Category: Amérique Latine

  • Brésil. Le coup d’Etat politique contre Dilma Rousseff sert les intérêts de la droite ! Temer doit dégager !

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    Le Brésil traverse la plus profonde crise politique de son histoire récente. Le 12 mai, une procédure de destitution a été lancée à l’encontre de la présidente Dilma Rousseff (Parti des travailleurs, PT). Le vice-président, Michel Temer (PMDB, démocrates conservateurs), l’a remplacée lorsqu’elle a été démise de sa fonction par le Sénat le 31 août. C’est ainsi que pris fin le règne de 13 ans du Parti des travailleurs (PT) à la tête du pays.

    Par Emilie (Gand)

    L’héritage du Parti des Travailleurs

    Cette crise politique se déroule dans un contexte de profond malaise économique et social. L’économie brésilienne a chuté de 3,8% en 2015 et l’année 2016 devrait livrer des résultats similaires. L’inflation dépasse les 10%. Trois millions de personnes ont perdu leur emploi cette année. Il y a officiellement 11 millions de sans-emplois tandis qu’un quart de ceux qui ont un emploi ne gagne que le salaire minimum (240 euros par mois).

    Jusqu’à l’an dernier, l’élite politique et économique était confiante envers les capacités de Dilma Rousseff de faire passer les réformes néolibérales jugées importantes par l’establishment. Dilma était donc censée promouvoir un agenda néolibéral à l’exact opposé de ses promesses électorales de 2014. Cette année-là, le PT avait remporté une victoire sur le fil (51,64%) illustrative non pas du soutien à sa politique mais bien plutôt du fait que la droite traditionnelle est toujours associée à la période de la dictature (1964-1985).

    Tant que l’économie se portait bien, essentiellement grâce à l’exportation des matières premières, les moyens existaient, même de façon limitée, pour financer les programmes sociaux. Mais ces programmes d’aide sociale ont fondu comme neige au soleil ces dernières années. Dilma a trahi ses promesses électorales. Cadeaux fiscaux aux entreprises, attaques contre les conditions de travail et les salaires, projets de prestige très onéreux, Coupe du monde, Jeux olympiques, etc. : en peu de temps, Dilma est devenue la présidente la moins populaire de l’histoire du Brésil.

    Dans ce contexte, les énormes scandales de corruption (impliquant surtout les partis de droite) et la poursuite en justice de différents ministres du gouvernement dans l’opération ‘Carwash’ (nom de l’enquête portant sur les scandales de corruption) ont eu un effet explosif sur l’opinion publique. Il est donc devenu de plus en plus périlleux pour le gouvernement de poursuivre sa politique d’austérité. Quand les grandes banques privées et l’organisation de l’Etat de Sao Paulo se sont publiquement exprimées contre la présidente, il est devenu clair que ses jours étaient comptés.

    Dilma Rousseff a essayé jusqu’au dernier moment de convaincre la classe capitaliste que son gouvernement était capable d’imposer les réformes ‘‘nécessaires’’. Elle a instauré des mesures facilitant aux entreprises étrangères d’exploiter le pétrole brésilien, les dettes de l’Etat ont été renégociées et de nouvelles privatisations ont été lancées et une loi anti-terroriste qui ouvre la voie à la criminalisation des mouvements sociaux a été votée.

    Temer, partisan de l’approche draconienne

    La façon non-démocratique dont le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir a suscité une large indignation dans la société. D’autre part, Temer et d’autres ont aussi été cités dans l’opération ‘Carwash’. Les prochaines élections doivent se dérouler en 2018. Temer ne compte pas s’y présenter, ce qui implique qu’il se moque des sondages. Il veut les coudées franches pour mener une politique néolibérale aussi dure que dévastatrice.

    Dès le premier jour, le gouvernement Temer a annoncé une avalanche de réformes. Certains subsides de l’Etat dans les soins de santé et dans l’enseignement ont été abolis, l’âge de la pension a été augmenté, les procédures de licenciement ont été assouplies pour satisfaire les désirs des grandes entreprises,… Dès le premier jour également, il y a eu des manifestations de masse contre le coup d’Etat politique et contre les réformes annoncées. A Sao Paulo, plus de 200 écoles ont été occupées. Des mouvements de grève ont vu le jour chez les sous-traitants de Volkswagen et General Motors. Le ministère de la culture a été occupé par des artistes.

    Le mouvement ‘Temer Out’ n’est pas pour autant une expression de soutien automatique à Dilma et au PT. Beaucoup d’activistes se demandent que faire après les trahisons du PT et le coup d’Etat politique de Temer. Le parti d’opposition de gauche PSOL (Parti du socialisme et de la liberté) a connu des hauts et des bas ces 15 dernières années. Il a parfois glissé vers le centre pour revenir à gauche sous la pression des mouvements de masse. Aujourd’hui, il fait face à une occasion historique. En octobre se dérouleront des élections communales et les sondages laissent penser qu’il pourrait arriver en deuxième position dans beaucoup de grandes villes.

    L’organisation-soeur du PSL au Brésil, LSR (Liberté, Socialisme, Révolution) milite au sein du PSOL et y défend un programme socialiste et combatif. Au sein du mouvement ‘Temer Out’, elle a soutenu l’idée d’organiser de nouvelles élections et ses militants œuvrent à l’unification des différents mouvements sociaux contre Temer et ses attaques néolibérales.

  • Brésil: La chute de Dilma Rousseff marque le début d'une offensive anti-travailleurs

    dilma_voilaUne nouvelle étape de la lutte des classes s’est ouverte au Brésil. Le pays traverse en ce moment la crise sociale et économique la plus grave de son histoire. Cette crise s’accompagne d’une très grave crise politique, conséquence des manœuvres antidémocratiques des partis de droite et du grand capital contre les droits des travailleurs. En même temps, cette crise est le produit de l’échec total du modèle de concertation et de «collaboration de classe» adopté par le Parti des travailleurs tout au long de ses 13 années au gouvernement.

    Par André Ferrari, groupe Liberté, socialisme et révolution (LSR, section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    La présidente du Brésil, Mme Dilma Rousseff, membre du PT (Parti des travailleurs), a été destituée de son poste par le sénat fédéral le 12 mai dernier. C’est le vice-président Michel Temer, membre du Parti du mouvement démocratique du Brésil (PMDB), qui a été mis à sa place. Dilma se retrouve ainsi écartée du pouvoir, quelques jours après que le parlement ait voté par une écrasante majorité en faveur de l’ouverture de la procédure de destitution de la présidente.

    Au moment de ces deux votes, le parlement et le sénat étaient présidés par des députés personnellement impliqués dans les scandales de corruption qui ont ébranlé le pays. Eduardo Cunha du PMDB, président du parlement, a vu son mandat lui être ôté par la Cour suprême fédérale quelques jours à peine après le vote sur la procédure de destitution de Dilma.

    Selon les règles de cette procédure, Dilma Rousseff sera démise de ses fonctions pour une durée de 180 jours (six mois) avant que le sénat ne prenne une décision définitive concernant sa destitution. Les résultats du premier vote montrent déjà bien, cependant, que cette décision ne sera pas remise en question par le sénat fédéral rempli de politiciens de droite conservateurs extrêmement corrompus.

    La chute de Dilma est la conséquence du revirement de position politique de certains partis de la droite traditionnelle, soutenus et encouragés par les plus importantes sections du grand capital. Cela faisait pourtant des années que ces partis donnaient une majorité au gouvernement PT au parlement national.

    Jusqu’à la fin de l’an dernier, l’élite économique et politique s’attendait à ce que Dilma Rousseff soit capable de lancer les attaques et contre-réformes contre les droits de la classe des travailleurs exigée par la classe dirigeante afin de sortir le pays de la crise économique. Cette élite aurait préféré, si possible, éviter les turbulences et les troubles survenus suite à la destitution forcée de la présidente.

    L’approche de Dilma était d’appliquer la politique néolibérale, tout le contraire de ce qu’elle défendait au cours de sa campagne électorale de 2014 lorsqu’elle a battu à une faible marge le candidat de la droite, Aécio Neves du PSDB (Parti social-démocrate du Brésil). Elle espérait ainsi s’assurer le soutien de l’élite pour le reste de sa présidence.

    Toutefois, la faiblesse du gouvernement Dilma s’est avérée trop importante au vu de la gravité de la situation du pays. L’aggravation de la crise économique, la croissance du chômage (qui touche déjà 10 millions de personnes), l’adoption d’une politique d’ajustement fiscal et les attaques sur les droits des travailleurs ont fait de Dilma un des chefs d’État les moins appréciés de l’histoire du Brésil.

    C’est dans le contexte que l’« Opération lavage », qui visait à enquêter sur toute une série de scandales de corruption impliquant des personnalités du gouvernement PT et menée par le juge Sérgio Moro, a eu un effet explosif sur l’opinion publique.

    La crise économique, les coupes budgétaires réalisées par le gouvernement et les scandales de corruption ont fait perdre à Dilma le soutien de chaque couche de la population. Le mécontentement passif qui vivait dans la société a permis à la droite d’intervenir en mobilisant de larges couches de la classe moyenne dans des manifestations comptant des centaines de milliers de gens. C’est la première fois depuis des décennies que la droite a pu organiser des manifestations d’une telle ampleur au Brésil.

    Étant donné ces facteurs, le gouvernement Dilma n’avait pas la force de mettre en œuvre la politique antisociale attendue de la part d’importantes couches de la classe dirigeante. Depuis le début de cette année surtout, le noyau dur du grand capital – les plus grandes banques privées de la Fédération industrielle de l’État de São Paulo – a décidé de d’entrer en campagne pour la destitution de Dilma, sans payer trop d’attention aux contraintes légales de la chose.

    Cette cabale a employé la moindre manœuvre antidémocratique potentiellement envisageable, y compris des pratiques totalement mafieuses de la part du président du parlement afin de garantir le résultat souhaité. L’accusation formelle contre Dilma Rousseff, le crime dont elle serait responsable et qui sert à justifier sa destitution, est son implication supposée dans des plans de corruption, y compris des surfacturations pour des projets publics et des «maquillages» dans la comptabilité de ces projets.

