Category: Europe

  • France : Le parti de Le Pen prend la tête aux élections régionales

    Le vote massif pour l’extrême droite du Front National (FN) au cours du premier tour des élections régionales française a vu ce parti prendre le dessus dans près de la moitié des régions. Sa dirigeante, Marine Le Pen, a recueilli 40% dans la plus grande et la plus pauvre des régions de France, Nord-Pas de Calais -Picardie.

    Par Clare Doyle, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    La nouvelle est choquante, mais elle ne survient pas telle une totale surprise. Il semblerait également que cela ne soit pas particulièrement le fruit de l’atmosphère qui existe suite aux atrocités des attentats de Paris du 13 novembre. Cela peut simplement expliquer un taux de vote plus élevé de un ou deux pourcents.

    Le soutien dont dispose le FN a été croissant sous la direction de Marine Le Pen, depuis 2011. Elle a adopté un ton plus populiste que son père, Jean-Marie Le Pen, défenseur pur et simple des politiques et des crimes odieux du fascisme. Le score de plus de 28% récolté par le FN dans ces élections représente plus du double des 13,6% obtenus lors des dernières élections parlementaires de 2012. (En raison des aléas des circonscriptions électorales françaises, le FN ne dispose encore que de deux représentants à l’Assemblée Nationale.)

    La perspective est maintenant que le FN prenne le contrôle d’au moins deux régions après la tenue du second tour dimanche prochain – la zone industrielle délabrée du Nord Pas de Calais et la riche région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur) où Marion Maréchal-Le Pen, encore plus extrême, emmenait la liste FN. Alors que le FN est manifestement raciste, il déclare qu’il n’est pas contre les immigrés… tant qu’ils sont français et respectent les traditions françaises. Il se prononce contre l’Union européenne et parle en faveur de maisons et d’emplois… pour les Français.

    Le FN a été en mesure d’engranger des gains à la fois sur le PS au pouvoir et sur la droite traditionnelle du parti de Nicolas Sarkozy – l’UMP, maintenant connue sous le nom de Les Républicains (LR). En dépit d’une certaine augmentation de la popularité personnelle du président Hollande, le vote de ce dimanche indique un effondrement de son parti. Le PS a annoncé se retirer du second tour dans les deux régions les plus menacées. Il propose une «grande coalition» avec la droite «traditionnelle» LR afin d’essayer de bloquer le FN et d’éviter qu’il ne prenne les rênes du pouvoir dans une région. La même proposition sera sans aucun doute à nouveau formulée lors des élections présidentielles à venir en 2017, dans lesquelles il est à craindre que le FN puisse encore connaître un soutien électoral élevé.

    LR s’est déclaré opposé à un tel accord, craignant de perdre du soutien par toute association avec le gouvernement de Hollande et Valls en proie à la crise. Le vote pour ces deux partis aurait pu tomber encore plus bas sans leurs politiques répressives et nationalistes prônées après les atrocités de Paris, qui ont peu laissé à dire au FN sur la question.

    Ce grand soutien électoral pour le parti d’extrême droite est partiellement un vote de protestation, en l’absence de forces à la gauche disposant d’une alternative cohérente à l’austérité et aux pertes d’emplois face aux partis du pouvoir. L’abstention parmi ceux qui se disent proches de la gauche est dans les environs de 47%. L’implication des «communistes» du PCF dans les décisions gouvernementales signifie qu’ils n’ont pas été en mesure de mettre en place une opposition sérieuse pour les travailleurs et les jeunes. Marine Le Pen a souvent montré son soutien face aux problèmes des travailleurs, mais pas nécessairement pour leurs luttes. Elle a notamment parlé des travailleurs d’Air France comme étant des «hooligans».

    Ils ont, pour des raisons nationalistes, soutenu que des industries comme le transport soient aux mains de l’Etat. Le principal danger inhérent à l’évolution actuelle est que le FN puisse consolider son soutien.

    Les luttes des travailleurs

    La principale fédération syndicale, la CGT, liée au Parti «Communiste» Français, a été pressée par la base de ne pas accepter la prolongation de l’état d’urgence et d’interdiction des manifestations après les meurtres horribles de Paris alors que les députés du PCF avaient soutenu la prolongation à l’Assemblée. Les membres de la CGT considéraient cela comme une déclaration unilatérale de trêve dans la lutte contre les patrons et le gouvernement qui poursuivent leurs attaques de leur côté. Les dirigeants de la fédération se sont sentis obligés d’appeler à une journée nationale d’action pour mercredi dernier, le 2 décembre, contre les licenciements chez Air France et contre les attaques portées contre les droits syndicaux et les conditions de travail.

    Une colère considérable se développe parmi les travailleurs et les jeunes sur un certain nombre de questions importantes, qui peut exploser à tout moment. Il pourrait y avoir des explosions de protestation dans les écoles contre les succès du Front National et dans les usines contre l’arrogance des patrons. Le vote de dimanche dernier et le niveau d’abstentions parmi les travailleurs (62%) et la jeunesse (62%) est une condamnation de l’échec des partis de la «gauche» et de la «droite» traditionnelles d’offrir une solution aux problèmes qui les mettent en colère. L’abstention parmi ceux qui disent qu’ils sont proches de la gauche était aux alentours de 47%. Seule la génération des plus âgés, les retraités, a connu une plus grande abstention : – 67%.

    Le Front de Gauche – constitué du Parti de Gauche de Mélenchon, du PCF, de certains écologistes et d’autres – s’est complètement effondré. Il n’a pas été en mesure de développer une opposition cohérente aux politiques du gouvernement au niveau national ou local. La Gauche Révolutionnaire (CIO-France) a toujours soutenu que la seule façon de vaincre la droite et d’empêcher la montée du FN est une campagne de masse contre l’austérité, les suppressions d’emplois et le racisme. Le FN a repris des éléments de la gauche et de la droite pour prospérer. Le mouvement des travailleurs doit reprendre et relancer le «programme traditionnel» de la lutte et du socialisme en France.

  • [VIDEO] Nancy Taaffe (Socialist Party) sur la BBC concernant le Labour et la guerre en Syrie

    nancyLors de l’émission BBC Daily Politics, un débat a eu lieu cette semaine concernant le vote de 66 parlementaires du Parti Travailliste (Labour) en faveur d’une intervention militaire en Syrie. Notre camarade Nancy Taaffe, du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles) y a développé une approche socialiste et à souligné l’importance de poursuivre les mobilisations anti-guerre.

  • Assassinat de Tahir Elci, communiqué de presse du Conseil démocratique kurde

    Image #: 41174158 (151129)-- DIARBAKIR, Nov. 29, 2015 (Xinhua) -- A man holds a portrait of Tahir Elci during a mourning ceremony for Tahir Elci, head of the Bar Association in Diyarbakir, who was killed on Nov, 28 in Turkey's southeastern Diyarbakir province on Nov. 29, 2015. An unknown gunman opened fire at Tahir Elci's gathering in a press meeting in Diyarbakir on Saturday, killing Elci and one policeman at the scene. (Xinhua/Mert Macit)(azp) XINHUA /LANDOV

    Tahir Elci, président de l’Association du Barreau de Diyarbakir, a été assassiné par des forces obscures de l’État turc. Nous condamnons cette attaque brutale.

    Le président de l’Association du Barreau de Diyarbakir, Tahir Erçi, a été exécuté au cours d’une conférence de presse qu’il tenait à Diyarbakir. Cette conférence de presse a eu lieu juste avant le fameux minaret «à quatre pieds». Il y a quelques jours, ce bâtiment historique a été endommagé par les troupes gouvernementales à l’artillerie lourde. Afin de protester contre cet acte, Tahir Elci et ses confrères avaient organisé une conférence de presse. C’est à ce moment qu’a eu lieu la tentative d’assassinat fatale.

