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Category: Amérique Latine
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Le Brésil épicentre de la crise en Amérique du Sud
L’impasse de la politique de BolsonaroAvec plus de 15 000 morts à la mi-mai, le Brésil est devenu l’épicentre de l’épidémie de Covid-19 en Amérique du Sud. Les agences sanitaires alertent sur le fait que ce chiffre pourrait être largement sous-estimé et évoquent un nombre de décès jusqu’à 12 fois plus grand !
Par Jeremy (Namur)
Malgré l’ampleur de la catastrophe, le président Jair Bolsonaro continue de s’opposer aux mesures préconisées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en matière de prévention et de confinement et prend le risque d’augmenter encore le nombre de victimes. Son unique action sur le plan sanitaire a été de promouvoir l’usage massif d’hydroxychloroquine (une molécule controversée utilisée dans le traitement du paludisme et dont l’efficacité contre le coronavirus n’est pas prouvée). Cette décision a par ailleurs poussé le ministre de la Santé à « ‘jeter l’éponge »’ après que le président l’a contraint à un ultimatum pour faire changer le protocole de test contre l’avis des médecins. C’est le deuxième ministre de la Santé à démissionner en moins d’un mois.
Pour rappel, Bolsonaro est arrivé au pouvoir en 2018 au terme d’une campagne le présentant comme une alternative populaire aux élites corrompues (opération Lava Jato : Car Wash). Un discours qui a depuis largement été mis à mal par les affaires judiciaires le mettant en cause lui et sa famille. Ces affaires ont fini par l’éloigner de son ministre de la Justice démissionnaire, Sérgio Moro, un ancien allié primordial dans son accession au pouvoir. Aujourd’hui esseulé à la tête de l’État, Bolsonaro se cherche des alliés auprès des sénateurs centristes très proches des milieux d’affaires. Le fait que ces politiciens professionnels ne soient pas moins corrompus qu’au temps de sa campagne ne semble plus être un problème pour Bolsonaro.
Mais les méthodes de Bolsonaro sont loin de faire l’unanimité y compris parmi les capitalistes qui se sont ralliés à lui tardivement par opportunisme et qui ont besoin d’un climat social apaisé pour faire marcher leurs affaires. Beaucoup s’inquiètent, à présent, de le voir jeter ainsi de l’huile sur le feu et lui reprochent son caractère incontrôlable. Ceci explique la trentaine de procédures de destitutions entamée contre Bolsonaro ; la droite traditionnelle espère tirer avantage de la crise politique pour récupérer le soutien perdu en 2018.
Dans cette triple crise sanitaire, politique et économique, le mouvement des travailleurs organisé est le seul à pouvoir présenter un programme de rupture avec le capitalisme. Nos camarades du LSR (section-sœur du PSL/LSP au Brésil) encouragent toutes les initiatives populaires réclamant la destitution de Bolsonaro ainsi que de tout son gouvernement et autre représentant de sa politique. -
Brésil : Préparer la lutte pour faire tomber Bolsonaro et vaincre la droite néo-libérale

Pour une alternative politique dans l’intérêt des travailleurs et des pauvres afin de sauver des vies, de sortir de la crise et de reconstruire le pays sur de nouvelles bases !
Les troubles aux Etat-Unis ne peuvent pas complètement détourner notre attention. Le Brésil se dirige vers une catastrophe aux proportions historiques. La crise politique agit à la fois comme un catalyseur et un reflet du chaos social, économique et de santé publique dans lequel nous nous enfonçons.
Par le comité national de Libertade, Socialismo e Revolução (section brésilienne d’Alternative Socialiste Internationale)
Le Brésil est en train de devenir l’un des épicentres de la pandémie mondiale de coronavirus. Des projections sérieuses indiquent que nous devrions doubler le nombre de décès enregistrés en sept jours, ce qui signifie 5.000 décès supplémentaires rien que la semaine prochaine (fin mai). L’évolution du COVID-19 au Brésil est une situation dramatique. Dans de nombreuses régions du pays, c’est « l’horreur, l’horreur ». Le nombre d’enterrements quotidiens dans plusieurs capitales et grandes villes se multiplie sans que ces décès ne soient pris en compte dans les statistiques officielles.
La surpopulation dans les unités de soins intensifs et le chaos dans les services hospitaliers sont déjà une réalité. Chaque jour, des centaines de décès surviennent à la maison sans aucune assistance médicale. Le système funéraire est insuffisant. Il y a des cas de corps laissés sur place pendant des jours sans être enlevés. Les fosses communes sont utilisées dans de nombreux cimetières et pourtant il n’est pas possible de s’occuper de tous les morts. À Manaus, il y a eu des situations où des parents eux-mêmes ont dû enterrer leurs proches de leurs propres mains en raison d’un manque d’employés.
Le virus est un puissant allié des structures sociales inégalitaires, nous assistons à un véritable génocide à la base de la pyramide sociale. En général, dans cette pandémie, ce sont les pauvres, les personnes noires, les populations périphériques et les habitants des bidonvilles qui souffriront et mourront le plus.
La mort et les souffrances indescriptibles que nous voyons aujourd’hui ne sont pas le fruit du hasard ou d’un mal inattendu qui a pris la forme d’un virus. Cela résulte directement de nombreuses années de politiques néolibérales, de la précarité de l’emploi, de la réduction des dépenses publiques, de l’abandon des services de santé, du manque de logements, du manque d’investissement dans les mesures sanitaires, etc.
Ce n’est pas une coïncidence si Manaus, par exemple, vit l’un des scénarios les plus critiques de la crise sanitaire. L’année dernière, 500 médecins ont quitté la ville en raison de retards de salaires et de mauvaises conditions de travail résultant des politiques de réduction de budget et de suppression des services publics.
La crise sanitaire et la crise économique et sociale se nourrissent l’une de l’autre. Alors que nous ne nous sommes pas complètement remis de la récession et de la stagnation de ces dernières années, nous nous enfonçons à nouveau dans le marécage d’une récession encore plus grave que la précédente.
La crise internationale du capitalisme, associée à des facteurs locaux, nous conduira à un recul historique d’un point de vue économique et social. Il en résultera du chômage et une perte massive de revenus pour des millions de travailleurs et de travailleuses. Les foules seront jetées dans une situation de pauvreté ou d’extrême pauvreté.
Il y a des coupables de cette barbarie et, oui, c’est le temps de dénoncer les responsables. Ce n’est qu’ainsi que la situation pourra être radicalement transformée et que des vies pourront être sauvées. Bolsonaro promeut délibérément le chaos et la barbarie et tente d’en profiter pour mettre en œuvre son projet autoritaire. Mais il n’est pas le seul responsable. Sont également à blâmer tous ceux qui, pendant des années, ont fait la promotion des politiques d’accroissement des inégalités sociales et en ont profité.
Ce sont les mêmes banquiers et hommes d’affaires qui tentent aujourd’hui de se faire passer pour des philanthropes dans le téléjournal national de Rede Globo. Ce sont également les gouverneurs et les parlementaires de la droite traditionnelle qui, avec Bolsonaro, ont promu les politiques de réduction des budgets du système de santé public et l’ensemble des politiques néolibérales. La justice bourgeoise aussi, qui a été de connivence avec le coup d’État institutionnel de 2016 et a légitimé les attaques contre les travailleurs.
Il est fondamental de crier haut et fort : pour défendre nos vies, la tâche centrale de la gauche socialiste, du mouvement ouvrier et de toutes les personnes opprimées est de renverser ce gouvernement meurtrier maintenant! Avec lui doivent tomber toute sa base de soutien et sa politique, le vice-président Mourão et tous les militaires et politiciens qui nous ont plongés dans cette situation de calamité.
Crise politique et divisions inter-bourgeoises
La tempête parfaite des crises combinées qui ravagent le pays ouvre des fissures et ébranle les piliers de l’ancien ordre. Tout le monde sait, les élites en particulier, qu’il n’y a pas de scénario possible de stabilité dans la période à venir. Tout le monde essaie de se préparer aux tremblements de terre à venir qui ébranleront la politique.