    Histoire du PT au pouvoir

    Jusqu’au dernier moment, Dilma a tenté de convaincre les grands capitalistes que son gouvernement serait capable de mettre en œuvre la politique néolibérale qui lui était exigée. Certaines des dernières mesures adoptées par le gouvernement avant sa chute ont représenté d’importantes nouvelles attaques contre des pans entiers de la classe des travailleurs.

    Ces mesures comprenaient l’ouverture de l’économie à des entreprises étrangères pour l’exploration de gisements pétroliers et la renégociation des dettes de l’État, accompagnées de brutales coupes budgétaires, privatisations et attaques. On a ainsi vu une nouvelle loi « antiterroriste » qui permet désormais de criminaliser les mouvements sociaux.

    L’un des derniers décrets pris par Dilma en tant que présidente a été l’ouverture d’un barrage hydroélectrique à Belo Monte, en Amazonie. Il ne s’agit de rien de moins que de la destruction de certains des plus importants biotopes de la planète, couplée d’une attaque brutale sur les peuples autochtones de la région.

    Malgré cela, on a également vu de grandes manifestations contre la destitution de la présidente, partant essentiellement de l’idée que c’est à un véritable coup d’État auquel nous sommes en train d’assister, ce qui représente une attaque contre la démocratie.

    Le PT, «Parti des travailleurs», a utilisé l’argument du coup d’État de manière exagérément rhétorique, pour tenter de pallier au fait qu’il est virtuellement impossible de défendre le bilan de Dilma Rousseff. Il reste vrai que les manœuvres antidémocratiques utilisées pour faire tomber le gouvernement sont en train de créer un grave précédent pouvant ouvrir la voie à des attaques encore plus dures sur les droits de la classe prolétaire et des peuples opprimés.

    Déjà lorsque, au début de l’année, Lula (l’ancien président PT et un des leaders historiques du mouvement ouvrier au Brésil) avait été menacé d’emprisonnement, on avait assisté à une certaine radicalisation (surtout dans les discours) de la part des dirigeants du PT et des mouvements sociaux sous son contrôle, tels que la Centrale unique des travailleurs (CUT), la principale fédération syndicale.

    Lula avait alors déclaré que c’était là la fin de son attitude de « paix et d’amour » adoptée auparavant. Des milliers de vieux militants ont été secoués par une vague d’enthousiasme pour la lutte historique, reflétant les racines sociales historiques du PT. Cela n’a cependant duré que quelques jours. Lors de la manifestation de masse à São Paulo le 18 mars, Lula a provoqué l’effet inverse en annonçant qu’il serait prêt à rejoindre le gouvernement Dilma en tant que ministre pour « renégocier un nouveau pacte » avec le PMDB (le parti d’Eduardo Cunha et du vice-président Michel Temer, devenu entretemps président par intérim), afin d’empêcher la destitution de Dilma.

    Malgré le mouvement de masse contre ce « coup d’État » constitutionnel, Dilma, Lula et le PT ont démontré qu’ils sont incapables de mener la moindre lutte jusqu’au bout. Car cela voudrait en effet dire d’adopter un programme complètement opposé à la politique mise en place par le gouvernement Dilma, même au cas où la destitution de Dilma serait annulée dans six mois.

    Le principal obstacle qui nous empêche de lutter contre la droite et ses manœuvres antidémocratiques est le caractère même du gouvernement Dilma et de la direction du PT.

    D’importantes couches de la classe des travailleurs qui, historiquement, considéraient le PT et Lula comme point de référence historique sont maintenant en train de tirer la conclusion que le PT et Lula sont incapables de diriger la lutte contre la droite. Ces travailleurs veulent voir la fin de la politique de conciliation de classes qui a mené à la classe des travailleurs à la défaite.

    Le gouvernement Temer adopte une politique néolibérale très dure

    Un des facteurs qui a poussé une section de la classe capitaliste brésilienne à maintenir Dilma au pouvoir jusqu’à la fin de l’année passée est le fait que Michel Temer, le nouveau président par intérim, n’a aucune base sociale : il y a très peu de chances qu’il parvienne à diriger un gouvernement stable. Temer a toujours été moins populaire que Dilma. Son nom sent la corruption ; il fait d’ailleurs partie des personnalités autour desquelles une enquête est menée dans le cadre de l’« Opération lavage ».

    C’est pour cette raison que certaines sections de la classe dirigeante ont défendu une position exigeant la démission conjointe de la présidente et du vice-président dès 2014, vu les irrégularités financières lors de la campagne électorale. Cela aurait entraîné de nouvelles élections, ouvrant la possibilité pour l’élection d’un nouveau président avec une plus grande base de soutien afin de mettre en œuvre les contre-réformes exigées par la classe dirigeante.

    L’option de nouvelles élections peut être utilisée dans des situations extrêmes telles que la chute du gouvernement Teller. En ce moment, la classe dirigeante brésilienne dans son ensemble, de concert avec l’impérialisme américain, mise tout sur le gouvernement Temer en espérant qu’il soit capable d’accomplir les attaques profondes que la classe dirigeante dans son ensemble veut voir mises en place.

    D’ailleurs, le fait que Temer n’ait aucune base sociale et n’ait pas la moindre prétention de participer aux élections de 2018 n’est pas forcément un problème pour la classe dirigeante. Dans un certain sens, au contraire : la classe dirigeante, à ce stade, ne veut plus d’un gouvernement qui cherche à jouer les négociateurs dans les conflits de classes en cours de développement. Pour cela, elle avait besoin du PT. Ce que la classe dirigeante veut maintenant, c’est un poing de fer pour faire passer les attaques brutales exigées par la gravité de la crise de leur point de vue de classe. C’est pour cette raison que Temer peut compter sur le soutien de la classe dirigeante.

    Les premiers jours du gouvernement Temer ont été marqués par une avalanche d’annonces de nouvelles mesures politiques, incluant de nombreuses nouvelles attaques sur les conditions de vie de la classe prolétaire et des pauvres. Le plan à court terme, qui est déjà en train d’e?tre mis en place, est d’accomplir d’importantes contre-réformes dans les plus brefs délais. C’est ainsi qu’on va voir la fin du financement de l’État fédéral pour les soins de santé et l’enseignement, ce qui permettra des coupes drastiques à tous les niveaux. Le ministère de la Santé a déjà annoncé que l’accès universel au système de santé publique en tant qu’obligation d’État sera remis en question, comme ça a été le cas en Grèce.

    Il y aura une révision de la politique en matière de conditions de travail qui mènera pratiquement à la restauration de l’esclavage (un phénomène qui, d’ailleurs, existe toujours dans certains endroits du Brésil). Un nouveau tour de privatisations est également prévu. Toutes ces mesures proposées par le nouveau gouvernement représenteront un véritable pas en arrière pour la classe des travailleurs.

    Le gouvernement a aussi annoncé l’annulation du projet de construction de 10 000 logements sociaux qui avait pourtant commencé. Cela va directement affecter les mouvements sociaux qui avaient arraché cette concession suite à une lutte contre le précédent gouvernement.

    Suivant la doctrine de Machiavel, selon qui «fais en une seule fois tout le mal que tu as à faire», le gouvernement tente maintenant de faire passer autant de lois et d’attaques que possible pour son programme de contre-réformes au cours des quelques mois qui suivent sa prise du pouvoir. Le problème est que la réaction de la population est déjà explosive. L’instabilité et l’acuité des conflits vont s’accroitre au cours des jours ou semaines à venir.

    La lutte dès le début du gouvernement Temer

    Contrairement à la période des années ‘1990 au cours de laquelle différents gouvernements néolibéraux, comme celui de Fernando Henrique Cardoso au Brésil, ont été installés en Amérique latine, il n’y a aujourd’hui aucun soutien populaire en faveur des mesures proposées telles que la privatisation ou la dilution du secteur public. Les nouveaux gouvernements de droite arrivés récemment au pouvoir dans cette région ont tous pris les commandes suite à la faiblesse et au manque d’alternative proposée par les gouvernements de « centre-gauche ». Ce genre de gouvernement est extrêmement instable.

    Michel Temer est déjà confronté à des marches quotidiennes, dont certaines spontanées, visant à dénoncer la légitimité des attaques qu’il a déjà annoncées.

    Dès le 12 mai, premier jour du gouvernement Temer, le Front du peuple sans peur, dirigé par le Mouvement des travailleurs sans toit, a convié un meeting de milliers de gens à São Paulo sous le slogan « Temer, never ! Sortez dans la rue pour défendre vos droits ! » Ce meeting a été suivi par des marches dans tous les États du Brésil au cours des jours suivants.

    La jeunesse, y compris les élèves, a occupé les écoles et est descendue dans les rues. Les jeunes deviennent de plus en plus politisés au cours de la lutte contre Temer. Les travailleurs du secteur public sont déjà engagés dans une lutte contre les coupes mises en place au niveau régional : on a par exemple la grève du personnel de l’enseignement à Rio de Janeiro. Et les nouvelles coupes budgétaires viseront bientôt les employés du gouvernement fédéral.

    La dissolution du ministère de la Culture par le nouveau gouvernement va certainement entraîner une explosion de la lutte de la part des artistes, des intellectuels et de larges sections de la jeunesse. Les bureaux du ministère de la Culture, désormais fermés, sont déjà occupés par des étudiants en art.

    La gravité de la situation est telle qu’il ne peut être exclu que les fédérations syndicales comme la CUT et autres, après des années de passivité, se verront forcées d’appeler à la grève générale contre la politique de Temer.

    Le slogan du jour pour unifier l’ensemble de ces mobilisations est « Temer dégage ! ». La CUT et les organisations proches du PT insistent pourtant, quant à elles, sur le slogan « Non au coup d’État », ce qui suggère de manière indirecte que Dilma pourrait et devrait revenir au pouvoir.

    Cependant, de nombreuses autres organisations appellent à ce que de nouvelles élections soient organisées une fois que Temer sera parti. Elles appellent également à organiser de nouvelles élections législatives couplées aux présidentielles, afin de réélire le parlement.

