quartier pour réduire la consommation d’énergie, des investissements dans la protection civile et les services d’aide pour mieux nous préparer aux catastrophes à venir, etc.
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Climat. Devant nous le déluge ?
Depuis la parution de cet article le 26 septembre sur le site de nos camarades allemands de Sozialistische Alternative, la ville de Volos en Grèce a connu de nouvelles inondations. À part les terribles pertes humaines, surtout en Libye, l’impact énorme sur la production agricole grecque est un présage de ce qui nous attend. L’article fait aussi mention des inondations qui en juillet 2021 firent de nombreuses morts en Allemagne et en Belgique. Les priorités du gouvernement allemand décrites ci-dessous nous démontrent que les leçons n’ont pas été tirées. Cela démontre encore une fois de plus que le capitalisme est soit incapable soit indifférent aux menaces de la crise écologique, même dans les pays impérialistes les plus riches.
Par Conny Dahmen, Cologne
Un été comme un cauchemar sans fin ; à peine les premières pelles s’étaient-elles attaquées à la boue à Volos en Grèce, que dans l’espace de quelques heures un raz-de-marée emporta en mer Méditerranée des quartiers entiers de la ville libyenne de Derna. Le bilan est d’au moins 11.000 morts. Peu avant la même tempête avait inondée de vastes zones en Turquie, en Bulgarie et en Grèce.
Après que cet été plus de 1,7 million d’hectares de forêts et de villages ait brûlés en Grèce (d’après les données du système européen d’information sur les feux de forêts EFFIS), en septembre les pluies diluviennes de la tempête Daniel inondèrent 720.000 hectares tuant 16 personnes (selon les statistiques officielles). Des dizaines de milliers d’habitants à Volos et dans le Pélion se sont retrouvés privés d’électricité et d’eau potable pendant des jours. Ils se retrouvent aujourd’hui devant les décombres de leurs existences. La pleine de Thessalie n’est plus qu’un lac de boue où, selon Efthymios Lekkas, professeur en gestion de catastrophes naturelles, l’agriculture ne pourra y être reprise qu’après cinq ans au plus tôt. La région fournissait auparavant plus de 25% de la production agricole et près de 11% des emplois du pays.
Depuis le début des relevés, jamais autant de pluie n’est tombée en Grèce. La station météorologique de la ville de Zagorá dans le Pélion a enregistré 734 litres de pluie par mètre carré en 20 heures. En guise de comparaison, lors des inondations de juillet 2021, dans la vallée de l’Ahr (région de l’Eifel en Allemagne) il était tombé jusqu’à 200 litres par mètre carré en deux à trois jours.
L’accumulation rapide de conditions météorologiques extrêmes est un symptôme bien connu de l’avancé du changement climatique. Les ouragans méditerranéens (Medicanes) comme la tempête Daniel se forment plus rapidement et deviennent plus forts lorsque la température de l’eau est trop élevée. Même sans plus émettre de gaz à effet de serre, de tels événements climatiques extrêmes continueraient à se produire. Nous devons y faire face.
Effondrement climatique et défaillance de l’État
La situation des États des régions concernées rendent cependant une telle adaptation difficile, voire impossible. Ainsi, en Libye, les avertissements des météorologues furent initialement soit ignorés par les autorités, soit diffusés trop tard. Après le désastre, l’aide du gouvernement arriva trop tard et s’avéra insuffisante. Selon un rapport de la Banque mondiale d’avril de cette année, le PIB libyen a chuté de plus de 50 % depuis le début de la guerre civile en 2011. En conséquence, les infrastructures (tels les deux barrages qui se sont effondrés à Derna) et les systèmes d’alerte se sont détériorés. Les habitants des pays du Sud sont généralement touchés de manière beaucoup plus extrême par les conséquences du changement climatique. Ils les subissent au côté des conséquences des interventions néocoloniales des États impérialistes occidentaux et par le pillage opéré par les grandes entreprises.
En Grèce non plus il n’y eu aucune évacuation. L’approvisionnement immédiat en biens essentiels, voire en eau, n’était initialement possible que grâce aux actions de solidarité de la population locale. Même après neuf jours, il restait encore des gens à secourir de leurs toits.
Les véhicules de secours, les hélicoptères des pompiers ou de l’armée, les canots pneumatiques et les engins de chantier ne sont arrivés qu’après des heures interminables et la plupart des avions de sauvetage n’ont pas pu être utilisés. Ce n’est qu’au bout de quatre jours que le gouvernement a installé un centre de crise sur place.
La pleine de Thessalie est connue comme une zone potentiellement inondable, ayant déjà subi une inondation en 1994 et plus récemment en 2020. Néanmoins, malgré toutes les promesses des gouvernements concernant l’expansion des infrastructures de protection contre les inondations, rien ne s’est produit. Les ponts, les barrages et les routes sont réparées et reconstruits de la même piètre manière (sinon au mauvais endroit) comme auparavant.
Se protéger contre les catastrophes signifie lutter contre le capital
En Allemagne aussi, les infrastructures et la protection contre les catastrophes ont été et sont toujours négligées. Alors que d’énormes sommes d’argent sont injectées dans l’armée et l’armement, la coalition au pouvoir («Ampelregierung» – gouvernement «feu de circulation» qui réunit les sociaux-démocrates, les libéraux et les verts) pratique l’austérité de tous les côtés avec des coupes budgétaires de 23 % chez l’Office fédéral de protection civile et d’aide en cas de catastrophe, de 9 % chez le Fonds fédéral pour la protection de la nature, de 34 % pour l’aide humanitaire et la prévention des crises, de 10% chez l’Agence fédérale des secours techniques (THW).
Au lieu de réduire les dépenses, nous avons besoin d’investissements massifs dans la protection contre les catastrophes et encore davantage dans la protection du climat et de la nature. Afin d’atténuer directement les inondations, il est plus urgent que jamais de restaurer les rivières ainsi que les plaines inondables naturelles qui ont été nivelées. En Allemagne, 80 % des zones d’inondation naturelle des principaux fleuves ont déjà disparu. En raison de cela et des barrages, les rivières coulent beaucoup plus vite qu’auparavant, de sorte qu’un raz-de-marée dans le Rhin ne prend actuellement que 30 heures pour descendre de Bâle à Karlsruhe alors qu’en 1955 cela aurait encore pris 65 heures. Les forêts doivent être protégées et reboisées à grande échelle, notamment à proximité des cours d’eau.
