Category: Féminisme

  • La famille nucléaire, pierre angulaire de l’oppression capitaliste

    Les divorces ont augmenté de 12 % l’été qui a suivi le premier confinement. Se retrouver enfermé avec, en plus, une surcharge importante de travail domestique (écoles fermées, etc.), a le plus souvent constitué une épreuve. Mais cette explosion de divorces a été de très courte durée… En 2021, les séparations ont diminué de 15 % par rapport à l’année précédente, un record ! (Statbel) La fédération des notaires estime que c’est parce qu’il y a eu moins de possibilités d’infidélités pendant les semi-confinements… (1) Mais ne sous-estimons toutefois pas l’impact de la crise sur les familles.

    Par Emily, sur base d’une commission de la Conférence nationale de la Campagne ROSA introduite par Ophélie et Alice

    Lors de chaque crise, la nécessité de la solidarité intrafamiliale est renforcée. Elle est vitale pour parvenir à se loger, se nourrir, recevoir les soins adéquats et pallier les multiples carences qui vont de pair avec le capitalisme : 80% des familles monoparentales sont sous le seuil de pauvreté. Se séparer signifie s’appauvrir.

    Les pénuries courantes telles que le manque de place en crèche, de transport scolaire, etc. renforcent la nécessité de constituer des familles avec deux parents, dont un peut diminuer son temps de travail… Ainsi 43% des femmes travaillent à temps partiel (contre 10% des hommes). Puis les pénuries de logements sociaux ne permettent même pas, le plus souvent, d’imaginer déménager sans son partenaire tant les listes d’attentes sont longues.

    On observe aussi de plus en plus de foyers intergénérationnels, dont les membres sont le plus souvent contraints, de fait, à cette cohabitation. Le phénomène s’est massivement développé dans le sud de l’Europe après la crise de 2008. Aujourd’hui, le phénomène s’étend. Beaucoup de jeunes n’ont pas les moyens de déménager avec les restrictions d’accès aux allocations d’insertion, les emplois précaires (flexi jobs, statuts précaires, etc.) et les loyers inabordables. Difficile parfois dans ce contexte de faire son coming-out out ou simplement d’avoir une vie privée et de s’épanouir comme adulte. Des aînés aussi retournent vivre chez leurs enfants. Les logements adaptés sont hors de prix, les pensions trop souvent insuffisantes. La crise du Covid a révélé à quel point la logique du profit dans les maisons de repos aboutit à d’horribles conditions de vie.

    Sous le capitalisme, la famille prend en charge les tâches reproductives : pas uniquement le fait d’avoir et d’élever des enfants, mais plus globalement tout le travail domestique qui y est lié (nettoyage, cuisine, éducations, soins, etc.). Vu la pénurie de services publics, il est difficile de réaliser ces tâches hors du cadre de la famille traditionnelle. On est matériellement poussé à adopter cette forme spécifique d’organisation sociale.

    Mais cette organisation n’a pas toujours existé. Par exemple, à l’époque des chasseurs-cueilleurs, le concept même de famille n’existait pas, tout comme celui de couple marital tel qu’on l’entend aujourd’hui. On vivait en clan pour favoriser la survie du groupe. Durant le féodalisme, la famille était à la fois une unité reproductive mais aussi productive ; elle possédait ses propres outils de production. Avec les développements techniques, il n’a plus été possible pour les familles de posséder leurs propres machines, devenues inabordables. La nécessité de vendre sa force de travail contre un salaire s’est progressivement imposée, et la division genrée du travail s’est accentuée.

    La famille nucléaire est indispensable au capitalisme, mais pourquoi ?

    Clara Zetkin, une socialiste révolutionnaire, écrivait il y a un siècle : « La femme prolétaire a gagné son indépendance économique, mais ni en tant que personne, ni en tant que femme, ni en tant qu’épouse, elle n’a la possibilité de vivre pleinement son individualité. Pour son travail en tant qu’épouse, mère, elle ne reçoit que les miettes que la production capitaliste laisse tomber de la table. »

    Tout d’abord, les capitalistes s’enrichissent grâce aux profits réalisés sur le dos des travailleurs et travailleuses. Dans leur perspective, les tâches reproductives sont cruciales puisque le renouvellement de la main-d’œuvre est indispensable pour l’exploitation de nouvelles générations de personnes et poursuivre leur enrichissement et celui de leur descendance. Leur modèle d’exploitation nécessite de nouvelles générations de travailleurs. En outre, ils ont besoin d’une organisation familiale stricte afin que les droits de succession soient réglementés et que les moyens de production restent entre les mains de leurs successeurs.

    Ensuite, le travail productif réalisé au sein des familles est une économie monumentale. Ce sont autant de services publics (crèches, blanchisserie, aide familiale…) qu’il n’est pas nécessaire de financer. Récemment en Belgique, on a inventé le statut d’aidant proche, indispensable parce qu’il n’y a pas de structure publique pour soutenir les personnes qui en ont besoin, mais il laisse les proches de malades dans une grande solitude. Selon Oxfam, si le travail domestique était rémunéré au salaire minimum de chaque pays, cela correspondrait à 11 trillions de dollars par année. Les capitalistes ont tout intérêt à ce que la solidarité s’organise au sein des familles, avec ce travail gratuit, plutôt qu’au niveau de l’ensemble de la société, au travers de la sécurité sociale et des services publics qu’ils leur seraient nécessaires de financer.

    Notons qu’au-delà du travail domestique non payé, c’est l’ensemble des secteurs où les femmes sont surreprésentées qui sont sous-payés. Pourquoi rémunérer décemment un travail que les femmes effectuent par ailleurs gratuitement ?! Le salaire horaire moyen des femmes est toujours de 6 à 8% inférieur à celui des hommes, de 23% annuellement. Malgré les luttes acharnées des femmes de la classe ouvrière pour l’égalité salariale, l’idée selon laquelle le salaire d’une femme n’est qu’un complément à celui de son époux laisse encore beaucoup de traces.

    Puis, cela favorise les divisions sexistes. Dès le plus jeune âge, les enfants intègrent des rôles genrés que ce soit par l’observation ou les jeux qu’on leur destine. On présente les hommes et les femmes comme foncièrement différents par nature. La femme serait douce et naturellement tournée vers les soins aux autres ; l’homme fort et capable de prendre des décisions. On leur inculque que les relations hiérarchiques au sein des foyers sont normales, tout comme dans le reste de la société.

    L’institution de la famille nucléaire est donc une unité indispensable au maintien du mode de production capitaliste. La remettre en question met en danger ce système. Cela explique la répression brutale que subissent de nombreuses militant.e.s LGBTQIA+ et féministes dans le monde qui remettent dès facto en question le rôle reproductif de la famille et les bénéfices que les capitalistes en retirent. Les régimes autoritaires mettent frontalement en avant la famille traditionnelle comme un devoir pour rendre la nation forte et assurer un contrôle social. Heureusement, dans de nombreux autres pays la forme que peut prendre la famille a un peu évolué. Le mariage homosexuel est par exemple possible ici grâce à des luttes acharnées. En France, on fait toujours face à un impressionnant mouvement réactionnaire – avec leurs “Manifs pour tous” – qui s’oppose au mariage pour les personnes de même ‘sexe’ (légalisé en 2013) ou encore à la PMA en l’absence de père pour l’enfant (toujours interdite chez nos voisins).

    Le système capitaliste peut parvenir à s’accommoder de changements s’ils restent mineurs ; le rôle de la famille doit rester intact. Fluidité de genre, relation homosexuelle qui ne transfère pas les rôles genrés à ce modèle, relation amoureuse qui prend une autre forme que le couple classique (par exemple sans vivre ensemble), etc. : ne pas rentrer dans le carcan de la famille traditionnelle est rendu matériellement difficile, car c’est périlleux pour le système capitaliste qui a besoin de s’appuyer sur la famille et le travail reproductif gratuit qu’elle fournit pour se maintenir.

    Il est possible d’organiser la société autrement, de construire une société qui prenne en charge collectivement bon nombre de tâches qui retombent aujourd’hui sur les ménages. Pour cela, il est nécessaire de lutter pour développer massivement les services publics existants et en créer d’autres. Mais un changement fondamental de société sera nécessaire. Celle-ci doit être orientée vers les besoins, et non pour les profits d’une poignée d’individus. Si on parvient à changer nos conditions matérielles de vie, alors les relations humaines pourront s’envisager librement ; le facteur financier ne les empoisonnera plus. Dans une telle société, il sera enfin possible de s’épanouir tel que l’on est, sans que le système ait en permanence besoin de nous mettre dans une case stéréotypée pour se maintenir.