    Le problème est que le système politique établi par la constitution de 1988 est fixe et n’offre pas vraiment les conditions minimales requises pour que la gauche socialiste puisse représenter une alternative sérieuse. C’est pour cette raison qu’a débuté un début autour de l’idée d’une nouvelle assemblée constituante afin de réformer le système politique.

    Le PSoL et la gauche

    Le PSoL (Parti du socialisme et de la liberté), un parti de gauche large au sein duquel travaillent la section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière (LSR), a beaucoup accru son autorité pendant cette crise, du fait de sa position adoptée au cours de la procédure de destitution de Dilma Rousseff : tout en réitérant son opposition de gauche au gouvernement de Dilma et en attaquant la politique menée par Dilma, ses députés au parlement ont néanmoins correctement voté contre la destitution de Dilma au parlement et au sénat.

    Bien que, dans de nombreuses situations, les figures publiques du PSoL auraient pu plus se démarquer du PT, le PSoL va certainement grandement progresser au cours des élections municipales d’octobre. Cependant, il y a un risque que le PSoL décide de former des alliances avec le PT sur le plan local, ce qui serait une erreur.

    Malgré toutes les faiblesses montrées par la direction du PT, les mobilisations contre la destitution ont, dans une certaine mesure, permis au PT de montrer une nouvelle image de lui, plus combative. Cela ne représente cependant pas le moins du monde un changement authentique dans la politique ou le caractère du PT.

    Il est crucial de construire une alternative socialiste à la gauche du PT. Si cela n’est pas fait, le vide politique qui existe pourrait être occupé par une autre force politique, qui ne sera pas capable de mener la lutte contre Temer jusqu’à une victoire. L’idée du PT est de s’allier avec d’autres partis de « gauche » ou de centre-gauche et avec les mouvements sociaux. Le PT espère faire cela via son Front populaire brésilien, en proposant Lula comme candidat aux élections présidentielles de 2018.

    Cependant, ce qui est vital pour faire avancer la lutte pour une alternative de gauche socialiste est la construction d’un front des travailleurs de gauche socialiste capable d’unir les partis et les mouvements sociaux qui n’ont pas participé au gouvernement PT.

    D’autres secteurs de la gauche socialiste ont fini par se retrouver isolés des récentes luttes. Par exemple, le PSTU (Parti socialiste des travailleurs unis) a adopté le slogan « Dégagez-les tous » – y compris Dilma donc. Mais en faisant cela, ce parti a été assimilé le PT à la droite qui s’efforce de faire partir Dilma. Le PSTU n’a pas remarqué que la destitution de Dilma a changé la situation et ouvert de nouvelles perspectives pour encore plus d’attaques contre la classe des travailleurs. Sa priorité a été de critiquer et d’attaquer les partis et mouvements qui, sans pour autant soutenir Dilma, ont rejoint la lutte contre les tentatives de la droite de la voir destituée.

    Une des conséquences de cette position a été l’isolement du CSP-Conlutas, une organisation syndicale dirigée par le PSTU. Cette confédération a un grand potentiel de croissance, mais a à présent échoué à faire avancer la lutte : au contraire, sa position l’a fait reculer. Le PSTU a souffert de nombreuses scissions et traverse en ce moment une phase d’intenses débats autour de la position de sa direction.

    Une nouvelle période de la lutte des classes s’est ouverte. Ces conflits vont créer des occasions pour la construction d’une nouvelle gauche socialiste, plus forte que le PT. Le groupe LSR, section brésilienne du CIO, se bat pour la construction d’une telle alternative.

    Le groupe Liberté, socialisme et révolution, section du CIO au Brésil, dit :

    • Dégageons Temer et son programme d’attaques contre les travailleurs et la masse de la population! Pas un moment de répit pour ce gouvernement illégitime !
    • Non à l’ajustement fiscal et autres plans de contre-réformes visant les pensions ou les droits des travailleurs, non aux attaques sur les travailleurs et les masses pauvres !
    • Pour une révolution dans le système politique, pour des élections générales organisées sur une base vraiment démocratique !
    • Pour une assemblée constituante du peuple afin de révolutionner le système politique !
    • Mobilisons-nous pour une grève générale pour vaincre la droite et défendre nos droits !
    • Pour une assemblée nationale des travailleurs, organisée à la base !
    • Pour une solution anticapitaliste et socialiste à la crise !
    • Défendons tous les emplois, tous les salaires et les services publics !
    • Ouverture d’une enquête sur la dette publique et suspension de tout versement en attendant sa conclusion !
    • Nationalisation des secteurs stratégiques de l’économie et planification sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs !
    • Pour un front de la gauche socialiste et des travailleurs !
    • Pour une lutte unitaire du PSoL, du PSTU, du PCB, du MTST, du CSP-Conlutas, de l’Intersyndicale et de tous les autres mouvements sociaux !
    • Bâtissons une force alternative pour la classe des travailleurs!
  • Brésil. Qui est coupable de la catastrophe de Mariana ?

    Samarco_DestaqueIl n’a fallu que 10 minutes pour que la petite communauté de Bento Rodrigues, dans le district de la cité minière de Mariana, soit effacée de la carte le 5 novembre dernier. Plus de 40 milliards de litres de produits toxiques industriels ont formé un tsunami lors de la rupture d’un barrage de la société minière Samarco qui recueillait les rejets de l’extraction minière de fer. Après une douzaine d’heures, les déchets ont atteints la cité de Barra Longa, à 80 kilomètres de distance, atteignant les toits des maisons sur sa route. Les produits toxiques ont suivi le Rio Doce, entrainant des dévastations sur plus de 500 kilomètres jusqu’à la mer.

    Par Marcus Kolbrunner, Liberdade, Socialismo e Revolução (section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière), article initialement publié en portugais le 28 novembre

    13 cadavres ont été trouvé jusqu’à présent – des mineurs pour la majorité – et 11 ont peut être encore disparu à jamais. Les effets pour l’écosystème local sont incalculables. Les déchets ont détruit des algues qui protègent le fleuve, tuant les poissons et la végétation du lit du Rio Doce, un écosystème où vivent beaucoup d’espèces. Le même résultat s’est produit en mer. Cette zone côtière est un endroit où une espèce de tortues menacée d’extinction a été frappée par les déchets toxiques. Le mois de novembre a connu un pic de décès parmi cette espèce. Une génération entière est menacée. A chaque forte pluie, une nouvelle vague de déchets arrivera depuis le fleuve jusqu’à la mer.

    « Il y a des espèces animales et végétales ici qui pourraient être menacées d’extinction a partir de maintenant », a dit le biologiste André Ruschi, qui considérait que ce cas “assassine le cinquième plus grand bassin hydrographique brésilien”. Cela prendra plusieurs dizaines ou centaines d’années pour que la nature récupère des effets de cette catastrophe. La zone couverte par l’inondation « va se transformer en désert de déchets toxiques », comme le dit Mauricio Ehrlich, professeur de géotechnique de Sao Paulo. Certains effets sont irréparables et irréversibles, comme l’extinction de certaines espèces végétales et animales.

    L’intégralité des indigènes krenaks on bloqué une ligne ferrovière qui relie Vitoria à Minas Gerais, le 13 novembre, en protestation contre la mort du fleuve, duquel ils dépendent pour vivre. L’écoulement de l’eau a été interrompu pour des centaines de milliers d’habitants. La ville du gouverneur Valadaraes, avec 278 milles habitants, n’est revenue à obtenir des réserves d’eau pour que la ville entière survive que pendant 11 jours.

    Le gouverneur fédéral n’a pas réagit. La présidente Dilma a survolé la zone dévastée une semaine après la catastrophe. Mais le gouvernement reconnait maintenant qu’il s’agit de la plus grande catastrophe écologique de l’histoire du pays.

    Cette tragédie a des coupables : la société minière Samarco ; le système politique, qui a approuvé la politique des grandes compagnies minières qui financent son système électoral ; et le système économique – le capitalisme – qui met le profit au dessus de tout !

    Le chemin de la catastrophe

    L’entreprise Samarco est contrôlée par les deux plus grandes compagnies minières du monde : BHP Billiton (anglo-australienne) et Vale. Elles ne fonctionnent que pour amasser plus de profits. Le peuple ou l’écosystème local ne sont pas pris en compte pour favoriser les intérêts de ces entreprises.

    En dépit de la baisse du prix du minerai, Samarco a maintenu un profit immense . En 2014, son profit fut de 2,8 milliards. De tels chiffres ne se trouvent que dans le secteur bancaire. L’entreprise a exporté le fer dans 20 pays différents et est le dixième plus grand exportateur du Brésil.

    Les résidus de l’extraction de minerai (à savoir, la bouillie composée des produits chimiques utilisés pour séparer le fer de roche) sont stockés de la manière la plus bon marché possible, avec des barrages gigantesques. Il existe des centaines de ces constructions dans le pays, avec peu d’inspection pour garantir la sécurité autour de ces barrages. Le département national de production minière, lié au ministère des mines et de l’énergie, n’a (jusqu’en novembre de cette année) utilisé que 13,2% des moyens prévus dans le programme de surveillance des activités minières, en raison de la crise budgétaire.

    Samarco a construit différents barrages pour les déchets toxiques de ses exploitations minières. Celui qui a rompu est le barrage de Fundao, avec une capacité de 55 milliards de litres, qui était en travaux afin d’augmenter sa capacité. Lorsqu’il a lâché, son contenu s’est déversé sur celui de Santarem, localisé bien plus en aval du fleuve. Ces deux barrages avaient reçu un renouvèlement de leur licence d’exploitation en 2013, malgré qu’une étude du ministère public avait pointé de serieux risques de sécurité.

    Depuis que le barrage a rompu, Samarco a continué à affirmer que les barrages de Satarem et de Germano (des barrages desactivés mais pleins de polluants) étaient surs. Deux semaines après la catastrophe, l’entreprise a admis que ces barrages étaient aussi en péril.

    Un des graves problèmes était que lors de la catastrophe du 5 novembre, Samarco ne disposait pas de système d’alarme sonore qui aurait pu alerter les habitants de Bento Rodrigues, à 2,5 kilomètres à l’aval des barrages. Un système n’a été installé que par la suite. En 2009 l’entreprise avait reçu l’injonction d’installer un tel système, mais y a renoncé afin de faire plus de profits.