Mais rien de tout cela n’arrivera tant que les entreprises privées utiliseront leurs représentants politiques dans les groupes de pression pour déterminer où l’argent de l’État est investi et comment l’énergie est produite.
Si l’on veut assurer que le réveil du cauchemar ne doit pas être un suicide, nous devons enfin priver de pouvoir ceux qui nous ont conduits au désastre. Les entreprises de l’énergie, de l’automobile et des matières premières, pour les profits desquelles des millions de personnes meurent de faim, sont brûlés ou se noient, doivent être transférées dans la propriété publique et organisées de manière démocratique. Ce n’est que si nous dépassons le capitalisme et organisons l’économie de manière démocratique que la production (y compris celle de l’énergie) pourra vraiment être transformée dans le sens de la durabilité.
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13 milliards d’euros de subsides aux énergies fossiles. L’État belge finance la catastrophe climatique
Dans une interview de rentrée (Le Soir, 13 septembre), l’administrateur délégué de la FEB (Fédération des entreprises belges) Pieter Timmermans avertissait: attention, on va trop loin dans les mesures pour le climat ! Mais trop loin avec quoi ? Où ? Comment ? La catastrophe climatique est là, les records de températures sont battus d’année en année, mais le représentant des grands patrons du pays s’exclame : calmons-nous les gars, il ne faudrait tout de même pas toucher aux marges bénéficiaires. Ce n’est pas seulement absurde, c’est criminel.
Par Constantin (Liège)
C’est ce genre de personnage qui dicte les priorités des autorités publiques. C’est ainsi que, en 2020, la Belgique a octroyé près de 13 milliards d’euros (12.919 millions exactement) aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz fossile), soit 2,8 % de la totalité des richesses produites en un an dans le pays.(1) C’est l’équivalent de 1.118 euros par personne, nouveau-nés compris. Et on nous parle de manque de moyens pour nos écoles ou nos soins de santé ? Question de priorités …
Les autorités belges se sont pourtant engagées à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 47% en 2030 par rapport à 2005 dans les secteurs non-industriels et à atteindre la neutralité carbone en 2050. Ça, c’était pour la galerie, sous les projecteurs à l’occasion des grands sommets internationaux. Dans la réalité, les autorités (y compris les partis « verts ») font un gros « fuck » à la planète et à la population.
À travers le monde, selon le Fonds Monétaire International, les subsides aux énergies fossiles ont atteint le montant record de 7.000 milliards de dollars l’an dernier, soit 7,1% de la richesse produite sur l’année. En 2019, une étude des ONG Corporate Europe Observatory, Food and Water Europe, Friends of the Earth Europe et Greenpeace EU avait dévoilé que les multinationales pétrolières BP, Chevron, ExxonMobil, Shell, Total et des groupes de pression alliés ont dépensé plus de 250 millions d’euros pour des campagnes de lobbying « destinées à retarder, affaiblir et saboter l’action en faveur du climat » entre 2010 et 2018. Elles avaient plus d’une réunion par semaine avec des responsables de la Commission européenne. Un investissement rentable.
L’industrie fossile nous vole tout d’abord par la spéculation sur les prix de l’énergie, ensuite elle dépouille la collectivité par les subventions publiques et, enfin, elle détruit l’environnement, dérobant ainsi à l’humanité les conditions de son existence sur Terre. Il n’y a pas pire voleur. Ces criminels climatiques doivent être expropriés, tout d’abord pour les empêcher de nuire, mais surtout pour assurer que leurs gigantesques moyens soient consacrés à la transition verte tout en garantissant des tarifs abordables à la population.
Nous avons besoin d’investissements publics colossaux dans les énergies renouvelables, dans la reconstruction des écosystèmes, dans l’urbanisme et la gestion du territoire pour nous adapter à la crise climatique et dans les services publics (services d’urgence, soins de santé…).
« L’écologie sans lutte de classe, c’est du jardinage… »
Le slogan est devenu populaire ces dernières années. Et c’est effectivement de ça qu’il s’agit, d’une lutte intense menée par celles et ceux qui produisent la richesse par leur travail contre celles et ceux qui possèdent les grands moyens de production et d’échange.
La crise climatique provoque des déplacements massifs de populations. L’extrême droite s’emparera de la question pour défendre son agenda xénophobe. La classe capitaliste ne s’y opposera pas, trop contente de voir notre classe sociale divisée par un racisme nourri par le désarroi. La lutte pour le climat et l’environnement est aussi une lutte contre les oppressions.
Lors de la manifestation nationale pour le climat le 3 décembre, nous serons présents avec un bloc antifasciste, anticapitaliste et résolument combatif, rejoignez-nous !
1) https://www.lecho.be/dossiers/climat/la-belgique-consacre-13-milliards-d-euros-de-subventions-aux-energies-fossiles/10488323.html
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Antifascisme et défense des droits LGBTQIA+ : entretien avec Ollie Bell (Trans & Intersex Pride Dublin)
L’école de juillet d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) est toujours l’occasion d’échanges d’expériences et d’analyses entre militant.e.s, et cette année n’a pas dérogé à la règle ! Nous en avons profité pour discuter avec Ollie Bell, membre de notre section irlandaise, le Socialist Party, et l’une des personnes à la base de la Trans & Intersex Pride organisée à Dublin depuis 2018.
« Nous avons connu de sérieuses avancées concernant les droits LGBTQIA+ en Irlande ces dernières années avec la victoire au référendum sur le mariage égalitaire en 2015 et la possibilité de quitter légalement le genre assigné à la naissance. Mais nous constatons toujours l’état lamentable des soins de santé en Irlande, tout particulièrement pour les personnes transgenres. Une seule clinique irlandaise s’occupe des personnes trans et la liste d’attente peut vous faire patienter 6 à 10 ans. Durant tout ce temps, il n’y a pas d’aide ni de nouvelles, on laisse les gens en plan.
« Après de longues années, on a enfin droit à un rendez-vous extrêmement pénible de trois à quatre heures avec une pause de 15 minutes. Il s’agit d’un véritable interrogatoire sous un feu nourri de questions invasives : quelles sont nos habitudes concernant le porno, de quelle manière nous rencontrons nos partenaires, la nature de nos relations, nos rapports avec la famille et nos parents, si ceux-ci sont divorcés… Inutile de dire que c’est traumatisant.
