Category: Contre le racisme

  • Racisme et médias sociaux. Comment réagir?

    Photo: Flickr/rachel-johnson

    Le 10 janvier dernier, le groupe Roularta (Knack, Le Vif/L’Express, Trends et Trends/Tendances, Sport/Foot magasine, etc.), décidait de fermer les commentaires sur ses sites en raison du caractère ‘‘trop souvent virulent et irrespectueux des échanges’’ et des nombreux messages de haine. Au même moment, en Flandre, les réseaux sociaux étaient encore inondés de propos racistes à la suite du décès de Kerim Akyil, un jeune Belgo-turc tué dans l’attentat de la discothèque Reina à Istanbul. Tout cela est-il un exact reflet de ce qui vit dans la société ? Comment riposter ?

    Par Nicolas Croes

    ‘‘Les voix les plus hostiles (…) sont celles qui font le plus de bruit’’

    Tout d’abord jouer sur le racisme pour ensuite pour faire vendre et ensuite se plaindre de lecteurs peu subtils… Bienvenue au Vif/L’Express!

    Première chose à dire : les apparences sont souvent trompeuses. Le ‘‘miroir’’ de la société constitué par les réseaux sociaux et les commentaires des sites est extrêmement déformant. Dans son communiqué, le groupe Roularta expliquait : ‘‘les plus virulents [commentateurs] n’hésitant pas à polluer ces forums à l’aide de faux profils qu’il nous est difficile de détecter. Si dans la majorité des cas elle est souvent le fait des mêmes commentateurs, la multiplication des attaques anonymes donne l’impression que l’opinion publique se radicalise (…). Comme le premier commentaire posté à la suite d’un article donne souvent le ton de ce qui va suivre, les extrémistes des forums initient régulièrement un effet boule de neige nauséabond (…).’’ Roularta concluait ainsi : ‘‘par ce biais, une petite portion de la population donne à penser que ses valeurs sont représentatives de l’opinion publique, accentuant, par-là, le risque de décomplexer certains discours radicaux.’’ C’est bien vrai. Mais ça ne manque tout de même pas de sel au vu de l’acharnement du Vif/L’Express contre les musulmans par exemple…

    Les militants d’extrême droite sont devenus spécialistes de cette méthode, ce qu’un bref regard sur les profils Facebook de commentateurs parmi les plus enragés confirme aisément. En 2013, le quotidien régional Midi Libre avait publié l’interview d’un ancien membre actif du groupuscule Unité Radicale qui expliquait que leur activisme sur le net reposait essentiellement sur de faux pseudos, jusqu’à utiliser de faux profils ‘‘musulmans’’ afin d’insulter les gens ou de prôner l’arrivée d’une République islamiste à Paris. ‘‘Je sais qu’au Bloc identitaire et au FN ils ont des méthodes analogues, l’essentiel de celles que nous utilisions venait d’ailleurs de leurs fascicules de formation des militants’’, déclarait-il notamment.

    Une récente enquête d’Amnesty International réalisée dans 27 pays au sujet de l’accueil des réfugiés permet encore de nuancer les choses. Concernant la France, il en ressortait que 82% des sondés se disaient favorables à l’accueil des demandeurs d’asile et que 63% estimaient même que ‘‘le gouvernement devrait davantage les aider’’. Ces données sont à l’opposé de l’image généralement renvoyée par le pays où sévit la famille Le Pen. Pour Jean-François Dubost, responsable du programme protection des populations pour Amnesty France, cela s’explique ‘‘simplement parce que les voix les plus hostiles à l’accueil des réfugiés sont celles qui font le plus de bruit. La majorité accueillante, elle, est devenue silencieuse.’’ (Le Parisien, 19 mai 2017).

    A nous de faire du bruit !

    Il serait toutefois faux de conclure que toute cette haine ne représente aucun danger. Faute d’alternative reposant sur la solidarité et l’entraide, les graves inégalités et l’incertitude d’avenir inhérentes à ce système représentent du pain béni pour les populistes de droite et l’extrême droite. Ces derniers profitent de l’absence d’un puissant mouvement social destiné à combattre non des boucs émissaires (musulmans, réfugiés, chômeurs,…) mais les véritables responsables des maux de cette société : actionnaires, top-managers et leurs marionnettes politiciennes.

    Contre le racisme, nous n’avons rien de fondamental à attendre des politiciens établis : ils sont précisément responsables des politiques qui aggravent les problèmes sociaux et ouvrent un espace au racisme. Leur objectif ne sert que le monde des affaires. Comme le fait très justement remarquer le rapport 2017 d’Oxfam sur les inégalités (‘‘Une économie au service des 99 %’’, publié en amont du Sommet économique mondial de Davos) : ‘‘des entreprises de tous secteurs (finance, industrie extractive, confection, pharmaceutique et autre) utilisent leur pouvoir démesuré et leur influence pour s’assurer que les réglementations et politiques nationales et internationales sont formulées de manière à soutenir durablement leur rentabilité.’’ Quant au reste… et bien tant pis.

    Pour changer les choses, nous ne pouvons nous en remettre qu’à nous-même et à notre action collective, en étant organisés. Sans cela, c’est la menace de la frustration, du désespoir et du repli sur soi, ce qui s’exprime parfois par des messages où la colère se trompe de cible sur les médias sociaux, parfois par un ‘‘vote de protestation’’ en faveur de l’extrême droite aux élections.

    Chacun peut réagir sur Facebook ou sur les rubriques de commentaires sur les sites d’information. le journal Lutte Socialiste ou les sites et pages Facebook socialisme.be (PSL) et gauche.be (Etudiants de Gauche Actifs) fourmillent d’ailleurs d’arguments très utiles pour cela. Il vous est aussi possible de nous contacter directement à cette fin. Mais la meilleure manière de faire entendre une autre voix et de rompre la confiance des racistes, sexistes, homophobes et autres réactionnaires reste de défendre un message de solidarité et d’unité dans la lutte contre l’austérité et la misère, par l’action concrète et collective, dans la rue, en démontrant quel est notre nombre.

    Le Vlaams Belang, le FN et d’autres forces politiques tout aussi nauséabondes peuvent bien faire les fiers en profitant des largesses médiatiques et de l’absence, jusqu’ici, d’alternatives politiques anticapitalistes conséquentes. Mais la réalité est qu’ils restent incapables de convaincre leurs partisans de manifester en masse. Cela illustre sur quelle fine couche de glace ils se trouvent. A nous de la briser.