    Le pouvoir des compagnies minières

    Les compagnies minières ont historiquement une grande influence sur le système politique brésilien. Ceci se voit à tous les niveaux. Il y a trois commissions parlementaires qui vont enquêter sur la catastrophe : le congrès national, les assemblées législatives de Minas Gerais et de Espirito santo. Dans toutes ces dernières, il y a des parlementaires qui ont étés élus grâce à l’argent des compagnies minières.

    Il y a aussi une commission de députés qui sont en train d’élaborer un nouveau code d’exploitation minière pour substituer l’ancien, de 1967. On peut s’attendre à la même dérégulation que celle du code des exploitations forestières. Des 21 députés de la commission, 11 ont vu leur campagne électorale payée par les lobbys des entreprises minières. Le dirigeant de la commission, Leonardo Quintao, a reçu 1,8 millions des compagnies minières pour sa campagne électorale de 2014.

    Après la catastrophe, la commission a revu son projet de loi visant à accroitre le nombre de mesure de sécurité pour les mines. Ce qui fut avalisé est l’article 119, qui subordonne chaque mesure à la défense de « potentiellement affaiblir l’activité des compagnies minières ». Cela affectera la démarcation des territoires et la protection de l’écosystème.

    Ce texte sera un pas en arrière. Par exemple, il ne parle plus de l’obligation des compagnies minières d’éviter la pollution de l’air et de protéger les ressources d’eau potable. Au lieu de parler de préservation, il parle de « récupération des zones impactées ». Le nouveau code décrit aussi le droit des compagnies minières « d’utiliser l’eau nécessaire pour leurs opérations». S’il existe une mine, le droit de polluer l’eau est automatiquement accordé !

    Au niveau de l’état, le 25 novembre, la loi 2946/15 a étée approuvée, sur l’autorité du gouverneur Fernando Pimentel (PT), qui désormais, a plus de facilitation pour le processus de légiférer sur les licence environnementales. Le projet fut mis en place sous l’état d’urgence à l’assemblée législative de Minas Gerais et a reçu beaucoup de critiques concernant la protection de l’environnement.

    Finalement, au niveau local, des municipalités ont été marginalisées au profit des compagnies minières. Le préfet local de Mariana, Duarte (PPS) a notamment déclaré : « si nous interdisons l’extraction, cela va appauvrir toute la région et en plus, 80% de l’économie de la ville dépend de cette entreprise ».

    Qui va payer ?

    Le « centre for science in public participation » australien, qui documente les destructions de barrages de ce type depuis 1915, clame que c’est la plus grande catastrophe de rupture de barrage et de rejets polluants de l’histoire. Il s’agit d’un événement 40 fois plus grave que celui qui survint en Hongrie en 2010, par exemple.

    Samarco a déjà été condamné à une amende de 250 millions de réals, mais il faut encore savoir ce que l’entreprise payera réellement. Seuls 8,7% des amendes qui lui ont été imposées avaient été payées entre 2010 et 2014. Le reste est bloqué par la bureaucratie ou simplement ignoré en espérant un accord d’amnistie sur la pollution de l’écosystème.

    En plus des amendes, Samarco a été condamnée par le ministère public brésilien à payer un milliard de réals pour le travail de nettoyage, pour sustenter les familles touchées par la catastrophe, pour amenuiser les effets de la pollution et pour commencer le processus d’assainissement et de récupération des eaux usées. C’est totalement insuffisant.

    Le juge Frederico Gonçalves, de Mariana, a voulu débloquer 300 millions de réals du compte de la compagnie minière le 11 novembre en guise de réparation aux victimes. Mais la justice ne peut ponctionner que 8 millions sur les comptes de l’entreprise. « mais il y avait 2 milliards de réals sur ses comptes le 31 décembre 2014, cet argent s’est envolé».

    Le gouvernement fédéral a annoncé le 27 novembre qu’il va mettre en place une action civile publique contre Samarco pour poursuivre en justice l’entreprise et ses collaborateurs, Vale et BHP, et pour constituer un fonds de 20 milliards de réals pour la réparation des dommages causés par la rupture du barrage.

    Il est certain que ce n’est pas suffisant. De plus, s’il faut faire des comparaisons avec l’explosion de la plateforme petrolière de BP en 2010 dans le golfe du Mexique, qui a tué 11 travailleurs et a causé une marrée noire gigantesque, BP a récemment conclu un accord portant sur l’équivalent de 200 milliards de réals pour les amendes et les travaux d’assainissement du site.

    S’attaquer aux racines du problème

    Nous ne pouvons accorder la moindre confiance aux méthodes du gouvernement et des politiciens payés par les compagnies minières. La toute première action doit être l’établissement d’une commission rogatoire populaire indépendante – avec des représentants des mouvements sociaux, des syndicats, de la population de la région affectée et des peuples indigènes – qui pourra aussi procéder à des perquisitions, avec la collaboration de chercheurs d’universités publiques, qui ont déjà de leur côté lancé une commission parallèle avec des représentants des universités publiques.

    Les responsables doivent être punis, avec la confiscation de leurs biens. la garantie d’emploi doit être assurée aux travailleurs, les familles affectées doivent être indemnisées pour la perte de leurs biens. Un plan visant à l’indemnisation totale des familles doit être instauré avec de l’argent pris chez les compagnies minières !

    Samarco et Vale doivent être nationalisées et mises contrôle et gestion démocratique des travailleurs. Les entreprises nationalisées ne peuvent pas être traités comme des propriétés privées pour faire du profit au détriment de l’écosystème et des travailleurs ; nous devons rompre avec la logique de marché capitaliste. Toute extraction doit être faite à partir d’un plan démocratique qui garantit la conservation de l’environnement et le respect des droits de la population locale.

  • Coup dur au Venezuela, la coalition de droite gagne les élections

    Venezuela's acting President Nicolas Maduro attends a ceremony at the Teresa Carreno theater in Caracas March 13, 2013. Venezuelan acting President Nicolas Maduro said on Wednesday that "far right" figures in the United States were plotting to kill opposition leader Henrique Capriles. REUTERS/Carlos Garcia Rawlins (VENEZUELA - Tags: POLITICS ELECTIONS)

    Une nouvelle étape du renforcement du processus contre-révolutionnaire qui a pris place au Venezuela vient d’être franchie lors des élections parlementaires qui ont eu lieu ce dimanche 6 décembre 2015.

    Par ben (Charleroi)

    La coalition de droite (MUD) y a gagné une large majorité de députés. C’est un grand recul pour le PSUV, parti du président Maduro ainsi que pour l’héritage de la «révolution Bolivarienne» d’Hugo Chavez. La coalition de droite obtient 7,7 millions de votes en sa faveur, c’est a dire 2 millions de plus qu’en 2010, ce qui est également le nombre de votes qu’elle gagne en plus que le PSUV lors des élections de ce dimanche. La droite passe de 65 députés en 2010 à 112 lors de ces élections-ci tandis que le PSUV perd sa majorité de 95 élus en 2010 et tombe à seulement 55 aujourd’hui. Le président Maduro peut donc s’attendre à des tentatives de destitution de la part de la droite dans les prochains mois.

    C’est la première défaite électorale majeure depuis 1998 et la victoire d’Hugo Chavez à l’élection présidentielle. Déjà en 2010, malgré le fait que le PSUV a recueilli plus d’élus, la droite (MUD) avait récolté quelques centaines de milliers de votes en plus que le PSUV. Et plus récemment, nous nous rappelons que lors de l’élection présidentielle de 2013 qui faisaient suite au décès de Chavez, Maduro n’avait été élu qu’avec 1% de plus que le candidat de la droite. Pour ceux qui étaient attentifs au développement qui prenait place au Venezuela, les résultats de ces élections ne sont donc pas une surprise. Notre organisation a d’ailleurs systématiquement averti de ce risque depuis de nombreuses années et nous renvoyons le lecteur aux différents textes écrit par le passé sur cette question. Voici d’ailleurs le lien vers un article écrit lors des élections parlementaires de 2010.

    Depuis plusieurs années, on a assisté à la «nicaraguanisation» du Vénézuela, en référence à la contre-révolution rampante qui avait mis fin à la révolution sandiniste au Nicaragua. En effet, après la période d’euphorie révolutionnaire entre 2003 et 2006, on a vu une période de renforcement progressif de la contre-révolution sur le terrain électoral. Les mesures nécessaires pour pousser la révolution en avant et pour rompre avec le capitalisme n’ont pas été prises. Cet échec de la révolution à avancer en rompant avec avec le capitalisme est à la base de l’épuisement et de la démoralisation des masses et c’est ce qui a permis cette victoire de la contre-révolution sur le terrain électoral.

    Le Venezuela a été fortement impacté par la chute vertigineuse des prix du pétrole alors que les Pétrodollars était vitaux pour maintenir les programmes de sécurité sociale. A cela, s’ajoute les conséquences du sabotage économique perpétré par la classe capitaliste, mais aussi la corruption et la bureaucratisation rampantes. Le gouvernement n’a pas publié de chiffre pour le PIB depuis décembre 2014. Cependant, le FMI parle d’un rétrécissement du PIB d’au moins 10%. 30% des réserves d’or du gouvernement ont été utilisées pour payer des remboursement de dettes ainsi que des importations. Bien que ce soit le Brésil et le Chili qui sont le plus touchés, le ralentissement de l’économie chinoise a des effets important sur l’économie du continent entier, y compris du Venezuela. Une inflation énorme ainsi que les pénuries chroniques de biens basiques ont heurté de plein fouet le niveau de vie des travailleurs et de la classe moyenne. La situation sociale et économique est devenue catastrophique.

    Cela fait très longtemps que Maduro justifie la situation par le sabotage économique des capitalistes, mais il n’a pris aucune mesure pour reprendre en main l’économie et introduire un plan de production discuté démocratiquement.
    La classe des travailleurs doit maintenant se regrouper autour d’un programme de revendications pour résister à l’austérité et aux attaques contre les droits démocratiques que la classe capitaliste ne va pas manquer de mener dans la prochaine période.

  • Brésil : Refusons la politique antisociale, celle de Dilma comme celle de la droite!

