Category: Europe

  • A propos de la victoire de Corbyn : position du Socialist Party

    Dans la vidéo ci-dessous, Peter Taaffe, secrétaire général du Socialist Party (parti-frère du PSL en Angleterre et au Pays de Galles) félicite Jeremy Corbyn pour sa victoire et aborde les difficultés auxquelles il va devoir faire face à la tête du parti travailliste.

  • [VIDEO] Hannah Sell concernant la victoire de Jeremy Corbyn

    Avec 59,5% des voix, le candidat de gauche anti-austérité Jeremy Corbyn a remporté les élections pour la présidence du parti travailliste. Les choses ne vont pas en rester là. L'appareil du parti travailliste n'acceptera pas de nouveau cours à gauche et fera tout pour récupérer Corbyn ou pour saboter son travail. Il sera crucial de structurer le large soutien dont il a bénéficier durant sa campagne pour construire, au côté des socialistes et des syndicalistes qui ne sont pas membres du parti travailliste, un large et fort mouvement anti-austérité.

  • [VIDEO] Peter Taaffe au sujet de la crise politique en Europe, de Syriza à Corbyn

    Lors d'un camp d'été régional du Socialist Party, Peter Taaffe a parlé de la situation politique en Europe avec un accent particulier sur la Grèce et sur la percée de Jeremy Corbyn dans sa campagne pour la direction du parti travailliste en Grande-Bretagne.

  • Une nouvelle fraction d'extrême droite au Parlement Européen

    Après plusieurs tentatives ratées, Marine Le Pen a annoncé en juin dernier la création d'une fraction d'extrême droite au Parlement européen : «l'Europe des Nations et libertés».

    Article de Tanja Niemeier

    Ce nouveau groupe est présidé par Marine Le Pen du Front National français et Marcel de Graaf du PVV, parti anti-immigrés et islamophobe des Pays-Bas. Cette fraction réunit des parlementaires du FN et du PVV mais aussi de la Ligue du Nord (Italie), du FPÖ (Autriche) et du Vlaams Belang (Belgique). Des négociations avaient déjà eu lieu pour constituer un groupe politique, sans parvenir à obtenir des élus de sept Etats membres de l’UE, une exigence à satisfaire pour être reconnu comme groupe politique au Parlement européen.

    Finalement, ils ont été rejoints par Janice Atkinson, élues sur les listes de l’UKIP britannique mais qui a quitté l’EFDD (Europe de la liberté et de la démocratie directe), qui se compose principalement de membres de l’UKIP et du Mouvement des cinq étoiles (Italie). Outre Atkinson la nouvelle fraction d’extrême droite a aussi attiré deux députés polonais, deux élus du Congrès pour la Nouvelle Droite (KNP), Michal Marusik et Stanislav Zoltek.

    Divers commentateurs ont suggéré que la constitution de cette nouvelle fraction est devenue possible après l’ouverture du conflit entre Marine et Jean-Marie Le Pen et la perspective de l’exclusion de ce dernier. Marine Le Pen tente de débarrasser le FN des éléments les plus ouvertement racistes, xénophobes et antisémites.

    Le dirigeant du PVV Geert Wilders est l’un des fondateurs de ce groupe parlementaire. Selon lui, la naissance de «l’Europe des nations et des Libertés» représente une étape historique et un point de départ pour être «maître de nos propres lois et ressources et à un moment où un million de personnes sont en attente à la frontière de l’Europe».

    La création de ce nouveau groupe politique est l’expression d’une polarisation croissante en Europe. Les politiques d’austérité imposées par la Troïka et soutenues par les principaux groupes politiques du Parlement européen font en sorte que la confiance dans l’UE est à un point historiquement bas, très certainement dans les pays durement touchés par la crise. En partie à cause de la faiblesse de la gauche en Europe, la répulsion croissante contre les politiques néolibérales de l’UE n’a pas encore d’expression politique claire sur une base de classe à travers l’Europe.

    Lors de la conférence de presse où fut annoncée la création du groupe parlementaire, les couches ciblées étaient très significatives. Marine Le Pen, qui représente au sein du groupe parlementaire le plus grand nombre de députés (36) avec le FN, a affirmé défendre les intérêts des gens ordinaires, des travailleurs et des agriculteurs victimes de la mondialisation et ayant perdu leur indépendance du fait des mesures économiques décidées par l’UE. Le Pen s’est prononcée contre l’accord de libre-échange TTIP (le Traité Transatlantique) et a vivement critiqué la grande coalition de chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates au pouvoir au Parlement Européen.

    Cependant, il est clair qu’aucun parti de ce groupe politique ne défend réellement les intérêts des travailleurs. Il suffit de penser à Janice Atkinson, virée de l’UKIP pour accusations de fraude et qui a déclaré à cette même conférence de presse que les deux femmes qui l’inspirent le plus sont Margaret Thatcher et Marine Le Pen. La catastrophe sociale que Thatcher a causée parmi les travailleurs et les pauvres en Grande-Bretagne est bien connue…

    Ce groupe parlementaire doit percevoir 17,5 millions d’euros de fonds publics pour les quatre années restantes de la législature. En outre, ses membres reçoivent plus de temps de parole et ont ainsi obtenu un profil politique plus élevé. Tout cela pour la promotion d’une propagande raciste, nationaliste et anti-immigrés. Cela représente une menace pour l’unité des travailleurs, des migrants et des réfugiés plus particulièrement. Ce renforcement de l’extrême droite pourrait encourager la violence raciste et fasciste. Fin mai, à Bruxelles, une action de sans-papiers avait été attaquée par des militants d’extrême-droite alors qu’ils protestaient contre la politique d’asile antisociale devant le Parlement européen. Quelques jours plus tard, des néo-nazis du même groupuscule francophone («Nation») s’en ont tabassé un sans-abri en marge d’une mobilisation de sans-papiers et de militants antifascistes qui faisait suite à leur précédente provocation.

    Il reste encore à voir si ce groupe parlementaire pourra rester stable. Mais il n’est pas exclu que d’autres élus le rejoigne. Lors de la conférence de presse déjà mentionnée, un appel direct a été laAffiche_antifa_LePenncé vers d’autres députés de l’UKIP frustrés.

    Le fait que l’extrême droite ait été capable de constituer un groupe constitue un sérieux avertissement pour la gauche. Si celle-ci ne peut pas fournir de réponse claire et cohérente contre la politique d’austérité, l’extrême droite peut alors en profiter. Le rejet des institutions capitalistes et néolibérales de l’UE et de l’establishment politique européen doit faire partie intégrante de cette riposte, aux côtés d’une perspective internationaliste et militante basée sur un programme de rupture avec la logique des marchés et du capitalisme. Cela est d’autant plus important aujourd’hui.


    Manifestation contre la venue de Marine Le Pen à Bruxelles. STOP au meeting raciste du Vlaams Belang !

    MANIFESTATION ce mardi 15 septembre, à 19h, Madou, Place Surlet de Chokier, à Bruxelles.