    Tahir Elci était déjà la cible du gouvernement de l’AKP et de l’Etat en raison de son combat pour les droits humains, la liberté et la paix. Il avait déclaré sur la chaîne de télévision turque que le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) n’était pas une organisation terroriste. A partir de ce moment, il est devenu une cible ouverte.

    Il a ensuite été arrêté et emmené au tribunal où il a été jugé avec pour une peine de prison qui pouvait aller jusqu’à 7,5 ans. Hier, il a été tué par ceux qui estimaient cette punition insuffisamment lourde.

    Nous sommes familiers de ce genre d’attaque. Des milliers d’hommes politiques et de militants kurdes ont été tués jusqu’à présent par les mêmes forces obscures et de la même manière. Nous savons qui a donné l’ordre. Les clients sont ceux qui ne pouvaient tolérer ses déclarations, son combat et sa personnalité. Ces clients sont le gouvernement de l’AKP et les forces obscures qui ont commandité par le passé la mort de milliers de politiciens et de militants kurdes. Il ne faut pas chercher les coupables ailleurs.

    Il s’agit d’une attaque contre les politiciens kurdes, contre les Kurdes et contre le mouvement pour la liberté. Nous condamnons cette attaque brutale et ses commanditaires. Nous tenons à exprimer nos condoléances à la famille de Tahir Elci, à ses amis et ses collègues ainsi qu’à l’ensemble du peuple kurde. Nous allons continuer la lutte de Tahir Elci et poursuivre la défense des mêmes idéaux. Ici, nous appelons également notre peuple à commémorer la lutte du martyr Tahir et à élever son combat pour la liberté à de nouveaux sommets.

    Nous appelons les forces démocratiques de Turquie et du monde qui se trouvent du côté de la paix, de la démocratie et des droits humains, à se montrer solidaires de la lutte des Kurdes pour la liberté et à condamner cette attaque brutale et barbare.

    Le Conseil Démocratique Kurde – Koerdistan Nationaal Congres

  • Le PS et le SP.a soutiennent Corbyn… uniquement lorsqu’il se soumet à la droite !

    Jeremy Corbyn a récemment été élu président du Parti travailliste, le Labour, en Grande-Bretagne. Cette élection d’un candidat anti-austérité représente un véritable bouleversement dans la situation politique.

    Par Jarmo (Anvers)

    Le Parti travailliste britannique fut l’un des premiers partis sociaux-démocrates européens à embrasser le néolibéralisme et à bazarder toute référence au socialisme ou à une politique favorable aux travailleurs. C’est aussi le parti travailliste, sous la direction de Tony Blair, qui a décidé de partir en guerre en Irak. C’est donc des plus remarquables que c’est précisément ce parti qui, aujourd’hui, se retrouve avec un socialiste à sa tête pour la première fois depuis des décennies.

    L’enthousiasme autour de la figure de Corbyn a même des conséquences en Belgique. La social-démocratie essaie ainsi d’instrumentaliser son succès dans une tentative désespérée de soutenir qu’elle reste politiquement pertinente.

    L’élection de Corbyn – avec 59% des suffrages exprimés – est l’expression de la recherche croissante d’une alternative politique en Grande-Bretagne. Le même processus a déjà conduit à l’émergence de nouvelles formations de gauche comme Syriza et Podemos tandis que, dans d’autres pays, l’espoir se développe que des personnalités de gauche soient capables de reprendre les rênes d’un parti comme le Parti travailliste.

    Des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs se sont mobilisés pour la campagne de Corbyn et ont placé leurs espoirs dans son programme d’investissements massifs dans les services publics, de réhabilitation des acquis sociaux comme les pensions et le droit de grève,… et dans la fin de la vague incessante et violente d’austérité qui frappe la population de plein fouet. L’élection de Corbyn est aussi une expression de la désillusion parmi la population britannique pour la direction traditionnelle du Labour, qui reste d’ailleurs opposée au programme de Corbyn. Cette contradiction devra, plutôt tôt que tard, conduire à une scission. Corbyn doit utiliser son soutien et l’enthousiasme qu’il a suscité pour rassembler autour de lui toutes les forces de gauche dans la société afin de construire un nouvel instrument politique pour la classe des travailleurs.

    Il n’y a pas de différences fondamentales entre la direction traditionnelle du Labour et celles du PS et SP.a en Belgique. Ces partis sont partisans de la casse sociale qui, après des années de participation aux gouvernements, ne voient qu’un sentier de destruction sociale lorsqu’ils regardent derrière eux. La social-démocratie belge fut par exemple à la base de la réforme des prépensions, de la privatisation et du démantèlement des services publics,… Ils ont même été les auteurs de mesures haïes comme le Pacte des Générations en 2005 et la chasse aux chômeurs. Probablement aucun jeune en Belgique ne se souvient d’un moment où ces partis ont représenté une force progressiste.

    Cependant, les dirigeants sociaux-démocrates flamands et francophones sentent aussi la recherche d’une alternative politique. Les succès électoraux du PTB, particulièrement du côté francophone, sont déjà une expression partielle de cette recherche. Elio Di Rupo a donc immédiatement félicité Corbyn en disant qu’ils ont ‘‘des objectifs communs : fin à l’austérité, une société juste et plus de justice sociale’’. Kathleen Van Brempt du SP.a a écrit une carte blanche en défense de Corbyn, mais en se limitant au tournant de Corbyn qui a déclaré qu’il n’est plus en faveur d’un Brexit (la sortie de l’euro). Le fait que Corbyn maintient cependant toujours que l’Union Européenne néolibérale n’est qu’un instrument politique aux mains de la classe dirigeante pour imposer une politique d’austérité sévère n’était bien sûr pas mentionné par Van Brempt. Elle essaie, de façon pathétique, d’utiliser la popularité d’un adversaire politique pour se donner une image plus à gauche.

    Van Brempt n’est pas la seule à procéder de la sorte. Paul Magnette fait pareil. Il se réfère à Corbyn, mais surtout aux points spécifiques sur lesquels il a déjà cédé à la droite de son parti. Autrement dit, Magnette défend Corbyn tant qu’il ne s’agit pas des éléments qui ont créé l’enthousiasme ! Magnette lui reproche d’ailleurs de fonctionner comme la ‘‘gauche radicale’’ : de présenter des sujets complexes d’une manière simpliste. Cela n’empêche pas Magnette de déclarer que les programmes de la gauche radicale et du PS ne sont pas trop différents : une taxe des millionnaires, une fiscalité plus juste,… En réalité Magnette montre les limites de telles propositions. Si même des représentants d’une politique d’austérité sont prêts à les défendre en paroles…

    Dans la même logique Di Rupo, tout comme le président du SP.a John Crombez, a déclaré qu’il n’était pas opposé à des coalitions avec le PTB. Ce parti a aussi déclaré d’être en faveur d’une ‘coalition progressiste’ à Anvers avec SP.a et Groen. Le président du PTB Peter Mertens a ainsi affirmé : ‘‘J’espère que personne ne va s’enfermer dans ses propres points de vue et qu’ils vont comprendre que cette collaboration est plus que jamais nécessaire.’’ Tous les précédents indiquent cependant qu’une nouvelle formation de gauche doit se méfier d’une collaboration avec la ‘‘gauche’’ néolibérale.