« Cet entretien s’effectue sous la suspicion permanente que l’on est peut-être pas une véritable personne trans, sur base de préjugés parfaitement scandaleux. On attend des personnes trans qu’elles se présentent en se conformant à l’extrême aux standards de genre en vigueur. Des femmes trans arrivent ainsi à la clinique en top et en jeans, mais vont se changer aux toilettes pour enfiler une robe et se maquiller. On doit correspondre aux standards de féminité ou de masculinité les plus stéréotypés afin d’être considéré comme une véritable personne trans. Et même après tout ça, l’accès à un traitement peut être refusé parce que vous êtes sur le spectre autistique ou sous un autre diagnostique, ou même simplement parce qu’on est bénéficiaire d’allocations sociales.
« Le système de soins de santé existe bel et bien en Irlande, mais il est tellement difficile d’accès pour la vaste majorité des personnes trans… Et je ne parle ici que des adultes. Il n’existe aucune prise en charge pour des jeunes et des adolescent.e.s.
« Quand nous manifestons, le premier changement que nous exigeons est l’abolition pure et simple du National gender service (service national de genre) pour le remplacer par une toute nouvelle institution reposant sur le consentement, un service public qui livre toutes les informations et l’aide nécessaires aux personnes trans afin qu’elles puissent librement prendre leurs décisions concernant leur autonomie corporelle et la façon dont s’effectue leur transition.
« Parallèlement, nous avons assisté ces derniers temps à la croissance de l’extrême droite, un phénomène très récent en Irlande mais qui suit la tendance européenne. Ces militants s’en prennent aux migrant.e.s, mais aussi aux personnes LGBTQIA+ et mènent des actions aux centres pour réfugiés et aux hôpitaux, ou encore déboulent en nombre dans des bibliothèques pour arracher certains livres des étagères en harcelant le personnel.
« Cela ne se passe pas sans riposte : cet été, les syndicats ont réuni 200 personnes devant le conseil municipal de Cork (deuxième plus grande ville d’Irlande, NDLR) pour réclamer une protection des bibliothécaires. Dans ce genre de mobilisation, on retrouve des travailleuses et travailleurs, des syndicalistes (essentiellement du syndicat Union) et la communauté LGBT mobilisée en solidarité.
« La Trans & intersex pride est explicitement organisée par des socialistes anticapitalistes. Nous défendons un programme qui souligne l’importance des travailleuses et travailleurs en tant que classe sociale ayant des intérêts communs. Elle seule constitue une force capable de dépasser les petits changements législatifs pour lutter contre les inégalités et l’oppression inhérentes au capitalisme et construire une société axée sur l’épanouissement de chacun.e.
« Nous avons grandi de manière significative dès la première édition en 2018, dans l’élan de la victoire obtenue concernant le droit à l’avortement, dont l’interdiction était jusque-là inscrite dans la Constitution irlandaise. De 3 à 5.000 personnes ont participé aux différentes éditions pour défendre les droits des personnes trans et intersexe. L’atmosphère de l’événement a été constamment plus radicale, la colère n’a fait que croître.
« Un des éléments frappants est la compréhension croissante du rôle du capitalisme. Nous lions ce terrain de lutte aux autres mouvements sociaux et réclamons par exemple un accès à un logement abordable et de qualité pour chacun.e parallèlement à une solidarité active vis-à-vis des migrants. Ce sont des thèmes brûlants en Irlande et ils sont directement liés au fonctionnement du capitalisme. De plus en plus de gens sont enthousiastes quand nous expliquons la nature anticapitaliste et socialiste de notre combat, les applaudissements de la foule interrompent les discours ! Le mouvement a toujours été radical, mais ce type d’ouverture aux idées socialistes n’était pas visible en 2018 quand nous avons commencé. »
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La crise de l’accueil des demandeurs d’asile se poursuit : luttons contre le racisme d’Etat !
« Pas de bougnouls dans le BW [Brabant wallon]». C’est ce que Rayhan et sa famille ont trouvé écrit à la peinture sur leur porte en juillet. Celui-ci explique : « Intégrez-vous qu’ils disaient. On l’a fait. Mais peu importe que vous soyez un bon arabe ou un mauvais arabe. Ils vous attaqueront toujours sur ce que vous êtes A LEURS YEUX. »
Comme si les préjugés racistes n’étaient pas suffisamment inquiétants en Belgique, la secrétaire d’État à l’Asile et la migration Nicole de Moor (CD&V) vient de décider que les demandeurs d’asile masculins isolés ne seraient plus accueillis dans le réseau d’accueil des demandeurs d’asile. Ce n’est pas seulement contraire à la loi : dire que des gens n’ont pas droit à un toit, cela revient concrètement à les déshumaniser. Jeter des gens à la rue sans moyens ni aide revient aussi à les pousser dans les bras des réseaux criminels.
Et dans les médias dominants, c’est comme s’il y avait permis de tuer pour la police si l’on n’est pas une « bonne victime ». C’était déjà le cas hier avec Adil à Bruxelles, c’est le cas aujourd’hui avec Domenico D’Atria à Oupeye. Soulignons aussi qu’en Belgique, depuis que le CD&V a repris en main le Ministère de l’Intérieur le 9 décembre 2018, entre 65 et 94 personnes (d’après un premier recensement non exhaustif et limité) avec ou sans-papiers sont mortes entre les mains de la police (données de la campagne “Stop répression”).
La scandaleuse fermeture des lieux d’accueil a causé quelques protestations au PS et chez ECOLO. Gesticulations électorales. En mars dernier, le bourgmestre de Bruxelles Philippe Close (PS) avait envoyé des ouvriers communaux inonder un squat de demandeur.euse.s d’asile après leur expulsion par la police histoire de bien assurer que personne n’ait l’idée de revenir.
Ce racisme d’État rend plus acceptable celui de l’extrême droite ! Le Vlaams Belang s’en nourrit comme il se nourrit du rejet des partis traditionnels, il menace d’être le premier parti de Flandre aux prochaines élections. Le parti qu’il a quasiment créé de toutes pièces côté francophone avec l’aide du Rassemblement national français – « Chez nous » – tente de faire pareil en accusant l’immigration d’être responsable de tous les problèmes sociaux.