    (1) Le Covid a-t-il entraîné un boom des divorces? – moustique.be

  • Répondre à l’attaque contre le droit à l’avortement aux États-Unis par un mouvement international de masse

    Début mai, une fuite a révélé que la Cour suprême des États-Unis envisageait d’annuler l’arrêt Roe v. Wade, la décision de justice qui a rendu l’avortement légal dans l’ensemble des États-Unis en 1973. C’est l’une des réalisations les plus importantes de l’énorme combat de ce qu’on appelle la deuxième vague féministe. Que cette offensive puisse prendre place alors que le parti démocrate – qui s’est toujours présenté comme le grand garant des droits des femmes – est au pouvoir rend la chose d’autant plus amère.

    Par Anja Deschoemacker

    Les conséquences pour les femmes et les personnes susceptibles de tomber enceintes seraient considérables et désastreuses. Dans 13 États, l’avortement serait totalement interdit immédiatement par des lois dites « de déclenchement » (trigger laws) qui entreraient directement en vigueur dès l’abrogation de Roe v Wade. Dans 26 États, des restrictions sévères seraient ensuite votées, qui pourraient servir de tremplin à une interdiction totale.

    Cette attaque fondamentale contre le droit à l’avortement n’est pas une surprise. Les juges de la Cour suprême nommés par Trump avaient été mis à ce poste précisément pour cette raison, sans que cela n’ait jamais été caché. En septembre dernier, une loi a été adoptée au Texas pour interdire l’avortement après six semaines de grossesse et en autorisant les particuliers à poursuivre en justice toute personne ayant pratiqué, ou aidé à pratiquer, un avortement. En Oklahoma, un projet de loi menace les personnes qui fournissent des services d’avortement de peines de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans !

    Ces conservateurs s’en prennent non seulement aux droits des femmes – outre l’avortement, l’accès à la contraception, par exemple – mais ils s’emploient également à détruire les droits des personnes LGBTQIA+. D’abord en Floride, puis en Alabama, des lois ont été votées interdisant aux écoles de discuter et d’inclure dans leurs cours des thèmes tels que l’identité de genre ou l’orientation sexuelle. Une douzaine d’autres États discutent de telles lois “don’t say gay”. Quand la droite affirme que la décision de la Cour suprême à venir ne portera que sur l’avortement et non sur d’autres droits, elle ment.

    L’avortement : un droit fondamental et vital

    Pour les démocrates américains, ce droit est une monnaie d’échange, tout comme il l’a toujours été pour les partis libéral, social-démocrate et maintenant vert en Belgique. Ils le font pour la forme, ils en parlent dans les campagnes électorales mais, en fin de compte, ils sont prêts à revenir sur leur décision. Lors de sa campagne électorale, Joe Biden avait promis de rendre le droit à l’avortement légal, chose que promettent les démocrates depuis une cinquantaine d’années. Mais cette promesse n’engageait que celles et ceux qui y ont cru, comme pour la plupart de ses promesses.

    Pour les femmes et les autres personnes qui ont des grossesses non désirées, c’est par contre une question de vie ou de mort. En particulier en cette période de grande insécurité des revenus et d’augmentation rapide de cherté de la vie, le contrôle de sa propre fertilité revêt une importance considérable. Avoir un enfant ou pas peut être la chose qui vous pousse à bout, surtout dans un pays où il n’existe pas d’assurance maladie universelle et même pas de congés de maternité rémunérés. Une personne enceinte se retrouve donc entre le marteau et l’enclume : aucun soutien pour élever un enfant, mais aussi aucune possibilité de ne pas mener la grossesse à bien. De nombreuses tragédies s’ensuivront inévitablement.

    Ce n’est pas une coïncidence si, historiquement, ce sont surtout les femmes ouvrières et pauvres qui ont lutté pour le droit à l’avortement. Les femmes riches ont les moyens de trouver une solution individuelle, tandis que les femmes qui travaillent et les femmes pauvres doivent compter sur des infrastructures et des services publics. Si vous éprouvez des difficultés pour joindre les deux bouts et payer à la fois votre loyer et votre nourriture, il vous est impossible de vous rendre dans un État ou un pays où l’avortement est légal.

    Les femmes noires et les femmes migrantes – notamment sans-papiers – seront particulièrement touchées. Déjà, les femmes noires ont trois fois plus de risques de mourir de complications liées à la grossesse parce qu’elles sont surreprésentées dans le groupe des personnes vivant dans la pauvreté, mais aussi à cause du racisme présent dans toutes les institutions, y compris les soins de santé.

    Il s’agit du droit fondamental de décider de son propre corps, de sa vie et de son avenir.

    Construire un mouvement aux États-Unis, mais la lutte n’est pas terminée ici non plus

    Les sondages démontrent qu’une majorité de la population soutient le droit à l’avortement. Le fait qu’une petite clique de juges non élus, en poste à vie, puisse annuler ce droit juste comme ça est totalement antidémocratique. Mais si cette attaque de droite réussit, cela aura beaucoup à voir avec le fait que les démocrates n’ont pas tenu leur promesse de légiférer sur le droit à l’avortement depuis maintenant un demi-siècle.

    Cela illustre, s’il le fallait encore, que les démocrates sont un parti aux ordres de la classe dirigeante. Même en tant que partisans théoriques du droit à l’avortement, ils s’opposent à tout mouvement capable de remettre en cause leur système ou une partie de celui-ci. Ils savent pertinemment, de par l’expérience historique, qu’un mouvement construit de bas en haut exige rapidement bien plus que ce qu’ils sont prêts à donner. Dans ce cas particulier, il serait question d’un programme social capable d’accorder une véritable possibilité de choix et donc, en plus du droit à un avortement gratuit accessible à tous, des revendications sociales qui permettent d’avoir des enfants sans pour cela devoir s’appauvrir.

    On ne peut compter ni sur l’establishment politique ni sur les tribunaux pour obtenir et sauvegarder les droits des femmes. Ce n’est pas non plus la façon dont Roe v Wade a été imposé. Il a fallu des années d’action de masse dans la rue pour maintenir la question à l’ordre du jour, de la désobéissance civile organisée pour permettre aux femmes d’avorter en toute sécurité, la conclusion d’alliances avec d’autres mouvements sociaux (notamment le mouvement ouvrier), etc. Voilà ce qui a forcé l’establishment américain à accepter de reconnaître ce droit à l’époque.

    C’est également ce type d’action – une lutte de masse menée par les femmes, les minorités sexuelles et de genre et la classe des travailleuses et travailleurs – qui s’est révélée victorieuse ces dernières années en Irlande notamment. Là-bas, notre organisation-sœur le Socialist Party et la campagne féministe socialiste ROSA ont joué un rôle de premier plan. De pareilles victoires ont aussi été obtenues dans plusieurs pays d’Amérique latine.

    C’est ce qui est nécessaire aux États-Unis et c’est ce que défendent nos camarades de Socialist Alternative. Ces derniers ont amorcé des actions dans plusieurs villes, dont des grèves étudiantes le 13 mai, tout en collaborant avec d’autres forces dans le cadre de mobilisations plus larges, notamment aux côtés des travailleurs du secteur de la santé. Socialist Alternative a ainsi organisé des réunions pour permettre aux activistes de débattre de la meilleure façon d’organiser la lutte. Les explosions spontanées de colère seront insuffisantes pour stopper la droite. Le développement d’un mouvement de masse organisé est un point crucial.

    En fin de compte, un nouveau parti devra émerger des luttes de masse contre la droite et les conséquences de ce système capitaliste devenu insoutenable. Il devra regrouper les jeunes, les femmes, les noirs, les migrants et les travailleurs qui ont intérêt à renverser les ultra-riches dans le cadre de luttes en faveur d’une société où ce n’est pas le profit mais les besoins et désirs de la majorité de la population dans toute sa diversité qui détermineront la direction de la société.

    Le 14 mai, plusieurs sections d’Alternative Socialiste Internationale (ASI), dont le PSL/LSP est la section belge, et de Rosa International Socialist Feminists ont organisé des actions de solidarité et nous continuerons sur cette voie. Par solidarité avec les femmes et les personnes enceintes aux États-Unis, mais aussi parce que dans la plupart des pays, comme la Belgique, une évolution comme celle des États-Unis n’est pas inimaginable, sans être très probable à court terme. Ici aussi, le droit à l’avortement n’est pas inscrit dans la loi, l’avortement figure toujours dans le Code pénal et n’a été dépénalisé que dans un certain nombre de cas. L’avortement sur demande n’est possible que jusqu’à 12 semaines, ce qui signifie qu’ici aussi, des centaines de personnes doivent encore se rendre à l’étranger pour accéder à ce service. Les frais de déplacement et le fait que le service doive ensuite être payé rendent la situation très difficile pour de nombreuses femmes.

