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Category: Liège
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Liège. Il faut retirer la photo d’Aung San Suu Kyi de l’exposition ‘‘Plus jamais ça’’!

L’exposition permanente ‘‘Plus jamais ça’’ des Territoires de la Mémoire à La Cité Miroir, à Liège, constitue une bonne et accessible introduction aux horreurs du fascisme. Elle se veut engagée et appelle à la résistance. Il est bien entendu important que de telles expositions existent.
Par Liesbeth et Geert (Anvers)
Malheureusement, à la fin de l’exposition, cet appel à la résistance se limite à quelques représentations d’institutions internationales du capitalisme et de personnalités connues. Comment l’Union européenne pourrait-elle bien constituer une solution face aux organisations fascistes contemporaines telles qu’Aube Dorée en Grèce ? La croissance du soutien de ce parti d’extrême droite a justement reposé sur le désastre social causé par la politique austéritaire dictée par l’UE. L’exposition se termine par des images de trois personnalités considérées comme des symboles de la résistance : Martin Luther King, Nelson Mandela et Aung San Suu Kyi. L’image de cette dernière personnalité clôture l’exposition.
Pour des activistes politiques tels que nous, ce fut le choc : il est impensable qu’une dirigeante politique qui laisse des extrémistes bouddhistes racistes commettre un génocide contre la population Rohingya au Myanmar puisse être reprise comme un symbole de résistance contre le racisme ! En 2015 déjà, nous nous sommes impliqués dans l’organisation de la première manifestation belge contre le génocide commis contre les Rohingyas. Nous avons continué à mener campagne contre ce génocide et nous voyons maintenant Aung San Suu Kyi dans un musée de la résistance contre les horreurs du fascisme, de racisme et du génocide…
Les auteurs de l’exposition doivent tout de même avoir remarqué qu’Aung San Suu Kyi a non seulement refusé de dénoncer le génocide contre les Rohingyas, mais aussi qu’elle est même allée plus loin en défendant cette violence et s’en prenant aux opposants de cette politique. Même l’ONU qualifie les Rohingyas de minorité la plus persécutée au monde.
Dans le meilleur cas, la représentation d’Aung San Suu Kyi dans cette exposition est une erreur commise il y a quelques années de cela (l’exposition existe depuis 4 ans). Mais après les événements survenus ces trois dernières années, le temps n’a pas manqué pour corriger cela.
Cette aberration résulte probablement d’une approche trop ancrée dans la logique néolibérale dominante qui présente les processus historiques comme étant l’œuvre de l’activité d’individus. Cela était déjà frappant dans la manière d’expliquer l’accession d’Hitler au pouvoir. L’exposition fait à juste titre référence à la période de crise et de chômage de masse instrumentalisée par les nazis afin de disposer d’une assise plus large dans la société. Mais cela ne valait visiblement pas la peine de mentionner l’existence de mouvements de masse et d’explosions révolutionnaires de la part du mouvement ouvrier allemand. Cependant, l’impact du désespoir contre-révolutionnaire des fascistes sur la société ne peut être compris qu’en parlant de l’échec de l’espoir révolutionnaire d’un meilleur avenir et d’une autre société. C’est cet échec qui a ouvert la possibilité au mouvement fasciste de disposer d’un soutien plus large. Le danger révolutionnaire est également ce qui a conduit certains grands capitalistes à activement soutenir le mouvement fasciste. Ce n’est peut-être pas possible d’aborder tous ces éléments dans le cadre d’une exposition qui se veut très accessible, y compris pour des lycéens. Mais ce silence réduit en grande partie l’essor du fascisme à la personnalité d’Adolf Hitler.
Si le problème se réduit essentiellement à une question de personnalités, alors la résistance peut, elle aussi, être présentée de cette façon. L’appel à la résistance n’est d’ailleurs pas présenté comme une adresse à chacun d’entre nous – même si l’exposition commence fort avec une référence au fameux poème de Martin Niemöller (‘Quand les nazis ont arrêtés les communistes’) – et surtout pas comme un appel à construire un mouvement organisé. Mais il est bien entendu dangereux de mettre en avant la résistance en utilisant l’image d’une personnalité de l’establishment capitaliste : l’oppression, la guerre et le génocide sont enracinés dans ce système.
Nous avons besoin d’une résistance antifasciste et antiraciste pour assurer que ce qui s’est passé avec le fascisme ne puisse plus jamais se reproduire. Nous n’y parviendrons pas en plaçant nos espoirs dans l’establishment capitaliste, sous couvert ou non de vagues références à la démocratie et aux droits humains comme alternative au fascisme et à l’extrême droite (sans donner un contenu de classe à ces alternatives). Le fascisme est né de la crise du capitalisme et de l’échec du mouvement ouvrier à offrir une issue. Le mouvement des travailleurs est la seule force capable d’offrir une alternative à la crise du capitalisme et au fascisme. Aujourd’hui, les extrémistes de droite (des néo-fascistes traditionnels aux populistes de la prétendue nouvelle droite) peuvent encore disposer d’un certain espace, même s’il est beaucoup plus limité que celui dont ont bénéficié les nazis de l’époque.
Notre lutte antifasciste exige de disposer d’un programme et d’un mouvement en faveur d’un progrès social pour tous. A notre avis, cela implique de rompre avec le capitalisme. Pour parvenir à une autre société, toute forme de division représente un obstacle. De plus, la lutte contre une forme d’oppression est affaiblie si l’on reste silencieux sur d’autres formes d’oppression. Voilà pourquoi, en tant qu’antifascistes marxistes, nous avons été les premiers en Belgique à organiser une manifestation en juillet 2015 à Anvers en compagnie d’activistes d’origine asiatique contre la persécution des Rohingya en Birmanie ou encore pourquoi nous avons mené une campagne à la VUB pour que le doctorat honoris causa d’Aung San Suu Kyi lui soit retiré.
