Category: Europe

  • Interview de Jeremie Cravatte (CADTM), de retour de Grèce, sur la commission d’audit de la dette publique

    dept-300x169Le 4 avril, Zoé Konstantopoulou, présidente du Parlement grec, a mis en place une Commission d’audit de la dette publique composée de 15 personnalités étrangères et de 15 grecques. Nous en avons discuté avec Jeremie Cravatte – permanent du Comité pour l’Annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) et membre de la plateforme pour un Audit citoyen de la dette en Belgique (ACiDe) – à son retour de la deuxième session de travail de la Commission à Athènes. Il nous livre ses impressions.

    Par Nicolas Croes

    Quelle est la nature de cette initiative?

    Le mandat de cette commission consiste à identifier les caractères illégaux (dette contractée sans respecter le droit en vigueur), illégitimes (en violation de l’intérêt général et au bénéfice d’une minorité privilégiée), odieux (qui viole les droits fondamentaux de la population) et insoutenables (qui empêche de fournir les services de base à la population) de deux périodes d’endettement du pays, à savoir de 1990 à 2010 et de 2010 à 2015. Cette deuxième période est la plus urgente à analyser dans le cadre des négociations avec la Troïka. De plus, l’écrasante majorité de la dette publique actuelle provient de cette période et 80% de cette dette est aujourd’hui détenue par la Troïka.

    Les médias dominants et l’establishment politique et économique nous parlent d’une ‘‘crise de la dette’’. Cette appellation n’est-elle pas un vaste mensonge?

    En effet, cela cache le véritable problème. En Europe (et ailleurs) ce ne sont pas les dettes publiques, mais bien les dettes privées des entreprises, essentiellement financières (banques, assurances, fonds de pension) qui pose questions. Elles ont pris des risques au sein d’une économie capitaliste et leurs pertes se sont vues socialisées. Le cas de la Grèce est particulièrement emblématique à ce sujet.
    Toutes les opérations menées depuis 2010 par les autorités grecques et les institutions de la Troïka (Fonds Monétaire International, Banque centrale européenne, Commission européenne) ont consisté à dégager les banques privées allemandes, françaises, italiennes, belges, etc. de leurs risques et de transférer ces derniers sur le dos des populations grecque et européenne. Selon les estimations, entre 75% et 90% de l’ensemble des prêts fournis à la Grèce depuis 2010 ont directement atterri sur les comptes de ces banques. La restructuration de la dette de 2012 – présentée par les médias dominants comme un cadeau fait à la population grecque – a en réalité permis un transfert de la dette grecque des mains d’investisseurs privés aux mains d’institutions publiques (FMI, BCE, 14 États membres de la zone euro et Fonds européen de stabilité financière FESF).

    Les plans dits de ‘‘sauvetage’’ de la Grèce avaient pour seuls objectifs de sauver les plus grandes banques privées européennes, tout en servant de prétexte à l’application d’une politique de contre-réformes structurelles austéritaires (tout comme dans les pays dits du ‘‘tiers-monde’’ depuis les années 1980).

    Quels débats cette remise en question de la dette publique suscite-t-elle au sein de SYRIZA?

    Plus que de débats, il est malheureusement plutôt question d’un silence jusqu’à présent. Pourtant, lors de la séance d’inauguration de cette commission, tous les ministres du gouvernement, Tsipras et Varoufakis compris, étaient présents et ont annoncé soutenir le travail de la Commission. Mais force est de constater qu’ils n’en font pas grande publicité. La stratégie de négociation avec les créanciers a jusque maintenant montré que la direction de SYRIZA n’entend pas remettre en cause la légitimité et le paiement de la dette.

    Une suspension de paiement permettrait toutefois de renverser le rapport de force. De plus, l’audit est de nature à donner des arguments au gouvernement pour une telle confrontation. Cette situation n’est pas très étonnante, mais l’absence de réaction de la plate-forme de gauche au sein de SYRIZA soulève davantage d’interrogations. Pour le moment, cette plate-forme ne donne pas l’impression de se saisir activement de cet outil pour renforcer une ligne de rupture face à la domination des créanciers et de l’establishment capitaliste européen en général. Inévitablement, cette rupture face aux créanciers en amènera d’autres revendications: contrôle strict des mouvements de capitaux, socialisation du secteur des banques et des assurances, voire expropriation d’autres secteurs-clés de l’économie.

    AvecLesGrecs_affichesQu’elle le fasse ou non, c’est à la population grecque de se saisir de ce travail capable de déconstruire nombre de fausses idées sur les origines de la dette grecque et sur les solutions à y apporter. L’audit peut être un outil important dans le cadre de la mobilisation des masses grecques et internationales, qui reste l’élément décisif pour une réelle alternative au capitalisme.


    Avec les Grecs : Manifestation 21 juin, 13h30 Gare Centrale à Bruxelles

    Le PSL et les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) participent à la plateforme “Avec les Grecs” qui rassemble une trentaine d’organisations, dont SYRIZA-Belgique, Initiative Solidarité avec la Grèce qui résiste, les Métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB, la CGSP-Wallonne, le Mouvement Ouvrier Chrétien-Bruxelles, l’Alter-Summit, le CADTM Belgique et de nombreuses organisations et associations de gauche. Une manifestation nationale prendra place dans le cadre de l’appel pour une semaine européenne d’action à l’occasion du prochain sommet européen.

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  • Irlande: Retour sur l'écrasante victoire du «oui» au référendum sur le mariage égalitaire

    AAA-Vote-YesL’establishment conservateur fait face à une opposition grandissante

    La victoire du «Oui» au référendum sur le mariage égalitaire a exprimé un soutien massif pour l’égalité des personnes LGBTQI (Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s, Transgenres, Queers et Intersexes), le progrès et un changement social. De nombreuses personnes ont pris d’assaut les rues de Dublin et d’autres villes pour fêter une victoire qui était l’aboutissement de décennies de lutte menées par les personnes LGBTQI.

    Conor Payne, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Irlande)

    Le poste Facebook d’un activiste LGBTQI, Panti Bliss, illustre le changement et le sentiment de libération que la victoire du «Oui» a déclenché : «Je marchais dans le centre de Dublin hier, deux jours après le résultat, c’était remarquable et agréable de voir tant de couples LGBT se tenir la main avec nonchalance. Que cela puisse continuer. Tout a changé, complètement changé.»

    L’écrasante victoire du «Oui» était impressionnante et a démontré fermement le changement dans les comportements qui a pris place dans la société irlandaise ces dernières décennies. C’est un pays où l’homosexualité était criminalisé jusqu’en 1993 ! Le «Oui» l’a emporté sur le «Non» à 62,1% contre 37,9% avec une participation de 60,5%, le plus grand taux de participation à un référendum depuis celui portant sur le divorce en 1995. En comparaison, en 2008, le mariage égalitaire dans l’Etat américain de Californie a subi une défaite lors d’une consultation populaire à 52% contre 48%. Tandis que dans le passé, des référendums sur des questions telles que le divorce ou l’avortement débouchaient sur des résultats très serrés, avec une grande fracture entre Dublin et le reste du pays, ici une seule circonscription électorale a voté «Non». Même dans des circonscriptions rurales qu’on voyait traditionnellement conservatrice, le «Oui» a souvent dominé très largement. Le «Oui» l’a très largement aussi remporté parmi les jeunes et les femmes et dans les régions ouvrières.

    Ceci ne se serait pas réalisé sans le développement d’une politisation et d’un mouvement parmi ces groupes de population, dont les jeunes qui se sont mobilisés et ont permis une énorme victoire du «Oui». 66.000 nouveaux électeurs, la plupart des jeunes, sont venus gonfler le registre électoral pour participer au vote, et les inscriptions sur le registre ont augmenté dans les derniers mois précédant le référendum. À Fingal, 4.207 nouveaux électeurs se sont inscrits. Le jour du vote, 96% de ces nouveaux votants se sont vraiment déplacés et ont voté. Le hashtag #HomeToVote a réussi à aller chercher le «Oui» chez de nombreux jeunes qui ont émigré – beaucoup à cause de la crise économique. Presque 50.000 d’entre eux sont revenus en Irlande pour voter «Oui».

    Des centaines de personnes ont été actives en faisant du porte-à-porte électoral et autre travail électoral à l’approche du référendum. À Dublin et à travers le pays, des dizaines de milliers de badges «Oui» étaient portés ostensiblement pour montrer son opinion. Des très nombreuses personnes se sont engagées dans la campagne pour le «Oui» par le biais d’amis ou de la famille qui les a convaincus. C’était un mouvement social – le deuxième le plus important à balayer l’Irlande ces dernières années, avec la lutte contre la taxe sur l’eau.

    La classe ouvrière a voté largement «Oui»

    Pendant le référendum, la campagne pour le «Non» a tenté de dépeindre le référendum comme le projet d’une «élite libérale». Au même moment, le «Ministre de l’égalité», le travailliste Aodhan O’Riordain, pour qui la classe ouvrière est simple et arriérée, a exprimé sa crainte de voir les électeurs en colère contre la taxe sur l’eau voter «Non», ce dernier a déclaré : «Je pense que lorsque les premières factures arriveront et que les militants sonneront à leur porte et bien je pense que les gens pourraient nous donner comme conseil ‘Donne-moi d’abord un référendum sur la taxe sur l’eau et je voterai pour le mariage égalitaire’. Le niveau d’antagonisme attisé à propos de la politique en général pourrait mener les gens à voter contre une réelle proposition en rapport avec l’égalité et les droits humains.»

