Category: Politique belge

  • Tous ensemble contre Michel le 29 septembre!

    Services publics, enseignement, non-marchand et privé

    psl_29septembreLe front commun syndical manifestera le 29 septembre. Pourquoi? A en croire Michel & Co., notre pouvoir d’achat aurait augmenté, nos services publics seraient plus efficaces, nos horaires mieux adaptés à la vie familiale et les patrons feraient la queue pour nous engager. En réalité, le budget boit la tasse, la pression au boulot est insoutenable, les services publics s’effondrent et, à cause de la politique du gouvernement, notre situation empire à chaque fin de mois. Le dernier brin de paille auquel s’accrochait le gouvernement – ‘‘jobs, jobs, jobs’’ – s’envole lui aussi avec, malheureusement, la fermeture de Caterpillar et les restructurations chez Axa et Makro.

    Tract de mobilisation du PSL // Tract en version PDF

    Cet été, en Flandre, c’est à peine si on n’a pas accusé le personnel des services d’urgence d’être responsable du décès d’un homme qui avait composé leur numéro en vain à trois reprises. Le coupable, c’est le manque flagrant de personnel. Pour combien de morts ? Peu après est arrivée dans la presse l’histoire d’une jeune infirmière dénonçant les conditions de travail et d’hygiène inacceptables dans la maison de repos où elle travaillait. Neuf cuistots de maisons de repos se sont plaints quant à eux de leurs employeurs avides qui exigent qu’ils ne consacrent que 3 euros par jour pour 3 repas. Une enquête du Christelijke Onderwijsbond (syndicat chrétien de l’enseignement) a démontré que les enseignants de maternelle et de primaire achètent eux-mêmes leur matériel faute de budgets suffisants dans les écoles. De plus en plus de parents ne peuvent pas faire face aux frais de la scolarité obligatoire ‘‘gratuite’’. Bpost veut engager des réfugiés comme facteurs puisque le personnel ne suit plus après quelques générations du plan GEOROUTE. Un accompagnateur de train a déclaré dans la presse se sentir mal face à des voyageurs âgés incapables d’utiliser les guichets automatiques et devant donc payer la redevance de 7 euros à bord. Tout ça, ce n’est que la pointe de l’iceberg. Tout le monde le sait.

    Le gouvernement estime toutefois scandaleux que les dépenses publiques dépassent les 50% du PIB. Pense-t-il que nous vivons encore au 19ème siècle? Aucun patron ne veut de travailleurs non qualifiés, de routes de terre battue, de bateaux remorqués par des chevaux et d’une communication basée sur la télégraphie. Tous veulent un Internet à haute vitesse, des travailleurs hautement qualifiés, des routes à la surface d’une table de billard et des ports où peuvent accoster les plus grands supertankers. Cela exige de l’argent, beaucoup d’argent, et une bonne administration. Mais le gouvernement préfère donner tout ça à des patrons sympathiques, à Caterpillar, Makro et AXA, qui arrachent aujourd’hui sans vergogne le pain de la bouche de milliers de familles. Parce qu’ils sont en perte? Parce qu’ils font moins de profits? Non, parce que les actionnaires, qui savent à peine ce qui est précisément produit dans l’entreprise, exigent des augmentations de dividendes.

    Nous aurions dû balayer Michel par la grève en 2014

    Les dirigeants syndicaux ont commis une erreur en 2014. Ils auraient dû balayer le gouvernement par la grève. Ils auraient ainsi pu éviter qu’il ne fasse appel contre l’Europe pour NE PAS aller rechercher 940 millions d’euros de déductions injustifiées chez une poignée de multinationales. Ils auraient pu empêcher que le gouvernement refuse juridiquement de réclamer les pertes fiscales d’Apple par la voie irlandaise. En refusant de le renverser, ils ont laissé la chance à un gouvernement faible et divisé de poursuivre sa politique austéritaire. Le travail faisable pour pouvoir tenir jusqu’à 67 ans est ainsi devenu un travail maniable avec plus de flexibilité, la fin de la journée des huit heures et de la semaine des 38 heures avec plus d’heures supplémentaires. La liste des métiers lourds est devenue un examen de circonstances aggravantes pris à titre individuel. La norme salariale est plus stricte, avec des sanctions plus sévères en cas de dépassement, qui doivent par la suite être compensés au prochain accord interprofessionnel. En contraste, la diminution de l’imposition des sociétés s’apparente à une gigantesque Saint Nicolas.

    Ce n’est pas une coïncidence si la participation diminue aux actions syndicales officielles alors que les grèves spontanées sont mieux suivies. Il est inacceptable que certains dirigeants syndicaux soutiennent les grèves spontanées au mieux avec une réticence évidente, au pire en laissant les grévistes se saigner à blanc. Il est triste de les voir gaspiller tellement d’énergie en querelles mutuelles et en chamailleries communautaires. Le scepticisme quant à la volonté de partir en action des dirigeants syndicaux est compréhensible, mais il existe aussi de nombreux militants, délégués et secrétaires qui font tout leur possible. Nous ne les aiderons pas en étant absent, mais au contraire en mobilisant le plus massivement possible pour la manifestation du 29 septembre. Si nous sommes nombreux, les directions syndicales pourront difficilement faire marche arrière et le gouvernement devra changer de ton. Si nous sommes peu, le gouvernement gagnera en confiance pour des attaques plus dures encore.

    Comment mobiliser? Discutez avec vos collègues, fixez rendez-vous pour vous rendre ensemble à la manifestation. Demandez à votre représentant syndical la distribution d’un tract ou l’organisation d’une assemblée du personnel. Demandez à vos proches d’aller manifester. Accrochez une affiche à votre fenêtre ou aux commerces voisins. À l’école, un comité de mobilisation peut être mis en place avec les jeunes pour se rendre à la manifestation, ensemble avec le personnel.

    Mais existe-t-il une alternative ?

    Prenez Caterpillar. La multinationale veut réduire sa capacité de production et augmenter ses dividendes. Les politiciens laissent échapper quelques larmes de crocodile, prennent un selfie, enragent contre les nombreux cadeaux fiscaux perdus, mais s’apaisent bien vite face à une décision prise ‘‘de l’autre côté de l’Atlantique’’. Les banques systémiques ont été nationalisées mais à Gosselies, Caterpillar ne serait pas systémique? Cette fermeture ne menace-t-elle pas toute une communauté? N’entrainerait-elle pas dans son sillage de nombreux fournisseurs, sous-traitants et indépendants? Caterpillar veut réduire sa capacité, pas créer un concurrent. Voyons voir quel site fermerait si Caterpillar savait que quelque part se trouve un gouvernement qui n’accepterait pas que la production finisse aux poubelles. Nous avons déjà payé assez avec les nombreux cadeaux fiscaux.

    Charles Michel ne voulait-il d’ailleurs pas investir dans l’infrastructure? Les machines sont là pour être saisies. Alors que nous devons bricoler avec notre infrastructure, Michel peut combiner la créativité de nos universités à un ‘‘projet durable’’ pour une ‘‘fabrique de machine multifonctionnelle’’ comme celle de Gosselies. Il pourrait immédiatement pousser la banque nationalisée Dexia à verser de l’argent frais au lieu de pousser les familles vers le marché des capitaux à risques. Voilà qui serait une ‘‘politique industrielle intégrée’’. La participation et le contrôle démocratiques des travailleurs et de la collectivité mettraient un frein à la soif de profits rapides des propriétaires pour lesquels la région n’a pas de sens en garantissant une vision à long terme.

    Allons-nous attendre jusqu’aux prochaines élections ? D’ici là, les travailleurs de Caterpillar seront aigris chez eux. Une bonne partie de leurs indemnités de départ sera écumée par le gouvernement. Depuis la fin 2013, une prime de départ n’est plus cumulable avec le chômage et les autorités fiscales savent où nous trouver. Au lieu d’apporter un grand changement, le fatalisme de gauche pourrait contribuer à la victoire de la droite. L’occupation de l’entreprise, la mobilisation de la région pour placer le gouvernement fédéral devant ses responsabilités et, à partir du 29 septembre, donner un véritable coup de poing avec tout le mouvement ouvrier belge pour une politique économique et sociale totalement différente, cela changerait les relations de forces.