  • Rassemblement anti-Trump face à l’ambassade américaine

    Ce dimanche 12 février, quelques centaines de personnes se sont réunies face à l’ambassade américaine en réaction au décret anti-immigration de Donald Trump. Mais, comme l’a expliqué l’une des initiatrices de l’événement, Assia Missaoui, il n’est pas uniquement question de solidarité internationale : le combat contre les politiques racistes doit être mené en Belgique également !

    La semaine dernière, Théo “Trump” Francken, le secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, a encore fait parler de lui avec sa loi visant à permettre l’expulsion de personnes étrangères en séjour légal. Ce projet de loi n’a aucunement pour objectif de “combattre le terrorisme”, il s’agit d’autoriser l’expulsion sans procès de personnes soupçonnées (et donc pas condamnées) de représenter une menace pour l’ordre public. C’est bel et bien une loi qui s’en prend aux étrangers.

    Si une grande attention a été consacrée au combat contre le racisme, divers orateurs et la plupart des participants avec lesquels nous avons pu discuter ont souligné la nécessité d’offrir un front de résistance contre le sexisme. A ce titre, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) que nous allons officiellement lancer le 12 mars prochain a pu trouver un très bon écho.

    La résistance contre le sexisme, le racisme, le populisme de droite et le système qui leur permet d’exister – le capitalisme – doit se poursuivre. Les extraordinaires mobilisations de masse et les actions de désobéissance civile massives qui ont eu lieu aux Etats-Unis représentent un exemple dont nous pouvons tirer de nombreuses leçons, celui de la construction d’un rapport de force dans la rue, en unissant dans la lutte toutes les victimes de la politique antisociale.

    En Belgique, plusieurs rendez-vous existent déjà, auxquels nous vous invitons à participer.

    Calendrier d’actions : Construisons les mobilisations contre Trump et sa politique

    • 20 février : Action lors de la visite de Mike Pence (vice-président) à BXL.
    • 12 mars : Journée de lancement campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité).
    • 16 mars : Manifestation contre la haine et la division à Anvers.
    • 24 & 25 mai : Manifestation contre la venue de Trump à Bruxelles.

    Photos: Nico

    Rassemblement anti-Trump face à l'ambassade américaine

  • Dewinter (Vlaams Belang) en visite chez ses amis néonazis grecs

    La lutte contre le racisme et le fascisme n’est certainement pas terminée. La victoire de Donald Trump aux États-Unis suscite l’euphorie parmi les groupes réactionnaires, de même qu’une augmentation de la violence raciste. Chez nous également les néo-nazis puisent leur confiance dans cette victoire. En Europe également la colère et le rejet de l’establishment soufflent sur les voiles de figures d’extrême droite tels que Marine Le Pen et Geert Wilders. En Grèce, un parti ouvertement néo-nazi, Aube dorée, est même crédité de 8 à 10 % de soutien dans les sondages.

    À l’instar du FN français, le Vlaams Belang préfère ne pas être trop associé aux néo-nazis du type d’Aube Dorée. Mais leurs militants cachent moins leur sympathie dans les coulisses. Ce fut une fois de plus confirmé à la fin du mois de novembre, quand une délégation du VB emmenée par Filip Dewinter s’est rendue en Grèce pour y rencontrer les dignitaires d’Aube Dorée. Ils se sont rendus ensemble vers les îles où sont coincés de nombreux réfugiés. Autour de cette visite ont éclaté divers incidents tels que des incendies criminels et des provocations à l’encontre de réfugiés. Dewinter & Co a également rencontré le dirigeant d’Aube Dorée à Athènes, Michaloliakos.

    Dewinter aurait préféré que cette visite reste en interne (elle fut d’ailleurs réduite au minimum), mais Aube Dorée voulait en faire la promotion. Quand un journaliste a demandé à Dewinter qui avait payé les frais du voyage, ce dernier a sèchement répondu ‘‘ce ne sont pas vos affaires’’. Le président du parti, Tom Van Grieken a dû ouvertement critiquer le groupe autour de Dewinter, le sénateur Anke Van dermeersch a même reçu une sanction. Van Grieken, que le combat de rue ne répugnait pourtant pas jadis, désire lisser l’image de son parti et développer des liens avec des populistes de droite comme Wilders aux Pays-Bas. Tout cela n’est qu’une question de façade, il n’y a pas si longtemps que Van Grieken faisait usage de violence en tant que responsable des jeunesses du parti.

    Via leurs élus au Parlement européen, Aube Dorée et le NPD soutiennent également les néo-nazis présents en Belgique. Ils ont ainsi ouvert un local à Ixelles où se tiennent divers événements néonazis. Le 19 novembre dernier, une réunion très controversée a également eu lieu à Anvers, à l’initiative des groupuscules violents NATION et N-SA. Quelque 30 néonazis sont venus écouter un orateur d’Aube Dorée (qui ne s’est toutefois pas présenté) dont des membres du NPD allemand, un parti qui collabore étroitement avec Aube Dorée. Blokbuster et les Étudiants de Gauche Actifs ont alors mobilisé en peu de temps une trentaine d’antifascistes. Quelques jours après, le 24 novembre, nous avons également participé à une manifestation contre le local néonazi à Ixelles à l’initiative de la campagne ‘‘NON au local nazi, 22 Square de Meeûs à Ixelles’’ de Bxlzoneantifasciste.

    De telles actions constituent une importante préparation pour les actions antiracistes et antifascistes que nous aurons besoin d’organiser à l’avenir. Cela fera partie intégrante de la construction d’une alternative de gauche qui soit capable d’être l’expression du rejet de la politique néolibérale actuelle pour l’orienter vers un changement de société reposant sur les intérêts de la majorité de la population.

  • [PHOTOS] Action antifasciste à Anvers contre un meeting néonazi

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    Ce samedi 19 novembre, deux groupes néonazis – Nation et le N-SA – ont tenu une réunion commune à Anvers. Parmi les orateurs figurait notamment un membre du parti d’extrême droite grec Aube Dorée. Le porte-parole du Vlaams Belang Filip Dewinter était encore il y a peu en Grèce avec une délégation du parti (notamment Anke Vander Allemeersch, Jan Penris et Frank Creyelman) pour rendre visite à Aube Dorée, mais il n’était pas présent à cette réunion. Il faut dire qu’être ouvertement lié à la violence néonazie de ce parti dans son propre pays pourrait nuire à l’image du Vlaams Belang… Mais une fois à l’étranger, la véritable nature de la bête fasciste ne les dérange pas.