    Malgré ces stéréotypes sur la classe ouvrière, les votes les plus massifs pour le «Oui» ont été réalisés dans les régions ouvrières les plus défavorisées et laissées pour contre. Par exemple, l’Irish Times rapportait que, à Dublin, Coolock a voté «Oui» à 88%, Jobstown à 87%, Liberties 88%, Cherry Orchard 90%. À Limerick, Moyross a voté «Oui» à 70% et South Hill à 72%. Tous ceux qui ont été impliqués et mobilisés dans le mouvement contre la taxe sur l’eau ont continué à montrer un énorme soutien aux amis, parents et voisins LGBTQI et pour l’égalité et le changement social. Grainne Healy, président de «Marriage Equality» et co-directeur de la principale campagne «Yes Equality» a déclaré : «Quand on faisait campagne dans des régions telles que Finglas, le «Oui» le remportait de manière écrasante. Un jour nous nous somme rendus à Glasnevin, il y aurait plus de résistances. On s’est rendu compte que les maisons très cossues avec deux voitures étaient moins favorables au ‘Oui’.» (Irish Times 24/05/15)

    L’introduction du mariage égalitaire apportera un réel avantage aux couples de même sexe en Irlande qui veulent se marier. Mais le vote a exprimé beaucoup plus que cela. Malgré quelques discours de la part des partisans du «Oui» à propos du mariage comme étant la «fondation d’une société stable», le vote était d’abord et avant tout une affirmation en faveur de l’égalité des personnes LGBTQI. Il a aussi exprimé un rejet de la bigoterie et d’une vision arriérée de la société défendue par les partisans du «Non». Le vote a montré une énorme volonté pour une société égalitaire, progressiste et séculaire.

    Pendant la campagne, les partisans du «Non» ont tenté de semer le doute et la peur particulièrement concernant l’homoparentalité et la gestation pour autrui (GPA). L’argument selon lequel les enfants «ont le droit à une mère et un père mariés» était totalement en décalage avec la réalité et une insulte aux nombreuses familles en Irlande qui vivent aujourd’hui hors de cet «idéal» supposé. Ils ont aussi joué le jeu de la victime qui n’est pas «écoutée», et se sont présentés comme des opposants à l’establishment. Mais ces arguments n’ont pas été capables de convaincre une majorité. Loin d’avoir été «ignorés» ou diabolisés, la réalité est que les partisans du «Non» ont pu compter sur la bienveillance de la majorité de l’establishment notamment avec la décision de RTE de distribuer 80.000€ aux membres de l’Ioana Institute après qu’ils ont été qualifiés «d’homophobes».

    L’intervention de la hiérarchie de l’Eglise catholique très active sur la question a été repoussée. Les commentaires de Kevin Doran, l’Evêque d’Elphin, pour qui les personnes gays qui ont des enfants «ne sont pas des parents» étaient emblématiques de l’attitude des partisans du « Non ». Le dimanche précédant le référendum, des lettres pastorales des Evêques appelant à voter «Non» ont été lues massivement à travers le pays. On a rapporté à travers le pays que de telles déclarations ont provoqué des protestations spontanées de fidèles qui se rendaient à la messe. Les commentaires de l’Archevêque Diarmuid Martin après le vote disant que l’Eglise «devait redescendre sur terre» et s’était «complètement éloignée des jeunes» reflètent la crise profonde de l’Eglise qui continue à perdre profondément en autorité.

    L’importance de la victoire du mariage égalitaire par référendum démolit le mythe d’une «majorité silencieuse» naturellement conservatrice et montre les forces qui sont les réelles actrices du changement et du progrès dans la société irlandaise. Cela démontre de façon probante que la source de la nature conservatrice de l’Etat irlandais se trouve dans l’establishment et non dans les comportements de la majorité de la population. Cela laisse aussi entendre qu’une campagne pour le «Oui» avec un message moins prudent aurait même pu déboucher sur une majorité plus grande en faveur du «Oui». On a reçu un écho très positif des affiches de l’Anti Austerity Alliance (AAA) et beaucoup ont dit que son slogan «Discrimination Damages Lives» («La discrimination nuit à la vie») était l’affiche la plus émouvante et la plus percutante dans la campagne pour le «Oui». AAA était aussi la seule force politique qui a fait référence à la culture LGBTQI en utilisant le drapeau arc-en-ciel sur ses affiches. Cela contrastait énormément du slogan des Travaillistes «On a tous le droit d’être traité de même manière» avec comme images des personnes qui ne semblaient pas du tout être dans une relation LGBTQI.

    Leo Varadkar, Ministre de la Santé, a décrit le vote comme une «révolution sociale». Cela reflète le changement majeur qui a pris place mais est aussi une tentative de suggérer que l’égalité est maintenant obtenue et les problèmes sont largement résolus. En fait, le vote a montré une soif de changement et l’énergie politique déclenchée par la campagne ne partira pas. On a maintenant une énorme situation contradictoire en Irlande où un enseignant LGBTQI qui travaille dans une école de confession religieuse peut être marié mais risquerait de perdre son boulot parce qu’il viole l’«éthique» de l’Eglise. Il y a toujours une loi discriminatoire en place qui interdit aux HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) de donner leur sang. Le gouvernement discute d’un projet de loi concernant la reconnaissance de genre qui présente d’énormes défauts et ignore les réalités des personnes transgenres. Toutes ces questions peuvent être au centre de campagnes importantes. Plus fondamentalement, il y a un désir de défier la nature conservatrice de l’Etat irlandais. On n’est pas seulement sur un chemin sans encombre vers toujours plus de progrès et de tolérance. Ceux qui s’opposent au changement détiennent un très grand pouvoir dans la société.

    Malgré ses enseignements de plus en plus rejetés sur les «questions morales», l’Eglise catholique détient un très grand pouvoir à travers son contrôle de la plupart des écoles primaires et secondaires dans le pays. Elle est aussi le plus grand propriétaire terrien. Cette situation fait qu’elle peut user de sa position pour bloquer le changement social. On le voit dans la «Section 37» de la loi sur l’égalité au travail qui autorise aux institutions de confession religieuse comme les écoles et les hôpitaux de discriminer leurs employés sur base de leur sexualité. Cela se retrouve dans les programmes et «l’éthique» des écoles qui font que la plupart des jeunes LGBTQI ne reçoivent pas une éducation inclusive, par le biais de cours d’éducation aux sexualités qui reconnaissent et valident leurs vécus. La revendication pour une société séculaire et la séparation de l’Eglise et de l’Etat émergera maintenant comme question clé. Dans cet effort d’aider à la construction de cette lutte en marche, les députés de l’Anti Austerity Alliance ont soumis un projet de loi à la Chambre des Représentants pour abolir la «Section 37»

    Le plus important de tout est que le référendum pose la question de l’abrogation du 8e amendement et de la restriction honteuse des droits à l’avortement en Irlande. Un sondage montre que 56% sont en faveur de l’abrogation du 8e amendement, avec seulement 19% contre. Depuis des décennies, la classe politique dirigeante est restée campée sur ses positions malgré des scandales tels que Savita Halapannavar, Ms. Y et les décès d’enfants qui naissent avec des malformations. L’excuse a toujours été la même : les gens ne sont «pas prêts» et un référendum serait un échec. Cet argument revient toujours. Le résultat du vote en faveur du mariage pour tous montre clairement que le problème vient de l’establishment et pas des votants et qu’une campagne pour un référendum pourrait être une victoire. Les travaillistes s’approprient maintenant ces questions et déclarent qu’ils mettront sur pied un référendum pour abroger le 8e amendement s’ils seront dans le prochain gouvernement. Mais ces promesses électorales sonnent faux dans le contexte actuel où le Labour Party au côté de Fine Gael, Fianna Fail et Sinn Fein ont rejeté de nombreux projets de loi pour l’abrogation du 8e amendement et ont même limité les droits à l’avortement alors qu’ils étaient au Parlement. Le fait que les Travaillistes et le Sinn Fein ont rejoint l’appel à abroger le 8e amendement est le résultat de la pression du mouvement pro-choix et des changements dans l’opinion publique. Il faut maintenir cette pression pour gagner un référendum. La campagne a montré que le changement vient d’en bas et qu’on doit mettre maintenant une très grande pression sur les partis, particulièrement sur ceux qui ont rejoint l’abrogation, pour organiser un référendum et légaliser les droits à l’avortement en Irlande.

    L’importance de la victoire pour le mariage égalitaire par référendum devrait donner une grande confiance à tous ceux qui luttent pour l’égalité sociale et économique. Cela montre aussi la stratégie dont on a besoin pour obtenir un changement social. Le maintien d’une mobilisation et d’une pression actives était crucial dans cette victoire mais vont aussi à l’encontre des politiques capitalistes en Irlande. Le jour du référendum Eamon Gilmore soulignait l’engagement actif des jeunes dans la campagne en déclarant : «La démocratie n’est pas une activité passive.» C’est tout à fait correct mais à l’opposé de ce qu’on a entendu l’année passée de la bouche d’un gouvernement qui a diabolisé l’activité politique menée en marge de la «politique officielle» par la classe ouvrière qualifiée de «fasciste» et «sinistre».

    Un establishment conservateur

    Le fait que tous les partis ont appelé à voter « Oui » pourrait être interpréter comme un changement au sein de l’establishment et que ce dernier accepte maintenant voire même est à la tête du progrès social sur les questions de société. On peut avoir une idée de la situation à travers la crise dans le Fianna Fail qui a dévoilé au grand jour l’opposition significative au mariage égalitaire dans ses rangs et une réticence à soutenir la question. L’année passée, Fianna Fail, Fine Gael, Parti travailliste et Sinn Fein, tous ont voté contre des droits même extrêmement limités à avorter. Tous ces partis restent opposés aux droits à l’avortement, plaidant au mieux pour le droit à avorter dans des circonstances extrêmement limitées telles que des malformations mortelles pour les nouveau-nés et en cas de viol et d’inceste.