Soyons clairs : ce ne sont pas les demandeur.euse.s d’asile qui sont responsables de nos factures d’énergie ou du prix de nos caddies ! Ce ne sont pas eux qui empochent de juteux dividendes en laissant les travailleur.euse.s de Delhaize sur le carreau ! Ce ne sont pas eux qui ont affamé nos services publics et notre sécurité sociale avec des déductions fiscales pour les plus riches ! Ce ne sont pas eux qui ont choisi de laisser pourrir le parc de logements sociaux pour se jeter dans des projets qui remplissent les poches de magnats de l’immobilier comme Matexi !
Combattre le racisme par la solidarité
Aujourd’hui, à Bruxelles, il existe 10.000 bâtiments inoccupés. Si l’on voulait régler la crise du logement pour tou.te.s et la crise de l’accueil du même coup, on pourrait commencer par appliquer la loi Onkelinx qui permet de réquisitionner des bâtiments vides depuis plus de six mois. Cette loi n’a quasiment jamais été utilisée, car elle implique de s’attaquer à la propriété privée. Si nous voulons arracher l’application de cette loi et plus généralement défendre notre droit à tou.te.s à une vie décente, alors nous devons nous organiser pour nous battre avec acharnement et détermination.
Les attaques contre les plus vulnérables dans la société, comme les demandeur.euse.s d’asile servent, à rendre plus acceptable de s’en prendre aux autres. D’autre part, les maintenir dans des conditions de travail et de vie proches de l’esclavage en raison de l’illégalité, cela permet d’instaurer une pression à la baisse sur les contions de travail et de vie de chacun.e.
- C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes ! Des papiers pour toutes et tous!
- Stop aux centres fermés, aux expulsions et à la répression !
- Un salaire minimum de 15 euros de l’heure !
- Un toit, c’est un droit : pour un plan de construction et de rénovation de logements sociaux pour répondre à la demande et en finir avec les listes d’attentes !
- Pour un plan d’investissement radical dans les services publics, l’enseignement et les soins de santé. Ne laisser personne sur le bord du chemin, c’est la meilleure réponse aux vautours d’extrême droite et aux racistes !
- L’argent existe, allons le chercher là où il est ! 1% de la population belge détient un quart des richesses, soit plus que 70% de la population selon Oxfam. Luttons pour l’imposition des riches, avec expropriation et nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des avoirs de ceux qui tentent de s’y soustraire. Luttons pour la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des banques et des assurances pour mobiliser les moyens nécessaires pour sortir chaque personne de la précarité et assurer l’épanouissement de toutes et tous.
- Le capitalisme plonge de crise en crise, et entraîne dans son sillage plus de divisions, de racisme, de sexisme, de LGBTQIA+phobie et plus de violence. Les guerres, les inégalités et la crise écologique continueront à engendrer de nouveaux drames, comme ces milliers de migrants qui meurent chaque année en Méditerranée. Ce système doit être renversé pour construire une toute autre société capable d’assurer une véritable liberté de circulation pour celles et ceux qui le souhaitent tout en assurant la possibilité de construire une vie décente dans son pays d’origine. Cette société, selon nous, c’est le socialisme démocratique.
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L’hypocrisie de la N-VA à la Pride d’Anvers enfin dénoncée
En collaboration avec des activistes de différents horizons, la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) a organisé un bloc combattif lors de la Pride d’Anvers le 12 août dernier sous la bannière « Pride is a Protest ».
Les attaques contre les droits des LGBTQIA+ par la droite et l’extrême droite aux États-Unis et ailleurs démontrent toute la nécessité et l’urgence de la lutte. En Belgique aussi, l’extrême droite passe à l’offensive. Van Langenhove, ancien député du Vlaams Belang et figure de proue de Schild & Vrienden, et consorts ont déjà mené des campagnes d’intimidation brutales contre des lectures effectuées par des drag-queens. Pour Van Langenhove, le drapeau arc-en-ciel est un « drapeau pédophile ». L’offensive de la droite et de l’extrême droite s’inscrit dans un contexte de crise sociale qui favorise les discriminations. Nous avons quant à nous manifesté derrière une banderole dénonçant les listes d’attente et exigeant des investissements publics massifs basés pour répondre aux besoins.
Il est remarquable qu’un parti de droite comme la N-VA saute dans le train de la lutte contre le « monstre du wokeness » tout en essayant de profiter de l’intérêt suscité par la Pride d’Anvers. Cette hypocrisie n’a pas échappé aux participants du bloc « Pride is a Protest ». À la fin, ils et elles ont tourné le dos à la délégation de la N-VA et en criant « N-VA dehors », avec des pancartes où se trouvaient les déclarations queerphobes des membres de la N-VA. Certains membres de la N-VA, dont la députée Annick De Ridder, ont réagi avec colère. Comme le veut la coutume à droite, cette colère n’était pas dirigée contre les membres de son parti qui ont déclaré que « Les parents doivent pouvoir empêcher leurs enfants d’assister à des cours LGBT », mais contre les activistes qui dénonçaient ces propos. La figure de proue de la N-VA Théo Francken estime de son côté « a déjà tout obtenu » et que « les hommes qui se déguisent et portent des sacoches sont l’expression d’un monde qui ne tourne pas rond ». Cette hypocrisie a déjà été dénoncée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux. Cela a donc également été le cas dans la rue à l’occasion de la Pride.
La Pride est née à la suite des émeutes de Stonewall en 1969 aux États-Unis, une protestation de masse contre la répression qui frappait alors la communauté LGBTQIA+. Le caractère combattif de cette protestation est réapparu ces dernières années, notamment grâce à des initiatives telles que Pride is a Protest de la Campagne ROSA, après des années où les cortèges étaient inondés du sponsoring des grandes entreprises et des partis traditionnels.
C’est d’autant plus important que la droite et l’extrême droite mènent une offensive internationale contre la communauté LGBTQIA+ et ses droits, des Républicains aux États-Unis à Orban en Hongrie, en passant par Poutine en Russie, avec tout ce que l’extrême droite compte entre les deux et qui menace de faire un bon score lors des élections européennes de l’année prochaine. Cette haine sape les droits et conduit à davantage de violence. Pride is a protest ! Continuons la lutte !