    Construisons une alternative de gauche pour et par la classe des travailleurs!

    dilma_bresil
    Dilma Rousseff

    Le Brésil est secoué par de larges mobilisations tandis que la présidente Dilma Rousseff (Parti des Travailleurs, PT) a vu son taux de popularité chuter au niveau historiquement bas de 8% sous le triple coup de la récession économique et des mesures d’austérité, des révélations dévastatrices du scandale de corruption autour du géant public pétrolier Petrobras dans lequel est impliqué le PT et d’autres partis alliés et d’une sévère crise politique menaçant sa fragile majorité parlementaire. Le texte ci-dessous est basé sur une déclaration de nos camarades de LSR (Liberdade, Socialismo e Revolução, section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière), qui oeuvre au sein du parti large de gauche P-SOL (Partido Socialismo e Liberdade).

    L’actuelle crise économique, sociale et politique qui sévit au Brésil est très grave. Le modèle qui a soutenu les intérêts de la classe dominante brésilienne au cours des douze ans de gouvernement du (Parti des travailleurs) montre son vrai visage.

    La droite et le PT n’ont rien à offrir qui n’a pas déjà été tenté par la présidente Dilma Rousseff: des coupes budgétaires, des attaques contre les manifestations et une répression massive. La corruption du PT, illustrée par les récents scandales, n’est pas neuve et suit l’exemple des gouvernements du PSDB (droite officielle) au gouvernement fédéral et dans les divers Etats du pays. Le PT, même sur ce point, ne représente pas d’alternative.

    Les banques et les grandes entreprises utilisent l’occasion de la crise économique pour restructurer, abaisser les salaires et refuser aux travailleurs des droits qu’ils ont acquis. L’aide du gouvernement leur est notamment assurée pour abaisser les salaires par le biais du « programme de protection de l’emploi » (quelle ironie). Les capitalistes ont utilisé le PT plus d’une décennie durant afin d’obtenir une relative stabilité sociale et, alors que sa politique leur a permis de se remplir les poches comme jamais auparavant, ils menacent à présent de jeter l’éponge sur ce gouvernement.

    La réaction du gouvernement du PT n’aurait pu être pire. La présidente Dilma s’est efforcée de montrer par tous les moyens aux riches à quel point elle pouvait encore leur servir, pour finir le sale boulot de contre-réformes fiscales, de révision antisociale du droit au travail ou encore de privatisations d’entreprises. Pendant ce temps, chaque jour qui passe est marqué par une nouvelle répression anti-populaire en défense des plus nantis. Le prétendu « agenda du brésil », un accord conclu entre le gouvernement de Dilma, son ministre Joaquim Levy et le président du sénat Renan Calheiros (PMDB), représente un pas de plus dans le gigantesque détricotage des droits des travailleurs. La politique actuelle ne bénéficie qu’au grand capital.

    En plus de cela s’ajoute encore la « libéralisation générale » de l’élevage intensif, l’intrusion dans les territoires indigènes et dans des zones normalement protégées au grand bénéfice des grandes entreprises agraires, etc. Le gouvernement veut aussi appliquer de nouvelles coupes budgétaires contre le soi-disant « gâchis social ». D’autre part, il existe divers programmes visant à s’attaquer au système universel de soins de santé.

    Pour empirer les choses, le congrès vient de voter, avec l’appui du gouvernement et du PT, une loi « anti-terroriste » qui sera utilisée pour menacer et réprimer les manifestations populaires et les luttes des travailleurs contre ces avalanches d’attaques antisociales.

    Finalement, Dilma a offert aux banquiers et aux grandes entreprises la tête des travailleurs en échange de son maintien à la présidence à la république. Mais, même ainsi, ses chances de succès sont incertaines. La coalition gouvernementale ne va pas nécessairement continuer à la soutenir. Le grand capital veut stabiliser la situation au nom de l’application de mesures destinées à soutenir l’économie. Si Dilma n’y parvient pas, la bourgeoisie a déjà des plans alternatifs de prévu.

    Les mobilisations de la droite contre Dilma, particulièrement celle du 16 août, peuvent créer de nouveaux éléments à tenir en compte dans cette situation. Ces manifestations étant dirigées par des secteurs réactionnaires qui n’ont rien à apporter aux travailleurs et au peuple, Dilma pourrait alors gagner l’appui des travailleurs contre le danger de la droite. La grande bourgeoisie semble préférer que ces mobilisations soient contrôlées, capables de maintenir Dilma sur la défensive sans nécessairement la déranger véritablement. Mais les capitalistes ne contrôlent pas totalement la situation et le gouvernement Dilma peut être poussé vers la sortie.

    Le gouvernement Dilma et sa présidence ne peuvent toutefois pas voir leur survie garantie par une mobilisation des travailleurs. Cette chimère de quelques gouverneurs nostalgiques d’une autre époque ne peut être qu’une illusion réactionnaire. Le gouvernement du PT est payé la position qui est la sienne au prix de nombreuses trahisons des travailleurs. Les conditions de vie de la population ont empiré avec l’augmentation du chômage, des prix et des services ; la détérioration des services publics ;… Le mépris des travailleurs ne fait que grandir contre le gouvernement.

    C’est pourquoi la rhétorique du gouvernement contre la politique réactionnaire que représentent des figures de l’opposition comme Eduardo Cunha et Aecio Neves (droite officielle) et leurs machinations antidémocratiques contre le gouvernement ne représente pas la meilleure base pour être reconduits et élus. La défense du gouvernement Dilma alimente justement la droite réactionnaire tout en distillant la confusion parmi les couches populaires.

    La seule option véritable au bénéfice des travailleurs et des pauvres repose sur la capacité de réaction de ces couches de la population qui ont subi ces attaques de la politique de droite. Cette alternative émergera des rues, des quartiers, des usines, les hôpitaux et des campagnes. Les travailleurs et la jeunesse ont un seul chemin à prendre : celui de la lutte contre ce gouvernement, le congrès et tous les niveaux de pouvoir qui veulent aider le grand capital à se remplir les poches sur le dos de la classe des travailleurs.

    De nombreuses de catégories de travailleurs sont déjà entrés en conflit ouvert ou se préparent à le faire : dans le secteur public et parmi les bastions ouvriers (métallurgie, pétrole, etc.). Mais devant la gravité de la situation, cette lutte ne peut être menée de manière fragmentée et désordonnée, comme ce fut le cas jusqu’ici. Elle nécessite d’être unitaire et construite à partir de la base pour représenter une alternative globale contre la crise qui part du point de vue des travailleurs.

    L’organisation d’une grève générale destinée à lutter contre les attaques antisociales et à garantir les revendications des travailleurs continue d’être une ligne de conduite nécessaire. Dans cet objectif, il nous faut construire une plus ample unité d’action entre tous les mouvements sociaux. Ce processus de lutte peut aussi servir à développer une alternative politique véritablement de gauche qui doit se matérialiser en un front de gauche de tous les travailleurs, un front social et politique armé d’un programme anticapitaliste et socialiste. Le PSOL, le PSTU, le PCB, le MTST, la CSP-Conlutas,… doivent être unis et rassembler les forces nécessaire à la constitution d’une alternative politique combattive.

    Ils doivent défendre un programme qui fait payer la crise aux responsables: la bourgeoisie. Ce programme doit refuser le payement de la dette publique aux grands capitalistes et la nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Il doit défendre la nécessité de nationalisation les entreprises privées des secteurs stratégiques de l’économie pour assurer une libération tant économique que sociale.

    Les manifestations appelées pour le 20 août, principalement à l’initiative du MTST, avec le soutien du PSOL, partent de la nécessité de répondre fermement aux actions de la droite dont sa manifestation du 16 sans pour autant laisser le gouvernement de Dilma indemne. Cette manifestation doit clairement se positionner contre les politiques du gouvernement Dilma et contre la droite officielle d’Eduardo Cunha et son programme réactionnaire tout en proposant une politique de gauche comme base d’une lutte populaire. La manifestation du 20 août pourrait contribuer à construire l’unité d’action qui est nécessaire pour contrer les attaques antisociales.

    Le fait que même certaines organisations alliées au gouvernement (CUT, UNE, MST) doivent participer à une manifestation qui critique durement les politiques de Dilma reflète la crise à la base de ces mouvement en relation avec leur attitude face au gouvernement. Le fait que le PCB (parti communiste du Brésil, qui a une politique d’alliance avec le PT) ait tenté de retirer son nom de la liste des participants à cette manifestation n’est pas secondaire.

    A présent, une partie des organisations qui soutiennent le gouvernement tentent consciemment de donner à la mobilisation du 20 août un caractère de défense du gouvernement contre la « machination » de la droite officielle. Dans diverses régions du pays (Rio de Janeiro, Salvador, Fortaleza, etc.), elles ont mis à la poubelle l’invitation à la manifestation nationale du 20 août pour organiser leurs propres rassemblements. Cela a provoqué une division et même quasiment la désintégration des manifestations à venir. La direction du CUT, du CTB, de l’UNE et d’autres entités pro-gouvernementales essayent de limiter le caractère combatif et indépendant du 20 août. Pendant ce temps, Dilma et la droite approfondissent leurs attaques au Congrès.

    Des mouvements sociaux et des gouvernements locaux aident le gouvernement national de l’intérieur ou de l’extérieur au gouvernement. Mais, cette position est insupportable. Aucune raison ne justifie de s’appuyer sur la ligne gouvernementale. Les partis de gauche qui essayent lutter contre les attaques de Dilma tout en essayant de défendre l’unité avec la droite au congrès vendent les intérêts des travailleurs et creusent leur propre tombe.

    Nous luttons – avec le MTST et d’autres force de gauche – pour assurer que le 20 août soit, dans tout le pays, un rassemblement contre le gouvernement et la droite et non une tentative de défendre l’indéfendable, c’est-à-dire le gouvernement Dilma. Si cela se produit tout de même, nous dénoncerons cette approche et continuerons à lutter pour donner une expression à la riposte contre les attaques du gouvernement.

  • [INTERVIEW] Nouvelle vague de lutte au Chili

    Interview d’un camarade de Socialismo Revolucionario, section chilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), réalisée dans le cadre de l’édition 2015 de l’école d’été du CIO.

