Category: Féminisme

  • La crise mondiale du capitalisme en matière de soins et de reproduction sociale et les luttes des professionnel·les de la santé

    Le 12 mai est la Journée internationale de l’infirmier·ère·x. Quelles sont les raisons de la crise de la reproduction sociale ? Quelles en sont les conséquences ? Et comment les travailleuses et les travailleurs de tous les genres luttent-iels contre cette crise ?

    Contribution d’Anne Engelhardt, militante de ROSA International Socialist FeministsAllemagne — préparée par Anne pour une réunion du Bureau des femmes de l’Alternative Socialiste Internationale en avril 2023.

    ROSA, les syndicats et les professionnel.les du secteur des soins se concentrent sur cette date pour mettre en lumière et combattre la grave crise de la reproduction sociale qui est à l’origine de la crise actuelle des soins dans le monde entier.

    Quelles sont les raisons de la crise de la reproduction sociale ? Quelles en sont les conséquences ? Et comment les travailleuses et les travailleurs de tous les genres luttent-iels contre cette crise ?

    La crise de la reproduction sociale est visible à bien des égards, mais pas de la même manière que la crise climatique, l’inflation, etc. En effet, les membres de la classe ouvrière mondiale qui exercent des tâches reproductives (non rémunérées) n’ont souvent pas le temps d’écrire leur histoire et leurs expériences.

    La théorie féministe de la reproduction sociale est une analyse féministe marxiste qui s’appuie sur la méthode des relations internes de Marx.

    Cela signifie qu’il faut comprendre le capitalisme comme le tout social dans lequel nous vivons et les différents processus sociaux tels que le racisme, les luttes, le patriarcat comme des parties co-constituantes. Ni le capitalisme, ni ses autres aspects n’existent l’un sans l’autre ou ne sont explicables sans l’autre.

    L’opposé d’une telle théorie serait une forme d’atomisme, que l’on retrouve chez de nombreux commentateurs pro-capitalistes et qui prévaut également dans les méthodes sociales-démocrates et staliniennes.

    Dans ce cas, le capitalisme est une partie et non un tout social, et d’autres aspects tels que le racisme, la classe, le genre existent comme d’autres atomes en relations lâches les uns avec les autres. À mon avis, l’intersectionnalité court également le risque d’une méthode atomiste.

    Elle superpose les atomes des processus d’oppression mais ne perçoit pas comment ils co-constituent le capitalisme et comment le capitalisme les co-constitue. En ce sens, il leur manque une réflexion sur les processus, les contextes et les différents espaces, ainsi qu’une réflexion sur l’interrelation et la mutualité avec l’histoire et la totalité capitaliste, qui doit être combattue dans son ensemble.

    La théorie féministe de la reproduction sociale part délibérément de Marx et de son analyse de la lutte des classes.

    Il explique les conditions préalables de ces luttes dues aux processus économiques et ne perd jamais de vue la vie difficile des travailleur.euse.s et leur courageuse résistance.

    Des féministes comme Maria MiesLise VogelSilvia Federici ou Tithi Bhattacharya ont fait progresser ce marxisme centré sur la lutte des classes ou l’ont élargi en y intégrant davantage de nuances et d’aspects, tels que la nature, les devoirs, la procréation, les trajets quotidiens, la sexualité, la violence, le sexisme, etc.

    Marx lui-même a écrit dans le premier volume du Capital, au chapitre 8, sur la brutalité de l’exploitation de la force de travail avec des équipes de 20 heures dans les boulangeries, la baisse de la qualité du pain et les scandales alimentaires [les inspecteurs ont trouvé du sable et des pierres dans les pains], à cause de ces conditions. Les horribles visages et corps déformés des travailleuses et travailleurs des usines d’allumettes dont la salle de pause déjeuner se trouve au milieu d’un phosphore toxique, etc.

    A ce titre, nous venons de commémorer les grèves des travailleur.ses des usines d’allumettes du 19ème siècle dans lesquelles les femmes et les filles ont joué un rôle de premier plan, lors du congrès de ROSA en mars de cette année.

    Marx n’a pas oublié les femmes et les enfants dans son analyse du capitalisme, mais il n’a pas poussé sa théorie de la classe ouvrière au sein du capitalisme au maximum. Son travail passe largement à côté du travail en dehors des usines, ou en dehors de la création de capital variable.

    La théorie féministe de la reproduction sociale n’est pas en désaccord avec Marx, mais déclare : « Il aurait pu être plus clair et plus précis s’il avait approfondi sa compréhension de la manière dont la force de travail est créée elle-même.

    Qu’entendons-nous lorsque nous parlons de reproduction sociale ?

    Il s’agit de la reproduction de la force de travail de trois manières :

    1. En donnant naissance à des travailleur.ses potentiels

    2. Éduquer, nettoyer, enseigner, soigner, nourrir, prendre soin de la force de travail, se reposer, dormir, guérir en tant que processus que les travailleurs qui doivent retourner à l’usine à chaque quart de travail doivent également faire pour eux-mêmes.

    3. La reproduction de la société capitaliste.

    Différents courants

    La théorie féministe de la reproduction sociale a, à mon avis, la faiblesse de s’intéresser surtout (et presque que) aux travailleuses et aux ménages, aux soins, à l’éducation, etc.

    Il existe également des courants qui tentent d’intégrer le travail domestique directement dans la théorie de la valeur, ce qui est problématique pour différentes raisons et conduit à des idées telles que les « grèves des ménages » ou les modèles de « revenu de base conditionnel », qui laissent de côté la lutte pour la société dans son ensemble et individualisent cette lutte.

    Cependant, la reproduction sociale, telle qu’elle est théorisée par certains courants féministes marxistes, est un processus nécessaire qui imprègne naturellement l’ensemble de la classe ouvrière.

    La rupture métabolique* et les conséquences du capitalisme sur notre corps et notre être

    *La rupture métabolique est la conception clé de Karl Marx des tendances à la crise écologique sous le capitalisme, ou selon les propres mots de Marx, c’est la « rupture irréparable dans le processus interdépendant du métabolisme social ».

    Nous commençons par Marx et sa façon d’envisager la destruction de la nature et le capitalisme. Marx a développé l’idée d’un métabolisme entre le capital et la nature. La société en général, et le capitalisme en particulier, dépendent des « dons gratuits » de la nature tels que l’air, le vent, l’eau, le soleil, le sol et les matières premières.