La crise a ouvert une nouvelle configuration politique dans le pays. Les classes dominantes et la droite (nouvelle et ancienne), qui étaient à l’offensive pour défendre leurs privilèges et leur pouvoir, tentent de s’adapter à la nouvelle situation. Mais chacun des groupes essaie à sa manière, et les divisions entre eux s’accentuent.
Une aile de la bourgeoisie brésilienne et sa représentation politique à travers la droite traditionnelle, les gouverneurs et les membres du Congrès, parient sur la tentative d’éviter une plus grande catastrophe. Ils prennent des mesures en faveur de la distanciation et de l’isolement social et appellent à une politique d’unité nationale en pleine pandémie. Mais logiquement, c’est toujours dans l’objectif de garantir leurs intérêts et leurs privilèges.
D’autre part, le gouvernement Bolsonaro et le bolsonarisme en tant que mouvement d’extrême droite prennent leur visage le plus nuisible. Isolés et en crise, ils ne peuvent que parier sur le chaos et l’agitation sociale capables de créer un environnement qui justifie la main de fer de la répression et de l’autoritarisme.
Leur rhétorique belligérante et irrationnelle trouve un écho dans une base sociale minoritaire, mais aussi féroce que réactionnaire. Une base qui pourrait avoir un impact sur des couches plus larges dans un contexte de plus grande agitation, de crise et de chaos. Ceci, bien sûr, s’il n’y a pas d’alternative de gauche capable de montrer une issue efficace du point de vue des majorités, des travailleurs et des opprimés.
Le Parti social-démocrate du Brésil, le parti démocrate et la droite traditionnelle tentent de profiter de la crise du gouvernement Bolsonaro et de ses paris politiques insouciants et risqués pour récupérer la base de soutien qu’ils ont perdue en 2018 face à la nouveauté du bolsonarisme.
Pour ce faire, ils se placent en tant que gardiens de la « démocratie » et du système politique. Mais ce sont les mêmes qui ont favorisé le coup d’État institutionnel de 2016 et qui ont systématiquement sapé les acquis démocratiques obtenus par les travailleurs et les travailleuses depuis la fin de la dictature militaire. Tout cela au nom de l’approfondissement des politiques néolibérales dans un contexte de crise capitaliste internationale.
Comme si ce n’était pas suffisant, ce sont les mêmes personnes qui font également la promotion de la criminalisation de la pauvreté et qui ont été élues avec des discours tels que « ceux qui vont au cimetière sont des criminels » et la promesse que « la police visera la tête et… tirera ».
L’unité de fer autour des contre-réformes a commencé à être minée par la gravité de la crise politique. Les divisions inter-bourgeoises ont entraîné la chute au Sénat de la Mesure provisoire qui instituait la carte de travail vert et jaune (qui impliquait notamment qu’une personne travailleuse renonçait à son droit de changer d’emploi).
La gravité de la crise a obligé le gouvernement à adopter des mesures qui nécessitent plus de dépenses publiques, dans le sens contraire des politiques ultra-néolibérales de Paulo Guedes. Les mesures de compensation sociale, comme le revenu de base d’urgence, représentent un progrès, bien qu’elles soient encore insuffisantes et inaccessibles à de nombreuses personnes dans le besoin. En même temps, le gouvernement dépense de l’argent pour aider les grandes entreprises et les banques.
Le mouvement ouvrier doit profiter de cette situation et passer à l’offensive pour défendre les droits sociaux menacés ou perdus dans la dernière période. Pour le bénéfice de la grande majorité du peuple brésilien, l’urgence sanitaire et sociale devrait impliquer l’annulation des contre-réformes adoptées dans le passé, telles que celles sur l’aide sociale, le travail, le plafond des dépenses, etc.
Sans la présence et le rôle actif du mouvement ouvrier et d’une gauche socialiste et sans un programme clair, l’issue de cette situation de crise peut être un revers majeur.
Recomposition bourgeoise et escalade autoritaire
Les scénarios possibles pour l’avenir peuvent aller dans le sens d’une recomposition bourgeoise par le haut de l’échelle, plus ou moins dans le cadre de l’ordre actuel, ou par une ligne de rupture plus explicite de l’ordre à travers une escalade autoritaire du bolsonarisme.
Dans le premier cas, cela pourrait se faire par le biais de l’ancienne droite traditionnelle rechapée, avec Doria et Maia notamment, ou avec des figures de la nouvelle droite qui s’est détachée de Bolsonaro, comme dans le cas de Sergio Moro lui-même.
Ils préfèrent parier sur l’affaiblissement et l’isolement de Bolsonaro, sur le rôle du Congrès national, des gouvernements des États et du Tribunal suprême fédéral, et sur la création d’un scénario favorable pour eux lors des élections de 2022. Mais en fonction de la réaction de Bolsonaro et de la gravité de la crise, l’option de la chute du président et d’une recomposition avec des secteurs militaires autour du vice-président Hamilton Mourão ne peut pas être écartée.
Bolsonaro ne peut tout simplement pas accepter ce scénario et il a donc décidé de prendre le chemin de de l’escalade autoritaire. Il sait qu’il n’y a pas de rapport de force aujourd’hui pour un coup d’État. En même temps, il travaille consciemment à accumuler des forces pour un contexte de crise, de chaos et de polarisation plus importants dans un avenir proche.
Un élément important pour ces deux résultats est le rôle de la direction des forces armées. L’armée a assumé une position beaucoup plus forte au sein du gouvernement, principalement par l’intermédiaire du secrétaire d’État, le général Braga Netto, et est fidèle à l’équilibre du point de vue des secteurs bourgeois.
Le rôle de l’armée aujourd’hui est celui de médiateur entre les forces en conflit au sein du gouvernement et dans les relations du gouvernement avec les autres institutions du régime. Ils essaient de contrôler Bolsonaro et en même temps de le maintenir au pouvoir, comme une façon de maintenir leur propre pouvoir.
Mais le scénario est extrêmement instable, et les forces armées ont également subi l’usure, les défaites et la pression de sa propre base. L’armée n’est pas fermée à une sortie plus autoritaire et même pas à un réalignement avec les forces de droite traditionnelles.
De toute façon, ils ont certainement un côté et ce n’est pas le nôtre. Ils ne sont pas une garantie fiable contre une sortie autoritaire, au contraire. Hamilton Mourão n’est pas, comme l’a déclaré le gouverneur du Maranhão, Flavio Dino (Parti communiste du Brésil), une voie démocratique de sortie de crise. Toute illusion à ce sujet par la gauche et le mouvement ouvrier pourrait être fatale.
Le rôle de la gauche et du mouvement ouvrier
Les divisions dans les hautes sphères de la société, à droite et à l’extrême droite, reflètent les turbulences à la base du mouvement ouvrier d’une manière directe ou indirecte. Le rôle de la gauche et du mouvement ouvrier à l’heure actuelle est de créer les conditions pour que cette agitation à la base s’exprime de manière organisée et cohérente dans la prochaine période.
La quarantaine et l’isolement social rendent très difficiles la mobilisation et la lutte des travailleurs et des travailleuses. Malgré cela, il existe plusieurs catégories et secteurs qui continuent à travailler et à faire face à des conditions précaires et à haut risque. Ces secteurs ont besoin de soutien et de solidarité pour pouvoir se battre de manière organisée. C’est le cas des travailleurs et des travailleuses de la santé, des transports, du commerce, des centres d’appels, des livreurs, etc.
De plus, dans les communautés pauvres, les périphéries et les bidonvilles, la tâche d’auto-organisation est une question de vie ou de mort en ce moment. Les mouvements des femmes et des personnes LGBTQIA+ devraient également jouer un rôle central dans la lutte contre l’augmentation de la violence domestique et les autres effets de la quarantaine et de l’aggravation de la crise.
Investir de l’énergie dans ces luttes, c’est accumuler des forces pour une sortie organisée, radicale et transformatrice avec la classe ouvrière comme protagoniste.
Mais il doit y avoir une référence politique générale pour ces luttes, un horizon clair à atteindre. Cet objectif politique est principalement motivé par la nécessité de renverser Bolsonaro et ses politiques.