    Une fois de plus, il ne nous faudra pas compter sur les partis qui ont abandonné leur projet de loi visant à allonger le délai de l’avortement légal et à le supprimer du Code pénal pour constituer le gouvernement fédéral Vivaldi avec le CD&V.

  • [EN ACTION] Solidarité avec les mobilisations pro-choix aux USA ! Notre corps, notre choix !


    Ce samedi, à l’appel du PSL/LSP, de la Campagne ROSA (résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et de la Marche Mondiale des Femmes, un rassemblement de solidarité avec les luttes pour défendre le droit à l’avortement s’est tenu devant l’ambassade des Etats-Unis à Bruxelles, avec également participation de la Gauche Anticapitaliste. Le texte qui suit est la prise de parole d’Anja Deschoemacker, du PSL/LSP et de la Campagne ROSA.

    Au début de ce mois, une fuite a révélé que la Cour suprême des États-Unis a l’intention d’annuler l’arrêt Roe vs Wade, l’arrêt de 1973 qui empêche les États d’interdire ou de restreindre le droit à l’avortement.

    Aux États-Unis, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue ces dernières semaines – nous sommes ici pour nous joindre à leur protestation. Nous voulons que tout le monde entende notre cri de guerre : notre corps, notre choix !

    La Cour Suprême peut prendre sa décision à tout moment entre maintenant et la mi-juillet. Lorsque cette position sera adoptée, de nombreux États suivront l’exemple du Texas, 13 États seront concernés par une interdiction totale et jusqu’à 25 ou 26 États verront le droit à l’avortement fortement restreint.

    C’est une catastrophe, déclenchée par les partisans de Trump, mais contre laquelle les Démocrates ne se battent pas. La promesse de Biden de codifier Roe v Wade – une promesse démocrate vieille de 50 ans ! – était une promesse vide, comme beaucoup de ses promesses !

    Cela montre à nouveau que nous ne pouvons compter que sur nos propres actions, notre propre mobilisation et la construction d’un mouvement par en bas jusqu’à la victoire !

    C’est ainsi que le droit à l’avortement a été remporté en Irlande en 2018, en Corée du Sud en 2019, en Argentine en 2020, au Mexique en 2021, en Colombie en février de cette année. Il est hors de question que nous acceptions de revenir 50 ans en arrière dans l’histoire des États-Unis !

    Si cela se produit, cela incitera les régimes réactionnaires du monde entier à suivre l’exemple des États-Unis. La Campagne ROSA et Alternative Socialiste Internationale (dont le PSL/LSP est la section belge) se battront aux États-Unis et ailleurs pour empêcher que cela ne se produise.

    Aujourd’hui, c’est la Pride. L’arrêt Roe vs Wade aux Etats-Unis était basé sur le droit constitutionnel à la vie privée. Ce n’est pas seulement une décision qui garantit le droit à l’avortement, mais la base de toute une série de droits qui impliquent l’autonomie corporelle des individus, le droit de décider nous-mêmes de ce que nous faisons de notre corps. En tant que tel, il sert également de base à toute une série de droits en faveur des personnes LGBTQIA+ qui sont aujourd’hui menacés.

    Nous sommes donc dans le même bateau. Ce n’est qu’en nous joignant les uns aux autres pour lutter contre toutes les discriminations et oppressions, pour les droits de tous à l’autonomie corporelle, pour les droits de tous à un niveau de vie décent afin de permettre un véritable choix sur nos vies et nos corps – ce n’est qu’en faisant cela que nous pourrons combattre ces réactionnaires.

    la Campagne ROSA et le réseau ROSA International Socialist Feminists ainsi qu’Alternative Socialiste Internationale ne comptent pas sur les soi-disant progressistes de la classe des milliardaires. Tout comme les Démocrates aux Etats-Unis, les libéraux, les sociaux-démocrates et les verts belges sont heureux de défendre nos droits du bout des lèvres, mais ils ont rapidement abandonné la revendication d’un avortement légal jusqu’à 18 semaines en échange d’un poste au gouvernement. Cette histoire s’est répétée tant de fois que toute surprise à ce sujet est en fait un signe de naïveté.

    Nous soutenons aux Etats-Unis – et ailleurs – le droit à l’autonomie corporelle des femmes et des personnes LGBTQIA+. Nous exigeons l’accès à tous les droits reproductifs et à l’assurance maladie pour tous afin que ce droit devienne une réalité pour tous et pas seulement pour ceux qui peuvent payer. Nous exigeons des services de garde d’enfants et d’éducation gratuits et de haute qualité, financés par le public, afin que le fait d’avoir des enfants ne nous appauvrisse pas.

    Nous nous battrons pour tout cela et nous espérons que vous nous rejoindrez dans ce combat. Mais la situation aux Etats-Unis montre comment les lois et les droits progressistes qui ont été gagnés par les luttes de masse intenses du passé peuvent être inversés tant que le contrôle de l’Etat et de l’économie reste aux mains de la classe des super riches, la classe capitaliste.

    La Campagne ROSA et Alternative Socialiste Internationale s’engagent donc dans une lutte à long terme, la lutte pour se débarrasser du système capitaliste qui repose de A à Z sur l’inégalité et s’est construit sur le colonialisme, l’esclavage et l’impérialisme, sur des normes de genre strictes en fonction de la recherche du profit, sur la division de la masse opprimée et exploitée de la population mondiale, les travailleurs et les pauvres.

    Rejoignez-nous pour combattre cette nouvelle attaque contre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. Et organisez-vous avec nous pour lutter pour un monde véritablement libre, dans lequel le sexisme, le racisme, la LGBTQIA+phobie ainsi que l’oppression nationale et religieuse seront devenus des fantômes du passé.

     

  • Pour défendre le droit à l’avortement, menons la combat féministe socialiste à l’échelle mondiale !

    Alternative Socialiste Internationale (dont le PSL/LSP est la section belge) et le réseau international ROSA International Socialist Feminists lancent un appel à la solidarité mondiale.

    Les femmes, les travailleurs et les pauvres des États-Unis se soulèvent pour défendre le droit à l’avortement. L’État américain – qui a faussement prétendu mener une guerre pour les droits des femmes dans le monde entier – mène maintenant une guerre contre les femmes à l’intérieur de ses propres frontières, une guerre qui a des conséquences à travers le globe. Nous, féministes et travailleurs anticapitalistes socialistes, construisons des réseaux internationaux de résistance en Amérique latine, en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe, en Russie, en Chine et dans d’autres parties de l’Asie.

    Le 3 mai, une fuite a révélé que la majorité des juges de la Cour suprême des États-Unis a l’intention de déchirer l’arrêt Roe v Wade qui, depuis 1973, accorde aux femmes le droit légal à l’avortement aux États-Unis et constitue la base de nombreuses autres lois progressistes, y compris concernant la contraception et les droits LGBTQIA+. Cette décision a été accueillie avec colère par les femmes, les jeunes et les travailleurs du pays, où une grande majorité souhaite conserver le droit à l’avortement. Les protestations se sont succédées. Nous voulons soutenir ce combat en menant des actions à travers le monde.

    C’est la deuxième vague de lutte féministe dans les années 1960 et 1970, grâce à l’organisation de masse, qui a permis de remporter le droit à l’avortement dans de nombreux pays. Dans d’autres pays, ce droit inhérent des femmes et des personnes enceintes à décider de leur propre corps a été obtenu plus tard. Au cours des dix dernières années, la lutte féministe a remporté d’importantes batailles. Quelques exemples : l’Irlande a gagné le droit à l’avortement en 2018, la Corée du Sud en 2019, l’Argentine en 2020 et l’avortement a été dépénalisé dans tout le Mexique en 2021. En février de cette année, la plus haute juridiction colombienne a légalisé l’avortement jusqu’à la 24e semaine.

    Parallèlement, la droite poursuit sa lutte contre les droits des femmes et des personnes transgenres. L’année dernière, la droite chrétienne a réussi à imposer une interdiction quasi-totale de l’avortement en Pologne. En Chine, la dictature restreint le droit à l’avortement dans le cadre de sa volonté de créer un marché économique national plus important, et maintenant la Cour suprême des États-Unis suit le mouvement.