Nous espérons que La Cité Miroir et les Territoires de la Mémoire retireront l’image d’Aung San Suu Kyi de cette exposition, ne fut-ce que par respect envers les victimes Rohingyas de Birmanie.
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Vottem, 19 ans, je ne l’accepte toujours pas !

Manifestation le dimanche 18 mars 2018 à Liège: rassemblement à 14H Espace Tivoli, Place St-Lambert et marche jusqu’au centre fermé pour étrangers de Vottem
Appel du CRACPE (Collectif de résistance aux centres pour étrangers)
À l’heure où l’Union Européenne ferme ses frontières, bafoue le droit d’asile et la liberté de circulation, à l’heure où le gouvernement belge traque ceux qui ont cherché accueil ici, et durcit sa politique de répression, d’enfermement et d’expulsion, soyons nombreux à résister!
Parce que :
- l’Europe forteresse tue : les mers sont devenues des cimetières pour ceux qui fuient la guerre, la dictature, les persécutions, la misère…
- le gouvernement belge traque à la fois les migrants du Parc Maximilien, et tous les sans papiers, pour beaucoup installés depuis longtemps en Belgique, dont les enfants fréquentent nos écoles aux côtés des nôtres… Il prévoit d’arrêter dans les domiciles privés tous ceux qui n’ont pas obtenu d’autorisation de séjour (du fait d’une politique migratoire extrêmement restrictive)
- ce gouvernement réprime les sans papiers, dans les rues, dans les transports publics…, allant jusqu’à les interpeller dans des centres culturels, comme le Globe Aroma à Bruxelles, et placer leurs porte-paroles en centre fermé
- les centres fermés pour étrangers sont illégitimes, ils détiennent des personnes qui n’ont commis aucun délit, ils sont l’antichambre de l’expulsion et sont violents au quotidien de par leur fonction qui est de briser toute résistance à celle-ci
- les enfants vont y être à nouveau enfermés malgré les conséquences psychologiques très graves connues de tous
- les expulsions quotidiennes, musclées (brutalités, blessures, insultes racistes), renvoient les migrants vers le danger, la torture, l’insécurité, comme en témoignent les rapatriements vers le Soudan, mais aussi vers de nombreux autres pays
Face à cette politique qui ne prend plus en considération l’être humain, nous disons : « pas en notre nom » !
Et revendiquons :
- la suppression des centres fermés pour étrangers
- l’arrêt des expulsions
- une politique d’asile et d’immigration qui respecte les Droits Humains
- la régularisation des sans papiers
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Liège. Sale temps pour les travailleurs du CHR… mais la riposte s’organise!

Hier, des centaines de personnes ont participé à la manifestation des travailleurs du CHR, qui étaient par ailleurs en grève ce jeudi. A partir de la Citadelle, le cortège a rejoint le centre-ville et y a rencontré les autorités communales. La lutte ne s’arrêtera pas là ! Voici ci-dessous le texte du tract distribué par le PSL, ainsi que quelques photos.
Mauvaise nouvelle pour les travailleurs du CHR en ce début d ‘année. Le CA a décidé de procéder à 12 millions d’ économies qui vont majoritairement être portées par le personnel : non remplacement de départs naturels et non reconduction de CDD pour un total de 35 équivalents temps-plein, diminution de la prime de fin d’année, rabotage des sursalaires pour horaires inconfortables et heures supplémentaires. L’autorité n’y va pas de main morte.
Cette politique de toujours faire plus avec moins de moyens, qui nous est vendue partout dans les services publics comme un défi managérial est en définitive toujours porteuse d’une baisse de qualité du service à la population. Et lorsque la qualité aura suffisamment baissé , on proposera alors comme alternative la privatisation, comme cela s’est produit à La SNCB ou à la Poste.
Les travailleurs du CHR ont admirablement réagi à cette menace sur leur statut et la qualité des soins : le mouvement s’est rapidement organisé en front commun. Il est massivement suivi si l’on en croit les Assemblées Générales. La régularité des AG permet aux travailleurs de garder le contrôle de la base sur la lutte et de décider démocratiquement des actions à mener. Cette possibilité pour tous les travailleurs de s’impliquer activement est aussi un élément déterminant dans la réussite du mouvement. La détermination du personnel est visible et le potentiel de victoire est bien présent.
La manifestation d’aujourd’hui illustre encore ce potentiel. Cette action est nécessaire pour la visibilité des revendications et pour mettre les politiques devant leur responsabilité.
Cependant, il convient de ne pas placer tous les espoirs dans ce que diront les autorités communales. Il est nécessaire de continuer à construire le rapport de force.
Pour ce faire, un plan d’action est nécessaire, discuté par la base, échelonné sur plusieurs semaines et croissant en intensité.
Il nous paraît également important d’élargir la lutte en appelant à la solidarité les autres établissements de soin de santé de la région, mais aussi les autres secteurs du service public, les patients et la population en général via des actions de sensibilisation.
Chaque lutte locale recèle en elle un potentiel d’élargissement : la lutte particulière des travailleurs du CHR peux trouver un écho dans d’autres établissements ou d’autres secteurs et chaque lutte locale peut en renforcer une autre. C’est particulièrement le cas dans ce contexte d’austérité sans fin et d’arrogance patronale.
