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Category: Le PSL
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Concours de fin d’année. Gagnez des prix tout en soutenant la Campagne ROSA !
>> Formulaire pour acheter un / des ticket(s) en ligne
La pandémie a exacerbé toutes les formes d’oppression dans la société
Cette année 2021 a été marquée par une révolte plus généralisée contre les violences sexistes et la culture du viol. La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) a été proactive pour mener ce combat avec une approche féministe socialiste : contre les politiques antisociales et les mesures d’austérité; pour un investissement public massif à hauteur des besoins dans les soins de santé et le secteur social, avec suffisamment de places dans les refuges; pour un salaire minimum de 2300€/mois brut (14€/h) ; pour une individualisation et une revalorisation des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté et une pension minimum de 1500€/mois net ; pour un nombre de logements sociaux qui correspond aux besoins.
Cette année encore, nous lançons un Concours pour financer notre travail.
Si vous achetez le ticket gagnant, vous gagnerez 2 nuits pour 2 personnes dans un hôtel 3 étoiles avec spa ! Les 9 autres tirés au sort recevront également des prix. Et, surtout, l’argent récolté permettra à la Campagne ROSA de préparer au mieux l’année 2022.
Un ticket pour le Concours coûte 10€, mais nous vous invitons à en acheter plusieurs si vous le pouvez. À l’achat de 5 tickets, vous en recevrez 6 (50€ = 5+1).
Voici quelques exemples de montants correspondants aux coûts de production et d’achat de matériel pour permettre à la Campagne ROSA de mener des actions :
- 10 € : 150 tracts
- 20 € : 200 autocollants
- 50 € : 200 affiches couleur
- 80 € : 6 drapeaux
- 100 € : 1 banderole
- 150 € : 1.500 dépliants
- 250 € : 3 mégaphones
- 500 € : 1 tonnelle
Pour participer, contactez un.e de nos militant.e.s, ou remplissez le formulaire online ou contactez-nous via contact@CampagneROSA.be. Vous devrez d’abord répondre à une question : « Quel était le numéro de la COP à Glasgow ? », et ensuite laisser vos coordonnées (Prénom, Nom, Email). Vous avez jusqu’au 15 janvier pour acheter des tickets. Vous pouvez verser l’argent sur le compte bancaire de la Campagne ROSA : BE54 5230 8095 8497 (BIC: TRIO BE BB).
Nous invitons l’ensemble de nos membres, sympathisant.e.s et lecteur.trice.s à non seulement acheter des tickets pour participer, mais aussi à vendre un ou plusieurs tickets dans leur entourage.
Le tirage au sort aura lieu le dimanche 16 janvier.
Il sera diffusé online et, si les conditions sanitaires le permettent, nous en profiterons pour inviter membres et sympathisants à un drink pour débuter ensemble une année 2022 de lutte contre toutes les oppressions, le sexisme et l’austérité !
Assurons-nous que ROSA puisse jouer un rôle moteur pour l’action !
Nous récoltons une partie de nos moyens financiers en menant campagne dans la rue et lors d’actions. Dû à la situation sanitaire, certaines de ces activités auront lieu, mais pas toutes. Une partie de nos récoltes d’argent sont donc maintenant à nouveau compromises et cela peut mettre en péril l’équilibre fragile de notre budget.
Comme vous le savez probablement, pour notre financement, il n’y a pas de subsides publics ni de riches mécènes. Nous dépendons entièrement des soutiens financiers que nous sommes capable de récolter en allant à la rencontre de jeunes et de travailleur.euse.s. et lors d’activités sociales. Dans les périodes où la société est davantage fermée, nous ne pouvons compter que sur nos membres et sympathisants
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La « Bataille de Seattle ». Choc des titans entre le capital et les marxistes à la pointe de la lutte sociale

Seattle est une ville en crise. Au cours des dix dernières années, les prix des logements ont augmenté de 93 %. Rien que l’an dernier, les loyers se sont envolés de 25 % ! La ville est pourtant très riche ; Amazon, Starbucks et Microsoft y ont leur siège social. Mais à l’ombre de leurs gratte-ciel, on trouve des milliers de campements de fortune tandis qu’une épidémie de drogue fait rage. Les inégalités sautent aux yeux et font mal au cœur.Par Koerian
Des victoires concrètes arrachées de haute lutte
La force qui a le plus fait obstacle à cette tendance au cours de ces huit dernières années est Socialist Alternative, notamment grâce à son élue au conseil de la ville (qui ne comporte que 9 membres), Kshama Sawant.
Kshama Sawant s’est battue avec constance et détermination contre les inégalités. Elle a dirigé le mouvement qui a arraché l’instauration du salaire minimum de 15 dollars de l’heure à Seattle en 2013 (et de 17 dollars à partir de 2022). Récemment, sous son impulsion, une taxe sur les grandes entreprises a été introduite de manière à récolter 2 milliards de dollars sur 10 ans pour des subventions liées au COVID et le logement social. Cette année, Socialist Alternative a également remporté des victoires importantes pour les locataires. Un préavis de six mois doit désormais être donné aux locataires avant éviction et lorsqu’un propriétaire augmente le loyer de plus de 10 %, il doit verser trois mois de loyer à titre de soutien au locataire sortant. Maintenant, Kshama et Socialist Alternative se battent pour un gel des loyers à Seattle. En novembre, Sawant et Socialist Alternative sont parvenus à stopper l’augmentation des loyers dans un immeuble d’habitation où vivent principalement des personnes âgées pauvres. On les a également trouvé auprès de charpentiers de la construction en grève.
La classe capitaliste se défend
La colère des patrons de l’immobilier, des chefs d’entreprise et de la droite est compréhensible… Leur rage est d’autant plus forte qu’ils ont échoué à la battre Sawant lors d’élections régulières. En 2019, Amazon a même jeté 1,5 million de dollars dans la course électorale pour éjecter Kshama de sa position, sans succès.
Leur nouvelle manœuvre est une procédure de destitution non démocratique qui repose sur la participation de Kshama aux manifestations de Black Lives Matter. Les habitants du district 3 de Seattle voteront pour décider si elle peut rester à son poste ou doit être remplacée par une personne choisie par le reste du conseil de ville. La campagne de destitution a le soutien de cadres d’Amazon, de partisans de Trump et de grands propriétaires immobiliers.
