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Category: Amérique Latine
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20 ans après l’accession au pouvoir d’Hugo Chavez
Le 6 décembre 1998, Hugo Chávez est sorti victorieux de l’élection présidentielle vénézuélienne. Les espoirs étaient gigantesques parmi les masses, à la hauteur des craintes de l’impérialisme américain et des capitalistes du Venezuela. Quand, en 2002, un coup d’Etat a tenté de renverser le gouvernement, il a fallu moins de 24 heures aux masses pour balayer les forces de la réaction.Ce pays, qui compte les réserves pétrolières les plus importantes au monde, aurait pu tracer une autre voie si un programme socialiste audacieux avait été mis en œuvre par Hugo Chavez ; cela aurait reçu un soutien massif enthousiaste dans le pays et à travers le continent. Hélas, Chavez est resté prisonnier de ses illusions sur une troisième voie entre une rupture anticapitaliste claire et la dictature des marchés.
Bolsonaro, Trump, et les capitalistes à travers le monde utilisent aujourd’hui la crise au Venezuela pour attaquer la gauche. L’échec des gouvernements Chavistes à rompre avec le capitalisme a entraîné une catastrophe sociale qui est maintenant utilisée par les politiciens capitalistes et les gouvernements du monde entier pour discréditer le «socialisme».
Le désastre actuel au Venezuela est un avertissement de ce qui pourrait arriver en Europe ou ailleurs si des forces de gauche arrivent au pouvoir sans prendre ensuite des mesures de type socialiste (telles que la nationalisation des secteurs-clés de l’économie sous contrôle et gestion des travailleurs).
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Extrême droite : l’avertissement brésilien.

La riposte des travailleurs et de la jeunesse doit s’organiser d’urgence
Pour beaucoup de gens, le choc fut terrible : le Brésil, la 9e économie au monde, va être présidée dès ce premier janvier par Jair Bolsonaro, un populiste d’extrême droite nostagique de la dictature brésilienne (1964-1985) qui, selon lui, “avait bien fait de torturer, mais n’avait pas assez tué”. Sa victoire est un sinistre présage pour les femmes, les LGBTQI+, les Afro-Brésiliens, les peuples indigènes, les activistes écologiques, les travailleurs, les syndicalistes et tous les dissidents politiques qu’il jure de réduire au silence par la force.
Par Nicolas Croes
Lors de son dernier rassemblement électoral, il n’a pas hésité à dire qu’il allait “éliminer l’opposition, le socialisme et le communisme”, une menace ouverte contre les syndicats et les organisations de gauche. Son fils, le député Eduardo Bolsonaro, a déclaré en commentant les propositions de loi qu’il soumettra qu’il n’hésitera pas à criminaliser les mouvements sociaux comme le Mouvement des paysans sans terre ou le Mouvement des sans toits et interdire des partis politiques d’opposition ‘‘si nécessaire’’. ‘‘L’activisme de la société civile est en passe d’être considéré comme une forme de terrorisme’’, constate la professeure Liz Rejane Issberner de Rio de Janeiro.
Le fils de Bolsonaro a également exprimé son intention de créer une version de droite du Forum Social Mondial, qui s’appellerait le Forum de San Pablo, afin d’y inviter le premier ministre italien Matteo Salvini ou encore l’ancien conseiller de Donald Trump Steve Bannon. Même sans cela, il est certain que la victoire de Bolsonaro encouragera les forces d’extrême droite à travers le continent et au-delà.
Alors que la forêt amazonienne, le poumon vert de la planète, souffre déjà de décennies de dévastations – elle absorbe aujourd’hui un milliard de tonnes de carbone de moins que dans les années ‘90 – ce climato-sceptique a promis de privatiser des pans entiers de la forêt amazonienne et d’y permettre bien plus largement l’exploitation minière et agricole. Il désire aussi y installer de nouvelles centrales hydrauliques ou nucléaires.
Dans son programme de dérégulation pro-entreprises et de réductions de budgets, Bolsonaro a aussi promis de poursuivre la réduction des moyens de l’agence gouvernementale dédiée à la protection des peuples et terres indigènes.
L’échec du PT
Il est impossible de comprendre la victoire de Bolsonaro sans la considérer comme le produit de l’échec des gouvernements ‘‘de gauche’’. Arrivé au pouvoir en 2003 avec la victoire de Lula, le Parti des travailleurs (PT) s’est retrouvé impliqué dans la corruption commune à tous les partis capitalistes du Brésil et a refusé d’appliquer les politiques de rupture anticapitalistes et socialistes qui figuraient dans son programme à sa création, à la fin de la dictature.
Entre 2003 et 2008, le pays a bénéficié du boom économique commun à l’ensemble de l’Amérique latine. Le Brésil figurait en bonne place parmi les économies émergentes les plus fortes au monde et le taux de pauvreté a été réduit. Des mesures sociales ont été appliquées et, mêmes si elles étaient très limitées, elles accréditaient l’idée d’un ‘‘capitalisme à visage humain’’. Mais, aujourd’hui, ces années dorées sont loin derrière. Après une croissance basée notamment sur la consommation, la facilité de crédits pour les travailleurs et l’exportation de matières premières, le système est entré en crise en 2013.
La classe dominante a exigé des mesures structurelles d’austérité. Le PT s’est alors retrouvé à la tête d’un agenda d’attaques contre les travailleurs comportant notamment des contre-réformes du code du travail et du système des pensions. On compte à nouveau les sans-emplois par millions aujourd’hui. Le Brésil fait face à sa plus profonde récession depuis un siècle.
Un coup d’Etat larvé depuis 2016
Les travailleurs et les masses ne sont pas restés passifs. Les mobilisations et les grèves se sont succédées, tout particulièrement en 2014 (avec notamment les protestations liées à l’organisation de la coupe du monde de football) et en 2015 (notamment sur le thème des transports en commun). La classe dominante commençait à songer avec nostalgie au régime militaire de 1964-85 et aux possibilités qu’offrirait un régime plus autoritaire.
Ces dernières années, un véritable coup d’Etat politique en ‘‘slow-motion’’ a eu lieu avec tout d’abord la destitution de la présidente du PT Dilma Rousseff en 2016, puis avec l’emprisonnement de l’ancien président et fondateur du PT Lula.
Parallèlement, les conséquences sociales de la dégradation économique se sont faites sentir avec une horrible croissance de la violence urbaine. Rien que l’année dernière, près de 70.000 personnes ont été tuées au Brésil. Au début du mois de février, le gouvernement Temer (le successeur de Dilma Roussef, membre du parti de droite PMDB) a décrété une intervention fédérale dans l’État de Rio de Janeiro et y a placé un général de l’armée en charge de la sécurité. L’armée a également été envoyée réprimer des manifestants en plusieurs endroits du pays.
Même s’il n’était pas leur premier choix, les partisans du grand capital ont d’abord toléré puis soutenu directement Bolsonaro. Leur mission est maintenant de contenir une partie de ses excès, mais en même temps de profiter de sa ‘‘poigne de fer’’ pour appliquer des attaques néolibérales dures et radicales. Les capitalistes savent que la majorité des électeurs de Bolsonaro n’ont pas voté pour lui en s’attendant à une détérioration dramatique de leurs conditions de vie et que le mécontentement viendra tôt ou tard.
Pour la gauche, la bataille est engagée
Ce gouvernement est très dangereux, et il a du sang sur les mains avant-même d’être entré en fonction, mais il ne dispose pas d’une base sociale solide pour appliquer ses mesures ou parvenir à instaurer un régime autoritaire similaire à celui de la dernière junte militaire. Le point fondamental aujourd’hui est d’organiser la résistance pour défendre chaque droit démocratique et repousser toutes les attaques lancées par les autorités ou les groupes d’extrême droite contre les travailleurs et tous les opprimés.
La victoire de Bolsonaro constitue une défaite pour le mouvement ouvrier qui aggrave l’équilibre social et politique des forces du point de vue des opprimés. Cependant, ce scénario est encore en cours de définition et sera déterminé dans les semaines à venir.
Notre organisation-sœur au Brésil (LSR : Liberté, socialisme et révolution) a lancé un appel en faveur de la création de comités d’autodéfense pour protéger les travailleurs, les activistes, les LGBTQI+, etc. des violences et des assassinats. A partir de ces comités, la résistance pourra ensuite être organisée contre la politique austéritaire qui sera brutalement appliquée par Bolsonaro. Au côté d’un large front uni de résistance par l’action, il faudra aussi développer une force politique large, autour du PSOL (Parti socialisme et liberté, créé en 2004 par une scission de l’aile gauche du PT) et des mouvements sociaux, capable de canaliser la colère des masses contre la misère et la corruption vers le renversement du capitalisme et l’instauration d’une démocratie socialiste.