    Dans la plupart des pays, le mouvement des travailleurs n’a plus d’instrument politique. L’élection des figures de la gauche dans anciens partis du mouvement ouvrier et l’émergence de nouvelles formations d’autre part, sont des expressions de la recherche d’une alternative. Cela peut constituer des pas importants dans la bonne direction. Mais une alternative politique ne sera en dernière instance seulement possible que sur base d’une grande implication du mouvement des travailleurs. Elle exige également la reconnaissance des limites programmatiques de certains partis de gauche, ainsi que la conscience que les anciens partis sociaux-démocrates dans leur état actuel sont devenus des cadavres pourrissants pour le mouvement des travailleurs. Le PSL veut aider au développement de chaque initiative allant vers la formation d’un nouveau parti des travailleurs.

  • Grèce : Syriza mobilise… contre Syriza !

    griekenlandProtestations massives à l’occasion d’une grève générale contre l’austérité

    Le jeudi 12 novembre dernier a éclaté en Grèce la première grève générale depuis longtemps. Cette fois-ci, elle avait pour cible les politiques du gouvernement Syriza. Depuis janvier 2015, les différents dirigeants syndicaux, et surtout ceux de la GSEE (Confédération des syndicats du secteur privé), n’ont été visibles nulle part. Cela n’a toutefois pas empêché la GSEE de prendre position sur le référendum de l’été dernier [appelé par le gouvernement Syriza quant à l’opportunité d’accepter plus d’austérité de la part de la Troïka ou non] en demandant le retrait du référendum (!), tout en précisant, en même temps, que leur position était que la Grèce devait rester au sein de la zone euro. En d’autres termes, en appelant à voter «OUI».

    Par des correspondants de Xekinima (CIO-Grèce)

    Des directions syndicales en faillite

    Après que Syriza se soit transformé en un parti favorable au remboursement de la dette et après l’introduction du nouveau plan d’austérité, la GSEE, en droite ligne de leur «tradition», a appelé à une grève générale de 24 heures. Dans un précédent article publié sur notre site Xekinima, nous avons déjà analysé la responsabilité des directions syndicales qui appellent à des grèves juste pour le plaisir de les appeler, sans la moindre planification, sans propositions concrètes et sans perspective d’une escalade de l’action.

    Nous avons aussi expliqué que l’atmosphère présente parmi les travailleurs, après que le nouveau mémorandum ait été signé par le gouvernement Syriza, était inévitablement devenue plus maussade après l’espoir initialement suscité pour un changement politique réel. Les travailleurs ont été clairement déçus et cela s’est reflété dans le faible taux de participation aux mobilisations des différents secteurs (santé, collectivités locales, etc.).

    Nous avons d’autre part souligné que cette accalmie était prévisible et que cela ne signifiait en rien que le mouvement ne retrouverait pas à nouveau le chemin de la lutte de masse combative contre une austérité qui devient toujours quotidiennement plus sauvage.

    Des manifestations de masse

    Dans ce climat, le fait que la grève générale du 12 novembre ait été relativement grande constitue une indication très positive. A Athènes, près de 30.000 personnes ont participé aux manifestations (la fédération syndicale PAME disposant du plus grand cortège). A Thessalonique, plus de 6.000 personnes ont participé et la protestation dans la ville de Volos était l’une des plus réussie de ces quelques dernières années.

    Mais les manifestations, en dépit de leur assistance, n’étaient pas particulièrement dynamiques. D’une part, la classe des travailleurs comprend la nécessité de se mobiliser, mais, de l’autre, son appétit est retenu par l’absence d’un plan concernant la manière d’en finir avec les politiques d’austérité.

    Syriza contre Syriza

    La mobilisation n’était pas exempte de paradoxes, et non des moindres, puisque Syriza appelait à participer à la grève. En d’autres termes, le parti au gouvernement qui est responsable des politiques mises en œuvre a appelé les gens à participer à des manifestations contre ces dernières!
    Ce n’est pas la première fois que Syriza tente désespérément de faire croire aux gens qu’il fait partie du mouvement. Deux exemples indicatifs de ces tentatives sont la participation de Syriza (y compris de députés) à la manifestation contre la privatisation du port du Pirée (alors que Syriza a voté en sa faveur au parlement) ainsi que l’appel pour une manifestation contre le mur d’Evros, à la frontière entre la Grèce et la Turquie, tout en disant officiellement que ce dernier ne peut pas être démonté. Mais on ne peut avoir le buerre et l’argent du beurre. Le gouvernement et Syriza ont déjà pris leurs décisions, et elles vont à l’encontre des souhaits de la classe des travailleurs en continuant la même politique vicieusement antisociale.

    Syriza cherche-t-il à démontrer que le parti est toujours «sensibles aux questions sociales? Ou à éviter d’entrer en conflit avec ses électeurs ? A montrer qu’ils sont capables de gérer le nouveau mémorandum austéritaire d’une meilleure façon que les précédents gouvernements? Quel que soit leur objectif, l’impact des politiques menées par Syriza se déroule devant les yeux des gens, ce qui balaye toutes les illusions d’un ‘‘programme parallèle’’. La seule chose qu’ils ont atteint, jusqu’à présent, c’est d’assurer que l’avant-garde du mouvement social soit indignée contre la direction de Syriza pour non seulement les avoir trahis, mais aussi pour avoir ajouté l’insulte à l’injure.

    Xekinima (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grèce) milite pour une rupture avec l’austérité et pour un programme socialiste. Cela inclut le refus de payer la dette; l’instauration d’un contrôle sur les flux de capitaux; l’instauration d’un monopole d’Etat sur le commerce extérieur; la nationalisation des banques et des secteurs-clés de l’économie sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs; l’abolition des mesures d’austérité; et d’assurer de bons emplois à tous, avec un salaire décent, ainsi que des soins de santé et un enseignement de qualité et gratuit.

    La planification de l’économie en fonction de la satisfaction des besoins de la population et non pas des profits des capitalistes – la réorganisation socialiste de la société – mettrait un terme aux crises économiques, à la pauvreté, au chômage et à l’émigration forcée.

    Pour y parvenir, il est essentiel de construire une politique de classe indépendante à travers la Grèce, avec la participation active de la classe des travailleurs et de la jeunesse en lutte, contre la Troïka et pour une alternative socialiste. Il est aussi crucial de faire appel aux travailleurs et aux jeunes à travers l’Europe pour lutter ensemble contre l’austérité et pour une Europe socialiste.

  • Seule l’unité des travailleurs peut mettre fin au terrorisme, aux divisions et à la guerre

    protestparisLes atrocités commises par l’Etat Islamique (Daesh) à Paris le vendredi 13 novembre sont l’une des pires attaques commises en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Il y a dix mois, les attaques menées contre Charlie Hebdo et un supermarché casher avaient suscité choc et indignation. Ces derniers meurtres déplorables ont abasourdi et consterné la population en raison du plus grand nombre de victimes et de la nature plus aveugle des attentats. La jeunesse de sortie le vendredi soir a particulièrement été touchée.

    Par Jenny Brooks, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)

    Il s’agissait de la quatrième attaque terroriste liée à Daesh en deux semaines à peine, la suite des 224 décès de l’avion russe et des attentat-suicides de Beyrouth et Bagdad qui ont tué 61 personnes.
    Daesh veut cibler les pays ou les communautés opposées à son existence et à son développement, y compris parmi les musulmans. Les récentes attaques sur des Français et des Russes ont été justifiées par Daesh en raison des frappes aériennes lancées par ces deux pays en Syrie. Des gens ont donc été aveuglément abattus pour les crimes commis par leurs gouvernements, ces derniers n’agissant qu’en fonction de la défense des intérêts des classes dirigeantes.