    Le PSL ne nie pas l’importance des élections, mais elles sont indissociables de la lutte sociale et nous ne pouvons pas toujours attendre la date d’une élection. Le mouvement syndical a besoin d’un parti de lutte. C’est ce que beaucoup espèrent que Corbyn fera du parti travailliste en Grande-Bretagne, ce que beaucoup de Grecs espéraient que Tsipras fasse de Syriza, ce que bon nombre d’électeurs de Bernie Sanders espéraient qu’il ferait aux États-Unis et ce que beaucoup d’Espagnols attendent de Podemos. Pensez-vous aussi qu’un parti de gauche doit être un parti de lutte et doit offrir plus que de ‘‘voter pour moi la prochaine fois’’? Rejoignez le PSL et aidez-nous à diffuser cette idée.

  • Stopper le racisme par la lutte active contre toutes les formes de division

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    Diviser pour régner. Bart De Wever le dit probablement plutôt en latin: «divide et impera». Son parti, la N-VA, applique constamment cette tactique éprouvée et séculaire. Jusqu’il y a peu, les problèmes de financement de la sécurité sociale s’expliquaient essentiellement par la faute des Wallons. Maintenant, ce sont surtout les réfugiés qui bénéficient de cet ‘‘honneur’’. C’est bien pratique pour passer sous silence la réduction des cotisations patronales à la sécurité sociale. La pénurie de logements sociaux? A cause des transferts financiers vers la Wallonie. Et de l’arrivée des réfugiés. A Anvers, où il y a peu de Wallons pour servir de boucs émissaires, ce sont les ‘‘Berbères’’ (les Amazighs) qui ont été accusés de tous les maux de la ville que dirige De Wever.

    Article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Le racisme comme écran de fumée

    Partout où sévissent des pénuries, on cherche des boucs émissaires derrière lesquels masquer les véritables profiteurs et leurs représentants politiques. Dans une société qui plus que jamais subit les conséquences de la guerre, de la misère et de la pauvreté, dans une société où le fossé entre riches et pauvres ne cesse de grandir, les néolibéraux ont besoin de beaucoup de boucs émissaires. L’objectif visé est de garder le silence sur les véritables raisons des problèmes sociaux.

    Le racisme, tout comme la question communautaire, sert aussi à diviser la classe des travailleurs afin d’affaiblir leur lutte contre les politiques antisociales. Le gouvernement de droite peut plus facilement éviter les conséquences de la colère populaire si les travailleurs ne voient pas qu’ils ont les mêmes intérêts que leurs collègues issus de l’immigration ou d’une autre religion. Au moment où le gouvernement préparait une nouvelle offensive contre nos conditions de vie, la discussion sur le burkini est arrivée à point nommé.

    La controverse sur le burkini n’a rien à voir avec les droits des femmes

    En France, des agents de police armés ont obligé une femme à se dévêtir sur la plage. Différentes municipalités françaises avaient imposé une interdiction du burkini contraires aux droits et libertés constitutionnels. Cette virulence contre le burkini a officiellement été présentée comme étant féministe et en faveur de la libération des musulmanes. Des agents armés qui surveillent la tenue vestimentaire des femmes sur la plage, cela fait plutôt penser à des régimes réactionnaires comme celui de l’Arabie Saoudite.

    Le PSL défend le droit des femmes de disposer de leur corps comme elles l’entendent. Cela implique que les femmes ont le droit de porter le voile ou un burkini de même que le droit de ne pas le porter. La polémique sur le burkini a pour but de viser les musulmans, c’est un exemple classique de la politique de diviser pour régner. Juste au moment où le débat a été relancé concernant le budget fédéral en Belgique, la N-VA a sauté sur l’occasion.

    Si les partis au pouvoir en France et en Belgique avaient vraiment les droits des femmes à cœur, ils ne sabreraient dans aucun budget des services publics tels que la petite enfance, l’enseignement,… tout en imposant une super-flexibilité et de plus bas salaires aux travailleurs.

    La politique de droite provoque des problèmes sociaux

    En Flandre, le président du SP.a, John Crombez, a fait son mea culpa: selon lui, la gauche s’est montrée ‘‘naïve’’ dans les domaines de la migration et de la sécurité. Voilà une parfaite illustration d’où en est cette ‘‘gauche officielle’’ qui a imposé la politique néolibérale des décennies durant et qui maintenant n’a rien à offrir en réponse aux conséquences de cette politique. Cela va de pair avec l’image d’une ‘‘gauche’’ responsable de l’arrivée des réfugiés, un cliché que la droite instrumentalise sans vergogne.

    La gauche conséquente, elle, ne s’est pas compromis en soutenant la guerre en Afghanistan, en Irak, en Syrie et ailleurs. Ce n’est pas par hasard si la plupart des réfugiés proviennent de ces pays. Ces guerres ont contribué à la croissance de groupes réactionnaires extrémistes comme les talibans et l’Etat Islamique. Toujours à gauche va à l’encontre de la rupture du tissu social de nos quartiers et les communautés en raison de l’austérité. La gauche conséquente s’est opposé à la casse sociale consécutive à la logique néolibérale dans nos quartiers et nos communautés. La gauche conséquente dispose d’un programme pour que chacun puisse vivre paisiblement, ensemble, dans le respect de l’individualité de l’autre: un programme basé sur l’emploi, les services publics, l’accès aux logements,… qui offre un bon avenir à tous, et pas seulement aux super-riches comme cela est le cas aujourd’hui. Nous défendons une transformation socialiste de la société et une rupture anticapitaliste.

    Les partis traditionnels ne vont pas aussi loin, pas même la social-démocratie. C’est même aller trop loin pour eux que de relier la crise des réfugiés aux guerres. La responsabilité des problèmes sociaux est donc individualisée: ce sont les jeunes musulmans le problème. Pas tous les musulmans, la plupart, selon Crombez, sont des ‘‘Flamands modernes’’. Il y a donc encore une petite différence entre lui et la N-VA.

    La social-démocratie est en effet en partie responsable de la montée des tensions actuelles dans les quartiers et les villes. Les ‘‘jeunes musulmans’’ dont parle Crombez, ont vu des années durant leurs frères et sœurs plus âgés, leurs amis et leurs famille évoluer sans emploi ou sans perspectives d’avenir stable. Où donc était la social-démocratie lorsqu’il fallait réagir avec un plan garantissant de bons emplois pour tous ? La politique de la social-démocratie, ce n’est pas la ‘‘gauche laxiste’’, c’est juste la droite.

    Lutter contre le racisme

    Un adolescent de Genk issu de l’immigration est décédé cet été au Maroc et des dizaines de racistes étaient immédiatement prêts à danser sur sa tombe de la manière la plus dégoûtante qui soit. Ils n’ont pas fait l’objet de la même attention médiatique que les musulmans imaginaires de Jan Jambon qui auraient ‘‘dansé après les attentats’’. Deux poids, deux mesures.

    En Belgique, le racisme reste pour l’instant largement passif, au stade de commentaires engloutis par les médias sociaux. Mais les cas de racisme ‘‘dans la vraie vie’’ sont en augmentation: propos racistes tenus dans les lieux publics, regards en colère contre ceux qui semblent ‘‘différents’’ ou violence manifeste.

    De petits groupes racistes comme PEGIDA ou Nation du côté francophone ne parviennent pas à organiser activement des événements majeurs. Le Vlaams Belang et PEGIDA ont tenté de créer un mouvement au début de cette année, ce fut un échec. Les contre-actions étaient généralement bien plus grandes. Nous avons joué un rôle majeur pour l’assurer avec notre campagne antifasciste flamande Blokbuster. C’est ce qu’a reconnu Manuel Abramowicz de RésistanceS.be dans les pages du quotidien Le Soir au sujet de la manifestation annuelle du NSV (association étudiante officieuse du Vlaams Belang): ‘‘Cette manifestation regroupe entre 150 et 200 militants. La contre-manifestation, constituée de jeunes d’extrême gauche (…) rassemblent, eux, entre 500 et 1.000 manifestants. Ces chiffres résument bien l’état des forces en présence. L’extrême gauche n’est pas dans l’air du temps, contrairement à l’extrême droite. Mais sur le terrain, la gauche radicale est numériquement plus importante sur le terrain militant.’’ L’utilisation du terme ‘‘d’extrême gauche’’ est regrettable, mais la conclusion est correcte: l’extrême droite bénéficie d’un soutien, mais qui reste essentiellement passif.