    C’est le programme sexiste de Donald Trump qui est en train de se déployer. Alors qu’il était au pouvoir, Trump a nommé trois nouveaux juges à la Cour et il a consciemment choisi des candidats anti-avortement afin de faire basculer la majorité de la Cour et de déchirer l’arrêt Roe contre Wade. Si cela réussit, les avortements seront automatiquement interdits dans 13 États qui ont déjà anticipé les événements et promulgué des lois qu’ils pressent maintenant la Cour suprême de cautionner. On s’attend à ce que de nombreux autres États interdisent l’avortement dans les semaines et les mois qui suivront la décision d’invalider Roe v Wade, si cette dernière s’avère être la décision finale de la Cour. L’interdiction de l’avortement au Texas, déjà en vigueur depuis six mois, prévoit que toute personne en contact avec une femme enceinte souhaitant avorter doit devenir un informateur de l’État – un chauffeur de taxi, par exemple, pourrait être condamné pour complicité. En d’autres termes, il pourrait se produire une situation inhabituelle dans laquelle des personnes aux États-Unis se rendraient au Mexique afin de jouir de leurs droits fondamentaux.

    Mais la colère des gens est aussi grande envers le parti démocrate. Les démocrates ont permis que tout cela se produise. Obama et Joe Biden avaient tous deux promis de légiférer sur le droit à l’avortement, mais ils ont trahi leurs promesses. Une fois de plus, les démocrates ont montré qu’ils représentent l’un des deux partis du grand capital. Si un parti de masse de la classe ouvrière avait existé, il aurait pu au contraire préparer les travailleurs, les femmes, les jeunes et les Noirs à la lutte qui s’impose. La leçon du mouvement Black Lives Matter, qui a également reçu un énorme soutien au niveau international, est que les protestations spontanées ne suffisent pas. Il faut davantage d’organisation et un programme politique socialiste, qui voit à travers la double nature de l’État.

    Il n’y a pas d’autre issue que la lutte. Partout dans le monde, les femmes ont le souffle coupé : est-ce bien réel ?! Les horribles années de maladie et de mort de la pandémie ont donné lieu à une pandémie parallèle de précarisation, ce qui est tout particulièrement le cas des femmes, à la fois par l’intensification du double travail avec la fermeture des écoles et des centres de soins, par le stress de tous les travailleurs de la santé et, surtout, par l’explosion de la violence des hommes envers les femmes dans les foyers. Mais ce que les gouvernements du monde ont cherché à sauver, ce sont les profits des grandes entreprises et des banques. Nous ne sommes même pas sortis de ce cauchemar qu’une nouvelle crise nous frappe déjà en plein visage. Avec l’invasion de l’Ukraine par Poutine, la militarisation a atteint des sommets dans le monde entier. Les prix des denrées alimentaires aussi. Oxfam prévient que 263 millions de personnes supplémentaires pourraient tomber dans l’extrême pauvreté cette année.

    À tout cela s’ajoute une offensive idéologique contre le droit le plus fondamental des femmes – le droit de décider de leur propre corps. Si le programme “pro-vie” des États-Unis parvient à abolir le jugement Roe v Wade, ce sera un coup porté aux femmes du monde entier. Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, prévient que cela “constituerait un exemple terrible dont d’autres gouvernements et groupes de défense des droits pourraient s’emparer dans le monde entier pour tenter de nier le droit des femmes, des jeunes filles et des autres personnes susceptibles de tomber enceintes”. D’autres pays pourraient suivre cet exemple et promulguer des lois sévères, estime Amnesty, qui cite l’exemple de la Pologne, dont l’interdiction de l’avortement avait été critiquée par l’UE, mais dont le gouvernement de droite trouve aujourd’hui un allié dans la Cour suprême des États-Unis. Ajoutons que les critiques ont de toute façon été étouffées puisque tous ces États ont formé un lien étroit contre la Russie.

    La même semaine où le plan de la Haute Cour pour écraser Roe v Wade a été divulgué, le régime taliban en Afghanistan a annoncé qu’il est désormais obligatoire pour les femmes de porter la burqa (un voile couvrant tout le corps et le visage) lorsqu’elles quittent leur domicile. Les féministes socialistes du monde entier accueillent ces nouvelles avec consternation. La guerre de l’OTAN en Afghanistan a été menée sous le prétexte de “libérer les femmes”. Mais la paix ne peut être construite par le militarisme d’une puissance impérialiste. Sur l’ensemble des ressources que les États-Unis ont dépensé en Afghanistan, seuls deux pour cent étaient destinés au développement économique. 86 % étaient des dépenses militaires. Cela a conduit à la dévastation et au chaos, à partir desquels les talibans ont pu retrouver le chemin du pouvoir.

    La misère en Afghanistan est énorme depuis que toute aide étrangère a cessé. Ainsi, tout d’abord, de nombreuses femmes n’auront même pas l’argent nécessaire pour acheter une burqa. L’interdiction de montrer son visage à l’extérieur est une forme extrême d’objectivation. Les femmes sont réduites à des choses qui appartiennent aux hommes. La mobilité et l’indépendance des femmes sont littéralement limitées par la masse de tissu imposée à leur corps. Des mécanismes similaires se cachent derrière les États qui restreignent le droit à l’avortement. Le corps des femmes est transformé en objet au service des intérêts de l’État. La droite conservatrice aux États-Unis, le régime despotique de Poutine en Russie et la dictature en Chine veulent tous renforcer le rôle de la famille en tant que pilier porteur des sociétés hiérarchisées.

    Le fait que l’État impérialiste le plus puissant du monde tente de franchir cette étape risque d’établir une norme dangereuse que nous devons arrêter. Déjà, les “Global Gag-rules”, que Reagan a été le premier à introduire, ont durement frappé les femmes pauvres dans le monde entier. Elles interdisent aux ONG qui reçoivent de l’argent de l’aide américaine de plaider pour le droit à l’avortement. Donald Trump a étendu ces règles à l’ensemble du secteur de la santé. Les organisations d’aide en Afrique témoignent de la manière dont les gouvernements, comme au Kenya, utilisent cette politique de l’impérialisme américain comme une béquille dans leur propre répression du mouvement pour le droit à l’avortement. Selon l’OMS, trois avortements sur quatre pratiqués en Amérique latine et en Afrique au cours des années 2015-2019 étaient dangereux. Comme le souligne l’institut Guttmacher : “la grande majorité – 92 % – des femmes en âge de procréer (15-49 ans) de la région africaine vivent là où l’avortement est fortement ou modérément restreint.”

    Des millions de femmes risquent de se retrouver dans des situations où elles sont contraintes de vivre une grossesse et d’être parents contre leur gré. Cette situation touchera principalement les femmes de la classe ouvrière et les femmes pauvres. Les enfants grandiront dans des conditions familiales difficiles.

    La santé des femmes sera également affectée de manière négative, en raison du nombre accru de grossesses, de la souffrance mentale et de l’utilisation de méthodes d’avortement dangereuses. En outre, en raison de l’intérêt pour le profit et de la division des soins de santé en classes, les taux de mortalité maternelle sont déjà inacceptables aux États-Unis. Les restrictions à l’avortement, qui font du corps des femmes enceintes un objet de querelles juridiques, rendront la grossesse plus dangereuse pour tous et entraîneront davantage de décès maternels. Les personnes à faibles revenus n’ayant pas accès à l’assurance maladie seront particulièrement touchées. Et les femmes noires qui sont également victimes de racisme au sein du système médical seront particulièrement touchées – les décès maternels chez les femmes noires devraient augmenter de 33 %.

    En soi, c’est un coup porté à la lutte des femmes et à la lutte des travailleurs. La droite réactionnaire et antiféministe de Trump sera renforcée dans d’autres pays et, avec elle, la violence sexiste, la transphobie, le racisme, le fanatisme et la violence. C’est un coup contre la santé de chacun-e, quel que soit son sexe, lorsque les acquis sociaux sont menacés.

    Cette révolution à rebours dans l’État le plus dominant du monde renforce le populisme de droite et le fondamentalisme religieux dans le monde entier, et affaiblit les droits des femmes partout. Cela affaiblit à son tour toutes les autres luttes importantes comme celles contre la guerre, pour les droits des travailleurs et pour le climat.

    C’est pourquoi Alternative Socialiste Internationale et ROSA International Socialist Feminists appellent les organisations de lutte des femmes, les syndicats, les féministes, les organisations LGBTQ+ et les mouvements sociaux du monde entier à agir maintenant. Nos camarades de Socialist Alternative aux Etats-Unis ont déjà fait descendre des milliers de personnes dans la rue pour lutter contre cette interdiction, et nous préparons des débrayages d’étudiants et de travailleurs ainsi que de forts contingents de féministes socialistes pour les actions de masse qui ont lieu actuellement.

    Les féministes socialistes du monde entier doivent discuter de ces questions sur le lieu de travail, dans les quartiers, dans les communautés. Toutes nos luttes sont liées. La droite conservatrice pourrait se sentir renforcée pour lancer des attaques similaires contre le droit à l’avortement dans d’autres pays, et pour intensifier la répression contre les féministes et les socialistes là où le droit à l’avortement n’a pas encore été obtenu.