    Quelle est la situation de l’économie chilienne ?

    chiliTout d’abord, il faut comprendre qu’il existe un lien économique très fort entre l’Amérique Latine et la Chine. En effet, cette dernière a désespérément besoin de ressources naturelles en abondance pour son marché. C’est ainsi que, par exemple, le Chili y exporte 40% de son cuivre. Il est donc logique que l’actuelle baisse de l’économie chinoise commence à avoir un impact sur le Chili. De plus, la chute des prix du cuivre est aussi a prendre en compte. Bref, son économie se ralentit substantiellement.

    Qu’est ce que cela représente pour la vie quotidienne des chiliens ?

    Un appauvrissement croissant. Les salaires n’augmentent pas, mais bien les prix. 70% de la population gagne l’équivalent de moins de 600€ et 55% gagne moins de 300€ pour un coût de la vie élevé. Par exemple, avec des loyers modestes de 200€ il ne te reste plus rien à la fin du mois ! Ainsi, on assiste à plusieurs grèves, notamment des travailleurs du métro ou encore des mines de cuivres.

    A propos, on entend que les luttes contre le gouvernement se sont aussi développées dans la dernière période…

    En effet, sur ce thème, le Chili semble être entré dans une nouvelle ère. A côté d’un début d’émergence d’une nouvelle vague de lutte ouvrière, les étudiants on reprit la rue après un recul depuis fin 2011. Avec plusieurs grosses mobilisations, notamment, le 18 avril, où 150.000 jeunes ont manifesté pour continuer la lutte pour l’éducation gratuite. Depuis, on voit régulièrement des centaines de milliers d’étudiants défilés.

    J’ai cru comprendre qu’un de leurs principaux slogans étaient “Que les corrompus ne décident pas ce que le Chili a besoin”. Peux-tu m’en dire plus ?

    En fait, ce slogan concerne presque tous les grands politiciens du pays. Récemment plusieurs cas de corruption ont été révélé touchant tant l’opposition que la coalition au pouvoir. C’est principalement des cadeaux financiers énormes d’entreprises à des politiciens. Même le fils de la présidente, Michelle Bachelet, est inculpé pour corruption ! Déjà que seulement 41% des chiliens s’étaient déplacés pour voter aux dernières élections, ces affaires ont encore aggravé la perte d’autorité des partis et du système politique. De plus, aucune des grandes réformes promises par le gouvernement sur le thème du travail, de la fiscalité ou de l’éducation n’ont réellement eu le résultat escompté, parfois c’est même pire qu’avant. Cela a pour conséquence que la cote de popularité de Bachelet est à moins de 20% alors qu’elle avait 84% quant elle a terminé son premier mandat.

    Récemment, plusieurs jeunes ont été blessés gravement ou même tués lors des manifestations. Y a t-il un renforcement de la répression ?

    Oui certainement, le ministre de l’intérieur est d’ailleurs un ancien de l’Oficina, une agence de service secret des années 90 utilisée contre l’opposition armée de gauche. On voit régulièrement des infiltrations ou provocations contre les mouvements sociaux par des carabiniers et un usage de la force hérité de la dictature de Pinochet. De plus, on peut constater que cette répression atteint même des proportions incroyables contre les Mapuches (peuple originaire du sud du pays). Celle-ci s’apparente à une véritable occupation militaire de leur region. On signale plusieurs cas de disparitions de Mapuche, des procès montés et une bonne dizaine de prisonniers politiques. Pour terminer je rajouterai que Bachelet a déclaré ne plus vouloir utiliser la fameuse “loi antiterroriste” et a “changer d’avis” le jour de son retour au pouvoir.

  • La coupe du monde, un an après

    Le 12 juin dernier, cela faisait un an qu'avait débuté la Coupe du monde 2014. Tant les gouvernements Lula et Dilma que la FIFA n'avaient cessé de souligner les grands bénéfices que le Brésil aurait à gagner pour la réalisation de ce tournant «historique». La réalité des choses fut très éloignée de ce qui avait été promis.

    Par Cacá Melo, LSR (Comité pour une Internationale Ouvrière au Brésil)

    Des milliards de personnes ont visionné la Coupe. Mais des communautés entières ont été détruites sous l’ordre du régime en place afin de libérer l’espace aux stades et aux autres infrastructures de la Coupe. En tout, 35.353 familles furent officiellement déplacées. L’association nationale des comtés populaires de la Coupe dénonce quant à elle le gouvernement en affirmant que ces chiffres sont maquillés. Plus de 250.000 personnes auraient été expulsées de leurs maisons pour faire place à la Coupe du monde !

    L’autre côté très critiqué de cet événement fut la construction de nouveaux stades, parfois dans des localisés sans football réguliers de haut niveau. Des stades sont aujourd’hui inutilisés, appelés les «éléphants blancs». Le stade Pantanal à Cuibá ou celui de l’Amazone, de Manaus, ont coûté des millions de réals des caisses publiques pour à peine recevoir quatre matchs de la Coupe chacun. Et puis plus rien. Le stade Mané Garrincha, à Brasilia, fut rénové pour la Coupe du monde. Originellement estimés à presque 900 millions de réals, les travaux ont finalement coûté le triple : plus de 2,7 milliards de réals! Ce stade est le deuxième le plus cher du monde !

    Le gouvernement de l’état brésilien du Mato Grosso gâché 300 milles Reals par mois pour l’entretien du stade Pantanal depuis la Coupe. Même s’il a accueilli divers jeux du championnat brésilien, de la Coupe du monde et du championnat de l’Etat en 2014 et 2015, ce stade représente une perte de près de 1,4 millions. À la fin du mois de janvier de cette année, le stade Patanal fut interdit, suite à une inspection et à la découverte d’irrégularités dans les tribunes. Maracana, le stade de Rio de Janeiro, rénové pour la Coupe, présentait des irrégularité dans le contrat de construction. Le tribunal des comptes a aussi démontré des irrégularités dans le contrat du stade des Dunes de Natal (au nord-est du Brésil)

    Le stade d’Itaquera, à Sào Paulo, présentait plus de 50 irrégularités techniques et architecturales. Ce type de problème a causé la mort de 3 travailleurs durant la construction du stade. Au total ce n’est pas moins de 8 opérateurs qui ont péris dans les construction des stades de la Coupe du monde.

    Autre «promesse de la coupe» du gouvernement fédéral : ses travaux de mobilité urbaine, comme par exemple de nouvelles lignes de métro et des bandes pour les bus. Moins d’un tiers de ces travaux étaient terminés au moment de la Coupe du monde. D’autres furent abandonnées à la moitié du chemin et quelques unes n’ont mêmes pas pu sortir des bureaux d’architectes.

    À São Paulo, les lignes 13 et 17 du métro, qui reliaient les aéroports de Congonhas et de Guarulhos au reste de la ville, furent promises bien avant la coupe. Elles sont en construction, la fin des travaux n’est pas prévue jusqu’à présent. À Goiania, le même type de problème apparaît avec une construction de transport en commun qui ne sera terminé qu’en 2016. À Brasilia, la construction du métro fut également promise ; un réseau de transport en commun était également sur la liste des travaux de la Coupe mais fut abandonné.

    La répression de manifestations populaires

    Le gouvernement fédéral a investi presque 2 milliards pour la sécurité de la Coupe du monde. Les polices militaires de plusieurs Etats ont également pris prétexte de la Coupe pour acheter du matériel anti-émeute. La police militaire de São Paulo, par exemple, a acquis 14 véhicules blindés et quatre cannons à eau supplémentaires. Ces dépenses devaient servir à protéger les 32 sélections et les supporters étrangers. En vérité, cet argent fut utilisé pour accroître la répression policière contre les manifestations populaires.

    Entre 2013 et 2014, des dizaines de manifestations ont pris place contre la réalisation de la coupe du monde dans tout le Brésil, certaines avec plus de 20.000 personnes. La majeure partie fut réprimée avec une extrême violence par la police, qui utilisait des bombes fumigènes contre des manifestants pacifiques.

    Des techniques dignes de la police militaire furent utilisées contre les manifestations de la Coupe et le sont encore de nos jours, contre un mouvement de lutte pour des logements décents, pour l’enseignement et d’autres mouvements et grèves. L’héritage de la Coupe, ce sont des balles de fusil et des fumigènes contre ceux qui luttent pour leurs droits !

    Un autre aspect néfaste de la politique sécuritaire pour la coupe du monde fut l’implémentation des unités de police de pacification (les UPP) à Rio de Janeiro. Crées avec le prétexte de «pacifier» les favelas et de diminuer les actions des trafiquants de drogue, le programme des UPP a à peine servi à donner une fausse sensation de sécurité pendant la coupe. La majeure partie des ces UPP ont été créées près des quartiers riches et dans des zones ou les touristes passaient durant la Coupe.

    Les habitants des favelas «pacifiées» vivent chaque jour l’injustice de la violation de leurs droits fondamentaux. Les policier du BOPE et des UPP commettent tous les types d’actions arbitraires contre la population. Dans plusieurs communautés, l’armée aide également à la répression avec soldats, blindés et hélicoptères.

    Préjudices pour le Brésil, luxe pour la FIFA

    En suite, le gâchi final de la coupe du monde 2014 fut impressionnant : 25,5 milliards de Reals ! Pour les stades, l’argent dépensé s’élève déjà à 8,3 milliards. À peine 7 % de cette valeur (près de 611 millions) n’ont pas été dépensés dans des fonds privés.

    Un autre impact vient des demandes fiscales de la FIFA et d’autres entreprises impliquées dans l’organisation de la coupe du monde. Selon une étude des recettes fédérales, le Brésil a consenti plus de 890 millions de Reals de réductions d’impôts. En comprenant les dettes concédées aux entreprises qui ont construit les stades, cette valeur monte à 1,8 milliard de Reals.

    Cet argent manque dans les caisses de l’état. Le 22 mai, le gouvernement fédéral a annoncé de nouvelles coupes budgétaires, de quasiment 70 millions, dans les dépenses de 2015. De plus, pour aider à rembourser, le gouvernement a planifié des coupes dans les droits des travailleurs, comme par exemple le droit au chômage et à la pension.