    Le racisme et d’autres formes de division doivent être activement combattus. Au bar ou sur les médias sociaux, les déclarations racistes font plus de dégâts si elles n’entrainent pas de réponse. Dans certains cas, la confiance des racistes les pousse vers des actes de violence en dehors des médias sociaux. En France et en Allemagne, des réfugiés ont été attaqués en rue, des centres de réfugiés ont été victimes de tentatives d’incendie,… A Dortmund, en Allemagne, les néo-nazis se sont sentis suffisamment forts pour passer à une tentative d’assassinat contre un antifasciste.

    La meilleure riposte est de s’organiser et de construire une alternative à l’austérité et aux problèmes sociaux, cela ne peut que renforcer la solidarité dans la lutte. Ce qu’il faut, c’est organiser les antiracistes sur base d’une perspective de lutte et d’une stratégie orientée contre le système capitaliste responsable des diverses formes de division.

  • Tous ensemble dans la rue le 29 septembre!

    Deux années de gouvernement Michel: Il nous écrase pour arroser le s entreprises de cadeaux

    Dégageons le gouvernement et toute la politique d’austérité

    VoSaintGilles_septembre2016us l’aurez remarqué dans votre portefeuille, les prix à la consommation explosent pour les aliments, les télécommunications, l’électricité… L’inflation en Belgique est de 1,6 %, le taux le plus élevé d’Europe. Le ministre de l’emploi et de l’économie Kris Peeters botte en touche en commandant une étude pour en déterminer les causes.

    Tract du PSL distribué à Saint Gilles (Bruxelles)

    Pourtant, ce renchérissement du coût de la vie est la conséquence de la politique de hausse de la TVA, des accises et des taxes pour la population. Ces hausses dépassent largement la petite augmentation de salaire net annoncée avec grand fracas. Le plus frappant est la hausse des factures d’électricité de 40,6 % au deuxième trimestre à cause de l’augmentation de la TVA à 21%, des tarifs de distribution et des taxes pour les certificats verts en Flandre.

    L’année dernière, les entreprises du Bel 20 ont reversé dix milliards d’euros en dividendes aux actionnaires. La diminution de nos salaires et allocations avec la perte de 2 % due au saut d’index et le blocage salarial ne leur suffisent pas. Le soi-disant “handicap salarial” n’existe plus selon la Banque nationale. Ainsi, nos salaires évoluent moins vite que les pays voisins malgré la productivité record des travailleurs belges. Mais le gouvernement, à la solde du Bel 20, veut encore revoir la “loi de 96 sur les salaires” pour mettre nos salaires à la diète pendant les 10 prochaines années.

    L’autre projet de loi de Kris Peeters, comparable à la loi “travail” en France, qui devait initialement rendre le travail soutenable pour accompagner l’augmentation de l’âge de départ à la pension à 67 ans, vise aujourd’hui à le rendre insoutenable en mettant fin à la semaine de 38h. L’annualisation du temps de travail (calcul à l’année) permettra des semaines de 45h et des journées de 9h. Celles-ci pourront encore être allongées à respectivement 50h et 11h avec le bonus de cent heures supplémentaires mis gratuitement à disposition des patrons.

    De l’autre côté, le gouvernement arrose les entreprises pour 12 milliards d’euros de cadeaux fiscaux divers. La Belgique est un paradis fiscal pour les multinationales, au point que même certaines des techniques pour éluder l’impôt, jugées les plus déloyales par l’OCDE et la Commission Européenne (comme les excess profit ruling et les intérêts notionnels) devront être revues. Mais pas question pour le gouvernement de faire contribuer les plus riches. Il envisage de diminuer l’impôt des sociétés jusqu’à un taux de 20 % tout en continuant la politique d’austérité pour 2,4 milliards d’euros d’ici fin 2017 avec probablement le mécanisme de solidarité qu’est la Sécurité Sociale dans le viseur.

    Construire une mobilisation de masse Dans le cadre du nouveau plan d’action syndical, le front commun des syndicats organise une nouvelle manifestation nationale le 29 septembre à Bruxelles à l’occasion des deux ans du gouvernement de droite et en prélude à la grève générale nationale du 7 octobre prochain. La vague de grèves en juin avec en premier lieu les agents pénitenciers et les cheminots illustre la combativité présente à la base. Cela ne changera rien ? Si nous sommes peu nombreux, le gouvernement se sentira en confiance pour continuer ses attaques. Si au contraire nous mobilisons encore une fois plus de 100.000 personnes, il baissera d’un ton et nous pourrons instaurer un climat propice pour engager encore plus de personnes dans la grève générale du 7 octobre et construire ainsi la pression nécessaire pour continuer ensuite.

    Ne restez pas au bord de la route et participez y vous-même ! Beaucoup de choses sont possibles. Sur votre lieu de travail, parlez-en à vos collègues et demandez à votre délégation syndicale d’organiser une assemblée du personnel si ce n’est pas déjà prévu. Proposez à l’un ou l’autre ami ou proche d’y participer à vos côtés. Accrochez une affiche à votre fenêtre ou chez les commerçants chez qui vous avez l’habitude de vous rendre. A l’école, un petit comité de mobilisation peut aider à faire participer les jeunes. Les étudiants peuvent prendre contact avec les délégués syndicaux du personnel pour aller à la manifestation ensemble.

    Une alternative à l’austérité est possible Le gouvernement Michel n’est en rien très solide. Sa raison d’être, changer radicalement le relations de force pour une société sans entraves pour le patronat, ferme la porte à la possibilité d’obtenir des accords acceptables pour les travailleurs et leur famille. Le mouvement des travailleurs a la capacité de le faire tomber.

    Si les syndicats cassaient leurs liens avec les partenaires politiques traditionnels et prenaient une initiative audacieuse en s’ouvrant aux nouveaux mouvements sociaux comme Tout Autre Chose ou Nuit Debout, ainsi qu’aux organisations de la gauche radicale comme le PTB et le PSL, ils pourraient redessiner la carte politique du pays en quelques mois. Le PSL apporterait sa pierre à l’édifice tout en continuant de promouvoir un socialisme démocratique et moderne où les connaissances et les ressources disponibles bénéficieraient à tous.

    14/10 Soirée-Débat : Angleterre : La réélection de Jeremy Corbyn et la guerre civile au sein du Parti travailliste

    19h au Pianofabriek, 35 rue du Fort à Saint-Gilles

    Avec Roger Bannister, syndicaliste anglais d’UNISON et militant de la campagne de soutien à Corbyn. Participant à la révolte de la ville de Liverpool contre Thatcher dans les années 80.

    Il y a un an, l’élection de Jeremy Corbyn sur un programme anti-austérité à la tête du parti travailliste en Angleterre fut accueillie avec effroi par l’establishment et avec enthousiasme par de larges couches de la population. Depuis, des dizaines de milliers de jeunes et travailleurs ont rejoint le parti. Il est aujourd’hui littéralement divisé en deux avec un camp pro-néo-libéral composé de la majorité des parlementaires blairistes d’une part, et de l’autre le camp des travailleurs. La droite blairiste a tenté de mener un coup d’état au sein du parti pour se débarrasser de Corbyn, ce qui a entrainé une vague massive de soutien sans précédent qui devrait lui permettre de regagner les élections contre le candidat de la droite. Le Socialist Party, parti frère du PSL en Angleterre, participe activement à la campagne de masse de soutien à Corbyn. La cohabitation avec les néo-libéraux est impossible. Une scission du parti pourrait engendrer un nouveau parti de masse des travailleurs en Angleterre.