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Crise climatique : renverser la tendance en renversant le capitalisme
Expropriation des criminels climatiques & planification écologique
On connaît la situation: la crise climatique est là. Mais elle s’aggrave dramatiquement. Les 8 dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, avec des températures en 2022 de 1,15° Celsius au-dessus de la moyenne préindustrielle. Les trois dernières années, l’Inde, le Pakistan et l’Amérique centrale et du Sud ont tous été confrontés à des vagues de chaleur inhabituelles. Au Pakistan, elles ont été suivies par une inondation qui a touché plus de 33 millions de personnes, tandis qu’en Afrique de l’Est, la pire sécheresse de ces 40 dernières années provoque une famine alarmante.
Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
La crise climatique s’accélère et s’emballe partout, et c’est l’Europe qui constitue la région du monde qui se réchauffe le plus rapidement. L’an dernier, l’Europe se situait à environ 2,3°C au-dessus de la moyenne préindustrielle (1850-1900), selon l’Organisation météorologique mondiale. En Belgique, en France, en Allemagne, en Irlande, en Italie, au Luxembourg, au Portugal, en Espagne, en Suisse et au Royaume-Uni, l’année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée.
En conséquence, sécheresses intenses, violents incendies de forêt, et dizaines de milliers de victimes. D’après la base de données sur les situations d’urgence (EM-DAT), les événements météorologiques, hydrologiques et climatiques survenus en Europe l’an dernier ont affecté directement 156.000 personnes et causé 16.365 décès (quasi exclusivement en raison des vagues de chaleur). Les dommages économiques, en majorité liés à des inondations et des tempêtes, sont estimés au total à environ 2 milliards de dollars pour l’année 2022. C’est toutefois bien moins que les 50 milliards de l’année 2021 après les terribles inondations qui ont également frappé la Wallonie. Tout ça, c’est la norme dans laquelle nous nous enfonçons.
C’est le moment de faire une pause… à coups de matraques s’il le faut !
Calmons-nous les gars, on ne va tout de même pas fragiliser l’économie avec des restrictions insensées ! Ça pourrait n’être qu’une blague de mauvais goût, c’est la logique très sérieusement suivie par Macron en France, appuyée par le Premier ministre belge Alexander De Croo : mettre sur « pause » les normes climatiques. Plus de 60 % des terres agricoles européennes sont en mauvaise conditions, on perd nos abeilles et la biodiversité s’effondre mais, hé !, les actionnaires ont besoin d’encore plus de champagne ! En 2022, les plus grandes entreprises françaises (celles du CAC 40) ont versé à leurs actionnaires les deux tiers des profits réalisés en 2022 : 67,5 milliards d’euros, un record (Observatoire des Multinationales).
En guise d’autre doigt d’honneur à la planète et la population, le gouvernement français a annoncé fin juin la dissolution des Soulèvements de la terre (plateforme qui regroupe des centaines d’associations, collectifs et syndicats), exactement deux semaines après la journée du 8 juin, date où le pic de température était tel que pendant une journée, la moyenne des températures mondiales atteignait +1,51°C. Les activistes – qualifiés d’éco-terroristes par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin – avaient participé à une action contre le géant du ciment Lafarge. Toute l’ironie étant de qualifier de terroristes des militants qui s’en prennent aux actions d’une grande entreprise non seulement polluante, mais également condamnée en Justice pour avoir entretenu des relations commerciales avec Daesh, l’Etat islamique…
En Belgique, c’est la veille de cette date inquiétante que s’est ouvert le procès de 14 militants Greenpeace, jugés pour avoir occupé durant plusieurs heures le terminal gazier de Fluxys lors d’une action au port de Zeebrugge. Après avoir grimpé sur les quais de chargement de navires transportant du gaz naturel liquéfié, les activistes avaient escaladé un pylône pour y attacher une bannière avec pour message « Gas kills, Fluxys guilty » (le gaz tue, Fluxys coupable). Ils risquent jusqu’à un an de prison et jusqu’à 8.000 euros d’amende. Soit bien plus que les meurtriers de Sanda Dia… (voir en page 7).
Le durcissement de l’attitude des forces de l’ordre, de la justice et des décideurs politiques vis-à-vis des activistes environnementaux ne tombe pas du ciel. On connaissait le slogan « Fin du monde et fin du mois, même coupables, même combat ! », il s’est décliné en France sous la forme suivante : « Pas de retraités, sur une planète brûlée : retraites, climat, même combat ! » En Belgique, Code Rouge a également ciblé la multinationale Total Energie et a participé à divers rassemblements syndicaux pour engager un dialogue avec les syndicalistes.
Les dirigeants d’entreprises et actionnaires préféraient largement quand toute la discussion portait sur « l’empreinte écologique » de chacun et sur la consommation. C’était plus facile à ignorer, et la culpabilisation des individus permettait de détourner l’attention. Mais alors que le débat se déplace de plus en plus sur la production économique, et donc sur la responsabilité des détenteurs des moyens de production, l’appareil d’État entièrement acquis à ces derniers réagit pour défendre leurs intérêts.
Faire face à l’urgence climatique
A droite, on affirme que les mesures d’urgence pour le climat seraient instaurées sur le dos des conditions de vie de la population ordinaire, comme si les deux s’excluaient automatiquement. C’est en fait tout l’inverse. Voilà comment des mesures collectives peuvent réunir défense de la planète et nécessités sociales :
Affronter les catastrophes climatiques
- L’austérité budgétaire tue ! Investissements publics massifs dans les services d’incendie, d’aide à la population ainsi que dans les soins de santé : plus de moyens, plus de collègues, de bonnes conditions de travail et de meilleurs salaire !
- Ce n’est pas de projets de prestige dont nous avons besoin ! Non au « tout au béton » ! Il nous faut un plan public d’urbanisme et de gestion du territoire et des rivières pour faire face à la nouvelle norme des événements climatiques extrêmes et encaisser des chocs d’inondations et de chaleur de plus en plus fréquents. Ce plan doit être élaboré en toute transparence, avec implication des organisations syndicales et des associations de terrain.
- Les grandes entreprises du secteur de la construction doivent être expropriées et intégrées dans un service public de la construction démocratiquement géré.
- Le secteur des assurances doit être nationalisé pour assurer l’indemnisation de chaque personne sinistrée.
- Les bâtiments inoccupés pour raison spéculative doivent être de toute urgence expropriés et rénovés pour y loger les personnes sinistrées et chaque personne qui a besoin d’un toit.