    Marx a observé que les centres capitalistes, les villes industrialisées exploitaient la terre, comme le capitalisme exploite la nature. En raison des changements intervenus dans la manière dont la classe ouvrière devait vivre et se nourrir dans les villes et en raison de la dureté du travail, elle avait besoin d’un nouveau mode d’alimentation (plus d’hydrates de carbone et d’aliments protéinés), mais elle était elle-même coupée du travail de subsistance.

    Les paysans et les terres devaient produire plus de blé, de foin, de viande et d’autres produits. Le sol est devenu de moins en moins fertile en raison de la surexploitation. Marx a décrit cette crise écologique continue du capitalisme comme une rupture métabolique : Le métabolisme entre la terre et la ville se rompt et crée des crises qui ont par exemple conduit à une guerre pour l’engrais pour oiseaux du Pérou, à une nouvelle vague de colonialisme africain au milieu du 19e siècle, à la famine, etc.

    Elle a également conduit à la destruction des forêts, afin d’accéder à davantage de terres et d’exploiter leurs sols fertiles.

    Lorsque nous revenons à la classe ouvrière et au féminisme de reproduction sociale, nous devons placer le corps ouvrier au centre de notre analyse. Marx dit que le capital variable que les travailleurs produisent – et qu’ils produisent par l’intermédiaire de leur corps – est la seule source de profit. Nous sommes un corps et nous avons un corps.

    Nous ne pouvons rien faire en dehors de lui. Physiquement, notre corps est aussi une nature. À un certain âge, nous sommes capables de travailler plus que ce dont nous avons besoin pour nous-mêmes ou pour nos proches. Mais notre corps change beaucoup.

    En tant que bébés, enfants et personnes âgées, nous avons des limites physiques à ce que nous pouvons faire et nous pouvons même prendre ou avoir besoin de plus de travail d’autres travailleurs que ce que nous pouvons donner. Notre corps est également un processus qui évolue au fil des ans.

    Cela semble tout à fait évident, mais la bourgeoisie, son idéologie et sa façon atomiste de considérer les travailleurs comme une source de main-d’œuvre et non comme un être humain en évolution, nous font oublier les différentes caractéristiques naturelles de notre vie.

    Marx a écrit des textes remarquables à ce sujet et voici ma citation préférée : « Le capital ne s’interroge pas sur la durée de vie de la force de travail : Ce qui l’intéresse, c’est uniquement le maximum de force de travail qui peut être rendu liquide au cours d’une journée de travail. Il atteint cet objectif en raccourcissant la durée de la force de travail, tout comme un agriculteur avide obtient un rendement accru du sol en le privant de sa fertilité« . (Marx 1867 / 1957, 275-76)

    Les capitalistes privent les travailleur.se.s de leur énergie et littéralement, dans certains processus de travail, de leur fertilité même. Il existe des myriades d’exemples de la manière dont les matériaux toxiques que les nettoyeurs doivent utiliser, le travail avec l’argent, le cuir, l’huile, etc. peuvent conduire à l’infertilité, en plus des horaires de nuit, du manque de sommeil, de la nourriture, etc.

    Lorsque nous considérons le travailleur et son corps dans l’ensemble social du capitalisme, il est fait et refait par le métabolisme entre la production et la reproduction. Sans produire de capital variable, les travailleurs ne reçoivent pas les salaires dont ils ont besoin pour se reproduire. Et ce métabolisme de la reproduction sociale est également en crise – c’est ce que nous pouvons appeler la crise de la reproduction sociale.

    Il est en crise parce que les conditions de travail sous le néolibéralisme ont été « flexibilisées », les salaires ont diminué, les conditions de santé et de sécurité au travail ont été démantelées au fil des ans. Les temps de pause ont été réduits. La production allégée s’est imposée dans tous les domaines du travail.

    Ainsi, le métabolisme de la reproduction sociale est constamment au bord d’une faille métabolique, tout comme la nature et le climat eux-mêmes.

    La marchandisation des soins et de la vie sous le néolibéralisme

    Dans les hôpitaux, nous constatons que dans de nombreux pays, chaque patient.e et son diagnostic ont un prix spécifique. C’est ce qu’on appelle le DRG (Diagnosis Related Group). Il peut s’agir du lit, des frais de nettoyage et de chauffage de la chambre, de la nourriture, de l’eau des toilettes, etc. Le type de calcul permettant de tirer des bénéfices du travail de soins est basé sur un modèle de somme globale.

    Il s’agit en fait du même modèle que celui utilisé dans la production à flux tendu pour les voitures, l’électronique, etc. Toutefois, les usines et les hôpitaux diffèrent, par leur nature même, des industries de production. Lorsque, pour diverses raisons, le patient a besoin de plus de temps pour guérir que ce que prévoit le calcul de la gestion de la production à flux tendu, l’hôpital est déficitaire.

    Toutefois, la privatisation des hôpitaux n’est rentable que si cette logique de production fonctionne dans toutes les parties des processus de soins. Dans certains hôpitaux allemands, les infirmières se sont battues pour obtenir plus de gants, de masques, etc. car ces « calculs » étaient bien trop bas pour garantir un processus de travail sain.

    La plupart des patients sont des travailleur.ses. L’augmentation du nombre de patients s’explique non seulement par la pandémie de Covid-19 et l’augmentation de l’âge, mais aussi par l’augmentation des accidents du travail, des maladies mentales et des épuisements professionnels au cours des dernières années.

    En France, le cancer du sein a été reconnu comme une maladie professionnelle possible. Le risque de cancer du sein est 30 % plus élevé chez les travailleuses de nuit. La plupart des travailleurs de nuit travaillent dans les hôpitaux, le nettoyage, l’hôtellerie et le commerce de détail – la plupart d’entre eux sont des femmes et des personnes queer.

    Cela signifie que : D’une part, le risque de se retrouver à l’hôpital à cause d’un système de travail capitaliste dérégulé et surexploitant a augmenté. D’autre part, les hôpitaux sont préparés depuis des années à devenir un nouveau domaine de profit. Cela n’est possible qu’en les transformant en une industrie similaire à l’industrie automobile, etc.