    A la suite de ces attaques, François Hollande a déclaré l’état d’urgence et ordonné une nouvelle offensive, de plus grande ampleur, pour bombarder la ville de Raqqa en Syrie, qui est aux mains de Daesh, avec l’assistance des États-Unis. Leurs missiles de haute technologie qui infligent sans distinction une terreur de masse ainsi que nombre de décès et de blessés parmi les civils et les membres de l’organisation terroriste ne pourront pas prévenir que d’autres attaques terroristes soient commises en Occident.
    La situation catastrophique actuelle en Afghanistan et en Irak, avec l’émergence de Daesh en Irak et e Syrie, découle directement de la «guerre contre le terrorisme» lancée par George Bush après les attentats du 11 septembre 2001.

    Lorsqu’il s’est vu confronté à une révolte populaire de masse contre sa dictature en 2011, le président syrien Assad a volontairement attisé les tensions sectaires selon le principe de «diviser pour régner». Tout en s’opposant à Assad, les puissances occidentales craignaient également les soulèvements de masse qui ont pris place au Moyen Orient et en Afrique du Nord et menaçaient les régimes qui leurs sont dévoués. De même que leurs alliés réactionnaires des pays du Golfe, elles ont financé et armé l’opposition djihadiste à Assad. Cela a soutenu le développement de Daesh, avec l’exploitation des divisions sectaires et le sort des masses sunnites en Syrie et en Irak, jusqu’à ce que cette organisation contrôle aujourd’hui un territoire égal à la superficie de la Grande-Bretagne.

    Les bombardements des puissances impérialistes occidentales (et des forces d’Assad) aident Daesh à recruter à mesure que les images d’enfants déchirés par les missiles circulent au Moyen-Orient et dans le reste du monde. Pourtant, le discours révoltant de nombreux politiciens et médias capitalistes – dont cette semaine le journaliste Patrick Cockburn habituellement plus astucieux – affirme que Daesh ne peut être vaincu que par plus de bombardements militaires.

    Parmi eux se trouve David Cameron, qui depuis longtemps désire que les bombardements britanniques des positions de l’Etat Islamique en Irak soient élargis à son territoire syrien. Ce qui le retient encore, ce sont les divisions qui existent au sein de la classe dirigeante quant à la stratégie à adopter ainsi que le souvenir de sa défaite humiliante de 2013 au Parlement, quand il avait été empêché de bombarder les forces d’Assad. Il avait cependant autorisé l’assassinat par drone de deux djihadistes britanniques en Syrie en septembre et, maintenant, les attentats de Paris pourraient être instrumentalisés pour tenter de construire un soutien pour de nouvelles incursions.

    Le président nouvellement élu du parti travailliste, Jeremy Corbyn, a correctement argumenté contre les bombardements en Syrie en disant que cela n’apporterait que plus de chaos et qu’il est nécessaire de se poser des questions au sujet de ce qui alimente le conflit : « Qui arme l’Etat Islamique ? Qui assure qu’il puisse disposer de ports sûrs? Pour répondre, il faut poser demander qui vend des armes dans la région.»

    Des terroristes «formés localement»

    Les auteurs des attentats de Paris comprennent des terroristes français et belges. Comme David Gardner l’a souligné dans le Financial Times: «Même si une majorité solide des musulmans sunnites sont hostiles à l’Etat Islamique, les djihadistes ont encore deux grandes sources de recrues potentielles : les réfugiés désespérés aux frontières de la Syrie et les musulmans mécontents en Europe.»

    La France comprend la plus grande population musulmane d’Europe occidentale et elle a connu le plus grand exode d’un pays européen pour rejoindre les rangs djihadistes (plus de 1500 personnes). Concentrée dans les grandes cités des banlieues, la jeunesse musulmane française souffre de discriminations racistes, nombreux sont ceux qui se sentent aliénés et plus de 40% des jeunes musulmans sont au chômage. En Belgique, il existe aussi un taux de chômage élevé, de même qu’en Grande-Bretagne.

    Ce sont l’inégalité, le racisme, les guerres et le manque d’opportunités dans le système capitaliste qui sont derrière la «radicalisation» islamique en France. Le Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI) a estimé que 80% des citoyens français ayant des croyances «islamistes radicales» proviennent de familles non-religieuses.

    En Europe, l’Etat Islamique se nourrit des griefs et de la colère légitimes, particulièrement chez les jeunes musulmans. Son objectif est de diviser les communautés à travers la prédication d’un absolutisme religieux et en utilisant la terreur dans le but de renforcer sa base de soutien et sa fortune. Au plus ses attaques conduisent les politiciens de droite et d’extrême-droite à pointer du doigt tous les musulmans et les réfugiés, au plus il peut utiliser le mécontentement de la population musulmane.

    Contrer la menace terroriste

    Il est impossible que les puissances impérialistes parviennent à complètement détruire l’organisation djihadiste. Son affaiblissant sous les coups militairement portés ne sera pas de nature à dissuader de nouveaux djihadiste et groupes sectaires, comme cela se passe à travers le monde de toute façon. Vaincre Daesh ne peut être que le fait de la classe ouvrière et des pauvres en Irak et en Syrie. Ils doivent lutter ensemble au-delà des divisions sectaires contre toutes les forces réactionnaires locales, contre toutes les formes d’oppression et contre les forces réactionnaires plus éloignées.

    Le terrorisme ne sera pas bloqué par les mesures de «sécurité» et de surveillance des autorités. Les cibles potentielles sont beaucoup trop nombreuses. En Grande Bretagne et en France, des appels sont lancés pour accroître les pouvoirs de l’armée. Cela sera par la suite utilisé contre les luttes sociales et les actions ouvrières.

    La déclaration d’Etat d’urgence en France, y compris avec interdiction des manifestations de masse, est une mesure bien commode pour Hollande dans la mesure où beaucoup de personnes sont en colère contre lui à la suite de ces attaques et que son soutien baisse. Malheureusement, une importante partie de ces critiques ont été le fait de l’impact des attaques de la droite et de l’extrême droite, qui essayent de capitaliser sur ces attaques terroristes, plutôt que de l’action de la gauche. La défense d’une alternative socialiste n’a pourtant jamais été plus urgente.

    En France, en Grande-Bretagne et ailleurs, le mouvement des travailleurs a besoin de développer ses positions sur base d’une indépendance de classe, en fonction de ses propres intérêts et en totale indépendance des intérêts et de l’hypocrisie des gouvernements capitalistes et des classes dirigeantes. Cela doit comprendre l’unité d’action des travailleurs contre le terrorisme, les guerres et le système capitaliste lui-même, un système de plus en plus marqué par les inégalités et par son incapacité à satisfaire les besoins de l’écrasante majorité de la population.

    La transformation socialiste de la société est non seulement souhaitable, mais aussi est de vie ou de mort pour certains, comme les évènements de Paris le montrent tragiquement. La meilleure riposte est de rejoindre la lutte pour l’organisation démocratique des travailleurs et pour la défense des idées socialistes, ce à quoi sont engagées toutes les sections du Comité pour une Internationale Ouvrière.

  • Plus de 100 morts à Paris. Contre la haine et la terreur : la solidarité!

    Ces attaques terroristes illustrent la faillite de la “guerre contre le terrorisme”. Il faut riposter par une mobilisation de la base de la société!

    Nous exprimons notre solidarité avec les victimes des terribles attentats de Paris ainsi qu’avec celles des attaques similaires commises à Beyrouth et Bagdad ces derniers jours. C’est l’establishment qui fait la guerre, mais les victimes se trouvent parmi la population ordinaire.