Réduire dès demain les émissions de gaz à effet de serre
- Un plan public de rénovation et d’isolation des bâtiments doit être élaboré, quartier par quartier, pour drastiquement diminuer les émissions issues de l’énergie utilisée dans le bâti.
- Expropriation, nationalisation sous contrôle et gestion démocratique ainsi que reconversion des industries polluantes et non socialement utiles, avec garantie de revenu et amélioration des conditions de travail pour le personnel.
- Des investissements massifs pour des transports publics gratuits dans toutes les villes et pour assurer le plus possible de transport de marchandises par rail et voie fluviale. Interdiction des vols par jet privé.
- Des investissements publics massifs dans la recherche scientifique pour les énergies renouvelables et pour développer de nouvelles méthodes de gestion de matériaux pour l’isolation, etc. Abolition des brevets et fin de la propriété privée sur la connaissance.
- La nationalisation du secteur financier ainsi que l’abolition de la dette publique pour éviter le sabotage économique en réaction aux mesures d’urgence climatique et pour dégager les moyens nécessaires à une transition écologique socialement juste.
- Une planification démocratique socialiste de l’économie, à partir des besoins humains et dans le respect de la planète, pour en finir avec le gaspillage monumental de l’économie de marché basée sur la concurrence et le profit.
Ce type de programme donne de suite une idée du type de combat dont nous avons besoin pour le faire respecter. C’est grâce à l’action du mouvement ouvrier organisé que les premières mesures de protection de la santé et de l’environnement ont été acquises, et c’est cette voie qu’il convient de poursuivre. Quand les travailleurs s’arrêtent, tout s’arrête ! Ce dont nous avons besoin, c’est une lutte de masse qui recourt aux méthodes les plus efficaces de la lutte sociale comme la grève générale et les occupations d’entreprises. Si nous pouvons tout bloquer, nous pouvons aussi tout relancer, mais cette fois-ci en ayant balancé les actionnaires et autres patrons dans les oubliettes de l’histoire. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons commencer à réparer les dégâts écologiques pour le bien des générations futures.
Financement climat: quand l’aide aux pays pauvres aggrave leur soumission
L’abolition de la dette publique, une mesure pour le climat
Dans le cadre des accords de l’ONU sur le climat, les pays capitalistes développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an dès 2020 en financements climat pour les pays du monde néocolonial. Oxfam a décortiqué ce qu’il en était… Non seulement les aides réelles fournies sont bien inférieures aux données officielles mais, en plus, elle se présentent essentiellement sous la forme de dettes à rembourser !
Les bailleurs ont affirmé avoir mobilisé 83,3 milliards de dollars en 2020, chiffre obtenu par une surestimation systématique et par l’inclusion de projets qui n’ont rien à voir avec le climat. La valeur réelle des financements s’élève donc tout au plus à 24,5 milliards de dollars. Sur cette somme, seuls entre 9,5 milliards et 11,5 milliards de dollars ont servi à financer les efforts d’adaptation, c’est-à-dire à fournir des fonds indispensables pour les projets et les processus visant à aider les pays vulnérables sur le plan climatique à faire face à l’aggravation des effets néfastes du changement climatique.
Et comme la majeure partie ces fonds représentent des prêts et non des subventions, cela vient s’ajouter au « système dette » qui maintient les pays pauvres sous la poigne des premières puissances impérialistes, des grandes institutions financières et des fonds spéculatifs.
Parmi les bailleurs de fonds bilatéraux, la France dispense la part la plus élevée de son financement climat public bilatéral sous la forme de prêts, avec un pourcentage stupéfiant de 92 %. L’Autriche (71%), le Japon (90%) et l’Espagne (88%) font également partie des bailleurs qui usent lourdement des prêts. Durant l’exercice 2019-2020, 90% des financements climat fournis par des banques multilatérales de développement comme la Banque mondiale étaient des prêts!
Quant au financement privé, selon un récent rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il serait passé de 1,9 milliard de dollars en 2018 à 4,4 milliards de dollars en 2020. Mais cette hausse s’explique principalement par un grand projet énergétique de gaz naturel liquéfié au Mozambique qui n’a strictement rien à voir avec une activité d’adaptation.
Riposter à la crise climatique est naturellement une lutte internationale et, dans ce cadre, le mouvement écologiste doit défendre l’abolition pure et simple des dettes publiques, sans indemnité, sauf sur base de besoin privé (une personne retraitée dont les économies seraient utilisée par un fonds spéculatif, par exemple).
Chiffres – Oxfam : « 2023 : Les vrais chiffres des financements climat ».
De plus en plus de jets privés : les riches détruisent la planète
Ce n’est pas la crise pour tout le monde, ça c’est clair, mais nous ne sommes pas non plus logés à la même enseigne concernant la crise écologique. Les travailleurs et les jeunes n’ont rien à dire sur la manière dont les choses sont produites, mais les médias de masse font tout ce qu’ils peuvent pour les culpabiliser pour leur consommation, jamais assez responsable. Et si on regardait comment ça se passe parmi l’élite ?
Selon Greenpeace, le nombre de vols en jet privé en Europe a augmenté de 64 % l’an dernier (572.806 vols). Pour la première fois, la barre des 10.000 a été franchie en Belgique. La flotte mondiale de jets privés a augmenté de 133% sur les deux dernières décennies (Institute for Policy Studies). En 2022, il y a plus de jets privés dans le ciel que jamais dans l’histoire de l’humanité: 5,3 millions de vols.
Les propriétaires de ces avions de luxe ne représentent que 0,0008 % de la population mondiale, ils représentant 4% du marché mondial de l’avion, mais sont responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre de l’aviation!
Une mesure immédiate à prendre est l’interdiction pure et simple des jets privés, parallèlement au développement massifs des transports sous toutes leurs formes.
Les idées socialistes expliquées : La rupture métabolique chez Marx et Engels
L’acceptation plus profonde du lien entre le système capitaliste et la destruction de notre environnement fait ressurgir l’apport de Marx et Engels sur cette question, symbolisée par le constat de Karl Marx: « Le Capital sape les deux sources d’où jaillit toute richesse: la terre et le travailleur. » Au centre de leur réflexion se trouve l’idée de la rupture ou faille métabolique.