    Cependant, comme nous traitons de la matérialité de notre monde, des limites physiques de la nature, l’industrialisation des soins ne peut que mal tourner et créer une crise grave et des mouvements de résistance. Nous observons déjà un système de soins de classe dans lequel les pauvres ont moins accès aux soins et meurent en moyenne plus tôt de maladies curables que les riches.

    En outre, les maladies qui accompagnent la surexploitation sur le marché du travail ne sont pas très rentables. Elles nécessitent plus de médecins, plus de soins, plus de médicaments et plus de temps pour guérir. Les maladies des travailleur.ses ne sont donc pas assez rentables.

    Crise des soins capitalistes dans les pays en développement, les villes, le climat et bien d’autres choses encore

    Dans de nombreux pays, les enfants souffrent de symptômes post-covidiques. Ce sont surtout les enfants des familles de la classe supérieure qui sont traités. Cependant, dans les familles plus pauvres où les parents ont été beaucoup plus souvent exposés à la pandémie, car ils travaillaient dans des « infrastructures critiques », le nombre réel de cas de post-covid pourrait être encore plus élevé. Cependant, le traitement n’est pas facilement accessible. Nous savons que la raison d’être de la Covid-19 est la surexploitation de la nature et le franchissement de plusieurs frontières physiques, la destruction des habitats naturels des animaux, le changement climatique et ainsi de suite, qui ont conduit à une zoonose et à une crise de la santé et des soins au cours des dernières années.

    À tout cela s’ajoute la façon néolibérale dont les villes et les modes de vie ont changé. Ces dernières années, le logement est devenu l’un des biens de consommation courante, ce qui empêche de nombreux travailleur.euse.s de vivre à proximité des centres-villes ou de leur lieu de travail. De nombreux travailleur.euse.s doivent faire la navette et n’ont donc ni le temps de travailler, ni celui de récupérer. Les centres commerciaux où les travailleur.euse.s les plus pauvres pourraient trouver des offres moins chères sont souvent très éloignés des zones où ils.elles vivent et il faut plus de temps pour y accéder.

    Dans certaines régions, les crises climatiques obligent même les travailleur.euse.s, pour la plupart des femmes, à parcourir des kilomètres pour aller chercher de l’eau, de la nourriture ou du carburant, ce qui augmente considérablement le temps qu’elles consacrent au travail reproductif.

    La crise des soins touche également tout ce qui concerne les soins aux personnes âgées. Lorsque les travailleur.euse.s ont été suffisamment exploité.e.s – dans certains pays, les travailleur.euse.s se sont battu.e.s pour obtenir des droits à la retraite – c’est-à-dire des paiements dont les travailleur.euse.s ont besoin pour à peine survivre.

    Dans de nombreux pays, les soins aux personnes âgées dépendent des revenus des travailleur.euse.s et de leurs familles. La crise de Covid-19 a mis en lumière les conditions dramatiques et horribles dans lesquelles les travailleur.euse.s pauvres, et même les travailleur.euse.s qualifié.e.s, doivent endurer jusqu’à la fin de leur vie. Les mauvais soins aux personnes âgées touchent souvent davantage les femmes, car leurs pensions sont beaucoup plus faibles. Avec de faibles pensions, elles ne peuvent pas s’offrir de meilleurs soins lorsqu’elles sont âgées.

    En France, les travailleuses sont en première ligne du mouvement de grève actuel. En raison de leurs bas salaires et de leurs emplois à temps partiel, elles devront, dans le cadre de la nouvelle réforme des retraites, travailler plus longtemps que les travailleurs masculins pour une pension encore plus faible. En Allemagne, l’écart entre les pensions des hommes et des femmes est de 46 %. En France, il est déjà de 33 %.

    Dans un tel système, les femmes, et en particulier les travailleuses migrantes, sont encore plus exploitées en travaillant pour entretenir la famille et pour le salaire. En outre, les travailleuses assument la charge mentale de la planification, de la gestion, de la programmation des besoins et des projets de tous les autres, perdant souvent les leurs dans le processus. Il n’est donc pas surprenant que plus de 70 % des personnes diagnostiquées comme souffrant d’épuisement professionnel soient des femmes.

    Exploiter les travailleuses tout au long de la chaîne mondiale de soins

    Sous le néolibéralisme, par rapport à la période d’après-guerre, les soins privés des travailleuses sont souvent devenus un obstacle à la surexploitation dans de nombreux pays, en particulier dans les pays du Nord. Ici, dans les centres impérialistes des chaînes de valeur mondiales, on a besoin de plus de techniciens et de cols blancs pour gérer et digérer les marchandises et les flux de capitaux provenant de l’extraction de la valeur dans d’autres parties du monde.

    C’est un mythe de croire que les travailleuses sont arrivées dans le monde du travail dans les années 1970. Comme dans de nombreuses régions du monde, les femmes n’ont jamais disparu de la population active. Elles ont surtout travaillé dans l’agriculture, la vente, la couture, etc. et ont été exploitées dans les ateliers, les hôpitaux, le nettoyage, etc.

    Toutefois, dans les centres impérialistes, on observe une tendance à « libérer » les travailleuses des tâches domestiques et des soins non rémunérés et à les remplacer par des travailleuses migrantes provenant principalement des régions les plus pauvres du monde. Les travailleuses qui emploient d’autres travailleuses plus pauvres pour nettoyer leur maison, s’occuper de leurs personnes âgées et de leurs enfants, travaillent souvent elles-mêmes dans le secteur des soins.

    Dans le même temps, les travailleurs migrants qui effectuent ce type de travail mal rémunéré, laissent leur travail de soins, lorsqu’ils quittent le pays, à des travailleurs migrants encore plus pauvres ou à des parents non rémunérés, tels que des frères et sœurs plus jeunes ou des enfants plus âgés. Souvent, ces travailleurs migrants sont des femmes et des personnes queer originaires des anciens États coloniaux, qui sont en quelque sorte réexploitées dans des conditions capitalistes.

    Cette interconnexion entre les différents travaux de soins est connue sous le nom de « chaîne mondiale de soins » – et elle exprime clairement que le travail social reproductif ne peut être éliminé ou mis de côté. Il s’agit au contraire d’un élément intrinsèque du fonctionnement du capitalisme.