    La question de l’égalité était cruciale dans cette campagne mais on vit toujours dans une société qui est profondément inégale de bien des façons, socialement et économiquement : de la discrimination réelle dans les lois contre les LGBTQI et les femmes à l’augmentation du fossé entre riches et pauvres en Irlande et internationalement. Le capitalisme en Irlande en est profondément responsable. Le capitalisme se base sur l’inégalité et nourrit les divisions entre les gens pour justifier et maintenir sa domination. En Irlande, à cause de sa faiblesse, l’establishment capitaliste est incapable de faire avancer la société. Il a utilisé et s’est lié à l’idéologie de l’Eglise catholique pour justifier sa domination. L’homophobie reste très puissamment ancrée dans la société, pas seulement dans les lois ecclésiastiques mais tous les jours dans des comportements homophobes à l’encontre des personnes LGBTQI. On n’en viendra pas à bout sous le système capitaliste marié à l’inégalité et au conservatisme.

  • 21 juin : Manifestation et concerts "Avec les Grecs"

    «Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens» – Jean-Claude Juncker, Président de la Commission européenne, janvier 2015

    Nous pensons tout le contraire !

    AvecLesGrecs_affichesLe peuple grec a courageusement fait le choix de rejeter l’austérité en élisant un nouveau gouvernement. Mais ce choix est menacé par les institutions néolibérales (institutions européennes, FMI, marchés financiers) qui utilisent tout leur pouvoir pour empêcher un quelconque changement politique. Les mensonges, les chantages et les contre-vérités sont utilisés pour effrayer les citoyens européens (nous payerons la dette des Grecs, tout va s’écrouler…). Ces institutions ne font ainsi que défendre les intérêts des grandes banques et des multinationales qui continuent de saigner le peuple grec (et les autres) pour remplir leurs caisse.

    Les attaques du gouvernement belge sur nos salaires, l’augmentation de l’âge de la pension, ou encore les économies faites sur notre santé sortent du même moule que ce que l’on a imposé au peuple grec depuis 2010.

    La Grèce a été le laboratoire de l’austérité. Aujourd’hui, comme nous, son peuple exige la fin de l’austérité justifiée par une dette qui ne lui a pas profité et se battra pour la mise en oeuvre de politiques réellement au service du peuple.

    Nous sommes convaincus que le chemin qu’essaie de tracer le peuple grec est le bon. Bon pour lui mais aussi bon pour tous les européens. Nous voulons changer cette Europe qui ne nous promet rien de bon. Nous devons soutenir le droit de tous les peuples, à commencer par celui des Grecs, de choisir démocratiquement leur voie.

    Il est temps d’agir ! Beaucoup de choses se jouent maintenant. Une défaite grecque serait une défaite pour toutes nos aspirations à la dignité et à la justice sociale. Lutter aux côtés du peuple grec, c’est lutter pour notre avenir commun.

    • Soutenons le peuple grec !
    • Luttons partout contre l’austérité et la régression sociale !
    • La vraie démocratie est celle qui permet aux peuples de choisir un autre chemin !

    Qui organise?

    Plus de 50 organisations belges et européennes comprenant associations, syndicats, partis et réseaux (voir la liste mise à jour sur facebook Avec les Grecs Belgique).

    Cette activité s’inscrit dans le cadre d’une semaine européenne d’action en solidarité avec le peuple grec.

    Rendez-vous ce 21 juin,  13h30, Gare de Bruxelles Central

  • Espagne : Succès pour les listes de gauche d’unité populaire aux élections locales

    Le bipartisme désavoué aux élections locales et régionales

    elections_espagneLe 24 mai, des élections locales prenaient place dans toute l’Espagne, de même que dans 13 de ses 17 parlements régionaux. Les résultats représentent une nouvelle étape dans la crise politique du capitalisme espagnol. Ils ont été particulièrement décevants pour le PP, le parti de la droite officielle, qui a perdu le pouvoir dans tous ses grands bastions, y compris Madrid, Valence, Séville et beaucoup d’autres. Ils ont également perdu leurs majorités globales dans la plupart des régions et seront obligés de compter sur le soutien de «Ciudadanos» (un nouveau parti de droite populiste), qui viendrait à point.

    Par Danny Byrne, Comité pour une Internationale Ouvrière

    La baisse du soutien pour le PP – sanctionné pour son programme d’austérité brutale après 4 ans de gouvernement favorable aux grosses fortunes – s’est accompagnée d’une augmentation du soutien pour les alternatives de gauche. Dans un développement inédit depuis la chute de la dictature de Franco, l’alternative de gauche est en passe de prendre le pouvoir à Madrid et Barcelone, avec la victoire d’Ada Colau – figure publique du mouvement anti-expulsions. Cela fait les gros titres de la presse internationale. Dans le même temps, des avancées ont aussi été enregistrées aux élections régionales – pour lesquelles «Podemos» se présentait sous son propre sigle – mais avec des résultats moindres que ceux obtenus par les listes de gauche larges dans les élections locales.

    Bien que les grands centres urbains d’Espagne restent les épicentres de ce virage vers la gauche, ce succès a également été reproduit dans une série de villes et de villages à travers le pays. C’est un énorme pas en avant pour les travailleurs et les mouvements sociaux, et cela les place dans une position de force et de confiance bien meilleure afin de lutter contre l’austérité et pour un changement fondamental. Il y a deux ans, Ada Colau, a été soumise à des attaques incessantes de la part des médias, étiquetée comme «terroriste», alors que l’establishment s’apeurait de la croissance du mouvement contre les expulsions. Le fait qu’elle va probablement devenir la maire de la deuxième plus grande ville d’Espagne, fait naître beaucoup d’espoirs. L’idée que «nous, qui avons toujours perdu avons finalement gagné» a gagné les esprits.

    Dans le même temps, ce succès porte en lui-même d’énormes responsabilités, et nécessitera un large débat sur la façon d’aller de l’avant à partir de cette position renforcée. Si une approche correcte est prise, ces victoires pourraient être une étape déterminante pour se préparer à intensifier la lutte de la classe des travailleurs contre l’austérité.

    Qu’ont été ces listes «d’unité populaire»?

    Les listes dites «d’unité populaire» avaient différents noms dans différentes villes. «Ahora Madrid» (Maintenant Madrid), emmenée par le juge de gauche Manuela Carmena, a remporté plus de 30% des voix dans la capitale, tandis que «Barcelone en Comu» (Barcelone en commun) a obtenu le plus grand nombre de voix avec plus de 20%.

    Ces listes ont émergé à partir d’un processus de convergence dans l’ensemble du mouvement. Elles comprenaient des militants des principales formations de gauche – Podemos, Izquierda Unida (Gauche unie), des formations nationalistes de gauche comme la CUP en Catalogne – ainsi que des syndicalistes combattifs, des militants anti-expulsions, des militants antiracistes, etc. Associées par beaucoup à Podemos, ces listes avaient un profil véritablement indépendant. Ni Colau ni Carmena ne sont membres de Podemos (ou de tout autre parti), ni la plupart des conseillers élus.

    Malgré un vocabulaire et une phraséologie ambiguë (reflétés dans les noms choisis), ces listes ont été clairement perçues comme représentant une gauche anti-austéritaire. Elles soutenaient généralement un programme qui a souligné la nécessité de vérifier démocratiquement le fardeau de la dette publique et une opposition aux mesures d’austérité, solidaires avec le mouvement social et les luttes ouvrières en cours. Elles ont aussi mis en avant la nécessité de la lutte pour la réalisation de certaines de leurs revendications centrales, comme une paralysie des expulsions. Leurs militants ont été maintes fois dénoncés par le PP comme des «communistes» radicaux, ce qui n’a évidemment pas empêché des millions de personnes de se tourner vers eux et de leur accorder leurs voix.

    Coalition ou gouvernements minoritaires? Pour des gouvernements anti-austérité à 100%!

    Cependant, le succès de la gauche pose maintenant de nouvelles questions sur la façon d’aller plus en avant. Malgré leurs victoires éclatantes, aucune de ces listes n’a obtenu de majorité absolue. Cela représente une tâche de plus en plus difficile dans un paysage politique aussi fragmenté, avec au moins 5 partis dans la plupart des parlements et des conseils régionaux et locaux. Gagner une majorité claire avec une telle fragmentation rend encore plus cruciale la nécessité d’un projet politique unitaire sans équivoque reposant sur un plan réaliste visant à totalement changer la situation.

    Les résultats électoraux soulèvent aussi la question de savoir comment la gauche peut gouverner au niveau local sans majorité. Cette question se pose également dans un certain nombre d’endroits (dont Madrid) où, malgré le fait qu’elle se retrouve directement derrière le PP, la gauche a le potentiel de mener une majorité alternative au PP. Des gouvernements de coalition pourraient être constitués avec le PSOE ou d’autres forces. Beaucoup plaident en faveur d’une telle disposition, sur la base d’un certain «pragmatisme», en cherchant à former des majorités le plus rapidement possible. Autrement, des gouvernements minoritaires de gauche pourraient être formés. Cette question est actuellement débattue dans des dizaines de villes, et est potentiellement un prélude à la même question se posant à une plus large échelle pour les élections générales en novembre.

    Socialismo Revolucionario (SR – la section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol et section sœur du PSL) fait valoir que la discussion doit commencer à partir du programme. Comment la gauche peut-elle, sur base de son succès électoral, renforcer la lutte contre l’austérité et favoriser activement la riposte?