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Brésil. La résistance commence maintenant !

Déclaration de Liberdade, Socialismo e Revolução (LSR, section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)
La victoire de Jair Bolsonaro au second tour des élections brésiliennes représente un énorme pas en arrière politique pour le pays et le peuple brésilien. Nous ne partageons pas le cynisme des analystes bourgeois qui parlent de la légitimité du système et de la “consolidation” des institutions démocratiques.
Un candidat qui défend explicitement la dictature et la torture et qui veut stimuler la violence dans les rues contre les opposants, provocant des morts et des blessés, ne devrait pas être traité comme un candidat « normal ».
La violence que l’ancien capitaine de l’armée a encouragée a déjà coûté des vies, comme celle du professeur Mestre Moa do Catendê, qui a été poignardé 12 fois pour avoir critiqué Bolsonaro ou celle de Charlione Lessa Albuquerque, 23 ans, fils d’un syndicaliste de la CUT, tué par un partisan de Bolsonaro lors d’une manifestation pro-Haddad (le candidat du PT). Une semaine avant les élections, Bolsonaro a publiquement menacé ses opposants d’exil ou de prison et une vidéo dans laquelle son fils, Eduardo Bolsonaro a menacé de fermer la Cour suprême, a été largement diffusée.
Bolsonaro ne sera pas un Président “normal”. Il a été élu sur la base d’une série de coups d’État et d’abus qui ont suivi le coup d’État institutionnel qui a fait tomber Dilma Rousseff (ancienne présidente du PT). Les droits démocratiques courent un grand risque et cela doit être dit haut et fort.
Après sa victoire, même au beau milieu d’une opération de communication visant à calmer l’atmosphère, Bolsonaro a continué à proférer ses menaces. Dans des interviews au journal national, Rede Globo, il a déclaré que lorsqu’il a parlé d’interdire tous les “bandits rouges” du pays, il faisait “seulement” référence aux dirigeants du PT et du PSOL (le Parti du socialisme et de la liberté, auquel participe LSR – la section du CIO au Brésil) et a attaqué directement Guilherme Boulos, le candidat du PSOL et dirigeant du MTST (le Mouvement des travailleurs sans-toit).
Les éléments d’un “état d’urgence” non déclaré qui étaient déjà présents dans le pays depuis le coup d’Etat de 2016 seront renforcés. Le rôle de l’appareil judiciaire dans ce processus a été essentiel. Nous devons nous rappeler que le candidat favori pour remporter ces élections (Lula) a été enfermé et que le chemin a ainsi été ouvert pour Bolsonaro, tandis que les révélations concernant la corruption entourant la campagne de Bolsonaro ont été ignorés.
Le financement illégal, estimé à au moins 12 millions de Reals, des grandes entreprises qui ont financé une campagne de masse de “fakes news” en faveur de Bolsonaro sur les réseaux sociaux privés a même été dénoncé par l’Organisation des États américains (OEA) comme sans précédent dans une démocratie. Le Tribunal électoral suprême n’a rien fait à ce sujet. Ce scandale n’a été révélé que par un reportage spécial dans le journal principal, Folha de Sao Paolo. Ce journal, et le journaliste qui a rédigé le rapport, sont aujourd’hui menacés par Bolsonaro.
Ce n’est pas non plus une coïncidence si, juste avant le second tour des élections, au moins 17 universités ont subi des interventions policières simplement parce que des étudiants, des enseignants et d’autres travailleurs avaient exercé leur droit démocratique de protester contre les idées et pratiques proto-fascistes.
L’intimidation et la répression de l’opposition et du droit de manifester existaient déjà avant l’arrivée au pouvoir du Bolsonaro. A quoi pouvons-nous nous attendre maintenant ?
Pratiques proto-fascistes et politiques ultra-néolibérales
Même s’il n’était pas leur premier choix, les partisans du grand capital ont d’abord toléré puis soutenu directement Bolsonaro. Leur mission est maintenant de contenir une partie des excès de l’ex-capitaine mais en même temps de profiter de sa “poigne de fer” pour appliquer des attaques néolibérales dures et radicales. Le grand capital est prêt à tolérer de nombreux abus au nom de coupes budgétaires dramatiques, de privatisations massives et de contre-réformes des retraites. Les capitalistes savent que la majorité des électeurs de Bolssonaro n’ont pas voté pour lui en s’attendant à une détérioration de leurs conditions de vie, à une perte de droits démocratiques et que tôt ou tard, viendra le mécontentement.
A l’exception d’une partie de la société ouvertement réactionnaire, une grande partie des 39,2% (57,7 millions d’électeurs) de l’électorat total qui a voté pour Bolsonaro étaient issus de gens qui en ont assez du système politique, qui veulent voir un changement radical et qui ne voient aucune alternative à gauche. Les 60,8% restants (89,5 millions) de l’électorat qui n’ont pas voté pour Bolsonaro (le total combiné des votes pour Haddad, des votes blancs, des votes nuls et des abstentions) ne sont pas prêts à accepter des politiques qui attaquent leurs droits fondamentaux.
Malgré cela, même s’il promet de respecter la Constitution, le gouvernement aura tendance à augmenter les éléments bonapartistes qui existent déjà. En même temps, Bolsonaro ouvre déjà la voie à la violence des groupes para et des éléments fascistes, pour compléter son gouvernement autoritaire.
Il pourrait y avoir des divisions et des conflits au sein de la classe dirigeante face au bonapartisme croissant du gouvernement. Nous devons chercher à comprendre, à stimuler et à tirer parti de ces divisions. Cependant, nous devons aussi comprendre que seul le pouvoir organisé des masses, de la classe ouvrière et de tous les exploités et opprimés peut faire face à l’autoritarisme et aux attaques de Bolsonaro.
Nous n’abandonnerons pas les rues
La victoire de Bolsonaro constitue une défaite pour le mouvement ouvrier qui aggrave l’équilibre social et politique des forces du point de vue des opprimés. Cependant, ce scénario est encore en cours de définition et sera déterminé dans les jours à venir. L’équilibre des forces se définit aussi par des actions concrètes de notre classe et de nos organisations de lutte.
Il est donc crucial de participer aux manifestations de masse dans les différentes capitales des États appelées par le Frente Povo Sem Medo (Front des personnes sans peur). Nous devons dire clairement que nous n’abandonnerons pas la rue et que nous n’accepterons pas les menaces et l’intimidation des mouvements.
Les actions du mouvement étudiant au lendemain des élections, avec des actions appelées à contrer les tentatives de la droite pro-bolsonaro dans les universités, sont des exemples de la manière dont nous devons prendre place dans les rues, les lieux de travail et les quartiers et ne laisser aucun espace aux groupes proto-fascistes.
La défense des libertés démocratiques sera une bannière fondamentale dans toutes nos luttes. Nous devons également mettre en garde contre le danger que Bolsonaro et Temer s’allient immédiatement au Parlement pour mettre en œuvre des attaques comme la réforme des pensions. S’ils adoptent cette attaque contre les pensions publiques maintenant, avant que Bolsonaro ne prenne le pouvoir, Bolsonaro serait libéré des dommages énormes que l’adoption de cette réforme causerait à son propre gouvernement. Une fois de plus, Temer joue un rôle pourri.
Il s’agit notamment de préparer le terrain pour Bolsonaro en adoptant le décret qui a créé une nouvelle force de renseignement, dirigée par l’actuel ministre de la Sécurité, le général réactionnaire Sérgio Etchegoyen. Ce sera un outil qui, au-delà du crime organisé, sera utilisé contre l’opposition publique.
Les syndicats et les autres mouvements sociaux doivent se mobiliser contre ces contre-réformes, en particulier la réforme des retraites et les atteintes aux droits démocratiques. Nous devons créer les conditions permettant au mouvement ouvrier de prendre des mesures fortes, comme ce fut le cas avec la grande grève générale d’avril 2017 qui a stoppé la réforme des pensions à l’époque.
Dans les jours qui ont précédé le second tour, un large mouvement d’activistes a renaît, souvent spontanément, qui s’est mobilisé contre l’extrême droite et Bolsonaro : distribution de tracts, frappe aux portes, réunions sur les places des villes, action sur les médias sociaux, etc. De nombreux comités de lutte, des brigades démocratiques et des fronts antifascistes ont été créés. Une nouvelle couche d’activistes est née et beaucoup sont retournés à l’activité, générant un immense espoir et une grande solidarité.
Ce mouvement doit être poursuivi et renforcé. L’organisation de la lutte par le bas peut donner un réel pouvoir au mouvement et garantir la participation démocratique et la prise de décision. L’organisation est cruciale au niveau régional, sur les lieux de travail, dans les écoles et les universités, sur une base large et démocratique, pour organiser la résistance contre le gouvernement et les gangs d’extrême droite.
