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Category: Amérique Latine
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“Chile despertó”! Le Chili se soulève en masse

Tout commença il y a quelques semaines, alors que le président de droite Piñera déclarait dans la presse que le Chili était un oasis en Amérique latine et que le FMI vantait ses mérites. Des milliers de jeunes des écoles secondaires protestèrent massivement contre une augmentation du ticket de métro de 30 pesos (plus ou moins 5 centimes d’euro) en ‘‘envahissant’’ les stations et en ouvrant les portails.
Par Pablo (Bruxelles)
Dans un pays où la majorité des travailleurs gagne moins de 500€/mois et où le ticket de métro coûte 1 euro, une telle augmentation était déjà imbuvable. Les transports absorbent en moyenne 15 % du revenu des Chiliens. Les manifestants clament toutefois que cette révolte de masse ne porte pas seulement sur ces 30 pesos, mais surtout sur ces 30 dernières années de retour à la ‘‘démocratie’, 30 ans de fausses promesses de réformes sociales et démocratiques de la part de l’ensemble des partis traditionnels, de gauche comme de droite.
La constitution issue de la dictature est par exemple toujours de vigueur. L’ensemble des services essentiels à la population sont privatisés (l’eau, les transports, l’enseignement, la santé, le système de pension, etc.) et le pourcent le plus riche de la population concentre un tiers des revenus entre ses mains. Face à la répression policière brutale contre les jeunes, des manifestations de masse ont petit à petit réuni étudiants, travailleurs précaires des villes et travailleurs au sens large dans la capitale, Santiago, et ensuite à travers l’ensemble du pays.
Le Chili a connu de nombreuses luttes étudiantes et lycéennes depuis une dizaine d’année, notamment en 2006 et 2011 en faveur de l’éducation gratuite. Cela a forgé une conscience de combat parmi toute la jeunesse chilienne. Les vieilles générations qui avaient encore le souvenir des sévices de la dictature militaire envers les militants ont été enthousiasmées par les nouvelles générations et sont finalement revenues dans la lutte. Comme le dit un slogan désormais populaire dans le pays : ‘‘Nous n’avons plus peur’’.
Dans un premier temps, des destructions et des pillages ont aussi été constaté. Dans la majorité des cas ils ciblaient les gros supermarchés, des banques, des stations de métros ou les péages autoroutiers. Petit à petit, quand les manifestations se firent plus grandes, les pillages devinrent marginaux. Ils étaient fermement condamnés par les manifestants qui y voyaient très souvent une provocation de la police et de l’armée pour retourner l’opinion à travers les médias dominant.
Par ailleurs des barricades et des blocages furent organisés, notamment dans les villes régionales. Le vendredi 18 octobre, le principal syndicat des dockers chiliens, l’Union Portuaria de Chile, se mit en grève et appela à construire la grève générale. Le gouvernement de Sebastián Piñera, sentant qu’il perdait le contrôle de la situation, a annoncé le jour-même à minuit le gel de l’augmentation du prix du ticket de métro mais aussi l’état d’urgence constitutionnel dans la capitale. Cela permet de restreindre les droits démocratiques fondamentaux comme la liberté de réunion, ce qui n’était plus arrivé depuis le retour de la ‘‘démocratie’’. En outre, il a instauré un couvre-feu de 19h à 6h et a fait sortir l’armée dans la rue avec l’autorisation de procéder à des arrestations ou encore à utiliser les armes à feu pour réprimer la révolte.
Selon les chiffres officiels 18 personnes sont mortes à ce jour. On dénombre plusieurs centaines de blessés et 2500 arrestations. On parle également de cas de tortures et de viols. L’utilisation des militaires et du couvre-feu contre les manifestants a énormément choqué. Le lien avec la période de la dictature a tout de suite été fait et cela a été un catalyseur pour la mobilisation sociale qui a gagné en puissance alors que le gouvernement s’est affaibli et a été gagné par l’incertitude.
La force du mouvement ébranle le gouvernement
Le syndicat des enseignants s’est mis en grève, la plus grande mine privée du monde également, les organisations indigènes mapuches ont rejoint le mouvement et une grève générale de 48h a été appelée par une trentaine d’organisations sociales et syndicales chiliennes pour les 23 et 24 octobre, notamment par l’organisation de lutte contre les pensions privées ou encore par la coordination féministe du 8 mars.
L’ensemble des secteurs entrés en lutte ces dernières années se coordonne et les manifestations furent les plus grandes que le pays ait connues. La colère gronde jusque dans les quartiers plus aisés tandis que les chants du révolutionnaire Victor Jara, assassiné par la dictature, résonnent durant les nuits de couvre-feu. Sa chanson ‘‘El derecho de vivir en paz’’ est d’ailleurs devenue un des hymnes de ce mouvement en réponse au président qui déclara être en guerre.
Face à une telle force, le gouvernement a été contraint de reculer et de demander pardon. Il a promis d’augmenter de 20% la pension de base, d’accorder un revenu mensuel minimum de 350.000 pesos, de réduire les prix des médicaments, de geler l’augmentation du prix de l’électricité ou encore de baisser le salaire des parlementaires. Parallèlement, il tente de construire une ‘‘unité nationale’’ avec les autres partis d’opposition. Mais pour les Chiliens, c’est trop peu, trop tard.
Piñera est maintenant complètement discrédité et les premières revendications du mouvement sont sa démission ainsi que le retrait des militaires de la rue. Une revendication majeure du mouvement est également la création d’une assemblée constituante pour en finir avec la constitution néolibérale de Pinochet. Nous pensons que la convocation d’une assemblée constituante libre et souveraine est une revendication clé. D’autre part, la grève générale doit continuer, s’élargir et s’organiser. Des premières assemblées et coordinations sont en train de prendre place. Cela doit être la priorité actuelle dans toutes les écoles, lieux de travail et quartiers en lutte pour que le mouvement puisse se structurer démocratiquement depuis la base sans des bureaucrates syndicaux ou des arrivistes politiques.
Un tel mouvement pourra faire chuter le gouvernement, balayer les politiques néolibérales et mettre en place une Assemblée Constituante des travailleurs et du peuple. Cela poserait les premiers jalons d’une reconstruction du Chili avec un gouvernement anticapitaliste et socialiste ! Cela serait vu comme un exemple en Amérique latine pour la constitution d’une fédération latino-américaine socialiste et démocratique.
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Actions de solidarité avec le peuple chilien en lutte à Anvers, Bruxelles, Gand, Louvain et Namur