    Un point de départ fondamental est de refuser de poursuivre l’application de politiques brutalement antisociales et de revenir sur celles déjà instaurées le plus rapidement possible. Le parti social-démocrate PSOE – ainsi que le parti ERC en Catalogne, également partenaire potentiel d’une coalition de «gauche» – s’est engagé à 100% dans la mise en œuvre de l’austérité. Il a été le premier parti à présenter des coupes brutales au nom de la crise capitaliste actuelle, sous le gouvernement Zapatero.

    Nous défendons que l’austérité – même dans une version adoucie – ne sert pas les intérêts de la gauche ou des travailleurs et des jeunes enthousiasmés par son succès. L’expérience issue de la participation de Gauche unie (IU) à des coalitions avec le PSOE – récemment encore en Andalousie – a généralement conduit à l’associer à l’austérité plutôt qu’à la résistance sociale. La répétition d’une telle expérience aujourd’hui constituerait un grave recul, avec le danger d’anéantir les progrès de la gauche et de démoraliser une couche importante de travailleurs et de jeunes radicalisés.

    Socialismo Revolucionario milite pour une autre option, celle de former des gouvernements minoritaires de gauche, basés sur un programme 100% anti-austérité et sur la mobilisation de la population pour le défendre et forcer la main des autres partis. Cela implique de mettre en avant un programme radical pour le peuple et de mobiliser ce dernier afin qu’il appuie ce programme en appelant les assemblées parlementaires à le voter.

    C’est la lutte et non l’arithmétique parlementaire qui va conduire au changement

    Des autorités de gauche minoritaires, si elles adoptent la bonne approche, peuvent être beaucoup plus «pragmatiques» et engranger beaucoup plus de victoires pour la population qu’un «compromis» dans une coalition de collaboration de classe. Pour comprendre cela, il faut prendre conscience que ce qui provoque le changement de politique n’est pas l’arithmétique parlementaire ou institutionnelle, mais bien le changement social et la lutte. Le succès électoral actuel de la gauche est une expression de la vraie lutte que des millions de travailleurs, de jeunes et de retraités ont menée contre l’austérité dans la dernière période : les 3 grèves générales en 2012 et 2013, le mouvement de masse anti-expulsions et d’autres innombrables exemples.

    Le succès électoral et la présence dans les institutions, ne rendent pas ces luttes superflues mais leur donnent une importance et un potentiel accrus. Une classe des travailleurs mobilisée et organisée est l’ingrédient clé de la réussite d’un gouvernement anti-austérité à 100%. Un gouvernement minoritaire de gauche pourrait annoncer les mesures nécessaires pour faire ce qui est possible au niveau local afin de mettre fin au cauchemar de l’austérité – refuser d’effectuer des coupes dans les budgets publics, refuser les privatisations, refuser les expulsions ainsi que les autres politiques antisociales et investir dans des mesures socialement utiles et nécessaires pour fournir à chacun de bons logements et des emplois décents.

    Par exemple, sur la question particulièrement importante des expulsions, un tel gouvernement local pourrait déclarer sa ville «zone exempte d’expulsions», boycotter les banques responsables d’expulsions et mobiliser le soutien actif de la population pour une telle politique. Cela pourrait paralyser les expulsions indéfiniment, forçant les autorités locales et la police locale – opposée aux expulsions de masse dans de nombreux cas – à refuser de mettre en œuvre les expulsions forcées. Le soutien social énorme que cela permettrait de générer permettrait à tout gouvernement de gauche de faire face à toute contestation juridique «constitutionnelle» à de telles mesures, et d’organiser la désobéissance civile de masse.

    Une telle politique, inacceptable pour les partisans de l’austérité, pourrait galvaniser la classe des travailleurs et les mouvements sociaux. L’organisation conséquente à la base et la mobilisation généreraient une pression sociale énorme en faveur de ces mesures et en défense du gouvernement de gauche. Cette atmosphère pourrait forcer la main à d’autres partis, en particulier ceux de la soi-disant gauche (ou au moins des sections d’entre eux, provoquant des divisions en leur sein), qui pourraient être contraints de soutenir les politiques anti-austérité. Il faut tirer les leçons de l’exemple historique du conseil municipal de Liverpool dans les années 1980 en Grande-Bretagne. A cette époque, Militant (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grande-Bretagne regroupé aujourd’hui au sein du Socialist Party) ont eu une influence importante, mais ne bénéficiaient pas de la majorité à eux seuls. En se basant sur la classe des travailleurs en dehors du conseil, ils ont quand même réussi à faire adopter des mesures qui ont changé la donne face au gouvernement Thatcher.

    Des gouvernements anti-austérité à 100% pourraient se coordonner à travers différentes villes et villages, pour constituer une alliance rebelle significative, unie dans la résistance contre les tentatives d’imposer l’austérité de l’extérieur. Cela, en plus d’être efficace au niveau local, servirait également à préparer le mouvement pour les élections générales afin d’élire un gouvernement anti-austérité, sous lequel les travailleurs et les mouvements sociaux pourraient s’organiser à partir du niveau local, dans le cadre d’un mouvement anti-austérité coordonnée dans tout le pays.

    Podemos, la gauche et la perspective des élections générales

    Le succès des listes «d’unité populaire» montre l’énorme potentiel du modèle de larges fronts unitaires, formés à la base, autour d’un programme anti-austérité commun. Une caractéristique frappante a été la performance de ces listes par rapport à la performance de Podemos et des listes IU aux élections régionales qui ont eu lieu simultanément. Podemos est arrivé 3ème dans la plupart des scrutins régionaux, échouant à dépasser le PSOE comme le principal parti «d’opposition». Cela n’a été possible qu’aux élections locales, dans le cadre d’un front uni de la gauche. A titre d’exemple, à Madrid, la liste électorale locale «Ahora Madrid» a remporté 400.000 voix de plus que la liste régionale Podemos dans la même région.

    La leçon de ces élections est que, pour emporter une victoire dans le cadre des élections générales, une stratégie similaire, d’unité avec les autres forces de gauche, par en bas, est nécessaire sur une plus grande échelle.

    Cela a été démontré de façon encore plus spectaculaire aux dirigeants de la Izquerda Unida, dont les forces ont été divisées dans ces élections. La bureaucratie et son aile droite ont insisté sur la nécessité de former des listes indépendantes contre les listes d’Unité populaire dans la majorité des villes, tandis que son aile gauche a rejoint ces listes. Les listes officielles d’IU ont disparu du conseil de Madrid sous la vague de «Ahora Madrid», et cela s’est produit de façon similaire dans de nombreuses villes à travers le pays. Les listes régionales d’IU ont également souffert d’un quasi-anéantissement dans la plupart des régions. Cela va intensifier la lutte au sein du parti, ce qui est susceptible de le diviser définitivement dans la période à venir. Les secteurs critiques de la gauche d’IU doivent agir de façon décisive et, autour de la figure d’Alberto Garzon – chef de file électoral d’IU -, pourraient jouer un rôle décisif dans la reconstruction d’un mouvement unifié.

    Tout nous indique qu’il faut se mettre au travail pour constituer un front uni capable de lutter pour former un gouvernement de gauche après les élections générales. Une répétition dans toute l’Espagne de «l’unité populaire» – formée sur base d’assemblées démocratiques reliées entre elles au niveau local et régional afin de déterminer démocratiquement un programme anti-austérité et une stratégie – aurait un immense potentiel. Armé d’un programme socialiste anti-austérité, cela pourrait jeter les bases d’un nouveau parti de masse de la classe des travailleurs et de la jeunesse, élément essentiel à la réussite de la révolution espagnole.

  • 21 juin. Manifestation de solidarité avec le peuple grec

    Aveclesgrecs

    Appel de la Plateforme « Avec les Grecs » – Manifestation de solidarité le 21 juin, 13h30, Gare Centrale

    La Grèce est la preuve concrète que les politiques d’austérité et de précarisation ne fonctionnent pas. Six années de coupes budgétaires sans précédent, de désinvestissement dans le secteur public et de politique salariale régressive ont conduit le pays au chaos. L’économie a reculé de 25% par rapport à 2010, la pauvreté a explosé, le taux de chômage est désormais de 26%, un jeune sur deux se retrouve sans travail, les services publics et le système de santé ont été démantelés…

    Il faut absolument changer de cap. Poursuivre dans la même voie ne conduirait qu’à aggraver les inégalités et le chômage en Grèce. Or le même danger menace tous les autres pays de l’Union européenne.

    Partout, il est donc nécessaire de donner la priorité à l’emploi, au redéploiement économique, via l’investissement public et des politiques de redistribution.

    C’est pour réaliser ces tâches que les électeurs grecs viennent d’élire un nouveau gouvernement. Face à l’UE qui refuse de respecter ce choix démocratique, nous devons exprimer notre soutien sans faille au peuple de Grèce et exprimer notre opposition à ceux qui cherchent à lui imposer les mêmes recettes néolibérales : toujours plus d’austérité, toujours plus de chômage, toujours plus d’inégalités. La Grèce ne sortira du piège de l’endettement continu qu’en empruntant une voie qui, notamment, combattra la corruption et les injustices inacceptables du système fiscal.

    La Grèce a le droit de rétablir les conventions collectives et le Code du travail démantelés par la Troïka ; la Grèce a le droit de prendre des mesures sociales d’urgence pour combattre la pauvreté et d’arrêter les privatisations ; la Grèce a le droit, comme tous les autres peuples d’Europe, de faire un audit de sa dette publique et d’exiger l’annulation des dettes illégitimes.

    Contre le chantage des institutions néolibérales, marquons notre solidarité avec la Grèce, avec les mouvements sociaux, syndicaux et antifascistes – qui nous montrent à quel point des alternatives progressistes sont nécessaires en Europe.

    OUI, une autre voie est possible – pour le bien de tous et de toutes, dans une vision de progrès économique et de justice sociale.