La garantie de notre sécurité ne peut être atteinte que par une organisation collective. Les actions de solidarité, les pressions politiques, les actions de masse et la légitime défense pratique ne peuvent être efficaces que si elles sont organisées collectivement. C’est une tâche que les organisations de masse de la classe ouvrière doivent clairement assumer, avec la participation de chaque comité, brigade et groupe local.
Pour un front uni de la gauche socialiste
La tâche du moment est la construction d’un front uni de toutes les organisations de la classe ouvrière dans la résistance contre Bolsonaro et l’extrême droite et son agenda autoritaire néolibéral.
Au-delà du front uni de la classe ouvrière, qui rassemble les fédérations syndicales, les mouvements sociaux et les partis ouvriers, nous devons aussi construire une unité d’action encore plus large avec les organisations démocratiques et la société civile. Cela s’applique surtout à la défense des droits démocratiques contre les attaques.
Cependant, il est nécessaire de comprendre que le moteur fondamental de cette lutte doit être l’action unie et coordonnée de la classe ouvrière et des opprimés. Seules nos organisations de classe peuvent faire le lien nécessaire entre la défense des droits démocratiques et la lutte contre l’agenda néolibéral et les mesures antisociales. À l’heure actuelle, autoritarisme et mesures néolibérales vont de pair et doivent être combattus ensemble.
Dans cette lutte, la gauche socialiste doit stimuler un débat sur la réorganisation de la gauche. Nous ne pouvons pas gagner contre l’extrême droite sans une profonde compréhension de la manière dont nous sommes arrivés ici. Cela signifie une profonde compréhension de l’échec des politiques de conciliation de classe et d’adaptation au système adopté par le PT et le camp de Lula.
L’expérience de la défaite actuelle ne sera utile que si, dans le processus de résistance et de lutte, de larges pans de la classe ouvrière et des jeunes, des femmes et d’autres secteurs opprimés tirent des conclusions concernant la nécessité de construire une nouvelle force politique de gauche socialiste, reposant sur la lutte directe de la classe ouvrière, organisée par le bas, radicalement démocratique et avec un programme anti-capitaliste et socialiste pour résoudre la crise actuelle.
Cette alternative de gauche doit provenir à la fois du PSOL et de ce qu’il a accumulé jusqu’à présent, mais elle doit aussi être encore plus large, impliquant des alliances avec le MTST et d’autres mouvements sociaux. Cela devrait permettre de faire progresser la réorganisation de la gauche ouvrière et des sections combatives des mouvements ouvriers, étudiants et populaires.
L’extrême droite a canalisé une grande partie du mécontentement populaire, en partie parce qu’elle a pu se présenter comme quelque chose de nouveau, de radical et d’extérieur au système. En vérité, elle ne représente que la continuité et l’approfondissement de l’ordre actuel et de son chaos.
Nous, la gauche socialiste conséquente, devons offrir à la classe ouvrière et aux pauvres dans leur ensemble une nouvelle bannière, radicale, combative, remplie d’idées d’égalité, de solidarité, de démocratie et de socialisme.
Vive la lutte !
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Bolsonaro – une menace pour les travailleurs et toutes les personnes opprimées !
La gauche doit construire une puissante alternative socialiste
La victoire de Jair Bolsonaro au second tour de l’élection présidentielle brésilienne par une marge de 10% sur le candidat du Parti Travailliste (PT) Fernando Haddad, représente un revers pour la classe ouvrière brésilienne et ouvre un nouveau chapitre au Brésil. Elle encouragera également l’extrême droite dans d’autres pays d’Amérique latine.
André Ferrari, Liberté, Socialisme et Révolution (LSR – CIO Brésil)
Bolsonaro est un populiste d’extrême droite d’origine militaire. Il a défendu l’ancien régime, l’usage de la torture et a adopté une position anti-pauvres, raciste, misogyne et homophobe tant pendant la campagne électorale qu’avant celle-ci.
Lors de son dernier rassemblement électoral, il a parlé de la nécessité d’ « éliminer l’opposition, le socialisme et le communisme ».
A la veille des élections, la police militaire est entrée dans plus de 20 universités à la suite de la décision de juges contre des groupes “antifascistes”, décision qui a ensuite été annulée par d’autres secteurs de l’appareil judiciaire. Cependant, elle illustre le caractère extrêmement répressif que prendra le nouveau gouvernement de Bolsonaro.
Menaces
Lors d’un rassemblement du PT, une voiture s’est approchée et un homme est sorti en tirant sur une personne. Lors des célébrations de la victoire de Bolsonaro, ses partisans brandissaient des pistolets, tirant en l’air. A Niteroi, un quartier de Rio de Janeiro, des véhicules blindés militaires sont descendus dans les rues pour célébrer.
A São Paulo, devant la maison d’un membre du congrès nouvellement élu du PSOL (Parti Socialisme et Liberté) qui est trans, une personne transgenre a été tuée par balle dans une attaque clairement politique.
Bolsanaro avait précédemment proclamé : “Oui, je suis homophobe – et j’en suis très fier.”
Cette victoire représente une menace et un défi pour le mouvement ouvrier et la gauche. Dans les dernières étapes de la campagne, un climat de résistance croissante s’est développé, qui s’est traduit par des protestations massives contre Bolsonaro à Rio et dans d’autres villes.
PSOL et le mouvement des travailleurs sans-terres du MTST ont correctement pris l’initiative d’organiser des manifestations. Une nouvelle couche de travailleurs et de jeunes de gauche beaucoup plus critiques à l’égard du PT est en train d’émerger.
La victoire de Bolsonaro est le produit de l’échec des gouvernements « de gauche » au pouvoir. Le PT était impliqué dans la corruption avec tous les partis capitalistes au Brésil.
Le PT a introduit des politiques pro-capitalistes et n’a pas adopté de politiques socialistes. Le Brésil a été plongé dans sa plus profonde récession depuis un siècle. Les conséquences sociales de cette situation, à savoir l’horrible montée de la violence urbaine, ont été utilisées de manière démagogique par Bolsonaro. Près de 70 000 personnes ont été tuées au Brésil l’année dernière.
Bolsonaro a également utilisé la crise au Venezuela pour attaquer la gauche. L’échec des gouvernements Chavistes à rompre avec le capitalisme a entraîné une catastrophe sociale qui est maintenant utilisée par les politiciens capitalistes et les gouvernements du monde entier pour attaquer le «socialisme».
« Troisième tour »
Le milliardaire brésilien sortant, le président néolibéral Michel Temer (qui, en 2016, a évincé l’ancienne présidente du PT Dilma Rousseff lors d’un coup d’État parlementaire), après la victoire de Bolsonaro a réintroduit à présent son attaque sur les pensions qui avait été vaincue. Cette mesure et d’autres mesures anti-ouvrières donneront à la gauche l’occasion de commencer à construire une alternative socialiste combative.
Le « troisième tour » du Brésil se déroulera dans la rue. Les travailleurs et les organisations de gauche doivent être rassemblés pour commencer à se battre. Cela signifie défendre les droits démocratiques et repousser toutes les attaques contre les travailleurs et les opprimés. Il est urgent, à court terme, de former des comités d’autodéfense contre les menaces et les attaques de l’extrême droite. LSR se bat maintenant pour construire la résistance à Bolsonaro et pour lutter pour une alternative socialiste plus puissante.
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Rassemblement pour la libération de Daniel RUIZ et contre la répression du gouvernement argentin !

Daniel Ruiz, dirigeant du syndicat des pétroliers, dirigeant politique du PSTU et membre du Réseau syndical international, a été arrêté le 12 septembre, en revenant d’une mobilisation en faveur des travailleurs du chantier naval Río Santiago. Deux jours plus tard, le juge Sergio Torres a rejeté la demande de libération demandée par ses avocats et Daniel Ruiz a été transféré à la prison de Marcos Paz.
Son arrestation est liée à sa participation à la marche massive du 18 décembre contre la réforme des retraites. Cette Cour suit une hypothèse du Bureau du Procureur, selon laquelle Daniel aurait pu être impliqué dans des événements plus graves, entravant le fonctionnement normal du Congrès.
Il s’agit d’une détention arbitraire, fondée sur des hypothèses, contraire au droit de manifester, et qui convertit le fait de manifester en crime.
Le rejet de sa demande de libération invoque des raisons avec un manque similaire de justification, telles que le fait que sa liberté pourrait entraver la recherche de Sebastián Romero, étant donné que les deux appartiennent au même parti politique. Cette conjecture confère à la détention de Daniel le caractère de persécution politique, tout comme la persécution dont est victime Sebastián, pour les mêmes événements du 18 décembre.