    => Évènement Facebook

    => Tract de mobilisation en version PDF

    =>Affiche en format PDF

    Cette manifestation est à l’initiative des Étudiants de Gauche Actifs et de la campagne antifasciste Blokbuster avec le soutien de : Association Joseph Jacquemotte, CADTM – Belgique, Collectif Antifascisti Bruxelles, FEWLA, FAF (Front AntiFasciste), Initiative Solidarité avec la Grèce qui résiste, Jeunes FGTB-Charleroi, JOC-Bruxelles, Mouvement Anti-FN (France), PSL-LSP, Syndicalisten TEGEN Fascisme/Syndicalistes contre le Fascisme, USE – Jeunes FGTB,…

    Pour signer cet appel, contactez-nous via boris@socialisme.be

  • Autriche. Solidarité massive avec les réfugiés

    Il y a quelques jours, 71 réfugiés ont été retrouvés morts dans un camion au sud de l'Autriche. Hier, environ 25.000 personnes ont manifesté à Viennes et ailleurs en solidarité avec les réfugiés et pour contester l'Europe-Forteresse. Au même moment, environ 1000 réfugiés sont arrivés en Autriche via la Hongrie pour essayer de traverser le pays afin d'arriver en Allemagne. Spontanément, des centaines de personnes ont accueilli les réfugiés à la gare, en achetant notamment tout ce que contenait le supermarché local afin de leur offrir nourriture, eau, médicaments et jouets pour les enfants. Les cheminots ont organisé un train pour les réfugiés, un grand restaurant a ouvert ses portes et offert des places où dormir à ceux qui étaient trop fatigués pour continuer leur route directement. Des frontières ont été franchies et des lois ont été brisées sous la pression de la solidarité.

    Nos camarades du SLP, Sozialistische LinksPartei (section autrichienne du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL) étaient présents à la manifestation de Viennes avec une délégation combattive qui avait notamment pour slogan : "Que les réfugiés restent, exproprions les riches!"

    L'énorme sentiment de solidarité qui existe parmi la population ordinaire s'est reflété dans l'assistance immédiate qui a été fournie aux réfugiés lors de ces évènements et d'autres. La politique du gouvernement ou la rhétorique raciste de l'extrême droite, notamment, ne font visiblement pas l’unanimité dans la population. Il ne faut pas bien entendu nier l'impact de la politique de division semée par l'extrême droite, mais en organisant concrètement la solidarité avec les réfugiés, une image différente est clairement montrée : celle de l'unité entre les opprimés et de la solidarité avec ceux qui en ont besoin. Il est d'ailleurs à noter qu'alors que le gouvernement ne parvient pas à aider les réfugiés – il ne reste de moyens que pour les banquiers – la population ordinaire refuse de rester inactive face à la catastrophe humanitaire et s'engage dans le soutien des autres être humains.

    Le 3 octobre, une nouvelle grande manifestation est prévue en Autriche. Pour faire de cette manifestation un succès, il faut bien sûr mobiliser parmi les réfugiés mais aussi dans les écoles, particulièrement là où de jeunes réfugiés sont scolarisés, de même que dans les quartiers et sur les lieux de travail. Assurer que la mobilisation soit la plus large possible est d'une aide cruciale pour permettre de limiter l'espace pour la rhétorique de droite.

    A notre avis, il faut insister sur le lien à faire entre la crise des réfugiés et la résistance nécessaire contre le capitalisme, dont le fonctionnement même conduit directement tant à l'austérité qu'au drame qu'endurent les réfugiés.slp01

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  • Grande-Bretagne : L'insurrection Corbyn

    jerem_corbynQuel que soit le résultat des élections pour la présidence du Parti Travailliste, la campagne de Jeremy Corbyn a déjà changé la scène politique britannique. La propriété publique d’entreprises, un système d’éducation gratuite, la défense des droits syndicaux, la résistance des conseils municipaux aux coupes budgétaires : tout cela est à nouveau sur le tapis. Même si les références explicites à cela ont été réduites au silence durant la campagne, le gros mot qui commence par un S (Socialisme) lui-même est maintenant de retour dans le débat politique.

    Editorial de Socialism Today, Magazine du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles), édition de septembre 2015

    Mais cela ne signifierait-il pas que la transformation du Labour Party (le Parti Travailliste) en New Labour, un parti capitaliste «normal» de plus, a été inversée ? D’après le parlementaire Michael Meacher (ministre du gouvernement travailliste entre 1974 et 1979 et à nouveau sous Blair de 1997 à 2003), qui soutient la campagne de Corbyn, c’est «le plus grand bouleversement non-révolutionnaire de l’ordre social dans la politique britannique moderne. Après 20 ans de fanfaronnades capitalistes, les gens ont dit «assez» et le Labour en revient maintenant à ses valeurs et principes réels.» (The Guardian, 13 août)

    La transformation du Labour (dont Margaret Thatcher disait qu’il s’agissait de sa plus grande réussite) ne s’est cependant pas faite d’une fois. Ce fut un processus qui a pris place dans le contexte mondial du triomphe du capitalisme après l’effondrement des Etats staliniens de Russie et d’Europe orientale au début des années 1990. Ce processus fut tant idéologique qu’organisationnel, il a déraciné les idées socialistes et a détruit les structures démocratiques du Labour Party qui permettaient à la classe organisée des travailleurs, via les syndicats tout particulièrement, de lutter pour leur influence au sein du parti. L’insurrection de Corbyn est en effet un mouvement contre le «capitalisme fanfaron», mais le «nouvel ordre social» des deux dernières décennies qui a supprimé l’élément de représentation indépendante de la classe des travailleurs au sein du Labour Party ne va pas être renversé aussi facilement.

    En 1995, Tony Blair a aboli l’engagement historique du Labour, la Clause Quatre des règles du parti, en remplaçant «la propriété commune des moyens de production, de distribution et d’échange» par une ode à la dynamique «initiative du marché et la rigueur de la concurrence». Il ne s’agissait pas là que de symbolisme. La Clause Quatre résumait les intérêts collectifs de la classe des travailleurs à lutter pour une nouvelle forme de société – le socialisme – en opposition au système de marché capitaliste.

    D’un autre côté, l’affiliation syndicale (quand elle est démocratiquement exercée par les membres du syndicat) sauvegardait la capacité potentielle de la classe des travailleurs à contrôler ses représentants politiques (le Labour a été fondé par les syndicats en 1900, un syndicat peut choisir de s’affilier au parti et paye alors des cotisations, NdT). Ce sont ces caractéristiques qui définissaient le Labour Party par le passé en tant que «parti capitaliste des travailleurs», avec au sommet une direction qui reflétait invariablement la politique de la classe capitaliste mais avec une base idéologique de parti socialiste et une structure que les travailleurs pouvaient utiliser pour remettre en question la direction et menacer les intérêts des capitalistes.

    Mais le rôle collectif des syndicats a aussi été systématiquement effacé, en commençant par l’introduction en 1994 des règles de «un membre, un vote» pour la sélection des candidats. Auparavant, les sections syndicales envoyaient des délégués aux sections locales du Labour Party, aux côtés des représentants locaux du parti, pour débattre, décider de la politique et choisir les candidats. C’est ainsi que des parlementaires de Militant (l’ancêtre du Socialist Party à l’époque où ses membres constituaient l’aile marxiste du parti), Dave Nellist (à présent président de la TUSC, coalition des syndicalistes et socialistes) et les regrettés Terry Fields et Pat Wall, ont pu être choisis comme candidats du Labour dans les années ‘80. Les structures démocratiques – la démocratie représentative participative – assuraient que les sections de masse du parti comme à Liverpool et Coventry étaient en effet des «parlements du mouvement ouvrier» locaux. Le New Labour, au contraire, reposait sur une base majoritairement passive.