    Les organisations et collectifs qui voudraient signer cet appel sont priés d’envoyer un message dans l’inbox. Merci!

    => Page de l’événement facebook

    PREMIERS SIGNATAIRES :

    – Alter Summit Belgium,
    – ACIDe,
    – Alliance D19 20,
    – HART BOVEN HARD
    – La Centrale Générale FGTB,
    – ACOD-vrt,
    – CGSP Wallonne,
    – CSC Bruxelles Hal Vilvorde – Priorité aux travailleurs,
    – Mouvement Ouvrier Chrétien Bruxelles,
    – JOC Bruxelles,
    – Métallos MWB-FGTB,
    – Attac Wallonie-Bruxelles,
    – Attac Vlaanderen,
    – Ander Europa,
    – CADTM Belgique,
    – Intal,
    – Femmes Prévoyantes Socialistes,
    – Fewla,
    – Vrede vzw,
    – ZIN TV,
    – Initiative de Solidarité avec la Grèce qui résiste – Bruxelles,
    – CNAPD asbl,
    – Global Social Justice,
    – Vie Féminine Bruxelles,
    – Syriza Belgique,
    – PTB/PVDA,
    – PSL/LSP,
    – ROOD!,
    – Mouvement VEGA,
    – Comunisti Belgio (Federazione Comunista del Belgio),
    – Parti Humaniste (Belgique),
    – LCR/SAP,
    – LCT,
    – Parti Communiste,
    – Vonk/Révolution,
    – LEEF Herzele,
    – Antarsya Belgique,
    – Bloco d’Esquerda,
    – écolo j,
    – Comac,
    – Étudiants de Gauche Actifs – EGA

  • Suivi des élections espagnoles: Rapport de la soirée du García Lorca

    brusselpodemos-300x207Izquierda Unida Belgique, Podemos Belgique, Equo Bruxelles et ICV Bruxelles ont organisé une soirée électorale au centre culturel García Lorca à Bruxelles pour suivre les résultats des élections municipales et régionales du 24 mai en Espagne. La décision de différentes formations de se rassembler pour suivre les résultats et la bonne ambiance de la soirée sont une indication du processus de confluence parmi les forces de gauche en Espagne. Le sentiment général par rapport aux résultats était qu’ils étaient bons, mais insuffisants.

    Par Marisa (Bruxelles)

    Le bipartisme de deux partis traditionnels, PP (droite) et PSOE (social-démocratie), a reculé de 65% en 2011 à 52% aux municipales. Le PP continue à être la plus grande force électorale, mais avec une perte de 10% (2,4 millions des voix). Le PSOE perd 3% des voix mais aspire à récupérer de nombreuses régions et mairies. Les candidatures de confluence contre l’austérité ont la possibilité de gouverner dans 7 villes. «Barcelona en Comú» dépasse CIU (droite nationaliste catalane) et devient la liste plus soutenue à Barcelone. «Ahora Madrid» est la deuxième force avec 20 conseillers, juste en dessous du PP qui en obtient 21.

    podemosbrussel2-300x194Podemos se présentait comme liste unitaire aux élections des autonomies et n’est arrivée ni première ni deuxième force électorale. Elle se place troisième aux régions de Madrid, Aragon et Asturies. Izquierda Unida maintient un nombre d’élus aux municipales comparable à 2011. Néanmoins, elle perd 277.000 voix aux régionales et 25 élus régionaux, notamment à Madrid et Valence, et perd ainsi sa représentation dans quatre de huit régions. Ciudadanos (nouvelle formation populiste de droite) rentre aussi dans 10 de 13 parlements régionaux.

    Socialismo Revolucionario (SR), la section sœur du PSL-LSP en Espagne, a joué un rôle dans le processus de formation de la liste «Badalona en Comú», une ville voisine à Barcelone, qui a obtenu 17,54% des voix et devient la deuxième force avec 5 élus. SR appelle à un front uni de la gauche et des mouvements sociaux qui s’oppose à l’austérité et lutte pour des autorités qui refusent les coupes budgétaires imposées par le gouvernement central et qui osent mener une véritable politique de rupture, de non-paiement de la dette et de nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques.

  • Crise politique et candidatures de gauche au menu des élections espagnoles

    podemos_maiL’espoir d’une politique de rupture anti-austérité en Espagne se traduit par la recherche d’un débouché politique en cette période d’échéances électorales. Les élections municipales et celles de nombreuses communautés autonomes (équivalant à nos Régions) prennent place ce 24 mai. C’est le premier grand test pour Podemos avant les élections générales de cette fin d’année.

    Par Boris Malarme

    Discrédit des partis traditionnels et fragmentation de la carte politique

    Les derniers sondages donnent l’impression que la croissance électorale explosive de Podemos a atteint son apogée, temporairement du moins. Au lieu d’un scénario d’une croissance ininterrompue de Podemos brisant la domination bipartite du PP (droite conservatrice) et du PSOE (social-démocratie) jusqu’à la victoire électorale aux élections générales, on assiste à un morcèlement de la carte électorale. De celui-ci a pu, entre autre, émerger la formation populiste de droite Ciudadanos (parti des citoyens) surfant sur un discours anti-corruption, dans un contexte de scandales incessants. Cette situation de crise et d’instabilité politique rend compliquée la formation des futurs gouvernements locaux et régionaux.

    L’approche politique de Pablo Iglesias et de la direction de Podemos consiste à modérer le programme politique, en renonçant entre autres au non-paiement de la dette et à l’introduction d’un revenu de base pour tous, afin de paraitre plus ‘‘réaliste’’. Cette attitude est remise en question. Ce débat doit être initié et mené parmi les membres et sympathisants de Podemos via des assemblées. Il est nécessaire de présenter une perspective audacieuse de gauche radicale, en ligne avec le programme initial de la formation. La leçon de la débâcle électorale d’Izquierda Unida (Gauche Unie) en Andalousie – en grande partie due à sa participation à un gouvernement d’austérité avec le PSOE sous le prétexte de faire barrage à la droite – doit également être tirée.

    Notre section-sœur en Espagne, Socialismo Revolutionario (SR), qui travaille au sein d’Izquierda Unida comme au sein de Podemos, appelle à voter en faveur de candidats qui s’opposent à l’austérité. SR lutte pour des autorités qui osent mener une véritable politique de rupture, de non-paiement de la dette et de nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratique.

    Les listes de confluence de gauche aux municipales

    Dans certaines villes, les listes de confluence de gauche permettent une candidature anti-austérité unifiée pour les municipales avec la participation entre autres de Podemos, d’Izquierda Unida, d’écologistes de gauche, de nationalistes de gauche, de syndicalistes, d’activistes des mouvements sociaux, etc. C’est le cas par exemple avec Zaragoza en Común, Marea Atlántica à A Coruña, Barcelona en Comú (malgré l’absence de la CUP, parti nationaliste de gauche catalan). Dans toutes ces grandes villes, les listes de confluence de gauche sont deuxièmes dans les sondages. Barcelona en Comú est même donnée gagnante dans certains sondages, ouvrant la possibilité d’une mairie anti-austérité tirée par Ada Colau, porte-parole de la plate-forme contre les expulsions des logements. Toutefois, dans de nombreuses villes, ce processus a été chaotique, comme à Madrid où la direction locale d’Izquierda Unida a décidé de se présenter à côté de la liste Ahora Madrid.

    Socialismo Revolutionario a joué un certain rôle dans ce processus de confluence de gauche à Badalona, une municipalité voisine de Barcelone, en défendant un front uni de gauche et des mouvements sociaux. La liste Guanyem Badalona en Comú est soutenue par Podemos, la CUP, Procés Constituent, SR et les secteurs critiques d’IU et des Verts. Le secteur critique d’IU – l’aile gauche à laquelle participe SR – s’est opposé à la direction qui a renoué avec la vieille coalition entre IU et les Verts. Ceux-ci ont été rejoints par les perdants des primaires de Podemos. Cet exemple est indicatif de la situation dans de nombreuses villes en Espagne où l’obstacle principal était incarné par certaines directions d’IU qui ont considéré les listes de confluence de gauche comme une atteinte à leur petite part de pouvoir. Il est urgent d’unir les secteurs critiques autour d’un programme de virage à gauche et en faveur d’un front uni à la base, au sein ou en dehors d’IU.

    Des mairies de gauche ou des élus de gauche pourraient être utilisés pour aider à stimuler la résistance active des travailleurs contre l’austérité autour d’un programme qui désobéit à l’imposition de coupes budgétaires par le gouvernement national.

  • Grèce : Se subordonner à la Troïka ou rompre avec l'austérité?

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    Les choix auxquels fait face la classe des travailleurs

    Ce qui se passe en Grèce est de plus en plus clair. Nous sommes maintenant en mai, le quatrième mois du mandat du nouveau gouvernement dirigé par SYRIZA, et le résultat de ce qu’on appelle les «négociations» avec la Troïka est parfaitement nul!

    Éditorial du journal de Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière (n°410, 6-20 mai 2015).

    La position adoptée par les prétendus «partenaires européens» est non seulement inacceptable, mais aussi malveillante et criminelle! Ils continuent d’exiger et de recevoir les versements du remboursement de la dette grecque sans donner un seul euro pour de nouveaux prêts! Cela représente une politique délibérée de sabotage et d’étranglement de l’économie grecque dans l’objectif de forcer SYRIZA à se plier à leurs exigences! Comme le porte-parole du gouvernement, G.Sakellaridis, l’a clarifié, la somme que le gouvernement grec a remis aux prêteurs atteint maintenant les 6,5 milliards euros!!