    Les tentatives visant à réduire le travail de soins pour une partie de la société conduiront immédiatement à ce que d’autres travailleur.euse.s doivent effectuer davantage de travaux de soins dans de moins bonnes conditions. C’est un équilibre qui ne peut être résolu. Pas par l’automatisation, pas par la machine, parce qu’il s’agit d’une matérialité, d’un besoin fondamental d’être soigné, de parler à d’autres personnes, d’être aimé, d’être soigné, de parler, d’écouter, de manger ensemble et de sortir de l’isolement.

    La méthode atomiste que j’ai décrite au début n’est pas seulement une méthode analytique. C’est une abstraction réelle, une réalité violente que le capitalisme nous impose. Les processus d’accumulation du capital ont besoin d’une société pour maintenir un système qui exploite le travail excédentaire d’êtres humains naturellement sociaux qui prennent la quantité d’énergie supplémentaire dont ils auraient normalement besoin pour prendre soin les uns des autres et d’eux-mêmes.

    Dans le capitalisme, le lien entre les soins et le travail est rompu. Ce que nous produisons est privatisé dans des mains privées. C’est de l’énergie et du temps qui nous sont retirés, à nous et à nos communautés. Nous diviser en individus et nous détacher les uns des autres signifie nous aliéner du travail, mais aussi nous aliéner de notre propre reproduction sociale.

    Dans le capitalisme, nous ne travaillons pas en fonction de notre libre choix, mais parce que nous sommes obligés de le faire. Le patriarcat est un outil supplémentaire pour maintenir la division du travail et nous forcer à faire du travail de soins non rémunéré pour des travailleurs essentiellement masculins qui font trop de travail productif et n’ont plus guère d’énergie pour se reproduire ou reproduire les autres.

    L’atomisme est une réalité violente qui tente de transformer les travailleur.euse.s en robots – ce qui est toutefois impossible par nature.

    La crise de la reproduction sociale frappe tous.tes les travailleur.ses

    La reproduction sociale n’a pas lieu uniquement au sein du foyer et n’est pas uniquement assurée par les femmes. La récente grève des chemins de fer au Royaume-Uni était beaucoup plus liée au travail de reproduction sociale qu’elle n’en a été discutée. Les organisations de personnes handicapées et les personnes handicapées se sont exprimées en faveur de cette grève, parce qu’il s’agissait aussi de maintenir le personnel dans les trains, dans les gares et dans les guichets.

    Pour les personnes ayant des besoins particuliers, il est impératif qu’il y ait des travailleur.euse.s dans les trains et sur les quais pour les aider, qu’elles soient aveugles, temporairement blessées, incapables de marcher ou autre. Sans aide pour accéder au bon train dans la bonne direction, sans assistance pour ouvrir et fermer les portes des toilettes dans le train ou pour être accompagné la nuit sur le quai ou dans le train, la mobilité devient immédiatement inaccessible pour de nombreuses personnes.

    Mais les compagnies ferroviaires ne sont pas disposées à payer pour ce travail supplémentaire. En réduisant le personnel sur les quais, dans les trains et dans les bureaux, elles détruisent – ce que nous pouvons appeler – le tissu social de la société et la mobilité pour tous.

    Aux États-Unis, les travailleur.euse.s du secteur ferroviaire ont tenté de lancer une grève que le gouvernement « pro-travail » de Biden a honteusement interdite. La raison du conflit n’est pas l’argent, mais le droit de prendre des congés de maladie. Il est incroyable que les cheminots, tels que les conducteurs de train, les ingénieurs, etc. perdent des points de salaire et de pension lorsqu’ils décident d’aller chez le médecin. Des cas de conducteurs décédés d’une crise cardiaque pendant leur service ont été rapportés.

    Les discussions sur la réduction de la semaine de travail, le « quiet quitting », le « lying flat » ne sont pas l’expression d’un quelconque type de paresse (si ce terme n’est pas une invention de la classe capitaliste pour domestiquer les travailleur.euse.s), mais l’expression de la manière dont le néolibéralisme a avant tout intensifié les tâches et la productivité sur le dos du corps et de l’esprit des travailleur.euse.s. La crise de la reproduction sociale est un symptôme de la crise de l’emploi et du chômage.

    La crise de la reproduction sociale est un symptôme d’un système capitaliste en crise, avide de profits illimités, qui détruit toutes les frontières et les structures physiques naturelles.

    Comment les travailleur.euse.s se défendent-ils.elles ?

    La crise économique de 2007/2008 a accentué les contradictions dans la reproduction sociale mondiale. Les hôpitaux et autres infrastructures ont été privatisés, fermés ou soumis à des coupes sombres pour « économiser » l’argent nécessaire au sauvetage des banques et du système financier. La marchandisation de la santé a entraîné une diminution spectaculaire du personnel soignant dans ces secteurs, qui ne sont rentables que lorsqu’ils ne fonctionnent qu’avec quelques employés.

    Quelques exemples en Allemagne : les travailleuses et les travailleurs migrants ont longtemps été considérés comme « inorganisables » par les syndicats conservateurs. Mais la crise a radicalement changé cette image. À Berlin, en 2009, l’IG BAU, le syndicat des travailleurs de la construction, a organisé la « révolte des invisibles », une grève des femmes de ménage, qui étaient souvent invisibles, car elles nettoyaient la nuit ou tôt le matin et s’habillaient comme des fantômes, et ont organisé des manifestations pour rendre leur cause visible.

    La même année, la première grève des jardins d’enfants a eu lieu avec un fort taux de militantisme, qui devait revenir six ans plus tard, en 2015, avec une grève nationale de quatre semaines des jardins d’enfants et des travailleur.euse.s sociaux.ales. En 2011, la première grève des hôpitaux de la Charité de Berlin a été déclenchée pour quatre jours, ce qui a permis d’apprendre beaucoup de choses sur la différence entre une grève dans une usine automobile et dans un hôpital, en termes de type de pression implacable et hypocrite qui peut être exercée par l’establishment capitaliste.

    En cas de grève, les médias et les hommes politiques se mettent soudain à se préoccuper de la vie des patients de manière hypocrite. Mais ils n’ont aucune importance dans la crise des soins quotidiens. Souvent, ils ne demandaient même pas d’augmentation de salaire, mais davantage de personnel et le droit de fermer des lits lorsqu’il n’y avait pas assez de personnel pour une équipe.