C’est donc la responsabilité de chaque militant du mouvement social que de populariser la lutte que les travailleurs du CHR ont engagé.
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Un dangereux précédent: 17 syndicalistes liégeois de la FGTB traduits en justice

Le droit démocratique à l’action collective est encore une fois compromis. Le parquet de Liège veut traduire en justice 17 syndicalistes de la FGTB, parmi lesquels le secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB Thierry Bodson, pour un blocage routier effectué dans le cadre de la grève du 19 octobre 2015. A l’époque, les événements avaient donné lieu à une monumentale vague de propagande anti-grève dans les médias dominants.
L’hôpital de HermallesousArgenteau (CHC, Centre Hospitalier Chrétien) avait déposé plainte pour homicide involontaire d’une touriste danoise qui n’avait pas survécu à une opération tardive, prétendument suite au blocage organisé par des militants de la FGTB. A l’époque, très peu de monde a attiré l’attention sur le fait que l’hôpital n’avait pas jugé utile de prendre des mesures à l’occasion de la grève, en s’appuyant sur le fait que la CSC ne faisait pas grève. Les médias n’ont bien entendu pas saisi cette occasion pour alimenter le débat sur la médecine par prestation, qui entrave pourtant ouvertement la collaboration entre divers hôpitaux et médecins spécialistes. N’y avait-il pas d’autre médecin disponible dans la région ? D’autre part, les embouteillages sont quotidiens, tout particulièrement à cet endroit à l’époque, mais personne n’a jugé bon de condamné les autorités et leur politique de mobilité catastrophique…
Cette attaque menée contre des grévistes à titre individuel et contre des dirigeants syndicaux est une attaque menée contre les droits démocratiques de chacun. Le droit européen confirme le droit à l’action collective, ce qui comprend le droit d’instaurer des piquets de grève et même des barrages routiers.
L’objectif suivi par cette action en justice est de limiter les possibilités des travailleurs de se défendre. Mais n’entretenons aucune illusion, même si la contestation ne s’exprimait plus que de manière à n’être plus visible par personne, cela n’empêcherait pas les médias de poursuivre leur campagne de propagande antisociale. Charles Michel et sa bande veulent brimer toute forme d’opposition à leur politique antisociale sous prétexte qu’ils disposent d’une majorité parlementaire. Comme si la démocratie pouvait être réduite à un bulletin de vote tous les quatre ans ! Ce n’est pas la première fois que des syndicalistes sont traînés devant les tribunaux de cette manière : ce fut aussi le cas d’un groupe de travailleurs des Forges de Clagbecq à la fin des années 1990. Ces derniers ont finalement été relaxés après une longue campagne (malheureusement sans le soutien de la direction de la FGTB).
Cette poursuite judiciaire entamée contre 17 syndicalistes est un précédent dangereux auquel doit s’opposer l’ensemble du mouvement des travailleurs. Ce n’est pas seulement de ce cas précis dont il est question, il s’agit de la défense du droit à l’action collective de manière générale. Il nous faut une campagne nationale sérieuse contre ce procès politique qui vise à imposer le silence à la résistance sociale. De cette manière, il nous serait possible de repousser les arguments de la droite et de remettre à l’avant plan l’opposition à ce gouvernement raciste et austéritaire.
Voici ci-dessous l’article que nous avions publié à l’époque des faits.
L’establishment essaye de criminaliser le mouvement syndical
Avec 100.000 personnes, la manifestation du 7 octobre fut un succès. Pareil pour la grève lancée par la FGTB Liège-Huy-Waremme et la FGTB-Verviers le 19 octobre. Tout comme l’attention médiatique s’était concentrée sur les troubles en marge de la manifestation des 150.000 du 6 novembre 2014, le blocage spontané de l’autoroute E40 a reçu les qualificatifs ‘‘d’apocalypse’’ (Sudpresse) ou encore de ‘‘délinquance en vareuse rouge’’ (La Libre).
Par Fabian et Nico (octobre 2015)
La criminalisation du mouvement social est une pratique bien rodée pour discréditer la lutte. Ceux qui viennent manifester pour la première fois sont souvent marqués par la brutalité policière. Les manières de faire dégénérer une manifestation ne manquent pas en instrumentalisant la frustration de certains militants, si nécessaire avec l’aide de provocateurs. Il suffit de penser aux arrestations du 7 octobre, notamment commises par des agents portant foulards et autres insignes syndicaux.
Avec la grève du 19 octobre à Liège, il était clair à l’avance que le moindre prétexte soit utilisé pour taper sur l’ensemble du mouvement des travailleurs et insister sur la division du front commun. Le blocage de l’autoroute E40 a ainsi été utilisé pour criminaliser les grévistes. Et les choses ont encore empiré lorsque l’on a appris le décès d’une patiente au CHC (Centre Hospitalier Chrétien) d’Hermalle. Le CHC a porté plainte contre X pour homicide involontaire, se basant sur le fait que le chirurgien qui devait l’opérer avait été bloqué un moment par le barrage. Qu’il n’y ait eu qu’un seul médecin disponible, cela montre la gravité des pénuries dans les soins de santé. Et cela clarifie aussi que la médecine par prestation entrave la collaboration entre les divers hôpitaux et les médecins spécialistes. Evidemment, ce n’est pas ce qui est retenu à droite. Le député libéral David Clarinval a même reproché aux élus du PTB d’avoir du sang sur leurs mains!