Namur Les actions de solidarité internationale avec les jeunes, les travailleurs et les pensionnés au Chili se poursuivent dans le pays. Ce jeudi soir, des actions ont ainsi eu lieu à Anvers, Bruxelles et Namur, dont voici les photos ci-dessous. Nous y joignons également la traduction d’un texte de nos camarades de LSR (Liberdade, Socialismo e Revolução), la section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière.
Une prochaine action prendra place ce samedi 26 octobre, de 17 à 19h gare centrale à Bruxelles (événement Facebook).
Chili : Dégageons Piñera et ce qui reste de la dictature !Les jeunes, les travailleurs et le peuple chilien montrent la voie à tous les peuples d’Amérique latine. Il n’y a pas d’autre issue que la lutte pour ceux qui souffrent du chômage, de la précarité, de la répression de leurs droits fondamentaux et de la destruction des services publics. Le néolibéralisme sera vaincu dans la rue, par les grèves, par une mobilisation qui défie le pouvoir établi.
Par André Ferrari, LSR (section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)
Après le soulèvement populaire renforcé par la grève générale appelée ces 23 et 24 octobre, le cynique président Piñera a présenté ses excuses et a annoncé diverses mesures visant à contenir la colère populaire. L’augmentation des tarifs de transport, principal déclencheur des luttes actuelles, avait déjà été annulée par le gouvernement.
Mais en plus de cela, Piñera n’a pas seulement maintenu l’état d’urgence, il a prolongé le couvre-feu ! La répression sauvage et lâche des carabiniers et de l’armée contre la population représente un revers très grave du point de vue démocratique. Ce sont les méthodes de la dictature pinochetiste qui prennent vie. Le nombre de morts, de blessés, d’emprisonnés et de disparus augmente chaque jour.
Mais rien de tout cela n’est parvenu à contenir la colère des masses. Ni les concessions timides ni la répression n’ont empêché les grandes manifestations et les grèves dans plusieurs secteurs importants comme les ports, les mines, l’enseignement, la santé et bien d’autres. Les Mapuches et les communautés autochtones se mobilisent aussi. Les femmes sont une fois de plus à l’avant-garde de la résistance malgré toute la répression. Les jeunes continuent de jouer un rôle central dans le mouvement.
Prenons garde à maintenir le mouvement et à ne pas se laisser embourbés dans d’inutiles négociations avec ce gouvernement meurtrier. ‘‘Dégaeons Piñera, ses politiques néolibérales et son système politique pourri’’, c’est le moins qu’on puisse exiger.
Pour aller de l’avant, le mouvement doit s’organiser à la base, au travers de comités de lutte dans les quartiers, les lieux de travail et les lieux d’étude. Ainsi, sans le frein de la bureaucratie syndicale, il sera possible de créer les conditions d’une grève générale active jusqu’à la chute de ce gouvernement.
Piñera doit être renversé, mais il faut aussi en finir avec les politiques néolibérales et le régime politique qui maintient la Constitution née de la dictature. La défense d’une Assemblée constituante libre, souveraine, véritablement démocratique, populaire et organisée par la base est le moyen de reconstruire complètement le pays. De cette manière, il sera possible de construire un gouvernement des travailleurs et du peuple qui puisse adopter un programme anticapitaliste et socialiste !
Porto Rico, Équateur, Haïti, Chili,… La rébellion populaire et la lutte des travailleurs se répandent dans toute l’Amérique latine. Au Brésil, il n’en ira pas autrement. Il est nécessaire d’unir ces luttes et de nous battre pour une alternative commune contre la crise du système capitaliste : pour une Fédération socialiste d’Amérique latine.
Action de solidarité à Anvers.


Action de solidarité à Bruxelles.


Action de solidarité à Gand.


Action de solidarité à Louvain.


Action de solidarité à Namur.


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Rassemblement de soutien à la lutte du peuple chilien

Ce lundi 21 octobre s’est tenu un rassemblement de 150 personnes devant l’ambassade du Chili. Cette manifestation voulait apporter son soutien à la lutte actuelle du peuple chilien.
On a pu entendre des slogans tel que « No son, no son, no son los 30 pesos, son los 30 años de falsos progresos” (ce ne sont pas pour les 30 pesos, mais pour les 30 ans de faux progrès) en référence au début du mouvement contre l’augmentation du prix du métro de la capitale de 30 pesos qui devient une remise en cause du régime « démocratique » depuis la fin de la dictature militaire il y a 30 ans.
Des slogans ont également retenti en référence à l’alliance entre jeunes et travailleurs et en faveur d’une grève générale. On a pu y entendre des chants et d’autres slogans issus de la période du gouvernement de gauche d’Allende qui marqua le Chili par ses réformes sociales radicales. Beaucoup de jeunes chiliens étaient présents aux côtés d’exilés politiques de la dictature et les drapeaux chiliens flottaient aux côtés des drapeaux Mapuches.
Une prochaine action prendra place ce samedi 26 octobre, de 17 à 19h, gare centrale à Bruxelles (événement Facebook).

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Élections en Argentine : Voter ‘FIT-Unidad’ pour construire une alternative socialiste pour les luttes à venir