Une impressionnante campagne menée par des travailleurs
Mais au lieu de poser la question sur le bulletin de vote des élections générales de novembre, la campagne de destitution a décidé d’organiser une élection spéciale qui se termine le 7 décembre. La classe capitaliste compte sur la période de vacances entre Thanksgiving et Noël pour affaiblir le soutien populaire de Kshama. Le grand défi de nos camarades était de polariser le débat suffisamment pour que l’élection ne passe pas inaperçue.
C’est jusqu’ici réussi. Une campagne de terrain menée par plus de 700 bénévoles a touché 16.000 personnes à leur porte ou en rue. Nos camarades soulignent que le véritable enjeu de ce vote est un combat entre l’élite capitaliste et la classe ouvrière. Plus de 1.300 personnes ont directement enregistré leur vote suite à cela et plus de 900.000 dollars de petites donations ont été récoltés.
Grâce au temps et aux efforts des travailleurs ordinaires, il s’agit à bien des égards de la plus grande campagne politique de l’histoire de Seattle. 16% des électeurs éligibles se sont déjà rendus aux urnes, soit quatre fois plus qu’au même moment la fois précédente. Beaucoup dépendra de la façon dont la campagne aura repris son élan après Thanksgiving.Une dimension nationale
L’importance de cette élection ne peut être sous-estimée. Son importance est nationale. L’obtention du salaire minimum de 15 dollars en 2013 avait servi de source d’inspiration dans tout le pays. Le gel des loyers aurait le même effet. Le programme et les méthodes de lutte de Sawant et de Socialist Alternative à Seattle sont un exemple pour de nombreux mouvements aux États-Unis. Si la droite parvient à destituer notre camarade, elle gagnera en confiance en utilisant des procédures de destitution non démocratiques similaires comme arme contre la gauche dans tout le pays.
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Socialisme 2021 : l’événement prendra place, mais en ligne et avec des rendez-vous locaux

La quatrième vague de la pandémie frappe sans pitié. La forte augmentation du nombre de contamination et de malades signifie qu’il y a trop de risques associés à une activité en intérieur impliquant 200 personnes.
- Nouvelle vague covid : le capitalisme et ses représentants politiques sont responsables ! – Déclaration du PSL/LSP
- Evénement FB.
Nous étions nombreux à attendre avec impatience la journée de discussion et de débat “Socialisme 2021” afin de revoir d’autres militants et de clôturer une période marquée par nos mobilisations pour le climat et contre les violences sexistes et LGBTQI+phobes par une journée permettant de revenir en profondeur sur divers éléments de notre programme. Maintenir un grand rassemblement physique en intérieur dans la capitale ne nous semblait toutefois pas approprié au vu de la dégradation rapide de la situation sanitaire. Nous partageons les inquiétudes du personnel soignant, par exemple, qui est déjà sur les genoux. Nous comprenons et partageons la colère suscitées par l’absence d’une politique sérieuse mobilisant les moyens nécessaires pour faire efficacement face à la pandémie.
“Socialisme 2021” sera remplacé par un meeting central en ligne. A Bruxelles, nos sections organiseront ensuite trois ateliers de discussion physiques. Dans d’autres villes, nous organisons des sessions de visionnage collectives du meeting central. Toute personne déjà inscrite et ayant déjà acheté son billet d’entrée sera contactée.
La réunion en ligne pourra être suivie via YouTube le samedi à 14h30. Elle a pour intitulé “En lutte contre ce système pourri”. Cinq intervenant.e.s parleront de menace pour l’humanité et la planète que représente le capitalisme et de la stratégie pour aprvenir à une transformation socialiste de la société.
A Bruxelles, trois ateliers se tiendront à 16h00 :
- Le gouvernement veut légaliser la prostitution : le capitalisme réduit tout à une marchandise !
- Marxisme ou décroissance : les limites de la planète contre les limites du capitalisme.
- Construire un parti révolutionnaire … Pourquoi et comment se distingue-t-il des autres partis ?
Ils seront suivis d’un discours de clôture (plus d’infos).
Dans d’autres villes, nous organiserons des “watchparties” pour le meeting central et éventuellement des ateliers supplémentaires. Dans chaque cas, les mesures sanitaires nécessaires seront assurées.
Nous trouvons particulièrement regrettable qu’une rencontre physique nationale comme Socialisme 2021 ne soit pas possible. Mais la crise sanitaire confirme et souligne s’il le fallait encore la nécessité de poursuivre la lutte pour renverser ce système. Le capitalisme ne peut faire face à aucune crise grave, et la majorité de la population en est victime. Rejoignez-nous dans la lutte pour une alternative socialiste internationale !
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Nouvelle vague covid : le capitalisme et ses représentants politiques sont responsables !
Le mouvement des travailleurs et travailleuses doit réagir de manière offensivePrès de 2 ans après le début de la pandémie, c’est toujours l’impréparation la plus totale. Aucun scénario n’existait pour la possibilité d’une forte circulation du variant delta, y compris parmi les personnes vaccinées, ou de l’apparition d’un autre variant plus coriace. Un système de dépistage efficace qui n’alourdit pas l’énorme charge de travail des médecins se fait toujours attendre. À nouveau, des patients atteints de maladies ou victimes d’accidents graves ne pourront pas être pris en charge. Ce manque de prévoyance et de planification est criminel.
Dossier de Stéphane Delcros
Pointer du doigt les non-vaccinés et s’enfoncer dans une politique de répression ne résoudront rien au manque de moyens dans les soins de santé. Cela sert par contre surtout à dévier l’attention de la responsabilité des autorités tout en divisant la population. « Diviser pour mieux régner », la recette n’est pas neuve. Mais la gauche et le mouvement des travailleuses et des travailleurs ne doivent pas laisser la critique du gouvernement aux antivax et à l’extrême droite, qui n’ont aucune solution.