Nous considérons l’arrestation de Daniel Ruiz comme une grave violation des droits démocratiques fondamentaux, tels que le fait de pouvoir défendre des idées contraires à celles du gouvernement et de ne pas être persécuté pour cela, de pouvoir manifester, se réunir syndicalement et politiquement ; cette arrestation est contraire à la présomption d’innocence face à une accusation et jusqu’à preuve de culpabilité.
Nous demandons la libération immédiate de Daniel Ruiz, tout comme nous demandons celle de toutes les personnes détenues pour s’être engagées dans la lutte, et la cessation de la persécution de combattants comme Sebastián Romero.
Rassemblement devant l’ambassade d’Argentine
Mardi 30 octobre – 18h00
avenue Louise, 225 – 1050 Bruxelles
(Tram/bus: arrêt Bailli)Il y a déjà des organisations syndicales et politiques ainsi que des personnalités de 13 pays qui ont déjà pris position pour la libération du camarade. Chez nous : l’assemblée des délégué de la CGSP-ALR Bruxelles, des travailleurs de l’usine Vache Bleue à Nivelles, la délégation du SETCa du Centre d’Action Laïque (C.A.L), la délégation de MolenbeekSaint-Jean de la CGSP-ALR Bruxelles, des travailleurs du nettoyage d’ISS à l’ULB.
- CGSP-ALR Bruxelles
- Ligue Communiste des Travailleurs (LCT)
- Parti Socialiste de Lutte (PSL/LSP)
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Mexique : Soulèvement de la jeunesse contre la violence du système

Par Izquierda Revolucionaria (section mexicaine du Comité pour une Internationale Ouvrière)
Ces derniers jours, un mouvement étudiant massif a secoué le Mexique. Cette démonstration de force inspirante provient de la communauté étudiante de l’UNAM (la principale université de Mexico) et d’autres campus qui se sont unis pour expulser des campus les groupes fascistes “porros”. Plus de 39 campus ont démocratiquement procédé à un vote au cours d’assemblées de masse visant à entrer en grève pour 24 à 72 heures.
Les jeunes en lutte pour leur avenir
Cette atmosphère est la réflexion de l’énorme confiance que le mouvement étudiant a gagnée après la défaite historique de la droite et l’élection d’AMLO (Andrés Manuel López Obrador) lors des élections du 1er juillet. Ces élections ont illustré l’énorme mécontentement social accumulé au fil des ans et qui s’est exprimé dans des luttes dispersées mais très combatives.
Ce mouvement étudiant montre une fois encore au grand jour non seulement l’ampleur de la colère présente parmi la jeunesse mais aussi le potentiel révolutionnaire qu’elle représente.
Le 3 septembre, le mouvement a été victime d’une provocation. Une cinquantaine de voyous “porros” ont interrompu une manifestation de jeunes qui réclamaient une plus grande sécurité sur le campus, la fin de la répression, la fin des féminicides et d’autres revendications contre le prix des études, la violence et les directions autoritaires dans les écoles et universités. Cette attaque a fait 6 blessés parmi les étudiants, dont 2 sont toujours dans un état grave.
Une première victoire
Les “porros” sont des troupes de choc issus des “porras” (groupes de supporters hooligans). Il s’agit d’une couverture pour des gangs à la solde des autorités universitaires. Formés et contrôlés par des hauts fonctionnaires et des politiciens, ils jouent depuis longtemps un rôle de premier plan dans la violence visant à affaiblir le mouvement étudiant et ses dirigeants les plus importants. Ils sont en réalité très faibles. L’attaque préméditée que nous avons subie le 3 septembre a été combattue avec courage et force par le mouvement, qui a repoussé les voyous et les a forcés à quitter le campus. Maintenant, avec la force que l’expansion du mouvement a montrée, nous devons continuer jusqu’à ce que ces groupes aient été définitivement expulsés de l’UNAM.
La pression du mouvement s’est déjà fait sentir dans la direction académique de l’UNAM. Une récente déclaration d’Enrique Graue, le recteur de l’UNAM, condamnant les événements et annonçant l’expulsion de 18 de ces voyous de l’université, constitue une première et grande victoire pour le mouvement. Personne ne nous a rien donné et cette réaction est le résultat de la lutte des étudiants et des grèves qui ont eu lieu.
Continuons la lutte !
Le combat doit se poursuivre à la suite de cette première victoire. L’associé le plus notoire des “porros”, Benjamin Barajas, un promoteur connu des gangs, continue d’être dans la gestion du Collège des Sciences et des Lettres. Nous exigeons son expulsion immédiate de tout bureau de l’UNAM. Il est également essentiel de dénoncer les actions de la sécurité de l’UNAM et d’exiger le limogeage de Teofilo Licona (dit “le cobra”) qui a permis l’attentat du 3 septembre.
Le recteur doit mettre en œuvre ces exigences ou démissionner.
Le problème doit être résolu à la racine. Nous avons besoin d’une université démocratique qui permette aux étudiants de s’exprimer librement, de faire preuve d’esprit critique et de se développer réellement dans une atmosphère sûre, sans harcèlement ni violence. Les hauts fonctionnaires devraient être élus par la base avec la participation de toute la communauté universitaire. Fini les fonctionnaires corrompus et autoritaires ! Si nous n’éliminons pas tous ces instigateurs de violence, les “porros” se regrouperont tôt ou tard.
Aucun étudiant ne devrait être obligé de payer des frais de scolarité pour fréquenter l’université, comme c’est le cas dans des campus comme CCH Azcapotzalco. L’université libre est le résultat des impôts payés par des millions de travailleurs et de jeunes. L’argent pour une éducation de qualité existe, mais il est mal distribué et dépensé pour la corruption et les salaires très élevés des cadres supérieurs.
Etendre et unir la lutte
Les manifestations de solidarité ont été magnifiques et les grèves de solidarité qui ont eu lieu dans tout le pays montrent le potentiel massif de ce mouvement. Il est tout à fait possible de construire une lutte nationale contre la violence à l’égard des jeunes – victimes de ce que l’on appelle la “guerre contre la drogue” -, contre les féminicides, contre les gangs fascistes et contre la criminalité. La violence structurelle que nous subissons sous le capitalisme ne peut être arrêtée que par une lutte de masse, consciente et organisée !
Le Sindicato de Estudiantes et Izquierda Revolucionaria (section mexicaine du Comité pour une Internationale Ouvrière au Mexique) appellent à la constitution de comités de lutte dans chaque campus et de brigades d’information pour lutter contre le silence et le mensonge des médias. Nous croyons également que notre arme la plus puissante est l’unité avec la classe ouvrière, dans la lutte contre les mégaprojets d’infrastructure capitalistes qui ruinent le pays, et avec tous les groupes et organisations qui sont victimes de la violence du système et de l’Etat.
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Nicaragua : Avec le peuple contre le gouvernement Ortega et l’impérialisme

Depuis le mois d’avril, le Nicaragua connaît un bain de sang, avec déjà 400 morts et des milliers de personnes blessées, arrêtées et disparues.
Ce processus a été déclenché par un mouvement de masse légitime contre la tentative du gouvernement de Daniel Ortega, en accord avec le FMI, de mettre en œuvre une réforme de la sécurité sociale. La réforme aurait réduit les pensions et augmenté les cotisations.
Ce mouvement de masse a été sauvagement réprimé par le gouvernement, qui s’est pour ce faire servi à la fois de l’appareil d’État et des organisations paramilitaires, avec des méthodes qui ne sont pas sans rappeler la dictature de Somoza.
La violence du gouvernement a radicalisé la résistance populaire, la transformant en une véritable rébellion contre le gouvernement. Le mouvement est composé d’étudiants, de paysans, d’indigènes, de travailleurs et de pauvres des villes. Il est caractérisé par la spontanéité et l’auto-organisation, sans direction centralisée établie.
Quelques jours plus tard, le gouvernement a été contraint de battre en retraite par rapport à la réforme des pensions, mais il était trop tard. Cette explosion sociale est l’expression de l’accumulation d’années de mécontentement, de tensions sociales et d’opposition aux politiques néolibérales et pro-capitalistes du gouvernement Ortega.
La dégénérescence du FSLN (le Front sandiniste de libération nationale)
Le FSLN, dirigé par Ortega qui gouverne le pays depuis 2007, a dégénéré au point de se transformer en un autre instrument au service du grand capital et des intérêts d’Ortega lui-même, de son vice-président Rosario Murillo et des “nouveaux riches”, les oligarques pseudo-sandinistes.
Il ne reste pratiquement plus rien de l’organisation qui a mené la révolution ayant renversé Somoza en 1979 et ayant inspiré des millions de travailleurs et de paysans partout en Amérique latine. Le destin tragique de la révolution sandiniste comporte d’innombrables leçons pour l’Amérique latine et la gauche à travers le monde.