Nicolás del Caño et Romina del Plá Déclaration du Comité provisoire du CIO sur les élections en Argentine
L’Amérique latine connaît une aggravation de sa crise économique, politique et sociale. Une nouvelle phase de résistance et de lutte contre les attaques de l’impérialisme, du grand capital et de ses sous-fifres locaux a commencé dans la région.
Le soulèvement indigène, populaire et des travailleurs en Équateur, qui a contraint le gouvernement de Lenín Moreno à revenir sur la mise en œuvre des plans imposés par le FMI, est un exemple clair de la gravité de la crise, de la volonté de lutter et de la force des opprimés et des exploités dans cette région. Des crises et des mobilisations massives ont eu lieu dans des pays comme Haïti, le Honduras et bien d’autres, en plus de l’exemple de Porto Rico. Cette situation devrait encore se durcir au cours de la prochaine période.
Dans ce scénario, les élections du 27 octobre en Argentine et les exemples de résistance populaire et des travailleurs aux attaques imposées par le gouvernement de Mauricio Macri sont d’une importance fondamentale. Tous les travailleurs conscients et la gauche socialiste internationale doivent adopter une position claire sur ces processus.
La gravité de la crise dans ce pays clé de la région pourrait avoir un fort impact sur le contexte latino-américain et international. La crise argentine fait partie de la crise internationale du capitalisme, mais elle est aussi un déclencheur potentiel de nouvelles crises au-delà de ses frontières.
L’accord que Macri a conclu l’an dernier avec le FMI pour un méga-prêt de 56 milliards de dollars américains n’a pas permis d’améliorer la situation. Les prêts déjà accordés n’ont fait que remplir les poches des spéculateurs et des créanciers de la dette au détriment des pauvres et des travailleurs. Mais les politiques néolibérales mises en œuvre par Macri et l’ingérence directe du FMI dans les décisions gouvernementales n’ont fait qu’aggraver la crise économique et sociale.
La récession et l’inflation élevée constitue un cocktail aux gigantesques coûts sociaux. Le chômage, les emplois précaires, la baisse du revenu familial, la détérioration des conditions de vie sont les caractéristiques du pays après presque quatre ans d’administration Macri. Il y a officiellement 35,4% de la population en dessous du seuil de pauvreté. Cela représente 8 % de plus qu’il y a un an. Plus de 15 millions de personnes (25,4 % des familles) n’ont pas les moyens de se procurer des aliments de base. La pauvreté touche 51% des enfants en Argentine.
Ce scénario est très similaire à celui qui, en décembre 2001, a entraîné l’explosion sociale de “l’Argentinazo”, lorsque le président Fernando De La Rua a dû démissionner et s’enfuir en hélicoptère de la Casa Rosada, entourée de manifestants.
L’Argentine est aujourd’hui le premier emprunteur mondial du FMI. Il est symptomatique que la deuxième place sur cette liste soit précisément l’Équateur, un pays qui vient de connaître un soulèvement populaire, indigène et ouvrier précisément en raison de des politiques néolibérales d’ajustement imposées par cet organisme international.
Dans le cas de l’Argentine, de nombreuses luttes importantes ont déjà eu lieu, dont cinq grèves générales sous l’administration Macri et la grande confrontation de décembre 2017 devant le Congrès dans la lutte contre la contre-réforme de la sécurité sociale. Le mouvement des femmes – de Ni Una Menos au puissant mouvement pour le droit à l’avortement – a également été une inspiration internationale. La grève des travailleurs du secteur public à Chubut, en Patagonie argentine, a eu des répercussions nationales et montre le potentiel de généralisation des luttes.
Macri se dirige vers la défaite
D’un point de vue électoral, la crise a rendu les chances de réélection de Macri extrêmement improbables. Sa défaite décisive aux élections primaires en août annonce un résultat encore pire le 27 octobre.
Macri est arrivé au pouvoir lors des élections de décembre 2015, après s’être constuit l’image d’un manager moderne, détaché des préoccupations prétendument idéologiques de ses opposants, les partisans du “kirchnerisme”, l’aile “péroniste” de la présidente de l’époque, Cristina Kirchner.
Sa victoire électorale a représenté le retour au pouvoir de la droite explicitement néolibérale après de nombreuses années de gouvernements péronistes qui avaient opté pour la conciliation de classe et ont souvent dû faire des concessions aux travailleurs.
L’arrivée de Macri au pouvoir a été un processus moins traumatisant que celui qui a eu lieu au Brésil, par exemple. Dans ce pays voisin, la droite néolibérale a repris le contrôle total du gouvernement par un coup d’État institutionnel en 2016 et a dû se tourner vers Bolsonaro, candidat d’extrême droite avec des caractéristiques proto-fascistes, lors des élections de 2018.
Le fiasco absolu de l’administration Macri et son probable fiasco électoral à venir représentent une défaite sérieuse pour la nouvelle droite qui est arrivée au pouvoir dans plusieurs pays latins, remplaçant les gouvernements de centre-gauche usés qui gouvernaient sur base de conciliation de classes sans jamais avoir rompu avec le capitalisme.
Fernandez-Fernandez n’offre pas d’alternative réelle
Il est compréhensible que des millions de travailleurs argentins considèrent aujourd’hui comme leur priorité l’objectif de vaincre Macri lors des élections. À cette fin, un vote en faveur de la liste qui réunit Alberto Fernandez et Cristina Fernandez de Kirchner semble être la voie la plus simple.
Mais la combinaison Fernandez-Fernandez ne représente pas une rupture effective avec les politiques de Macri et n’offre pas une véritable issue à la crise du point de vue des travailleurs et des pauvres. Fernandez insiste sur la politique de conciliation et les pactes sociaux impliquant les travailleurs et la bourgeoisie, et a réaffirmé qu’il continuera à maintenir l’accord avec le FMI.
De plus, dans les années à venir, l’Argentine ne connaitra pas le le scénario international qui a favorisé la croissance économique après la crise de 2001, en grande partie à cause du boom des matières premières et de la renégociation de la dette. L’idée que ces prétendues années de croissance économique et de stabilité relative reviendront n’a aucun fondement dans la réalité.
La large unité d’action et de lutte contre les attaques de Macri et toute attaque contre les travailleurs n’élimine pas la nécessité de construire un projet politique indépendant, socialiste et de gauche pour les masses.
La tâche fondamentale qui se présente avec ces élections est de regrouper les forces nécessaires aux luttes décisives qui viendront inévitablement. Un vote pour les candidats du Frente de Izquierda y de los Trabajadores – Unidad fait, à notre avis, partie de ce processus d’accumulation des forces pour les affrontements qui vont venir. Plus la liste présidentielle de Nicolás del Caño et Romina del Plá recueille de voix et plus les élus du FIT-U seront nombreux, mieux ce sera pour les luttes à venir.
Le FIT-Unidad défend l’indépendance de classe des travailleurs et ne stimule pas les illusions dans la conciliation de classe. En défendant la nécessité de rompre avec le FMI et de suspendre le paiement de la dette pour que les revendications populaires puissent être satisfaites, ils vont dans la bonne direction.
Nous considérons également comme positifs les efforts visant à étendre le FIT (auparavant composé de PTS, PO et IS) à d’autres secteurs de la gauche, tels que le MST, et à des groupes combatifs populaires et sociaux. Nous comprenons, cependant, que la tâche de construire une référence politique de masse de la gauche socialiste est encore une tâche à accomplir par la gauche et le mouvement ouvrier en Argentine.
Cette tâche devra être menée dans les luttes sociales dans le cadre de la crise qui s’aggrave. L’expérience concrète de larges secteurs de la population, le fiasco de la droite au pouvoir et les limites du kirchnerisme peuvent faire place à cette alternative de gauche. Il est nécessaire de relever ce défi et de s’y préparer. Le Comité pour une Internationale Ouvrière est au service de cette lutte dès maintenant !
Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) est une organisation socialiste révolutionnaire organisée dans plus de 30 pays sur tous les continents, qui se bat pour unir les travailleurs et tous les opprimés en lutte et pour un programme en défense du socialisme mondial. Nous saluons tous les travailleurs et les jeunes en lutte en Argentine et nous les invitons à lire nos analyses et commentaires sur worldsocialist.net.
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Brésil : Sauvez l’environnement, détruisez le système !
Depuis les élections de 2018, l’orientation que prendraient les politiques environnementales avec Jair Bolsonaro à la présidence a suscité une vive inquiétude. Ses déclarations sur l’environnement ont toujours été controversées, parce qu’elles traitent toute considération pour la préservation de la forêt ou pour les peuples autochtones comme un obstacle à la croissance économique du pays.Par Bruna Leão, LSR (CIO=Brésil, article initialement publié le 29 août)
Selon l’INPE (Institut national brésilien de recherche spatiale), entre août 2018 et juillet de cette année, 6 800 km² ont été déboisés, contre 4 500 km² pour la même période entre août 2017 et juillet 2018. Cela représente une augmentation de 64,8%. Selon l’agence gouvernementale IBAMA (Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables), les amendes infligées aux contrevenants en matière d’environnement en 2019 ont diminué d’un tiers par rapport à la même période l’an dernier. La baisse du nombre de sanctions coïncide avec une augmentation du nombre de cas de déforestation et d’incendies de forêt enregistrés en 2019.
Le chaos environnemental dans lequel nous vivons est devenu évident le 19 août 2019, lorsque le ciel de la ville de São Paulo s’est obscurci à 15 heures en raison d’un nuage de fumée dû à l’incendie qui durait déjà depuis 16 jours en Bolivie, au Paraguay et dans les États brésiliens de Rondônia et d’Acre. Le vent des couches supérieures de l’atmosphère a changé de direction avec l’entrée d’un front froid, dirigeant la fumée vers São Paulo, mais aussi vers la région sud qui comprend les Etats de Mato Grosso, de Mato Grosso do Sul et de Paraná.
Les feux de forêt ne sont pas rares à cette période de l’année, mais jamais à cette échelle. Selon l’IPAM (Amazon Environmental Research Institute), cette année a été la moins sèche des trois dernières années, de sorte que le temps sec ne peut être blâmé pour les incendies. Cependant, il y a eu une augmentation significative des incendies illégaux, d’environ 70 %, qui a contribué à l’augmentation des flambées de feux de forêt dans la région amazonienne.L’avancée de la déforestation est liée à la chasse aux profits écologiquement insoutenable des agro-industries qui contrôlent aujourd’hui le gouvernement. Même avant les coupes dans le Fonds Amazone, nous avons assisté à une augmentation drastique des incendies de forêt dans la forêt amazonienne. Les données de l’imagerie satellitaire quotidienne de l’INPE montrent qu’entre le 18 et le 19 août, 1 346 nouvelles flambées ont été observées dans le pays. Depuis le 15 août, il y a eu 9 507 nouveaux points de combustion. L’administration Bolsonaro avait déjà réduit les fonds de l’IBAMA, en particulier ceux destinés aux inspections et à la surveillance. Puis vint le licenciement récent du directeur de l’INPE, qui a défié le président en défendant les données techniques et scientifiques recueillies par l’institut. Dans le cadre de ce même processus de démantèlement de la protection de l’environnement, les universités publiques qui produisent les connaissances scientifiques et les professionnels qualifiés pour faire face à la situation environnementale du pays sont victimes de coupes budgétaires.
L’intense soif de profit à tout prix, le renforcement du bloc “ruraliste” (représentant les intérêts des grands propriétaires fonciers) au Congrès, les attaques contre les territoires indigènes et les crimes contre l’environnement comme la rupture des barrages de Brumadinho et Mariana, font du Brésil un des plus grands pays victimes de la déforestation et l’un des plus grands utilisateurs de pesticides au monde. Tout cela s’est intensifié sous le gouvernement Bolsonaro, qui a déclaré la guerre à l’environnement avec ses politiques dévastatrices.
Grève globale pour le climat
Les grèves climatiques sont un phénomène en pleine expansion. Ils sont marqués par des jeunes insatisfaits de l’inaction des gouvernements et inquiets pour leur propre avenir, ce qui reflète une politisation croissante chez les jeunes. Un mouvement précurseur des grèves climatiques a eu lieu avant la Conférence de Paris sur le climat en 2015. Dans plus de 100 pays, environ 50 000 personnes sont descendues dans la rue, en arborant des banderoles qui liaient la crise environnementale à la crise sociale. L’intensification de la lutte contre le changement climatique a commencé à la fin de l’année dernière. C’est une jeune Suédoise du nom de Greta Thunberg, alors âgée de 15 ans, qui en est à l’origine. En août 2018, Greta a entamé une série de manifestations qui se sont transformées par la suite en mouvement “Fridays for Future”.
Un certain nombre de mouvements différents au Brésil ont décidé de se joindre à la construction de la Grève mondiale du climat, appelée dans des dizaines de pays pour la semaine du 20 septembre. Cette mobilisation est aussi une réponse aux attaques du gouvernement Bolsonaro contre les peuples indigènes, l’Amazonie, le Cerrado (vaste région de savane tropicale au centre du Brésil), l’agroécologie et toute initiative qui propose une nouvelle relation entre l’être humain et la nature. Il y a une forte participation, en particulier des jeunes, à la grève mondiale comme moyen d’exprimer cette indignation dans la rue.
Luttons pour le socialisme !
Ce moment appelle à la construction d’un nouveau pôle d’attraction pour les luttes des travailleurs et des jeunes en faveur de l’environnement. L’État de São Paulo, comme une grande partie du nord-est et du milieu du Brésil, a déjà connu des crises de gestion de l’approvisionnement en eau (dues à la sécheresse ces dernières années), et connaît actuellement de graves problèmes de santé publique liés à la qualité de l’air. La population subit les conséquences directes sur l’environnement et la qualité de vie des décisions des gouvernements qui ne pensent qu’à eux-mêmes et non au peuple.
Il est urgent de s’engager dans la lutte pour l’environnement et le climat. Le changement climatique aura des conséquences désastreuses, en particulier pour la classe ouvrière, comme les glissements de terrain, les incendies de forêt, les mauvaises récoltes, la faim, les maladies, les pluies extrêmes, les vagues de chaleur, les inondations et la sécheresse prolongée. La priorité pour nous, à gauche, est de tenir tête à ce système économique à courte vue, un système qui ignore la nécessité de conserver les ressources naturelles et qui n’est motivé que par le profit. Dans son livre Capital, Marx affirme que “tout progrès dans l’agriculture capitaliste est un progrès dans l’art non seulement de piller l’ouvrier, mais aussi de piller le sol”.
Le système capitaliste conduit notre monde au chaos. Nous devons renverser ce système ! Nous ne pouvons changer les choses qu’en luttant pour une transformation socialiste de la société, avec les travailleurs aux commandes celle-ci. Nous disposons déjà des moyens techniques de planifier la production en fonction de nos besoins plutôt qu’en fonction du profit, et nous pouvons établir une utilisation rationnelle de toutes les ressources de la planète. Cela signifie de lutter pour une société socialiste démocratique, avec une planification démocratique des ressources à l’échelle internationale.
La construction d’une force de lutte socialiste est la stratégie nécessaire pour répondre aux attaques du gouvernement Bolsonaro et du capitalisme. Construisons la grève internationale du climat en septembre et allions la force de la jeunesse à celle de la classe ouvrière et de tous ceux qui luttent contre la destruction de notre planète !
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Pourquoi l’Amazonie est-elle détruite ?