    ASI et ROSA ont l’expérience de luttes antérieures pour le droit à l’avortement. En Irlande, ROSA a joué un rôle central dans le mouvement de masse qui a obtenu l’avortement gratuit sur demande en début de grossesse, il y a quelques années seulement. Nous savons que ce combat peut être gagné. Le huitième amendement qui interdisait l’avortement en Irlande a même été inscrit dans la Constitution. Mais les lois et les tribunaux peuvent être changés par les forces vives de la société. En Irlande, nos frères et sœurs de ROSA ont mené une action publique de désobéissance civile avec les pilules abortives – montrant que, quelle que soit la loi, les femmes exerceront un contrôle sur leur propre corps. Cela a été un facteur majeur dans l’obtention de l’avortement jusqu’à douze semaines sur demande.

    La force la plus puissante pour le changement est la classe ouvrière organisée, parce que nous, les travailleurs, pouvons frapper le système là où il fait le plus mal – par des grèves et des manifestations de masse, nous pouvons arrêter la machine à profits dont dépendent les capitalistes.

    Le slogan “mon corps, mon choix” signifie de disposer d’une couverture médicale pour tous, d’une augmentation du salaire minimum, de programmes de logement abordable, de la gratuité de l’école et de l’école maternelle et d’autres revendications en faveur d’une société décente pour les enfants et leurs parents. La plupart des avortements aux États-Unis (et dans d’autres pays également) ont pour origine la vulnérabilité économique. (Les données de l’Institut Guttmacher ont montré que 73 % des femmes ont déclaré que le stress financier était à l’origine de la décision d’interrompre leur grossesse, aux États-Unis).

    Les plans ultra réactionnaires de la Cour suprême des États-Unis, qui se réfèrent à des lois du Moyen Âge, montrent que le but ultime de l’État n’est pas de garantir à chacun une vie bonne et sûre, comme il se doit, mais de servir les intérêts d’une petite élite puissante. Cela montre que l’État, lorsqu’il est poussé, agira pour préserver la société de classe injuste, avec son oppression des femmes et son racisme intégrés. C’est pourquoi nous devons lutter pour un autre système, où l’État serait contrôlé et dirigé démocratiquement par tous les travailleurs.

    Nous sommes des féministes socialistes précisément parce que nous réalisons que le capitalisme doit prendre fin. Dans une société socialiste démocratique, les grandes ressources économiques sont détenues en commun et investies en priorité dans les besoins sociaux, la transition climatique et la lutte contre la pauvreté, afin de garantir qu’aucun sexe ne soit opprimé, que chaque personne puisse décider de son corps, que tous les enfants aient une éducation sûre et un avenir prometteur.

    Sur ce chemin, il faut répondre à chaque attaque sexiste. #MeToo a montré la force de la discussion et de l’action collectives, mais #MeToo s’est rapidement dilué. Les grèves féministes ont plus de poids dans la lutte mais ne peuvent pas s’arrêter à des actions symboliques – elles doivent évoluer pour impliquer l’ensemble de la classe ouvrière, car le sexisme est un problème qui nous concerne tous et qui divise notre lutte. Pour commencer, afin d’arrêter l’attaque contre Roe v Wade et l’effet qu’elle aurait à travers le monde, ROSA et ASI organisent des manifestations de solidarité dans plusieurs pays pour aider à faire pression au niveau international sur la décision de la Cour. Ce n’est que le début – si vous voulez aider à construire un mouvement de solidarité combatif, contactez-nous.

  • USA. Roe vs Wade : Des milliers de personnes inondent les rues pour le droit à l’avortement ! Et ensuite ?


    Le 2 mai, un projet de décision divulgué à Politico est apparu, indiquant que la Cour suprême des États-Unis est sur le point de renverser Roe v. Wade, la décision historique qui a légalisé l’avortement. Socialist Alternative a lancé l’appel « Descendez dans la rue pour défendre Roe ».

    Par Greyson Van Arsdale | Socialist Alternative — Alternative Socialiste Internationale – USA

    Le soir du 3 mai, des milliers de manifestant-e-s se sont rassemblé-e-s dans des villes de tout le pays pour protester contre la fuite du projet de décision de la Cour suprême qui annulerait Roe v. Wade. La Cour doit se prononcer au début de l’été, ce qui donne au mouvement le temps de s’organiser et de lutter contre cette décision.

    Socialist Alternative a mené de grandes manifestations à Philadelphie, Boston, Minneapolis, Madison, Pittsburgh, Chicago, Houston et Seattle, entre autres, appelant à une escalade d’actions avec des débrayages et des grèves pour faire pression afin de stopper la décision. Dans d’autres villes, nous avons dirigé des contingents féministes socialistes dynamiques au sein de manifestations plus larges.

    Certaines personnes ont voyagé pendant des heures pour assister à cette manifestation de milliers de personnes au Capitole de l’État à Madison, WI

    « Les grandes victoires progressistes aux États-Unis n’ont jamais été emballées dans un paquet cadeau et remises par l’establishment », a déclaré Rachel Wilder, membre de Socialist Alternative et étudiante à l’université Temple de Philadelphie. « En fait, l’establishment a toujours été du mauvais côté de l’histoire – sur l’avortement, le mariage gay, la déségrégation – jusqu’à ce que des mouvements de masse de travailleurs forcent les deux partis du grand capital à céder. Nous avons besoin de millions de personnes dans les rues pour défendre l’avortement et arrêter la droite ! »

    Les manifestations dans tout le pays ont montré un grand mécontentement face aux échecs du parti démocrate à défendre l’avortement et à se battre pour ce dont les travailleurs de tous genres ont besoin. Les orateurs ont souligné que non seulement Joe Biden a fait une promesse de campagne pour codifier Roe v. Wade, mais Obama a fait campagne sur la légalisation de l’avortement en 2008 et n’a pas réussi à le faire même avec une supermajorité au Congrès. À la suite de la fuite de lundi, M. Biden a déclaré qu’il avait demandé à son administration de « préparer des options » en cas d’annulation de l’arrêt Roe v. Wade et qu’il n’avait pas soutenu la fin de l’obstruction parlementaire pour permettre aux démocrates de voter la légalisation de l’avortement au Congrès.

    Il est clair que les jeunes en ont assez des promesses non tenues des démocrates. À New York, après la fin du rassemblement organisé de la Marche des femmes, nos membres ont entonné un chant appelant à une marche. La réponse de la scène principale, qui était dominée par des agents du parti démocrate hostiles à l’idée d’une action directe, a été « c’est mignon ce que vous essayez de faire là-bas, mais ce n’est pas ce que nous faisons ». Plutôt que de laisser l’énergie se dissiper, nous-mêmes et d’autres groupes de gauche avons conduit près d’un millier de personnes dans les rues de Manhattan et vers un autre rassemblement à Washington Square Park où nous avons discuté ouvertement des prochaines étapes du mouvement. Lors de la marche, on pouvait entendre les manifestants scander « Voter bleu n’est pas suffisant ! Démocrates, nous dénonçons votre bluff ! »

    « C’est comme ça que nous en sommes arrivés là en premier lieu – un parti qui ne sait pas comment se battre, qui a plus peur que sa base s’organise qu’autre chose », a déclaré Kshama Sawant, membre de Socialist Alternative et conseillère municipale de Seattle, lors d’une manifestation à Seattle hier soir. « Un parti qui fera tout pour marginaliser ou chasser les véritables progressistes, car il donne silencieusement la priorité à la stabilité du système capitaliste et à la rentabilité des entreprises avant tout. Avant les droits des femmes, les droits reproductifs, les droits des travailleurs, les droits LGBTQIA+, et avant même la continuation de la civilisation humaine alors que nous sommes confrontés à une catastrophe climatique totale. Nous avons besoin d’un nouveau parti ! Un parti qui se bat bec et ongles pour défendre les droits reproductifs, les droits des travailleurs, les droits LGBTQIA+ et contre le racisme ! »

    Des milliers de personnes ont défilé hier à Philadelphie pour défendre le droit à l’avortement et se battre pour d’autres revendications telles que l’assurance maladie pour tous avec des soins complets en matière de reproduction et d’affirmation du genre

    Quelle est la prochaine étape dans la lutte pour le droit à l’avortement ?

    De nombreux manifestants ont également participé à la campagne Justice pour George Floyd de 2020, où ils ont été beaucoup plus nombreux à manifester pendant des mois. Malgré ce grand nombre, le mouvement n’a malheureusement pas réussi à obtenir des réformes majeures à grande échelle, et la plupart des villes individuelles ont continué à augmenter les budgets de la police.

    Comme il s’agissait du plus grand mouvement de protestation de l’histoire des États-Unis, on peut se demander ce qui a manqué et comment nous pouvons gagner cette fois-ci.