    Ironiquement en considérant ce qui se produit aujourd’hui, ce processus a culminé avec l’introduction du système d’élection de la direction du Labour actuel (des primaires dans le style américain), qui faisait partie des «réformes Collins» qu’Ed Miliband a faites passer lors d’une conférence spéciale du Labour de deux heures en mars 2014. Les syndicalistes devaient dorénavant s’inscrire comme «membres affiliés» pour voter, aux côtés d’une nouvelle catégorie de «sympathisants enregistrés».

    L’ancien parlementaire Peter Hain se lamente à présent de l’aboutissement de cet «élargissement du droit de vote» (The Guardian, 12 août) avec le déferlement de partisans de Corbyn extérieurs au Labour qui s’enregistrent maintenant pour participer au vote. Pourtant, Hain est à l’origine de cette idée, dans son rapport sur la refondation du Labour en 2011, après qu’il se soit rendu compte que le parti «fonctionne à peine (…) Le militantisme parmi les membres du Labour a diminué». Judicieusement (en se demandant «trop de sections locales sont-elles moribondes?»), il a noté que «alors qu’il y avait de nombreux militants syndicalistes dans presque toutes les sections locales, ils sont maintenant très rares (…) les tâches organisationnelles effectuées auparavant par des volontaires sont maintenant faites par des parlementaires et des conseillers.»

    Ces changements qualitatifs du caractère du Labour ne seront pas facilement inversés, mêmes si Jeremy Corbyn l’emporte. Il ferait face à une révolte ouverte – le temps que cela prendrait dépendrait de l’ampleur de sa victoire – de la part de la droite pro-capitaliste qui domine le groupe parlementaire du Labour, les groupes du parti dans les conseils municipaux et la machine même du Labour. Ils feront tout pour saboter sa direction.

    C’est pourquoi il aurait besoin de mobiliser le maximum de soutien de la part du mouvement des travailleurs, dans le but même de retourner aux structures fondatrices du Labour Party : des partis politiques socialistes distincts se coalisant avec les syndicats et les mouvements sociaux comme le mouvement des Suffragettes. Une tâche immédiate serait d’organiser une conférence de tous ceux qui ont voté pour lui, plus les nombreux syndicats (y compris les syndicats qui ne sont pas affiliés au Labour comme le RMT, le PCS, le POA et le FBU) et les partis politiques comme ceux qui sont impliqués dans la TUSC (Coalition des socialistes et des syndicalistes), qui soutiennent un programme de lutte anti-austérité.

    La TUSC a été co-fondée en 2010 par Bob Crow (dirigeant du syndicat RMT) – le Socialist Party (parti-frère du PSL en Angleterre et au Pays de Galles) y jouant un rôle dirigeant – pour défendre le développement d’un nouveau parti des travailleurs capable de combler le manque de représentation politique indépendante de la classe des travailleur, ce vide ayant été créé par la transformation du Labour Party. Son existence en elle-même a aidé Jeremy Corbyn à se présenter, par exemple, par la décision du comité exécutif national d’UNITE, un syndicat affilié au Labour Party, de nominer Jeremy Corbyn plutôt qu’Andy Burnham. Cette décision était en partie motivée par la volonté de contrer le soutien grandissant des membres de la TUSC en campagne au sein du syndicat.

    Si Jeremy Corbyn remporte l’élection pour la direction du parti travailliste le 12 septembre prochain et s’il mobilise au travers d’une campagne de masse pour vaincre les forces capitalistes organisées qui dominent toujours le Labour, ce serait un pas de géant vers la création d’un nouveau parti des travailleurs à partir des cendres du New Labour. Bien sûr, la même opportunité de construire un nouveau parti existe toujours s’il perd, mais alors en-dehors des contraintes des structures sclérosées du Labour.

    Sous cet angle, l’insurrection de Corbyn a démontré le potentiel qui existe pour construire une représentation de la classe des travailleurs ainsi que les forces du socialisme dans la nouvelle période mouvementée qui se trouve face à nous.

    Le nombre de membres du Labour

    Le nombre officiel de membres du Labour pour 2014 – communiqué par la Commission Electorale en août – est de 193.754 à la fin de l’année dernière. A la fin de l’année 2009, le nombre de membres était de 156.205, montant à 193.261 après les élections de 2010. Ainsi donc, après 4 ans d’une opposition légère à l’austérité, le Labour est entré dans l’année 2015 avec un nombre de membres tout à fait stagnant.

    Cela a changé avec la campagne électorale pour l’élection de la direction. Le nombre officiel de membres, y-compris ceux qui paient le taux étudiant de 1£ par an, est monté à 299.755. A cela s’ajoutent encore 189.703 cotisants de syndicats affiliés qui se sont inscrits (gratuitement) pour l’élection de la direction en tant que «membres affiliés individuels» et 121.295 autres qui ont payé 3£ pour être «sympathisants enregistrés».

    Si Jeremy Corbyn devient dirigeant du Labour, cela créera une situation complètement nouvelle dans la politique britannique. Mais s’il ne gagne pas, les changements qualificatifs du caractère du Labour ces deux dernières décennies, qui ont bloqué les voies de la participation démocratiques, rendent improbable que cet afflux de membres continue. D’une façon ou d’une autre, la tâche sera d’organiser les forces qui ont été libérées par la campagne de Corbyn pour lutter contre les politiciens capitalistes de tous les partis, y compris dans les urnes.

  • [INTERVIEW] Grèce : Que défend “l'Unité Populaire”?

    [INTERVIEW] Grèce : Que défend “l'Unité Populaire”?

    Une nouvelle force de gauche lancée à la suite de la trahison de Tsipras

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    Andros Payiatsos

    Interview d’Andros Payiatsos, (Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière), par Lucy Redler, (SAV, section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière).

    En complément d’information, nous vous invitons également à lire : “Grèce : La classe des travailleurs ne va pas arrêter de lutter”

    Après que 43 députés de SYRIZA (sur 149) aient refusé de soutenir le troisième mémorandum (un nouvel ensemble de mesures d’austérité) à la mi-août, Alexis Tsipras a démissionné de son poste de premier ministre. Son idée était de renforcer son soutien avec de nouvelles élections. De nombreux Grecs soutiennent encore le gouvernement, les nouvelles mesures antisociales incluses dans le mémorandum ne devant faire ressentir leurs effets qu’à l’automne. Directement après cette annonce, 25 députés, membres de la «Plate-forme de gauche» du parti pour la plupart, ont rompu avec SYRIZA pour former «l’Unité Populaire» (Laiki Enotita). Cette nouvelle force est soutenue par nos camarades grecs de Xekinima. L’entretien suivant donne la parole à Andros Payiatsos, secrétaire général de Xekinima.

    Que défend “Unité Populaire”?

    Unitepopulaire«l’Unité Populaire» est une réflexion de l’état actuel de la conscience de classe qui évolue rapidement en Grèce. Au cours de ces trois ou quatre dernières années, le soutien à SYRIZA a massivement augmenté : de 3-4% à 36% aux élections de janvier 2015. Après la trahison de la direction de SYRIZA le 12 juillet, une scission est apparue au sein du parti. De nombreux membres de la base du parti lui ont tourné le dos. «L’Unité Populaire» est une nouvelle formation créée à la gauche de SYRIZA.