En juillet dernier, une nouvelle très inquiétante a circulé : on estime que depuis le début de l’année, lorsque Jair Bolsonaro a pris en main la présidence du Brésil, l’Amazonie a perdu une superficie forestière égale à un terrain de football par minute. Cette information est maintenant dépassée par une réalité encore plus sombre. Les innombrables incendies qui se sont déclarés au cours des dernières semaines dans la forêt tropicale détruisent des écosystèmes extrêmement importants et aggravent encore l’effroyable déforestation de l’Amazonie.
Par Electra Klitsa, Xekinima (Grèce)
Le ciel de villes majeures du Brésil et d’autres pays d’Amérique latine s’est noirci de fumées. L’impact de cette catastrophe aura de terribles effets sur l’atmosphère, non seulement à la suite des incendies eux-mêmes, mais également en raison de la destruction d’une forêt qui absorbe de grandes quantités de dioxyde de carbone. Le climat de la région en souffrira car il dépend de la forêt amazonienne, mais il faut également penser à la perte d’une partie considérable de la biodiversité de la forêt amazonienne, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs sur le globe.
Pour comprendre l’ampleur du phénomène, il suffit de savoir que d’après un article de 2017, une nouvelle espèce de flore ou de faune est découverte en Amazonie tous les deux jours. Nous perdons donc aujourd’hui des espèces donc ne connaissons même pas l’existence. Certaines d’entre elles auraient pu être utiles à toute l’humanité pour leurs propriétés curatives. D’autres jouaient peut-être un rôle clé dans l’équilibre de la chaîne alimentaire et leur extinction va peut-être contribuer à celle de nombreuses autres.
Les Amérindiens
Au-delà des plantes et des animaux, cependant, il y a des êtres humains. Non seulement les habitants de la planète et les générations futures qui seront touchées indirectement et à long terme par la catastrophe, mais aussi les habitants de la forêt amazonienne d’aujourd’hui.
Des tribus autochtones persistent à vivre dans la forêt, la protègent et en dépendent pour leur existence. Certaines de ces tribus disparaîtront avec la nature de la région sans que leur existence ne nous ait jamais été connue. D’autres sont connues non seulement pour leur grand patrimoine culturel, mais également pour leurs grandes luttes contre l’épidémie de “croissance” dévastatrice en Amazonie. L’une des figures les plus emblématiques de cette lutte est Chico Mendes, assassiné en 1988 pour avoir tenté d’organiser les peuples autochtones contre la destruction de la forêt qui était leur foyer et leur moyen de survie.
Aujourd’hui, ses assassins – les grandes entreprises agricoles et minières et les gouvernements qui les servent – continuent leur oeuvre destructrice en brûlant l’Amazone.
Une forêt géante “dérangeante”
Dans la plupart des cas d’incendies de forêt, il faut être prudent et disposer de preuves concrètes avant de parler d’incendie criminel, voire même spécifiquement planifié. Mais dans le cas de l’Amazonie menacée depuis des décennies et tout particulièrement lorsque d’innombrables incendies éclatent simultanément dans d’innombrables endroits, il est pour le moins naïf de parler de hasard. Après les bulldozers, visiblement trop lent, le big business a fait appel aux incendies.
Mais pourquoi l’Amazonie est-elle détruite? Que veulent ceux qui s’attaquent au cœur de cette « inutile » forêt ? Dernièrement, les sociétés d’extraction de pétrole et d’or harcèlent de plus en plus les communautés autochtones qui protègent les forêts amazoniennes. Les entreprises agricoles et d’élevage rêvent de convertir encore plus de forêt en cultures et en pâturages. La plus grande partie de la forêt tropicale n’est plus que cela: de nouvelles fermes et de nouveaux champs. Mais de combien de champs a-t-on besoin sur la planète? Les champs existants ne leur suffisent-ils pas ? Après tout, la destruction de l’Amazonie ne date pas d’aujourd’hui, mais dure depuis de nombreuses décennies.
Des champs à usage unique
Non, les champs ne leur suffisent pas, car le sol de l’Amazone n’est pas fait pour produire du soja. Il convient à la préservation de forêts tropicales séculaires, mais est très pauvre en éléments nutritifs nécessaires à la production agricole.
Ainsi, après un ou deux ans de production, le “champ” devient obsolète. Rapidement, les entreprises agroalimentaires recherchent un autre “champ” dans un autre endroit tout aussi inapproprié de l’Amazonie. Des siècles d’histoire naturelle, des richesses naturelles incalculables, un patrimoine culturel, une biodiversité non cartographiée, des vies humaines sont en train d’être détruites pour une production agricole qui n’a une durée de vie que d’un an ou deux. Cette image résume l’absurdité absolue que l’on appelle le système capitaliste.
Un pantin efficace
Si la situation n’était pas si tragique, il y aurait presque de quoi en rire. Le président brésilien a clairement expliqué dès le premier jour de son accession au pouvoir que la forêt amazonienne est un obstacle pour les grandes entreprises. Et sa principale vocation est de servir les intérêts de ces dernières. Selon lui, ce sont les organisations environnementales actives dans la région qui sont responsables des incendies alors qu’il a livré l’Amazonie aux grands intérêts commerciaux qui déterminent le destin de la planète !
Ces entreprises mettent en jeu la survie de la nature et des êtres humains. Cette absurdité n’a qu’une issue. Nous la renverserons ou elle nous détruira.