Encore heureux qu’il y ait eu, au début de la pandémie, le groupe d’action militant « La Santé en Lutte » pour réunir les témoignages de terrain, élaborer un programme de revendication sur cette base et appeler à des actions et manifestations, essentiellement à Bruxelles, mais aussi en Wallonie. Nos soins de santé craquaient déjà de partout avant la pandémie, minés par le manque de moyens, la marchandisation et la logique managériale. Une fois que la pandémie a frappé, le personnel s’est retrouvé démuni, sans suffisamment de matériel adéquat ou de collègues. Il n’a pourtant pas ménagé ses efforts, jusqu’à l’épuisement, parfois dans l’isolement le plus total, de crainte de contaminer des proches.
Toute la société était prête à soutenir un combat du personnel soignant. Un potentiel gigantesque. Mais les directions syndicales et le PTB n’ont pas pris au sérieux l’organisation d’un véritable rapport de force à la base avec agitation sur les lieux de travail, actions et manifestations. Le collectif La Santé en Lutte s’est retrouvé bien seul au front en jouant un rôle moteur dans diverses actions (dont la haie du déshonneur à l’Hôpital Saint-Pierre où les soignantes et soignants ont tourné le dos à la Première ministre Sophie Wilmès en mai 2020) et en organisant les seules manifestations nationales de la santé en septembre 2020 et en mai 2021. Le collectif a subi attaques et pressions de toutes parts, y compris de la part d’une partie des directions syndicales. Sans ce groupe militant et la « colère blanche » (Witte woede) en Flandre, relayés au Parlement par le PTB, il y a fort à parier que les budgets supplémentaires promis pour refinancer les soins de santé n’auraient pas été débloqués par les autorités. « La paix sociale dans ce secteur peut avoir ce prix », disait Servais Verherstraeten (CD&V). Ces sommes sont les bienvenues, mais elles restent largement insuffisantes et tardent d’ailleurs à arriver sur le terrain.
La 4e vague frappe les hôpitaux alors que la situation est bien plus grave qu’auparavant. L’ensemble du personnel soignant est à bout de souffle. Dans les hôpitaux, l’absentéisme est plus élevé que jamais. À l’Hôpital Universitaire de Gand (UZ Gent) – entre les burn-out, les maladies diverses et les quarantaines – 20% des soignants et soignantes sont absents en ce moment. À la surcharge de travail est venu s’ajouter le fait de devoir refuser de prendre en charge certains patients non-covid, chose qui pèse lourdement sur le mental du personnel.
La vaccination obligatoire du personnel soignant
Entre le 1er janvier et le 31 mars 2022, les membres du personnel soignant qui ne seront pas vaccinés seront suspendus. À partir du 1er avril, ils seront licenciés (avec droit aux allocations de chômage), sauf s’ils ont demandé le maintien de leur contrat (ils seront alors suspendus et pourront chercher du travail dans un autre secteur). Comme le souligne Évelyne Magerat, secrétaire permanente CNE pour les hôpitaux Bruxelles et Brabant Wallon : « Si le 1er avril, il y a 15% du personnel en moins, en plus de celui qui est absent aujourd’hui, ça va être une catastrophe en termes de santé publique. (…) Aujourd’hui, on doit fermer des services, des lits hospitaliers parce qu’il n’y a pas assez de personnel. Est-ce que le gouvernement va mettre de côté ce personnel essentiel pendant la crise ? » En réalité, dans toutes les unités de soins, le personnel ne peut s’imaginer comment faire s’il perd ne serait-ce qu’un seul membre du personnel non vacciné…
Bien entendu, les soignants et soignantes doivent pouvoir travailler avec un maximum de sûreté ; de même que les patients ont le droit d’être soignés dans un environnement le plus sain possible. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est opposée au principe d’obligation vaccinale et insiste sur le fait de convaincre plutôt que contraindre. Au lieu de l’obligation vaccinale, des tests de dépistage devraient être régulièrement effectués afin de pouvoir détecter l’éventuelle présence de cas covid-positifs parmi le personnel. Le dépistage quotidien du personnel permettrait de maintenir l’unité du personnel et d’offrir le temps nécessaire à des campagnes visant à convaincre les collègues de l’utilité du vaccin. Cela s’impose également pour détecter les contaminations survenant en dépit de la vaccination. Mais évidemment, tout cela exige des moyens pour du personnel, du matériel et des laboratoires supplémentaires. Un éventail d’autres possibilités existent également, comme la possibilité pour les soignants non-vaccinés de s’occuper de tâches administratives ou autres qui ne nécessitent pas de contact avec les patients.
Comme le soulignent les organisations syndicales du secteur : « ce sont les conditions de travail déplorables qui sont le véritable danger en matière de qualité des soins ». Elles ont raison de s’opposer à cette mesure de vaccination obligatoire et d’organiser des rassemblements et une journée nationale d’actions en front commun le 7 décembre. Avec la manifestation nationale du 4 décembre des pompiers, cela offre l’occasion de rectifier le tir en donnant corps à la voix des travailleuses et des travailleurs. Il ne faut pas en rester là.
Une méfiance compréhensible
Faute de réactions de la gauche syndicale et politique à la hauteur des enjeux, la colère sociale a cherché à s’exprimer d’autres manières. C’est ainsi que le 21 novembre, deux jours après l’annonce de l’accord du gouvernement concernant la vaccination obligatoire dans le secteur des soins de santé, plus de 35.000 personnes ont participé à la manifestation « Ensemble pour la liberté » dans la capitale. Cette mobilisation faisait écho à d’autres aux Pays-Bas, en Italie, en Autriche ou encore en France métropolitaine. En Guadeloupe et en Martinique, l’imposition de l’obligation vaccinale pour le personnel soignant a été reçue comme une gifle supplémentaire par une population structurellement discriminée par l’État français. Des grèves générales y ont été déclenchées contre l’obligation vaccinale pour les soignants, mais aussi contre la cherté de la vie et le prix des carburants ainsi que pour des augmentations des salaires et des allocations sociales. Méfiance envers les autorités, colère contre la hausse des prix de l’énergie et le coût de la vie en général,… les événements ne sont pas sans rappeler le mouvement des Gilets jaunes fin 2018 -début 2019.