Cela ne se fera pas en tendant la main à Rodrigo Maia, David Alcolumbre ou au Tribunal suprême fédéral. Ceux qui pensent que la vieille droite néolibérale traditionnelle aura le courage, la force ou la volonté politique d’aller jusqu’au bout des conséquences en affrontant Bolsonaro se trompent.
Nous sommes favorables à toute initiative visant à renverser le gouvernement, y compris les initiatives institutionnelles telles que la mise en accusation, le dépôt d’une plainte pénale, la dénonciation d’un crime électoral en cours, etc. Mais la seule possibilité qui mène effectivement à la chute de ce gouvernement est qu’il y ait une pression forte et indépendante des travailleurs et des travailleuses de tous les secteurs, à l’intérieur et à l’extérieur du système politique.
Le mouvement ouvrier indépendant doit se battre pour mener la lutte pour renverser Bolsonaro et, parallèlement, vaincre les alternatives bourgeoises et leurs politiques néolibérales.
C’est ce que nous devons nous efforcer de construire. C’est pourquoi la proposition d’une action le 1er mai, journée internationale de la lutte ouvrière, avec la présence de Rodrigo Maia, Toffoli et João Doria, représente, pour nous, l’équivalent de se tirer une balle dans le pied.
Le 1er mai serait l’occasion pour les organisations de la classe ouvrière de marquer la situation, de rejeter Bolsonaro ainsi que leur politique néolibérale, d’indiquer une voie de sortie de la crise pour la classe et de faire pression sur les institutions en accumulant des forces pour une lutte directe et de masse dans le futur.
Il faut travailler pour que la perplexité, la souffrance et le désespoir de ceux qui viennent d’en bas se transforment progressivement en rébellion. Elle peut être initialement passive ou contenue, mais elle a le potentiel d’exploser de manière ouverte, radicale et stimulante.
C’est possible d’y parvenir, mais il faudra une position ferme et claire de la gauche et du mouvement ouvrier. Dans ce processus, il est fondamental qu’une alternative des travailleurs, des travailleuses et des personnes pauvres soit forgée à chaud pour sauver des vies, sortir de la crise et reconstruire le pays sur de nouvelles bases.
Ainsi, le Brésil peut cesser de reproduire le scénario désespéré qui combine aujourd’hui la Lombardie, New York ou Guayaquil et refléter la force démontrée par les soulèvements populaires de la fin de l’année dernière en Équateur même, au Chili, en Colombie et dans la résistance populaire au coup d’État en Bolivie.
Construire cette solution de lutte radicale, de masse, démocratique, anticapitaliste et socialiste est notre tâche.
Dehors Bolsonaro, Mourão et l’agenda néolibéral !
Pour la défense de la santé, de l’emploi, des salaires, des revenus et des droits démocratiques !
Pour une alternative des travailleurs, des travailleuses et des personnes pauvres pour sauver des vies, pour sortir de la crise et reconstruire le pays sur des bases anticapitalistes et socialistes !
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L’Amérique latine plongée dans la crise du coronavirus
“Avec des corps abandonnés sur les trottoirs, affalés dans des fauteuils roulants, tassés dans des cercueils en carton et empilés par centaines dans les morgues, il est clair que l’Équateur a été dévasté par le coronavirus”. New York Times 24/4/2020Par Alan Rivas, Socialist Alternative, États-Unis
Le début de la pandémie COVID-19 va infliger d’immenses souffrances et un grand nombre de morts à la classe ouvrière et aux pauvres de toute l’Amérique latine. La région souffre de la pandémie – qui en est encore à ses débuts et qui devrait s’aggraver dans les pays clés – parallèlement à une situation économique difficile, caractérisée par la faiblesse des prix des matières premières, une fuite massive des capitaux, un endettement record, le krach du marché pétrolier et l’effondrement du tourisme. Le COVID-19 appauvrit des millions de travailleurs de la région et fait chuter leurs conditions de vie dans l’abîme.
Le Financial Times et les stratèges du capitalisme international sont contraints de brosser un tableau réaliste et sombre de la catastrophe humaine et du cauchemar qui se déroule. Le FMI a prédit en avril que le PIB du continent chuterait de 5,2% cette année, ce qui est pire que l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient ou l’Asie du Sud.
La Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) prévoit que le taux de pauvreté en Amérique latine et dans les Caraïbes atteindra 34,7 % d’ici la fin de l’année, son plus haut niveau depuis 2007. L’extrême pauvreté devrait augmenter de 16 millions pour atteindre 83 millions (Financial Times). Ce sont certainement des estimations basses, car l’Amérique latine est déjà la région du monde la plus inégale en termes de revenus et, pour plusieurs pays, la forte augmentation de la pauvreté attendue fait suite à sept années de crise économique.
Avant même que le coronavirus ne se propage en Amérique latine et dans les Caraïbes, le capitalisme était déjà mal en point dans la région. Avec la faiblesse des prix des matières premières et un endettement massif, la croissance économique était anémique, avec une moyenne annuelle de 0,7 % seulement au cours des six dernières années.
“La crise sociale qui a explosé l’année dernière est un signe de l’énorme inégalité qui continue de submerger notre région. Cette crise pourrait exacerber ces problèmes”, avertit Alicia Barcena, directrice de la CEPALC. Cette nouvelle crise survient quelques mois seulement après une vague de manifestations de rue explosives dans toute la région à cause des mesures d’austérité, des inégalités et des l’insuffisance des systèmes de santé, de protection sociale et d’éducation. Ces mouvements ont secoué les régimes au pouvoir, du Chili à Puerto Rico et Haïti, en passant par la Bolivie, l’Équateur et la Colombie.
L’impact réel de la nouvelle crise est difficile à évaluer pleinement : Près de la moitié des travailleurs d’Amérique latine travaillent dans l’économie informelle, avec des emplois précaires et des salaires au jour le jour ; il n’existe aucune trace écrite de leurs revenus, ni même du fait qu’ils travaillent.
Gravement préoccupées par les implications sociales et politiques de la crise, certaines des plus grandes économies ont annoncé la mise en place de nouveaux programmes d’aide ou l’élargissement de programmes existants pour les catégories les plus pauvres de leur population. Mais les aides à court terme qui remplacent une infime partie des revenus perdus sont nettement insuffisantes pour une énorme partie de la population qui doit faire face aux effets combinés du marasme économique et des quarantaines.
“Il ne s’agit pas seulement de compenser la perte de revenus”, a déclaré Nora Lustig, professeur d’économie latino-américaine à l’université de Tulane, dans une interview au Miami Herald, en rappelant les conditions de vie horribles et le manque d’infrastructures dans les bidonvilles tentaculaires, les favelas : “Les pauvres sont plus exposés aux infections et aux taux de mortalité élevés. Comment les gens peuvent-ils se laver les mains efficacement dans les bidonvilles ?
Désastre au Brésil et en Équateur
L’Équateur, avec le Brésil, a été le plus durement touché par le coronavirus, avec des milliers de morts, connaissant l’une des pires épidémies au monde et rivalisant avec les taux astronomiques de l’Espagne ou de l’Italie.
Le New York Times a rapporté les effets choquants de l’épidémie et suggéré que le nombre de décès dus au COVID-19 en Équateur est 15 fois plus élevé que le chiffre officiel, en montrant les dommages que le virus peut causer dans les pays frappés par la pauvreté et le sous-financement des systèmes de soins de santé. Les équipes médicales ont documenté des centaines de cadavres retirés des résidences et des morgues surpeuplées des hôpitaux de Guayaquil. Dans certaines zones, des corps ont été abandonnés dans la rue ou à l’entrée des cimetières. Le système de santé s’est totalement effondré, le personnel hospitalier ayant été infecté, ce qui a entraîné une pénurie massive de personnel.
Le désastre auquel est confronté le peuple équatorien est le résultat direct de la négligence criminelle de la classe dirigeante et du gouvernement Moreno. Ils ont imposé des coupes massives dans le financement des soins de santé – dans le cadre des mesures d’austérité exigées par le FMI et les banques internationales. Il a été rapporté qu’à la fin du mois de mars, au moment où se déroulait l’une des pires contagions au monde, Moreno a effectué un paiement de 320 millions de dollars pour le remboursement des dettes internationales, ce qui est de fait un acte criminel.