Notre section-soeur brésilienne, LSR, a participé aux actions contre Bolsonaro et le big business -
Rassemblement à Bruxelles : Rebel for the Amazon

Rassemblement devant l’ambassade du Brésil ce lundi à Bruxelles
A l’initiative d’Extinction Rebellion Belgium.
11h, devant l’ambassade d’ambassade du Brésil à Bruxelles, 350 Avenue Louise, 1050
La forêt amazonienne est en flammes. Elle représente 20% de la production mondiale d’oxygène et est essentielle dans la lutte contre le changement climatique !
Sous le régime de droite dure de Bolsonaro, la déforestation industrielle est montée en flèche. Les mesures de protection ont été abolies et l’agro-industrie se frotte les mains. L’Institut national de recherche spatiale (INPE) a annoncé que 3.500 kilomètres carrés de forêt vierge avaient déjà disparu cette année. La réaction de Bolsonaro ? Démettre immédiatement de ses fonctions le directeur de l’institut.
Depuis le début de l’année, 75.000 incendies ont été recensés, soit presque deux fois plus que l’an dernier. On peut supposer qu’il ne s’agit pas d’incendies spontanés, il y a eu trop de pluie ces derniers mois pour cela. Il s’agit d’une intervention délibérée de l’agro-industrie dans la recherche de nouveaux et plus grands profits. C’est un exemple clair de la façon dont des représentants du capitalisme comme Bolsonaro contribuent à la destruction de notre planète par de grandes entreprises. Nous avons besoin d’une alternative socialiste à ce système pourri !
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Brésil : L’enseignement entre en lutte contre Bolsonaro

Le 15 mai dernier, des centaines de milliers d’enseignants et d’étudiants ont déferlé dans les grandes villes du Brésil pour défendre les universités menacées par d’importantes coupes budgétaires. La marée humaine a déferlé dans 27 États et 188 villes du Brésil ! Jamais jusqu’ici le président populiste de droite Bolsonaro n’avait eu à faire face à un tel mouvement de contestation.
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier dernier, Jair Bolsonaro n’a eu de cesse de mener une chasse au ‘‘marxisme culturel’’ sous le prétexte d’éliminer ‘‘l’endoctrinement gauchiste’’ de la jeunesse. Le ministre de l’Éducation avait évoqué une réduction des fonds publics alloués aux départements de philosophie et de sociologie des universités en avril dernier, ce qui avait évidemment provoqué un tollé considérable. Ensuite, le même ministre a annoncé le gel de 30 % des subventions à 3 universités accusées d’agitation politique… avant de généraliser la mesure à toutes les universités !
Selon un sondage publié début avril par l’institut Datafolha, depuis 1990, aucun chef d’État brésilien n’avait vu sa cote de popularité chuter si vite en trois mois temps, y compris parmi ses propres électeurs. Son arrivée au pouvoir s’explique par l’approfondissement de la crise économique et sociale et par les multiples scandales de corruption qui ont touché l’élite politique, notamment le PT (Parti des Travailleurs) précédemment au pouvoir. Ses solutions ne vont cependant qu’exacerber les problèmes déjà profonds, au grand plaisir des riches et au détriment des travailleurs.
La contestation de masse a donc largement débordé le thème de l’enseignement pour aborder les piliers de la politique de Bolsonaro : le port d’arme (il veut autoriser le port d’arme pour tous) et la contre-réforme des retraites profondément antisociale. C’est ainsi que l’on a pu lire ‘‘Des livres oui, des armes non !’’ sur les pancartes et banderoles des manifestants, au côté d’autres slogans tels que ‘‘L’éducation n’est pas une dépense, c’est un investissement’’, ‘‘Sans investissement, pas de connaissance’’ ou encore ‘‘Ou ils stoppent les coupes (budgétaires) ou on stoppe le Brésil’’.
Ce dernier slogan est d’une importance capitale, car il aborde la nécessité d’une grève générale. La mobilisation actuelle du secteur de l’enseignement a en effet le potentiel de cristalliser toute la colère et les multiples luttes (indigènes, mouvement des femmes,…) qui se sont développées depuis l’élection de ce président ultra-réactionnaire qui n’a pas hésité à célébrer fin mars le coup d’État militaire de 1964.
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Venezuela : Pour une mobilisation massive des travailleurs pour construire un vrai socialisme et mettre fin à la bureaucratie corrompue !