Déjà à 23 ans, Engels, dans l’article Esquisse d’une critique de l’économie politique (1844), avait dénoncé l’exploitation impitoyable de la révolution industrielle, la misère, les épidémies mais aussi les luttes ouvrières prometteuses qu’il décrira en 1845 dans La situation de la classe laborieuse en Angleterre. « Seule la fin de la propriété privée peut signifier la réconciliation de l’humanité avec la nature et avec elle-même », affirmait Engels.
A la même époque, Marx, dans ses Manuscrits de 1844, décrivait l’aliénation croissante sous le capitalisme entre les travailleurs et les résultats de la production d’une part, et entre l’humanité et la nature d’autre part. Pour lui, la tâche du communisme était de restaurer à un niveau supérieur une unité complète et rationnellement régulée entre l’être humain et la nature.
Dans la Dialectique de la nature (1883), Engels affirmait que la dernière différence essentielle entre les animaux et les êtres humains est que ces derniers peuvent contrôler la nature et la mettre au service de leurs objectifs. Mais il avertissait d’emblée: «Cependant ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature. Elle se venge sur nous de chacune d’elles. (…) les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein et que toute notre domination sur elle réside dans l’avantage que nous avons sur l’ensemble des autres créatures de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement.»
La conclusion d’Engels était que pour mener à bien cette régulation de notre relation avec la nature, il faut plus que de simples connaissances: «Il faut un bouleversement complet de tout notre mode de production passé et, avec lui, de tout notre régime social actuel.» Marx disait quant à lui dans Le Capital: «Du point de vue d’une organisation économique supérieure de la société, le droit de propriété de certains individus sur des parties du globe paraîtra tout aussi absurde que le droit de propriété d’un individu sur son prochain.»
Cet héritage a toutefois été caché durant une longue période tant par la social-démocratie que par le stalinisme. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
Que peut apporter une révolution?
Quand, en 1917, la classe ouvrière a pris le pouvoir en Russie, le jeune pouvoir révolutionnaire s’est retrouvé isolé dans un pays dévasté par la Première Guerre mondiale et très rapidement plongé dans la guerre civile. Pourtant, le gouvernement soviétique a immédiatement pris des dispositions concernant l’environnement qui sont une grande source d’inspiration pour aujourd’hui.
Deux jours après la prise de pouvoir, le décret « Sur la terre » nationalisa toutes les forêts, les minéraux et l’eau. Une demi-année plus tard, en mai 1918, un autre décret, « Sur les forêts », a établi le contrôle centralisé du reboisement et de la protection forestière. De façon semblable, la chasse fut réglementée et permise seulement durant certaines saisons. La Révolution russe a également permis d’établir des recherches portant sur l’océanographie et la pêche continentale en plein guerre civile!
La réserve naturelle d’Astrachanski a été créée en 1919. En 1924, il existait quatre réserves de ce genre.(*) Plusieurs nouvelles institutions de recherche ont été créées, les scientifiques russes étaient considérés comme des écologistes de premier plan tandis que des cours d’écologie étaient donnés à l’Université de Moscou. Le scientifique Vladimir Vernadsky devint une célébrité mondiale pour son concept de la «noosphère»: un nouvel état de la biosphère dans lequel les humains jouent un rôle actif dans le changement qui est basé sur la reconnaissance de l’interconnexion des hommes et des femmes avec la nature. Cela a accompagné des discussions tout aussi avant-gardistes concernant l’urbanisme et l’architecture.
La mise en pratique de ces idées révolutionnaires a toutefois pris fin de façon extrêmement abrupte. La contre-révolution stalinienne, causée par l’isolement de la révolution dans une Russie dévastée, a eu ses effets non seulement sur la démocratie ouvrière, mais aussi sur la liberté de recherche, notamment concernant l’environnement. Le bilan des premières années de la révolution reste cependant impressionnant et ne donne qu’un perçu de ce qui pourrait être réalisé aujourd’hui avec les capacités et connaissances modernes, une fois celles-ci libérées de la recherche du profit à tout prix.
(*) La version papier de Lutte Socialiste indiquait à tort que la première réserve naturelle au monde avait été créée en Union soviétique en 1920. C’est inexact : les parcs naturels et les réserves existaient déjà. Cependant, malgré les conditions de guerre civile et de pénurie, la jeune Union soviétique a rapidement mis l’accent sur la conservation de la nature, une approche qui a été bouleversée par le stalinisme.
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Pride is a protest ! Renouons avec l’héritage radical et anticapitaliste du mouvement
La Brussels Pride a beau rester un événement essentiellement festif, le slogan de l’édition 2023 en mai dernier était « Protect the protest ». Les violences envers les personnes LGBTQIA+ et leurs associations et organisations n’ont pas disparu en dépit de la visibilité accrue de la communauté, de ses revendications et de ses inquiétudes. Les discriminations LGBTQIA+phobes et ses terribles répercussions personnelles sont ancrées dans les tréfonds du système capitaliste.
Le dernier rapport de l’International Lesbian and Gay Association (ILGA) pour l’Europe souligne que « l’année 2022 a été la plus violente de ces dix dernières années pour les personnes LGBTQIA+ » sur notre continent. Des bars gays ont même été visés par des attaques terroristes en Norvège et en Slovaquie l’année dernière, en causant plusieurs morts. En Belgique, Unia (Centre interfédéral pour l’égalité des chances) confirme que le nombre de crimes LGBTQIA+phobes connaît également une hausse inquiétante, confirmée d’année en année. Mais une récente étude de l’OBPS (Observatoire bruxellois pour la prévention et la sécurité) a de nouveau souligné que les données existantes sont largement incomplètes. Comme c’est le cas pour les violences sexistes, les faits sont peu rapportés car largement négligés par la police.
Toujours pour l’année 2022, Unia a enregistré 137 dossiers relatifs à l’orientation sexuelle dont près de la moitié concernent des violences physiques. « C’est le premier phénomène qu’on a en termes de violence. Ce sont des coups et blessures, avec parfois même des bandes qui vont attaquer des personnes homosexuelles. Deux hommes qui se tiennent la main, par exemple dans la rue, ça suscite des réactions viscérales. On ne constate pas le même type de violence sur d’autres phénomènes comme le racisme, l’antisémitisme. Les personnes en situation de handicap, etc. », explique son directeur, Patrick Charlier.