    28/9: Journée d’action internationale pour le droit à l’avortement en Irlande ! 18h30 Ambassade d’Irlande, 180 Ch. d’Etterbeek

    anja_saintgilles« Le 28 septembre, la discussion commence dans le parlement irlandais sur la proposition de loi de Ruth Coppinger, élue du Socialist Party et figure de proue du mouvement femme socialiste Rosa, d’abolir l’interdiction de l’avortement. Les sondages montrent qu’une large majorité de la population soutient cela. Toutefois, les partis établis veulent gagner du temps dans l’espoir que le mouvement s’affaiblisse. »

    « Ce sont surtout les femmes à bas revenus qui sont lourdement touchées par l’interdiction. Malgré un coût d’à peu près 1500 livres pour le voyage et l’intervention non couverte par l’assurance santé, au moins 9 femmes vont avorter au Royaume-Uni chaque jour. En même temps, la politique d’austérité a mis beaucoup de gens, et certainement les femmes, dans une situation précaire. C’est pourquoi il faut se battre sur les deux plans : pour le droit à l’avortement et contre l’austérité. »

    « Le 28 septembre, à l’appel de Rosa, il va y avoir des actions de solidarité dans plusieurs villes. Participe au rendez-vous de Bruxelles, à 18h30 devant l’ambassade d’Irlande»

  • Les partis établis stimulent la division nationale  pour contrer les luttes sociales croissantes

    Les partis établis stimulent la division nationale pour contrer les luttes sociales croissantes

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    Ces derniers mois, des vagues de colère contre la politique brutale du gouvernement ont déferlé sur le pays. Pour le gouvernement et les médias traditionnels, ce sont des ‘‘grèves politiques’’ de francophones pour faire tomber le gouvernement N-VA et porter le PS au pouvoir. Mais si la résistance contre les politiques antisociales a un impact différent côtés néerlandophone et francophone, cela provient notamment des stratégies différentes des dirigeants syndicaux. Des deux côtés de la frontière linguistique, le mécontentement est quasiment égal. Les dirigeants syndicaux flamands semblent avoir peur de prôner le renversement du gouvernement.

    Par Anja Deschoemacker, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Différentes traditions existent bien, mais cela ne doit pas être exagéré. Le paysage politique est différent. Le gouvernement fédéral n’a jamais eu de majorité du côté francophone alors que le gouvernement flamand est identique au fédéral sans le MR. Le PS joue le rôle clé des gouvernements wallon et bruxellois. Même si le PS y applique une politique austéritaire au goût amer au niveau régional et local (comme en témoigne la percée du PTB dans les sondages), une solution de rechange au gouvernement fédéral semble évidente et en cohérence avec les coalitions régionales : un deuxième gouvernement Di Rupo. En Flandre, c’est différent: mettre la N-VA de côté au niveau fédéral et en Flandre est mathématiquement possible avec les majorités parlementaires actuelles, mais cela signifie d’écarter le parti qui est incontestablement le plus grand de Flandre.

    Alors oui, le mouvement des travailleurs est confronté à des situations différentes qui, à certains moments, peuvent conduire à une divergence sur ce qui est considéré comme possible à court terme. Mais il serait faux de sauter à la conclusion selon laquelle le gouvernement Michel n’a pas de base sociale du côté francophone, mais dispose du soutien du ‘‘peuple flamand’’, y compris la classe des travailleurs. La participation des travailleurs flamands au premier plan d’action de 2014 et à la manifestation de masse d’octobre 2015, le soutien populaire aux vagues d’actions et l’aversion pour les mesures gouvernementales,… démontrent clairement l’inverse.

    Ce n’est pas surprenant que le gouvernement et les médias bourgeois essaient de communautariser la lutte sociale. Stimuler les divisions communautaires dans les périodes de montée des conflits sociaux est un outil classique des partis établis du pays, des deux côtés de la frontière linguistique d’ailleurs. Jusqu’à récemment, les diplomates et politiciens belges se rendaient partout dans le monde pour conseiller comment intelligemment diviser pour régner dans des pays connaissant des conflits nationaux. La question nationale est la principale raison pour laquelle, dans l’histoire officielle récente, jamais un gouvernement n’est tombé suite à la lutte souvent tumultueuse de la classe ouvrière belge. Dans les années 80’, la chute du gouvernement a été attribuée à la question des Fourons et non pas aux luttes sociales prolongées et massives contre les gouvernements de Martens et Verhofstadt (‘‘baby Thatcher’’). Un gouvernement renversé par le mouvement des travailleurs place directement le gouvernement suivant sous haute pression pour une politique plus sociale. Les partis établis en Belgique sont ainsi solidaires les uns des autres. Une fois leur récolte austéritaire effectuée peut survenir la réconciliation nationale.

    Aujourd’hui, c’est surtout la N-VA qui recourt à la carte du communautaire, mais elle n’a pas la confiance de la bourgeoisie pour la jouer correctement. Le parti indépendantiste s’est montré prêt à enterrer la question nationale pour cinq ans afin d’appliquer une politique d’austérité brutale au goût du patronat flamand. La bourgeoisie a pris un risque calculé en lui donnant cette responsabilité, dans l’espoir de faire d’une pierre deux coups: réaliser les rêves du patronat belge, en particulier en termes de politique antisyndicale, et brûler la N-VA au pouvoir, afin de faire revenir la stabilité.
    Nous avons besoin que le mouvement des travailleurs comprenne mieux ce jeu d’échecs politique afin d’y répondre. Il faut toutefois prendre garde à ne pas se laisser distraire de la lutte des classes, la seule lutte capable de poser les bases d’une solution aux problèmes sociaux et à la question nationale. Nous avons besoin de débattre et d’assurer que nous regardions tous dans la même direction cet automne : la poursuite du nouveau plan d’action syndical jusqu’à la victoire sur toutes les exigences centrales du mouvement. En bref, mettre fin à l’austérité et arracher le retrait des attaques déjà votées contre les droits et conquêtes sociales de la classe des travailleurs. Pour cela, il faut renverser le gouvernement. Ce n’est pas LA solution, mais c’est une étape nécessaire dans cette direction.

  • L’enjeu du plan d’action : faire reculer le gouvernement ou plutôt le renverser ?

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    Il nous faut remonter jusqu’à Dehaene I (1992 -95) pour trouver un gouvernement ayant provoqué plus de grèves que Michel I. Il semble d’ailleurs que ce record sera dépassé cette année. Cela exige des grévistes de douloureux sacrifices financiers, certains ont subi de véritables hémorragies. Dans quel but ? Faire reculer ce gouvernement est incompatible avec sa raison d’être, seule sa chute récompensera nos efforts.

    Par Eric Byl, édito de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    À l’époque, Dehaene voulait un nouveau pacte social pour réorganiser les relations sociales. Le Plan Global était beaucoup moins favorable aux travailleurs, mais cela restait un compromis. Durant les grèves contre le Plan Global, l’appel à renverser le gouvernement a résonné de plus en plus fort. Les dirigeants syndicaux ont cependant pu faire atterrir le mouvement en justifiant le compromis par le risque qu’un gouvernement encore plus droitier ne succède à Dehaene. Le gouvernement actuel ne cherche pas une nouvelle réforme du compromis social, il veut un bouleversement total où les compromis céderont leur place à la confrontation pure et simple.

    Le gouvernement se présente comme l’avant-garde de la casse sociale, comme la fraction dirigeante pour façonner la politique patronale. Selon Charles Michel, il veut “changer l’ADN des travailleurs belges”. Il va jusqu’à rejeter la moindre concession patronale effectuée dans le Groupe des 10. Même si nous parvenions à faire reculer le gouvernement sur des points et des virgules, il reviendra dessus dès que possible. Ils n’ont pas pris le risque de constituer un gouvernement soutenu par un électeur francophone sur cinq seulement pour ne s’occuper que de changements cosmétiques.

    Certains dirigeants syndicaux sont cependant tellement attachés à la négociation qu’ils cherchent toujours à éviter la confrontation. Cela affaiblit la volonté d’agir, surtout en Flandre. Même si quasiment toute alternative gouvernementale est cette fois plus à gauche que la coalition actuelle, cela semble impossible d’y arriver. Les sociaux-démocrates et les Verts préfèrent que le gouvernement aille jusqu’à son terme et qu’il fasse autant de sale boulot qu’il peut. En France, leurs partis-frères appliquent la même politique de démolition sociale et ils n’y suscitent pas moins de résistance.

    Le PTB/PVDA, seul véritable parti d’opposition de gauche au Parlement, ne cesse de répéter qu’il ne faut pas renverser le gouvernement. Pourtant, indépendamment de sa composition, un gouvernement succédant à celui que le mouvement social serait parvenu à chasser devrait adopter un tout autre ton. Le PTB veut en revanche faire reculer Michel dans l’attente d’un ‘‘front populaire’’ avec le PS et les Verts dans 10 à 15 ans. Le PSL comprend bien l’aspiration à l’unité à gauche, mais pour rompre avec l’austérité, pas pour freiner la résistance sociale ou appliquer une politique de droite, comme Hollande ou Tsipras. Ainsi, il semble que le mouvement des travailleurs ne dispose pas d’alternative au programme de compétitivité débridée de la droite pour les 10 prochaines années.