Au Brésil, le régime de droite de Jair Bolsonaro est entré dans une période de crise, faisant campagne contre la quarantaine et votant des lois pour rouvrir l’économie, ignorant le potentiel d’un désastre encore plus grand.
Fin avril, on dénombrait officiellement plus de 5 000 morts. Les agences sanitaires alarmées avertissent que le nombre réel est 12 fois plus élevé, avec des centaines de milliers de personnes infectées. Les chiffres augmentent plus rapidement qu’en Espagne au même stade de l’infection, selon l’observatoire COVID-19. Comme en Équateur, la pandémie conduit un système de santé déjà affaibli vers un effondrement total. Les plus lourdes pertes se situent dans les zones urbaines denses des États industriels de São Paulo, Rio Grande do Sul et Minas Gerais, déjà dévastés par la profonde crise économique qui a débuté en 2017. Selon la Banque mondiale, l’économie brésilienne devrait encore se contracter de 4,4 % en 2020.
L’économie : “De morne à calamiteuse”
Peu encline aux exagérations, la Banque mondiale décrit la situation de la région comme allant de ” morne à calamiteuse”. Les prévisions pour le Venezuela – le plus grand producteur de pétrole de la région, confronté à un effondrement du prix du pétrole et à des sanctions inhumaines de la part du régime impérialiste américain – font état d’un effondrement économique de 18 % supplémentaires cette année. Selon les projets de la CEPALC, l’Argentine et l’Équateur, tous deux accablés par une dette énorme envers l’impérialisme international, devraient voir leur économie se contracter de 6,5 %.
Lorsque le coronavirus a frappé, Haïti se remettait encore des troubles politiques de l’année dernière : les protestations contre le régime corrompu de Jovenel Moise se poursuivaient, avec des dizaines de morts et des centaines de blessés et des entreprises fermées pendant des semaines. Depuis le mois de mars, le pays est en état de confinement et l’Agence des Nations Unies prévoit maintenant que la nation la plus pauvre de l’hémisphère connaîtra un nouvel effondrement économique de 3,1 %.
Début avril, les ministres des finances du G20 – les plus grandes économies du monde – ont convenu de mettre fin au recouvrement des dettes des pays les plus pauvres et les moins avancés d’ici à la fin de l’année. Cette décision devrait permettre de libérer quelque 20 milliards de dollars qui, autrement, seraient consacrés au remboursement de la dette.
Par ailleurs, le Fonds Monétaire International a commencé à offrir des prêts d’urgence à des taux inférieurs à ceux du marché, ce qui pourrait permettre à certains pays de renforcer leurs services de santé ou de proposer des programmes d’aide pour maintenir les travailleurs en activité. Mais dans la grande majorité des pays, cela ne fait qu’accumuler une dette supplémentaire envers les financiers internationaux, en plus des montagnes d’obligations insoutenables déjà existantes.
Les données de la Banque Mondiale montrent que la dette extérieure des pays à faible et moyen revenu a doublé entre 2000 et 2018. Même avant la pandémie, des pays comme l’Argentine étaient confrontés à des crises économiques structurelles, largement liées à leur dette extérieure. En octobre 2019, le FMI a averti que plusieurs pays étaient effectivement en défaut de paiement ou couraient un risque élevé de ne pas honorer leurs dettes massives.
La pandémie a maintenant exacerbé une crise économique qui se développait déjà dans le monde entier et en particulier en Amérique Centrale et du Sud, déclenchée par une chute des prix des matières premières et des exportations. Selon Bloomberg News, les prix des principales matières premières d’exportation avaient chuté de 27 % en 2020.
Afin de continuer à payer leurs dettes extérieures, les gouvernements d’Amérique du Sud ont imposé de sévères politiques d’austérité et de privatisation ainsi que des coupes drastiques dans les soins de santé, l’éducation et les services publics, réduisant les salaires et les pensions à l’extrême. Selon un récent rapport de CADTM International, les pays les plus endettés consacrent 7,8 % de leur PIB au service de la dette extérieure et seulement 1,8 % aux soins de santé publics.
De nouvelles explosions sociales à l’horizon
La crise économique imminente due au COVID-19 aura de graves implications politiques et entraînera de nouvelles explosions sociales. Le désespoir, l’incertitude, la colère et l’absence d’alternative claire offerte par le mouvement ouvrier créent un cocktail toxique aux conséquences imprévisibles.
Dans des pays comme Haïti, la Colombie, le Venezuela et la Bolivie, des émeutes ont déjà failli éclater, souvent à l’encontre des mesures de sécurité. Au Salvador et au Honduras, la pauvreté et le bouleversement menacent de dégénérer en chaos alors que des gangs criminels défient les régimes corrompus au pouvoir.
Il est de plus en plus évident que le capitalisme latino-américain se dirige vers l’abîme. La classe capitaliste et ses représentants politiques vont essayer de décharger la crise de leur système et leurs politiques criminelles sur le dos de la classe ouvrière et des pauvres de la région.
Ce qui inquiète les élites dirigeantes d’Amérique latine, c’est le souvenir récent des mois d’octobre et novembre 2019 où une vague de révoltes a explosé et menacé de se propager comme un feu de forêt dans la région. (Voir l’article d’Andre Ferrari de novembre 2018)
Les mouvements ont éclaté en Équateur avec une quasi-insurrection des travailleurs et des indigènes contre les mesures d’austérité imposées. Le Chili a suivi avec une révolte de masse héroïque des travailleurs et des jeunes contre le gouvernement de Piñera et le système capitaliste. En novembre, la classe ouvrière colombienne s’est mise en mouvement avec une grève générale massive. Cette grève faisait suite au magnifique mouvement de la classe ouvrière portoricaine qui a fait tomber le régime de Rossello et à la révolte en Haïti contre le régime corrompu de Jovenel Moise.
Bien que ces mouvements se soient calmés, ils couvent sous la surface et menacent d’éclater à nouveau.
En Argentine, le nouveau gouvernement d’Alberto Fernandez a adopté des mesures précoces contre le COVID-19, notamment l’éloignement social obligatoire, la fermeture provisoire des écoles et a apparemment réussi à réduire la courbe de contagion. Cela a accru la popularité de Fernández. Mais 40% de la population argentine vit dans la pauvreté ou “l’extrême pauvreté” en raison de l’austérité, de la crise et de la dette extérieure. La classe dirigeante est confrontée à une radicalisation croissante qui a vu cinq grèves générales contre le précédent gouvernement Macri et un énorme mouvement de femmes pour l’égalité et pour le droit à l’avortement. La question de la dette va également revenir avec le FMI qui exige des paiements et l’imposition de nouvelles mesures d’austérité et de privatisation.
En réalité, les ressources existent pour faire face à la crise à laquelle sont confrontées les masses en Amérique latine, sans doute l’une des régions les plus riches du monde. Mettre un terme au pillage du continent et exproprier les immenses richesses des classes capitalistes est désormais une question de vie ou de mort pour des millions de personnes. Cela permettrait d’affecter des ressources au financement de services de soins de santé d’urgence, d’installations de dépistage, des quarantaines, du personnel médical et des équipements nécessaires. Le pillage de la région par les multinationales et les banques ainsi que par les classes capitalistes dirigeantes nationales doit cesser.
Alors que la région a un besoin urgent d’investissements massifs pour s’attaquer de front à la crise combinée de la pandémie et de l’effondrement économique, une fuite de capitaux colossale a lieu, avec des milliards de dollars fuyant vers les principaux centres impérialistes. Il ne s’agit pas d’une “erreur”. Il s’agit d’un exemple de la manière dont l’ensemble du système fonctionne. Il illustre l’échec du “marché libre” et du capitalisme à faire face à l’urgence actuelle.