Le nouveau leader de la droite et de l’extrême droite vénézuélienne, Juan Guaidó (récemment élu président de l’Assemblée nationale contre-révolutionnaire) s’est proclamé président. Il a appelé ses partisans à descendre dans la rue pour renverser le gouvernement de Nicolás Maduro. Immédiatement, les gouvernements les plus réactionnaires d’Amérique latine et du monde entier, avec à leur tête Jair Bolsonaro d’extrême droite (Brésil) et Donald Trump (USA), ont reconnu Guaidó comme “seul président légitime” du Venezuela.
Déclaration du Comité exécutif d’Izquierda Revolucionaria (section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Venezuela)
Un coup d’état planifié par l’impérialisme et la droite vénézuélienne et internationale
En lançant toutes sortes de menaces, le secrétaire d’État américain (et ancien directeur de la CIA) Mike Pompeo a exigé que le gouvernement Maduro démissionne immédiatement. “Toutes les options sont sur la table”, a déclaré Trump. Le leader vénézuélien d’ultra-droite a également annoncé à la télévision que “nous sommes très proches du moment pour lequel nous nous sommes battus pendant des années” et a dit à Maduro de démissionner “s’il veut sauver sa vie”. Les gouvernements latino-américains qui se distinguent par leurs politiques réactionnaires et antisociales de même que leur servilité à l’égard de Washington soutiennent avec enthousiasme le coup d’État tout en prétendant cyniquement défendre “la démocratie”.
Il suffit de voir qui dirige cette “Sainte Alliance” pour comprendre ce qui est en jeu : le président colombien Duque (lié à Urribe et ses narcos-paramilitaires), le président équatorien Moreno (le Judas de la gauche équatorienne), le président Macri (responsable des coupes d’austérité brutales qui ont provoqué le peuple argentin à se soulever et à se battre) ou le président hondurien Juan Orlando Hernández (organisateur d’une fraude électorale avec le soutien de la Maison Blanche l’an dernier et responsable de la répression et du meurtre de dizaines de manifestants). Comme on peut s’y attendre, de l’autre côté de l’Atlantique, la droite et l’extrême droite européennes applaudissent avec enthousiasme, en Espagne avec Pablo Casado du PP, Albert Rivera (Cuidadanos) et les éléments fascistes de Vox en première ligne.
Guaidó et la droite vénézuélienne tentent de profiter du désespoir et de l’indignation du peuple vénézuélien face à l’effondrement économique et social que connaît le pays. Le PIB et le niveau de vie ont chuté de 50% au cours des quatre dernières années et la situation n’a fait qu’empirer avec des hausses de prix atteignant 1000 % depuis le début de cette année.
Au moment où nous écrivons ces lignes, des dizaines de milliers de personnes dans différentes parties du Venezuela ont répondu à l’appel de Guaidó de ne pas quitter les rues jusqu’à ce que Maduro démissionne ou que l’armée le fasse tomber, copiant ainsi le scénario du coup d’Etat de droite raté contre Chavez en avril 2002. D’autre part, les partisans du gouvernement qui s’étaient rassemblés sur la Plaza O’Leary de Caracas et d’autres points centraux des grandes villes ont été appelés par Diosdado Cabello, chef du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), à se rendre au Palais Miraflores, comme en 2002, et à s’y tenir pour défendre Maduro et lui-même contre une éventuelle attaque de l’opposition.
Les pactes conclus par le gouvernement avec les capitalistes ont ouvert la voie à la réaction
La principale différence entre ce coup d’État et celui perpétré contre Chávez en 2002 est que la droite vénézuélienne parasitaire, corrompue et réactionnaire parvient à mobiliser non seulement les jeunes universitaires, les professions libérales et les petits propriétaires appartenant aux classes moyennes, comme ce fut le cas lors du violent « guarimba » qui fit plus de 100 morts entre mars et juillet 2017. Cette fois-ci, un nombre important de jeunes, de chômeurs et même de travailleurs désespérés par la situation économique et la hausse brutale des prix, manifestent à partir des quartiers pauvres à l’appel de la droite et de l’extrême droite.
Depuis le mois d’août 2018, lorsque le gouvernement de Maduro a appliqué le Plan de réactivation économique et a dévalué le bolivar en établissant une nouvelle monnaie, le bolivar souverain (60 BS équivalent à 1 dollar), l’hyperinflation – qui était déjà hors de contrôle avant cela – a atteint des niveaux catastrophiques. Avant le début de cette dernière crise, le dollar s’échangeait contre 3.000 bolivars souverains ! Certains analystes prévoient une inflation à six ou sept chiffres pour cette année.
Une simple consultation dans une clinique privée, ce à quoi sont obligés non seulement les couches intermédiaires mais aussi de nombreux travailleurs en raison de l’effondrement du service public de soins de santé, a grimpé en quelques jours de 2.000 à 15.000 BS. La compagnie nationale de téléphonie mobile Movilnet a relevé ses tarifs les plus bas de 169 à 1 300 Bs ! Tout en acceptant ces augmentations, voire en les appliquant aux services et produits qui dépendent des entreprises publiques, la seule réponse des autorités a été une “triomphaliste” nouvelle augmentation salariale de 400% (de 4.500 BS à 18.000 Bs par mois). Cela vaut à peine à 6 dollars, ce qui est tout à fait insuffisant pour faire face à la hausse des prix des produits de base.
Les augmentations de salaire promises (que l’hyperinflation mange avant qu’elle ne puissent être appliquées), le ton triomphaliste et même méprisant de la direction du PSUV et de sa bureaucratie contre ceux qui protestent, le recours à la répression contre de nombreux travailleurs qui ont organisé des grèves défensives ces derniers mois et le fait que la plupart des bureaucrates vit avec toutes sortes de privilèges et conditions matérielles semblables à ceux de la classe capitaliste, n’ont fait que renforcer la colère des gens. Sur cette base objective, la droite a repris l’initiative et lancé ce nouvel assaut pour le pouvoir.
Mais la victoire des forces réactionnaires de droite ne résoudra aucun problème des travailleurs. Bien au contraire ! L’objectif des impérialistes qui tirent les ficelles derrière Guaidó est de forcer des officiers supérieurs de l’armée à intervenir pour renverser Maduro et donner le pouvoir à la droite. Pendant des années, Maduro a essayé de s’accrocher au gouvernement en accordant de plus en plus de concessions, de pouvoir économique et de poids dans le gouvernement au haut commandement militaire. Cela a contribué à l’augmentation de la corruption et provoqué des troubles parmi les travailleurs et la population. Cela ne garantira toutefois pas la loyauté des Forces armées nationales bolivariennes (FANB).