    Son message central est le rejet de de la trahison de SYRIZA envers son programme électoral et ses principes de gauche afin de rester dans la zone euro. Cette question de la position à adopter à l’égard de la zone euro est une question centrale pour «l’Unité Populaire» et sa position est très claire: nous avons besoin d’un programme de défense des intérêts des travailleurs. Si cela doit conduire à sortir de l’euro, alors nous devons le faire sans hésiter. «l’Unité populaire» défend dont une rupture avec la zone euro. Il ne s’agit cependant pas d’une formation nationaliste ralliée autour d’un programme de «retour à la drachme».

    Le programme actuellement discuté par «l’Unité Populaire» est un programme anticapitaliste. Il appelle à l’annulation de la dette, à la nationalisation du système bancaire et à la prise sous propriété publique des secteurs-clés de l’économie. Il soulève également la question du contrôle et de la gestion de l’économie et de la société par les travailleurs et reprend l’idée d’une économie planifiée afin de développer celle-ci avec un accent particulier sur l’agriculture, les matières premières et l’industrie. Au lieu d’orienter l’économie vers les services et, surtout, le tourisme, comme ce fut le cas par le passé, «l’Unité populaire» veut se concentrer davantage sur la production de produits réels.

    Quelles organisations se trouvent parmi les fondateurs?

    «L’Unité Populaire» a à l’origine été créé par les forces regroupées autour de la «Plate-forme de gauche» (de SYRIZA); de quatre autres forces issues de «l’Initiative des 1000» dont Xekinima, de deux groupes originaires du KKE (le Parti communiste grec), de la «Gauche Socialiste – DIKKI» et de trois groupes issus d’Antarysa bien que ne représentant actuellement pas une majorité au sein d’Antarsya.

    Selon l’état actuel des discussions, il ressort déjà nettement que son programme sera beaucoup plus progressiste et plus clair que les programmes précédents de SYRIZA. Il n’y a pas d’ambigüité ou d’éléments sujets à des interprétations différentes, contrairement aux programmes adoptés par SYRIZA dans le passé qui essayaient de trouver un compromis entre les ailes droite et gauche du parti pour un résultat devant satisfaire «tous les goûts ».

    Il est également clair que les revendications développées dans ce programme ne pourront pas être satisfaites au sein de la zone euro. Le retour à une monnaie nationale ne constitue pas une fin en soi, mais est considéré comme un moyen nécessaire pour sortir l’économie de la crise et la mettre ainsi sur le chemin de la croissance tout en l’orientant vers les intérêts de la classe des travailleurs.

    Quel est le potentiel de «l’Unité Populaire» aux élections de septembre?

    Les sondages d’opinion suggèrent qu’il s’agit d’une force importante capable d’atteindre les 7 à 8%. Il n’y a cependant aucune garantie que cela soit le cas, mais cela reflète approximativement son potentiel actuel, cela pourrait même être un pourcentage plus élevé. Ce soutien fait écho à celui de SYRIZA, qui a baissé de façon similaire. Il est également important de noter que beaucoup de gens n’iront pas voter. Il est probable que les abstentionnistes constituent le plus grand «parti», en raison de la démoralisation massive qui a pris place.

    “L’Unité Populaire” endommage-t-elle les perspectives électorales d’Aube Dorée ?

    Je pense que oui. Il est très important que «l’Unité Populaire» se soit développé pour prendre part aux élections. Si cela ne s’était pas produit, Aube Dorée aurait certainement profité de de la trahison de SYRIZA. Nous nous attendons à ce qu’Aube Dorée augmente son soutien électoral avec cette élection, mais cette hausse aurait été beaucoup plus grande si «l’Unité Populaire » n’avait pas été lancé.

    Il y aura-t-il des sections locales de «l’Unité Populaire»?

    Pour le moment, il n’y a pas de sections locales. «Unité populaire» est une alliance de différentes organisations sans section, ni adhésion individuelle, ni structures propres. Ceci est partiellement dû au fait qu’il s’agit d’une très jeune formation. Xekinima défend la création de sections locales et le lancement d’un appel ouvert aux travailleurs et aux jeunes pour rejoindre l’initiative sur base d’adhésions individuelles, afin que le plus de personnes possible puissent y participer. Inutile de dire que la construction d’un régime interne et de structures démocratiques est cruciale pour l’avenir de «l’Unité Populaire».

    Xekinima participe à cette formation, mais aussi à «l’initiative du 17 juillet». Pourquoi ?

    C’est vrai. «L’initiative du 17 juillet» a vu le jour le mois dernier, avant la fondation de «l’Unité Populaire» et s’est développée comme un appel à la création d’une nouvelle force de gauche. Sur base de cet appel et d’un programme très radical, «l’initiative du 17 juillet» a attiré un certain nombre de forces différentes. Un mois plus tard environ, «l’Unité Populaire» a été constituée, mais la plupart des forces impliquées dans «l’initiative du 17 juillet» ne sont pas prêtes à rejoindre. Elles proviennent d’horizons politiques différents, sont prêtes à électoralement soutenir «l’Unité Populaire», mais pas à rejoindre.

    Actuellement, SYRIZA connait des démissions en masse, mais tous ces gens ne rejoignent pas «l’Unité Populaire». Le noyau de «l’Unité Populaire» se compose de la Plate-forme de gauche de SYRIZA, qui puise ses origines dans le Parti communiste. La gauche en Grèce est large, et tout le monde ne s’identifie pas à ce courant de la gauche grecque, qui n’a pas une forte tradition de démocratie interne ou d’implication dans les mouvements sociaux.

    Deux autres facteurs expliquent pourquoi certains de ceux qui quittent SYRIZA hésitent à rejoindre «l’Unité Populaire». Il y a tout d’abord une démoralisation massive et une perte générale de confiance envers les formations politiques à la suite de la trahison de Tsipras. Ensuite, certains des principaux membres de «l’Unité Populaire» étaient ministres dans le gouvernement SYRIZA jusqu’à la création de «l’Unité Populaire» et cela suscite des doutes dans l’esprit de certains militants.

    Xekinima participe à «l’Unité Populaire» et fait des suggestions sur la manière dont ce qui jusqu’à présent n’a été qu’une alliance de différentes organisations peut être structuré de manière démocratique, sans être dominé par un groupe, ainsi que sur la manière dont des discussions libres et démocratiques doivent se produire, de même que la possibilité de rejoindre individuellement l’initiative doit être concrétisée. Ce sont d’importantes conditions pour assurer le succès de «l’Unité Populaire». La nouvelle formation doit s’orienter vers les mouvements de la classe des travailleurs afin de les soutenir et d’aider à les développer sur base de son programme. Nous allons maintenir Xekinima en tant qu’organisation révolutionnaire et œuvrer au développement d’une force révolutionnaire de masse à partir de «l’Unité Populaire».

    En Allemagne, des représentants de DIE LINKE (Parti de gauche) tels que Gysi, Riexinger et Kipping se sont rangés du côté de Tsipras. Quelle est la tâche de partis comme Die Linke à l’échelle internationale?

    Dans ces circonstances, soutenir Tsipras est une terrible erreur. Il a changé de camp. En Grèce, la classe dirigeante est soudainement tombée amoureuse de Tsipras. Les médias, sous le contrôle de la classe dirigeante (les armateurs, les banquiers et les grands capitalistes) se tiennent derrière Tsipras et attaquent «l’Unité Populaire».