    Six milliards et demi d’euros, dans ces conditions, cela représente une somme absolument colossale! Cette somme pourrait, dans un très court laps de temps, en finir avec les conditions de survie auxquelles sont confrontées les couches les plus durement touchées de la population tout en redonnant rapidement un coup de fouet à l’économie et en remettant sur le chemin de la croissance d’importantes sections de l’économie sur base d’investissements publics.

    La question n’est pas de savoir pourquoi ces soi-disant «partenaires» suivent cette politique visant à étouffer l’économie grecque! Cela était prévisible et SYRIZA aurait dû le savoir! La véritable question est la suivante : pourquoi le gouvernement SYRIZA continue-t-il de rembourser la dette alors que la Troïka démontre une attitude si hostile?

    Le Grexit est un thème discuté à l’échelle mondiale – quand cela sera-t-il pris au sérieux en grèce?

    La discussion est vive concernant le «Grexit» dans les médias internationaux. Le dirigeant néerlandais de l’Eurogroupe, Dijsselbloem, a déclaré ce qui suit: «Nous sommes prêts pour un Grexit, nous avons un plan B (…) Les Pays-Bas et la zone euro sont parés à toutes les éventualités. Il existe un plan B pour la Grèce. Pourtant, nous espérons parvenir à un accord avec la Grèce.» Jerry Rice, porte-parole du FMI, a déclaré que le FMI: «examine divers scénarios, mais nous ne nous attendons pas à une sortie de la Grèce de la zone euro» [note: «nous ne nous attendons pas» ne signifie aucunement «nous ne préparons pas à cette possibilité»]

    Alister Wilson, le CEO de Moody, a déclaré à la chaîne de télévision CNBC: «La zone euro va probablement rapidement récupérer d’un Grexit, mais l’impact sur l’atmosphère auprès des investisseurs et sur la confiance serait très forte et de longue durée.» Le journal italien La Stampa a écrit: «Berlin et Francfort se préparent à un «plans B» pour la Grèce (…) Avec l’introduction d’un certain type de contrôles internes (…) afin d’éviter un effondrement des banques (…).»

    Tous ce qui précède a été publié le même jour, le 30 avril. Les principales institutions internationales, les États puissants et les «think tanks» à travers le monde se préparent (selon les médias non seulement étrangers mais aussi grecs) pour une sortie de la Grèce hors de la zone euro! Mais, en Grèce, il n’existe aucune discussion sur l’élaboration d’un plan destiné à faire face à une telle éventualité!

    Il n’est pas trop tard, même maintenant

    La classe dirigeante grecque, ses partis politiques et ses médias se «cachent» derrière la supposée «volonté du peuple grec de rester, par tous les moyens, dans la zone euro», selon les sondages qu’ils préparent eux-mêmes. Mais cette image dépeinte par les médias de masse pourrait se révéler entièrement fausse et pourrait changer jusqu’à devenir son contraire si SYRIZA devait modifier sa position.

    Si SYRIZA veut être cohérent avec ses déclarations électorales, il doit:

    – Arrêter de battre en retraite! SYRIZA a laissé tomber l’annulation de la dette; a accepté des compromis concernant les privatisations; a laissé le mouvement contre l’exploitation des mines d’or en Chalcidique suspendu dans les airs; a «reporté» un certain nombre de mesures comme le droit à la négociation collective, les questions relatives aux relations de travail, l’augmentation du salaire minimum, la prime de Noël pour les retraités les plus pauvres, l’abolition de la taxe foncière pour les pauvres, etc. Pourtant, la Troïka (maintenant appelée «Institutions») refuse de son côté de reculer sur quoi que ce soit.

    – Il faut dire la vérité aux travailleurs grecs! Si le gouvernement grec refuse de céder aux exigences de la Troïka, les «partenaires» européens vont forcer la Grèce à sortir de la zone euro.

    – Il faut reconnaître que, pour être cohérent avec ses déclarations électorales, SYRIZA doit rompre avec la zone euro et s’orienter dans la direction de l’application d’un programme socialiste! Cela inclut le refus de rembourser la dette publique, la nationalisation des banques et les secteurs dominants de l’économie ainsi que le contrôle et la gestion collectives et démocratiques des travailleurs : une démocratie dans la production et la planification de l’économie pour assurer qu’elle fonctionne pour satisfaire les besoins de la population et non pas pour la soif de profits des capitalistes.

    Sinon…

    Si SYRIZA ne se dirige pas sur cette voie, le parti sera incapable de satisfaire la plupart de ses promesses électorales les plus basiques. Il ne sera pas en mesure de réaliser le «programme de Thessalonique» (le manifeste électoral de SYRIZA) et la déception parmi les rangs de la classe des travailleurs sera immense! Certains récents sondages n’accordent déjà plus à Syriza qu’une avance de 10% sur le parti de droite Nouvelle Démocratie (ND). Il n’y a pas si longtemps, l’écart entre SYRIZA et ND était de l’ordre de 25%. Les dangers sont bien réels et le pire que la gauche puisse faire est de les ignorer.

    SYRIZA doit dire la vérité à la classe des travailleurs et non discuter dans le cadre de la diplomatie secrète, sans que les travailleurs ne sachent ce qui se passe précisément. Si SYRIZA change de cap, alors le soutien sera massif et enthousiaste de la part des masses laborieuses grecques!

    La question d’un référendum sur la question de la zone euro est maintenant une question ouverte dans la société grecque. Nous défendons que si un référendum est organisé (ou que de nouvelles élections sont appelées, selon les circonstances), cela ne doit pas être sur base de la mise en avant d’un accord pourri avec la Troïka pour pouvoir rester dans la zone euro! Au contraire, cela doit être sur base d’une proposition claire de quitter la zone euro dans le cadre d’une approche favorable à la classe des travailleurs et d’une alternative socialiste sans équivoque pour les travailleurs, les jeunes et les pensionnés (selon les revendications formulées ci-dessus). A cela doit être combiné l’encouragement du mouvement de masse, la création d’assemblées populaires et de comités d’action de base sur les lieux de travail et dans les quartiers, de sorte que la classe des travailleurs et la jeunesse puisse activement participer à la lutte contre la Troïka et pour une alternative de société socialiste démocratique.

    Une chose sera clarifiée d’emblée : la classe des travailleurs et les pauvres apporteront leur soutien sans réserve. La condition pour parvenir à cette fin est la suivante, et c’est la seule : SYRIZA doit décider de se battre, et se battre jusqu’au bout!

    Face au choix de se subordonner ou de rompre avec l’austérité, le peuple grec décidera la seconde option, sans la moindre hésitation. Toute l’histoire des différentes générations de lutte le démontre. Il est temps pour les dirigeants de SYRIZA d’avoir cela à l’esprit!

  • Grande-Bretagne : les travaillistes n'ont pas pu vaincre les Tories, préparons la résistance!

    Avec 24% de l’électorat, les Tories n’ont aucun mandat pour leur austérité sauvage

    Le vendredi 8 mai, la première page du Daily Mirror était entièrement noire, à l’exception d’un petit titre: “A nouveau condamné – cinq années maudites de plus”. Cela aura très certainement correspondu au sentiment de millions de personnes qui ont découvert que les conservateurs du parti Tory avaient réussi, de façon inattendue, à arracher suffisamment de voix que pour constituer un gouvernement majoritaire. David Cameron est ainsi le premier Premier Ministre en exercice à accroître le soutien électoral de son parti depuis 1955. Travailleurs, pensionnés, jeunes, chômeurs, handicapés, etc. vivent maintenant dans la crainte des misères qu’infligera ce nouveau gouvernement. Pendant ce temps l’indice FTSE 100 (indice boursier des cent entreprises britanniques les mieux capitalisées cotées à la bourse de Londres, NDT) a grimpé de 40 milliards £ , signe que les marchés financiers célébraient l’élection de «leur gouvernement».

    Déclaration du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)

    Il est incroyable que le Parti Travailliste ne soit pas parvenu à vaincre les Tories après ce qui s’est passé ces 5 dernières années. Le gouvernement dirigé par les Tories (en coalitions avec les Libéraux-Démocrates) a opéré des coupes à hauteur de 35 milliards £ dans les budgets des services publics, soit plus que tout autre gouvernement depuis la seconde guerre mondiale.

    Près d’un million de personnes dépendent maintenant des banques alimentaires pour nourrir leurs familles. Les travailleurs ont souffert de la plus sévère contraction salariale depuis l’ère victorienne et, malgré les propos du chancelier George Osborne au sujet de la reprise économique, la moyenne des revenus reste 2% en dessous du niveau connu avant la récession. La coalition conservateurs / libéraux-démocrates avait promis que l’austérité serait capable d’en finir avec le déficit budgétaire. C’est tout le contraire qui s’est produit ! Osborne avait estimé que le déficit serait de 37 milliards £ en 2015, il serait bien plus question de 80 milliards £!

    Les conservateurs n’ont pas gagné, ce sont les travaillistes qui ont perdu !

    Les conclusions tirées par les experts et les médias capitalistes sont que toute cette misère n’est pas trop impopulaire et que les travaillistes ont perdu parce que, comme l’a expliqué le partisan de Tony Blair Lord Hutton, les gens refusent le vieux «menu socialiste de la vieille école». Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Les travaillistes n’ont pas perdu pour avoir été trop à gauche, mais au contraire parce qu’ils ne l’ont pas suffisamment été et qu’ils ont refusé de défendre une alternative à l’austérité. Ils se sont limités à soutenir une «austérité-light».

    Même le Financial Times, dans un article intitulé «Miliband paie le prix de son virage à gauche», admet (en totale contradiction avec son titre) que les seules fois où la popularité de Miliband a augmenté étaient lorsqu’il semblait fugitivement vouloir s’en prendre aux intérêts des banquiers, des médias ou des entreprises énergétiques.