    De même, les travailleur.euse.s des jardins d’enfants demandaient le droit de fermer les groupes les jours où ils.elles seraient seul.e.s avec plus de 15 enfants – car il y a eu des situations où les enseignant.e.s des jardins d’enfants sont resté.e.s seul.e.s avec une trentaine d’enfants de moins de six ans, ce qui a conduit à un épuisement professionnel massif.

    En Belgique et en Autriche, ROSA et les militants de l’ISA ont pu lancer des campagnes telles que « Santé en Lutte » et « Sozial aber nicht blöd » – en Belgique, en collaboration avec le syndicat – en Autriche, plutôt en tant que réseau de collègues. Dans de nombreux hôpitaux aux États-Unis, et maintenant aussi en Allemagne, les syndicats les plus à gauche se concentrent sur l’organisation en profondeur.

    Les groupes de travail lancent d’abord des campagnes de signatures auprès de tous leurs collègues et identifient les travailleur.euse.s les mieux organisé.e.s, les plus connu.e.s et les plus dignes de confiance, qui sont ensuite élu.e.s comme délégué.e.s syndicaux.ales au sein de leur équipe, à laquelle ils.elles font également rapport sur les négociations.

    En ce qui concerne la lutte contre le racisme et la xénophobie enracinés dans ce que l’on appelle la « chaîne mondiale des soins », Ruth Coppinger, de ROSA en Irlande, travaille avec des groupes d’infirmières migrantes qui sont organisées à la fois dans le syndicat des infirmières au sens large, mais aussi au sein de leur propre association d’infirmières migrantes – elles se battent pour l’égalité et la reconnaissance de leur formation exemplaire, le manque de reconnaissance de cette même formation voit des infirmières migrantes pleinement qualifiées travailler pour un salaire inférieur à celui de leurs collègues déjà sous-payés, et pour l’assistance et les droits en termes de visas pour elles-mêmes et les membres de leur famille, entre autres questions.

    L’Afrique du Sud a connu une grève de dix jours dans les hôpitaux en mars 2023, et une grève des médecins au Zimbabwe. En Chine, des grèves ont eu lieu dans les hôpitaux en raison du manque de personnel et de matériel de protection pour les étudiants en médecine. L’année 2022 a également été marquée par le retour de la « vague blanche » de grèves du personnel hospitalier et soignant en Espagne qui, en décembre 2022, a conduit à l’occupation du ministère de la santé à Madrid. En Russie, une grève de ralentissement a eu lieu dans plusieurs villes, les médecins luttant contre les coupes budgétaires et les bas salaires.

    Un médecin a écrit sur Twitter : « Une grève est la plus grande déclaration d’amour à notre système de santé et le seul moyen de l’améliorer ».

    Alternative Socialiste met l’accent sur les soins et non sur le profit

    ROSA soutient les luttes menées dans le monde entier par les travailleur.se.s.x de la santé, pour améliorer leurs conditions de travail, pour former et employer plus de personnel, pour des augmentations de salaire immédiates supérieures à l’inflation, etc.

    Nous demandons l’arrêt immédiat de la privatisation dans le secteur des soins ; la resocialisation des soins, leur retrait complet des mains du secteur privé et le démantèlement de Fresenius, Helios, Orpea, etc.

    Nous sommes favorables à des soins universels entièrement publics, de qualité et gratuits au point de prestation – ces soins devraient être financés par l’utilisation des richesses détenues par le secteur privé qui doivent être reprises dans l’intérêt de l’humanité.

    Pour que les soins de santé et les services sociaux soient publics, laïques et progressistes, ils doivent être complètement retirés des mains des églises et autres institutions religieuses.

    Outre les services publics tels que les crèches universelles et gratuites, les écoles locales de qualité, les soins aux personnes âgées, etc., nous reconnaissons que l’accès libre et sans entrave à l’avortement, à la contraception et aux soins de santé pour les personnes transgenres sur demande, sans honte, sans barrières juridiques ou sans contrôle, sont des droits essentiels pour les personnes qui travaillent dans le secteur des soins et pour celles qui sont chargées de soins non rémunérés.

    Les travailleur.se.s du secteur des soins, en particulier les infirmier.ère.s, sont fréquemment victimes d’agressions, de harcèlement sexuel et de racisme sur leur lieu de travail. En outre, la misogynie médicale, les disparités raciales dans les soins, le traitement brutal des personnes transgenres et l’interconnexion des deux sont quelques-uns des problèmes auxquels les patients sont confrontés.

    Ainsi, la lutte pour des soins adéquats doit être intrinsèquement une lutte anti-sexiste, anti-transphobe et anti-raciste.

    Les soins devraient être démocratisés, par exemple en confiant la gestion des prestataires de soins publics à des comités élus composés de représentants des travailleur.se.s du secteur des soins, des patient.e.s/client.e.s et du mouvement syndical dans son ensemble.

    Fondamentalement, le système capitaliste et sa recherche brutale du profit constituent un danger pour la santé humaine et la planète. La recherche du profit au cœur du capitalisme est diamétralement opposée à la centralité des soins. Le profit et les soins s’opposeront toujours. Ce fait est au cœur de la crise insoluble du capitalisme en matière de soins.

    Les luttes des travailleur.se.s du secteur des soins, les mouvements pour l’amélioration des droits et de l’accès aux soins, à la santé, aux aides et aux services sociaux, sont des luttes situées sur le site de cette collision – et sont des luttes intrinsèquement liées aux besoins et aux intérêts de l’ensemble de la classe ouvrière mondiale.

    Les luttes liées à la crise des soins doivent être associées à d’autres luttes des travailleur.euse.s et des opprimé.e.s du monde entier dans un mouvement socialiste contre la loi du profit – une lutte pour retirer les richesses et les ressources des mains du secteur privé.

    Avec les leviers clés de l’économie en propriété publique – combattus et gagnés par une classe ouvrière active, consciente, organisée et socialiste et par les masses pauvres qui se sont levées contre la propriété privée de la richesse et l’État qui la défend – un plan démocratique de l’économie pourrait mettre les soins aux personnes et à la planète au centre même de tout. Cela fait partie intégrante de la lutte socialiste et du changement socialiste.