    La Nouvelle Démocratie (ND), le PASOK et To Potami se disent ouverts à l’idée d’un «gouvernement d’unité nationale» avec Tsipras. En dépit de la propagande de la classe dominante et des espoirs de la direction de SYRIZA, Tsipras ne parviendra probablement pas à avoir un gouvernement majoritaire, de sorte que la possibilité de rejoindre ses ennemis d’hier dans un même gouvernement est très réelle.

    Aujourd’hui, Tsipras instaure des mesures que la Nouvelle Démocratie n’aurait pas osé introduire dans la deuxième partie de l’année 2014, comme le plus grand programme de privatisation de l’histoire du pays. Le gouvernement Tsipras a réduit la pension minimale de 490 à 360 euros par mois, ce que n’avait pas osé faire la Nouvelle Démocratie. En outre, Tsipras a accepté que la moindre loi soit préalablement approuvée par la Troïka. Cela signifie que Tsipras est lié au troisième mémorandum et n’a aucune liberté de faire quoi que ce soit qui puisse aller à l’encontre de la volonté de la Troïka.

    Enfin, Tsipras a balayé de la manière la plus cynique et brutale qui soit chaque aspect de respect de la démocratie tant vis-à-vis de la société dans son ensemble (en ignorant le magnifique et historique «Non» du référendum du 5 juillet) qu’envers son propre parti, en signant le troisième mémorandum et en appelant à des élections anticipées sans laisser le parti avoir le moindre mot à dire. Ni le Comité central, ni le Secrétariat politique du parti n’ont jamais été autorisés à exprimer une opinion tandis que la décision adoptée par le Comité Central CC d’appeler à un congrès d’urgence du parti dans le courant du mois de septembre a simplement été jetée à la poubelle par Tsipras.

    Certains font écho aux arguments du groupe autour de Tsipras et utilisent les chiffres de l’excédent budgétaire primaire pour justifier le mémorandum. C’est également une déception parce que les excédents primaires pour les deux prochaines années seront plus bas (en raison de la pagaille dans laquelle l’économie est à l’heure actuelle) mais, immédiatement après, ils vont augmenter à 3,5% – environ le même chiffre que ce que la Nouvelle Démocratie avait accepté avec le deuxième mémorandum en 2012. Ces arguments veulent nous faire oublier que la dette nationale, après les «réalisations» de Tsipras, va augmenter de 86 milliards d’euros (soit environ 47%) en plus de la dette existante de 180% du PIB.

    Malgré tout cela, les masses grecques continueront de se battre. Mais elles ne peuvent pas mener ce combat toutes seules. Elles ont besoin du soutien des travailleurs en Europe et à l’échelle internationale. Les expériences de la Grèce, contiennent d’autre part de précieuses leçons pour la gauche internationale, en particulier en ce qui concerne la question du genre de programme nécessaire pour sortir un pays de la crise. Seul un programme socialiste peut sauver les gens en Grèce, en Europe et dans l’ensemble de la planète de la barbarie du système capitaliste.

    Glossaire:

    • Antarsya: Coopération anticapitaliste de gauche pour le renversement, alliance de gauche radicale à l’extérieur de SYRIZA
    • Dikki: Gauche Socialiste, une scission du Pasok de 1995 qui participle actuellement à «Unité Populaire».
    • «L’initiative des 1000” : Initiative fondée en novembre 2012 par 1200 signataires en faveur de l’unité de la gauche grecque et d’un gouvernement de gauche sur base d’une rupture anticapitaliste.
    • Initiative du 17 juillet : Cette initiative est née d’une rencontre à Athènes quelques jours après que Tsipras ait accepté le troisième mémorandum, pour lancer un appel visant à la construction d’une nouvelle force de gauche. Xekinima participe à cette initiative. Entre 250 et 300 personnes ont participé à la rencontre initiale.
    • KKE: Parti communiste grec, organisation stalinienne et fortement sectaire.
    • ND: Nouvelle Démocratie, parti bourgeois conservateur qui a dirigé le précédent gouvernement avant la victoire de SYRIZA aux élections de janvier dernier, en coalition avec le Pasok
    • Pasok: Parti social-démocrate grec, fondé en 1974. Il a constitué son premier gouvernement en 1981 après avoir recueilli 48% des voix. En dépit de son programme “de gauche”, il a oeuvré au sein du capitalisme et est maintenant un parti bourgeois qui a massivement perdu son soutien électoral, jusqu’à obtenir moins de 5% aux élections de janvier 2015. Le Pasok a été au gouvernement avec la Nouvelle Démocratie et a soutenu l’austérité.
    • To Potami: “La rivière”, parti bourgeois libéral fondé en 2014.
  • Grèce : La classe des travailleurs ne va pas arrêter de lutter

    Andros Payiatsos: ‘‘Après la capitulation de SYRIZA, il faut faire les premiers pas vers la construction d’une alternative de gauche face à l’austérité et au capitalisme.’’

    andros2Pour Xekinima (section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), dont est membre le PSL), en signant le dernier ‘‘mémorandum’’ avec la Troika, Alexis Tsipras a ‘‘traversé le Rubicon’’. Xekinima a dès lors soutenu l’appel à une ‘‘nouvelle gauche de masse’’ en Grèce, en étant la première organisation de gauche à défendre cette approche. Lucy Redler de Sozialistische Alternative (section allemande du CIO) a réalisé une interview d’Andros Payiatsos, de Xekinima, à ce sujet avant l’annonce de la scission de gauche de SYRIZA. 

    L’ancien ministre de l’Énergie démissionnaire du gouvernement Tsipras, Panayótis Lafazánis, de la Plateforme de Gauche de Syriza, est ainsi à l’initiative de la constitution de l’Unité Populaire (LAE) La nouvelle formation dispose de 25 parlementaires et constitue donc déjà la troisième force politique au parlement. Xekinima, l’organisation-soeur du PSL en Grèce, est activement impliquée dans ce processus (à ce sujet, nous vous invitons à lire notre article : Que défend l’Unité Populaire?).

    Quelle est l’atmosphère parmi les travailleurs et la jeunesse en Grèce ?

    Immédiatement après que Tsipras ait signé le mémorandum, ce que nous avons anticipé suite à sa succession de concessions, nous avons lancé un appel urgent pour l’émergence d’une nouvelle gauche de masse en tant que réponse face à l’immense vide à gauche faisant suite à la trahison du vote massif en faveur du ‘‘non’’ au mémorandum lors du référendum du 5 juillet. 61,5% des gens s’étaient exprimés contre les exigences de la Troïka.

    Premièrement, il fallait offrir à la classe des travailleurs une alternative de gauche. Sans cela, la démoralisation serait massive dans la société. Deuxièmement, faute d’un tel développement, l’espace serait ouvert pour qu’Aube Dorée (extrême droite) se présente comme la seule force ‘‘anti-mémorandum’’ et puisse se développer au point de devenir une très dangereuse menace pour la démocratie et les droits des travailleurs.

    Sur la question de l’atmosphère, il fallait composer entre l’état d’esprit des masses populaires et celui de la couche d’activistes plus politiquement avancée dans les mouvements sociaux, sur le terrain de la lutte des classes et au sein de la gauche, notamment au sein de SYRIZA. La population n’a pas encore compris les effets de ce nouveau mémorandum parce que ces mesures ne sont pas encore concrétisées. La population n’a pas encore traversé cette expérience. C’est pourquoi il y a une espèce d’attitude attentiste de même que le sentiment que Tsipras a ‘‘fait de son mieux’’ contre la Troïka.