    Faudrait-il en rajouter sur les scandales de corruption au sein de la FIFA ?

    Et pour les Jeux Olympiques?

    Les prochains jeux olympiques vont se passer en août 2016 à Rio de Janeiro. Les dépenses dépassent déjà 38,2 milliards – plus que les dépenses de la coupe du monde. Les mêmes problèmes se perpétuent. Plus de 67.000 personnes ont déjà été expulsées de leurs maisons à Rio de Janeiro depuis 2009.

    Il est clair que des événements internationaux causent plus de problèmes que de bénéfices. Nous savons que la mobilisation populaire est capable de faire pression sur les gouvernants : au début 2014, la ville de Estocolmo, en suisse s’est désinscrite des Jeux olympiques de l’hiver 2022, elle doit cet abandon aux manifestations et mobilisations de la population. En 2013, un référendum populaire a voté à 52% contre les jeux olympiques.

    De la manière dont se passe les chose aujourd’hui, ceux qui gagnent le plus de la coupe du monde et des Jeux Olympiques ne sont pas les athlètes ou les supporters : ce sont les grands capitalistes, qui utilisent le sport comme prétexte pour gagner des milliards de dollars.

    Seule l’union des forces des mouvements syndicaux combatifs et des organisations populaires en lutte seront capables d’arrêter ces attaques !

  • [DOSSIER] Nouveau tournant en Amérique latine – La fin de la vague de gauche?

    castro_obamaLa poignée de main historique entre Barack Obama et Raúl Castro, les troubles au Venezuela, le recul sur toute une série de réformes en Bolivie ainsi que la crise au Brésil sont autant de symboles du nouveau tournant en vigueur en Amérique latine. Les nombreux espoirs en termes de réformes radicales au Venezuela, en Bolivie et en Équateur ont laissé place à la désillusion.

    Résumé d’un dossier de Tony Saunois

    La fin de la croissance économique

    Hugo Chávez au Venezuela, Evo Morales en Bolivie,… avaient promis une transition vers le socialisme, mais ces discours n’ont pas été concrétisés par des mesures de véritable rupture anticapitalistes, raison pour laquelle leurs réformes sont à présent menacées. Dans les pays au gouvernement de centre-gauche comme le Brésil, la corruption est toujours aussi endémique, provoquant des crises politiques en sus des problèmes économiques.

    Pendant plus de dix ans, le continent a connu une croissance économique rapide qui a encouragé les gouvernements de centre-gauche à mettre en place une série de réformes. Mais même après cette période de croissance, des millions de personnes restent dans la pauvreté. Pétrole, gaz, cuivre, soja et autres matières premières présentes en quantité en Amérique latine ont trouvé d’importants débouchés sur le marché chinois, raison derrière cette croissance. Mais le ralentissement de l’économie chinoise se fait à présent ressentir sur les exportations de matières premières, avec également un impact sur leurs prix.

    La dépendance de l’Amérique latine vis-à-vis des exportations de matières premières a conduit à une rapide désindustrialisation. Les matières premières comptent aujourd’hui pour 60 % des exportations brésiliennes. Au Venezuela, le pétrole constitue 96 % des exportations.

    Conséquences politiques

    La crise a frappé alors que des gouvernements de gauche ou de centre-gauche existent dans plusieurs pays du continent. D’où une grande confusion. Certains parlent d’un virage à droite de la région et il est certain que le mécontentement a ouvert une brèche qu’instrumentalisent diverses forces de droite traditionnelle afin de se construire un plus grand soutien. Il s’agit cependant bien plus de l’expression de l’absence d’une véritable alternative socialiste.

    Le Brésil a connu une vague de grèves ce début de l’année (fonctionnaires, enseignants, ouvriers de l’automobile, métallurgistes,…). Dans l’État du Paraná, la fonction publique est partie en grève à durée indéterminée, contraignant le gouvernement régional à annuler ses plans d’austérité. Les ouvriers de Volkswagen et de General Motors ont obtenu des victoires partielles contre des licenciements.

    Les immenses scandales de corruption au Brésil (qui impliquent également des cadres du Parti des travailleurs de l’actuelle présidente Dilma Rousseff) ont fait exploser la méfiance envers tout le système politique. La droite joue sur ces évènements et exige la démission de Rousseff. Le PT a répondu en tentant de mobiliser sa propre base, mais beaucoup de militants ne sont plus prêts à s’impliquer. Heureusement, il y a également eu des actions revendiquant des réformes sociales, qui critiquaient tant le gouvernement que la droite. La marche du 15 avril à São Paulo a ainsi réuni 30.000 personnes à l’initiative du Parti pour le socialisme et la liberté (PSoL) et du Mouvement des travailleurs sans toit (MTST), soutenue par le syndicat de lutte CSP-Conlutas (Centrale syndicale et populaire) et même (après hésitations) par le syndicat officiel, la Centrale unique des travailleurs (CUT). Cette marche a été suivie d’autres dans le pays. La direction syndicale subit en ce moment une forte pression de la base qui exige une grève générale nationale de 24 heures.

    C’est l’Argentine qui illustre le mieux le fait que la gauche véritable peut se renforcer dans le cadre de la lutte contre la politique d’un gouvernement de centre-gauche qui refuse de rompre avec la logique du capitalisme. La croissance électorale du Front de gauche des travailleurs (FIT), une alliance de différents partis trotskistes, contredit cette idée d’un virage à droite du contenu. Le succès de cette alliance dépendra à présent de sa capacité à se consolider après son succès initial et à attirer des syndicalistes pour construire un nouveau parti large des travailleurs.

    Le régime du Venezuela sous pression

    La catastrophe économique au Venezuela a été approfondie par la chute du prix du pétrole. L’économie vénézuélienne va reculer de 5 % cette année (la récession était de -4 % l’an dernier). Un tiers des denrées de base (viandes, médicaments, vêtements) ne sont plus disponibles nulle part. Dans la rue, des gens annoncent vouloir échanger du papier toilette contre du savon, etc. Le Venezuela connait actuellement un des plus forts taux d’inflation au monde : environ 70 %.

    Cela sape le soutien au gouvernement. Ces problèmes résultent de la spéculation et des efforts des capitalistes pour déstabiliser le pays mais aussi de l’approche bureaucratique suivie par le régime chaviste. Les réformes de Chávez sont remises en question. Le système des soins de santé est en crise : sur 45.000 lits dans les hôpitaux publics, seuls 16.000 peuvent être utilisés en ce moment, faute de moyens. Le soutien au président Maduro est tombé à 30 % dans les sondages. C’est le résultat de l’impasse d’avoir voulu réformer le pays tout en restant dans les limites du capitalisme, sans véritable nationalisation de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques de la population. La voie a donc été ouverte pour la déception, ce sur quoi compte la droite.

    La fin de l’embargo sur Cuba

    L’impérialisme américain a complètement revu sa politique à l’égard de Cuba. Début 2015, Obama et Raúl Castro ont annoncé un accord historique. Obama a reconnu : ‘‘On ne peut pas faire la même chose encore et encore pendant 50 ans en espérant obtenir un résultat différent.’’ Les classes dirigeantes européennes et canadienne, ainsi que la majorité des capitalistes latino-américains, ont choisi une autre approche, à présent également suivie par Obama.

    Depuis la révolution cubaine de 1959, l’impérialisme américain a maintenu un strict embargo contre Cuba et a fait différentes tentatives d’y mettre à bas le régime stalinien afin de restaurer le capitalisme, jusqu’à monter une intervention militaire en 1961. Malgré les graves conséquences de l’embargo américain sur l’économie cubaine, les États-Unis n’ont rien obtenu. La révolution cubaine continue en effet à jouir d’un large soutien parmi la population. Les États-Unis ont donc à présent opté pour une autre politique, avec le même objectif. Comme Léon Trotsky le disait à propos de l’ex-Union soviétique, la menace de la restauration capitaliste peut aussi revêtir le masque de ‘‘marchandises bon marché dans le train de l’impérialisme’’ en inondant le pays de marchandises et d’investissements.

    La situation révolutionnaire au Venezuela, en Bolivie et en Équateur au début de ce siècle n’a malheureusement pas été utilisée pour s’orienter vers une fédération libre d’États socialistes latino-américains. Les régimes réformistes de Morales, de Chávez et de Rafael Correa ont accompli d’importantes réformes populaires, mais sont restés dans le cadre du capitalisme. Parallèlement, le régime cubain progresse dans la voie d’une restauration capitaliste, dont la tête de pont a été établie dans le secteur touristique, avec des mesures telles que la hausse de l’âge de la pension, la création de zones de libre-échange au port de la baie de Mariel,… Si l’assouplissement des restrictions aux voyages à l’étranger doit être applaudi, les autres mesures menacent les conquêtes de la révolution.

    La transition vers une complète restauration du capitalisme ne va pas s’effectuer en ligne droite. Certaines factions au sein du régime ne voient pas cette restauration d’un bon œil. Ainsi, Mariela Castro, la fille du président Raúl, déclarait en janvier que : ‘‘La population cubaine ne veut pas d’un retour au capitalisme.’’ Les secteurs stratégiques de l’économie n’ont pas encore été privatisés ni vendus à des capitalistes étrangers. L’arrivée de Mastercard et de Netflix est à noter, mais cela reste essentiellement symbolique.

    La crise et la résistance

    Pour les socialistes et pour la classe des travailleurs, chaque pas vers restauration du capitalisme est un pas en arrière. Ce processus sera au final utilisé par la classe dirigeante, surtout en Amérique latine, pour discréditer l’idée selon laquelle le socialisme est une alternative au capitalisme, sans toutefois avoir un effet comparable à l’offensive idéologique antisocialiste qui a suivi la chute des anciens régimes staliniens en Europe de l’Est et dans l’Union soviétique vers 1989-1991.

    La fin de l’embargo pourrait donner à Cuba la possibilité de commercer sur le marché mondial. Sans une véritable démocratie des travailleurs, cela risque d’accélérer le développement de la restauration capitaliste. Eviter ce danger exige d’instaurer le monopole d’État sur le commerce extérieur, sous contrôle démocratique de la classe des travailleurs. Dans le contexte d’une nouvelle crise internationale du capitalisme, il est possible que les mesures visant à la restauration capitaliste restent limitées, que Cuba reste coincé dans une situation hybride.