Comme dans le cas de la catastrophe environnementale évitée, cette pandémie illustre la nécessité d’une révision radicale de la manière dont la société humaine est gérée. Ce qu’il faut, c’est une économie socialiste démocratique fondée sur la propriété publique des principaux moyens de production et planifiée démocratiquement pour satisfaire les besoins de la grande majorité, par opposition aux intérêts d’un petit nombre.
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Face à la droite populiste et à l’extrême droite, il y a urgence !

De Trump à Bolsonaro en passant par Viktor Orban, la montée du populisme de droite, de la droite traditionnelle et de l’extrême droite est la preuve la plus alarmante de la menace que représente le système capitaliste pour nos conquêtes sociales et les droits acquis il y a des décennies lors des précédentes vagues de lutte féministes et ouvrières.
Extrait d’un article de LSR, notre organisation-sœur au Brésil
Le président brésilien Bolsonaro – qui a un jour déclaré à une députée ‘‘Je ne te violerai jamais parce que tu es très moche’’ – ne cache pas sa misogynie et son racisme éhontés, ni ses liens avec le fascisme et les milices paramilitaires. Sans surprise, son ascension au pouvoir a créé une atmosphère qui exacerbe la violence à l’encontre des noirs, des LGBT+ et des femmes, en particulier celles de la classe ouvrière et les plus pauvres. Durant l’année de la campagne électorale, en 2018, les féminicides ont augmenté de plus de 4 % au Brésil. Les cas de violences sexuelles signalés cette même année ont grimpés de 4,1 %, et plus de la moitié des victimes sont des fillettes de moins de 13 ans. Les chiffres indiquent également qu’une femme est victime de violence domestique toutes les deux minutes.
Dans ce contexte de crise sociale de plus en plus aiguë, il n’est pas surprenant que les femmes, en particulier les jeunes, les retraitées, les travailleuses, les noires et les pauvres aient été au premier plan des luttes contre Bolsonaro. Le soutien ouvert de Bolsonaro à la cupidité des entreprises, quel qu’en soit le coût, est illustré par des privatisations et la destruction de l’Amazonie.
La seule manière de contester et de vaincre l’extrême droite est de construire un mouvement de masse de gauche qui affronte le capitalisme qui crée les conditions du mécontentement et de l’aliénation. Une nouvelle récession se profile, ce que l’élite politique et économique capitaliste ne manquera certainement pas d’exploiter pour approfondir la précarité qui frappe les travailleurs et les jeunes, ainsi que l’extrême inégalité de classe qui caractérise le capitalisme actuel.
Nous nous efforçons de construire une aile socialiste féministe dans les mouvements contre le sexisme. Nous entendons par là une rupture décisive avec les courants du féminisme qui cherchent à s’accommoder des intérêts de l’establishment capitaliste et des élites économiques. Dans notre lutte collective, nous entendons développer la solidarité et l’alliance avec la classe ouvrière, les pauvres et les opprimés de tous genres et de toutes nationalités, à travers le monde, dans une lutte commune contre le capitalisme et pour la construction d’un mouvement de masse de la classe ouvrière et des opprimés pour une transformation socialiste de la société.
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[PHOTOS] Marche latino-américaine contre le néolibéralisme à Bruxelles

America Latina Desperto!
Plus de 350 personnes se sont rassemblées ce dimanche à Bruxelles pour envoyer un message de solidarité à tous les peuples d’Amérique latine qui luttent contre la répression et les politiques néolibérales des gouvernements dominés par la droite avec le soutien de l’impérialisme américain. La banderole principale disait « L’Amérique latine insoumise et combative ».
La communauté chilienne, à l’initiative de cette manifestation, était présente en grand nombre, avec de nombreuses pancartes politiques comme « Assemblée Constituante maintenant » ou « Dégage Piñera », des drapeaux chiliens et de nombreux drapeaux Mapuches (indigènes). Mais il y avait également des membres d’autres communautés en lutte. Des Colombiens en soutien aux grève nationales et en faveur de l’accord de paix mais aussi des Equatoriens, des Boliviens, des Brésiliens, des Mexicains. A leurs côtés de nombreux Belges, des Italiens de la formation de gauche Potere al Popolo (le pouvoir au peuple) et des Gilets jaunes, pour tous réunis pour envoyer un message de solidarité internationale à toutes ceux qui luttent contre l’extrême droite, le néolibéralisme, la violence et la répression. Les revendications féministes étaient fortement présentes, notamment pour dénoncer les abus et violences commis par les régimes autoritaires envers les manifestantes.
Cette manifestation combative a traversé le centre de Bruxelles, en revendiquant la démission des gouvernements néolibéraux, la libération des prisonniers politiques et la solidarité internationale des communautés en lutte. La manifestation s’est clôturé sur la place du Luxembourg avec une performance de la chanson féministe contre les violences faites aux femmes “Un violador en tu camino” (Un violeur sur ton chemin) en face du parlement européen. Il s’agit d’un premier pas vers le construction d’un front des solidarités entre les luttes latino-américaines en Belgique.
Vive la lutte de classe en Amérique Latine! Pour la constitution d’une fédération latino-américaine socialiste et démocratique!











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L’Amérique latine à nouveau en révolte contre le néolibéralisme

Rassemblement Plaza Baquedano, Santiago, Chili. Photo : Wikipédia. L’Amérique latine est aujourd’hui redevenue l’un des épicentres de la lutte de classe internationale. La situation qui s’y développe comprend des éléments de révolution et de contre-révolution qui font immanquablement penser aux luttes magistrales du début de ce siècle. Mais à l’époque, les masses d’Amérique latine semblaient être seules à se soulever alors que nous connaissons actuellement une généralisation de la résistance de masse.
Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

Un collectif de personnes d’origine latino-américaine organise une manifestation de solidarité ce dimanche 15 décembre. Si le soulèvement de masse au Chili attire beaucoup d’attention, c’est toute la région qui est plongée dans un processus de révolution et de contre révolution. Plusieurs actions de solidarité ont déjà eu lieu en Belgique, mais ces diverses initiatives sont aujourd’hui regroupées en une seule marche contre le néolibéralisme. Le PSL soutient cette manifestation. Texte de l’appel // Evénement Facebook Les pays d’Amérique latine ne font pas exception à la tendance internationale. La plupart d’entre eux connaissent un ralentissement ou une stagnation économique, voire même un risque réel de crise financière aiguë. Cette situation et ses dramatiques effets sociaux jouent un rôle dans les soulèvements populaires et les défaites électorales de la droite néolibérale dans de nombreux pays. Même là où existe encore une certaine croissance économique, les conditions de vie ne font que se détériorer. Ces sociétés sont comme des cocottes-minutes prêtes à exploser à chaque instant. Il suffit de penser que le puissant mouvement de masse au Chili a explosé quelques jours à peine après que le président Sebastian Piñera ait qualifié son pays “d’oasis de stabilité” en Amérique latine !
La crise des forces de droite
Pendant plus d’une décennie et demie, plusieurs gouvernements autoproclamés progressistes et de centre-gauche se sont constitués à la suite de la marée montante de luttes au tournant du siècle. S’il est difficile de mettre dans le même sac les gouvernements de Lula et de Dilma Roussef au Brésil, de Rafael Correa en Équateur, de Chavez et de Maduro au Venezuela, de Cristina Kirchner en Argentine ou d’Evo Morales en Bolivie, il n’empêche que pendant un temps, la Colombie, le Pérou et le Chili étaient les seuls bastions du néolibéralisme dans la région.
Les autres gouvernements, tous arrivés au pouvoir à la suite d’impressionnantes mobilisations de masse, adoptaient des mesures visant à une certaine redistribution des richesses, à des degrés variables, essentiellement en profitant du boom des matières premières du début du 21e siècle. Tous les gouvernements ne se sont pas confrontés de la même manière aux grands propriétaires terriens et aux grandes entreprises, mais même dans les pays où la confrontation fut la plus vive, comme en Bolivie et au Venezuela, le système capitaliste, bien qu’ébranlé, est resté en place.
L’impact de la crise économique internationale de 2007-2008 et l’usure politique de ces gouvernements étaient restés soumis à la logique du capitalisme ont par la suite ouvert la voie à un certain retour de la droite politique, et même de l’extrême droite, dans un certain nombre de pays.