Les crises du capitalisme alimentent les discriminations
Ce n’est aucunement un hasard si la situation s’aggrave parallèlement au backlash antiféministe, ce retour de bâton qui voit les forces de droite et réactionnaires tenter de reprendre du terrain à la suite de la nouvelle vague de luttes féministes de ces dernières années.
Ce n’est pas non plus un hasard si ces deux phénomènes s’épanouissent alors que la société plonge d’une crise à l’autre. Le système capitaliste est en crise, l’avenir est incertain, une polarisation politique est à l’œuvre sur tous les terrains. Et toutes les nuances des forces de droite (des populistes de droite aux fondamentalistes religieux) tentent d’instrumentaliser ce sentiment d’insécurité. La stabilité qu’ils défendent, c’est celle de la domination sociale, celle où les personnes opprimées et dominées restent à leur place, celle où l’on dévie la colère vers toute une liste de boucs émissaires afin de protéger le statu quo et la structure hiérarchique d’un capitalisme plongé dans la tourmente.
Bien entendu, cette conception de la société repose également sur l’obligation de se conformer à des normes de genre liées à l’hétérosexualité, avec des traits jugés typiquement masculins ou féminins, les personnes transgenres étant tout particulièrement prises pour cible.
Le capitalisme corrompt tout, même nos luttes
Le capitalisme est capable de récupérer chaque chose pour en faire une source de profits. La libération sexuelle des années ’60-70 dissociée du combat pour renverser le système a ouvert la voie à une chosification extrême du corps des femmes, à l’essor de l’industrie cosmétique, à une intensification inouïe de l’exploitation sexuelle, etc.
Durant les activités liées aux Pride, on connaît bien toutes ces entreprises qui font mine d’adopter une image de marque favorable aux droits LGBTQIA+ tout en restant à l’écart de la lutte, voire en s’y opposant directement. L’hypocrisie dépasse de loin la simple récupération commerciale. En juin 2021, une étude(1) a révélé qu’aux États-Unis, 25 grandes entreprises qui n’hésitent pas à arborer les drapeaux et symboles LGBTQIA+ avaient donné collectivement plus de 10 millions de dollars à des politiciens anti-LGBTQIA+. La multinationale de la distribution Walmart avait ainsi fait un don de 30.000 dollars à des élu.e.s de l’Arkansas qui ont fait adopter une loi interdisant les traitements d’affirmation de genre aux jeunes personnes trans. Au même moment, ses magasins étaient remplis de produits pro-LGBTQIA+.
Les Pride trouvent leur origine dans le soulèvement de Stonewall en 1969. Mais dans l’ensemble, les capitalistes ont su transformer une manifestation radicale contre un système oppressif en une vaste campagne de marketing. Pride is a protest ! Renouons avec l’héritage radical et anticapitaliste du mouvement !
Liste d’attente : ne laissons personne de côté !
Sans surprise, le Premier ministre De Croo se situe à l’opposé de cette approche. Pour lui, la Pride est avant tout une célébration. Bien entendu qu’il n’a pas envie d’entendre autre chose ! Sa politique, c’est celle dans laquelle ont trempé tous les partis établis : des coupes budgétaires partout. Et donc, des listes d’attente partout. Dans les soins de santé, ce sont les personnes qui cherchent à entamer une transition qui sont victimes des pires listes d’attente, plus d’un an et demi, avec toutes les conséquences psychologiques que ça comporte ! Et soyons clairs : là où il y a pénurie, il y a discriminations.
Combattre sérieusement pour les droits des personnes transgenres, cela implique aussi de se battre pour plus de moyens publics pour nos soins de santé. Il faut en finir avec toutes les listes d’attente en assurant qu’il y ait suffisamment de personnel et d’infrastructures pour que chaque personne qui nécessite des soins puisse en avoir. Nous défendons également une tout autre organisation des soins de santé, au sein d’un service national de soin de santé où ce ne sont pas les managers qui décident, mais les professionnels du secteur et des représentants des patients. Certaine.e.s considèrent que ce type de revendications larges donne un objectif inatteignable de suite, mais nous ne construirons par la solidarité que cette lutte exige autrement qu’avec une approche qui bénéficie à toutes les personnes opprimées et exploitées par le capitalisme.
Aujourd’hui, plus de 40 % des jeunes LGBTQIA+ en Flandre ne se sentent pas en sécurité à l’école. Les écoles sont dépourvues des ressources et connaissances suffisantes pour réagir de manière adéquate. Défendre un enseignement réellement inclusif, cela exige d’arracher un financement massif de l’enseignement, pour des classes plus petites, pour une formation accrue des enseignants y compris aux questions liées au genre, et pour une collaboration avec les associations de terrain qui ont accumulé une expertise largement ignorée par les pouvoirs publics.
Pour repousser la discrimination face au logement et en finir avec les longues listes d’attente pour bénéficier d’un logement social, nous devons nous battre en faveur d’un ambitieux plan de rénovation et de construction de logements sociaux, dont l’ampleur déterminera également l’efficacité de la pression sur l’ensemble des loyers du pays. Et ce, dans le cadre d’un plan public d’isolation et de rénovation du bâti, quartier par quartier. Nous voulons en finir avec toutes les formes de précarité, y compris la précarité énergétique !
Alors, oui, ça exige des moyens. Mais la société n’a jamais été aussi riche. En nationalisant les secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleur.euse.s, nous pourrions utiliser les richesses monumentales qui existent pour répondre aux besoins de toute la population, et assurer l’épanouissement de chaque personne. Retirer tout le secteur pharmaceutique de la logique de profits, par exemple, permettrait d’assurer que la production de médicaments et de traitement hormonaux ne soit pas laissée à la simple appréciation des actionnaires. Pour en finir avec les pénuries, retirons la production des griffes des capitalistes !
Une telle révolution dans l’organisation de la société modifierait aussi inévitablement les attitudes liées au genre et à l’orientation sexuelle. Celles-ci sont ancrées dans la société de classes et dans les relations de pouvoir qui en découlent. Une société socialiste démocratiquement planifiée poserait les bases de l’émancipation de l’humanité dans toute sa diversité.
Voilà toute l’essence du combat de la Campagne ROSA et des actions Pride is a protest tout au long de l’année. Un monde où chacun.e peut être soi-même est possible ! Le 12 août, nous participerons à la Pride d’Anvers avec une délégation Pride is a protest. Rejoins-nous !