    Cette alternative existe pourtant bien : il s’agit de construire une société fondée sur la solidarité. Cela n’exige pas un front, mais au contraire une rupture des syndicats belges avec leurs ‘‘partenaires’’ traditionnels et une initiative politique résolument ouverte aux nouveaux mouvements sociaux, au PTB et à d’autres forces de la gauche radicale, dont le PSL. Nous sommes convaincus qu’une telle initiative pourrait générer un énorme enthousiasme. Si le mouvement des travailleurs ne propose aucune alternative, la droite populiste et l’extrême droite vont, comme en Autriche, instrumentaliser le mécontentement pour se renforcer. Les sondages avertissent déjà d’un retour du Vlaams Belang.

  • La banque violette ‘Optima’ en faillite…

    optimaJohn Crombez, président du SP.a doit reconnaître que la faillite d’Optima n’est pas bonne pour l’image de son parti. Il essaie de limiter les dégâts à l’ancien leader et administrateur d’Optima, Luc Van den Bossche, mais le problème est plus profond.

    Même Crombez était prompt, en 2013, à poser aux côtés des dirigeants d’Optima, malgré qu’à l’époque déjà, des questionnements sur son fonctionnement existaient. Le fait qu’Optima ait repris la division bancaire d’Ethias sur indication du président du SP.a Steve Stevaert y est sans doute pour quelque chose. À Gand, Optima avait de bons contacts avec le SP.a comme l’Open VLD qui formaient une coalition depuis des années déjà dans la ville d’Artevelde. Même le bourgmestre Termont a collaboré à plusieurs reprises avec le dirigeant d’Optima, Piqueur.

    Lorsqu’en 2011, Optima reçoit une licence bancaire, Luc Van den Bossche devient président du comité de direction. Le conseil d’administration est, quant à lui, présidé par l’ancien sénateur SP.a Herman Verwilst (également ancien dirigeant de Fortis Banque). L’ancien dirigeant VLD local Geert Versnick siégeait également dans le conseil d’administration. De Standaard écrivait que le commissaire du gouvernement de l’université de Gand et de l’hôpital universitaire de Gand, Yannick De Clercq, avait donné l’autorisation à l’université de Gand de verser 10 millions à Optima. La Banque Nationale a posé son veto. Mais le commissaire du gouvernement libéral et président du club de basket Gent Hawks, anciennement Optima Gent, ne voyait aucun problème à un investissement dans Optima Bank non plus… ‘‘On nous connaît’’ dans les sphères de l’establishment gantois.

    Le fait que plusieurs dirigeants SP.a fassent autant d’efforts pour Optima bank est particulier étant donné que le groupe s’adressait principalement à une couche de riches et n’était pas très regardant sur les conditions de travail du personnel, apparemment enregistrés comme faux indépendants. La folie des grandeurs du dirigeant Piqueur a fait le reste.

    Est-ce la façon dont les membres du SP.a entendent “réformer” le monde bancaire ? Est-ce ce qu’il faut attendre du conseil communal “le plus progressiste” côté flamand ? Évidemment, Crombez essaie de minimaliser les liens entre le SP.a et Optima en parlant d’une “perception”, mais il est indéniable qu’Optima était une entreprise très violette. Avec Van den Bossche à la barre d’Optima, en collaboration avec Guy Verhofstadt, l’architecte de la première coalition violette à Gand en 1988, cela a été confirmé symboliquement.

    Après la débâcle Arco et Dexia, le successeur de la division bancaire d’Ethias a été pris dans un scandale. Tirera-t-on la leçon de tout ceci, que chaque tentative de la “gauche” et du mouvement ouvrier de mieux gérer le système bancaire créé par les capitalistes est vouée à l’échec ? Qu’au lieu de réformer le monde bancaire, ils sont eux-mêmes réformés en capitalistes semblables aux autres banquiers ?

    La gauche doit consacrer son énergie à lutter contre un système qui creuse un fossé sans précédent entre riches et pauvres. Elle doit, à ce titre, résolument choisir le camp de la majorité la plus pauvre de la population au lieu de faire des avances à des ‘nouveaux riches’ comme Piqueur. Les Socialistes doivent défendre un secteur financier aux mains du public, avec contrôle démocratique de la finance. Essayer de réformer le système en le cogérant (et être de “meilleurs” capitalistes que les capitalistes) échoue systématiquement. Il est temps de rompre avec ce système.

  • Quartier Luchtbal à Anvers. La violence policière raciste étouffée ?

    luchtbal1-600x450Le mois de juin a commencé de manière agitée dans le district anversois de Luchtbal. La police est intervenue de façon musclée contre un groupe de jeunes qui s’étaient réunis dans un centre culturel pour la rupture du jeûne dans le cadre du Ramadan. Abdel, 22 ans, a été grièvement blessé, son orbite brisée. Les jeunes qui se sont réunis le 11 juin, après les événements, pour discuter de la manière de réagir ensemble ont à nouveau été dispersés par la force et certains ont été arrêtés.

    Une mère célibataire de trois enfants témoigne: ‘‘Des appels ont été lancés sur facebook pour se réunir le samedi et discuter d’une action de protestation. Autour de 18h, je passais par là avec ma fille de 9 ans. Quelques jeunes parlaient de la violence policière. J’ai laissé ma fille jouer dans le parc. Soudain, j’ai vu une dizaine de voitures de police dans la rue et les rues se sont retrouvées bloquées. Ça ressemblait à l’arrestation d’un gang international. Nous étions assis dans le parc et avons vu les policiers arrêter certains jeunes. ’’

    ‘‘Lorsqu’un jeune homme a crié: ‘‘Dites-moi d’abord ce que j’ai fait mal’’, l’agent de police est devenu encore plus agressif. Il a été jeté comme un sac de pommes de terre dans la voiture de police. Ma fille et les autres enfants avaient très peur, elle a commencé à pleurer et voulait rentrer à la maison. Je suis rentrée et, ensuite, j’ai demandé à mon fils de faire quelques courses avant que les magasins ferment. Il s’est rendu à un magasin à 200 mètres de notre appartement. Quand il est sorti, la police était partout. Il a dû se mettre à genoux, les mains derrière la tête, et a été soigneusement fouillé. Ils n’ont rien trouvé et lui ont dit : ‘‘Rentre chez toi, qu’on ne voit plus ta sale gueule dans la rue.’’ Mon fils a répondu qu’il avait quand même le droit d’être en rue, mais l’agent lui a dit: ‘‘Tais-toi, un mot de plus et je te casse la gueule.’’ Au cours de la fouille, mon fils a été accusé d’être étranger.

    ‘‘Cela peut conduire à des situations dangereuses. La frustration des jeunes humiliés et la violence policière peuvent échapper à tout contrôle. C’est le système qui est responsable. On investit dans la guerre et la répression, mais pas dans l’enseignement et le travail pour les jeunes. La crise des réfugiés renforce encore ce racisme. Le fossé entre les jeunes ‘d’origine étrangère’ et le système administratif augmente alors que la plupart sont nés en Belgique. L’ENAR (un réseau antiraciste européen) note qu’en Belgique ‘‘les inégalités persistantes proviennent d’une incontestable hiérarchie de positions socio-économiques.’’ Cette inégalité était déjà présente quand les choses allaient mieux sur le plan économique. Et maintenant ? Le marché du travail est gangréné par le racisme, reconnaissent les études. Et puis il y a ce genre d’incidents.’’

    La police a lancé une enquête interne, mais il est clair que tout sera fait pour classer l’affaire. Nous ne devons pas laisser les jeunes protester seuls. Il nous faut une enquête indépendante sur les agissements de la police, avec implication des habitants.