    Rapport et photos prises du site de notre campagne antifasciste flamande Blokbuster

    Les néo-nazis se sont réunis au Café Den Bengel sur la Grote Markt. Ce n’est pas la première fois qu’une telle réunion s’y déroule. Ils auraient été une trentaine environ, la plupart adeptes de Nation, venus à Anvers à partir de Bruxelles et de Wallonie. Certains ne sont pas restés bien longtemps, les premiers néonazis sont sortis après une demi-heure à peine.

    Plus de 30 antifascistes s’étaient réunis quant à eux sur la Groenplaats à l’appel de Blokbuster et des Etudiants de Gauche Actifs. Beaucoup de jeunes étaient présents, de même qu’un groupe de «Femmes contre le fascisme / racisme» qui soutient et renforce constamment la résistance antifasciste. Cette action a été organisée en peu de temps après qu’une action anti-Trump précédemment annoncée ait été annulée par les organisateurs.

    Des néo-nazis ne peuvent pas tout simplement se réunir à Anvers. Nous ne devons leur laisser aucun espace, ils pourraient sinon prendre confiance et passer à la violence physique contre toute personne qu’ils estiment «différente» ou qui pense autrement. Cette violence est une raison de l’intérêt qu’ils portent à Aube Dorée. Le groupe francophone Nation l’a démontré dans la pratique l’an dernier lorsque plusieurs de ses membres ont tabassé un sans-abri place du Luxembourg à Bruxelles. Plusieurs militants de Nation ont été condamnés pour cela et au moins l’un d’entre eux était présent à cette réunion du 19 novembre.

    Le rassemblement antifasciste voulait également faire référence à la résistance contre Trump aux Etats-Unis. Les populistes de droite comme Donald Trump représentent un danger pour les travailleurs, les migrants, les femmes,… L’élection de Trump ouvre un espace d’action supplémentaire pour les groupes tels que le Ku Klux Klan et d’autres mouvements racistes et fascistes. Nous ne sommes pourtant pas pessimistes, il existe une polarisation et également une radicalisation vers la gauche. C’est ce qu’illustrent l’ampleur des protestations contre Trump, ce qu’a représenté la campagne de Bernie Sanders ou encore le soutien massif pour la lutte des Premières Nations (Amérindiens) à Standing Rock contre la construction d’un oléoduc à travers leur territoire.

    Nous avons reçu beaucoup de soutien de la part de passants qui étaient choqués qu’une telle réunion de néo-nazis puisse se tenir à Anvers. Continuons à construire la résistance antifasciste et antiraciste!

    Prochain rendez-vous, ce 24 novembre à Bruxelles (plus d’infos).

  • Non au local néonazi! Rassemblement antifasciste ce 24 novembre à Ixelles

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    Rdv le 24/11 à 19 h devant le Conseil communal d’Ixelles (Place Fernand Cocq, n°8)

    L’organisation européenne néonazie AFP (Alliance pour la paix et la liberté) vient d’installer un de ses locaux à Bruxelles, dans un quartier de luxe. L’AFP regroupe ce qu’il y a de pire comme partis d’extrême droite en Europe et a pu financer ce local grâce aux 600.000 € de subsides européens. Cela représente un danger pour les jeunes et les travailleurs en Belgique. Ce 24 novembre, les Etudiants Étudiants de Gauche Actifs participeront au rassemblement contre ce local à l’initiative de la campagne “NON au local nazi, 22 Square de Meeûs à Ixelles”.

    Par Julien (Bruxelles)

    L’AFP rassemble différentes organisations d’extrême droite: Aube Dorée (XA, Grèce), Force nouvelle (FN, Italie), Démocratie nationale (DN, Espagne), Parti national-démocrate (NPD, Allemagne), ainsi que Nation pour la Belgique francophone. Les 4 sièges de l’AFP (3 pour Aube Dorée et 1 pour le NPD allemand) au Parlement européen leur permettent de développer leurs structures. Ils espèrent ainsi stimuler la construction de partis néonazis violents là où ils ne sont pas encore bien développés.

    La violence de rue comme méthode d’action

    En 2012, Aube Dorée a remporté 7 % des voix, obtenant ainsi 18 députés au Parlement grec. Après 3 années de forte campagne de l’establishment, il obtenait toujours le même résultat en septembre 2015. Il s’agit pourtant d’un gang de criminels et de mafieux. Sur base de leur succès électoral, ils ont persévéré dans la violence : il y a eu 63 attaques fascistes au cours des 2 mois ayant suivi les élections. En septembre 2013, des membres d’Aube Dorée ont assassiné le rappeur antifasciste Pavlos Fyssas. En 2015, c’est Nation qui s’était fait remarquer à Bruxelles. Avec d’autres milices d’extrême droite flamandes et françaises, ils entendaient s’en prendre à une manifestation de sans-papiers. 6 membres de l’organisation ont, par ailleurs, été condamnés pour avoir agressé un sans-abri. N’étant que quinze faces à plusieurs centaines de militants pour la régularisation des sans-papiers, 6 d’entre eux se sont jetés sur un SDF. En août dernier, c’est à Dortmund (Allemagne) que des néo-nazis ont tenté d’assassiner au couteau un militant antifasciste membre de notre parti-frère allemand (SAV). Depuis, plusieurs manifestations ont eu lieu sur place dans le cadre d’une coalition contre la violence fasciste avec environ 2000 participants le 24 septembre, parmi lesquels plusieurs dizaines de membres du PSL et des Étudiants de Gauche Actifs.

    Le racisme de la droite ouvre grand les portes à l’extrême droite

    Dans les débats politiques, les remarques racistes ou sexistes sont monnaie courante alors qu’il y a 20 ans c’était plutôt le monopole de l’extrême droite. Les scandales à répétition autour de Donald Trump constituent un excellent exemple. Il a ainsi proposé de construire un mur à la frontière mexicaine ou de bannir l’ensemble des musulmans des États-Unis. Ses propos nauséabonds sur les femmes et ses méthodes de harcèlements sexuels ont également profondément choqué. En Europe, plusieurs organisations populistes de droite continuent avoir un certain succès. Chez nous, la N-VA a multiplié les provocations racistes. Sur fond de crise migratoire, les réactionnaires tentent de diviser travailleurs belges et réfugiés. De Wever s’est aussi régulièrement attaqué à la communauté amazighe (berbère) originaire du Maroc tandis que l’échevine Liesbeth Homans nous expliquait l’an passé que le racisme est quelque chose ‘‘relatif’’. La banalisation de propos racistes, sexistes ou homophobes permet à l’extrême droite de se profiler de manière plus ‘‘fréquentable’’ et apte à gérer la société.

    Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré !

    À nouveau budget, nouvelles attaques. Pour 2017, on va (entre autres) vers une coupe d’un peu moins d’un milliard d’euros dans les soins de santé. Mais après des années de sous-financement et d’austérité, c’est l’ensemble des secteurs sociaux qui sont en pénuries. Les listes d’attentes pour un emploi, un logement social, une école ou une crèche continuent de s’allonger. La colère contre ces pénuries systémiques est énorme et l’extrême droite entend bien la saisir en rejetant la faute sur les migrants. Les partis traditionnels portent d’ailleurs une lourde responsabilité dans le succès de certaines formations d’extrême droite. Pour lutter contre elles il faut s’en prendre à son terreau : la crise et la misère qu’implique le capitalisme.

    Des emplois, pas de racisme !

    En 1991, nous avons lancé la campagne antifasciste ‘‘Blokbuser’’. Depuis lors, nous avons toujours lié ce combat à la lutte pour des emplois pour tous, pour des logements sociaux, pour un enseignement de qualité et accessible à tous,… avec une réponse basée sur la solidarité face à la logique de division raciste, homophobe ou sexiste.

    Un tel programme unifie les travailleurs et les jeunes indépendamment de leur origine, de leur sexualité, de leur genre, de leur religion,… De la même manière, les manifestations doivent permettre à tout le monde de participer et de lutter contre le fascisme. Par la mobilisation de masse, nous pouvons placer ces voyous dans une position défensive et briser leur confiance à sortir en rue. Avec ce local, ils tentent de sortir des égouts et d’offrir une structure stable aux néonazis (à Nation entre autres) pour faciliter leur travail. Via des assemblées démocratiques, nous pourrions organiser des actions et manifestations avec un plus grand nombre (en mobilisant les jeunes, les habitants du quartier, les antifascistes,…) et les forcer ainsi à dégager de leur local. Cette campagne serait l’occasion de discuter plus généralement de la lutte contre le néofascisme et de la nécessité de combattre l’austérité et le capitalisme.
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  • Résistons au racisme sous toutes ses formes

    racisme_ls2015‘‘Retourne au Maroc’’. C’est la réflexion lancée par un député à une collègue issue de l’immigration. Cela résume la manière dont le racisme se développe au point d’être exprimé ouvertement. Le député en question n’est pas un élu d’extrême droite, mais un membre de l’Open VLD (parti libéral flamand), Luc Van Biesen. Cela aurait tout aussi bien pu être quelqu’un de la N-VA. Le président de la Chambre Siegfried Bracke a dévoilé dans le magazine Knack ce qui explique les nombreuses déclarations racistes de la N-VA: ‘‘Mon parti est déterminé à gagner à notre camp un maximum d’électeurs du Vlaams Belang.’’

    Comment ? Ce fut tout récemment illustré par une interview de l’échevin anversois Fons Duchateau dans De Standaard où il a parlé d’une ‘‘invasion des demandeurs d’asile’’ qui arrivent ici ‘‘parce que le robinet est ouvert’’ et que les communautés de réfugiés appellent à venir ici par ‘‘tam-tam’’. L’inégalité scolaire ? Pour lui c’est ‘‘liée à la culture’’. Duchateau balance à la poubelle toutes les études portant sur les inégalités dans le système éducatif belge : pour lui, ce n’est pas le système qui est responsable, ce sont les migrants et surtout leur culture (lire: leur religion). Il a tort bien entendu.

    Ce racisme ne sévit bien entendu pas qu’à Anvers, ni uniquement chez les parlementaires de droite populiste ou d’extrême droite. Pour les années 2013, 2014 et 2015, le nombre d’affaires à caractère raciste ou xénophobe est en nette augmentation et atteint des sommets, dans l’ordre, à Anvers, Liège et Charleroi. Le racisme existe aussi parmi les travailleurs qui craignent pour leur avenir et qui sont confrontés au risque de sombrer dans la misère, au terrorisme et à la guerre. Ces dangers augmentent sans cesse. Mais qui est responsable de la catastrophe de Caterpillar et des 2200 travailleurs qui risquent de se retrouver à la rue ? Les migrants qui fuient les bombardements en Irak et en Syrie ?
    Ce système en crise tente de trouver des boucs émissaires. C’est toujours de la faute de quelqu’un d’autre, de préférence les parmi les groupes les plus faibles dans la société : les demandeurs d’asile, les migrants, les chômeurs, les jeunes,… Les travailleurs et les jeunes ne doivent pas se laisser prendre dans ce piège de la division. Personne n’échappera à cette logique. Dans l’interview susmentionnée, Fons Duchateau s’en est également pris à des sans-abris qui ont lancé une pétition contre la commercialisation du secteur du travail social ainsi qu’aux travailleurs sociaux eux-mêmes.

    Souvenons-nous de ce fameux texte du pasteur allemand Martin Niemöller: ‘‘Quand ils sont venus chercher les socialistes, je n’ai rien dit. Parce que je n’étais pas socialiste. Alors ils sont venus chercher les syndicalistes, et je n’ai rien dit. Parce que je n’étais pas syndicaliste. Puis ils sont venus chercher les Juifs, et je n’ai rien dit. Parce que je n’étais pas juif. Enfin, ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour me défendre.’’ Cette politique de stigmatisation et de recherche de boucs émissaires a plusieurs objectifs : dévier l’attention de la contradiction fondamentale entre l’élite de riches qui contrôle la société et le reste de la population, mais également diviser la population normale.

    Incapable de mettre en œuvre une politique garantissant un avenir décent à chacun, l’establishment préfère individualiser les problèmes sociaux. Mais toute cette rhétorique est comme un feu vert pour le Vlaams Belang et pour tous les racistes, organisés ou non, qui se sentent plus en confiance pour exprimer leurs opinions dégoûtantes. Si Siegfried Bracke pense que le Vlaams Belang peut être arrêté en reprenant son discours, il se trompe lourdement. Le Vlaams Belang est d’ailleurs remonté à 13 % dans les plus récents sondages.