Alors oui, on trouvait à Bruxelles le 21 novembre bon nombre de complotistes et d’antivax de même que des individus et groupes d’extrême droite (Vlaams Belang, Voorpost, Schild&Vrienden, Nation, Civitas,…), qui ont habilement manœuvré pour se mettre en avant. Beaucoup d’autres, vaccinées ou non, les personnes présentes à cette manifestation expriment un ras-le-bol et des doutes bien plus généralisés. Les autorités ont collectionné les incohérences avec une arrogance jamais démentie. À l’été 2020, le problème, c’était les jeunes. Ce mois de septembre, c’était les Bruxellois. Et puis finalement non. Au même moment, la Flandre et ses 95% de vaccinés rouvrait toute la société comme si l’affaire était pliée. Bardaf, ça n’aura duré qu’un mois. Du cirque des masques au début de la pandémie à la réduction de la capacité de dépistage juste avant cette quatrième vague, nous avons pu voir à quel point les autorités n’étaient absolument pas préparées à changer de politique de la même manière que nous changeons de masque.
À raison, la population est devenue impatiente et constamment plus sceptique à l’égard de la politique menée. On restreint l’accès aux loisirs pour éviter les contacts ? Pendant ce temps, les bus et métros sont toujours aussi bondés et rien n’est fait pour augmenter le service. Les communiqués du Codeco n’ont pas mis longtemps avant de sentir l’hypocrisie ; or la crédibilité et la confiance sont primordiales dans les questions de santé.
La grande majorité des non-vaccinés se méfie d’un vaccin « arrivé très vite », qui « semble être surtout utile pour les groupes à risques et moins pour les autres », tandis que la perspective d’une 3e dose généralisée renforce le sentiment erroné d’un vaccin lancé en urgence à l’efficacité incertaine. Mais la technologie liée à l’ARN messager était à l’étude depuis plus de 20 ans et déjà utilisée en médecine vétérinaire dès le début des années 2000. D’autre part, un vaccin (outil collectif de santé publique) n’est pas un médicament (outil de santé individuel) : son efficacité ne se juge que s’il est administré à la collectivité. Dans le cas présent, il aurait fallu administrer de manière coordonnée le vaccin à 80% de la population mondiale. Mais la liberté d’une minorité d’actionnaires de multinationales pharmaceutiques à continuer de se remplir les poches sur notre dos a pris le monde en otage. C’est de « Big Pharma » qu’il faut se méfier, pas de la vaccination en soi.
Comme le souligne « La Santé en Lutte », le maintien des brevets, la propriété privée sur les vaccins et leur prix creusent un fossé entre les États qui peuvent se le permettre et les autres : « Dans 29 pays les plus pauvres, où vit environ 9% de la population mondiale, à peine 0,3% du nombre total de vaccins a été acheminé. Sur l’ensemble du continent africain, moins de 4% de la population a été vaccinée deux fois. Il est donc évident que la campagne mondiale de vaccination est un échec et que cette politique dangereuse abandonne les personnes fragiles qui ne vivraient pas au « bon endroit ». Ces choix politiques nous reviendront en pleine face, sous la forme de nouveaux variants. » Ce n’est pas dans la nature du système capitaliste d’envisager la mise sur pied d’une stratégie vaccinale à l’échelle globale.
D’autre part, toutes les études sur le sujet soulignent que fracture sociale et fracture vaccinale vont de pair. Il suffit de dire qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, 4 personnes sur 10 renoncent à des soins de santé pour des raisons financières. Avec une médecine de proximité gratuite garantie par un service national de soins de santé financé à hauteur des besoins, les choses seraient totalement autres.
Mais si la confusion règne parmi une bonne partie de la population, elle s’accompagne d’une recherche à tâtons d’une explication et d’une réponse face à la crise générale que traverse la société. Si la gauche syndicale et politique avait appelé à l’organisation de rassemblements et de manifestations pour arracher plus de moyens pour les soins de santé, en finir avec les brevets sur les vaccins, mettre sur pied un service national de soins de santé correctement financé et nationaliser le secteur pharmaceutique sous contrôle et gestion de la collectivité, les complotistes et l’extrême droite se seraient vu couper l’herbe sous le pied.
Briser le pouvoir de Big Pharma pour une campagne de vaccination efficace
Les vaccins fonctionnent, ils offrent une protection importante contre les formes graves du virus. De même, même là où les contaminations explosent, il permet de fortement limiter le nombre de décès. Toutes les études montrent aussi que le vaccin entraîne une réduction du risque de transmission ; mais pas une disparition, d’autant que l’efficacité du vaccin a tendance à très légèrement diminuer avec le temps.
Mais la vaccination a été présentée comme la solution ultime, ce qu’elle n’est pas si elle n’est pas planifiée à l’échelle mondiale. Dès qu’un pourcentage appréciable de vaccinés a été atteint en Belgique, la société a été complètement réouverte aux vaccinés, sur base du Covid Safe Ticket, comme si cela empêchait le virus de circuler. Dans la lutte contre le virus, la vaccination est importante, mais elle ne suffit pas à enrayer l’épidémie.
Le système capitaliste repose sur la concurrence et sur la course aux profits. Cela empêche le développement de campagnes médicales préventives sérieuses. Les gouvernements capitalistes courent d’une urgence à l’autre, en tentant de colmater des cratères à l’aide de rustines, en ayant comme priorité absolue la sauvegarde des marges bénéficiaires des grandes entreprises. Et protéger le portefeuille des plus riches et mobiliser toutes les ressources de la société pour affronter un péril tel qu’une pandémie, c’est inconciliable.
Il ne faut pas être un génie pour se rendre compte que les transports en commun sont trop remplis, que les écoles sont trop remplies et qu’il s’agit de grands vecteurs de transmissions. Nous avons besoin de bien plus de transports en commun (et gratuits, c’est une évidence écologique) ainsi que de nouvelles écoles avec des infrastructures sanitaires adéquates. En fait, nous avons besoin d’un plan d’investissements massif dans les infrastructures et les services publics, au premier rang desquels les soins de santé, afin de ne laisser personne de côté. Afin de pleinement mobiliser les ressources nécessaires, nous n’avons pas d’autre choix que de retirer les leviers économiques des mains de la minorité de capitalistes qui détruit la planète et nous exploite afin d’élaborer un plan de production respectueux de l’environnement consacré à la satisfaction des besoins sociaux. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.