    Malgré l’affluence, Justice pour George Floyd est resté un mouvement de rue sans structures ni revendications claires. Le mouvement ne s’est pas intensifié pour intégrer une action directe à grande échelle. À quelques semaines du jugement de la Cour suprême, nous devons aller au-delà des manifestations de rue et intensifier notre lutte pour inclure des débrayages, des occupations et même des grèves. L’énergie des manifestations de rue doit se traduire dans nos communautés et sur nos lieux de travail afin de forcer la main de la Cour suprême et du Congrès.

    Nous avons vu un nouveau souffle dans le mouvement syndical avec les campagnes héroïques de syndicalisation chez Starbucks et Amazon. Ce mouvement ouvrier nouvellement revitalisé a un rôle essentiel à jouer dans le renforcement de la lutte de la classe ouvrière pour des soins reproductifs gratuits et facilement accessibles.

    Le SEIU (Service Employees International Union) et le NNU (National Nurses United), qui organisent tous deux des travailleurs de la santé, ont fait des déclarations sur l’impact dévastateur qu’aurait une annulation de Roe v. Wade sur les travailleuses. Nous avons besoin que ces syndicats organisent leurs membres pour qu’ils agissent en faveur du droit à l’avortement, et nous avons besoin que d’autres syndicats s’engagent dans cette lutte.

    Le nouveau syndicat Amazon Labor Union a fait preuve d’une grande solidarité lorsque son président par intérim, Chris Smalls, a appelé hier les manifestants à se joindre à la lutte à Foley Square, à New York.

    Les syndicats ont un intérêt particulier à obtenir la légalisation totale de l’avortement, et à aller de l’avant pour obtenir un système d’assurance-maladie pour tous avec des soins complets en matière de reproduction et d’affirmation du genre. Les soins de santé fournis par l’employeur sont une monnaie d’échange majeure entre les mains des patrons lors des négociations contractuelles, et les patrons retirent souvent les prestations de santé des travailleurs en cas de grève.

    Pour les membres des syndicats, les travailleurs non syndiqués, les étudiants et les jeunes qui sont prêts et motivés à se battre pour le droit à l’avortement et les soins de santé gratuits pour tous, nous avons besoin de réunions publiques d’organisation afin de mettre en place un plan d’action intensifié, comprenant des débrayages et des grèves. Socialist Alternative organise des réunions publiques dans plusieurs villes du pays.

    Pour gagner, ce mouvement a besoin de revendications fortes qui font passer le terrain de la défense à l’attaque.

    Nos revendications

    • Faites reculer la droite ! La Cour suprême doit faire marche arrière et maintenir Roe v. Wade !
    • Pour des débrayages massifs et des actions de grève pour défendre l’avortement !
    • Les Démocrates ont le contrôle total de Washington, ils doivent immédiatement mettre fin au blocage et légaliser l’avortement !
    • Le Congrès doit adopter l’assurance-maladie pour tous, avec l’avortement sur demande, des soins reproductifs complets et des soins complets d’affirmation du genre pour tous !
    • Cette attaque contre Roe ouvrira la porte à des attaques brutales et continues contre les droits des personnes LGBTQIA+. Nous avons besoin d’une lutte unie contre l’oppression de genre sous toutes ses formes ! Notre mouvement doit se battre pour des soins reproductifs complets ainsi que contre les lois réactionnaires anti-trans qui balaient les états à travers le pays !
    • Mettons fin au système bipartisan – nous devons lancer un parti indépendant de la classe ouvrière qui défendra les intérêts des femmes de la classe ouvrière, des personnes LGBTQIA+ et des personnes de couleur !
  • Peloton ROSA : soutenez votre champion.ne

    Soutenez la Campagne ROSA et la lutte contre le sexisme en sponsorisant la deuxième édition du peloton ROSA qui aura lieu le 14 mai 2022 au départ de Gand, Anvers et Liège !

    Cette année encore les mobilisations du 8 mars ont démontré que la lutte contre le sexisme était toujours d’actualité ! 8000 personnes à Bruxelles, mais aussi des manifestations combattives à Gand, Anvers, Bruges, Louvain, Liège, Alost, Courtrai… A chaque fois la Campagne ROSA a mobilisé, organisé et participé.

    C’est en 2017 qu’est mise sur pied la Campagne ROSA et déjà elle organisait une première manifestation le 8 mars à Gand. Depuis nous construisons et mobilisons chaque année davantage dans toujours plus de villes et de quartiers, contre le sexisme, les discriminations, l’austérité…

    Le besoin de s’organiser, de manifester et de lutter pour nos droits est toujours plus nécessaire mais aussi de plus en plus ressenti par des couches toujours plus larges au sein de la jeunesse et des travailleurs. Le potentiel et les défis pour une organisation comme la Campagne ROSA sont grands. Les crises successives, maintenant la guerre, la pandémie dont nous ne sommes pas encore sortis, et à chaque fois leurs lots de misère et de colère ne doivent pas nous résigner : « A ceux qui veulent nous précariser nous répondons RESISTANCE ! ».

    Le soutien financier que nous sommes capables de récolter tout au long de l’année est crucial pour nous permettre de jouer un rôle toujours plus grand. Cette année de nouveau nous vous invitons à nous soutenir en sponsorisant la deuxième édition du Peloton ROSA : un défi sportif à vélo à travers la Belgique.

    La campagne ROSA repose aussi sur la détermination, la disponibilité et les capacités incroyables de ses membres. Les périodes de confinement semblent avoir révélées une nouvelle corde à notre arc : le vélo !

    En effet en mai 2021, une quinzaine de militant.e.s de la Campagne ROSA ont traversé la Belgique d’ouest en est pour parcourir les 300 km qui séparent Ostende et Eupen. Le tout, en une journée ! La réussite de ce défi sportif s’est accompagné d’un succès financier : nous avons été capables de récolter plus de 6 000€ de sponsoring sur les 5 000€ d’objectif que nous nous étions fixés !

    Nous nous lançons à nouveau sur les routes cette année. Plus d’une trentaine de cyclistes s’élancerons de Gand, Anvers ou Liège et se retrouverons après quelques 150 km à Louvain pour célébrer nous l’espérons un nouveau succès du peloton ROSA.

    Nous accomplirons cet effort collectif, non seulement pour le challenge sportif qu’il représente, mais aussi pour récolter des fonds nécessaires afin de relever les défis futurs et donner à la Campagne ROSA les moyens pour mener ses futures campagnes.

    Soutenez la campagne ROSA en sponsorisant notre challenge !
    2 possibilités :

    • Faites un don pour le peloton ROSA
    • Sponsorisez votre champion.ne !

    L’entièreté des fonds récoltés seront reversés à la Campagne ROSA pour financer nos futurs combats et campagnes. Cette année encore nous voulons réussir à récolter 5 000 €.

    Vous voulez soutenir la lutte contre le sexisme, pour le droit des femmes et contre l’austérité, sponsorisez-nous via le formulaire sur le site de la Campagne ROSA !

  • Conférence nationale ROSA contre le sexisme et la guerre

    S’il y a bien un évènement à ne pas rater, c’est notre conférence annuelle – l’occasion idéale de rencontrer des activistes de partout en Belgique et d’échanger nos expériences.

    Nous adapterons cette conférence au plus près de l’actualité pour qu’elle nous outille pour participer à la construction d’un mouvement anti-guerre le plus fort possible.

    Ça sera aussi l’occasion de lancer la mobilisation pour les Pride is a Protest.

    Nous aurons bien-sûr aussi des ateliers contre le sexisme en Belgique : parce qu’on a raison d’être en colère et de vouloir agir pour mettre un terme à cette pandémie de l’ombre ! Quel est le lien entre sexisme et capitalisme ? Peut on compter sur le gouvernement et son plan contre les violences de genre de 2,5 millions d’euros ? Le sexisme est-il une fatalité ? Quelles revendications mettre en avant contre le sexisme dans la vie nocturne, dans nos écoles et unifs, au travail ou encore à la maison ? Qui sont nos allié.e.s et nos ennemis ? Comment lier les luttes entre elles ? Comment construire une lutte pour obtenir de vraies victoires ?