  • Démission de Sarah Schlitz : la droite instrumentalise ses faiblesses

    Si Sarah Schlitz (ECOLO) était dans le collimateur de la N-VA – et des autres éléments de droite dure dans la majorité – c’est très clairement dû à son discours en faveur des droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. Dans la presse, elle a été qualifiée de progressiste, voire de « radicale ». Elle dénotait dans un gouvernement de droite qui continue d’expulser des Afghanes, qui mène des attaques qui impactent l’indépendance financière des femmes et qui est sous le coup de 8000 condamnations pour non-respect de l’État de droit sur les questions liées au droit d’asile… Siéger dans un tel gouvernement ne semblait pas conciliable avec son discours : soit on abandonne ses principes, soit on se fait éjecter. Il semble ici que ça soit les deux.

    Réaction de la Campagne ROSA à la démission de Sarah Schlitz 

    Deux poids, deux mesures

    L’ancienne Secrétaire d’État à l’Égalité des genres, l’Égalité des chances et à la Diversité, Sarah Schlitz, a aidé à mettre sur le devant de la scène le problème majeur que constitue le sexisme et la LGBTQIA+phobie. C’est de loin la Secrétaire d’État à l’Égalité des chances qui s’est le plus distinguée au travers notamment d’une hyper-communication permanente qui a certainement servi à visibiliser les problématiques, mais s’est souvent limitée à ça. Elle s’est positionnée comme étant en phase avec les associations de terrain.

    La droite lui reproche d’avoir imposé son logo personnel à des associations pour l’obtention de subsides. Rien de neuf sous le soleil… L’hypocrisie de la N-VA, qui a dénoncé ces agissements, est sans limite. Sarah Schlitz a perpétué un fonctionnement problématique. Zuhal Demir (N-VA), qui a occupé le même poste durant la précédente législature, en avait également été accusée. Une telle personnalisation des subsides restreint toute possibilité pour les associations d’émettre un avis critique quant à la politique menée par le gouvernement. Pour Demir, de simples excuses au Parlement ont suffi. Qu’est-ce qui diffère cette fois-ci ? Un mensonge au Parlement ? Peut-être, mais ce n’est clairement pas le principal.

    Loi pour lutter contre les féminicides, projet d’introduction de la notion de consentement dans le Code pénal, création de 10 CPVS… Voilà quelques-uns des projets portés par l’ancienne Secrétaire d’État à l’Égalité des chances. Ces réformes, pourtant minimales, ont suffi à attirer la hargne des réactionnaires de tous bords. Ils étaient à l’affut du moindre prétexte pour se lancer à l’attaque. C’est ici encore une illustration du « backlash » antiféministe, un retour de bâton après une décennie d’essor des luttes féministes à travers le monde.

    La politique, une affaire d’individus ?

    Avec les bonnes personnes au bon endroit, beaucoup estiment qu’un changement social pourra voir le jour. Nous vivons cependant dans une société structurellement inégalitaire. Les 1% de Belges les plus riches détiennent un quart de toutes les richesses et possèdent plus de richesses que les 70% les plus pauvres. L’expérience nous prouve que dans une telle société, les réformes d’ampleurs – et un changement social – ne peuvent être obtenues que par la lutte collective. Grimper dans un gouvernement dont l’accord de majorité s’oppose frontalement aux revendications portées par les luttes de la classe travailleuse (qui comprend aussi les femmes, les personnes LGBTQIA+, les migrant.e.s ou encore des jeunes) ne permet pas, en toute logique, de traduire ses aspirations !

    La période actuelle est encore marquée par l’influence du néolibéralisme et par plusieurs décennies de recul des luttes collectives. L’atomisation de la société a donné de l’espace à l’idée fausse selon laquelle l’individu – et non les luttes collectives – pouvait résoudre les inégalités sociales et s’en prendre efficacement aux oppressions. Avec cette vision, il est logique que Sarah Schlitz ait cru pouvoir, elle seule et son cabinet, faire la différence sur ces thèmes. Bien que bosseuse et convaincue de la nécessité d’œuvrer pour plus d’égalité, la stratégie de la politicienne providentielle qui participe à un gouvernement de droite a vite montré ses (énormes !) limites.

    Dès le départ, Sarah Schlitz s’est retrouvée sous le feu des attaques de la part de la droite, au sein même de sa majorité et en dehors. Lorsqu’elle a nommé Ihsane Haouach au poste de Commissaire du gouvernement à l’Égalité entre les femmes et les hommes, cette dernière a été systématiquement réduite à son genre et à son voile tant par la droite que par les médias. Le MR de Georges Louis Bouchez (dans la majorité) et la N-VA (dans l’opposition) ont organisé une campagne médiatique visant à décrédibiliser Ihsane Haouach, allant jusqu’à exiger qu’elle retire son voile. Un mois plus tard, elle a été poussée à démissionner. La presse avait relayé sans prudence une fake news qui indiquait des liens avec les Frères musulmans. Cette séquence aurait dû alerter Sarah Schlitz sur la nature de ses alliés au gouvernement.

    Il n’y a d’une part pas besoin de fondement réel pour pousser quelqu’un à la démission pour autant que l’on dispose d’un bon rapport de force. D’autre part, il était clair qu’on n’allait pas lui laisser de véritable marge de manœuvre. Au mieux, elle ne pouvait être que la feuille de vigne féministe d’un gouvernement de droite.

    Lutter contre les oppressions et l’exploitation exige avant tout de construire un puissant mouvement social pour créer un rapport de force qui nous soit favorable. Être membre d’une équipe gouvernementale qui n’hésite pas à utiliser le racisme et le sexisme pour mener à bien ses manœuvres politiques et diviser toute résistance est une voie sans issue.

    Un pas en avant, deux pas en arrière…

    Fin octobre, Sarah Schlitz est parvenue à faire passer une loi contre les féminicides. Elle met enfin en place un recensement officiel, des formations pour les policier.ère.s et les magistrat.e.s, des protocoles d’évaluation des risques et le choix par la victime du genre du/de la polici.ère.e. qui l’interroge. Cependant, les moyens supplémentaires n’y ont pas été joints. L’application de la loi semble, dès lors, plus que compromise au vu du profond sous-financement de la police et de la justice.