  • L'Allocation universelle en débat : Philippe Defeyt propose un «fine tuning»(1) social

    philippedefeytLa crise structurelle du capitalisme dans les années ‘80 a bouleversé la donne idéologique. L’Etat providence – la sécurité sociale, citadelle de protection de la classe ouvrière et résultat de la lutte du mouvement ouvrier organisé et conscient – était devenu un obstacle à la restauration du taux de profit pour les détenteurs de capitaux. Les capitalistes sont donc repartis à l’assaut des conquêtes du mouvement ouvrier. L’explosion du chômage de masse, la précarisation d’une partie importante du salariat, l’affaiblissement du service public ont été le contexte dans lequel des intellectuels comme Philippe Defeyt et Van Parijs ont mûri leur conception d’allocation universelle.

    Par Alain (Namur)

    «J’aimerais habiter en Théorie…» : tout y est toujours si simple

    Philippe Defeyt (2) est un intellectuel qui compte dans le paysage belge francophone. Depuis maintenant 30 ans il défend l’allocation universelle. Aujourd’hui, à la veille de sa retraite, il sort un projet concret qui permet d’enrichir le débat sur cette question en particulier et sur l’alternative qu’il défend face à la crise du système capitaliste de manière générale. C’est dans cet esprit de débat contradictoire que nous voulons opposer quelques arguments.

    Dans son préambule, il dit ceci : «Imaginez quelques instants que l’on puisse reconstruire une protection sociale à partir d’une feuille blanche. Cette posture intellectuelle ne signifie en rien que notre système social est mauvais ou dépassé. Il s’agit tout simplement de faire cet exercice pour voir ce qui doit être consolidé et ce qui peut évoluer. Voici comment je propose de remplir cette page blanche pour écrire un autre avenir. »

    Murray Rothbar dans son «Éthique de la liberté» a utilisé un processus analogue pour poser sa philosophie du droit naturel :  «Pourtant, comme j’ai tenté de le démontrer ailleurs, ce modèle apparemment “irréaliste” a des applications importantes, voire indispensables. Il permet d’isoler la situation de l’homme face à la nature et de la voir plus clairement en commençant par faire abstraction des relations entre les personnes. On est ensuite en mesure d’élargir cette analyse homme/nature et de l’appliquer au “monde réel”. Faire apparaître vendredi, ou une ou plusieurs autres personnes.»

    Le problème de ce genre de postulat c’est justement de se placer en-dehors de la société réelle. Nous pensons au PSL que la société est divisée en classes sociales. Nous pensons aussi que cette division structure l’ensemble de la société. Tous les observateurs attentifs de la vie politique – même ceux ne percevant pas la division en classes – peuvent constater que l’ensemble des salariés n’ont pas le pouvoir de définir la politique économique d’une entreprise et encore moins celle de toute de la société. En dernière analyse, ces décisions qui déterminent la vie de l’ensemble de l’humanité reposent sur une petite couche de personnes, les capitalistes.

    Penser que l’on peut mener une politique favorable à la majorité en faisant abstraction des rapports de classes est illusoire. Nous évoluons dans un contexte où chaque mesure politique attaque un peu plus les acquis que l’on a pu conquérir depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est à cela que les travailleurs et leurs organisations font face et ce contre quoi ils luttent à l’heure actuelle.

    Ce procédé – s’il n’est pas naïf – permet de masquer l’exploitation capitaliste, c’est-à-dire le fait qu’une infime minorité de la société vit du travail non payé de la majorité sociale. En cela, c’est une vision néolibérale de la société.

    Les bonnes intentions du plan Defeyt

    La conception que présente Philippe Defeyt comporte plusieurs aspects progressistes qui le distinguent clairement des néolibéraux conservateurs :

    • Une volonté de mettre fin au contrôle social. L’effet pervers des allocations quelles qu’elles soient, c’est qu’elles permettent aux dirigeants de contrôler le mode de vie de ceux qui en sont les bénéficiaires. Cela permet donc de contrôler, de juger ou de soumettre au jugement public l’ensemble des choix des pauvres.
    • Une volonté d’aller vers l’individualisation des droits et de coller aux nouveaux modes de vie des jeunes générations (collocations, partage du temps entre travail salarié et activité personnelle, etc).
    • Une volonté de trouver une solution dans le cadre actuel pour les plus pauvres. C’est de ce fait la continuité de son travail comme président du CPAS de Namur.

    Malgré ces aspects évidemment positifs, nous pensons que dans le cadre actuel, ce projet ne tiendra pas. Le système capitaliste ne peut sortir de la crise dans lequel il est enlisé que par la destruction de nos conditions de vie et de travail. L’exemple de la Grèce est à ce titre édifiant. Et ce ne sont certainement pas 600 euros par mois compensés par une augmentation d’impôts qui pourront les sortir de la misère.

    Le Tax Shift a une nouvelle fois démontré qu’une mesure théoriquement en faveur de l’ensemble de la société se transforme vite en une mesure ne bénéficiant qu’aux plus riches, mais payée par tous. Nous ne sommes pas parvenus – dans le rapport de force actuel – à orienter vers la majorité sociale les 9 milliards d’euros issus du Tax Shift. Comment croire alors qu’avec ce même rapport de force nous pourrions orienter de manière juste les 102 milliards d’euros (soit ¼ du PIB) nécessaires à l’allocation universelle, face à une classe capitaliste toujours plus vorace et, jusqu’ici, toujours au poste de commande ?

    Une vision thatchérienne, une approche individualisante des problèmes sociaux

    Margareth Thatcher disait : “Il n’existe pas de Société. Il n’y a que des hommes et des femmes et leurs familles” (3). De manière analogue, face à une série de problèmes posés à l’ensemble de la société par le mode de production et les relations sociales capitalistes, Phillipe Defeyt opte pour une voie de sortie individuelle :

    • Face au chômage de masse : une réduction personnelle du temps de travail qui sera compensée en partie par l’allocation universelle,
    • Face au sexisme : alors que 80 % des tâches ménagères sont encore effectuées par les femmes – ce qui les poussent bien souvent à réduire leur temps de travail rémunéré – à aucun moment Philippe Defeyt ne propose de créer ou de développer les services publics (nouvelles places et investissements dans les crèches, les écoles, les garderies, …) pour pallier à cette surcharge de travail domestique.
    • Face à la question environnementale : l’allocation universelle serait un tremplin pour les entrepreneurs qui veulent se lancer dans la transition écologique. Les règles du libre marché seraient-elles donc compatibles avec une production écologiquement responsable ? Comment mettre fin aux gigantesques gaspillages du système capitaliste sans abolir la loi du profit ? Nous pensons qu’une planification démocratique de la production est nécessaire.
    • Pour libérer la créativité des individus dans la société : l’allocation universelle permettrait de financer ceux qui sont déjà créatifs. Mais pour que chaque individu dans la société puisse libérer son plein potentiel, il faudra refuser la division du travail poussée à l’extrême. Nous aurons aussi besoin d’une réduction collective du temps de travail et d’un réinvestissement massif dans l’enseignement et la culture afin de rendre l’art réellement accessible à tous.

    Selon nous, l’ensemble des problèmes auxquels nous faisons face doivent être traités en apportant une réponse collective. C’est en changeant le système de production et les rapports sociaux que l’on peut réellement affronter ces problèmes. Avec la révolution russe de 1917, les thèmes abordés par Defeyt ont été traités par l’ensemble de la société. S’en est suivie une augmentation drastique du taux d’alphabétisation, de meilleurs droits pour les femmes et les victimes de discriminations, une élévation du niveau culturel dans toute la société. Le processus de bureaucratisation a freiné puis stoppé cette dynamique, mais cela reste un modèle vers la résolution des problèmes qui entachent l’humanité.

    La vérité est toujours concrète

    Philippe Defeyt met sa proposition en débat par cette question : « est-ce une proposition de droite ou de gauche ? » Il tranche lui-même sans vraiment se positionner sur cet axe : « […] Ceci précisé, je pense que le modèle de revenu de base proposé ici peut constituer le cœur d’un nouveau pacte social et politique, dans l’esprit de celui qui est né de la guerre. ».

    Le projet est ambitieux. Mais Monsieur Defeyt oublie un élément majeur déjà évoqué plus haut. Après-guerre, le modèle de concertation sociale n’est pas sorti de nulle part, il a été le fruit d’une lutte de classes bien réelle. Cela n’étant pas l’objet de cet article, nous n’en donnerons ici qu’un seul élément : en 1946, le Parti Communiste Belge devançait les libéraux pour devenir le troisième parti de Belgique avec environ 21 % des suffrages et 100.000 militants. Dans plusieurs pays d’Europe le Parti Communiste est d’ailleurs monté au pouvoir au côté d’autres partis, la classe dirigeante y voyant une manière d’intégrer le parti au système par peur d’une révolution téléguidée par l’URSS.