    Evénement Facebook

    Formulaire d’inscription

    Programme

    10:00 Accueil

    10:30 – 13:00 Choix entre 4 ateliers

    • Les normes de genre et la famille nucléaire remises en question. Ont-elles toujours existé ? En quoi la structure de la famille nucléaire fait-elle partie du capitalisme ?
    • Quel rôle jouent les politiques d’identité et l’approche “woke” dans les mouvements féministes ? Qu’en disent les féministes socialistes ?
    • Les secteurs essentiels en lutte : enseignement, petite enfance, soins de santé,…
    • Aux racines de la guerre : capitalisme et impérialisme

    13:00 – 14:00 Pause midi : sandwichs + soupe et boissons à petits prix

    14:00 – 16:30 Choix entre 4 ateliers

    • Pas une de plus ! Pourquoi les violences faites aux femmes sont-elles enracinées dans la structure de la société ? En quoi sont-elles inhérentes aux sociétés de classe tout court ?
    • D’où vient la transphobie et comment la combattre ?
    • Salaire, conditions de travail, pouvoir d’achat : la place des femmes est au syndicat ! + rencontre avec Marguerite Staquet qui a mené en 1982 une lutte exemplaire pour défendre le droit des ouvrières
    • La place des femmes dans la lutte contre la guerre.

    17:00 – 18:30 Meeting de lancement de la campagne “Pride is a Protest”

    18:30 – 00:00 Prolongement des discussions autour d’un verre et d’un croque monsieur ou hawaï


    Infos pratiques

    • Quand ? Samedi 23 avril de 10h00 à 18h30 (suivi d’une soirée ROSA jusque minuit)
    • Où ? Randstad, 45 rue du Jardinier, 1080 Bruxelles
    • Combien ? 10€ (5€ tarif social) + 3€ sur place. Numéro de compte de la Campagne ROSA : BE54 5230 8095 8497 (communication : Conférence ROSA + prénom & nom)
    • Un baby-sitting et des animations pour enfants sont prévues. (Merci de le mentionner à l’inscription !)
    • Boissons et repas à prix démocratiques.

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    Si tu veux nous contacter directement : Emily (0470 03 22 06)

  • [INTERVIEW] Sexisme en milieu nocturne : « Ne pas lâcher le morceau »

    Entretien avec deux initiatrices du collectif « A nous la nuit »

    Fin 2021, le mouvement « Balance ton bar » a largement libéré la parole sur les agressions et les comportements sexistes dans les cafés. Les centaines de témoignages qui ont afflués ont posé la question : « Comment lutter concrètement contre le sexisme et les agressions dans le milieu festif ? » Nous en avons discuté avec deux initiatrices du collectif « À nous la nuit » récemment constitué à Liège.

    Propos recueillis par Clément (Liège)

    Pour commencer, ça a représenté quoi « Balance ton bar » ?

    Ce qu’on a vu, c’est une prise de conscience généralisée : il y a un sérieux problème avec le sexisme dans le monde de la nuit. On le savait déjà, mais ça a été rendu beaucoup plus flagrant. C’est d’ailleurs bien plus large. Le racisme, la LGBTQI+phobie et particulièrement la transphobie horrible qui existent dans les milieux de sortie sont des problèmes colossaux auxquels il faut répondre. On a d’ailleurs consciemment décidé de ne pas mettre de terme spécifiquement féministe dans « A nous la nuit » pour cette raison.

    Quel est le problème spécifique du sexisme dans les lieux de sortie ?

    En Belgique il n’y a pas d’études, mais il en existe ailleurs qui illustrent qu’on y retrouve toute la palette des comportements sexistes : du harcèlement verbal à la violence physique en passant par les agressions et le viol.

    Il y a des aspects plus spécifiques, comme la soumission chimique qui fait son retour en force. Est-ce qu’il y a plus de cas maintenant ? Les voit-on simplement plus parce que la parole se libère ? C’est probablement la deuxième option. Par exemple aux urgences, à Liège, c’est un phénomène récurrent et on sait qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’ils rencontrent ce genre de cas, depuis très longtemps.

    Une autre spécificité, c’est que ça se passe dans des endroits où on sort, où on fait la fête, où on s’alcoolise, etc. La culpabilité chez les victimes de violences sexuelles est déjà un énorme problème, qui est renforcé par la culture du viol (« tu sors le soir, tu t’attendais à quoi ? », « tu portais une jupe »,…) et l’idée qu’en tant que fille, ta sécurité et ce qu’il t’arrive, c’est avant tout ton problème à toi toute seule. Le fait que tu sois dans un lieu de fête, qu’éventuellement tu es alcoolisée, et que tu te fais agresser, ça rajoute une grosse couche de culpabilité. Aller trouver la police ou un organisateur ou simplement demander de l’aide quand tu as un problème mais que tu es dans un état un peu second c’est vraiment, mais vraiment pas évident. Et ça ne devrait pas être comme ça.

    Comment répondre à ce problème ?

    On part du principe absolu que la responsabilité de créer un environnement où faire la fête sans avoir à craindre pour sa sécurité, cela repose en partie sur le public, mais aussi – et surtout – sur les organisateurs qui choisissent d’ouvrir un lieu au public. Et il y a un retard énorme là-dessus. Par exemple, la plupart des labels qui existent sont de vraies coquilles vides sans aucun suivi derrière.

    Impliquer les organisateurs signifie un minimum de sensibilisation et de formation des orga et des crews pour être aptes à réagir correctement. Plein d’outils de base en ligne existent, mais les vraies formations de qualité ont un coût et ce n’est pas toujours facile d’y avoir accès quand on veut. Par exemple, celle qu’on va suivre, on s’y est prises en novembre et il n’y avait de places qu’à la mi-février.

    À partir de là notre idée, c’est de pouvoir retourner vers certains lieux clés à Liège, pourvoir y mettre des choses en place, former d’autres personnes et créer une dynamique. Ça ne se fera pas en un jour d’autant que si à certains endroits il y a une ouverture pour ce genre d’initiative, il y en a clairement d’autre où, tant que leur boîte tourne, ils s’en foutent royalement de garantir un environnement un minimum safe. Mais de l’autre côté il y a un besoin criant de ça, d’où l’importance de la dynamique.

    L’idée se serait de pouvoir à terme avoir des personnes référentes formées dans un maximum de soirée et qui savent comment réagir

    Puis il faut aussi impliquer ton public collectivement. Tu peux faire ça en distribuant des flyers à l’entrée par exemple, et au minimum en ayant des affiches très visibles sur le fait que tel ou tel comportement n’est ni toléré, ni tolérable. Dans ce cadre, mettre au point une charte claire sur laquelle tu t’appuies, ça aide. Bref créer une culture collective « on fait attention » et où, en cas de problème, une victime sait qu’elle peut se tourner vers les orgas, ce qui n’arrive presque jamais aujourd’hui.

    Enfin à côté de la prévention, il y a le suivi après une agression. Pouvoir écouter et orienter immédiatement une victime, ça nécessite des moyens humains et matériels (un lieu prévu à cet effet) important. L’idée n’est évidemment pas de se substituer aux professionnels du secteur. Pour la prise en charge, la référence ça reste les CPVS (Centres pour la Prise en Charge des Violences Sexuelles). Ils font un boulot incroyable avec un personnel hyper formé. Après il n’y en a pas partout, on est bien contente qu’il y en ait un à Liège parce que par exemple, à Verviers, il n’y en a pas. Et si t’as besoin d’une prise en charge après un évènement aussi traumatisant, ton premier réflexe ne va pas être de te taper 30 bornes ou plus…

    Pour conclure ?

    Balance ton bar ça a été une explosion, avec ses forces et ses limites. Mais c’est une fois que l’explosion est passée, quand tu te demandes comment entamer un travail de fond et réellement changer les choses, que tu te rends compte à quel point la tâche est énorme, et qu’il ne faudra pas lâcher le morceau.

  • La Campagne ROSA était dans la rue ce 8 mars contre la guerre et le sexisme

    Marche à Bruxelles (Photo : James)

    En 2017, La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) organisait une première Marche contre le sexisme à Gand pour le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. C’était non seulement le coup d’envoi de la Campagne ROSA lancée par le PSL, mais aussi d’une journée d’action qui, entre-temps, est devenue un rendez-vous de lutte permanent. Juste avant que n’éclatent la pandémie et le premier confinement en 2020, une grande manifestation nationale avait encore réuni 10.000 personnes à Bruxelles. Cette année, outre une manifestation locale de 8.000 personnes à Bruxelles, des manifestations combatives ont encore eu lieu à Gand, Anvers, Louvain, Liège, Bruges, Alost et Courtrai, entre autres.

    A Bruxelles, avec plus de mille personnes, la Campagne ROSA a formé une délégation impressionnante lors de l’action bruxelloise organisée par la Marche mondiale des femmes, collectif dont elle est par ailleurs membre. A Gand, la Campagne ROSA était à l’initiative d’une manifestation soutenue par les syndicats. A Liège, en partenariat avec deux collectifs de femmes kurdes – Violet et Rouge Collective (MOR-KIZIL KOLEKTİF) et le Mouvement des Femmes kurdes TJK-E – nous avons organisé une manifestation dynamique de 200 personnes à parti de l’université pour sillonner le centre-ville. A Bruges, 100 personnes ont participé à l’action de la Campagne ROSA, 75 à Courtrai et une vingtaine à Alost. A Anvers et à Louvain, la Campagne ROSA a formé un bloc combatif dans la manifestation organisée par le Collecti.e.f 8 mars. A Anvers, 600 personnes y participaient, le bloc jeune de la Campagne ROSA et du PSL y avaient été renforcés par une délégation de la communauté tamoule. A Louvain, il y avait 250 manifestants, dont une cinquantaine dans notre délégation dynamique.