    La popularité du refus de l’austérité a été illustrée par le succès obtenu par le SNP (parti nationaliste écossais) en Ecosse. Les travaillistes, qualifiés par les Ecossais de «Tories rouges» ont pratiquement été annihilés (le SNP a raflé 56 sièges sur les 59 sièges écossais en jeu pour le parlement de Westminster, NDT). En réalité, le SNP a appliqué une politique d’austérité en Ecosse, mais ce parti a été capable de vaincre en se profilant à la gauche des travaillistes et en adoptant une rhétorique anti-austérité.

    Les travailleurs écossais n’ont pas d’approche fondamentalement différente de celle en vigueur en Angleterre et au Pays de Galles. Là aussi, nombreux ont été ceux qui ont été enthousiastes en entendant une voix qui semblait s’élever contre l’austérité. Un sondage d’opinion a d’ailleurs montré que le SNP aurait pu remporter 9% des voix en Angleterre et au pays de Galles, alors qu’il ne s’est présenté qu’en Ecosse ! Durant les débats électoraux, l’une des recherches les plus fréquentes sur google était : «Puis-je voter pour le SNP en Angleterre ?»

    Les travaillistes n’ont eu de cesse de répéter qu’ils allaient eux aussi procéder à l’application de mesures d’austérité dans les dépenses publiques et serait «plus dur concernant les avantages sociaux» que les conservateurs… Ed Miliband a refusé d’envisager toute formation d’un gouvernement soutenu par la SNP, même si cela devait signifier que les conservateurs arrivent au pouvoir en tant que minorité. Le Parti Travailliste a clairement signalé qu’il n’était pas question pour eux d’en finir avec l’austérité et que personne ne devait entretenir d’illusion sur ce point. Finalement, les travaillistes n’ont réussi qu’à très légèrement augmenter leur vote, avec une hausse de 1,8% par rapport au résultat catastrophique de 2010.

    Les premières analyses des résultats suggèrent qu’un des facteurs clés de ces élections a été le taux de participation. Le taux de participation en Angleterre n’a été que d’un peu plus de 65% et il semble bien qu’une bonne partie de ceux qui avaient initialement dit qu’ils voteraient travailliste soient restés chez eux.

    Un vote de protestation

    D’autres ont voulu marquer leur protestation en votant pour le parti populiste de droite UKIP, qui a su s’attirer près de quatre millions de voix et est arrivé en deuxième position dans plus de 90 circonscriptions électorales, nombre d’entre elles étant d’anciens bastions travaillistes. Il semble que les électeurs traditionnellement conservateurs soient retournés au bercail et ont voté Tory quand l’heure de vérité a sonné tandis que plus d’anciens électeurs travaillistes issus de milieux ouvriers soient restés coincés avec le UKIP. D’autres – autour d’un million de personnes – ont voté pour les Verts, qui ont augmenté de façon spectaculaire leur nombre de voix en mettant l’accent sur une rhétorique anti-austérité.

    Avec les élections locales qui avaient lieu le même jour dans toute l’Angleterre (à l’exception de Londres), plus de 100.000 personnes ont voté pour l’alliance 100% anti-austérité de la TUSC (Trade Unionist and Socialist Coalition, coalition de syndicalistes et de socialiste, initiative à laquelle ont participé nos camarades du Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles, NDT). Pour plus de détails : voir les résultats sur www.tusc.org.uk.

    Des millions de personnes qui ont refusé de voter ou qui ont voté pour d’autres partis auraient pu être gagnés à voter pour le Parti Travailliste si ce dernier avait clairement dénoncé l’austérité en défendant un programme comprenant des mesures comme la renationalisation des chemins de fer, des compagnies énergétique et de la Royal Mail (la poste britannique) ; l’augmentation immédiate et substantielle du salaire minimum ou encore l’élaboration d’un programme massif de construction de logements sociaux. Mais au lieu de cela, le manifeste électoral des travaillistes a revêtu les habits des Tories et s’est concentré sur la nécessité de couper dans les dépenses publiques et sur la réduction du déficit budgétaire. Néanmoins, même les mesures très limitées proposées par Miliband (le gel des prix de l’énergie ou l’impôt sur les habitations secondaires) ont fortement irrité la classe capitaliste.

    Ce ne fut toutefois pas Miliband ou la direction travailliste que les capitalistes craignaient. C’était l’appétit pour le changement que ces mesures, même excessivement mineures, auraient pu éveiller parmi la classe des travailleurs. Particulièrement dans le cas d’un soutien du SNP, les capitalistes craignaient qu’un gouvernement dirigé par les travaillistes soit incapable de résister à la pression de la classe des travailleurs pour exiger des changements profonds après les cinq dernières années de misère. En conséquence de quoi la plupart des médias ont littéralement vomi sur Miliband, en le qualifiant à tort du sobriquet de «Red Ed» (Ed le rouge). Les propositions minimes de Miliband ont été suffisantes pour que la classe capitaliste l’attaque sauvagement, mais elles n’ont pas permis de motiver la classe des travailleurs et la classe moyenne.

    Les conservateurs

    Les conservateurs ont donc été en mesure de remporter les élections en dépit de leur très faible progression. En 2010, seuls 24% des électeurs avaient voté conservateur. Cette fois-ci, leur soutien électoral a légèrement augmenté (un peu plus d’un demi-million de voix), mais il s’agit toujours de 24,4% de l’électorat global. C’est très loin de constituer une claire approbation de leur politique à venir, qui poursuivra l’application d’une austérité sauvage. Les libéraux-démocrates ont par contre été brutalement punis pour avoir participé à cette coalition : ils ont perdu plus de quatre millions de voix. C’est d’ailleurs essentiellement en ayant été en mesure de remporter une section des électeurs libéraux-démocrates les plus à droite que les conservateurs ont été en mesure de gagner plus de sièges au parlement. Pourquoi voter pour la copie quand l’original se présente à vous ?

    Une partie des travailleurs les plus aisés ont espéré que le pire de l’austérité est passé et ont imaginé à tort qu’un nouveau gouvernement conservateur puisse apporter une certaine croissance économique. L’absence de confiance envers les capacités des travaillistes à gérer l’économie a sans doute été un autre facteur clé dans ces élections. C’est bien entendu inévitable au vu que ces derniers se sont alignés sur la logique poursuivie par les conservateurs et les libéraux-démocrates.

    Le gouvernement a fait reporter la responsabilité de la crise du système capitaliste – déclenchée par les banquiers – sur les prétendues dépenses publiques excessives des travaillistes. Et face à cela, les travaillistes ont passé cinq ans à convenir qu’il était vital de réduire les dépenses publiques! Paul Krugman, l’économiste keynésien, a fustigé les travailliste une semaine avant la tenue des élections pour avoir rejoint les conservateurs en promettant «une nouvelle tournée d’austérité» après les élections et pour être «étonnamment disposés à accepter les propos selon lesquels les déficits budgétaires représentent le plus grand enjeu économique auquel la nation fait face.»

    Toutes les illusions entretenues au sujet des capacités des conservateurs de faire revenir la croissance économique et une prospérité accrue pour la majorité de la population pourraient être brisées très rapidement. La croissance qui a pris place est largement basée sur le développement partiel des bulles financières et de crédit qui ont éclaté en 2007. Pendant ce temps, la production industrielle britannique reste exceptionnellement faible et l’écart de productivité avec les autres grandes puissances économiques continue de se creuser : la production par heure est 16% inférieure à ce qu’elle aurait dû être si la tendance pré-crise avait continué. La perspective d’une nouvelle récession, peut-être bien déclenchée une fois de plus par le secteur financier, se pose pour la période qui nous fait face, mais cette fois-ci alors que les conservateurs sont au pouvoir.

    Les conservateurs ont également pu avoir un certain succès en jouant sur la peur du nationalisme écossais et du SNP. Les travaillistes auraient pu y couper court en défendant un programme résolument anti-austérité et en appelant le SNP à le soutenir au parlement. A la place, les travaillistes ont choisi, une fois de plus, d’accepter la rhétorique des conservateurs.

    Affaiblir le nouveau gouvernement

    David Cameron a donc été en mesure d’arracher une étroite majorité de douze sièges, soit une majorité encore plus limitée que celle du John Major (21 sièges), la dernière fois que les conservateurs sont parvenus à constituer un gouvernement majoritaire. A l’époque, l’euphorie des conservateurs qui avaient remporté les élections n’avait pas duré longtemps… Aujourd’hui, on se souvient du gouvernement Major comme d’un gouvernement Tory faible et divisé. Il en ira de même pour Cameron. Son gouvernement devra faire face à une énorme agitation sociale.

    En 1992, les élections avaient été suivies par le Mercredi Noir (lorsque la livre sterling est sortie du Système monétaire européen, SME) et par une récession économique. Le mouvement massif contre les fermetures de mines à la fin de cette année avait bénéficié d’un énorme soutien populaire, y compris de la part de beaucoup de gens qui avaient voté pour les Tories quelques mois auparavant.

    La faible majorité dont dispose ce gouvernement ne l’empêchera pas de lancer de nouvelles attaques antisociales encore plus vicieuses. Le Financial Times a déclaré que les réductions de dépenses publiques à venir seraient «nettement plus sévères que celles appliquées au cours des cinq années de la dernière législature»! Parallèlement à cela, le nouveau gouvernement est aussi susceptible de lancer un nouvel assaut contre les droits syndicaux.