Le syndicat des employés de la FGTB, le SETCa, a tenu à préciser divers points dans une lettre envoyée à ses affiliés. Premièrement, le CHC est justement le commanditaire d’un chantier où, tôt le matin du 19 octobre, les grévistes avaient découvert des travailleurs indiens exploités et vivant dans des containers. Les médias ont été quasiment muets sur ce point pourtant des plus scandaleux et l’attention a ensuite été déviée sur le blocage, à quelques centaines de mètres de là. La lettre rappelle aussi que ‘‘les coupes drastiques dans le financement des soins de santé de ces dernières années (…) poussent les différents acteurs à faire des économies constantes dans un univers de plus en plus concurrentiel. Combien de décès dus à ce sous-financement et à ses économies décidées par le politique ?’’ L’hôpital avait aussi refusé d’établir un service minimum, considérant qu’il ne subirait aucune perturbation, du fait que la CSC n’était pas en grève.
Ensuite, le CHC a reconnu dans la presse ne pas prétendre qu’il y a eu un lien de cause à effet entre le blocage et la mort de la patiente mais qu’il voulait ‘‘ouvrir un débat sur les limites du droit de grève’’. Donc après avoir porté des accusations très graves envers les militants syndicaux, le CHC dévoile sa véritable intention… à savoir limiter le droit de grève. On peut difficilement être plus clair.
Quelques jours plus tard, la députée N-VA Zuhal Demir a déclaré en ‘‘avoir soupé des syndicats’’ et a saisi l’occasion pour demander de ‘‘repréciser le droit de grève dans la loi’’ et… de soumettre les syndicats à ‘‘la responsabilité juridique’’! Cette revendication n’était défendue que par l’extrême droite par le passé, avec l’idée de briser les syndicats en les rendant juridiquement responsables des actes de chacun de leurs affiliés et en les obligeants à dévoiler leurs comptes et plus précisément les montants de leurs caisses de grève. Philippe Godfroid, président de l’Union des classes moyennes (UCM) a abondé dans le même sens.
Ce blocage spontané s’explique car ‘‘les travailleurs sont exaspérés parce qu’ils ne sont pas entendus, ni par le gouvernement ni par le patronat’’, a déclaré Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB. C’est vrai. Mais bon nombre sont aussi exaspérés par le temps qui a été perdu après la grève générale nationale du 15 décembre. Nous avions l’occasion de faire chuter ce gouvernement des riches et l’occasion a été gâchée. Encore aujourd’hui, rien de précis n’émerge quant à la stratégie syndicale suivie pour balayer l’austérité. Si la colère justifiée des travailleurs ne peut s’exprimer dans un plan d’action sérieux et crescendo, avec des objectifs clairs, jusqu’à la chute du gouvernement, alors celle-ci s’exprimera autrement. A partir de maintenant, il ne faut pas faiblir face à l’offensive de la droite sur l’opinion publique, mais au contraire serrer les rangs et riposter de manière organisée et sérieuse.
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Faisons de nos villes des ‘‘Villes refuges’’
A la fin du mois d’avril a eu lieu à Liège une soirée consacrée à la discussion sur les villes-refuges pour les personnes migrantes, un phénomène qui se développe en Amérique et en Europe. Depuis quelques mois en effet, les autorités de localités américaines parfois importantes, comme Los Angeles ou New York, ont déclaré qu’elles s’opposaient à la politique de chasse aux immigrés voulue par Donald Trump et qu’elles refuseraient de coopérer avec les autorités fédérales pour faciliter les expulsions.Par Simon (Liège)
Le concept a essaimé un peu partout en Europe et en Amérique du nord, des villes se constituant en ‘‘villes refuges’’ et s’employant à élargir les droits dont bénéficient les sans-papiers au niveau local. Loin d’être tombée du ciel, cette situation est le fruit de la mobilisation des organisations de sans-papiers et de leur ancrage dans le mouvement social local. L’étendue des droits concrets concédés dépend bien sûr des contextes locaux et de la nature du rapport de force que le mouvement a su construire.
La soirée, co-organisée par les Etudiants de Gauche (EGA) et les Jeunes Organisés et Combatifs (JOC), avait pour objectif de réfléchir à la mise en place d’une campagne de ce type à Liège. Des introductions de qualité (notamment François Grenade du CNCD, Amélie Feye de l’asbl point d’appui et Pietro Tosi du MOC) et la présence de militants de divers horizons ont permis des échanges fructueux et l’émergence d’une dynamique prometteuse.
Le mouvement des sans-papiers en repli
La répression du gouvernement Michel contre les sans-papiers s’est amplifiée ces derniers mois avec la multiplication, à Bruxelles, des interventions policières dans les lieux d’occupation. Le gouvernement profite ainsi de l’absence de mouvement social d’ampleur pour accentuer la répression sur les catégories les plus faibles.
Même si des démonstrations de solidarité importantes ont eu lieu ces dernières années (on se rappelle notamment de l’énorme mobilisation en faveur des réfugiés au parc Maximilien à Bruxelles) et même si le mouvement des sans-papiers est loin d’être resté inactif, force est de constater pourtant que mouvement est fragilisé et en recul. La revendication principale d’une nouvelle régularisation massive et totale des sans-papiers apparaît inatteignable aujourd’hui à beaucoup de militants du mouvement.
Comment repartir à l’offensive ?Le mouvement a besoin de revendications intermédiaires qui permettent de remobiliser plus largement un soutien dans la population, d’engranger des victoires partielles et ainsi servir de tremplin pour revenir à l’offensive avec les revendications principales du mouvement.