    Les Étudiants de Gauche Actifs veulent s’opposer aux provocations racistes, ainsi qu’aux attaques contre notre sécurité sociale et autres mesures antisociales. Pour lutter contre toutes les discriminations, il faut se battre pour garantir à chacun le droit à une vie décente. C’est tout à fait possible, jamais autant de richesses n’ont été présentes dans la société. Nous avons mené des actions à Gand et à Anvers à la mi-septembre contre les déclarations racistes de la N-VA et, le 24 septembre, nous nous sommes rendus à une manifestation contre la violence néonazie en Allemagne, à Dortmund. Rien ne nous fera changer de cap à l’avenir. Participez et rejoignez les Étudiants de Gauche Actifs !

  • Manifestation antifasciste à Dortmund avec une forte délégation belge

    bbduits-600x397Ces derniers mois, la ville de Dortmund, en Allemagne, a été en proie à la violence fasciste. Les néo-nazis estiment qu’ils peuvent se permettre ce qu’ils veulent et donc également procéder à l’intimidation physique et instaurer un climat de violence. Dans cette ville, plusieurs personnes ont succombé à la violence meurtrière néonazie au début des années 2000. Nous avons donc pleinement soutenu l’appel à riposter par une large mobilisation antifasciste servant à illustrer que cette violence fasciste est isolée du reste de la société. Les antifascistes, par contre, peuvent compter sur un grand soutien.

    Ce 24 septembre, des membres du PSL et des Etudiants de Gauche Actifs ont donc rallié Dortmund pour y participer à une manifestation antifasciste qui a réuni environ 2.000 personnes. Nous y avons rejoint nos camarades allemands du SAV (section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière). Le cortège a commencé sa marche dans un quartier ouvrier où les habitants ont réagi de façon très positive. La manifestation s’est arrêtée un instant à l’endroit où une personne a été assassinée au début des années 2000 par le groupe terroriste néonazi NSU. Une impressionnante minute de silence a alors eu lieu, en son hommage ainsi qu’à toutes les autres victimes du nazisme. Le cortège a ensuite repris sa route vers le centre-ville.

    En Belgique, nous avons pu voir de nos propres yeux ce que signifie cette violence néonazie dans les années ’90 avec notre campagne antifasciste flamande Blokbuster. A , il nous a fallu une campagne nationale contre la violence fasciste pour inverser la tendance. Face à l’extrême droite, nous devons aussi défendre une alternative positive: la lutte pour l’emploi, des logements, des services publics,… accessibles à tous. C’est ainsi que nous pouvons être en mesure de riposter en offrant des solutions aux problèmes sociaux instrumentalisés par l’extrême droite pour diffuser son message de haine. Une partie de cette riposte est la solidarité internationale.

    Nous sommes bond partis de Belgique avec une quarantaine d’antifascistes belges issus de tout le pays et de diverses générations. Notre délégation a aussi été rejointe par quelques activistes du groupe anversois ‘Vrouwen tegen racisme’ (“Femmes contre le racisme”). Cette solidarité a bien entendu été fortement appréciée.

    Nous devons nous organiser contre l’extrême droite dans notre pays également. Durant la manifestation, nous avons entendu qu’une petite intervention des ‘Autonome Nationalisten’ prenait place à Anvers au même moment. L’AFF (Antifascistische Front) a compté 32 participants à cette action de néonazis, avec quelques orateurs internationaux. Ce n’est pas beaucoup, mais cela constitue néanmoins un danger.

    Dans une période de crise croissante et de politique d’austérité drastique, les problèmes sociaux augmentent et conduisent à plus de tension. Sans riposte collective pour défendre la perspective d’une autre société débarrassée de la pauvreté, de la guerre et de la misère, des groupes d’extrême droite pourront disposer d’un certain écho pour chercher à se construire.

    Cette manifestation à Dortmund a servi à pousser les néonazis dans une position défensive. Mais la bataille est loin d’être terminée. Cette manifestation n’était qu’une étape dans la construction d’un rapport de forces efficace. Cette expérience nous servira en Belgique également afin d’éviter que de tels développements ne puissent survenir. Les politiciens établis – particulièrement ceux de la N-VA – favorisent le développement d’un climat raciste depuis des mois en Belgique. Nous ne sommes évidemment encore qu’au début du combat, rejoignez nous pour renforcer le mouvement antifasciste !

    Photos de Liesbeth:

    Photos du SAV (Sozialistische Alternative):
    Betoging tegen fascistisch geweld in Dortmund // SAV

  • Stopper le racisme par la lutte active contre toutes les formes de division

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    Diviser pour régner. Bart De Wever le dit probablement plutôt en latin: «divide et impera». Son parti, la N-VA, applique constamment cette tactique éprouvée et séculaire. Jusqu’il y a peu, les problèmes de financement de la sécurité sociale s’expliquaient essentiellement par la faute des Wallons. Maintenant, ce sont surtout les réfugiés qui bénéficient de cet ‘‘honneur’’. C’est bien pratique pour passer sous silence la réduction des cotisations patronales à la sécurité sociale. La pénurie de logements sociaux? A cause des transferts financiers vers la Wallonie. Et de l’arrivée des réfugiés. A Anvers, où il y a peu de Wallons pour servir de boucs émissaires, ce sont les ‘‘Berbères’’ (les Amazighs) qui ont été accusés de tous les maux de la ville que dirige De Wever.

    Article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Le racisme comme écran de fumée

    Partout où sévissent des pénuries, on cherche des boucs émissaires derrière lesquels masquer les véritables profiteurs et leurs représentants politiques. Dans une société qui plus que jamais subit les conséquences de la guerre, de la misère et de la pauvreté, dans une société où le fossé entre riches et pauvres ne cesse de grandir, les néolibéraux ont besoin de beaucoup de boucs émissaires. L’objectif visé est de garder le silence sur les véritables raisons des problèmes sociaux.

    Le racisme, tout comme la question communautaire, sert aussi à diviser la classe des travailleurs afin d’affaiblir leur lutte contre les politiques antisociales. Le gouvernement de droite peut plus facilement éviter les conséquences de la colère populaire si les travailleurs ne voient pas qu’ils ont les mêmes intérêts que leurs collègues issus de l’immigration ou d’une autre religion. Au moment où le gouvernement préparait une nouvelle offensive contre nos conditions de vie, la discussion sur le burkini est arrivée à point nommé.