Cela s’est produit sur le plan électoral par l’élection de Macri en Argentine en 2015, mais aussi par des méthodes de coups d’État, combinées à des élections, comme dans le cas du Honduras (2009), du Paraguay (2012) et, avec un impact beaucoup plus important, du Brésil en 2016. Au Venezuela, la défaite électorale du gouvernement Maduro lors des élections à l’Assemblée nationale de 2010 a donné lieu à un virage à droite et autoritaire du gouvernement tandis que la droite réactionnaire tentait explicitement de mener à bien un coup d’État commandité par l’impérialisme.
A l’époque, certains parlaient d’un prétendu virage à droite de l’Amérique latine. Nous avons toujours défendu qu’il n’en était rien et que la désillusion suite aux faiblesses des gouvernements progressistes qu’instrumentalisaient les forces de droite ne signifiait en rien une adhésion au projet politique de ces dernières. Nous étions convaincus que les conditions matérielles de vie des masses sous le capitalisme conduiraient à de nouvelles explosions sociales.
C’est d’ailleurs la faillite des forces de droite à établir une stabilité dans différents pays d’Amérique latine qui a contribué à l’échec des différentes tentatives de putsch au Venezuela. Malgré le profond virage de Maduro vers la droite, accompagné d’un autoritarisme de plus en plus marqué, la majorité de la population réalise qu’une alternative traditionnelle de droite serait encore pire.
La principale caractéristique de la conjoncture actuelle est la crise des forces de droite revenues au pouvoir à cette époque, dans le vide laissé ouvert par les limites des gouvernements de centre-gauche ou progressistes. Cette crise se traduit par des défaites électorales de la droite, mais aussi par des mouvements de masse qui remettent en cause le système politique lui-même, comme c’est le cas de l’Équateur et du Chili.
Contrairement aux processus politiques du début du siècle, la lutte de masse contre la droite néolibérale se déroule cette fois-ci à la suite d’une riche expérience, qui a révélé les limites des différentes variantes de centre-gauche et réformiste. Cela ouvre une situation d’intense polarisation dans laquelle peuvent se développer des forces de gauche désireuses d’assister les masses dans leur confrontation avec le système capitaliste, jusqu’au renversement complet de celui-ci.
L’avertissement bolivien
Le développement de telles forces est fondamental. Sans cela, l’atmosphère de crise et de polarisation peut aussi générer des impasses et de nouvelles frustrations qui ouvriront la voie à la droite réactionnaire, comme ce fut le cas au Brésil. D’autre part, le coup d’État de ce mois de novembre en Bolivie a une fois de plus démontré que l’establishment militaire, les propriétaires terriens et la bourgeoisie réactionnaire saisiront toutes les occasions d’imposer leur domination de la manière la plus brutale qui soit avec le soutien actif de l’impérialisme américain. Ce dernier a également imposé un embargo au Venezuela qui atteint aujourd’hui le même niveau que celui adopté contre Cuba, l’Iran ou la Corée du Nord.
Le coup d’État en Bolivie est un signal d’alarme pour le Venezuela et toute l’Amérique latine. La Bolivie connaît une situation économique plus favorable que celle qui prévaut en général dans la région, mais même là, la droite et l’impérialisme américain ont profité de l’insatisfaction d’une partie de la population face à l’autoritarisme croissant du gouvernement Morales et de l’affaiblissement du gouvernement parmi sa propre base sociale – la population autochtone, les paysans et les travailleurs – pour promouvoir un coup d’État réactionnaire.
Pendant des années, le gouvernement Morales a cherché à contrôler les mouvements sociaux, à freiner l’action indépendante des masses et à éliminer toute opposition à sa gauche. Même lorsqu’il a décidé de démissionner et de quitter le pays sous la pression des militaires et de l’extrême droite, Morales a continué à insister sur la réconciliation et non pas sur la lutte contre les putschistes. Les travailleurs et les peuples autochtones sont donc entrés en résistance affaiblis et sans direction conséquente. Cette résistance héroïque a directement illustré que le coup d’État n’allait pas automatiquement signifier un arrêt de la lutte des classes, mais plutôt une étape dans un processus complexe.
En Bolivie et au Venezuela, le grand défi est de construire une alternative politique de gauche qui s’oppose clairement aux manœuvres de la droite et de l’impérialisme tout en s’opposant aux politiques pro-capitalistes de Morales et Maduro.
Le retour de la grève générale
Avec la situation économique actuelle, les gouvernements autoproclamés progressistes ne disposent plus d’une marge de manœuvre telle que celles dont ont pu bénéficier Chavez ou Morales. Ainsi, en Équateur, le gouvernement de Lenín Moreno a été récemment élu en utilisant la même rhétorique progressiste que celle utilisée par Rafael Correa. Mais face à la crise économique, Moreno s’est rapidement tourné vers la droite, a conclu un accord avec le FMI et a commencé à adopter des politiques néolibérales. Cela a fini par provoquer un soulèvement populaire de masse qui a repoussé le gouvernement.
Une des données cruciales de la vague actuelle de luttes est le retour de l’arme de la grève générale, non seulement en Équateur, mais aussi en Bolivie en réaction au coup d’État, au Brésil, en Argentine et au Chili. L’Argentine a connu pas moins de cinq grèves générales contre la politique de Macri, un contexte de lutte qui a notamment assisté le mouvement de masse des ‘‘foulards verts’’ pour le droit à l’avortement. Aujourd’hui, d’un point de vue économique et social, l’Argentine vit une situation très proche de celle qui a déclenché le soulèvement populaire connu sous le nom de ‘‘Argentinazo’’ en décembre 2001, lorsque le président Fernando de la Rúa a dû démissionner sous pression de la rue et quitter le palais présidentiel en hélicoptère pour éviter la foule en colère.
Au Chili, les grèves générales d’octobre et novembre furent une éclatante démonstration de force. Parallèlement, des assemblées locales se sont développées dans de nombreuses localités à travers le pays pour discuter de l’orientation du mouvement. Hélas, là non plus, il n’existe actuellement pas de parti révolutionnaire suffisamment implanté qui refuse la conciliation avec le régime et défende une assemblée constituante révolutionnaire des travailleurs et du peuple qui serait l’extension des assemblées et comités actuels. Un tel parti révolutionnaire défendrait la création de tels comités de base sur les lieux de travail et offrirait une réelle stratégie pour la prise du pouvoir par les travailleurs et les opprimés, le renversement du capitalisme et la mise sous propriété publique démocratique des secteurs-clés de l’économie.
La période qui s’ouvre peut permettre le développement de telles forces socialistes révolutionnaires de masse, en tirant les leçons de la vague révolutionnaire ratée du début du siècle et de la faillite des gouvernements progressistes et de centre-gauche. L’organisation internationale dont est membre le PSL fera tout son possible pour s’impliquer dans la construction de ces outils de lutte qui sont les seuls à pouvoir offrir une issue favorable aux masses.
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Marche latino-américaine contre le néolibéralisme à Bruxelles
Un collectif de personnes d’origine latino-américaine organise une manifestation de solidarité ce dimanche 15 décembre. Si le soulèvement de masse au Chili attire beaucoup d’attention, c’est toute la région qui est plongée dans un processus de révolution et de contre révolution. Plusieurs actions de solidarité ont déjà eu lieu en Belgique, mais ces diverses initiatives sont aujourd’hui regroupées en une seule marche contre le néolibéralisme. Le PSL soutient cette manifestation.Texte de l’appel
Les veines ouvertes de l’Amérique latine, d’abord l’impérialisme colonial, puis l’impérialisme interventionniste des États-Unis et du FMI (Fonds Monétaire International).
Entre balles et sang, ils ont transformé le Chili en laboratoire néolibéral. Un modèle rêvé pour les propriétaires de capitaux. Ils ont tout privatisé, de la terre à l’eau, ils ont réduit le rôle de l’État, de garant des droits sociaux, à une filiale des entreprises. Les syndicats ont été dissous et les ressources naturelles ont été vendues au plus offrant. Le PIB (produit intérieur brut) est monté en flèche, et les niveaux d’inégalité et d’exploitation ont scandaleusement augmentés.