Aux travailleuses et travailleurs de donner le ton !
Si la pandémie et les confinements ont bien illustré quelque chose, c’est que ce sont les travailleuses et travailleurs qui font tourner le monde, pas les actionnaires ! Le mouvement ouvrier doit imprimer sa marque sur les événements, à l’aide d’un syndicalisme de combat et d’une gauche de combat. Si le mouvement ouvrier n’avance pas offensivement ses positions dans cette situation de crise, d’autres forces vont le faire. Un programme de revendications et d’actions centré sur les intérêts de notre classe sociale permettrait de fournir une clarté là où existe la confusion.
Sur les lieux de travail, les CPPT doivent jouer leur rôle
Sur les lieux de travail, les organisations syndicales doivent être davantage offensives. L’utilité des Comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT) a été fortement confirmée par cette pandémie, mais ils ont été largement sous-exploités. Ils peuvent pourtant stimuler la discussion collective avec les travailleurs et travailleuses sur les mesures à adopter sur le lieu de travail puisque ce sont eux et elles qui savent le mieux ce qui s’impose pour assurer leur sécurité. Ils peuvent aussi stimuler des discussions sereines entre collègues pour répondre patiemment aux doutes et questions concernant le vaccin.
Des moyens doivent être dégagés pour que chaque travailleur et travailleuse puisse travailler en toute sûreté, notamment avec un stock suffisant de masques FFP2. Des tests gratuits doivent également être disponibles pour tout le monde sur les lieux de travail, mais aussi dans les établissements scolaires et dans chaque quartier. Quand un ou une membre du personnel est testé positif, il ou elle doit être écarté. La mise en quarantaine ne doit impliquer aucune perte de salaire et du personnel supplémentaire doit être engagé pour assurer le remplacement des effectifs qui ne peuvent travailler. Dans le cas de la fermeture d’une école ou d’une crèche, les parents doivent être assurés d’obtenir un congé payé.
Un programme d’actions qui répond aux besoins – Luttons contre le système !
Il est plus que temps que le mouvement ouvrier réponde à la situation de crise actuelle et la division insérée, et entrent en action pour imposer l’application des revendications nécessaires :
- Pour la gratuité des tests de dépistage ; davantage de laboratoires doivent être mis sur pied, avec l’engagement de personnel et du matériel supplémentaire ;
- Pour un plan d’investissements publics massifs dans les soins de santé, à la hauteur des besoins réels, déterminés par les travailleurs et travailleuses du secteur ; pour l’engagement de personnel supplémentaire avec de bonnes conditions de travail et de salaire (conditions primordiales pour convaincre les milliers de soignants et soignantes diplômés mais travaillant dans un autre secteur de revenir dans les soins de santé) et la construction de nouvelles unités de soins publiques et l’amélioration des conditions de travail et de salaire du personnel soignant ;
- Pour l’instauration d’un véritable service public national de santé, géré démocratiquement par les travailleurs et travailleuses, permettant aussi enfin une approche préventive des soins de santé ;
- Il faut une campagne de vaccination aussi forte que possible pour lutter contre la pandémie, accompagnée d’une information publique transparente menée par des instances indépendantes du gouvernement et de Big Pharma. Pour une telle campagne de vaccination efficace ; toute la recherche scientifique et le développement doivent donc être placés sous contrôle et gestion publics ; il faut convaincre les non-vaccinés et non les réprimer ;
- Chaque personne à travers le monde doit avoir gratuitement accès au vaccin : pour la collaboration libre et complète de la communauté scientifique en toute transparence par la fin des brevets et de la propriété privée sur la connaissance scientifique, l’ouverture de la comptabilité des entreprises pharmaceutiques et leur nationalisation sous gestion et contrôle démocratique des travailleurs et travailleuses, et l’expropriation sans indemnisation de leurs installations, connaissances et matériels, sauf sur base de besoins prouvés.
Pour financer cela, les richesses existent largement, dans les comptes bancaires des ultra-riches et dans les paradis fiscaux, comme l’ont encore récemment révélé les Pandora Papers. Nationaliser les secteurs-clés de l’économie permettrait d’assurer que les richesses créées par nous-mêmes soient utilisées selon nos besoins.
Un tel programme offensif, assorti d’un plan d’action permettant la création d’un rapport de force favorable aux intérêts des jeunes et des travailleurs et travailleuses, c’est la meilleure manière de convaincre les sceptiques et même de les impliquer dans le combat pour une société débarrassée de la soif de profit et du chaos de l’économie de marché. Une lutte collective avec pour but d’arracher le contrôle des leviers politiques et économiques des mains de la classe capitaliste, et enfin pouvoir répondre pleinement aux besoins de tous et toutes.
Une société socialiste démocratique permettrait d’en finir avec l’incapacité qu’a notre société de répondre aux crises. La cupidité des ultra-riches y sera remplacée comme axe central de la société par une coopération et une solidarité internationales visant à satisfaire les besoins et les revendications de la majorité de la population.
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Une rencontre avec Marguerite Staquet – Ouvrière, féministe et fière de l’être!
Ce 6 octobre 2021 en début d’après-midi, Emily, Stefanie (militantes de Rosa) et moi avons rendez-vous chez Marguerite Staquet, une ex-ouvrière de l’ancienne usine Bekaert-Cockerill de Fontaine-l’Évêque, près de Charleroi. Marguerite a mené en 1982 une lutte exemplaire pour défendre le droit des ouvrières. Elle et son mari habitent une petite maison à Anderlues. Heureusement que le GPS existe pour trouver notre chemin !Par Guy Van Sinoy
Ce 6 octobre, c’est aussi l’anniversaire de Marguerite. C’est pourquoi Emily a apporté une tarte aux pommes. Une fois les présentations faites, nous nous installons autour de la table, dans la pièce de devant. Marguerite prépare le café et Emily découpe la tarte. La conversation peut commencer.
Emily : Juste avant cette lutte de 1982, quel était le climat dans l’entreprise ?
– Marguerite : C’était une usine qui employait majoritairement des ouvriers et une minorité d‘ouvrières. La plupart habitaient les environs. Il y avait aussi un certain nombre de couples travaillant dans l’usine.