    Le soutien à SYRIZA est toutefois en train de chuter dans les sondages. Un sondage réalisé deux semaines après que le mémorandum a été signé a montré une chute de presque 5 pourcents. Les masses comprendront la pleine signification du marché conclu entre SYRIZA et la Troïka en septembre et octobre, quand les nouvelles mesures d’austérité se feront sentir dans la vie de tous les jours.

    Au même moment, dans la gauche de SYRIZA et chez les activistes de gauche, le choc est sans précédent. Des milliers de membres du parti qui n’avaient jamais imaginé que SYRIZA puisse approuver le nouveau mémorandum, avaient toujours assuré à leurs collègues de travail, leurs camarades et leurs connaissance que SYRIZA ne signerait jamais quoi que ce soit de similaire avec ce que le Pasok (social-démocratie) et la Nouvelle Démocratie (droite officielle) avaient accepté quand ils étaient au gouvernement. Des milliers d’activistes se sont donc sentis trahis et honteux. Certains n’ont pas osé sortir de leurs maisons plusieurs jours durant ou bien voir leurs amis. Des milliers de sympathisants et d’activistes ont pleuré pendant des jours.

    La seule manière d’apprendre de ses erreurs et de ne pas être démoralisé par les événements est de tirer les conclusions de la défaite et d’aller de l’avant pour construire une nouvelle force de gauche dont le programme vise à renverser le système capitaliste et l’élite de la zone euro.

    Cet appel pour une ‘‘nouvelle gauche’’ a-t-il trouvé un écho chez les activistes ?

    Avec d’autres camarades et divers groupes de gauche, nous avons pris l’initiative d’appeler une assemblée publique à Athènes le 17 juillet. Nous avons eu 2 jours de mobilisation pour cet événement mais, malgré cette courte mobilisation, l’assemblée a réuni de 250 à 300 personnes représentant une douzaine de groupes de gauche environ, y compris des tendances de gauche au sein de SYRIZA. Cette initiative a ensuite été appelée ‘‘l’initiative du 17 juillet’’.

    Quel est le programme de cette initiative ?

    Au travers de l’expérience de ces cinq dernières années de crise et des politiques de la Troïka, les diverses sections de la gauche radicale grecque sont, en général, parvenues à une conclusion très similaire sur l’urgence d’un ‘‘programme de transition’’ de rupture avec le système capitaliste et l’Union européenne. Les points suivants font consensus:
    1. Refus de payer la dette souveraine.
    2. Nationalisation des banques.
    3. Instauration d’un contrôle public sur le capital et sur le commerce extérieur.
    4. Sortie de l’euro et instauration d’une monnaie nationale.
    5. Nationalisation de toutes les entreprises qui ont fermé ou qui ont saboté l’économie pour les placer sous le contrôle des travailleurs.
    6. Nationalisation des secteurs-clés de l’économie pour les placer sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité, afin de démocratiser le processus de production ainsi que la distribution des biens.

    Il est important de lier la lutte des travailleurs grecs à celles des travailleurs de toute l’Europe contre l’austérité et le capitalisme.

    Que reste-t-il de l’économie grecque ?

    Il est vrai que la Grèce est passée par un processus de désindustrialisation ces dernières années. Mais 30% du PIB du pays dépend toujours des exportations. Il est vrai que le tourisme représente une bonne partie de l’économie, de même que la production agraire et le secteur de l’extraction de minerais. Mais la plus grande partie des exportations provient des usines. Bien sûr, nous n’avons pas les mêmes gigantesques entreprises et les sociétés pharmaceutiques qui existent ailleurs en Europe, mais les exportations industrielles restent, malgré la désindustrialisation et la politique de l’Union européenne, une part significative de l’économie grecque. Le potentiel est immense pour une planification de l’économie.

    De quelle manière l’initiative de ‘‘l’initiative du 17 juillet’’ est liée aux développements prenant place parmi la gauche de SYRIZA ?

    À travers l’initiative du 17 juillet, nous essayons d’établir un pont entre la gauche de SYRIZA, de grandes sections d’Antarsya [la gauche anticapitaliste] et ceux qui comprennent la nécessité d’une action unitaire et de la construction d’une nouvelle formation de gauche de masse comme nous-même (Xekinima) ou encore ‘‘l’initiative des 1000’’ (dans laquelle sont actifs plusieurs groupes de gauche). Nous tenons des meetings et des débats communs ayant pour but de préparer le terrain.

    Un débat fait rage dans SYRIZA concernant le prochain Congrès du parti. La gauche – et particulièrement la plateforme de gauche de SYRIZA – a demandé à la direction du parti la tenue d’un Congrès national. Alexis Tsipras, sous la pression de la base, a appelé la tenue d’un Congrès en septembre.

    Que va-t-il se passer au congrès de SYRIZA? Pensez-vous qu’un schisme est possible ?

    Nous pensons que SYRIZA se dirige vers une scission. Notre position est que si SYRIZA reste ‘‘uni’’ après la capitulation face à la Troïka au nom de ‘‘l’unité du parti’’, cela représentera une double défaite. La gauche de SYRIZA est en train de se battre pour gagner la majorité du parti à son point de vue. C’est certain. Cependant, les possibilités que cette stratégie soit couronnée de succès sont extrêmement faibles. Nous avons appelé la gauche de SYRIZA à lier leur combat pour une majorité au prochain Congrès à l’exigence d’un changement de direction, ce qu’ils n’ont pas encore fait.

    Si la gauche de SYRIZA perd, le résultat le plus probable, nous pensons qu’elle doit quitter le parti et rejoindre les forces externes à SYRIZA pour créer un nouveau parti de gauche. Un tel parti aurait immédiatement suffisamment de forces pour entrer au parlement.

    Est-ce que cela signifie que ‘‘l’initiative du 17 juillet’’ doit attendre après ces développements dans SYRIZA ?

    Non, des forces de gauche en dehors de SYRIZA ont compris l’urgence de créer une nouvelle formation de gauche et ne vont pas attendre ce qui se passera à l’intérieur de SYRIZA. Si au moins 8 à 10 groupes indépendants en dehors de Syriza appellent à la constitution d’une nouvelle formation de gauche en se basant sur une approche de front unique, cela aurait un effet significatif sur les développements à l’œuvre au sein de SYRIZA.

    D’autre part, de nombreux sympathisants, partisans et même membres de SYRIZA tournent déjà le dos au parti et il est urgent de leur offrir une alternative.

    À travers l’activité de Xekinima dans la période passée, nous avons déjà pu construire des fronts unitaires dans diverses collectivités locales et villes du pays.

    Quelles sont les réactions face à ces alliances locales de gauche ?

    Elles sont excellentes. Ces initiatives ont attiré certains des meilleurs éléments des mouvements sociaux et de la lutte de classe ainsi que diverses sections de la gauche, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de SYRIZA. Pour donner un exemple, à Volos, une ville de moins de 150.000 habitants, l’initiative a attiré toutes les couches sociales militantes. Tous les meetings publics ont attiré plus de 100 personnes, ce qui est plutôt grand pour une ville de cette taille. En comparaison, un meeting de SYRIZA (sans présence de Tsipras) attire 150 voire 200 personnes (avant que SYRIZA ne perde son aura anti-austérité).