    Aujourd’hui, nous sommes dans un contexte et un rapport de force totalement différent. Thomas Picketty a sorti un livre intitulé « Le Capital au XXIe siècle ». Celui-ci nous donne une idée de la manière dont le rapport de force est redevenu favorable aux riches. Dans les tableaux qu’il présente, on observe que dans l’ensemble des pays capitalistes avancés les inégalités ont eu tendance à diminuer au fil de la lutte des classes au 20e siècle. Puis elles ont effectué une hausse drastique à partir des années 70’-80’. C’est à partir du moment où la classe des travailleurs a vu son rapport de force se dégrader que des intellectuels comme Van Parijs et Defeyt ont avancé cette idée qui consiste à faire payer par les travailleurs la pauvreté d’autres travailleurs.

    Dans ce sens, ces intellectuels « néo-thatchériens de gauche » se placent en-dessous du débat « réforme ou révolution ? » pour se placer au niveau du « fine tuning » social.

    Dans les chiffres, cette mesure coûterait environ 102 milliards d’euros. 74 milliards proviendraient «juste» d’une ré-allocation des différentes prestations sociales. 15 milliards seraient ponctionnés via une augmentation d’impôts. Pour les 10 milliards restant, ce n’est pas détaillé. Juste des allusions à une taxation sur les revenus peu ou pas taxés. Cela peut vouloir dire un impôt sur la fortune ou un nouveau Tax Shift à charge de la population… Ce serait donc, une nouvelle fois, une question de rapport de force.

    Il n’est pas de sauveur suprême

    Nous avons examiné ici la proposition d’allocation universelle de Philippe Defeyt, mais ce n’est pas la seule proposition. Il existe des propositions néo-thatchérienne de droite comme celle de Roland Duchatelet, ou encore celle de l’UNIZO (petit patronat flamand).

    Au-delà de l’allocation universelle, le débat est également fourni au sujet du salaire socialisé, des monnaies complémentaires, etc.

    Nous pensons au PSL que ce n’est que lorsque l’ensemble des travailleurs organisés se mettent en marche que l’on peut changer le rapport de force dans la société, et donc changer celle-ci. Nous devons discuter collectivement de quel type de société nous voulons et comment nous pouvons y parvenir. À ce titre, la contribution de Philippe Defeyt est importante pour le débat.

    (1) Fine tuning : Terme qui réfère à un ajustement fin au sein d’une situation donnée.
    (2) Philippe Defeyt : économiste, membre d’Ecolo (ancien secrétaire fédéral d’Ecolo durant leur participation gouvernementale), président du CPAS de Namur depuis 10 ans et pour encore quelques jours.
    (3) “There’s no such thing as society. There are individual men and women and there are families “

  • Grève du 24/06: Quelques questions posées aux grévistes à Bruxelles

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    Ce vendredi 24/06 une grève générale s’est déroulée en Belgique à l’appel de la FGTB, rejointe par quelques centrales francophones de la CSC. Plusieurs camarades du PSL son intervenus sur les différents piquets de grève en y faisant une interview composée de quatre questions auprès des travailleurs.

    1) Cette grève fait partie d’un plan d’action plus large avec des manifestations, des réunions du personnel et d’autres grèves. Que signifie cette grève, cette lutte, pour vous, sur cette entreprise ?

    Pour Majiid, délégué CGSP à l’Atelier TGV de Forest, c’est toute la politique antisociale du gouvernement qui doit être visée. La flexibilité joue énormément à l’atelier. Le TGV roule jusqu’à 300 km à l’heure. On ne peut s’imaginer un accident à cette vitesse. Comme une voiture, les rames du TGV ont besoin d’entretien, mais l’enjeu est plus important encore. Les amortisseurs par exemple ne sont plus fiables après 3 ans. Beaucoup de pannes sont détectées en connectant l’ordinateur, d’autres sont exclusivement mécaniques. Aujourd’hui, le client met énormément de pression pour que les rames soient disponibles le plus vite possible. A ce rythme-là, impossible de garantir que des accidents ne se produiront pas d’ici les prochaines 5 années. Soyez-en certain, personne ne veut cela.

    Photo : metallos.be (site des métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB)
    Photo : metallos.be (site des métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB)

    Pour Didier, travailleur de super transport, le mouvement a besoin d’un nouveau souffle pour rebondir et d’un meilleur dialogue entre  les directions syndicales et la base des travailleurs ainsi qu’entre les travailleurs et les usagers.

    Pour Philippe, travailleur à Audi Forest, c’est avant tout une lutte pour de meilleures conditions de travail avec par exemple comme revendication la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire pour avoir une meilleur qualité de vie et pouvoir accorder plus de temps à sa famille ou à soi-même.

    Chez AutoVision, Amine nous donne une même vision de ce que représente la lutte à ses yeux et au sein de l’entreprise dans laquelle il travaille : pour une alternative politique et surtout pour une alternative sociale. Sur ce dernier piquet, nous avons même reçu un tract des travailleurs qui mettait en avant leurs propres revendications (plus de sécurité sociale, retour à la pension à 65 ans , fiscalité équitable et diminution collective du temps de travail).

    2) Le gouvernement a déjà dit que, cet été, il annoncerait de nouvelles mesures d’austérité, pour environ 3 milliards d’euros. Pensez-vous que ce gouvernement est préparé à faire des concessions fondamentales ? Si non, pensez-vous que nous sommes capables de le faire tomber et de quoi avons-nous besoin pour cela ? Par exemple : la grande manifestation du 29 septembre et la grève du 7 octobre doivent-elles être le début d’un mouvement de grèves jusqu’à la chute du gouvernement ?

    Majid rappelle que la veille de la grève, Olivier Chastel avait déclaré que cette dernière n’aurait aucun effet sur le gouvernement. Il pense donc qu’il faut des actions plus fortes, tous ensemble, comme lors des manifestations du 6 novembre 2014 et du 24 mai 2016. Il pense aussi que le 29 septembre et le 7 octobre, la CSC sera solidement présente elle aussi.

    Pour Didier , aucune concession n’est possible avec ce gouvernement, qui n’est pas capable d’appliquer une politique juste et correcte. Il nous dit aussi que, pour lui, il est tout à fait possible de faire tomber le gouvernement , que cela a déjà été fait dans d’autres pays et que c’est aussi possible si les syndicats et militants se mobilisent encore plus et motivent leurs collègues ou/et proches.

    Pour Philipe non plus, ce gouvernement ne fera aucune concession et, pour lui aussi, le travail de mobilisation est plus qu’important. Mais il développe aussi un point sur le fait que c’est aux grands patrons super-riches qu’il faut s’en prendre pour les obliger à redistribuer les richesses équitablement.

    Pour Amine , tout dépend du rapport de force. S’il est assez fort, le gouvernement n’aura pas d’autre choix que de faire marche arrière. Ici, Amine nous dit que nous avons besoin de nous inspirer de ce qui a déjà pris place, en nous citant les révoltes du Maghreb , les Indignés d’Espagne et, plus récemment, le mouvement en France pour utiliser le mouvement de masse comme base de la lutte.

    3) Nous pensons qu’il y a une grande base potentielle pour porter ces actions du 29 septembre et du 7 octobre s’il y a une bonne manifestation et une bonne mobilisation. Comment se déroulent la mobilisation, la discussion et l’organisation du plan d’action sur votre lieu de travail ? Avez-vous eu des réunions du personnel ? Cela pourrait-il être un moyen pour mobiliser encore plus vers septembre ?

    Majid a déjà commencé à parler du 29 septembre et du 7 octobre. Lors des 8 jours de grève chez les cheminots, les assemblées du personnel étaient quotidiennes. Aujourd’hui, la présence au piquet est un peu moindre puisqu’il fallait bien permettre aux grévistes de souffler en mettant un petit pas en arrière. Pourtant, beaucoup sont restés chez eux, à peine 3% des cheminots sont au boulot à Bruxelles.