    Le PSL défend l’unité de tous les travailleurs et des opprimés contre les idées de droite, contre les groupes et institutions qui préconisent la division de différentes façons, contre la haine et contre la violence aveugle. Nous sommes pour la solidarité et la lutte commune contre le terrorisme, contre les tentatives de rendre les migrants responsables, contre l’islamophobie et contre les guerres impérialistes qui causent une misère et une destruction représentant un sol fertile pour le terrorisme, la violence sectaire et la barbarie.

    Il y a maintenant quatorze ans, le monde a été secoué par les attentats du 11 septembre 2001 à New York. L’Afghanistan et l’Irak ont été envahis au nom de en ce que le président Bush a appelé la «guerre contre le terrorisme». Quatorze ans plus tard, nous savons que l’Irak ne possédait pas d’armes de destruction massives. Le manque de perspectives pour la population bombardée a conduit à la violence sectaire et à la croissance du terrorisme. Les conséquences de l’échec de la «guerre contre le terrorisme» ont principalement frappé la population du Moyen-Orient par la guerre et encore plus de terreur. Mais l’étendue de cet échec ne se limite pas à des pays comme la Syrie, l’Irak ou l’Afghanistan, il touche aussi le reste de la région, du Pakistan à l’est vers le Nigeria ou encore la Tunisie à l’ouest. Ses mortelles conséquences font leurs ravages jusque chez nous.

    Comme toujours avec des attaques telles que celles de Paris, les premières victimes sont des travailleurs ordinaires. Les attentats de Paris n’ont pas touché ceux qui décident de bombarder la Syrie, ils ont frappé la population ordinaire. C’est cette population qui s’était mobilisée en grand nombre contre la guerre en Irak avec les manifestations massives qui ont eu lieu en 2003.

    Ces attaques et les décès parmi la population sont maintenant instrumentalisés par l’establishment et par la droite pour renforcer les préjugés contre tous les migrants, en particulier les nouveaux réfugiés. Ceux qui ont fui leur pays en raison des pratiques barbares de groupes comme l’Etat islamique (Daesh) sont pointés du doigt. La terreur que les réfugiés syriens ont voulu fuir les pourchasse jusqu’en Europe. Des manifestations de masse sont nécessaires pour répondre aux divisions et à la polarisation. Cela est également crucial pour éviter de laisser l’initiative aux mains de ceux qui non seulement ont créé le terreau sur lequel se développent la guerre et la terreur qui sévissent au Moyen-Orient, mais sont aussi responsables de la politique d’austérité, source d’aliénation parmi les jeunes. Certains ne ressentent plus aucun lien avec la société ce qui ouvre la porte à la terreur réactionnaire.

    Les terroristes peuvent bien prétendre défendre l’islam, mais ils aggravent la répression et la violence contre les musulmans en France et ailleurs en Europe. Le fait que des groupes tels qu’Al-Qaïda et Daesh n’ont très certainement pas l’intention de lutter contre l’oppression est clairement illustré en Syrie, en Irak et en Afghanistan. Ces groupes représentent un régime autoritaire et réactionnaire basée sur le capitalisme et l’exploitation féodale, la censure et les interdictions les plus diverses. Que des gens se sentent attirés par cette barbarie en France en dit long sur les conditions barbares dans lesquelles vit un groupe croissant de pauvres en Europe. Cette misère est exacerbée par les politiques d’austérité qui protègent les profits d’une infime élite de super-riches.

    Nous avons besoin d’une unité par en-bas, de la part des travailleurs et de leurs familles. Un mouvement de masse de la classe des travailleurs destiné à lutter de manière organisée en faveur d’une amélioration de nos conditions de vie et contre les gouvernements capitalistes peut changer le cours de la menace terroriste.

    Le terrorisme n’est pas un danger que les classes dirigeantes et les gouvernements capitalistes sont en mesure de combattre. Ils ont créé les conditions nécessaires au développement de ce terrorisme et sont maintenant incapables d’y remédier. La répression d’Etat, aussi forte soit-elle, est incapable de faire face à la menace.

    Avec la crise actuelle de l’économie mondiale, les gouvernements procèdent à plus d’attaques contre la majorité de la population. Cela conduit également à la croissance des tendions entre puissances impérialistes et des conflits armés. La tâche qui nous fait face est de construire un nouveau parti des travailleurs de masse basé sur un programme socialiste capable d’offrir une issue hors de ce cauchemar. La propriété publique des secteurs-clés de l’économie dans le cadre d’une planification économique socialiste reposant sur la prise de décision démocratique à tous les niveaux de la société peut jeter les bases d’une société sans guerre, sans oppression, sans exploitation, sans pauvreté et sans terrorisme.

  • Horreur à Paris – Nous ne nous laisserons pas intimider ni diviser

    L’horreur a de nouveau frappé à Paris dans une proportion écœurante. Plus de 120 morts et des dizaines de blessés, dans des lieux habituellement fréquentés par des jeunes et des travailleurs en cette fin de semaine (Stade de France, salle du Bataclan et divers cafés des 10ème et 11ème arrondissements de Paris). Ces barbares ont voulu perpétrer un meurtre de masse, aveugle, frappant une nouvelle fois des innocents. Ce sont les quartiers populaires de Paris, où la population est la plus mixte, qui ont à subir cette tragédie.

    Déclaration de la Gauche Révolutionnaire

    Rien ne peut justifier ces attentats aveugles, ni ceux de Paris, ni ceux de Bagdad ou du Nigeria qui ont eu lieu ce même vendredi, ni ceux le jeudi 12 novembre sur un marché de Beyrouth au Liban, ni celui d’Ankara le 10 octobre, ni ceux en Tunisie. Ce sont nos frères et nos sœurs, travailleurs, jeunes, chômeurs, mère de famille, retraités, par delà les origines, les cultures,… que nous pleurons aujourd’hui.

    La lâcheté en action

    Nous condamnons ces attentats et cette lâcheté aveugle. Exécuter de sang froid des gens sans défense révèle une idéologie d’extrême droite, que ce soit sous un prétexte soi-disant religieux ou autre. Incapables de gagner un soutien dans une quelconque couche de la population, et certainement pas parmi les musulmans, les terroristes de Daesh (qui revendique les attentats) utilisent des méthodes qui sont exactement les mêmes que celles de groupes fascistes, des dictatures, ou des armées d’occupation. La terreur est une arme politique qui vise à empêcher les travailleurs de s’unir, à imposer l’inaction par la peur, à renforcer le racisme : on ne se laissera pas intimider, on ne se laissera pas diviser !

    Unité des travailleurs et des jeunes contre le racisme et la barbarie

    Daesh a recours au terrorisme aveugle parce que c’est à l’image de ce qu’est cette organisation en définitive, une bande de pillards et de trafiquants. Daesh n’est que le produit du chaos dans lequel a été plongé l’Irak après les guerres destructrices menées par les gouvernements européens et il en reproduit les mêmes méthodes que les bombardements aveugles qui frappent aujourd’hui la Syrie ou l’Irak sous prétexte de « lutte contre le terrorisme ».

    En frappant ainsi aveuglément les quartiers populaires parisien, Daesh joue un rôle archi réactionnaire car ce seront les musulmans qui risquent de payer le prix fort, avec une nouvelle vague d’islamophobie, d’intolérance et de racisme, d’autre part, tout va être mis en place pour justifier la répression des luttes des travailleurs et des jeunes, à commencer par la mise en place de « l’état d’urgence » qui permet notamment l’annulation de toutes les manifestations syndicales.

    Ce n’est pas notre guerre

    Les politiciens, du Front National au PS, parlent à l’unisson de « guerre ». Une guerre qu’ils ont créé et dont la population paye le prix aujourd’hui. Mais cette guerre n’est pas la notre.