    Nous avons besoin d’une nouvelle gauche. Ces alliances locales unitaires et l’initiative du 17 juillet peuvent servir à faire un effet de levier pour construire quelque chose de plus grand dans un proche avenir.

    J’aimerais aussi mentionner que la jeunesse de SYRIZA pourrait jouer un rôle majeur dans le processus de développement d’une nouvelle gauche. Ils ont publié un article contre le mémorandum et étaient présents au meeting de l’initiative du 17 juillet. Leur rôle ne devrait pas être sous-estimé parce que la jeunesse était le bastion de Tsipras auparavant.

    Quelle est l’approche du KKE (le Parti Communiste Grec) ?

    Malheureusement, le KKE refuse de faire partie de ce processus. Ils n’ont pas eu la force de réorganiser la carte de la gauche en Grèce. Ils se présentent simplement comme la seule véritable force révolutionnaire et refusent de collaborer de quelque manière que ce soit avec une autre organisation de gauche. Mais le KKE dispose toujours d’une base électorale importante. Puisque chaque opinion divergente est sujette à l’exclusion du parti, une nouvelle formation n’aurait pas véritablement d’effet sur les forces organisées du parti. Mais cela aurait définitivement un effet sur l’électorat du KKE.

    Quant à Antarsya, cette organisation ne représente pas de solution puisque les principaux développements de la gauche Grecque prendront place autour des forces internes à SYRIZA ou celles qui ont une approche de ‘‘front uni’’ envers la base et la gauche de SYRIZA. Antarsya connait une crise. Une énorme section de celle-ci, autour de 40%, est d’accord avec la proposition de s’organiser autour des ‘‘comités du non’’ mis en place durant la campagne pour le référendum. Il faut le faire mais ce n’est pas suffisant. Ce dont nous avons besoin, urgemment, c’est d’une nouvelle force politique pour occuper le vide politique consécutif au référendum.

    La construction de cette initiative de gauche sera-t-elle liée à la tenue d’élections anticipées?

    Nous n’avons pas un temps illimité pour développer cette initiative parce que des élections se tiendront très certainement à l’automne. Une nouvelle formation de gauche de masse doit être capable de s’y présenter avec la gauche de SYRIZA. Il est important que la gauche de SYRIZA fasse partie de ce processus. L’idée de Tsipras avec des élections anticipées est de se débarrasser des députés de son aile gauche. Tsipras peut le faire car la Constitution grecque l’y autorise. Si des élections anticipées ont lieu jusqu’à 18 mois après les élections précédentes, les candidats sont déterminés par les dirigeants de partis. Cela signifie que des élections anticipées pourraient probablement accélérer le processus d’une scission à l’intérieur de SYRIZA puisque les députés les plus radicaux savent qu’ils ne seront pas placés en position éligible.

    Que représente encore le danger d’Aube Dorée, le parti néofasciste ?

    Après la capitulation de Tsipras, la seule force qui semble prendre une posture ‘‘anti-mémorandum’’ est Aube Dorée qui, en dépit du fait que sa direction est en procès, reste le troisième parti au parlement.
    C’est le cas car les choses ont empiré suite aux politiques sectaires du KKE et de la majorité d’Antarsya, qui s’isolent eux-mêmes de la conscience générale dans la société et échouent à répondre aux nécessités concrètes dictées par l’urgence de la situation. En raison de cette approche, le KKE et Antarsya ne peuvent pas remplir le vide politique qui existe suite à la capitulation de la direction de SYRIZA.

    Nous avons besoin d’une nouvelle initiative unitaire. Cela peut passer par diverses étapes, en unissant différentes forces mais, à la fin, cela doit conduire à la création d’une gauche radicale de masse basée sur un programme socialiste.

    Aube Dorée, à notre avis, est déjà en train de gagner du terrain. Ce sera encore plus le cas une fois que les mesures de ce troisième mémorandum d’austérité commenceront à avoir un impact concret sur la vie des travailleurs grecs, à partir de septembre.

    Existe-t-il une raison pour être optimiste après cette défaite ?

    Il n’y a pas de ‘‘défaite finale’’ de la classe des travailleurs grecs dans la période historique présente. Le potentiel de cette dernière est toujours d’actualité. La classe des travailleurs grecque a montré qu’elle peut retourner au combat encore et encore. Ceci a aussi été démontré par les développements récents autour du référendum. Personne n’avait espéré ce résultat incroyable de 61,5% de ‘‘non’’.

    Si nous sommes en mesure, dans la prochaine période, de construire une nouvelle gauche de masse en Grèce, sur base du programme mentionné ci-dessus (et qui a quelques possibilités sérieuses de succès) alors nous pouvons être entièrement certains que la classe ouvrière grecque sera de retour et pourra faire un retour étonnant.

  • Vers un nouveau parti unitaire de gauche radicale en Grèce

    lafazanis1

    Début août, l’île grecque de Thassos a accueilli le camp jeunes organisé par Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le Racisme en Europe), la campagne antifasciste et anticapitaliste de Xekinima, notre organisation-sœur grecque. Comme d’habitude, une petite délégation de militants belges était également présente.

    Rapport de Mathias (Gand)

    griekskamp1-300x225Ce 22e camp d’été antifasciste fut parmi les plus couronnés de succès. L’évènement a pris place à la suite d’une période fort intense et agitée avec la campagne pour le référendum sur le mémorandum de la Troïka ce à quoi ont succédé les discussions portant sur la nécessaire construction d’une nouvelle opposition de gauche contre la politique d’austérité acceptée par le gouvernement Tsipras. La participation au camp fut exceptionnelle : plus de 500 militants ont en effet assisté aux discussions parmi lesquels de nombreux syndicalistes issus de dizaines de syndicats différents ainsi que divers dirigeants de mouvements sociaux, au milieu d’une petite foule de jeunes et de travailleurs. 25 orateurs internationaux étaient également de la partie, dont le député irlandais Paul Murphy (Socialist Party, organisation-sœur irlandaise du PSL) ou encore Victor Egio, un conseiller municipal de gauche espagnol.

    Si la détente n’a pas été oubliée (projections de films, concerts,…) toute l’attention était bien entendu consacrée au développement de la situation économique et sociale grecque. Le panel d’orateurs en était l’expression, avec notamment un journaliste de l’ERT (la Radio-Télévision hellénique, qui fut au centre d’une lutte emblématique contre les coupes budgétaires), divers militants antifascistes,… La mobilisation contre la construction d’une mine d’or extrêmement polluante à Skouries fut tout particulièrement abordée, au côté de plusieurs combats syndicaux présentés par des acteurs de premier plan de ces luttes. La crise des réfugiés dans la région méditerranéenne a aussi occupé une bonne partie du débat politique.

    Sans surprise, la discussion principale a concerné la trahison du gouvernement dirigé par SYRIZA, pourtant propulsé au pouvoir sur base de l’espoir d’un changement social et d’une rupture avec la logique austéritaire. Toute une couche de militants éprouve frustration et colère suite au changement d’orientation décidé par Alexis Tsipras. Parmi ces activistes, les discussions vont bon train concernant les étapes à franchir dans la création d’une nouvelle opposition de gauche en dehors de SYRIZA. Un débat a pris place durant ce camp en présence de quelque 300 personnes à ce sujet. Un large panel d’intervenants figurait à la tribune, dont des représentants de la Plateforme de Gauche de SYRIZA, de l’organisation de jeunesse de SYRIZA, de l’alliance anticapitaliste Antarsya et, bien sûr, de Xekinima.