J’ai longtemps discuté avec les délégués parce que les hommes passaient la visite médicale (médecine du travail) et les femmes pas. Or nous étions toute la journée, hommes et femmes, dans la poussière. Quand il y avait des assemblées, les femmes n’avaient pas le droit à la parole. On n’était bonne qu’à travailler !
En faisant le même travail que les hommes, on touchait 10 francs de l’heure en moins ! 10 francs, c’était énorme ! A l’époque je gagnais environ 22 à 23.000 francs belges par mois. C’était un beau salaire mais on avait du mal. Car on soulevait des caisses de clous qui pesaient 25 kilos, soit 1 tonne ou 2 tonnes de clous par jour. Les 10 francs de plus à l’heure étaient justifiés non pas parce que le travail des hommes était différent ou plus lourd, mais par le fait que c’étaient des hommes !
A cette époque-là dans l’usine la mentalité était la suivante : « Les femmes elles travaillent parce qu’elles le veulent bien ! » Pendant la grève, combien de fois on ne nous criait pas : « Allez torcher vos gosses ! Allez à vos casseroles ! »
Stefanie : En 1982 il y a d’abord eu une grève de tout le personnel pendant 9 semaines ?
– Marguerite : Oui, cette grève contre la restructuration a débuté au mois d’août 1982. Après 9 semaines de grèves une réunion de conciliation a proposé le choix entre 3 options : soit le passage à 36 heures pour tous et toutes avec perte de salaire, soit le licenciement de 13 ouvriers, soit le passage au temps partiel pour 13 femmes « non chef de ménage ». C’est finalement la troisième proposition qui a été adoptée : 120 pour, 60 contre (dont toutes les ouvrières) et 40 abstentions. Le vote s’est déroulé dans des conditions particulières car on remplissait le bulletin de vote sous l’œil des délégués qui le dépliaient avant de le glisser dans l’urne. Et les 40 abstentions ont été comptabilisées avec les « Pour ».
Le patron avait préparé une liste de 13 ouvriers à licencier, dont 3 délégués. Il faut savoir que ces délégués ne travaillaient pas. Ils arrivaient le matin avec leur serviette et demandaient : «Ça va ?». Quand on disait tout ce qui n’allait pas il répondaient : «On en reparlera plus tard!». Ces délégués menacés de licenciement ont proposé à la place le passage à mi-temps des femmes qui n’étaient pas chef de famille. Nous avons alors reçu nos préavis pour nous réengager à mi-temps. Mais nous n’étions pas d’accord car nous perdions ainsi toute notre ancienneté.
Les femmes ont refusé le passage à mi-temps et sont donc parties en grève le 3 novembre. De mon côté, je voulais faire valoir le droit des femmes, mais je ne savais pas comment. Dans un petit village, on n’est au courant de rien. Alors mon neveu m’a mis en contact avec Christiane Rigomont, de la Maison des Femmes de La Louvière. Elle est venue chez nous et nous a expliqué nos droits et a fait connaître notre situation. Ensuite beaucoup d’avocates se sont manifestées pour nous soutenir et nous expliquer nos droits.
Dorénavant, dans les assemblées à l’usine, nous prenions la parole pour dire que nous n’étions pas d’accord. Les délégués disaient : « Oui mais, Marguerite Staquet, elle rêve ! Elle invente n’importe quoi ! » Mais moi j’avais en mains les preuves de nos droits. Et quand nous nous sommes défendues, les délégués ont crié « Au Secours ! Elles ont fait venir des «extrémistes» de l’extérieur ! »
Emily : La proposition de ne licencier que des femmes est donc venue des délégués ?
– Oui ! Parce que on n’était pas considérées comme des travailleuses à part entière. On n’était considérée comme des salaires d’appoint. Nos maris qui travaillaient dans l’entreprise ne disaient rien car ils avaient un petit peu peur aussi. Souvent on demandait à nos maris : « Qu’est-ce qu’on fait, on continue jusqu’au bout ? » Ils nous ont toujours soutenues dans ce combat.
Quand il y eu l’assemblée avec tous les gens de l’extérieur venus nous soutenir, les délégués syndicaux étaient contre le mur et n’osaient rien dire. On aurait dit des prisonniers à la prison de Jamioulx ! Il y avait tellement de monde qui venait nous aider qu’on ne pouvait pas se tromper.
Stefanie : Et maintenant, 40 ans après, quel regard portes-tu sur cette lutte ?Aujourd’hui tout cela me semble très loin. Mais je vois que fondamentalement les choses n’ont pas beaucoup changé. La femme n’est toujours pas l’égale de l’homme. Maria, la sœur de mon mari a une petite fille qui est une vraie rebelle ! J’admire cette petite-fille car elle dit : « Moi je suis l’égale de mon compagnon. Et quand on rentre du travail, c’est le premier qui rentre qui commence à faire à manger ». Cela ma belle-sœur ne l’accepte pas, mais je lui dit : «Maria, c’est comme ça la vie ! On s’est battues pour ça ! »
Après notre licenciement, on nous appelait souvent pour aller parler dans les écoles. Le but n’était pas de nous mettre en valeur mais de défendre notre droit au travail. Devant des jeunes de 17 ou 18 ans, filles et garçons, on expliquait le pourquoi de notre grève. Un jour la maman d’une jeune fille nous a dit : « Vous ne trouvez pas que vous êtes allées trop loin ? Parce après tout vous n’êtes que des femmes ! » Je lui ai répondu : « Vous avez une fille ? Si vous pensez comme ça, vous devriez lui faire arrêter l’école ! Car si vous parlez ainsi ça ne vaut pas la peine qu’elle fasse des études car elle va prendre la place d’un homme !»
Guy : Et les responsables syndicaux de l’époque?
François Cammarata, responsable régional des métallos CSC, nous a carrément torpillées. Il a menacé par téléphone de faire licencier les maris des ouvrières qui continuaient la grève.