Construire des campagnes locales pour exiger des autorités communales une politique en faveur des sans-papiers permettrait à la fois de répondre aux besoins les plus pressants des personnes sans-papiers et de remobiliser largement autour de revendications concrètes et immédiates. Des exemples existent où des mobilisations ont pu contraindre les autorités à assurer à leurs concitoyens sans-papiers l’accès aux services communaux de base, leur permettre de faire appel à la police sans crainte d’expulsion ou faire de la rétention d’information pour empêcher des retours à la frontière. On a même pu voir les autorités de Palerme (Sicile) délivrer des documents identité (certes non valables en dehors de la ville) à sa population démunie de titre de séjour.
Ne faisons confiance qu’à nos luttes
En Belgique, la ville de Liège est reconnue comme une commune, sinon hospitalière, du moins tolérante à l’égard des sans-papiers. Le bourgmestre invite par exemple sa police à ne pas être systématique dans le contrôle des titres de séjour. Certains y voient la conséquence des qualités humaines des dirigeants communaux liégeois. Nous serions plutôt enclins à y voir une conséquence du large tissu associatif et syndical ainsi que du travail acharné d’organisations locales dont le collectif ‘‘La Voix des Sans Papiers’’ et le comité de soutien à leur occupation de bâtiments communaux ou encore le Collectif de Résistance au Centres pour Étrangers (CRACPE) qui contribue à maintenir une pression sur les autorités communales, notamment en organisant la manifestation annuelle contre le centre fermé de Vottem.
Leur travail, comme celui d’autres acteurs du mouvement, montre qu’il existe partout un espace pour élargir les droits des personnes sans-papiers au niveau local pour peu que s’organise une campagne de soutien sur la question. C’est ce que propose de faire actuellement le CNCD et d’autres organisations dans le cadre d’une campagne pour la justice migratoire qui comporte un volet appelant les autorités communales à se constituer en ‘‘communes hospitalières’’ en conviant les réseaux locaux à construire des plateformes de mobilisation sur cette question.
L’intérêt réel de cette campagne dépendra bien entendu des dynamiques locales qui pourront se développer et de leur orientation stratégique. S’en tenir par exemple à des campagnes de sensibilisation pures sans réfléchir à la construction d’une mobilisation large mettant la pression sur les autorités serait, à notre sens, une erreur. Néanmoins, la mise sur pied d’une campagne de ce type constitue un pas extrêmement positif pour renforcer la lutte des personnes migrantes et sans-papiers.
Les militants du PSL et d’EGA suivront avec intérêt le développement de cette initiative et viendront renforcer les mobilisations qui pourraient en découler. -
Soirée “Liège, ville refuge”. Une belle réussite!
Une cinquantaine de personnes ont participé hier à la soirée “Liège, ville refuge” organisée par les JOC (Jeunes Organisés et Combatifs) et EGA (Etudiants de Gauche Actifs).Pour discuter de ce thème, nous avions comme orateurs François Grenade (chargé de la campagne “justice migratoire” au cncd), Amélie Feye (travailleuse de l’asbl d’aide aux sans-papiers Point d’appui), Pietro Tosi (permanent au MOC pour le comité des travailleurs sans-papiers) de même que plusieurs sans-papiers du collectif la Voix des Sans Papiers (VSP) de Liège.
Cette soirée fut extrêmement riche, tant en termes d’informations concrètes que de partage d’expériences. Nous aurons l’occasion de revenir bientôt sur cette soirée et sur les diverses propositions qui y ont émergé en défense des droits des personnes migrantes.
En attendant, le prochain rendez-vous est déjà connu: ce lundi 18h pour une manifestation de soutien à la VSP devant le conseil communal.
La “Voix des Sans Papiers de Liège” occupe depuis presque deux ans les bâtiments de l’ancienne école d’horticulture de la Ville de Liège. Malheureusement, ces bâtiments ont été vendus et doivent être libérés par l’occupation le 30 juin. Malgré les recherches d’autres bâtiments, aujourd’hui, il n’y a pas encore de solution tangible. Les occupants craignent d’être contraints de rendre les lieux disponibles alors qu’aucune solution de relogement n’a été trouvée, ce qui mettrait les membres du collectif à la rue.
Ce rassemblement devant le conseil communal vise à exiger que Liège devienne une ville hospitalière et que les autorités communales liégeoises trouvent au plus vite une solution de relogement pour les habitants de Burenville.
Merci à Cathy et Emily pour ces quelques photos.
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Les travailleurs de Publifin “accueillent” leur nouveau CA
Ce jeudi, les travailleurs de Publifin ont tenu à accueillir le nouveau conseil d’administration de l’intercommunale. Un rassemblement qui a reçu le soutien de délégués d’autre secteurs et des pensionnés de la CGSP s’est tenu devant l’entrée du siège de Publifin rue Louvrex à Liège et une façon de faire comprendre aux nouveaux mandataires que les travailleurs comptent être acteurs des changements qui vont avoir lieu dans l’entreprise.
Chaque voiture arrivant pour le CA a reçu son tract et les délégués ont mis les points sur les “i” avec chacun. Si l’ambiance côté travailleurs était plutôt détendue, dans les voitures, par contre, on a pu constater quelques visages tendus…
En front commun, les travailleurs ont distribué des tracts et déployé des calicots pour réclamer un recentrage de l’entreprise sur ses missions de service public et sur la sauvegarde de l’emploi. Christine Plannus, déléguée principale CGSP s’est également exprimée pour revendiquer la présence de représentants des travailleurs au CA en tant qu’observateurs.
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Vottem: C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes!