    Dans l’entreprise ou travail Didier, l’information circule bien et les délégués syndicaux et militants font bien leur travail. La plupart du temps, une bonne partie du personnel est tenue au courant des différentes grèves et manifestations. Didier pense donc que , comme d’habitude , la mobilisation sera faite pour la manifestation du 29 septembre et la grève du 7 octobre.

    Philippe nous dit que des assemblées et des distribution de tract sont effectuées hors des heure de travail pour mobiliser le personnel. Il nous dit aussi qu’il faut qu’un travail fort soit fait par les syndicats, vert comme rouge, pour organiser de meilleures actions.

    Chez AutoVision, les délégués syndicaux suivent généralement la centrale, tout en gardant une certaine indépendance interne sur le contenu de leurs tracts.

    Les travailleurs d’AutoVision et d’Audi font également des assemblées du personnel une fois par an, et , plusieurs fois dans l’année chez AutoVision.

    4) La question qui revient le plus, c’est de savoir quelle alternative existe si on fait tomber le gouvernement. N’a-t-on pas besoin aussi, du côté syndical, d’une arme politique dans les mains de la classe des travailleurs ? D’un parti de lutte qui pourrait être une plateforme pour les différentes tendance au sein du mouvement ouvrier, ouvert aux nouveaux mouvements sociaux, au PTB et à d’autre force de gauche radicale, y compris le PSL ?

    Pour Didier, il serait bien que le syndicalisme revienne à une tradition plus révolutionnaire et d’avoir une « fédération  » des travailleurs pour impliquer le plus de personnes possible dans la politique.

    Phillippe, lui, nous dit qu’il serait important d’avoir un front de gauche qui défend et représente les travailleurs car il ne sera pas évident de faire tomber ce gouvernement qui s’en prend sans cesse aux travailleurs sans une solidarité et une union des différentes forces déjà présentes.

    Il nous faut un gouvernement de transition, nous dit Amine, avec les syndicats et les forces de gauche et mouvement sociaux pour préparer un nouveaux gouvernement.

  • Services publics. Et la RTBF dans tout ça ?

    RTBF_wikipedia

    Nous sommes nombreux à enrager en voyant la manière dont nos luttes et nos inquiétudes sont traitées dans les médias traditionnels. Et, très souvent, la RTBF en prend pour son grade, elle qui ressemble de plus en plus à RTL… Cette situation, des travailleurs de l’entreprise publique la dénoncent eux aussi. Depuis le mois de février, ils se sont déjà réunis une dizaine de fois en assemblée générale du personnel à Bruxelles, en organisant le trajet des collègues des autres sites.

    Au piquet de l’antenne de Liège, les grévistes ne décolèrent pas. ”La Loi Peeters, on connait déjà ça nous! On peut même bosser jusqu’à 50 heures suite à un accord pourri.” La situation est de plus en plus intenable et elle a déjà fait parler d’elle (lire notamment cet article de nos archives: “RTBF & précarité organisée”).

    Aucun progrès social n’a vu le jour sans recourir à une forme de lutte pour le concrétiser

    Les grévistes avaient particulièrement soigné leur communication en préparant des tracts spécifiques. Celui préparé pour la journée d’actions et de grève du 31 mai dans les services publics et distribué ‘‘dans la perspective de la grève générale du 24 juin’’ était toujours disponible le 24 juin. Son texte aborde très justement ‘‘le désinvestissement massif dans les services publics devient un mode de fonctionnement du pouvoir politique partout en Europe, nous devons réagir. (…) Partout dans la fonction publique, on supprime, par le non-renouvellement des départs de 5 travailleurs sur 5, les effectifs nécessaires à offrir au citoyen des services publics à la mesure des impôts qu’il paie pour en bénéficier. De la culture aux prisons en passant par la sécurité, les soins de santé et la protection sociale, chaque secteur se vide des moyens qui lui revenaient pour assurer ses missions et du personnel nécessaire à faire fonctionner ses services.’’

    Mais il rajoute d’emblée les problèmes spécifiques à la RTBF : ‘‘moins de personnel stable puisque celui-ci restera limité à 1970 ETP, équivalents temps plein, (dont 59 ETP de personnes en Contrats à durée déterminée), moins d’activités, car nous ne pourrons pas relevé tous les défis de l’évolution numérique et médiatique avec si peu de personnel pour faire vivre 3 chaînes de TV, 5 chaînes de radio (avec de la radio filmée) en plus des médias sociaux, et enfin moins de diversité et moins de productions propres puisqu’il faudra bien sous-traiter des émissions et des services pour ceinturer de force le corset budgétaire qui nous donnera une apparence financière présentable…’’ Il se terminait enfin par ces mots: ‘‘aucun progrès social n’a vu le jour sans recourir à une forme de lutte pour le concrétiser’’.

    L’impact positif des assemblées générales pour impliquer le personnel

    Un autre tract spécifiquement préparé pour le 24 juin parle du climat difficile à la RTBF ‘‘qui résulte d’une bonne dizaine d’années d’économies et de réduction de moyens, dénoncées par la succession d’assemblées générales qui ont eu lieu au cours de ces derniers mois.’’ Il raconte aussi qu’en prévision du mouvement de grève CGSP du 24 juin, aucune réquisition de personnel ne serait pratiquée pour réaliser le programme convenu avec les organisations syndicales. ‘‘Le personnel de la RTBF, qui est censé pouvoir être partiellement réquisitionné dans le cadre des obligations de programme minimum du média public, pouvait donc se déclarer en grève sans qu’une partie des travailleurs soit obligée d’être présente. La direction a, sans doute, estimé que les organisations syndicales ne parviendraient pas à convaincre suffisamment de travailleurs de participer à cette grève. Elle s’est trompée !’’ La direction a donc dû unilatéralement revenir sur un accord passé en comité d’entreprise quelques jours plus tôt et limité d’autorité une grève qui lui a fait tellement peur pour ses conséquences.

    Les grévistes sont convaincus que cette participation plus importante au mouvement découle naturellement de la succession d’assemblées générales qui a pris place ces derniers mois. La confiance ébranlée de la direction face à la force potentielle d’une grève à la RTBF est un signal fort pour le personnel qui est de bon augure pour la suite du plan d’action à la rentrée, avec la manifestation nationale en front commun du 29 septembre et la grève générale nationale du 7 octobre.

    Au côté de leurs camarades, les syndicalistes de la RTBF défendront de ‘‘ramener le paquebot RTBF dans les eaux du service public de qualité. Avec des programmes de qualité, du personnel attaché à l’entreprise (la fin de la présence d’une agence d’intérim au sein de l’entreprise), la fin de l’externalisation et une diminution importante des postes hiérarchiques intermédiaires qui se sont multipliés ces dernières années.’’

    Arrêter notre lutte, ce serait accepter le retour aux conditions sociales du passé

    Enfin, un troisième tract était à disposition en abordant le thème plus vaste du droit de grève sous le titre : ‘‘Adapter le droit de grève au 21e siècle ? La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat.’’ Il déclare notamment : ‘‘Vous qui êtes confrontés aux désagréments de la grève générale, ou qui manifestez votre solidarité à nos côtés pour défendre ‘‘autre chose’’, ne pensez pas que ce conflit social soit d’un autre âge… ! Qui et quoi combattre, et comment le faire, sont des questions légitimes. (…) Il reste parfois difficile de se positionner, mais un petit rappel s’impose : le ‘‘droit au travail’’ n’existe pas de la façon dont l’entendent ceux qui veulent justifier l’interdiction des ‘‘piquets de grève’’. En effet, si un droit absolu au travail existait, le fait d’être sans emploi constituerait alors la violation d’un droit, puisque l’Etat aurait à garantir objectivement et individuellement le droit à chacun d’obtenir un emploi adapté à ses compétences.’’ Très correctement, l’argumentation développée se termine ainsi : ‘‘Arrêter notre lutte, ce serait accepter le retour des conditions sociales du passé !’’

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    Café syndical à Liège : “Comment renverser ce gouvernement de malheur?” Ce mercredi 29 juin, 18h30,
    au Centre culturel “Le Zénith” (15, Rue Jean d’Outremeuse, 4000 Liège). Venez partager vos expériences et envisager la préparation d’un automne chaud contre Michel 1er avec des militants syndicaux et notamment GUSTAVE DACHE, vétéran du mouvement ouvrier à Charleroi. Métallo durant des années, il a été délégué à Caterpillar et à Citroën et a également très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61.

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