Une fois Somoza renversé, le gouvernement dirigé par Ortega et le FSLN s’arrêta à mi-chemin sur la voie de l’accomplissement des tâches révolutionnaires de l’époque. Contrairement à ce qui s’est passé à Cuba, ils ont évité d’exproprier l’ensemble des grandes entreprises et d’établir une économie planifiée. Leurs illusions dans une “économie mixte” ont ouvert la voie au sabotage de l’impérialisme américain, y compris par la formation de des « contras », une force armée réactionnaire.
L’offensive impérialiste et les erreurs d’Ortega et des Sandinistes, avec l’adoption d’une politique économique de plus en plus “pragmatique” et éloignée des idées de la révolution, ont conduit à la défaite du FSLN et au retour de la droite au pouvoir par des élections en 1990.
Depuis lors, Ortega et le FSLN se sont tournés de plus en plus vers la droite. Ils ont noué des alliances avec des couches de l’ancienne oligarchie et de la droite, comme l’ancien président corrompu Arnoldo Alemán. Ortega a également cherché à nouer des liens avec l’establishment réactionnaire de l’Église catholique, en se réconciliant avec le vieil ennemi des Sandinistes, le cardinal Miguel Obando y Bravo, et en appuyant la législation visant à interdire totalement l’avortement dans le pays.
La défaite de 1990
Après la défaite de 1990, Ortega a également perdu les élections de 1996 et de 2001. Lorsqu’il a remporté les élections de 2006, Ortega et les dirigeants du FSLN avaient déjà consolidé leur virage à droite et leurs alliances avec l’ancienne oligarchie nicaraguayenne.
Le modèle économique préconisé par Ortega reposait sur des politiques néolibérales telles que les privatisations et l’ouverture de l’agro-industrie, des mines et de la pêche aux capitaux étrangers, etc. Cela a approfondi le caractère de dépendance du capitalisme nicaraguayen par rapport à l’impérialisme, tout en garantissant les profits et la richesse de l’oligarchie locale et de la nouvelle élite riche liée au sandinisme.
Le projet de construction du canal interocéanique reliant l’Atlantique et le Pacifique fut un exemple de ces politiques. Il a été attribué à un consortium chinois. S’il est conclu, ce projet sera une catastrophe écologique monumentale et une grave attaque contre les régions touchées. Entre autres conséquences, il entraînera la pollution du lac Nicaragua et le déplacement de 25.000 personnes.
Depuis 2014, ce projet fait l’objet de protestations paysannes et indigènes pour la défense de l’environnement, des mobilisations qui ont bouleversé la situation politique et sociale. La construction du canal a commencé en 2015, mais elle a dû être suspendue en raison de la faillite de l’entreprise chinoise qui en était responsable.Comme dans d’autres pays d’Amérique latine, la croissance économique repose sur un modèle d’exportation des matières premières, un modèle qui n’a pas éliminé les inégalités sociales et la pauvreté, mais qui n’a fait qu’accroître les contradictions et la volatilité politique.
Le Nicaragua reste le deuxième pays le plus pauvre d’Amérique latine. La moitié de la population vit dans la pauvreté, donnée atteignant même les 68% dans les communautés rurales.
Un combat légitime
Dans cette situation, la résistance populaire à la contre-réforme des retraites d’Ortega, à sa politique néolibérale et au caractère autoritaire de son gouvernement répressif est tout à fait légitime. Elle mérite le soutien de la gauche partout en Amérique latine et dans le monde.
Bien qu’il utilise encore une certaine rhétorique de gauche ou anti-impérialiste pour manipuler la mémoire de la révolution historique de 1979, le gouvernement Ortega joue le jeu de la droite et de l’impérialisme. D’innombrables anciens dirigeants de l’authentique sandinisme ont clairement dénoncé Ortega.Cependant, certains secteurs de gauche se font l’écho des distorsions d’Ortega. Récemment, la secrétaire des relations internationales du PT brésilien, Monica Valente, a comparé le conflit au Nicaragua avec les manifestations de juin 2013 au Brésil, affirmant qu’il s’agissait d’actions de “petits groupes d’étudiants, en particulier des collèges privés, financés par les Etats-Unis”.
Cette déclaration montre clairement que les dirigeants du PT n’ont rien compris aux protestations de juin 2013 au Brésil, et encore moins aux événements d’aujourd’hui au Nicaragua. Juin 2013 n’a pas été un mouvement de droite, mais une explosion populaire au grand potentiel transformateur qui n’a pas été saisie à cause de la trahison de la gauche brésilienne traditionnelle et de la faiblesse de la nouvelle gauche en cours de construction.
Dans le cas du Nicaragua, il ne peut être question de se ranger du côté d’Ortega face à ce massacre. Il doit être combattu, et une alternative de gauche de la classe ouvrière doit être construite.
Il est évident que, compte tenu de la gravité de la situation, les secteurs de la droite et de l’impérialisme qui ont auparavant beaucoup profité du gouvernement Ortega et de sa capacité à contenir la lutte sociale, voient maintenant que le gouvernement n’est plus capable de servir leurs intérêts. Ils essaient de le jeter par-dessus bord et de gérer la situation d’une manière qui leur soit favorable.
Il s’agit d’un élément naturel dans ces développements. Cela ne signifie certainement pas que la gauche doive défendre Ortega à cause des intentions réactionnaires de la droite et de l’impérialisme.
Une lutte de classe indépendante
Le rôle de la gauche est d’encourager l’organisation indépendante et la lutte des travailleurs et des pauvres pour la défense de leurs droits et intérêts. Le mouvement doit rejeter toute alliance avec les patrons, la droite, l’impérialisme ou l’Eglise. La classe ouvrière, les étudiants, les paysans, les indigènes et les femmes ne peuvent compter que sur leur propre pouvoir indépendant et organisé. La lutte doit être organisée démocratiquement de la base avec des comités de lutte composés de représentants élus démocratiquement et coordonnés au niveau national.
Ce n’est que sur cette base qu’une véritable alternative à Ortega, à la droite traditionnelle et à l’impérialisme peut être construite. Sans cela, avec ou sans Ortega, il y aura des défaites.
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Venezuela : Maduro survit à une tentative d’assassinat. Comment vaincre la réaction et l’impérialisme ?

Dans l’après-midi du samedi 4 août, diverses explosions sur l’avenue Bolivar à Caracas ont interrompu le discours du Président Nicolas Maduro lors d’un défilé commémorant le 81e anniversaire de la Garde nationale vénézuélienne. Les explosions ont conduit à des scènes de panique et à l’évacuation immédiate de Maduro, de sa femme et des chefs militaires. Cette nuit-là, le ministre de l’Information, Jorge Rodriguez, a annoncé qu’il y avait eu une attaque terroriste menée par des drones chargés d’explosifs C4. Il a déclaré que 7 soldats avaient été blessés et que plusieurs personnes avaient été arrêtées, l’attaque étant attribuée à des sections de la droite et de l’extrême droite.
Déclaration d’Izquierda Revolucionaria (section vénézuélienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)
Le caractère violent et putschiste de la droite vénézuélienne.
Le caractère violent et terroriste de la droite au Venezuela n’est une nouvelle pour personne. Les médias capitalistes, les gouvernements de droite du monde entier et de nombreuses sections de la social-démocratie présentent ces éléments comme de simples “forces d’opposition luttant pour la démocratie”. La réalité est que ces forces ont habituellement recours à la violence et au terrorisme : depuis le coup d’Etat fasciste de 2002 où elles ont tenté de tuer Hugo Chavez (démocratiquement élu par le peuple vénézuélien) et d’arrêter ses partisans, jusqu’aux “guarimbas”, des actions fascistes et terroristes stimulées par des leaders de l’”opposition” comme Leopoldo Lopez ou Henrique Capriles Radonski.
Le dernier épisode “guarimba” a causé plus de 100 morts entre mars et juillet 2017 et il y a même eu des cas de lynchage et de personnes brûlées vives pour s’être déclarées Chavistas. Ces méthodes terroristes sont l’une des raisons de la défaite de l’offensive de l’opposition et de la tentative de la MUD (Table de l’unité démocratique) de prendre le pouvoir.
Leur objectif est de semer la peur, de paralyser le pays et d’entraver les élections à l’Assemblée nationale constituante (ANC) a provoqué la mobilisation des masses qui, une fois de plus, a contrarié les plans de la droite et de leurs mentors : l’impérialisme américain et les gouvernements réactionnaires de Colombie, du Brésil et de l’Argentine.
Un an après les élections de l’ANC : de la mobilisation et l’espoir à la frustration et au désenchantement.