Cependant, ils l’ont décrit comme un modèle, un exemple pour le reste du continent, certains sont tombés dans la imposture, d’autres pays résistent encore. La vérité est que la main invisible n’a jamais fonctionné et a uniquement cherché à enrichir les riches en appauvrissant les pauvres.
Les événements de mobilisation sociale vécus récemment, tant au Chili que dans d’autres pays latins et dans le monde, montrent un profond mécontentement et mal-être des citoyennes et citoyens vis-à-vis des institutions qui les régissent et du système néolibéral. Qu’est-ce qui est commun à toutes ces luttes, au Chili, en Colombie, en Équateur, au Brésil, en France, au Liban, en Argentine, au Pérou, …?
Un malaise profond avec le système en vigueur. Une éducation et un système et des soins de santé de mauvaise qualité et à un coût abusif, des pensions misérables et un taux de chômage élevé sont des indicateurs d’une nette dégradation de la répartition des richesses et du pouvoir dans notre société du XXIe siècle.D’après ce qui précède, on peut alors supposer qu’il existe une société mondialisée qui n’est plus disposée à continuer à tolérer les abus et la répression d’institutions qui détiennent le pouvoir depuis des décennies, voire des siècles. Le modèle selon lequel une minorité de personnes accumule la majorité des ressources générées par un pays touche à sa fin et, comme c’est souvent le cas dans ces cas, ce ras le bol ne s’exprime pas pacifiquement, mais bien avec le soulèvement d’une citoyenneté qui ne peut plus garder sa colère et qui n’a plus peur, parce que même cela, on leur a enlevé!
Aujourd’hui, la menace libérale a déjà atteint l’Europe et menace de supprimer les droits sociaux et les garanties qu’il a fallu des siècles aux travailleurs pour l’obtenir.
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Bolivie. Non au coup d’Etat! Combattons la droite et l’impérialisme dans toute l’Amérique latine!

Dimanche après-midi (le 10 novembre), le président bolivien, Evo Morales, et le vice-président, Alvaro Garcia Linera, ont annoncé leur démission de leurs fonctions dans un processus qui ne peut être qualifié que de coup d’État d’extrême droite soutenu par les propriétaires terriens, les militaires et l’impérialisme.
Déclaration de Liberdade, Socialismo e Revolução – LSR (section du Comié pour une Internationale Ouvrière au Brésil)
Morales a annoncé sa démission quelques instants après que le commandant en chef des forces armées boliviennes, le général Williams Kaliman, ait publiquement exigé que le Président adopte cette attitude. C’était le point culminant d’une tentative de coup d’Etat qui a commencé lors du décompte des voix des élections tenues le 20 octobre.
Les résultats électoraux, qui indiquaient la victoire d’Evo Morales au premier tour (47% des voix), ont été contestés par l’opposition de droite, qui a commencé à promouvoir une série d’actions réactionnaires et racistes contre le gouvernement et a préparé les conditions du coup d’Etat.
Le candidat de droite vaincu le 20 octobre, Carlos Mesa, a exigé la tenue d’un second tour des élections. Evo Morales a accepté de battre en retraite et a donné légitimité à une enquête de l’OEA (l’Organisation des États américains), une organisation clairement liée aux intérêts de l’impérialisme américain.
Mais le secteur le plus réactionnaire et d’extrême droite de la bourgeoisie bolivienne, lié à l’agro-industrie dans la région “media luna” (à l’est de la Bolivie) et dirigé par Luis Fernando Camacho du Comité civique de Santa Cruz, a exigé la chute de Evo Morales et un veto sur sa candidature aux nouvelles élections. Cette position plus extrême de l’extrême droite est rapidement devenue la position dominante des forces réactionnaires.
La situation s’est détériorée qualitativement après le 8 novembre, lorsque la police de Cochabamba a déclenché une mutinerie qui s’est propagée dans presque tout le pays. Avec les blocages promus par les comités civiques généralement d’extrême droite, la mutinerie de la police a ouvert la voie au coup d’Etat. Des ministres, des membres du gouvernement et des autorités locales liés au MAS (le parti d’Evo Morales) ont été physiquement attaqués et menacés.
Au lieu d’appeler ouvertement les travailleurs, les paysans et les indigènes à arrêter le coup d’Etat, Evo Morales a réagi aux tentatives de coup d’Etat d’une manière timide et hésitante. Sa reconnaissance de l’OEA en tant qu’organe de médiation l’a conduit, dans une tentative désespérée de contenir le coup d’État, à accepter de tenir de nouvelles élections générales et de modifier la composition du Tribunal électoral suprême. Mais c’était trop tard. Sa perte de soutien au sein du haut commandement des Forces armées l’a finalement conduit à démissionner.
Les ouvriers et les paysans ont manifesté leur volonté de résister au coup d’Etat, mais leur résistance a été affaiblie dès le début par deux facteurs. En premier lieu, le gouvernement avait promu au fil des ans la bureaucratisation et la cooptation dans l’appareil d’Etat des dirigeants syndicaux et populaires, limitant leur capacité d’action indépendante et énergique malgré l’histoire révolutionnaire combative de la classe ouvrière et du peuple boliviens. Les exemples de conflits entre le gouvernement d’Evo Morales et la base sociale qui l’a porté au pouvoir, y compris les travailleurs et les peuples autochtones, sont innombrables.
Deuxièmement, Evo Morales craignait la résistance et la radicalisation. Comme il l’a généralement fait de par le passé, il a préféré opter pour une solution négociée avec la droite. Il espérait également avoir le soutien des Forces armées, ce qui était illusoire.
Dans le but de maintenir la loyauté des Forces armées, Morales a investi ces dernières années dans l’octroi de concessions à ce secteur parmi lesquelles des salaires particuliers et des pensions spéciales ou encore un rôle privilégié dans l’administration des entreprises publiques. Cette situation contraste avec celle de la police, dont la mutinerie a aggravé la crise. L’absence d’une volonté claire de résistance de la part du gouvernement et de sa base sociale a finalement conduit les militaires à refuser de se ranger du côté du gouvernement.
Des progrès sociaux ont été obtenus dans la dernière période grâce à la force de la lutte ouvrière et populaire, comme pendant la “guerre de l’eau” à Cochabamba (2001) et la “guerre du gaz” (2003). Les tentatives de coup d’Etat émanant des propriétaires terriens de la “media luna” bolivienne ont été bloquées par le mouvement de masse en 2007 et 2008. Tout cela malgré l’attitude conciliante et modérée d’Evo Morales et Garcia Linera au gouvernement.
Aujourd’hui, ces conquêtes sont directement menacées par le coup d’État, mais elles avaient déjà subi des revers auparavant, ce qui a suscité l’insatisfaction de nombreuses couches populaires. La fin du boom des matières premières a affecté l’économie bolivienne et a sapé la base de la politique de conciliation de classe d’Evo Morales. Il semble avoir trop cru en sa propre rhétorique qui souligne la stabilité et la solidité de la situation économique, sociale et politique en Bolivie. Les contradictions sociales étaient beaucoup plus grandes qu’il ne pouvait l’admettre.
Le résultat de tout cela, jusqu’à présent, a été une défaite populaire sous la forme d’un coup d’État réactionnaire. Malgré les mesures répressives qui commencent déjà à être adoptées par les forces de droite réactionnaires, la résistance doit se poursuivre et cela nécessite tout le soutien possible. Si ce coup d’État se consolide, cela pourrait représenter un très mauvais exemple pour les autres pays d’Amérique latine, en particulier le Venezuela, et polariser davantage la situation politique dans toute la région.
L’Amérique latine traverse actuellement une période de profonde crise politique, économique et sociale. La principale caractéristique du moment dans la région est la crise des gouvernements de droite et de leurs politiques néolibérales. Dans des pays comme le Chili et l’Équateur, la lutte de masse a acquis une dimension révolutionnaire. Dans d’autres pays, ces luttes ont conduit à des défaites électorales de la droite néolibérale, comme en Argentine et en Colombie.