    Ce même gouvernement continue de soutenir le régime du président de la Turquie, Erdogan. Or c’est ce même Erdogan qui aide Daesh depuis des années, en laissant passer les terroristes et leurs trafics à sa frontière, tout en la fermant pour les résistants de Kobané (ville kurde au Nord de la Syrie qui a vaincu Daesh en janvier dernier). Ce même Erdogan qui fait bombarder des villes du Kurdistan turc, alors que c’est eux qui viennent de libérer la ville de Sinjar, en Irak, des mains de Daesh.

    Ce sont les gouvernements européens qui soutiennent les régime du Qatar ou de l’Arabie Saoudite, et leurs vendent même des armes, alors que ces pays soutiennent Daesh ou mènent eux aussi une politique de massacre au Yemen.

    Contre l’extrême droite, qu’elle soit « religieuse » ou politique

    L’attitude du gouvernement hollande avec le soutien du FN et des Républicains, est de couper court à toute initiative de solidarité de masse. La conséquence de « l’état d’urgence » sera d’empêcher une manifestation de fraternité comme celles de janvier dernier après les attentats contre Charlie Hebdo. De même, les nombreuses luttes sociales en cours, les grèves contre les licenciements aux hôpitaux de Paris ou à Air France vont certainement être interdites. L’état d’urgence permet notamment « d’interdire à titre général ou particulier les réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre » ou « d’habiliter les mêmes autorités à prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ». Nous ne devons pas accepter que nos droits et nos luttes soient ainsi limités car seuls les capitalistes (grands patrons, groupes d’actionnaires,…) et les politiciens à leur service en bénéficieront, sans que cela gène les groupes terroristes.

    Il est indispensable que les organisations du mouvement ouvrier, syndicats, partis, associations, se rassemblent et déclarent leur opposition aux guerres et aux politiques meurtrières engendrées par le capitalisme et les guerres pour le pétrole et le profit.

    La misère sociale dans laquelle sont plongées des parties entières de la population ne peut qu’amener une misère morale et un désarroi qui font le jeu de l’obscurantisme et des divisions. Les politiques qui sont menées au Moyen-Orient et en Afrique ne peuvent que nourrir toujours plus de chaos. Les conséquences sont terribles car ce sont de simples travailleurs qui en paient le prix tandis qu’ici les politiciens se servent de la situation pour justifier encore plus leurs guerres. Là bas les groupes terroristes, dont la seule vraie motivation est le trafic et le pillage, récupèrent le désespoir et s’en servent pour envoyer des kamikazes tandis que leurs chefs vivent dans des palaces.

    Encore plus de guerre n’amènera qu’encore plus de terrorisme !

    Combien de temps allons-nous payer le prix d’un système qui fait la guerre militaire, économique et sociale à une majorité de la population de la planète pour les profits d’une poignée bien au chaud et protégée ?

    Et pour nous, l’obligation de subir le terrorisme le plus abjecte, la mort, la méfiance et la peur. Ça suffit ! Nous ne laisserons pas les racistes, l’extrême droite type FN et les réactionnaires récupérer cela !

    Nous ne nous laisserons pas intimider ni diviser, et nous continuons à lutter pour une société fraternelle et tolérante, libérée du capitalisme et de l’exploitation, pour une société socialiste et démocratique.

    C’est bien une lutte massive unifiée des travailleurs et des jeunes, peu importe leur nationalité, couleur, religion (ou absence de)… pour une vie décente pour tous qui pourra régler les choses et supprimer le terreau de misère sociale et économique sur lesquels prospèrent les extrêmes droites politiques ou religieuses. Nous sommes dans la tristesse et la douleur devant tant de vies innocentes détruites, mais nous en retirons d’autant plus de colère et de détermination à ne pas subir plus longtemps ce système inhumain et la terreur et le chaos qu’il engendre.

  • VIOME: une entreprise grecque gérée par les travailleurs depuis 2012

    VIOME01Avant-hier, une conférence a eu lieu à Bruxelles concernant l’entreprise VIOME, société grecque dont le personnel a pris le contrôle en 2012. La production a été adaptée pour obtenir des produits de nettoyage biologiques. Aujourd’hui, l’entreprise vend et exporte des biens malgré la pression juridique. Les décisions sont collectivement prises par les salariés. Suite à cette conférence, une motion de solidarité a été distribuée. Le PSL soutien cette proposition, et l’a traduite pour la publier. Voici ci-dessous un premier rapport de la conférence d’hier et ensuite la motion de solidarité avec les travailleurs de VIOLE.

    La conférence, rapport d’Alex (Bruxelles)

    VIOME02Ce jeudi soir a eu lieu un meeting organisé par Bruxelles Laïque, Initiative de solidarité avec la Grèce qui résiste, SAWX-B, Attac Bxl 1, MOC, JOC et le CADTM au sujet de l’entreprise VIOME, entreprise grecque occupée et gérée par les travailleurs eux-mêmes.

    En 2011, une assemblée générale du personnel a eu lieu pour décider de reprendre l’entreprise en main alors que les travailleurs n’avaient pas reçu de salaire en un an. Depuis lors, les travailleurs ont essayé différente manière de mener leur combat. Depuis lors, la société est dirigée de façon démocratique, avec participation des employés et donc amélioration du processus de production. Cette occupation n’a pas eu le soutien des sommets syndicaux ou des politiciens, mais le soutien parmi la population grecque fut massif.

    La discussion avec la salle a notamment abordé les leçons à tirer du naufrage du mouvement coopératif en Belgique, qui a également montré que l’absence d’un facteur politique révolutionnaire suffisamment fort dans les mouvements d’occupation d’entreprise (comme en Espagne en 36 et en France en 68 ) laisse l’espace à la restauration des forces du capitalisme.

    Motion de soutien à la lutte des travailleurs de VIOME

    Comme vous le savez, depuis maintenant quatre ans,nous nous battons pour notre vie et pour la dignité. Nous, travailleurs, avons choisi de créer des alliances sociales. Nous avons rejeté les propositions faites par diverses organisations politiques d’avoir une relation “exclusive” avec notre lutte et la diriger selon des critères partisans étroits. Néanmoins, nous avons toujours accepté toutes les invitations à parler et à communiquer.

    Lorsque de grandes parties de la société ont décidé de se tenir à nos côtés et de nous soutenir avec les moyens dont ils disposaient, un vaste réseau de solidarité a été créé. Par conséquent, nous avons réussi à construire des relations de confiance, à travers des assemblées communes où la communauté au sens large a pu participer et où, ensemble, nous avons pris des décisions sur le parcours politique de la lutte, ainsi que sur de nombreuses autres questions.

    De nombreuses organisations politiques ont marqué leur accord avec le cadre politique que nous, ensemble avec la communauté, avions fixé. A ce jour, ils soutiennent notre effort pour faire fonctionner l’usine avec le contrôle ouvrier de la production et l’autogestion par l’assemblée des travailleurs.

    Parmi les forces politiques qui ont soutenu notre lutte se trouvait SYRIZA, par le biais de déclarations et d’engagements pour une solution immédiate à la question du fonctionnement de l’usine, notamment du premier ministre actuel lui-même.

    Bien sûr, après que SYRIZA soit arrivé au pouvoir, les déclarations et les engagements sont devenus de plus en plus vagues. La détermination démontrée dans l’opposition a été remplacée par la timidité et des propositions pour des compromis dans un cadre différent de ce que nous avions convenu au préalable.

    Leur grande “réalisation” après huit mois au sein du gouvernement est d’abandonner la lutte de VIOME aux machinations du système judiciaire. Le même système judiciaire qui, malgré avoir condamné l’ancienne propriétaire de VIOME Christina Philippou à des dizaines de mois de prison, lui permet de marcher libre, soi-disant pour faire du service communautaire à une municipalité où elle a de fortes «connexions». À ce jour, elle ne s’est encore jamais montrée à l’endroit où elle est censée faire ses travaux communautaires.