L’attaque du 4 août a eu lieu exactement un an après la victoire du gouvernement aux élections de l’ANC. Lors de ces élections, des millions de pauvres se sont mobilisés pour vaincre la stratégie de coup d’Etat de la droite, mais des millions d’électeurs et de militants chavistas ont également utilisés ces élections pour exprimer leur mécontentement à l’égard des politiques capitalistes menées par le gouvernement Maduro, en organisant et en soutenant des candidats critiques et en exigeant un virage à gauche.
Depuis lors, la réponse de Maduro, de l’appareil d’Etat et de la bureaucratie du PSUV (le parti au pouvoir) a été de diviser, d’isoler et de réprimer tous les mouvements critiques de gauche tout en confirmant sa politique d’accords avec des couches du capitalisme vénézuélien, en suivant les avis de ses conseillers internationaux (en particulier le gouvernement chinois qui finance une grande partie de la dette du Venezuela). Leur objectif n’est pas de défendre ou d’approfondir la révolution mais de stabiliser le capitalisme vénézuélien avec eux-mêmes à sa tête et de démanteler dans la pratique les mesures les plus à gauche adoptées par Chavez sous la pression des masses.
Dans la pratique, Maduro a effectué un virage évident vers la droite. Ses politiques économiques ont conduit à des hausses constantes des prix et à des réductions de salaires et des droits des travailleurs. Il a accordé des montagnes d’argent et d’”aide” aux nouveaux capitalistes nés dans les rangs de la bureaucratie en raison de son contrôle sur l’Etat ainsi qu’aux sections de la bourgeoisie traditionnelle qui ont passé un accord avec le gouvernement. Ce dernier a permis à des multinationales de Chine, d’Iran et de Russie – des “amis” – de réaliser des profits juteux grâce à des entreprises mixtes et à des accords commerciaux pour exploiter nos ressources naturelles.
Alors qu’une partie des capitalistes et de l’impérialisme américain est toujours favorable à un effondrement économique qui leur permettrait de reconstruire leur base sociale et de faire tomber Maduro pour constituer un gouvernement similaire à celui du Brésil, de l’Argentine ou de la Colombie, une autre partie est favorable à conclure un accord, au moins temporairement, avec le gouvernement. Ces capitalistes aimeraient que Maduro lui-même ou des secteurs de l’Etat-major militaire ou de la bureaucratie dirigent une transition qui en finisse avec les acquis du processus révolutionnaire à l’aide d’un discours “chaviste”.
Ce glissement vers la droite s’inscrit dans le contexte d’une situation où la grande majorité de la classe ouvrière et des pauvres lutte pour survivre avec leur famille. La baisse cumulée du PIB au cours de ces 3 dernières années est supérieure à 40% selon certains – une situation qui n’est comparable qu’à l’impact d’une guerre ! L’inflation annuelle est d’environ 46.000% selon le FMI, qui prévoit qu’elle pourrait atteindre le chiffre incroyable de 1.000.000% ! Il est difficile de connaître les dimensions réelles de la situation, car la Banque du Venezuela a cessé de publier des informations.
Renforcement des tendances bonapartistes et bureaucratiques au sein du gouvernement
Les tentatives des sections critiques du mouvement chaviste et du mouvement ouvrier visant à lutter contre cette situation ont jusqu’ici été éparses et limitées étant donné les difficultés que l’effondrement économique engendre pour l’organisation et la participation des masses. La démoralisation et le scepticisme générés parmi de larges secteurs de la population, en raison de ce virage à droite en l’absence d’une organisation unie et indépendante de la classe ouvrière disposant d’un programme clair et décisif unissant les revendications populaires et l’opposition de gauche à la bureaucratie, représentent également une grave difficulté.
Outre les politiques économiques susmentionnées, le contrôle bureaucratique a été renforcé sur les organisations de masse construites pendant la période de croissance révolutionnaire, comme la Fédération syndicale CSBT et le PSUV. Le PSUV est de plus en plus une machine bureaucratique dans laquelle toute dissidence est écrasée.
Le PSUV agit comme un appendice de l’appareil d’Etat, à la manière des partis communistes des anciens Etats staliniens (URSS, etc.), à la différence que le Venezuela n’est pas un Etat ouvrier déformé reposant sur une économie planifiée mais un Etat capitaliste basé sur des relations capitalistes de production et dépendant du marché mondial à un degré extrême (à cause du facteur pétrolier).
Cette évolution – qui consiste à ne pas mener une révolution jusqu’au bout pour en faire une véritable révolution socialiste reposant sur la démocratie ouvrière – n’est pas quelque chose de neuf dans l’histoire. Quelque chose de semblable s’est produit au Nicaragua sous les Sandinistes, aux conséquences connues. Maduro et ses collaborateurs ont un modèle à suivre : la Chine, qui est un promoteur clair du capitalisme d’Etat basé sur un régime autoritaire bonapartiste ayant rompu tout lien avec les traditions révolutionnaires.
Comme dans tout régime bonapartiste, ils essaient de contenir les divisions internes dans certaines limites. Ceux qui sont allées trop loin dans leurs pratiques de corruption ou qui ont exigé un virage plus abrupt vers la droite ont été purgés de peur de provoquer une explosion sociale. En dépit des pompeuses déclarations de Maduro sur le socialisme et la révolution, sa politique consiste à utiliser l’appareil de l’État et celui du parti, en combinaison de mesures clientélistes et d’une répression sélective contre les voix critiques, afin de gérer le capitalisme et de rester au pouvoir.
L’une des conséquences possibles de l’attentat terroriste du 4 août est qu’il puisse servir à la bureaucratie pour justifier l’intensification des mesures bonapartistes et autoritaires ainsi que le renforcement de la tendance à la criminalisation des protestations sociales et des critiques de gauche sur le régime.
Le capitalisme est une voie sans issue
Après avoir subi des défaites humiliantes aux élections régionales et locales d’octobre et de décembre 2017, la MUD n’a pas été en mesure de se présenter en commun lors des élections présidentielles de mai dernier. Craignant une nouvelle catastrophe, la majorité des partis composant la MUD a décidé de ne pas se présenter. La MUD a finalement été dissoute et la nouvelle stratégie d’une partie de l’opposition contre-révolutionnaire est de profiter de la terrible situation économique et du mécontentement social pour lancer un “Front élargi” (FA). Ces dernier essayent de laisser derrière eux (au moins publiquement) l’appareil discrédité des partis traditionnels de droite et de présenter le FA comme un rassemblement de mouvements sociaux. Pour l’instant, ce fut sans succès et leur base reste passive et démoralisée.
Lors des élections présidentielles, Maduro a été réélu avec un taux d’abstention de plus de 50% et le soutien de moins de 30% de l’électorat. L’impérialisme et ses marionnettes vénézuéliennes ont refusé de reconnaître les résultats, mais leurs appels à protester en rue n’ont rien donné. La bureaucratie a essayé de dépeindre ce résultat comme une grande victoire, mais il est aisé de voir au travers de cette rhétorique. L’abstention record et l’atmosphère d’apathie durant la campagne reflétaient l’effondrement de leur autorité, surtout si l’on compare cela à l’enthousiasme provoqué par les victoires électorales de Chavez, la première victoire de Maduro en 2013 et même avec la mobilisation pour les élections de l’ANC il y a un an à peine.
Le mécontentement populaire pourrait devenir encore plus vif à la suite des nouvelles mesures annoncées par le gouvernement. Divers dirigeants de la politique économique ont émis des déclarations appelant à la fin du contrôle des changes ce qui, au lieu de contrôler l’inflation comme ils l’affirment, pourrait l’aggraver. La question fondamentale reste celles de l’effondrement de l’économie productive, de la grève des investissements et du pillage des richesses pétrolières par les capitalistes et la bureaucratie. Avec ou sans contrôle des changes, il sera très difficile aux masses d’échapper à la misère et à la pénurie généralisée.
Luttons pour une politique socialiste, anticapitaliste et antibureaucratique. Tout le pouvoir aux travailleurs et aux pauvres !
Ce serait une erreur de considérer la situation au Venezuela comme distincte des processus politiques et économiques en développement dans toute l’Amérique latine et à travers le monde. Dans le contexte actuel, l’espace pour une contre-révolution stable au Venezuela (qu’elle soit menée par la droite ou par la bureaucratie elle-même) n’est pas similaire à celui qui a pu exister dans d’autres moments historiques. La lutte de classe devient plus aigüe sur tout le continent : pensons aux mobilisations de masse au Brésil et en Argentine, à la victoire historique de Lopez Obrador au Mexique, à la croissance de la gauche en Colombie et au mouvement insurrectionnel au Nicaragua.