Du côté de la FGTB, Georges Staquet, Secrétaire général des métallos FGTB de Charleroi, ne nous a pas attaquées,… mais il n’ a rien fait pour nous non plus. Je me souviens que dans les locaux de la FGTB il était occupé au téléphone avec Ernest Glinne, député européen qui s’inquiétait de notre situation. Georges Staquet lui répétait : « Ne vous inquiétez pas Ernest, tout est arrangé ! » Nous entendions cela à travers la porte du bureau de Staquet car nous restions sur place dans les locaux de la FGTB. Après cela j’ai demandé à Marcelle Hoens (responsable nationale des Femmes FGTB) de nous mettre en rapport directement avec Ernest Glinne. J’ai expliqué à Glinne que, contrairement à ce qu’affirmait Georges Staquet, rien n’était réglé pour nous. Ernest Glinne m’a répondu : « Ce soir, je suis chez vous. ! » On lui a expliqué et il nous a dit : « Je vais vous emmener au Parlement européen à Strasbourg ».
Un jour, après mon licenciement, la honte car je devais pointer au bureau de chômage, c’était au moment des élections, le délégué principal FGTB Vandestrick était là en train d’expliquer à la chômeuse qui me précédait dans la file : « La femme qui est derrière vous, elle s’est battue pour ses droits et nous l’avons soutenue… » Je n’ai pas pu m’empêcher de dire : « Ne le croyez pas ! Il vous raconte des bobards ! Nous nous sommes battues CONTRE lui. Car s’il avait voulu nous aider, on n’en serait pas là et je ne serais peut-être pas en train de pointer aujourd’hui.» Il est parti sans demander son reste…
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Québec. Plus de 1.000 voix (12%) pour la candidate socialiste dans Verdun!

L’équipe de Rosalie Bélanger-Rioux a récolté 1 050 votes lors des élections municipales du 7 novembre 2021 à Montréal. Sa campagne militante de terrain a montré comment des élections peuvent être utilisées pour élargir le mouvement de lutte des locataires dans Verdun.
Par Alternative Socialiste (ASI-Québec)
L’appui électoral à Rosalie (11,98%) la place en 3e position dans son district, mais aussi comme la 3e candidature indépendante sur 17 ayant recueilli le plus de voix à Montréal. Cet appui dépasse d’ailleurs la majorité de celui donné aux candidatures du 3e parti en importance, Mouvement Montréal.
Ce succès montre qu’il est possible d’aller chercher du soutien avec un programme ouvertement socialiste et des méthodes d’action basées sur l’organisation militante des gens du quartier. L’appui à Rosalie montre l’attrait grandissant pour un changement politique radical au Québec, pour une alternative socialiste. Il démontre surtout l’intérêt porté à une équipe qui était déjà plongée au cœur des luttes des locataires et qui a continué de les animer durant la campagne électorale.
Le besoin de s’organiser sur le terrain
La campagne électorale de Rosalie a tiré sa pertinence du fait qu’elle ne s’est pas contentée de recueillir des votes pour faire siéger une conseillère à la mairie d’arrondissement. Le cynisme ambiant, les bas taux de participation aux élections et la polarisation politique soulignent le rejet de ce type de parlementarisme strictement électoral.
La chance a été donnée au coureur lors des élections municipales de 2017. Portés au pouvoir de manière majoritaire, Projet Montréal et sa mairesse Valérie Plante ont présidé à une gentrification accélérée des quartiers de Montréal, en particulier à Verdun. L’itinérance a doublé et les camps de fortune sont systématiquement détruits. Les services policiers sont inondés de nouvel argent, tandis que les services de transport en commun connaîtront les coupures.
Seul un rapport de force basé sur l’organisation militante et massive des Montréalais et des Montréalaises peut forcer l’administration à nous donner ce dont nous avons réellement besoin. La campagne de Rosalie est un premier pas modeste qui témoigne du potentiel qu’a ce type d’approche.
Aider l’organisation militante des locataires
La campagne a réussi très tôt à mobiliser une vingtaine de bénévoles non seulement pour donner de la visibilité à la candidate, mais pour aider les locataires de Verdun à s’organiser contre leur mauvais propriétaire et leur conseil municipal négligent. Organisatrice de la campagne Nos quartiers ne sont pas à vendre, Rosalie a su utiliser sa campagne électorale pour nourrir la lutte pour le droit au logement.
Les bénévoles ont sillonné les rues de Verdun pour distribuer plus de 6 500 dépliants et discuter de la lutte à la gentrification avec des centaines de citoyens et citoyennes. Les bénévoles se sont spécialement mobilisé·es pour aider les locataires de la rue Godin dans leur lutte contre un gentrificateur qui menace de les évincer. Rosalie et son équipe sont les seules personnes impliquées dans la course électorale à leur avoir prêté mainforte, malgré des appels à d’autres conseillers.
Ces locataires sont venues demander de l’aide à Rosalie lors du «comité d’accueil» organisé par son équipe lors du débat entre les personnes aspirantes à la mairie de Verdun, le 19 octobre. Cette action couverte par plusieurs médias a fait réagir à juste titre les candidatures d’Ensemble Montréal et Projet Montréal.
Impliquer les gens de Verdun
Durant la campagne de Rosalie, des dizaines de personnes ont fait des dons totalisant plus de 3 000$. Ce trésor de guerre a notamment permis d’imprimer des milliers de dépliants ainsi que d’acheter des pancartes et des affiches géantes sur lesquelles étaient bien visibles des demandes urgentes : «Stoppons les rénovictions!», «Exproprions pour loger!» ou encore «Taxons les super riches pour financer les services publics!».
L’approche militante de la campagne nous a valu bien des appuis dans les rues de Verdun, mais aussi provenant de l’international. La conseillère municipale socialiste de Seattle, Kshama Sawant – à l’origine de la victoire du salaire minimum à 15$/h ainsi que de la Taxe Amazon dans cette ville – a envoyé une lettre d’appui à Rosalie. En s’inspirant de Sawant et de son parti, Socialist Alternative, la lutte pour le droit au logement dans Verdun ne s’arrêtera pas avec les élections!