    Ce système judiciaire permet à ceux qui ont abusé et détruit la société grecque pendant cinq ans de marcher librement, sans jamais les punir. Le “premier gouvernement de gauche” nous laisse dans les mains de ce système judiciaire.

    Le point de vue politique des juges est évident à travers les décisions qu’ils ont prises jusqu’à ce moment: ils sont allés jusqu’à dire que nous n’avons pas le droit légitime de réclamer l’argent dû par nos anciens employeurs! Dans toutes nos tentatives pour réclamer notre argent, l’intervention de la propriété de Philkeram et en demandant de faire à nouveau tourner l’usine, nous avons reçu les mêmes réponses.

    Et bien sûr, ils ne prennent pas de mesures pour trouver une solution pour le fonctionnement de l’usine pour assurer que les travailleurs qui ont décidé de rester peuvent échapper au chômage.

    Selon les décisions de justice, les terrains où sont situés les locaux de VIOME seront vendus aux enchères le jeudi 26 novembre 2015,pendant trois jeudis consécutifs. Si aucun acheteur n’est intéressé, le processus se poursuivra jusqu’à ce qu’à trouver un vendeur et nous expulser de l’usine.

    Ce terrain se compose de quatorze parcelles séparées, dont certaines ont été directement ou indirectement données par le gouvernement grec à l’ancienne propriétaire Phillipou en reconnaissance de la «contribution sociale» de la création d’emplois. Maintenant, ils veulent satisfaire les créanciers de la société mère de VIOME Philkeram: l’Inland Revenue Office, le service des assurances sociales, des anciens travailleurs de Philkeram, les banques et les fournisseurs.

    Les locaux de VIOME représentent environ 1/7 de la superficie totale, et la zone dans laquelle cela se trouve pourrait facilement être séparée du reste de l’immobilier de Philkeram. Mais les employés de VIOME ne sont jamais mentionnés dans les procédures de faillite, bien que VIOME était une filiale de Philkeram conduite à la destruction par la faillite de la société mère. VIOME est complètement négligée, bien que la mauvaise gestion de la famille Phillipou, qui a transféré des fonds de VIOME pour leur gain personnel, était en grande partie responsable de la faillite. Ceci est un fait avéré, car une étude des consultants Deloit a conclu à la capacité de fonctionnement normal des deux sociétés.

    Le système judiciaire est une fois de plus du côté des forces du capital et prend des décisions contre les travailleurs qui font valoir leur droit de travailler. Et bien sûr, l’Etat ne relève pas le défi de trouver des solutions.

    Pour cette raison, nous, travailleurs de VIOME, vous invitons tous, vous qui avez été à nos côtés pendant tout ce temps, à être présents le jeudi 26 novembre à la vente aux enchères afin de balayer leur plan visant à nous expulser de l’usine de VIOME. Un espace que nous avons, depuis deux ans, réussi à transformer en un lieu de travail et un lieu de liberté.

    Nous vous invitons à vous tenir à nos côtés et à soutenir tous les efforts des travailleurs pour rendre les forces de production autonomes de la classe capitaliste, une classe qui a délocalisé toute la production à l’étranger.

    Nous vous invitons à soutenir l’usine, puisque nous, travailleurs, avons déclaré que nous ne partons pas, que nos vies sont maintenant liées à cette usine.

    Nous vous invitons à être à nos côtés pour affirmer tous ensemble qu’il existe une solution au-delà des conseils des «experts»: cette fois-ci, la solution se trouve avec ceux qui sont directement impliqués dans la lutte.

    En solidarité,

    L’assemblée générale des travailleurs de VIOME

  • Pologne: Le parti dirigeant perd les élections dans la colère des travailleurs

    Le parlement se déplace à droite

    pologne_electionsLes 8 ans de règne du gouvernement néo-libéral « Plate-forme Civique » sont finis. Le 25 octobre, le parti d’opposition conservateur, « Loi et Justice », a gagné les élections contre le parti dirigeant. Ce coup final vient après la précédente défaite de Plate-forme Civique aux élections présidentielles de mai où ils ont également perdu contre le candidat de Loi et Justice. La colère montait parce que le gouvernement s’éloignait de plus en plus de la réalité vécue par la plupart des travailleurs. Le mandat de Plate-forme Civique n’a été que législation anti-ouvrière, attaques sur l’âge de la retraite et privatisations massives.

    Par Kacper Pluta, Alternatywa Socjalistyczna (CIO-Pologne)

    Alors qu’il recevait d’énormes fonds de la part de l’UE, ce gouvernement a échoué à résoudre les problèmes structurels d’infrastructure et des services publics. Tout en dépensant cet argent en investissements tapageurs, comme les trains à grande vitesse ou les stades de sport, l’État a laissé les chemins de fer locaux, la santé et le secteur de l’énergie tomber en décrépitude. Le mécontentement des travailleurs envers le gouvernement a atteint son paroxysme quand les politiciens ont exprimé des idées à côté de la plaque, comme “Pour avoir une vie meilleure, il suffit de trouver un meilleur emploi et un emprunt” (le Président) ou encore “seul un idiot ou un voleur pourrait travailler pour moins de 6000 zlotys (environ 1500 €) par mois” selon un des ministres (alors que la plupart des travailleurs polonais gagnent moins d’un tiers de ce nombre!)

    Cette érosion du soutien au gouvernement entre mai et octobre s’est aussi illustrée dans le mouvement ouvrier. Pendant les deux derniers mois avant les élections, un grand nombre de mobilisations ont eu lieu dans différents secteurs – il n’y a pas eu une semaine sans manifestation de plusieurs milliers de personnes dans la capitale ! En particulier, les mineurs et les infirmières se sont engagés dans une lutte spectaculaire. Comme nous le disions plus tôt cette année, l’accord entre les syndicats des mineurs et le gouvernement ne donnait aucune garantie aux ouvriers. Et en effet, en septembre, les mineurs ont fait face à la perspective que leurs salaires ne soient pas payés. Les infirmières ont lutté pour l’augmentation de leurs salaires très bas. Grâce à des grèves locales déterminées et à la menace d’une grève générale, elles ont gagné des promesses du ministère. Cependant, la lutte pour concrétiser ces promesses continue. D’autres groupes, comme les travailleurs hospitaliers, les enseignants, les bûcherons, les pompiers et d’autres encore, sont aussi descendus en rue. Malheureusement, ces manifestations étaient souvent marquée par de fortes illusions électorales. A l’exception de dirigeants syndicaux plus combatifs très peu nombreux, les représentants syndicaux ont généralement échoué a appeler à davantage de lutte, se concentrant seulement sur le besoin de se débarrasser de Plate-forme Civique dans les urnes. Aucune perspective de luttes futures ou de grève générale n’a été donnée.
    Les résultats électoraux

    En résultat de cette élection, Lois et Justice – parti conservateur avec des éléments de populisme de droite – a gagné une majorité qui lui permet de former un gouvernement seul (tous les gouvernements depuis 1989 ont été des coalitions). Les politiciens de ce parti sont beaucoup apparus face aux assemblées et manifestations des travailleurs, promettant l’annulation des réformes de la retraite, la taxation des banques et des supermarchés, l’introduction de d’allocations familiales et d’exonérations fiscales pour les plus pauvres.