La campagne lancée par la bureaucratie du PSUV pour dénigrer le soulèvement de masse au Nicaragua, en le comparant aux “guarimbas” du Venezuela est symptomatique. La réalité est que c’est la classe ouvrière et la base populaire des Sandinistes qui se mobilise, développe des organes d’auto-organisation et lutte contre la répression sauvage et les politiques capitalistes du gouvernement bourgeois bonapartiste de Daniel Ortega. Le Nicaragua est un exemple de ce qui se passe lorsqu’une direction issue d’un mouvement révolutionnaire se rend dans le camp de la classe capitaliste et applique des mesures antisociales contre la classe ouvrière et les pauvres.
Le capitalisme vénézuélien faible et parasitaire ne peut pas garantir une vie digne aux masses. La classe dirigeante internationale présente la paralysie de l’économie vénézuélienne comme le résultat du “socialisme”. La réalité est toute autre : la révolution bolivarienne n’a pas été achevée. Chavez a mis en œuvre des réformes progressistes qui ont permis d’élever le niveau de vie. Mais les mesures nécessaires pour mettre fin au capitalisme n’ont jamais été adoptées. Ni l’expropriation des banques, des propriétés foncières ou des grandes entreprises, ni la destruction de l’Etat capitaliste avec sa bureaucratie, ses lois et ses institutions. Un Etat réellement dirigé par les travailleurs et les pauvres n’a jamais été constitué.
La seule alternative, aujourd’hui plus que jamais, c’est un programme véritablement socialiste qui retire une fois pour toutes le pouvoir économique et politique des mains des capitalistes et des bureaucrates et le place entre celles des travailleurs et des pauvres.
Rejoignez Izquierda Revolucionaria et luttez pour un tel programme !
1. Contrôle direct des travailleurs dans toutes les entreprises publiques et privées pour lutter en faveur du gel des prix, pour le contrôle de la production alimentaire locale et la satisfaction de tous les besoins du peuple contre le sabotage capitaliste et bureaucratique.
2. Augmentations salariales supérieures à l’inflation. Discussion et application des conventions collectives salariales. Incorporation de tous les travailleurs sous-traitants dans les contrats à durée indéterminée. Réintégration de tous les combattants de classe révolutionnaire licenciés par les patrons et les bureaucrates. Indemnité de chômage pour tous les chômeurs.
3. Expropriation et nationalisation de toutes les entreprises fermées et sous-utilisées de même que des terres avec embauche immédiate de travailleurs, d’agriculteurs et d’étudiants pour y travailler en développant le contrôle démocratique des travailleurs. Nationalisation sous contrôle démocratique de toutes les entreprises qui sabotent l’économie.
4. Création d’une société d’État ayant le monopole du commerce extérieur. Instauration du contrôle démocratique ouvrier pour lutter contre la spéculation, l’inflation et la corruption et garantir la pleine autosuffisance alimentaire.
5. Nationalisation des banques, des terres et de l’industrie sous contrôle ouvrier, afin de planifier démocratiquement l’ensemble de l’économie dans l’intérêt du peuple afin de satisfaire les besoins sociaux.
6. Création d’un système de santé publique gratuit et universel qui garantisse des soins de qualité. Expropriation des cliniques privées pour les placer sous contrôle démocratique afin de garantir des soins de santé à tous, sans discrimination.
7. Création d’une entreprise publique de construction pour construire des infrastructures, des maisons, des universités, etc., gérées sous contrôle démocratique et s’engager dans un plan de construction de 500.000 logements par an et mettre fin au déficit de logements en 3 ans.
8. Non-paiement de la dette extérieure ! Les impérialistes nous soumettent à la misère par le biais de sanctions pour payer leur accumulation massive de richesses avec notre misère.
9. Création d’un Etat socialiste reposant sur des conseils d’ouvriers, d’agriculteurs et d’étudiants, au niveau local, régional et national. Tous les représentants doivent être élus et rééligibles à tout moment par les assemblées de leur secteur. Les représentants devraient se représenter devant leur base au moins tous les 6 mois et ne pas gagner plus que le salaire moyen d’un travailleur qualifié, pour mettre fin à la bureaucratie corrompue.
Ni capitalistes ni bureaucrates ! Tout le pouvoir aux travailleurs et aux pauvres !
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Argentine. Le Sénat vote contre la dépénalisation de l’avortement : le combat continue
« Éducation sexuelle pour décider, contraceptifs pour ne pas avorter, avortement légal pour ne pas mourir » : voici le cri de millions de femmes qui se mobilisent depuis des mois dans les rues d’Argentine. Cette marée verte très combative exige que « survivre à un avortement ne soit pas un privilège de classe », ce que le Sénat argentin a refusé ce 9 août 2018.Par Célia (Bruxelles)
En effet, alors que la Chambre des députés l’avaient approuvé en juin dernier, seuls 31 sénateurs contre 38(1), ont voté pour la légalisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG).
L’avortement n’est complètement légal que dans 3 pays d’Amérique latine, Cuba, Guyane et Uruguay, ainsi que dans la ville de Mexico City et dans le département de la Guyane française.
En Argentine, depuis 1921, l’avortement n’est permis qu’en cas de viol et de danger pour la vie de la mère ; et même dans ces deux cas, le médecin peut refuser de vous traiter. Les risques que courent les femmes qui avortent clandestinement sont nombreux, 135 femmes internent des hôpitaux publics chaque jour pour des complications suites aux avortements clandestins, elles risquent également jusqu’à 4 ans de prisons. Et, selon Amnesty International, 3000 femmes seraient mortes dans les 25 dernières années de ces avortements clandestins(2).
L’Argentine est gouvernée par Mauricio Macri depuis décembre 2015. Macri est membre du parti Propuesta Republicana(3), parti de droite conservatrice qui fait partie de la coalition Cambiemos(4). Celle-ci représente la majorité des voix contre l’avortement au Sénat. Macri rêvait, au début de son mandat, de faire de l’Argentine, le « supermarché du monde »(5), cette politique économique de recherche d’investisseurs n’a permis que l’inflation et l’augmentation du nombre de pauvres. Le président a déjà du faire face à 3 grèves générales. En septembre 2016, il y avait déjà 1,4 millions de nouveaux pauvres alors que Macri n’était au pouvoir que depuis 10 mois. La pauvreté touche à présent 13 millions d’Argentins sur une population de 44 millions, soit 32,9 % de la population. C’est le 25 juin dernier, qu’a eu lieu la plus grande grève générale des trois qu’a connu ce gouvernement et qui a paralysé tout le pays.
La situation des femmes ne s’améliore pas dans cette Argentine qui est en pleine crise économique. Et c’est dans ce contexte économique, également depuis 2015, qu’est né « Ni Una Menos »(6), ce collectif qui a mobilisé des milliers de femmes pour lutter contre le sexisme et qui s’est répandu dans de nombreux pays d’Amérique latine depuis. Les femmes argentines (ainsi que les chiliennes depuis avril dernier), étudiantes et travailleuses, se mobilisent depuis des mois pour exiger au gouvernement Macri la fin de l’éducation sexiste et le droit à l’avortement légal et gratuit pour toutes. Dans le pays du pape François 1er, l’Eglise a un impact énorme et les femmes refusent de n’être que des objets reproductifs. Elles exigent de pouvoir avoir accès à une éducation non sexiste, à une santé gratuite, à pouvoir disposer de leur corps comme elles le désirent, à pouvoir décider quand elles veulent avoir des enfants grâce à des contraceptifs gratuits et à pouvoir avorter en toute sécurité sans risquer de mourir ou d’être blessé.
Seule la lutte permettra aux femmes d’obtenir ces droits et de lutter contre le capitalisme qui engendre le sexisme qu’elles vivent au quotidien, sur leurs lieux de travail et dans leurs universités et écoles. Les Argentines ont montré une capacité à se mobiliser de manière incroyable. Ces mobilisations ont fait également écho dans le monde entier puisqu’il y a eu des actions dans une centaine de pays le mercredi 8 août. Le vote négatif du Sénat n’arrêtera pas cette lutte et cela a déjà été démontré par les manifestantes qui se sont directement mobilisées après le vote. Et ce, malgré l’extrême violence qu’elles subissent de la part des « pro-vies » qui les insultent et les frappent depuis des mois.
Dans le cadre du capitalisme, seule la lutte révolutionnaire permettra de garantir des vrais droits et afin de les gagner sur le long terme sans devoir sans cesse avoir peur de les perdre, il faudra casser avec ce système et construire une société réellement égalitaire et sans classe sociale. -
Révolution et contre-révolution en Amérique Latine

Mexique. La joie s’empare des partisans d’AMLO à l’annonce de sa victoire et de celle de son parti, Morena. Nous observons deux tendances qui parcourent l’Amérique latine : le processus révolutionnaire et le contre-révolutionnaire. L’oligarchie latino-américaine et l’impérialisme américain ont obtenu des victoires politiques et ont essayé de freiner le processus révolutionnaire. C’est la raison pour laquelle la victoire de la gauche dans les élections mexicaines du 1er juillet 2018 représente un événement de signification historique.