    La controverse sur le burkini n’a rien à voir avec les droits des femmes

    En France, des agents de police armés ont obligé une femme à se dévêtir sur la plage. Différentes municipalités françaises avaient imposé une interdiction du burkini contraires aux droits et libertés constitutionnels. Cette virulence contre le burkini a officiellement été présentée comme étant féministe et en faveur de la libération des musulmanes. Des agents armés qui surveillent la tenue vestimentaire des femmes sur la plage, cela fait plutôt penser à des régimes réactionnaires comme celui de l’Arabie Saoudite.

    Le PSL défend le droit des femmes de disposer de leur corps comme elles l’entendent. Cela implique que les femmes ont le droit de porter le voile ou un burkini de même que le droit de ne pas le porter. La polémique sur le burkini a pour but de viser les musulmans, c’est un exemple classique de la politique de diviser pour régner. Juste au moment où le débat a été relancé concernant le budget fédéral en Belgique, la N-VA a sauté sur l’occasion.

    Si les partis au pouvoir en France et en Belgique avaient vraiment les droits des femmes à cœur, ils ne sabreraient dans aucun budget des services publics tels que la petite enfance, l’enseignement,… tout en imposant une super-flexibilité et de plus bas salaires aux travailleurs.

    La politique de droite provoque des problèmes sociaux

    En Flandre, le président du SP.a, John Crombez, a fait son mea culpa: selon lui, la gauche s’est montrée ‘‘naïve’’ dans les domaines de la migration et de la sécurité. Voilà une parfaite illustration d’où en est cette ‘‘gauche officielle’’ qui a imposé la politique néolibérale des décennies durant et qui maintenant n’a rien à offrir en réponse aux conséquences de cette politique. Cela va de pair avec l’image d’une ‘‘gauche’’ responsable de l’arrivée des réfugiés, un cliché que la droite instrumentalise sans vergogne.

    La gauche conséquente, elle, ne s’est pas compromis en soutenant la guerre en Afghanistan, en Irak, en Syrie et ailleurs. Ce n’est pas par hasard si la plupart des réfugiés proviennent de ces pays. Ces guerres ont contribué à la croissance de groupes réactionnaires extrémistes comme les talibans et l’Etat Islamique. Toujours à gauche va à l’encontre de la rupture du tissu social de nos quartiers et les communautés en raison de l’austérité. La gauche conséquente s’est opposé à la casse sociale consécutive à la logique néolibérale dans nos quartiers et nos communautés. La gauche conséquente dispose d’un programme pour que chacun puisse vivre paisiblement, ensemble, dans le respect de l’individualité de l’autre: un programme basé sur l’emploi, les services publics, l’accès aux logements,… qui offre un bon avenir à tous, et pas seulement aux super-riches comme cela est le cas aujourd’hui. Nous défendons une transformation socialiste de la société et une rupture anticapitaliste.

    Les partis traditionnels ne vont pas aussi loin, pas même la social-démocratie. C’est même aller trop loin pour eux que de relier la crise des réfugiés aux guerres. La responsabilité des problèmes sociaux est donc individualisée: ce sont les jeunes musulmans le problème. Pas tous les musulmans, la plupart, selon Crombez, sont des ‘‘Flamands modernes’’. Il y a donc encore une petite différence entre lui et la N-VA.

    La social-démocratie est en effet en partie responsable de la montée des tensions actuelles dans les quartiers et les villes. Les ‘‘jeunes musulmans’’ dont parle Crombez, ont vu des années durant leurs frères et sœurs plus âgés, leurs amis et leurs famille évoluer sans emploi ou sans perspectives d’avenir stable. Où donc était la social-démocratie lorsqu’il fallait réagir avec un plan garantissant de bons emplois pour tous ? La politique de la social-démocratie, ce n’est pas la ‘‘gauche laxiste’’, c’est juste la droite.

    Lutter contre le racisme

    Un adolescent de Genk issu de l’immigration est décédé cet été au Maroc et des dizaines de racistes étaient immédiatement prêts à danser sur sa tombe de la manière la plus dégoûtante qui soit. Ils n’ont pas fait l’objet de la même attention médiatique que les musulmans imaginaires de Jan Jambon qui auraient ‘‘dansé après les attentats’’. Deux poids, deux mesures.

    En Belgique, le racisme reste pour l’instant largement passif, au stade de commentaires engloutis par les médias sociaux. Mais les cas de racisme ‘‘dans la vraie vie’’ sont en augmentation: propos racistes tenus dans les lieux publics, regards en colère contre ceux qui semblent ‘‘différents’’ ou violence manifeste.

    De petits groupes racistes comme PEGIDA ou Nation du côté francophone ne parviennent pas à organiser activement des événements majeurs. Le Vlaams Belang et PEGIDA ont tenté de créer un mouvement au début de cette année, ce fut un échec. Les contre-actions étaient généralement bien plus grandes. Nous avons joué un rôle majeur pour l’assurer avec notre campagne antifasciste flamande Blokbuster. C’est ce qu’a reconnu Manuel Abramowicz de RésistanceS.be dans les pages du quotidien Le Soir au sujet de la manifestation annuelle du NSV (association étudiante officieuse du Vlaams Belang): ‘‘Cette manifestation regroupe entre 150 et 200 militants. La contre-manifestation, constituée de jeunes d’extrême gauche (…) rassemblent, eux, entre 500 et 1.000 manifestants. Ces chiffres résument bien l’état des forces en présence. L’extrême gauche n’est pas dans l’air du temps, contrairement à l’extrême droite. Mais sur le terrain, la gauche radicale est numériquement plus importante sur le terrain militant.’’ L’utilisation du terme ‘‘d’extrême gauche’’ est regrettable, mais la conclusion est correcte: l’extrême droite bénéficie d’un soutien, mais qui reste essentiellement passif.

    Le racisme et d’autres formes de division doivent être activement combattus. Au bar ou sur les médias sociaux, les déclarations racistes font plus de dégâts si elles n’entrainent pas de réponse. Dans certains cas, la confiance des racistes les pousse vers des actes de violence en dehors des médias sociaux. En France et en Allemagne, des réfugiés ont été attaqués en rue, des centres de réfugiés ont été victimes de tentatives d’incendie,… A Dortmund, en Allemagne, les néo-nazis se sont sentis suffisamment forts pour passer à une tentative d’assassinat contre un antifasciste.