    Contre l’austérité, il nous faut un mouvement de résistance massif. Le dernier gouvernement aurait pu être battu si la grève générale du secteur public de novembre 2011 avait été utilisée comme point de départ pour un mouvement de masse généralisé contre l’austérité. Mais la majorité des dirigeants syndicaux ont fait dérailler la lutte en disant aux travailleurs qu’il fallait attendre l’arrivée d’un gouvernement travailliste. Nous devons nous organiser pour empêcher que cela se reproduise à nouveau.
    La conférence nationale des délégués syndicaux (National Shop Stewards Network, NSSN) du 4 juillet sera essentielle pour aider à préparer ce combat. Quand ce gouvernement lancera sa prochaine attaque, le mouvement des travailleurs devra réagir avec une puissante grève générale de 24 heures. Si un mouvement contre l’austérité est bloqué par les dirigeants syndicaux, la résistance sociale trouvera une autre voie, comme cela est arrivé en Irlande avec le mouvement contre la taxe sur l’eau, qui s’est développé en dehors des structures syndicales.

    Dans le même temps, le mouvement des travailleurs a besoin de construire sa propre voix politique. Les dirigeants syndicaux travaillistes sont susceptibles de faire valoir une fois de plus que la seule réponse est d’essayer de pousser vers la gauche le Parti Travailliste. Pourtant, les partisans les plus farouches de l’ère de Tony Blair exigent une seule chose de Miliband : qu’il balance à la poubelle les derniers vestiges des structures démocratiques qui permettaient aux syndicats d’avoir un mot à dire sur l’orientation du parti.

    La confédération syndicale Unite et les autres syndicats donnent plusieurs millions de livres aux travaillistes pour financer leur campagne électorale. Mais ils n’ont rien à dire sur la manière dont cette campagne est menée. Les syndicats ne disposent même pas d’une seule voix concernant l’élection du dirigeant du Parti Travailliste.

    Les dirigeants syndicaux affiliés au Parti Travailliste sont susceptibles de regarder vers Andy Burnham avec l’espoir qu’il sera un dirigeant plus à gauche. Mais son histoire au sein du parti ne le situe pas plus à gauche que les autres. Alors qu’il était ministre de la Santé au sein du dernier gouvernement travailliste, il a supervisé l’extension dramatique de la privatisation du service national de soins de santé.

    Avant les élections, Len McCluskey, secrétaire général du syndicat Unite, a suggéré que si les travaillistes se révélaient incapables de vaincre les conservateurs, le moment serait alors venu de réfléchir à un nouveau parti. Le résultat de ce 7 mai place ce constat au centre du débat. Le mouvement syndical a de toute urgence besoin de discuter de la création d’un nouveau parti de masse pour et par les travailleurs.

    Lors de ces élections, la Coalition de syndicalistes et de socialistes (TUSC) ne disposait pas de la force ou du profil nécessaires pour attirer une majorité de l’atmosphère anti-austérité. Sa campagne a toutefois donné un aperçu de l’enthousiasme que pourrait créer une nouvelle force anti-austérité de masse.

  • Grèce : casser ou plier ?

    Greek protesters, one waving a national flag, gather in Athens, Wednesday, June 15, 2011. Hundreds of protesters clashed with riot police in central Athens Wednesday as a major anti-austerity rally degenerated into violence outside Parliament, where the struggling government was to seek support for new cutbacks to avoid a disastrous default. (AP Photo/Kostas Tsironis)

    La victoire électorale de SYRIZA en Grèce a conduit à une vague d’enthousiasme parmi les travailleurs et leurs familles à travers toute l’Europe. Les premiers mois du nouveau gouvernement grec dirigé par SYRIZA ont vite clarifié que l’Union européenne restera particulièrement dure contre ceux qui remettent en question l’austérité néolibérale. Les espoirs éveillés seront-ils concrétisés? SYRIZA pliera-t-il sous le poids de l’Union européenne pour qu’il marche au pas dans la voie du néolibéralisme? La réponse à ces questions sera déterminée par la lutte de la base de la société.

    Article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    De grandes attentes

    Une fois les élections passées, les sondages ont vite indiqué un soutien vis-à-vis du gouvernement grimpant jusqu’à 83%. L’enthousiasme était aussi élevé que les attentes : enfin était arrivé aux commandes un parti opposé à la logique austéritaire avec pour volonté de mettre un terme à la catastrophe humanitaire organisée par la Troïka (UE, BCE et FMI).

    Puis, quelques semaines plus tard, l’enthousiasme a fait place à une attitude plus prudente. SYRIZA est considéré comme différent des autres partis, mais la résistance de l’Union européenne a forcé le gouvernement à faire de grandes concessions. L’illusion d’un assouplissement négocié des politiques d’austérité dictées par la Troïka n’a pas fait long feu face à la résistance opiniâtre des ‘‘Institutions’’, le nouveau nom de cette dernière. La Troïka ne négocie pas, elle mène une guerre de classe. SYRIZA a reculé, mais les ‘‘institutions’’ en veulent encore et toujours plus.

    Casser ou plier

    Si SYRIZA concède trop de terrain, la déception de ses partisans sera grande et des scissions sembleront dès lors inévitables en son sein. Par contre, si l’UE pousse SYRIZA trop loin, le parti ne pourra tout simplement rien faire d’autre que refuser, Cela pourrait entrainer la Grèce hors de l’eurozone, ce qui serait susceptible de pousser SYRIZA davantage à gauche. Une troisième possibilité serait que l’UE laisse suffisamment d’espace à SYRIZA pour que le parti maintienne un soutien social relatif pendant un certain temps.

    Si cela ne dépendait que de l’UE, la Grèce ne serait pas éjectée de l’eurozone. L’approche dominante vise à contraindre SYRIZA à effectuer des concessions sans cesse de plus grande portée dans le but de pleinement domestiquer le gouvernement grec.

    Mais SYRIZA ne peut pas tout simplement abandonner toutes ses promesses, l’UE va devoir concéder quelque chose. La seule question est de voir dans quelle mesure cela peut pratiquement se faire. Les différentes options demeurent ouvertes et dépendent de plusieurs facteurs, parmi lesquels les conséquences possibles d’un Grexit pour la zone euro et des éléments géopolitiques comme la possibilité d’un glissement de la Grèce dans la sphère d’influence russe.

    Tout repose sur la résistance sociale

    La lutte en Grèce est le facteur décisif. Sur base d’une lutte, le gouvernement pourrait être poussé vers la gauche de sorte que ses actes dépassent ce qui était initialement prévu par la direction de SYRIZA. Une certaine augmentation de la lutte de classe prend actuellement place, sans déjà aboutir à un mouvement d’ampleur. La plupart des gens adoptent une attitude faite d’expectatives et espère que le gouvernement sera toujours capable de réaliser quelques-unes de ses promesses.

    La grève du personnel de l’entreprise de télécommunication Vodafone, comptant environ 2.500 employés en Grèce, a été la première à être déclarée illégale par les tribunaux sous le gouvernement SYRIZA. Un risque de répression et d’arrivée de briseurs de grève existait, mais la police s’est montrée très conviviale avec les grévistes. Ceci est une différence notable qui résulte du changement de gouvernement. Une délégation de musiciens, représentant entre autres l’Orchestre philharmonique d’Athènes, est allée porter ses revendications au ministre en charge. Avec les précédentes autorités, la répression policière aurait été au rendez-vous. Mais maintenant, ces exigences ont été transformées en propositions de loi en quelques jours à peine.

    Concernant l’emblématique campagne de protestation contre l’exploitation des mines d’or en Chalcidique (au nord du pays), le gouvernement a finalement promis de stopper ce pillage de la région, mais en donnant à l’entreprise permission de procéder à la déforestation. Cette concession a représenté un choc, la mobilisation contre les mines d’or étant l’une des plus importantes de ces dernières années.

    Dans ce contexte, les forces de gauche, comme le Parti Communiste (KKE) et l’alliance anticapitaliste Antarsya, sont allées au-delà de la conscience des masses lorsqu’elles ont appelé à l’organisation d’actions contre ce qu’elles appelaient ‘la trahison de SYRIZA’ au moment où ce parti était à son pic de popularité. Cette approche ne respecte pas la conscience des couches larges de la population.

    Cette conscience évoluera toutefois, de même que la volonté croissante de se battre. L’actuelle pause causée par la fatigue et les espoirs ne va pas durer. Dans cette nouvelle bataille, Xekinima, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Grèce, continuera à jouer un rôle. Nos camarades ont développé des liens étroits avec des militants de la gauche de SYRIZA et tentent de réunir à la base des activistes de l’intérieur et de l’extérieur de SYRIZA au sein d’alliances de gauche.

    Quelle réponse à la crise?

    Les prétendues ‘‘négociations’’ ont, une fois de plus, prouvé que l’establishment capitaliste européen ne mettra pas fin à l’austérité. D’un pays développé, la Grèce devient un pays arriéré. Pour stopper cela, nous devons rejeter le paiement de la dette. Cette dernière n’est pas celle de la population grecque, il n’y a donc aucune raison qu’elle doive la rembourser. Les banques doivent être nationalisées sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Cette mesure devrait être accompagnée par un contrôle sur le capital et le commerce extérieur.

    Le peuple grec doit mettre la main sur les secteurs clés de l’économie grecque. Cela permettra que les ressources et les fortunes disponibles soient utilisées pour un développement économique orienté vers la satisfaction des intérêts de la majorité de la population plutôt que de ceux des capitalistes.

    La question de l’euro est inévitable. L’élite européenne menace d’expulser le pays hors de la zone euro si la politique d’austérité est rejetée. Même si l’élite européenne n’accepte pas les exigences de base de la population grecque en réponse à la crise humanitaire, le gouvernement grec peut encore aller de l’avant. Le contrôle public des mouvements de capitaux et du commerce extérieur permettrait de protéger l’économie du pays contre les attaques des ‘‘marchés’’. Avec la mobilisation de la population grecque et le soutien des travailleurs du reste de l’Europe, c’est possible.

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