    Les conquêtes de la révolution concernant les soins de santé ou l’enseignement seront sans doute maintenus, même si ces secteurs connaissent des pénuries en raison de l’insuffisance des investissements. Certaines couches de la population ont peur de la disparition de ces conquêtes et craignent que leur pays ne se retrouve relégué au rang de simple république bananière. Il faut lutter contre la restauration capitaliste mais aussi pour la démocratie des travailleurs et l’économie démocratiquement planifiée.

    L’Amérique latine a besoin d’une alternative socialiste de masse. Il faut pour cela reconnaitre le caractère limité des réformes, même radicales, et des méthodes bureaucratiques suivies au Venezuela, en Bolivie et en Équateur. Ces pays restent prisonniers du capitalisme. Le fait que la droite parvienne à mobiliser de manière populiste et opportuniste au Brésil, au Venezuela et dans d’autres pays démontre l’urgence d’un mouvement socialiste fort. La classe des travailleurs et les socialistes révolutionnaires doivent utiliser cette nouvelle période de crises et de luttes pour construire une alternative socialiste combative.

  • Brésil: NON à la guerre contre les pauvres!

    En pleine semaine sainte, la mort d’innocents a de nouveau fait pleurer la communeauté du complexe d’Alemão (un ensemble de treize favelas situées dans le nord de la ville de Rio de Janeiro). Quatre personnes sont mortes des suites de balles perdues lors d'échanges de tirs avec la police dont une éducatrice municipale, Elizabeth Moura Francisco, morte dans sa maison, et Eduardo Jesus, 10 ans, mort de manière brutale alors qu'il jouait. La réponse du gouverneur Pezão face à ces crimes fut de promettre d'encore accroître l’occupation de la communauté par les forces de répression. Dans la communeauté voisine, à Maré, l’occupation militaire du gouvernement de la présidente brésilienne Dilma est synonyme d'exécution des habitants dans les favelas.

    Par Raphael Mota, LSR (Liberdade, Socialismo, Revoluçao, section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    L’indignation a saisi les rues de Rio et des rassemblement ont eu lieu au lendemain de la mort du petit Eduardo Jesus. La communeauté en deuil a réagi en manifestant et en criant «la police ne tue que les habitants!» et «dehors les UPP!» (unités de police pacificatrice, installées dans les favelas) tandis que des panneaux ont été accrochés aux fenetres et aux plaques des motos. La police militaire a dispersé les manifestants qui commençaient a monter sur l’avenue Itaoca, l’artère centrale du complexe Alemão (ces agressions physiques ont été retransmises en direct à la télévision). Le jour suivant, une manifestation a réuni des personnes issues de toute la ville. Quelques jours plus tard, ils occupaient la quartier de Copacabana le dimanche de Pâques. Au vu de l’attention de l’opinion publique et médiatique, ces dernières manifestations n’ont pas été réprimées par la police militaire.

    Le projet des Unités de Police de Pacification (UPP) a été conçu pour créer une ceinture de «pacification» à l’occasion des événements sportifs de la ville de Rio, que ce soit la coupe du monde de football ou bien les jeux olympiques. Aucune – ou quasiment aucune – des préoccupations du peuple n’ont été prises en considération. Le résultat fut une rapide escalade de la politique sécuritaire. Chaque semaine surviennent de nouveaux récits d’agressions contre les habitants dans les journaux locaux

    La guerre contre les drogues dans la ville de Rio n’est en réalité pas une guerre contre les trafiquants, c’est une guerre contre la pauvreté.

    La criminalité sert de prétexte pour exterminer la population noire et pour militariser les périphéries urbaines. Voilà où se situent les véritables intérêts du capital concernant la drogue et la violence. D’autre part, les trafiquants de drogue, qui ne vivent pas dans les favelas, bénéficient de cette politique de non assistance aux pauvres.

    Démilitarisation et contrôle démocratique

    Mener un véritable débat concernant la politique de sécurité dont nous avons besoin devient plus urgent jour après jour. Des changements sont nécessaires tels que la création d’une commission d’enquête indépendante, une politique communautaire intégrant la population dans son élaboration et son application, la fin des UPP et la démilitarisation de la politique. Ces propositions traitent de la possibilité concrète d’opérer des changements profonds dans la sécurité publique.

    Les favelas, devant autant de difficultés, nécessitent une aide qui ne peut provenir que des habitants eux-mêmes et de la solidarité entre les opprimés (travailleurs, précaires,…) unis contre l’oppression. Dans ces cités-ghettos, les conditions matérielles manquent pour assurer l’accès à l’égalité des bénéfices démocratiques comme l’enseignement, la santé, des espaces culturels,… Mais le gourvenement en place se contente de politiques sécuritaires. Les droits de ces citoyens sont bafoués alors qu’ils devraient avoir le meilleur de ce que notre société a à leur offrir. C’est à partir de ce type de garanties sociales que s’ouvrira la possibilité d’une liberté sociale pour les habitants des favelas.

  • Chili : Manifestations de masse pour un enseignement gratuit

    Un nouveau chapitre s’ouvre dans crise politique et «morale» du pays.

    chili10Des centaines de milliers de manifestants, des jeunes mais aussi des travailleurs ou encore des personnes âgées, sont descendues dans les rues des grandes villes du Chili en exigeant que le gouvernement rencontre les exigences des étudiants. Les slogans comportaient notamment le suivant «La corruption ne doit pas décider de notre éducation!» Une des revendications centrales est la gratuité de l’enseignement et le fin de la logique de profit dans le secteur.

    Par Patricio Guzman, Socialismo Revolcuionario (section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Chili)

    Les enseignants des collèges ont rejoint l’appel à l’action, en exigeant une carrière décente et la défense de l’enseignement public. Malheureusement, ces manifestations ont été marquées par la nouvelle de la mort injustifiable de deux jeunes, à Valparaiso. De nouvelles manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes dès que ces tragiques événements ont été connus.

    Les promesses faites par le gouvernement Bachelet concernant la gratuité de l’enseignement et la fin des profits réalisés dans le secteur n’ont pas été suivies d’effet. La présidente a même nommé ministre Marcos Barraza alors qu’il est directement impliquée dans le scandale des projets lucratifs de l’Université Arcis (qui s’est retrouvée au bord de la faillite). C’est se moquer des gens!

    Les manifestants ont également exprimé la colère qui s’est accumulée contre la corruption de la caste politique capitaliste et des grandes entreprises. Les manifestants sont en colère contre les bas salaires, les mauvaises conditions de travail et les abus de toutes sortes. Ces manifestations géantes représentent la première réponse du mouvement social face au nouveau cabinet du gouvernement clairement néolibéral de Bachelet. Le ministre des Finances, bien aimé des employeurs, a notamment travaillé pour le Fonds monétaire international et pour diverses grandes banques américaines. Dès ses premiers instants, le nouveau gouvernement a suscité une grande méfiance de la part des travailleurs. La cote de popularité du gouvernement chilien est en chute libre. (Un peu plus d’un an après son élection triomphale, avec 62% des voix, Michelle Bachelet se retrouve au plus bas dans les sondages : seuls 31% des Chiliens lui accordent leur confiance, NDT).

    Après une longue période durant laquelle les dirigeants étudiants ont été paralysés par des pourparlers peu concluants, les étudiants ont à nouveau montré leur force dans la rue en défiant le gouvernement Bachelet et ses tentatives désespérées destinées à éviter les enquêtes de corruption concernant les services fiscaux.

    Marcher, ce n’est pas assez!

    Ces manifestations ont été une magnifique démonstration de force, mais manifester est insuffisant. La CONFECH (Confédération des étudiants du Chili) et le mouvement étudiant ont gagné la légitimité et le droit de faire un pas en avant. Nous ne pouvons pas continuer à défiler des années durant, en vain. Nous devons forcer le gouvernement et la caste politique à accepter les revendications sociales par un appel concret à la désobéissance civile pacifique et massive, non seulement pour un enseignement gratuit et la fin de la logique de profit dans l’éducation, mais aussi pour la fin de toutes les institutions héritées de la dictature et consolidées par les divers gouvernements successifs depuis lors. Nous devons viser à mettre bas au modèle néolibéral et prédateur d’accumulation du capital et de concentration des richesses!

    Nous pensons également qu’il est nécessaire d’unifier les luttes sociales à travers le pays. Isolés, nous ne pouvons pas gagner. Ensemble, notre force peut être imbattable. La CONFECH et les syndicats et organisations sociales qui ont montré leur volonté de combattre doivent convoquer une assemblée nationale des étudiants et des travailleurs. Cette assemblée devrait prendre pour point de référence les revendications formulées par de larges sections de la population – pour la conquête de droits sociaux, contre la corruption politique et des grandes entreprises – et appeler à une protestation nationale et à 24 heures de grève générale.

    Ces protestations ont ouvert un nouveau chapitre dans la crise politique et «morale» du pays, qui frappe depuis huit mois le gouvernement et le monde politique et des entreprises.

    Plus d’un millier de travailleurs en grève de Brinks et Prosegur ont défilé dans les rues de Santiago, en lutte pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail. Ce fut un avant-goût de ce qui allait venir ensuite avec les manifestations étudiantes massives. Les masses ont fait irruption dans l’arène publique. Il est de notre responsabilité d’approfondir la crise en ouvrant la voie à vers résultat positif pour les masses : la convocation d’une Assemblée constituante destinée à mettre fin à l’héritage de la dictature et des gouvernements civils néolibéraux. Ce doit être l’une des étapes du processus de reconstruction des forces de la gauche révolutionnaire et socialiste.

    Après la première année des projets de réformes ambiguës du gouvernement Bachelet (rien en comparaison des précédentes réformes du travail), après huit mois de scandales de corruption permanents (dont l’un impliquant directement la présidence), le soutien au gouvernement a été démoli. Nous sommes entrés dans une nouvelle période. La crise générale de la légitimité du gouvernement reste à son point le plus haut et l’explosion de la jeunesse et les manifestations de masse n’en sont qu’une expression.

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