    La meilleure riposte est de s’organiser et de construire une alternative à l’austérité et aux problèmes sociaux, cela ne peut que renforcer la solidarité dans la lutte. Ce qu’il faut, c’est organiser les antiracistes sur base d’une perspective de lutte et d’une stratégie orientée contre le système capitaliste responsable des diverses formes de division.

  • Stopper le racisme en luttant pour du travail décent, un bon enseignement et un meilleur avenir pour tous !

    vottem_r_julie10Theo Francken estime que le succès de sa politique sera mesuré aux résultats de l’extrême droite aux prochaines élections : ‘‘si l’extrême droite obtient encore de gros scores en Flandre, j’y verrai une défaite personnelle.’’ Selon lui, sa politique fonctionne puisqu’il y a moins de réfugiés. Mais dans les sondages, le Vlaams Belang reprend de l’ampleur. Une politique d’asile antisociale peut-elle faire barrage à l’extrême droite ?

    Rien de résolu sur la question des réfugiés

    L’Europe a signé un accord avec la Turquie et veut procéder de la sorte avec le Soudan et l’Erythrée. La Turquie recevra 6 milliards d’euro pour un grand camp de prisonniers pour réfugiés. Que le pays glisse dans une dictature brutale qui viole les droits humains sur toute la ligne n’est visiblement pas un problème. La guerre contre la population kurde, la restriction des droits démocratiques, l’interdiction de la Gay Pride,… ne posent pas de soucis à l’establishment européen. Tant que la Turquie bloque les réfugiés, tout va bien.

    Médecins sans Frontières a décidé de cesser d’utiliser l’argent des institutions européennes parce que ‘‘le traité scandaleux conclu entre l’Europe et la Turquie sape les droits des réfugiés.’’ Oxfam a parlé d’un ‘‘marchandage sur les droits de l’homme.’’ Pour l’Office du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, cet accord va à l’encontre des conventions internationales.

    Pour Theo Francken et la droite, garder les réfugiés hors d’Europe est la seule chose qui compte. Pendant ce temps, les guerres en Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Libye,… se développent avec leur lot de souffrances et de violences. Face à cette situation désespérée, Francken utilise la tactique de l’autruche: ce qu’on ne voit pas n’existe pas. En Turquie, l’attitude irresponsable du régime dictatorial d’Erdogan provoque une grande instabilité. La crise des réfugiés peut à tout moment revenir à l’agenda à plus grande échelle.

    Les conditions de vie des personnes poussées à fuir leur pays et bloquées en Turquie sont inacceptables. On parle même d’enfants de réfugiés syriens exploités en usine. Ce n’est qu’en en finissant avec la guerre et la misère, ce qui nécessite de rompre avec le système actuel, que nous pourrons assurer que personne ne se sente plus obligé de fuir.

    Le racisme ne peut pas être stoppé par la politique antisociale

    Selon Francken & Co, emprisonner les réfugiés dans une prison à ciel ouvert en Turquie est utile pour bloquer l’extrême droite en Belgique. Cela criminalise les réfugiés et renforce l’idée qu’ils sont sources de problèmes divers, notamment au niveau de l’emploi. Les réfugiés sont utilisés comme boucs-émissaires pour dévier l’attention des conséquences des politiques d’austérité. Pour l’extrême droite, c’est un véritable cadeau. En Autriche, le candidat d’extrême droite est passé à deux doigts d’être élu président et, en France, Marine Le Pen caracole dans les sondages. En Flandre, le Vlaams Belang est de retour.

    L’idée qu’une politique de droite serait de nature à bloquer l’extrême droite est une illusion. Dans le débat sur le Brexit, afin d’appeler à voter pour rester dans l’UE, il a été dit que voter pour le Brexit laisserait plus d’espace aux populistes de droite comme Nigel Farrage (UKIP) et Boris Johnson et conduirait à des politiques anti-migrants plus sévères. Le populistes de droite stimuleraient aussi la violence d’extrême droite, d’où la confiance qu’a trouvé le meurtrier de la politicienne Jo Cox pour passer à l’acte.

    Ce sont les politiques antisociales de l’UE qui donnent du vent aux voiles de la droite populiste. Cette politique donne à penser que nous devrions arrêter les réfugiés pour défendre ‘‘notre sécurité sociale’’, comme si c’était la politique de droite qui pouvait la protéger. La politique brutale anti-migrants de l’UE – pensons à l’accord avec la Turquie – a fait dire au parti néonazi hongrois Jobbik qu’ils y voyaient ‘‘une opportunité pour l’UE d’évoluer dans un sens positif.’’
    La population est perdante avec cette surenchère de droite et d’extrême droite. Leurs cibles, ce sont les réfugiés, les migrants, les chômeurs, les retraités, les travailleurs,… Stopper l’extrême droite signifie d’offrir un avenir décent aux travailleurs et à leurs familles. Cela nécessite un programme cohérent qui fait le lien entre les intérêts de la majorité de la population et la poignée de capitalistes pour qui défendre ses richesses implique de diviser le reste de la population.

    Il y a eu 1,2 million de demandes d’asile l’année dernière en Europe. L’année précédente, il y avait 11 millions de logements vides en Europe. Au regard de l’état de nos routes, des services publics ou encore du secteur social, il est clair qu’il y a du travail pour tout le monde. Mais sous le capitalisme, ça ne marche pas comme ça. Ce qui est nécessaire et utile pour la majorité de la population ne vaut rien. Seuls comptent les profits. De cette logique découle une politique d’austérité dévastatrice, accompagnée d’une tentative cynique d’utiliser les réfugiés et les migrants pour dévier l’attention. On nous apprend à frapper vers le bas de sorte à ne pas frapper vers le haut.

    Rebellons nous tous ensemble en faveur d’une réponse sociale pour un travail décent, pour de bons logements, un enseignement de qualité et des services publics pour tous. Voilà le projet des Etudiants de Gauche Actifs, l’organisation de jeunesse du PSL. Rejoignez-nous !

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    Francken demande-t-il aux demandeurs d’asile ce qu’il n’est lui-même pas prêt à faire ?