    Ces promesses peuvent créer des illusions parmi la classe ouvrière. Cependant, la lune de miel sera terminée quand leur programme de “capitalisme national”, en partie inspiré par le régime de Victor Orban en Hongrie, ne répondra pas aux attentes des travailleurs. Il est très probable que les conservateurs se tourneront alors vers leurs armes populistes traditionnelles : les attaques contre les femmes, les minorités et la gauche. Ils parlent déjà d’introduire “l’éducation patriotique” dans les écoles, même pour les enfants les plus jeunes. Il faut préciser que lors de leur dernier gouvernement (2005-07), Loi et Justice avait nommé un politicien nationaliste comme ministre de l’éducation, dont les actions ont provoqué le plus grand mouvement de contestation de la jeunesse dans l’Histoire récente de la Pologne.

    Loi et Justice affirme que ses dépenses sociales prévues (et la baisse des impôts pour les petites et moyennes entreprises) seront couvertes par l’imposition des banques et des supermarchés. Cependant, les journalistes indiqué qu’en réalité le gouvernement va recourir à des politiques d’assouplissement quantitatif (après avoir pris le contrôle de la banque centrale en 2016), injectant donc de l’argent dans les banques pour davantage de spéculation, malgré leur propagande officielle anti-banques.

    Le nouveau parlement a tourné à droite, tout comme la campagne électorale. Les politiciens de tous les partis de droite ont utilisé la xénophobie et attisé la peur des réfugiés et des immigrants. Cela n’est pas sans racine dans la société. Les sondages indiquent que la majorité des jeunes soutiennent les partis de droite d’extrême-droite. Même Korwin-Mikke, qui n’a pas réussi à entrer au parlement cette fois-ci et connu pour ses discours réactionnaire au parlement européen, trouve un soutien disproportionné parmi les jeunes. Depuis le début de la crise des réfugiés en Europe du Sud, de plus en plus d’actes racistes et xénophobes ont été rapportés en Pologne (alors que le nombre de d’immigrants est très faible et qu’il n’y a eu qu’un petit groupe de réfugiés arrivés dans le pays via une association humanitaire privée).

    A côté de Loi et Justice et de Plate-forme Civique (dans son nouveau rôle de plus grand parti d’opposition), certains nouveaux partis sont entrés au parlement : Kukiz 15 et Nowoczesna. Le premier est un nouveau mouvement politique populiste de droite, dirigé par une ancienne rock-star. Son groupe de députés nouvellement élus comprend des nationalistes d’extrême-droite, des homophobes notoires et même des politiciens associés aux néo-fascistes. L’autre parti, Nowoczesna, a été créé juste avant l’élection par un néo-libéral radical qui est une personnalité respectée dans le secteur financier. La victoire de Loi et Justice et le succès soudain de ces nouveaux parti montrent que la colère des travailleurs cherche à remplir le vide politique, mais qu’elle est tragiquement canalisée dans des directions réactionnaires. Malheureusement, la bureaucratie syndicale ajoute à cette confusion – le syndicat Solidarno?? a soutenu les candidats de Loi et Justice (et même localement des candidats de Kukiz 15).
    La gauche

    A la grande surprise de certains, les anciens socio-démocrates de Alliance de Gauche Démocratique ne sont pas ré-entrés au parlement et il n’y aura donc aucun parti de gauche d’aucune sorte à la prochaine assemblée. Bien que les votes cumulés pour Alliance de Gauche Démocratique et Razem (voir plus bas) soient autour de 11%, les lois électorales strictes demandent aux partis et alliances électorales de dépasser un seuil pour entrer au parlement, de qui déforme donc la représentation. C’est un coup massif pour Alliance de Gauche Démocratique – un parti qui a été de tous les parlements depuis 1990, a été deux fois au gouvernement (avec 41% de soutien électoral en 2001) et a eu un candidat présidentiel qui a gagné deux élections consécutives. Cette défaite historique est survenue malgré les tentatives de re-maquiller le vieux cadavre, en mettant à la tête de leur campagne électorale une politicienne auparavant liée à la gauche radicale. Alors qu’elle était officiellement soutenue par la fédération syndicale de masse OPZZ, l’Alliance de Gauche Démocratique n’a pas regagné la confiance des travailleurs. Ils ont payé pour des années de pratiques néo-libérales, de scandales de corruption, de promotion de politiques guerrières et pour leur soutien inconditionnel à l’impérialisme américain (y-compris la participation à la guerre en Irak et la supposée créations de centres de torture de la CIA en Pologne) ainsi que pour leur très faible et droitière campagne aux élections présidentielles en mai.

    D’un autre côté, la nouvelle formation de gauche Razem (Ensemble) a terminé cette campagne par un succès. Razem, qui n’a tenu son congrès de formation qu’au printemps dernier, est partie de rien pour remporter plus d’un demi-million de votes (3,6%) – un score sans précédent pour la gauche non-parlementaire en Pologne. Ce n’était pas assez pour entrer au gouvernement, mais c’est suffisant pour remporter des millions de zlotys de financement des partis politiques par l’État. Dans leur campagne, Razem s’est concentré sur certaines réformes pro-travailleurs comme la fin des « contrats-poubelles », l’augmentation du salaire minimum, la taxation des riches, et le renforcement des syndicats et de l’Inspection du Travail. Ils défendaient un programme de logements sociaux, la semaine de 35 heures, et la limitation des salaires et du nombre de mandats des politiciens. Leur message a été renforcé quelques jours seulement avant le vote, quand l’un de leurs représentants a pris part à un débat télévisé et a obtenu un plus fort taux d’approbation que n’importe quel autre candidat alors qu’il était complètement inconnu du public.

    Cependant, les limites politiques de Razem sont aussi apparentes. Les dirigeants du parti basent leurs idées sur les États nordiques capitalistes, ignorant le fait que l’état-providence qui a été créé dans ces pays est entré dans un processus de démantèlement depuis 20 ans. Ils s’inspirent de la popularité de Podemos et de Syriza et essaient d’utiliser leur langage – les dirigeants du parti se demandent pendant les réunions publiques «un autre capitalismes est-il possible?» plutôt que «un monde différent est-il possible?» Tout en promouvant les services publiques et la propriété publique de l’industrie, ils restent évasifs sur la question de la nationalisation (dans leur programme, l’État aide à fonder des coopératives et achète des parts des futures industries). Le programme de Razem semble omettre le fait que le capitalisme à son stade actuel ne souhaite pas maintenir le bien-être des travailleurs dans les pays impérialistes les plus riches, sans parler de l’assurer dans les pays capitalistes périphériques ! Il a aussi été rapporté que des candidats de Razem dans différentes circonscriptions ont abaissé leur programme de logement et défendu « l’assistance » aux employeurs. De même, la politique étrangère du parti est pleine d’illusions dans l’UE et l’impérialisme occidental en général.

    Même avant les élections, Razem a connu un afflux sans précédent de plusieurs milliers de membres – surtout des jeunes, des étudiants et des indépendants de la classe moyenne (qui cependant travaillent souvent dans des conditions précaires). Nous pouvons nous attendre à ce que le nombre de membres augmente suite au succès électoral. Si Razem veut utiliser ce succès pour construire une alternative réelle à gauche, il doit participer aux luttes et construire une base dans la classe ouvrière.

    Les membres de Razem devraient discuter des expériences de Syriza en Grèce, du phénomène de Jeremy Corbyn au Royaume-Uni, du sort de la gauche portugaise etc. Alternatywa Socjalistyczna (CIO en Pologne) veut prendre part à cette discussion pour aider de nouvelles couches à arriver aux conclusions nécessaires du besoin d’un programme socialiste révolutionnaire. Un programme pour une économie démocratiquement planifiée sous propriété publique et une Pologne socialiste dans une Europe socialiste.

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