    Le président de l’organisation de jeunesse de SYRIZA, Simos Simotas, a exposé une position remarquablement combative. Parmi les jeunes, plus de 85% avaient voté ‘‘NON’’ au référendum sur le plan d’austérité et la section de jeunesse du parti se distancie expressément du gouvernement. Simotas a défendu l’unification des forces de gauche à l’extérieur de SYRIZA afin de mener la lutte contre chaque nouvelle mesure d’austérité. Il a convenu avec nous que cette formation doit être construite à partir de la base et non par le sommet et qu’elle se doit de disposer d’un programme de rupture avec l’Union européenne et le capitalisme.

    Quelques jours à peine après la tenue de ce camp, un appel de la Plateforme de Gauche et de 12 autres organisations a été publié pour la construction d’un mouvement de gauche contre le nouveau mémorandum (en savoir plus). Xekinima se trouve parmi ces signataires. De cet appel a émergé un nouveau parti, l’Unité populaire (LAE), qui réunit actuellement 25 députés et représente donc ainsi la troisième faction parlementaire grecque. Tsipras a annoncé la tenue d’élections anticipées dans l’objectif de se débarrasser de l’aile gauche de son parti et de mesurer sa popularité avant que les coupes budgétaires et autres mesures antisociales ne fassent concrètement subir leur effet.

    La situation actuelle représente un énorme défi pour la gauche radicale grecque. Les nouvelles élections qui se tiendront à la fin du mois de septembre constitueront la première échéance de ce nouveau parti. Mais l’essentiel sera d’organiser la riposte sociale contre chaque mesure d’austérité, partout dans le pays. Les premières indications du programme de LAE vont dans le bon sens: la fin de l’austérité et des privatisations, la nationalisation sous contrôle social démocratique du secteur financier et des secteurs clés de l’économie, le refus de payer la dette publique,…

    Vous désirez participer au prochain camp d’été de nos camarades grecs ? réservez dores et déjà vos deux premières semaines d’août 2016.

  • Irlande: Paul Murphy et 22 militants poursuivis pour une manifestation pacifique

    Le député, membre du Socialist Party et de l’Anti Austerity Alliance (AAA), est accusé de séquestration pour avoir protesté contre le taxe sur l’eau.

    Par des correspondants du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise et parti-frère du PSL)

    paulmedia-300x219Le soir du mercredi 12 août différents médias nationaux ont rapporté que des accusations formelles allaient être portées contre 23 habitants du quartier populaire de Jobstown, à Dublin, dont le député Paul Murphy et les conseillers municipaux Kieran Mahon et Mick Murphy, tous membres de l’Anti Austerity Alliance (AAA) et du Socialist Party. L’information a été divulguée à la presse avant même que les accusés n’aient été prévenus, probablement à la suite de fuites de la Gardai (la police irlandaise).
    Ces accusations sont liées à une action de protestation qui a pris place dans cette communauté en novembre 2014 (interview de Paul sur ce sujet, après les premières arrestations) au cours de laquelle un sit-in avait bloqué pour deux heures la vice-Première ministre, Joan Burton (Parti Travailliste). Les accusations comprennent des allégations de troubles violents, de dommages criminels et de séquestration! Ces accusations sont extrêmement graves, la charge de séquestration pouvant potentiellement être passible d’une peine de vie. Le dossier devra passer en procès face à un jury et non à juge. La date de la tenue de ce procès n’est pas encore claire, ce sera après les élections générales, mais il s’agira sans aucun doute d’un des procès politiques les plus importants de ces dernières décennies en Irlande.

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    Une loi pour les riches, une autre pour le reste…

    L’Anti Austerity Alliance condamne ces derniers développements très clairement politiquement motivés. Ils surviennent à un moment où les sondages d’opinions sont sombres pour l’équipe gouvernementale et où ses projets concernant l’imposition d’une nouvelle taxe sur l’eau se portent au plus mal. Le gouvernement irlandais a échoué au test Eurostat (qui devait prouver à l’agence de statistique européenne que la moitié des revenus liés à l’eau étaient issus des usagers, l’échec de ce test signifiant que les fonds alloués à l’entretien doivent être inclus dans la dette nationale, NDT) et le taux de non-paiement de la taxe sur l’eau est massif : 57% de la population n’a toujours pas payé la première facture !

    En février, 40 personnes de Jobstown ont été arrêtées en deux semaines lors de raids menés à l’aube par des forces policières en nombre excessif. Ces actions non conventionnelles visaient manifestement à terroriser le quartier pour s’être livré à une protestation efficace contre la «ministre de la protection sociale» (dirigeante du Parti travailliste, largement considérée comme coupable des attaques contre les couches les plus pauvres de la société; plus particulièrement contre les bénéficiaires de l’aide sociale et les parents isolés). Il s’agissait également d’envoyer un avertissement à la classe des travailleurs pour qu’elle ne suive pas l’exemple de Jobstown.

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    Action de protestation contre les accusations qui pèsent sur les “23 de Jobstown”

    Cette fuite d’informations vagues dans les médias est également destinée à distiller la peur, tout en contredisant la justification officielle qui avait été donnée aux perquisitions, selon motif fallacieux que les suspects étaient susceptibles de prendre la fuite.

    L’action de protestation à laquelle ces accusations se réfèrent a constitué l’un des événements les plus marquants du mouvement de masse contre la taxe sur l’eau qui s’est développé cette dernière année. Cette action avait impliqué 700 personnes du quartier, qui avaient convergé vers une école visitée par la ministre dès que la nouvelle de sa présence avait été connue le jour-même. Le rejet de la taxe sur l’eau s’est ajouté à la colère compréhensible existant dans ce quartier complètement abandonné par la classe politique depuis de nombreuses années et trahi par le Parti travailliste qui y disposait traditionnellement d’une bonne base de soutien.

    Ces événements de même que la réaction violente de l’establishment reflètent la polarisation croissante qui prend place dans la société irlandaise entre les personnes les plus touchées par les ravages de l’austérité et ceux qui en profitent. Cela démontre encore à quel point le Parti travailliste est devenu pourri. La perspective d’un procès comprenant la vice-Première ministre Joan Burton en tant que témoin clé contre des victimes de ses politiques d’austérité sauvages au cours d’un procès qui s’en prendra au droit fondamental de mener des actions de protestation renforcera encore la haine ressentie contre le Parti travailliste.

    Au côté de la communauté de Jobstown, L’Anti Austerity Alliance mènera vigoureusement campagne pour l’abandon de toutes les accusations portées contre les manifestants. Il s’agira d’un des thèmes majeurs que portera l’Anti Austerity Alliance durant les élections, avec la lutte contre l’austérité et la taxe sur l’eau. Si les choses iront effectivement jusqu’au procès, nous assurerons que le thème de l’austérité soit bien présent et que le droit de mener des actions soit défendu.

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    6 des “23 de Jobstown”. Banderole “Joan Burton et les travaillistes contre Jobstown et toutes les communautés ouvrières en lutte contre l’austérité”.

     

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