    Lundi, le dernier Centre de prise en charge des victimes de violences sexuelles (CPVS) a été inauguré à Namur. L’existence de CPVS est une immense avancée pour chaque personne qui y a recours ! Les 10 CPVS pourront prendre en charge 3.324 victimes par an. Cependant, c’est moins de la moitié des 8.000 plaintes annuelles (en sachant qu’un dixième des victimes porte actuellement plainte). Le CPVS de Bruxelles a déjà frôlé la saturation… Sarah Schlitz affirme que désormais chaque victime aura un CPVS à une heure de chez elle. La Belgique est petite, mais 10 centres, c’est bien trop peu. Ils resteront en grande partie inaccessibles à celles et ceux qui habitent loin des villes où ils sont implantés. Nous en avons aussi besoin aux abords de chaque campus ; c’est la seule conclusion qui s’impose quand on sait qu’une étudiante sur cinq a déjà subit une tentative de viol.

    D’autre part, le gouvernement dont Sarah Schlitz a pleinement fait partie applique des politiques qui s’en prennent aux femmes et à l’ensemble des personnes opprimées et exploitées. La norme de croissance dans le secteur des soins a été réduite, les travailleurs.euses du parascolaire et des crèches ont des conditions de travail et salariales invivables, etc. Les travailleurs.euses à temps partiels – dont 80 % sont des femmes – sont durement attaqué.e.s. Il faut désormais travailler un an à temps plein pour avoir droit à un crédit temps permettant de s’occuper d’un enfant ; et ce dans un contexte où il n’y a de la place en crèche / chez une gardienne que pour 1/3 des bébés. La pension des temps partiels va être encore réduite et les périodes d’interruptions de carrière ne seront plus prises en compte. Les femmes gagnent déjà en moyenne 23,1% de moins par an que les hommes. Lorsqu’elles prennent leur retraite, l’écart monte à 30 %. Et ça va donc encore grimper… On le sait, les violences envers les femmes augmentent avec leur précarisation. L’importante entrée de la notion de ‘consentement’ dans le Code pénal et la création de CPVS ne permettra pas aux victimes de fuir une situation de violence domestique ou au travail sans moyens financiers.

    Mensonge ?

    Conscient ou non, le mensonge qui pose problème n’est pas celui fait devant le Parlement, mais celui de faire croire que de véritables avancées sont possibles en faisant l’économie de la lutte collective ; qu’il suffit d’avoir la bonne personne au bon endroit. En forçant Sarah Schlitz à la démission, les réactionnaires ont encore gagné en confiance. Des mesures inédites ont été mises en place par Sarah Schlitz, mais sans financement, il n’en restera pas grand-chose. Une lutte collective est nécessaire pour aller chercher l’argent là où il se trouve, pour assurer un financement des services publics sociaux et de santé à hauteur des besoins, pour arracher des salaires et des allocations qui assurent notre indépendance financière.

    Sans ça, le sexisme, la LGBTQIA+phobie, le racisme ne pourront être mis à mal. En finir avec ces fléaux implique obligatoirement d’en finir avec le capitalisme, dont l’exploitation et l’oppressions figurent dans l’ADN, pour construire une société où les richesses de la société permettront à la collectivité de garantir l’épanouissement de chacun.e, une société socialiste démocratique.

  • La petite enfance en lutte! Témoignages de grévistes

    Le piquet était déjà bien fourni et (très) dynamique ce matin, peu après 7h, quand nous arrivons aux portes de la crèche publique de Herstal. Pas mal de crèches de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont été touchées par des actions de grève et des arrêts de travail ce mercredi 26 avril. Partout, c’est le même constat : un métier qui pour beaucoup est avant tout une vocation devient méconnaissable. Les gens craquent face au manque de moyen et de collègues.

    Une telle mobilisation du secteur de la petite enfance est inédite et, en région liégeoise, elle se situe dans le prolongement de la mémorable grève des services publics du vendredi 10 mars. Les crèches publiques y avaient alors été fermées durant toute la semaine ! De mémoire de puéricultrice, on n’avait jamais vu ça.

    https://fr.socialisme.be/95496/secteur-de-la-petite-enfance-greve-historique-des-puericultrices-a-liege

    C’est ce que souligne Huberte, qui a derrière elle 40 ans de carrière dans le secteur. « La charge est de plus en plus lourde, ça fait longtemps que les choses empirent. Mais il faut se rendre compte que le personnel est prisonnier d’une sorte de chantage affectif : on doit tout accepter « pour le bien-être des enfants, des familles ». Et on se laisse prendre au jeu. Alors on tire sur la corde. Et on se retrouve à gérer une multitude de fonctions sans les moyens qui vont avec. On ne peut tout simplement pas réaliser tout ce qu’on nous demande. » Suzanne, technicienne de surface solidaire résume les choses ainsi : « On devrait être des pieuvres, avoir 8 bras et aller partout. Plus on avance, plus on nous demande. Il faut alléger la charge de travail. » Une puéricultrice dénonce : « On a déjà des jeunes qui ont des problèmes de dos, c’est impossible de tenir. » Et quand quelqu’un tombe en arrêt maladie, le personnel manque encore plus. Un cercle vicieux.

    Pour Valérie, déléguée FGTB, la pandémie a constitué un véritable point tournant. « Le covid  a illustré tous les manquement, la mobilisation vient aussi de là. D’ailleurs, on a été parmi les premières à coudre des masques en tissu. » L’entrée en action collective s’est inscrite logiquement dans la foulée de cette initiative solidaire.

    Un métier essentiel

    Quasiment toutes les puéricultrices en grève avec lesquelles nous avons discuté parlent du manque de reconnaissance du métier. Huberte développe un exemple concret : « On doit gérer un goûter. Si un ou une veut aller aux toilettes, on doit délaisser tout le groupe d’enfants et si un parent arrive, on doit s’en occuper aussi. On est dans l’éclatement permanent des tâches, toute la journée. C’est stressant, et viennent encore s’ajouter les pleurs et l’activité des enfants. C’est un métier très lourd qui est fort méconnu. »

    Mais l’essentiel de la reconnaissance bien entendu doit venir des autorités : « On veut plus de reconnaissance de manière globale. On n’écoute pas assez les gens de terrain. Quand l’ONE ou la FWB débarquent, c’est pour discuter avec la direction. Qu’ils viennent gérer 9 enfants en étant seul, on verra bien sur quelle base on discute après ! » Car si l’actuelle norme d’encadrement dans les crèches est d’une personne pour 7 enfants, il est question de passer à un ratio de 1 pour 9. Sur le piquet, les avis sont unanimes, c’est tout simplement se moquer du personnel et des enfants. « On est un service public, pas un asservissement public », synthétise Huberte.