Rapport de la commission consacrée à l’Amérique latine lors de l’édition 2018 de l’école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière qui s’est tenue en juillet à Barcelone. Par Marisa (Bruxelles)
Le Mexique est la deuxième puissance économique et le deuxième pays le plus peuplé de l’Amérique latine après le Brésil. Il détient également une large frontière avec les États Unis. Après 89 années de gouvernements de droite, Andrés Manuel López Obrador (surnommé AMLO) et son parti le MORENA (le Mouvement de régénération nationale) ont remporté 53% des voix aux élections fédérales mexicaines du 1er juillet dernier qui comprenaient notamment l’élection du président et des membres des deux chambres du Congrès. Le fait qu’un pays d’une telle importance rejoigne le processus révolutionnaire qui parcourt le continent depuis de décennies est une excellente nouvelle pour tous les opprimés. Cette victoire reflète un profond virage à gauche dans la société. Elle n’aurait pas été possible sans l’impulsion des luttes des travailleurs, des jeunes, des femmes, des paysans et des populations autochtones.
Même si la plupart des luttes qui ont précédé les élections du premier juillet n’ont pas victorieusement abouti, elles ont été décisives. La lutte des enseignants, un des secteurs le plus combatifs, a subi une défaite partielle avec la réforme de l’enseignement et toute la lumière n’a pas encore été faite dans l’affaire des enlèvements d’Iguala (qui désignent la disparition de 43 étudiants d’Ayotzinapa alors qu’ils se rendaient manifester contre le gouvernement en 2014). Mais il existe des défaites qui peuvent malgré tout servir à progresser. L’ensemble de l’Amérique latine a célébré la victoire d’AMLO. Maintenant, Trump est confronté à un problème majeur, puisque le Mexique est un pays qui a beaucoup d’influence sur les États Unis. L’objectif de construire un mur à la frontière n’est pas seulement d’arrêter l’immigration, mais aussi de freiner le processus révolutionnaire.
Malgré la souffrance des masses au Venezuela, la victoire de Macri en Argentine et le coup contre Dilma au Brésil, la classe des travailleurs n’a pas subi une défaite insurmontable. Les masses ont continué leur offensive contre les gouvernements d’Argentine et du Brésil. Macri a remporté les élections avec très peu de marge en décembre du 2015 et, depuis, son gouvernement a été confronté à 3 grèves générales. En outre, de grandes mobilisations ont pris place en Honduras contre la fraude électorale, comprenant la création de comités d’auto-défense, ainsi qu’au Chili au sujet de la sécurité sociale et des pensions.
Le gouvernement d’Uribe en Colombie a toujours représenté le rempart de l’impérialisme contre la révolution vénézuélienne. Au cours des dernières élections présidentielles, la droite a remporté le deuxième tour avec 54%, mais le candidat de gauche Gustavo Petro avait obtenu 41,7%. Ce résultat est historique pour la gauche. Le sentiment général des travailleurs n’a pas été le défaitisme mais plutôt l’idée qu’ils sont sur la bonne voie. Il faut également souligner le soulèvement contre le régime autoritaire de Daniel Ortega au Nicaragua. Le mouvement sandiniste contre la dictature de Somoza a tellement dégénéré qu’aujourd’hui Ortega est devenu le nouveau Somoza. Malgré une répression brutale, la détermination du mouvement social est impressionnante. La localité de Masaya, endroit emblématique de la résistance sandiniste contre Somoza, est devenue l’une des enclaves du soulèvement contre Ortega. La défense populaire y a été organisée avec des barricades.
De larges mouvements de lutte contre les féminicides et en faveur de l’émancipation des femmes ont également eu lieu, entre autres en Argentine et au Chili.
Il est intéressant d’analyser la relation entre le cycle politique et le cycle économique. Entre 2003 et 2008, on parlait de boom économique en Amérique latine et l’idée d’un « capitalisme à visage humain » disposait d’une certaine marge. Le Brésil, c’était le « B » de BRICS (acronyme anglais pour désigner un groupe de cinq grandes « économies émergentes » qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, en anglais Brazil, Russia, India, China, South Africa). Grâce à la croissance économique de cette période, le taux de pauvreté a été réduit de 20 points dans l’ensemble de l’Amérique latine. Aujourd’hui, ces années dorées sont finies. Après une chute brutale en 2014, on compte à nouveau les sans-emplois par millions. La dette externe augmente de façon exponentielle et les monnaies nationales s’affaiblissent.
La classe dominante latino-américaine a profité du boom économique, mais cette croissance a été couplée à une désindustrialisation dans la majorité de pays. L’affaiblissement de la base industrielle de ces pays rend leur production très dépendante des matières premières. Malgré une certaine récupération de la valeur du pétrole l’année dernière, la situation continue de reculer. Les investissements étrangers entre 2011 et 2017 ont diminué du 20% à cause de la crise de surproduction de l’économie mondiale.
C’est dans ce contexte de crise que les programmes réformistes pour un capitalisme plus humain ont échoué. La faillite de Kirchner en Argentine, de Lula au Brésil et également du chavisme au Venezuela ont ouvert la porte à la droite. Cela ne signifie néanmoins pas qu’il y a eu lieu un virage idéologique. Parmi ceux qui ont voté à droite, beaucoup répondent qu’ils sont opposés aux privatisations et favorables à plus d’interventions de l’Etat. Le vote à droite a plutôt été un vote de protestation contre les gouvernements de gauche réformiste.
La bourgeoisie est incapable de donner un coup définitif au mouvement social en utilisant des dictatures militaires à l’image de celles du passé. Au Brésil, la classe dominante se trouve dans une impasse. Le soutien à Temer a touché fond, sa côté de popularité est de 3%, et il n’y a pas encore un candidat présidentiel viable. Au milieu de cette crise, le gouvernement et la classe dominante utilisent la militarisation comme méthode pour appliquer leurs mesures autoritaires. L’assassinat de la militante du Parti socialisme et liberté (PSOL) Marielle Franco à Rio de Janeiro en mars dernier fait partie de l’atmosphère répressive répandue par le gouvernement. L’extrême droite est à l’offensive : pour la première fois depuis les années ’90, des groupes néo-fascistes attaquent les gens qui portent des slogans de gauche dans les villes.
La croissance de l’extrême droite est un danger pour les travailleurs et tous les opprimés qui ne doit pas être sous-estimé. C’est un reflet de la polarisation qui se développe dans la société. L’opposition à ces attaques est liée au refus du programme néo-libéral. En fait, après la crise politique et sociale, le soutien aux idées de la gauche radicale a augmenté. La formation du PSOL en 2004 a constitué un important pas en avant. Un des défis auquel le PSOL sera confronté est de renforcer sa base parmi les travailleurs et les pauvres, chose qu’il n’a pas réussi à faire jusqu’au présent. Les prochaines élections présidentielles sont une nouvelle opportunité pour la gauche radicale et socialiste afin qu’elle en sorte renforcée. Pour ce faire, il est important de tirer les leçons de l’expérience des précédents gouvernements du Parti des Travailleurs, dont l’histoire est un avertissement de ce qui peut survenir dès lors qu’il n’y a pas de rupture avec les fondements du capitalisme.
La classe de travailleurs continue de lutter, soit avec des grèves, via des élections ou à travers les syndicats quand cela est possible. Elle dispose de la force, mais pas d’une direction politique claire. Le Mexique ouvre un nouveau chapitre historique dans un contexte de remontée de la lutte de classes. Si le gouvernement d’AMLO ne fait pas un tournant à gauche très vite, la situation va se détériorer. Il n’y a pas de moyens économiques pour faire des manœuvres et il faut tirer les leçons de l’échec de la révolution au Venezuela. En fait, le désastre au Venezuela est un avertissement de ce qui pourrait arriver en Europe si des forces de gauche arrivent au pouvoir sans prendre ensuite des mesures de type socialiste (telles que la nationalisation des secteurs-clés de l’économie).
Le gouvernement d’AMLO sera soumis à de nombreuses pressions, pas seulement de la part de la bourgeoisie mexicaine, également de la part des trafiquants de drogue qui font déjà partie de la dite bourgeoisie. Trump pourrait retirer l’ALÉNA, l’accord de libre-échange nord-américain, pour instaurer une pression additionnelle. Mais un mouvement social fort de la base pourrait se développer, chose qui aurait un grand impact dans tout le continent. L’idée de la révolution est très importante au Mexique, en raison de la conception révolutionnaire de sa propre histoire. Des opportunités se présentent au Brésil, au Chili et au Mexique, où les respectives sections du Comité pour une Internationale Ouvrière peuvent faire d’importants pas en avant avec leur intervention active dans les événements.