    Liège. Photo : Jérémiah

    Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour que ce 8 mars soit aussi une journée d’action anti-guerre. Comme l’indique le tract de la Campagne ROSA, les femmes sont souvent les premières victimes de la guerre, mais aussi les premières à protester contre elle. Les slogans “Non à l’invasion de l’Ukraine” et “Pour un mouvement international de masse contre la guerre” figuraient sur nos pancartes. A Gand, Angeline Van de Rijse de la FGTB a souligné à juste titre le rôle de Clara Zetkin, “socialiste, marxiste et pacifiste”, dans la création de la tradition du 8 mars. Elle a également souligné les énormes inégalités qui existent aujourd’hui de même que les attaques contre nos conditions de vie. “Si quelque chose doit être annexé, ce n’est pas l’Ukraine mais ces milliards d’euros dans ces paradis fiscaux. Ces 266 milliards d’euros (l’argent que les entreprises belges ont déposé dans les paradis fiscaux en 2020), c’est le résultat d’un travail sous-payé. Donc cet argent nous appartient. Ce n’est pas le leur.” Parmi les intervenant.e. figurait également Ludo De Brabander de l’ASBL pacifiste Vrede. Là où la Campagne ROSA a (co-)organisé les actions, des micros ouverts ont permis de laisser s’exprimer des organisations ou de simples participant.e.s. De notre côté nous avons systématiquement souligné la nécessité de construire un mouvement de masse contre la guerre et le capitalisme.

    Rejoignez la Campagne ROSA !

    Bruxelles (photos de James) :
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    Vidéo de la manifestation à Bruxelles :

    Liège (photos de Jérémiah) :
    [embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/yC6vFm8KhRr6MrVp6]

    Anvers (photos de Liesbeth) :
    [embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/X5FjwfbxTPqvKyjA9]

    Gand (photos de Jean-Marie) :
    [embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/JWntpYEBKsi43x6H6]

    Vidéo de la manifestation de Louvain :

     

  • [tract] STOP AU SEXISME ET A LA GUERRE

    Participons à la construction d’un mouvement anti-guerre international. Organisions des sit-in contre la guerre dans nos écoles, unifs, …

    • Solidarité avec les jeunes et les travailleurs.euses d’Ukraine
    • Stop à la guerre de Poutine – Solidarité avec les manifs anti-guerre en Russie !
    • Stop à toutes les formes d’impérialisme et de guerre !
    • Participons à la construction d’un mouvement anti-guerre international
    • Solidarité avec les manifs anti-guerre en Russie

    Les femmes de la classe travailleuse brutalement frappées par la guerre.

    Elles doivent prendre la société sur leurs épaules tout en affrontant la faim et la perspective du deuil de leur compagnon ou enfant. La guerre signifie aussi la menace de violences sexuelles, utilisées comme arme de guerre, et l’augmentation de la violence dans la société conduit à l’augmentation des violences domestiques. Dans la région du Donbass où le conflit entre l’Ukraine et la Russie fait rage depuis 2014, elles ont augmenté de 158%.

    Sur qui compter pour mettre fin à la guerre ?

    La guerre sert les intérêts des capitalistes dans leur ensemble. Nous ne pouvons pas compter sur les fauteurs de guerre qui dirigent le monde ni sur leur diplomatie.

    Le maillon faible des calculs de Poutine, c’est la résistance des masses en Ukraine et en Russie. Les mobilisations massives qui ébranlent la Russie peuvent faire tomber Poutine et son régime. Ce potentiel explique la férocité de la répression. Des milliers de militant.e.s ont déjà été arrêté.e.s, les sites internet sont fermés,…

    Même avant l’invasion de l’Ukraine, la répression et son lot de violences policières frappaient durement les activistes, tout particulièrement les féministes et les LGBTQIA+. En Russie, comme ailleurs, les dirigeants sont conscients du potentiel effet boule de neige des mouvements contre le sexisme et la guerre. L’implication des femmes dans un mouvement de masse remet de facto en question le rôle de la famille traditionnelle et, avec elle, la structure-même de la société.

    Que pouvons-nous faire contre la guerre ?

    Nos actions et notre solidarité sont cruciales pour les mouvements qui s’organisent en Russie contre le régime. Construisons un mouvement de masse international contre la guerre, l’impérialisme et le système qui les produit : le capitalisme.

    A travers l’histoire, récente ou lointaine, les femmes travailleuses et pauvres ont souvent été à l’avant-garde des luttes contre la guerre. Non pas parce qu’elles seraient plus pacifiques par nature, mais parce que les guerres les impactent plus durement.

    En février 1917 (le 8 mars de notre calendrier), des ouvrières russes sont massivement descendues dans les rues pour crier “terre, pain, paix”. Le régime tsariste est tombé et cette révolution a rendu la Première Guerre mondiale intenable, notamment en donnant l’impulsion à la révolution allemande de 1918.

    Vous souhaitez entrer en lutte contre la guerre ? Agissez et organisez un sit-in dans votre école ou votre unif !

    Tant que la guerre se poursuit, la vie ne peut pas continuer comme avant. Nous devons organiser des actions partout et nous préparer à de grandes manifestations anti-guerre en Belgique. Organise un sit-in ou die-in dans ton école avec les revendications de ce tract. Le simple fait de prendre un selfie avec d’autres personnes de ton école ou d’avoir tes propres affiches peut aider à construire notre mouvement. => Nous regroupons toutes les actions et les photos sur Instagram et Facebook : « SIT-IN AGAINST THE WAR« . N’oubliez donc pas de nous les envoyer.

    Nous avons des comités ROSA dans une série de villes. N’hésite pas à les rejoindre et à les renforcer !

    Organize & Fight Back…
    23 avril – Conférence nationale de la Campagne ROSA contre le sexisme et la guerre

    S’il y a bien un évènement à ne pas rater, c’est notre conférence annuelle ; l’occasion idéale de rencontrer des activistes de partout en Belgique et d’échanger nos expériences. Nous adapterons cette conférence au plus près de l’actualité pour qu’elle nous outille pour participer à la construction d’un mouvement anti-guerre le plus fort possible. Ça sera aussi l’occasion de lancer la mobilisation pour les “Pride is a Protest”.

    Nous aurons bien-sûr aussi des ateliers contre le sexisme en Belgique parce qu’on a raison d’être en colère et de vouloir agir pour mettre un terme à cette pandémie de l’ombre ! Quel est le lien entre sexisme et capitalisme ? Peut on compter sur le gouvernement et son plan contre les violences de genre de 2,5 millions d’euros ? Le sexisme est-il une fatalité ? Quelles revendications mettre en avant contre le sexisme dans la vie nocturne, dans nos écoles et unifs, au travail ou encore à la maison ? Qui sont nos allié.e.s et nos ennemis ? Comment lier les luttes entre elles ? Comment construire une lutte pour obtenir de vraies victoires ?

    21 mai – Belgian Pride
    26 juin – Pride is a Protest

    La Campagne ROSA est présente chaque année à la Belgian Pride. Nous avons besoin de fêtes, mais il est aussi nécessaire de se battre contre l’oppression des personnes LGBTQIA+. Nous y serons avec nos pancartes, mégaphones et slogans combatifs. Nous voulons aussi à nouveau organiser des “Pride is a Protest” dans différentes villes pour commémorer les luttes de Stonewall et parce que ce combat est toujours d’actualité. Cette année on remet ça. Avec toi ?

    1 au 8 juillet – Camp d’été “A Socialist World is Possible !”

    Une semaine d’intenses discussions et d’échanges avec des activistes de Belgique et d’ailleurs dans le monde. Le but : comprendre le monde pour le changer. Les inégalités, l’oppression, l’exploitation des êtres humains et de la nature, l’impérialisme et ses guerres : nous pouvons mettre fin à tout ça en renversant le capitalisme.

    Lors de notre camp d’été, près de 100 ateliers de discussions (avec traductions vers l’anglais, le français et le néerlandais) permettront d’aborder en profondeur de multiples facettes de cet important combat au travers d’exemples historiques mais aussi d’expériences concrètes. Le camp comportera également diverses activités sportives, ludiques, festives et culturelles.

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