Manifestation contre le Centre fermé de Vottem
Dimanche 26 mars, 14h, Parc de la Citadelle (rue des Glacis)Depuis l’investiture de Donald Trump, ses annonces et décrets en matière de politiques migratoires ont choqués l’opinion américaine et internationale. Qu’il s’agisse de la construction d’un mur à la frontière Mexique – USA ou de l’interdiction d’entrer sur le territoire pour les personnes issues de 7 pays à majorité musulmane, son approche envers les migrants et ressortissants étrangers est à juste titre intolérable pour de nombreuses personnes. Cela ne doit cependant pas nous faire oublier qu’en Europe et en Belgique tout n’est pas rose, loin de là.
Par Julie N. (Liège)
Le dimanche 26 mars, une manifestation est appelée à l’initiative du CRACPE (Collectif de Résistance Aux Centres Pour Étrangers) pour réclamer la fermeture du centre fermé pour étrangers de Vottem. Les centres fermés sont de véritables prisons pour personnes sans-papiers. Leur existence même symbolise une politique d’immigration basée sur la fermeture des frontières, la répression et l’expulsion des personnes se trouvant sans autorisation sur notre territoire.
Leur but est de casser la résistance physique et psychologique des personnes qui y sont enfermées en vue de faciliter leur expulsion. Et de fait, les conditions de détention y sont extrêmement pénibles. Le jeudi 2 mars, un jeune originaire d’Azerbaïdjan a été retrouvé mort dans la cellule d’isolement où il avait été placé, sans même avoir été soigné, suite à une tentative de suicide. L’ONG Amnesty International a d’ailleurs dénoncé à de multiples reprises l’illégalité de ces cellules d’isolement mais aussi la façon dont les personnes sont traitées dans les centres fermés, sans égard pour leur âge ou leur santé. Chaque année, en moyenne 7000 personnes sont détenues dans ces centres.
Depuis 20 ans, les gouvernements se dotent d’un arsenal de mesures dont le but est de restreindre l’accès au territoire et à criminaliser les migrants. Cette politique répressive ne date donc pas d’hier. Néanmoins, elle est considérablement durcie par l’actuel secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, Théo Franken. Les demandes de régularisation pour raisons humanitaires ou médicales, auparavant gratuites, sont désormais facturées 250e, peu importe qu’elles aboutissent ou non. La seconde option sera probablement privilégiée, comme l’illustre l’obstination de Théo Franken dans son refus d’octroyer un visa humanitaire à une famille syrienne d’Alep.
La criminalisation des sans-papiers a un double intérêt sous le capitalisme. D’une part, créer pour les secteurs non délocalisables (horeca, bâtiment, etc.) une main d’œuvre extrêmement bon marché, et taillable et corvéable à merci parce que dépourvue de droit. De l’autre elle permet de désigner un bouc émissaire présenté comme responsable de pénuries dans les logements, les budgets sociaux, etc. et d’entretenir la division parmi les travailleurs afin de les empêcher de lutter en commun pour leurs droits.
Pourtant, les moyens ne manquent pas pour offrir à tous, avec ou sans papiers, des conditions d’existence dignes: en Belgique, le pourcent le plus riche de la population possède 18% de la richesse nationale et à lui seul, Albert Frère possède autant de richesses que les 20% de belges les plus pauvres ! Pendant que des milliers de personnes en Wallonie vivent dans la rue, 30.000 logements sont laissés vides à des fins spéculatives !
Mais pour que les immenses richesses crées par la société soient réellement utilisées dans l’intérêt de la majorité de la population, il est nécessaire de s’en prendre au système qui génère ces scandaleuses inégalités : le système d’exploitation capitaliste. Dans cette lutte, l’unité de tous les travailleurs, avec ou sans emplois, avec ou sans papiers, est primordiale.
Dans l’histoire du mouvement des jeunes et des travailleurs, aucun droit ne fut jamais acquis sans des luttes conséquentes et la création d’un véritable rapport de force. Toi aussi, tu peux jouer un rôle pour faire de la manifestation du 26 mars un succès.
- En parlant de cette manifestation à tes amis, ta famille, … et en y participant ensemble.
- En demandant à un de tes professeurs (de morale ou de religion, par exemple) qu’il organise un cours sur ce sujet.
- En organisant des distributions de tracts autour de toi. Tu ne sais pas trop comment t’y prendre ? Contacte Etudiants de Gauche Actifs, nous t’y aiderons!
- En partageant l’événement « Vottem, 18 ans déjà ! Je ne l’accepte toujours pas » sur facebook et en y invitant tes amis.
- En prenant part à la manifestation.
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[INTERVIEW] Christine Planus, déléguée principale CGSP à Publifin
Depuis le début de l’affaire Nethys-Publifin, les déclarations émanant du monde politique et économique ainsi que les analyses des éditorialistes n’ont pas manqués. Les travailleurs de Publifin sont loin d’avoir bénéficié de la même couverture médiatique, même si celle-ci n’a pas été complètement inexistante.
Voilà pourquoi il a paru important à la rédaction de Lutte Socialiste et de socialisme.be de leur donner la parole par la voix de Christine Planus, délégués principale CGSP à Publifin.Propos recueillis par Simon (Liège)
Lutte Socialiste : Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Christine Planus : Je m’appelle Christine Planus. Je travaille au service clientèle de Publifin, précisément dans le secteur qui concerne les relations avec les fournisseurs. Depuis la libéralisation du secteur de l’énergie et la réorganisation de l’entreprise, tous les services ont été rebaptisés en anglais ainsi que les fonction des travailleurs, mais je refuse de me rappeler comment on a rebaptisée la mienne!