Le coup d’Etat en cours en Bolivie est aussi une réponse de l’impérialisme et des classes dirigeantes de la région au renforcement de la résistance au néolibéralisme. Cela indique également de manière limpide que la politique fondée sur une tentative permanente de réconcilier les intérêts de classe opposés – comme dans le cas du modèle du “capitalisme andin-amazonien” préconisé par Morales – ne peut être définitivement victorieuse, en particulier dans le capitalisme dépendant et périphérique d’Amérique latine. L’exemple de la Bolivie montre clairement que seule une alternative anticapitaliste et socialiste peut garantir les intérêts des travailleurs, des paysans, des peuples indigènes et de tous les peuples d’Amérique latine.
Il est nécessaire de répudier le coup d’État en Bolivie avec toute la force possible et de soutenir la résistance contre le coup d’Etat de droite, néolibéral et pro-impérialiste. C’est la tâche centrale des organisations de travailleurs dans le monde entier. Parallèlement, il est nécessaire de construire l’alternative socialiste conséquente et révolutionnaire dans toute l’Amérique latine et dans le monde.
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Des centaines de manifestants solidaires de la lutte du peuple chilien à Bruxelles
Ce vendredi, un million de personnes ont manifesté à Santiago, la capitale du Chili. Les quelque 500 personnes qui se sont réunies le lendemain à Bruxelles étaient donc particulièrement électrisées ! Une minute de silence a été observée au milieu des chants et des slogans, en hommage aux personnes décédées des suites de la brutale répression des autorités chiliennes, répression qui fait immanquablement penser aux heures sombres de la dictature de Pinochet.
Photos : Boris







Photos : Marina





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[ES] “¡Chile despertó!” Chili se levanta en masa.

Le texte ci-dessous est une traduction de l’article “Chile despertó”! Le Chili se soulève en masse, que vous pouvez également consulter en français sur notre site.
Todo comenzó hace varias semanas, cuando el presidente de derechas Piñera declaraba en prensa que Chile era un oasis en América Latina y que el FMI elogiaba sus méritos. Miles de jóvenes de escuelas de secundaria protestaban masivamente contra una subida de 30 pesos del billete de metro (más o menos cinco céntimos de euro), “invadiendo” las paradas y abriendo las puertas.
Por Pablo (Bruselas)
En un país donde la mayoría de los trabajadores y trabajadoras gana menos de 500€/mes y donde el billete de metro cuesta 1 euro, tal subida era ya imbebible.
Los transportes absorben de media el 15% del salario en Chile. Los manifestantes reclaman sin embargo que esta revuelta de masas no va solamente sobre esos 30 pesos, sino sobre todo sobre estos últimos 30 años de vuelta a la “democracia”, 30 años de falsas promesas de reformas sociales y democráticas por parte del conjunto de los partidos tradicionales, tanto de izquierdas como de derechas.
La constitución de la dictadura sigue estando en vigor, por ejemplo. El conjunto de los servicios básicos para la población están privatizados (el agua, los transportes, la educación, la sanidad, el sistema de pensión, etc.) y el porcentaje más rico de la población concentra un tercio de las ganancias entre sus manos. Frente la represión policial brutal contra la juventud, las manifestaciones han ido poco a poco reuniendo a estudiantes, trabajadores precarios de las ciudades y trabajadores en sentido amplio en la capital, Santiago, y posteriormente a lo largo del país.
Chile a conocido numerosas luchas estudiantiles y de instituto desde hace una decena de años, especialmente en 2006 y 2011 a favor de la educación gratuita. Esto ha forjado una conciencia de combate entre toda la juventud chilena. Las viejas generaciones que aún tenían el recuerdo de los abusos de la dictadura militar contra los militantes se han entusiasmado con las nuevas generaciones y finalmente han vuelto a la lucha. Como dice un eslogan ahora popular en el país: “Ya no tenemos miedo”.
En un primer tiempo, hubo destrucción y pillaje. En la mayoría de casos han sido en grandes supermercados, bancos, paradas de metro o peajes en carretera. Poco a poco, a medida que las manifestaciones se iban haciendo más grandes, los pillajes se convirtieron en algo aislado. Fueron firmemente condenadas por los manifestantes que venían en ellos frecuentemente una provocación de la policía y del ejército para dar la vuelta a la opinión a través de los medios de información dominantes.
Asimismo, se organizaron barricadas y bloqueos , especialmente en las ciudades regionales. EL viernes 18 de octubre, el sindicato principal de estibadores chilenos, la Unión Portuaria de Chile, entró en huelga y llamó a construir la huelga general. El gobierno de Sebastián Piñera, oliéndose que perdía el control de la situación, anunció el mismo día a media noche la congelación de la subida del billete de metro pero también el estado de urgencia constitucional en la capital. Esto permitió restringir los derechos democráticos fundamentales como la libertad de reunión, algo que no había pasado desde la vuelta de la “democracia”. Por otra parte, instauró un toque de queda de 19h a 6h y sacó al ejército a la calle con la autorización de proceder a arrestar o incluso a usar las armas para reprimir la revuelta.
Según las cifras oficiales 18 personas murieron ese día. Se cuentan varias centenas de personas heridas y 2500 arrestos. Se habla igualmente de casos de tortura y violaciones. La utilización de militares y del toque de queda contra los manifestantes a supuesto un enorme shock. Enseguida se ha relacionado con el periodo de la dictadura y eso ha sido un catalizador para la movilización, que ha ganado en potencia mientras que el gobierno se ha debilitado y ha sido tomado por la incertidumbre.
La fuerza del movimiento sacude al gobierno.El sindicato de enseñanza se puso en huelga, la mina privada más grande del mundo también, las organizaciones indígenas mapuches se unieron al movimiento y ha habido un llamamiento a una huelga general de 48h de la parte de una treintena de organizaciones sociales y sindicales chilenas para los días 23 y 24 de octubre, entre otras por la organización de lucha contra las pensiones privadas y por la coordinación feminista del 8 de marzo.
El conjunto de los sectores que han entrado en lucha estos últimos años está coordinándose y las manifestaciones fueron las más grandes que el país hubiera conocido. La cólera ruge hasta en los barrios más acomodados mientras los cantos del revolucionario Víctor Jara, asesinado por la dictadura, resuenan durante las noches de toque de queda. De hecho, su canción “El derecho de vivir en paz” se ha convertido en uno de los himnos del movimiento en respuesta al presidente, que declara estar en guerra.
Frente a tal fuerza, el gobierno se ha visto forzado a retroceder y pedir perdón. Ha prometido aumentar en un 20% la pensión de base, otorgar una renta básica mensual mínima de 350.000 pesos, reducir el precio de los medicamentos, congelar el aumento del precio de la electricidad e incluso bajar el salario a los parlamentarios. Paralelamente, intenta construir una “unidad nacional” con los otros partidos de la oposición. Pero para los chilenos, es demasiado poco, demasiado tarde.
Piñera está ahora completamente desacreditado y las primeras reivindicaciones del movimiento son su dimisión al igual que la retirada de los militares de las calles. Una reivindicación primordial del movimiento es también la creación de una asamblea constituyente para acabar con la constitución neoliberal de Pinochet. Pensamos que la convocación de una asamblea constituyente libre y soberana es una reivindicación clave. Por otro lado, la huelga general debe continuar, ampliarse y organizarse. Las primeras asambleas y coordinaciones están formándose. Esto debe ser la prioridad actual en todas las escuelas, centros de trabajo y barrios en lucha para que el movimiento pueda estructurarse democráticamente desde la base, sin burocracias sindicales o arribistas políticos.
Tal movimiento podrá hacer caer el gobierno, barrer las políticas neoliberales e instaurar una Asamblea Constituyente de los trabajadores y del pueblo. ¡Esto asentaría las primeras bases de una reconstrucción de Chile con un gobierno anticapitalista y socialista! Eso sería visto como un ejemplo en América Latina para la construcción de una federación latino-americana socialista y democrática.