Lors de sa précédente offensive pour prendre le pouvoir en 2017, la droite vénézuélienne avait déjà réussi à ouvrir une brèche dans l’appareil d’État avec le soutien du procureur général Luisa Ortega Díaz et la démission de certains hauts responsables militaires. Ensuite, un facteur clé pour les dirigeants militaires était que la stratégie d’opposition de droite ne permettait pas à cette dernière d’obtenir les mobilisations de masse qu’elle espérait, elle ne parvenait pas à élargir son action de la classe moyenne urbaine à la classe ouvrière et aux quartiers pauvres. De plus, les actions terroristes des gangs fascistes avaient convaincu des centaines de milliers de travailleurs, très insatisfaits des politiques du gouvernement, de donner une dernière chance au PSUV et à son Assemblée nationale constituante (ANC). Mais aujourd’hui, la situation a subi une transformation qualitative.
La bureaucratie du PSUV ne défend pas le socialisme
Les médias de la classe dirigeante et la réaction internationale mondiale présentent les événements au Venezuela comme étant la preuve de l’échec du socialisme. Au Venezuela même, avec l’aide des dirigeants bureaucratiques du PSUV – qui qualifie cette catastrophe et leur politique de pactes avec les hommes d’affaires de “transition vers le socialisme” -, la droite utilise l’effondrement économique pour semer la confusion parmi les masses, saper leur moral et discréditer l’idée du socialisme, le contrôle des travailleurs et, en général, tout ce qui sent la gauche et la révolution.
En fait, le programme appliqué par Maduro et les dirigeants du PSUV est à des années-lumière du socialisme et de ce que des millions de personnes attendaient en 2013. Cette année-là, les masses avaient voté en faveur du maintenir des plans sociaux et des réformes menées par Chávez qui avait essayé de répondre aux aspirations de la classe ouvrière et des couches les plus opprimées du peuple.
Depuis lors, Maduro et ses collaborateurs, également inspirés par le gouvernement chinois et toute une légion de “compagnons de route” staliniens, ont tenté de convaincre la classe dirigeante vénézuélienne et internationale qu’ils pouvaient gérer la pire crise de l’histoire du capitalisme vénézuélien avec moins de bouleversements sociaux que la droite.
Au cours de ces derniers mois, ils ont approuvé de très dures coupes budgétaires et salariales de même que le licenciement de milliers de travailleurs des entreprises publiques en essayant de couvrir le tout d’un “mysticisme révolutionnaire” impuissant. Grâce à ces politiques, ils n’ont réussi qu’à éroder en un temps record le soutien social massif dont bénéficiait le PSUV. Aujourd’hui, la même bourgeoisie et les mêmes hommes d’affaires qui ont bénéficié de l’aide gouvernementale et signé des accords avec le régime manœuvrent avec l’impérialisme pour reprendre le contrôle direct du gouvernement et du pouvoir étatique. Cette crise résulte du modèle bureaucratique “socialiste” d’une caste de fonctionnaires, de militaires et de politiciens démoralisés et corrompus qui se sont élevés au-dessus des conditions de vie des gens et qui se battent pour maintenir leurs privilèges. Leurs actions ont sapé les conquêtes de la révolution bolivarienne et permis à la réaction de progresser.
Pour l’organisation de comités d’action dans chaque quartier et chaque usine ! Pour un front unique de la gauche afin de vaincre le coup d’Etat et mettre fin tant au capitalisme qu’à la bureaucratie !
Guaidó est tel un loup vêtu d’une peau d’agneau. Il parle d’un « gouvernement pour tous » et de « réconciliation ». Mais si ce réactionnaire de droite et les forces qui le soutiennent arrivent au pouvoir, ce sera synonyme de cauchemar pour des millions de travailleurs et de paysans qui souffrent déjà de la crise sociale et économique. Leur agenda politique et économique ne peut être appliqué qu’au travers de licenciements encore plus massifs, en réduisant brutalement les dépenses sociales et en réprimant les syndicats, les mouvements sociaux et les militants de gauche, à une échelle encore plus brutale et sanglante que dans les pays de leurs sponsors – Duque, Bolsonaro et Macri.
La première tâche de la classe ouvrière et du peuple politiquement conscient et combatif du Venezuela est d’organiser la résistance contre le coup d’Etat. Nous devons commencer par dénoncer les véritables objectifs de Guaidó, de la droite et de l’impérialisme.
Nous devons organiser des réunions dans chaque entreprise et sur chaque lieu de travail pour discuter de nos besoins et de nos revendications ainsi que de la manière dont les projets politiques et économiques de la droite représentent un danger mortel.
Il est urgent de créer des comités d’action pour la défense des droits des travailleurs et du peuple dans chaque centre de travail et dans chaque quartier, en défendant un programme de classe véritablement socialiste, qui propose l’expropriation des grands monopoles privés et bancaires pour mettre fin à l’hyperinflation et à la corruption, pour l’abolition des privilèges de la bureaucratie et pour transférer le pouvoir réel aux mains de la classe ouvrière et des personnes opprimées. Nous devons organiser des mobilisations de masse et l’autodéfense légitime du peuple contre la violence de la droite.L’expérience de ces dernières années montre que nous ne pouvons avoir la moindre confiance dans le gouvernement Maduro, la bureaucratie ou les officiers supérieurs de l’armée si nous voulons empêcher la victoire de la réaction. Ce sont les politiques de Maduro, sa bureaucratie et sa corruption qui ont ouvert la voie à la droite et au coup d’État.
La seule façon d’éviter un résultat tragique pour la classe ouvrière et le peuple vénézuélien est construire un front unique de la gauche, complètement indépendant de ceux qui ont causé ce désastre, et de lutter ouvertement pour la conquête du pouvoir afin d’établir une administration démocratique des travailleurs et des exploités, basée sur la démocratie directe dans tous les aspects de la vie sociale et économique, pour développer une planification économique par l’expropriation des capitalistes et la gestion et le contrôle démocratique des travailleurs, afin de créer des emplois et d’augmenter la production et les conquêtes sociales précédemment acquises.
Il n’y a pas de temps à perdre. Une résistance massive doit être menée contre le coup d’Etat de la réaction et de l’impérialisme avec une mobilisation massive de la base, en défendant un programme socialiste et internationaliste révolutionnaire. Les peuples et la classe ouvrière du monde entier, à commencer par ceux d’Amérique latine, ont le devoir de rejeter le bain de sang que prépare le coup d’État de la droite et de ses mentors internationaux. Seuls les travailleurs peuvent sauver le peuple !