Je suis éducatrice de formation et j’ai d’ailleurs été déléguée pour le Setca quand je travaillais dans le secteur social à Spa. Depuis 21 ans, je travaille dans la structure qui s’appelle aujourd’hui Publifin. Je suis déléguée CGSP depuis 18 ans et déléguée principale depuis 2009.
LS : Depuis le début des affaires, quel est le sentiment des travailleurs ?
CP : Sur la question du scandale des rémunérations des mandataires dans les comités de secteur de Nethys, les travailleurs ne se sentaient d’abord pas concernés. Mais en même temps, des changements vont survenir et cela suscite de l’espoir.
La direction est aujourd’hui fragilisée et donc, le processus vers la privatisation risque d’être enrayé. Ce qui n’avait plus d’intercommunale que le nom pourrait bien se recentrer sur ses missions de services publics, c’est à dire rendre un service aux citoyen tout en rémunérant les actionnaires publics (communes et province). La course à la profitabilité pourrait s’arrêter et on pourrait reprendre une vraie vie d’entreprise publique avec des engagements, des négociations syndicales réelles,…
En même temps, nous n’osons pas encore trop y croire, nous restons prudents. Depuis longtemps, les travailleurs sont très sceptiques vis-à-vis de la volonté d’agir du monde politique.C’est pour ça que beaucoup ne pensent pas que la commission d’enquête parlementaire va donner quelque chose, que la classe politique va être vraiment courageuse et légiférer pour favoriser une gestion saine des entreprises publiques.
LS : Pourtant, pas mal de politiques se sont positionnés pour défendre la privatisation de la structure. Jean-Claude Marcourt notamment, s’est prononcé pour une entrée en bourse de Publifin. Vous ne craignez pas que le moment soit utilisé pour aller plus loin dans la privatisation, qu’on vous fasse du chantage à l’emploi ?
CP : Disons qu’on a l’habitude. Ces dernières années, chaque fois qu’il y a eu un moment de crise, c’est l’argument que l’autorité nous a sorti. Le fait que Stéphane Moreau soit mis sous pression ne l’a d’ailleurs pas fait changé de discours. Auditionné par la commission d’enquête parlementaire, il a quand même redit qu’il allait falloir continuer la politique d’économie et la compression du personnel. Mais sur ce discours du chantage à l’emploi, les travailleurs seront attentifs et nous ne nous laisserons pas faire.
Dans ce contexte, c’est d’ailleurs incroyable qu’il nie sous serment avoir été présent au sein du siège de l’entreprise le 22/02 alors que plusieurs travailleurs l’ont vu ce jour-là ! Il y a toujours un sentiment d’impunité, de se sentir au dessus des lois. Comme un enfant gâté qu’on a jamais recadré. Sur cette question-là aussi, sur le laisser-faire,il y a une responsabilité politique.
LS : Quelle est l’attitude de la direction vis-à-vis des travailleurs et des organisations syndicales en ce moment ?
CP : C’est la panique en ce moment ! Depuis début janvier, je ne vois plus mon autorité, alors qu’auparavant, je les voyais au moins une fois semaine pour des dossiers personnels ou du travail syndical quotidien. La directrice générale et la DRH sont aux abonnés absents. La dernière fois que je les ai vus, l’arrogance habituelle avait laissé la place à un ton plus conciliant. Ils ont eu le culot de demander que la délégation syndicale sorte un communiqué pour soutenir la direction vu le contexte. Alors que moi-même et les militants syndicaux ont été constamment sous le feu d’attaques personnelles de la part de la direction, on nous demandait de nous solidariser contre la soit-disant « cabale » qui visait Stéphane Moreau. Une demande qui m’a surprise donc, et que j’ai bien sûr refusée.
LS : Vous avez organisé un rassemblement devant le parlement wallon le jour de l’audition d’André Gilles par la commission d’enquête. Quel était le but de cette manifestation et comment s’est déroulée la mobilisation ?
CP : Le but était de positionner les travailleurs dans le débat qui va forcément avoir lieu sur la réorganisation de l’entreprise : les politiques vont travailler sur un autre modèle, les travailleurs ne doivent pas êtres oubliés. La mobilisation a été très facile : avant même de la lancer largement, on avait déjà remplis une bonne partie des cars. On a dû en demander un supplémentaire pour pouvoir emmener tout le monde à Namur. C’est le résultat du sentiment parmi les collègues que quelque chose peut changer et que c’est le moment de bouger mais aussi grâce au travail de terrain que la délégation mène quotidiennement. Par exemple, il y a peu de temps, je suis passée dans chaque service pour faire une information sur la réforme des pensions. Je voulais des petits groupes, maximum 20 personnes, pour que chacun se sente à l’aise pour participer et poser ses questions. Ceci, ou bien les assemblées générales régulières, c’est illustratif de ce travail concret qui permet également de mobiliser les travailleurs durant les actions.
LS : Jusqu’à présent, quelle a été l’attention médiatique accordée aux revendications des travailleurs ?
CP : Dans les premiers temps, elle n’était pas énorme mais il faut dire que de notre part, il y avait aussi une volonté de ne pas trop communiquer. Depuis que la publication par le journal Médor de la vidéo où l’on voit Stéphane Moreau hurler pour intimider les travailleurs, il y a quand même une attention sur l’ambiance qui règne à l’intérieur de l’entreprise. Cela a peut-être favorisé le fait que nous soyons invités sur les plateaux télé. RTL par exemple, réserve une séquence dans sa prochaine émission de débat dominicale où seuls les syndicalistes sont présents.