Derrière la victoire de Projet Montréal, un appui qui faiblit
Le ras de marée pour Projet Montréal le 7 novembre cache une chute de 26 226 voix des appuis à Valérie Plante par rapport aux élections de 2017. Les appuis à Denis Coderre ont baissé encore davantage, soit de 57 596. Créé en 2021, Mouvement Montréal est le seul parti à avoir fait des gains significatifs avec ses 30 200 voix. Mais le parti de Balarama Holness a échoué à faire élire qui que ce soit.
Les élections municipales montréalaises présentent un taux de participation électorale bas de 38,4%, une chute de 4% par rapport aux élections de 2017. À titre comparatif, les élections fédérales de 2021 ont connu un taux de participation bien plus haut à 62%, et celles de 2018 au Québec, de 66,45%. Dans ces deux cas, les taux de participation ont toutefois chuté de 5% par rapport aux élections précédentes.
À travers Montréal, on retrouve les plus hauts taux de participation dans les arrondissements les plus aisés, par exemple Outremont et L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève. Inversement, les taux de participation les plus faibles se retrouvent parmi les arrondissements les plus défavorisés, par exemple Montréal-Nord et Saint-Laurent.
L’abstention et Projet Montréal
En 2017, les forts taux d’abstention semblent avoir joué en faveur de l’équipe de Valérie Plante. Cette situation s’est reproduite cette année. Dans les faits, le choix de seulement 19,56% de toutes les personnes aptes à voter à Montréal a été suffisant pour porter Valérie Plante au pouvoir.
En d’autres termes, Projet Montréal a été capable de gagner la mairie sans avoir à tenir compte de 80% des électeurs et électrices. Il a suffi au parti de mobiliser le vote des couches sociales éduquées et relativement aisées qui le soutiennent. Pire encore, de nombreuses personnes disent avoir voté pour Projet Montréal le nez bouché afin d’éviter un retour de l’équipe de Denis Coderre. L’avenue du «vote stratégique» pour la candidature la moins pire n’a pas stimulé les gens à aller voter, au contraire.
Ce qui crève les yeux, c’est que la vaste majorité des électeurs et électrices de Montréal – plus de 685 000 – n’a voté pour aucun parti ou candidature.
L’abstention, une question de classe
Faut-il vraiment se surprendre des faibles taux de participation – en particulier dans les arrondissements plus ouvriers – lorsqu’il n’existe aucun parti alternatif issu des mouvements ouvriers et sociaux? Lorsque les discours politiques ne s’adressent pas aux travailleurs et aux travailleuses ordinaires? Lorsque les personnes élues défendent d’abord et avant tout les intérêts des employeurs, des entrepreneurs et des propriétaires?
L’écrasante majorité des gens sait bien que peu importe qui siègera à mairie, les coupures de services à la STM, les hausses de tarifs, les loyers trop chers et les jobs mal payés les attendront. La détérioration des conditions de vie de la majorité de la population s’est accélérée avec la crise économique et sanitaire. La classe ouvrière demeurera largement inactive sans une alternative politique dynamique qui s’engagera à inverser le cours des choses radicalement et à défendre ses intérêts. L’heure n’est plus au business as usual, mais à l’audace politique.
Une conscience sociale en développement
L’appui à Balarama Holness et à son parti, Mouvement Montréal, exprime en partie les nouvelles sensibilités populaires face aux enjeux de racisme systémique, de violences policières et de lutte aux inégalités. Créé cette année, ce nouveau parti a présenté 68 candidatures qui ont surtout performé dans les quartiers ouvriers où une très forte partie de la population est issue de l’immigration.
Cet appui laisse deviner un potentiel de radicalisation, mais ne reflète pas des dynamiques de luttes collectives vivantes dans les quartiers. Pour plusieurs personnes, l’intérêt de Mouvement Montréal concernait surtout les identités spécifiques de ses candidatures.
Bien qu’important symboliquement, la couleur de peau, l’origine ethnique ou encore le genre des candidatures ne sont pas un gage de transformation sociale. Dans la même veine, l’élite médiatique et politique petite-bourgeoise fait la même erreur en se réjouissant trop vite de «l’espoir» que fait naître l’élection de jeunes maires et mairesses carriéristes un peu partout au Québec.
Il ne peut pas y avoir de gentrification «féministe» ou de services policiers «antiracistes». Il ne peut pas y avoir d’économie locale capitaliste «écologique» ou d’industries culturelles qui respectent les droits des peuples autochtones et québécois. Une politique municipale qui s’articule autour des intérêts des compagnies privées et des grands propriétaires maintiendra les oppressions et profitera de l’exploitation. Le vrai changement viendra avec ceux et celles qui s’attaqueront frontalement aux personnes qui achètent nos quartiers, polluent nos milieux de vie et paient des salaires de crève-faim.
Une politique de combat
La différence entre la candidature de Rosalie et toutes les autres, c’est que Rosalie appelle à bâtir un mouvement au-delà des élections, un mouvement militant de travailleurs, de travailleuses, de jeunes et de personnes à la retraite dans toute leur diversité. Si Balarama Holness se contente de nous donner rendez-vous en 2025, Rosalie Bélanger-Rioux propose de rester mobilisé et d’agir dès maintenant!
Projet Montréal ne réalisera ses promesses les plus ambitieuses – telle la construction de 6 000 logements abordables par an pendant 10 ans – que s’il est contraint de le faire. Seul un mouvement massif de la base pourra établir ce rapport de force. Organisons-nous dès maintenant pour réclamer l’expropriation des terrains et immeubles abandonnés, vacants ou négligés dès les prochaines séances des conseils municipaux! Organisons la pression en mobilisant les gens du quartier, nos syndicats, nos associations étudiantes et nos organisations militantes! Nous pourrons alors constater ce que valent vraiment les élu⋅es de Projet Montréal.
Un mouvement de protestation massif peut poser les bases d’une future coalition politique des forces ouvrières et sociales montréalaises actives dans leurs milieux de vie. Avec un projet socialiste commun, la représentation politique d’un tel mouvement social pourrait radicalement changer notre façon d’habiter Montréal.
Venez militer avec nous pour établir ce rapport de force! Contactez-nous à pasavendre@alternativesocialiste.org pour joindre la lutte!







En 2019, 26 capitalistes possédaient autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité alors que des millions de personnes doivent fuir les catastrophes écologiques, la guerre et l’exploitation.