    La ‘‘déclaration des primo-arrivants’’ que veut faire signer le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration Theo Francken à tout nouvel arrivant en Belgique ne résiste pas à l’examen du Conseil d’Etat. Il s’avère que cette déclaration ne respecte pas les règles de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Ce texte va à l’encontre de la liberté de conscience. Théo Francken attend des demandeurs d’asile qu’ils se conforment aux règles de la CEDH, alors que sa politique ne les respecte pas. Peut-être devrait-il résoudre ce problème avant de donner des leçons aux autres ?

  • Le danger de l’extrême droite n’a pas disparu

    antifaSelon un sondage publié à la mi-mai, le Vlaams Belang atteindrait les 13,9 % et deviendrait donc le troisième parti flamand derrière la N-VA et le SP.a. L’extrême droite connait également un sursaut électoral ailleurs en Europe. Norbert Hofer du FPÖ autrichien a remporté le premier tour des élections présidentielles avec 35 %. En Allemagne, Alternative für Deutschland (AFD) a engrangé des résultats inquiétants. En France et aux Pays-Bas, le Front National et le PVV de Geert Wilders risquent de devenir le plus grand parti de leurs pays respectifs aux prochaines élections.

    Par Fabian (Gand)

    Un vote de protestation

    Le retour en vue pour l’extrême droite sur le terrain électoral n’est pas une surprise dans un contexte généralisé d’austérité profonde et de chute du pouvoir d’achat. La colère monte et elle peut s’exprimer vers l’extrême droite ou toutes sortes de populistes de droite en l’absence d’alternative claire anti-austéritaire.

    Le racisme ‘‘plus doux’’ de partis de droite populistes comme la N-VA n’a pas conduit à la fin de l’extrême droite. La rhétorique de Theo Francken (‘‘les réfugiés doivent apprendre à bien se comporter avec les femmes’’) ou de Jan Jambon (‘‘une partie significative de la population musulmane a dansé après les attentats’’) a rendu plus acceptable le discours plus ouvertement raciste du Vlaams Belang. Le fait que le changement rapide promis par la N-VA ne semble se résumer qu’à l’austérité, de nouvelles taxes et des scandales de fraudes fiscales des riches ouvre la voie à un retour partiel de certains électeurs vers Vlaams Belang.

    Un espace grandissant pour l’extrême droite…

    La politique d’austérité qui affecte la majorité de la population crée un terrain fertile pour l’extrême droite. C’est dans ce contexte que le slogan du Vlaams Belang ‘‘Économiser sur le droit d’asile, pas sur notre propre peuple’’ peut trouver un écho parmi une couche donnée de la population. Avec son discours populiste concernant le sécuritaire et les ‘‘valeurs occidentales’’, le Belang instrumentalise les craintes légitimes de la population au sujet de son avenir.

    L’extrême droite n’offre toutefois pas de réelle alternative contre les coupes budgétaires et les mesures antisociales. Il ne cherche qu’à nous diviser sur base religieuse, de couleur de peau ou d’origine. Il manque aujourd’hui à la classe des travailleurs un parti de masse qui représente véritablement ses intérêts et prend le devant de la résistance contre les coupes budgétaires. Alors que les couches les plus conscientes des travailleurs et des jeunes sont à la recherche d’un nouvel instrument politique qui va à l’encontre de la logique néolibérale, les sections les plus aliénées de la classe ouvrière sont sensibles au discours de l’extrême droite envers les réfugiés et les migrants.

    … faute d’une réelle alternative contre la politique antisociale

    Les sociaux-démocrates et partis verts, qui ne vont pas au-delà de la promotion d’une austérité plus ‘‘light’’, ne représentent pas réellement une solution. La situation en France l’illustre parfaitement avec un gouvernement PS qui poursuit une politique antisociale dont peut bénéficier le Front National de Marine Le Pen. C’est aussi visible au travers des déclarations de John Crombez (président du SP.a) sur la nécessité d’une politique de ‘‘push-back’’ pour repousser les réfugiés, considérés comme responsables de leur situation. Là où des forces de gauche conséquentes existent et disposent d’un certain poids électoral, cela peut fournir un tampon face à l’extrême droite et au populisme de droite. Pensons à Die Linke en Allemagne et au PTB en Belgique francophone. Mais alors, ces forces de gauche doivent refuser de se limiter au rang de partenaire de coalition avec un plus grand parti ‘‘de gauche’’ qui résulterait à assumer la responsabilité de la même politique antisociale.

    L’extrême droite tire profit du racisme et de l’absence d’alternative aux partis de l’establishment. Malgré qu’elle soit capable de réaliser des percées électorales, elle est encore loin de pouvoir initier à des mobilisations de masse même si on observe une violence croissante envers les réfugiés et les migrants.

    En Flandre, l’extrême droite a lancé une campagne de mobilisation le nom de PEGIDA à Anvers, Gand, Zeebrugge, Louvain et Anvers. Elle n’est toutefois pas parvenue à attirer de nouvelles couches. À Anvers, le 23 avril, à peine 350 activistes avaient répondu à leur appel, moins que pour leur première mobilisation en janvier dans cette même ville. Après les attentats de Bruxelles, les organisateurs de PEGIDA espéraient faire de cet événement ‘‘le plus grand rassemblement anti-Islam qu’a jamais connu notre pays’’. Ce fut un échec. Une action du Vlaams Belang aux portes de la Muslim Expo à Anvers n’a réuni… qu’une quarantaine de participants.

    L’extrême droite se révèle encore incapable d’obtenir un soutien actif à son programme. Cela ne signifie pas qu’il faut relâcher sa vigilance. Les préjugés racistes représentent un obstacle pour mener une lutte efficace contre la dictature de l’élite capitaliste. Sans résistance antifasciste active, l’augmentation de la violence contre les migrants en Europe peut aussi dégénérer davantage.

    Il nous faut une alternative

    Pour contrer cette menace, nous devons organiser une résistance de masse contre le racisme et le terreau qui lui permet de se développer. À Gand et à Louvain, les plateformes antiracistes ont organisé des manifs bien plus imposantes que celle des racistes. De pareilles contre-actions combattives sont de la plus haute importance pour isoler les plus extrémistes des racistes, mais nous devons aussi prendre à bras le corps le débat concernant le blocage à organiser sur le plan électoral.

    La crise économique et les politiques d’austérité ne servent que les intérêts des plus riches, ce qui entraine une polarisation croissante dans la société. Une véritable alternative au racisme doit être une alternative à la politique capitaliste.

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