Cependant, il y a une forte personnalisation du débat, une focalisation sur les personnes impliquées quand il faudrait dénoncer un système. De ce point de vue, nous, militants syndicaux, sommes conscients que nous sommes utilisés. Le tout est de tirer parti de cette exposition médiatique comme du fait que nous allons être auditionnés par la commission d’enquête, pour attirer l’attention sur nos conditions de travail et sur la nécessité de nous recentrer sur nos missions de service public.
LS : Plus généralement, quelle est le plan d’action que la délégation propose ?
CP : Nous avons tenu une assemblée générale au mois de janvier. Un seul point était à l’ordre du jour : le cahier de revendications dont celles d’une augmentation des barèmes de 2%,….Après pas mal de discussions avec la délégation CSC, on a réussi à déposer ce cahier de revendications en front commun.
Une AG extraordinaire des actionnaires de Publifin doit avoir lieu à la fin de ce mois. Nous allons organiser une mobilisation pour assurer la présence des travailleurs de façon à nous positionner dans le débat sur la structure : nous voulons une gestion saine de l’entreprise où les missions de l’intercommunale et le bien-être des travailleurs sont au centre du projet.Pour le reste on va attendre de voir ce qui va se passer mais on va rester mobilisé et il est clair que ceux qui voudraient toucher à l’emploi, nous trouverons sur leur chemin.
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Combat et résistance, les maîtres-mots pour les travailleurs de Truck Technic
Truck Technic, c’est cette entreprise spécialisée dans le reconditionnement des systèmes de freinage pour poids-lourds, située dans le zoning des Hauts-Sarts en région liégeoise et dont les travailleurs étaient partis en grève le 5 décembre pour protester contre leurs conditions de licenciement. En effet, le groupe international Méritor dont dépend l’entreprise, a pris la décision de délocaliser l’activité en Tchéquie. Ceci a des accents bien connus : la direction du groupe tente de maximiser ses profits en s’installant dans une région où la main-d’œuvre est à moindre coût et où le taux d’exploitation est plus élevé.
Par Simon (Liège)
Le groupe n’est pourtant pas en difficulté. En 2016, il a fait 551 millions de dollars de bénéfice après rétribution des actionnaires. Malgré cela, la première proposition de Méritor aux travailleurs était de leur octroyer 15% du préavis légal en guise de dédommagement, ce qui correspond pour certains a à peine 600€ net. Les travailleurs de Truck Technic ont estimé qu’ils valent mieux que cela. Ils ont revendiqué une prime de licenciement qui leur permette de voir venir ainsi que la mise en place d’une cellule d’outplacement gérée par les pouvoirs publics.
Méritor a d’abord proposé des montants ridiculement bas en regard des possibilités du groupe mais il a assorti le versement de ces montants à des conditions vexatoires : renoncement des travailleurs licenciés à tout recours juridique tant collectivement qu’individuellement et surtout, exigence de pouvoir contrôler le site en l’absence de tout représentation syndicale à la fin des négociations pour inventorier les éventuels « vols et dégradations ». A juste titre, les travailleurs ont repoussé ces conditions et ont demandé une forme de contrôle ouvrier lors de la visite des représentants du groupe.
Afin de peser sur les négociations, les ouvriers ont décidé la grève avec occupation de leur lieu de travail. Celle-ci a duré plus de 45 jours. A une époque où tant de travailleurs licenciés se résignent, cette ténacité rend toute sa dignité au monde ouvrier et au combat syndical.
En ce sens, les concessions du groupe aux travailleurs relèvent déjà de la victoire. Ils ont obtenu un relèvement de leurs primes, une indemnité compensatoire pour les RCC, un accord pour une présence syndicale lors de l’inventaire et une cellule de reconversion publique.
Le maintien du site sous statut public t n’était certainement pas la piste la plus probable mais a bien sûr fait l’objet de discussions par les grévistes : ce n’est pas comme si l’activité de Truck Technic n’avait aucune valeur pour la collectivité. Elle tirerait plutôt avantage à voir une entreprise de ce type continuer d’exister et être réorientée vers la satisfaction de besoins sociaux : le secteur public dispose d’un parc automobile important pour lequel il n’existe pas forcément de solution d’entretien.
Les travailleurs ont interpellé la Région Wallonne qui travaille encore aujourd’hui à une « solution industrielle » pour maintenir une activité sur le site, malheureusement sans piste de solution sérieuse à ce jour.
Ceux qui l’ont vécu le savent bien : une grève aussi longue est difficile à vivre. Elle pèse sur le moral, sur la vie de famille. Les grévistes de Truck Technic ont tenu le coup grâce à une forte cohésion (des assemblées ont eu lieu plusieurs fois par semaine durant l’occupation) et parce qu’ils ont pu compter sur de nombreuses manifestations de solidarité : des visites de délégations, des encouragements de la part de la population, du ravitaillement par exemple au moment de Noël puisque le réveillon s’est passé au sein de l’entreprise.
Au terme du combat, i les ouvriers de Truck Technic peuvent se targuer d’avoir fait plier une multinationale grâce à leur persévérance, ceci vient renforcer leur mérite, cela doit aussi servir de leçon au mouvement ouvrier : Ne doutons pas que d’autres Truck Technic continueront à se déclarer régulièrement puisqu’il existe d’autre Méritor. Dans ces moments, il sera de la responsabilité de chaque militant syndical d’organiser sa délégation ou son secteur pour venir renforcer le combat des camarades dont l’emploi est menacé car chaque licenciement économique est une défaite pour l’ensemble d’entre nous.