    Luttons tous ensemble !

    Antonia, jeune militante syndicale fraichement devenue déléguée souligne aussi les pensions et l’absence de solutions pour aménager les fins de carrière. On pense de suite à la France et au combat contre la réforme des retraites qui a été capable d’attirer dans la lutte de larges couches de la société. « On ne sait pas s’ils vont gagner, mais on devrait faire comme là. » Sa camarade Valérie renchérit : « Lors des formations syndicales de la FAR (Form’action André Renard, centre de formation liégeois de la FGTB, NDLR), on échange avec les autres délégués, on se rend bien compte que le manque de moyens, il est partout. » D’ailleurs, comme pour souligner le potentiel d’une lutte commune, les CPAS étaient en action hier, la petite enfance aujourd’hui et l’enseignement francophone demain. Les points communs ? Le manque de moyens, le manque de collègue et la surcharge de travail.

    Il nous faudrait un bon plan d’action discuté à la base pour regrouper les différentes initiatives et leur donner une perspective de victoire. C’est vrai, les échéances électorales de 2024 approchent, et certains peuvent avoir l’impression qu’il faut attendre ce que les urnes vont donner. Mais simplement attendre sans rien faire serait une erreur : la meilleure manière d’imposer nos inquiétudes et nos revendications au centre du débat public, c’est une action collective audacieuse, avec des revendications claires, pour construire le rapport de force capable d’aller chercher l’argent là où il est.

  • Rencontre internationale ROSA en Belgique : Le féminisme socialiste, plus nécessaire que jamais !

    Les 18 et 19 mars, le coeur du féminisme révolutionnaire battait à Vienne ! Plus de 200 activistes féministes s’étaient réuni.e.s pour la première conférence internationale de féministes socialistes depuis plus d’un siècle !

    Ce vendredi 14 avril, à 19h, à la @Pianofbariek (BXL), venez entendre des participantes de Belgique et d’ailleurs venir partager leurs expérience de cette conférence historique ! (rapport et photos de la conférence de Vienne: https://fr.campagnerosa.be/…/19390-femme-vie-liberte…)

    L’événement abordera aussi le lancement de la 3e édition de la campagne “Pride is a protest” en défense des droits des personnes LGBTQIA+! Il sera encore question de beaucoup d’autres choses encore…

    Viens nous rencontrer pour t’engager activement dans cette lutte !

    Prends ta prévente à 7€ (tarif social) / 15€ et participe le lendemain à la journée de discussion et formation “Socialisme 2023”.

    Plus d’info et programme complet : https://linktr.ee/lsppsl et ici : Révolté.e? Viens (re)découvrir Marx et le socialisme révolutionnaire

    Les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ sont sous pression dans le monde. Aux États-Unis, le droit à l’avortement a été limité. Des sexistes et abuseurs comme Jeff Hoeyberghs et Johnny Depp retrouvent la bienveillance des médias. Continuons la lutte ! Les crises alimentent les oppressions. Il faut passer de la visibilisation du problème à la lutte contre ses racines !

    Avec Marisa (ROSA Belgique), Frede (Pride is a Protest), Anja (coordinatrice du réseau ROSA international) et une militante de ROSA international (Résistance contre l’oppression, le sexisme et l’austérité).

    Ce meeting sera traduit vers le néerlandais, l’anglais et le français.

  • Femme, vie, liberté ! Conférence internationale ROSA : une réussite à la hauteur des défis qui nous font face !

    WOW ! Pour une première, c’était fameux ! Plus de 200 activistes de 19 pays différents se sont retrouvé.e.s à Vienne le week-end du 18 et 19 mars dernier à l’initiative du réseau international féministe socialiste ROSA, une initiative d’Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge). Des militant.e.s d’Inde, d’Afrique du Sud, du Brésil, du Mexique, des Etats-Unis… et de Belgique bien entendu ont participé à cette première conférence internationale féministe socialiste qui a abordé le combat pour l’émancipation des femmes et des personnes opprimées deux jours durant.

    Les membres de ROSA et d’ASI étaient accompagné.e.s de délégations de groupes féministes socialistes actifs à Prague et à Budapest, avec lesquels nous avons eu des échanges fructueux sur la manière de renforcer la lutte féministe socialiste au niveau mondial. Parmi les oratrices invitées figuraient Angeline Van Den Rijse (présidente de la Centrale générale FGTB Flandre orientale), Dunia d’Aid Access (association qui fournit un accès à l’avortement médicamenteux en ligne et par courrier dans le monde entier) et Parisima Khoran du mouvement de solidarité iranien Woman Life Freedom.

    Ce drapeau de la FGTB sera bientôt accroché dans le nouveau bâtiment du syndicat irlandais Unite.
    Ce drapeau de la FGTB sera bientôt accroché dans le nouveau bâtiment du syndicat irlandais Unite.

    L’événement était placé sous le signe de la révolte de masse en Iran, mais il a également été ques­tion du «backclash» ou retour de bâton 5 ans après Metoo, de l’oppression liée au système de caste en Inde, de la ma­nière dont l’impérialisme a renforcé les éléments de division et d’oppression pour maintenir sa do­mination dans les colonies, de la relation entre les multiples crises du capitalisme et l’oppression des femmes et des personnes LGBTQIA+, des pionnières du féminisme socialiste que sont Eleanor Marx, Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï… Mais aussi des stratégies locales et internationales et du pro­gram­me nécessaire pour en finir avec l’exploitation et l’oppression.

    Odile, membre de la Campagne ROSA et du PSL en Belgique : « Les conversations ne s’arrêtaient ja­mais ; il suffisait de tourner la tête pour croiser le regard d’un.e camarade d’un pays où on n’avait ja­mais mis les pieds, et de commencer une discussion passionnante sur les aspects spécifiques des luttes dans son pays. J’ai appris sur la crise du logement en Irlande, l’impact du colonialisme sur les frontières géographiques et linguistiques en Inde et aux alentours, la lutte contre l’extrême-droite au Mexique, les manifestations contre le gouvernement de Netanyahou en Israël-Palestine,… Et à chaque fois, le travail formidable que les membres ROSA y effectuent, et les victoires qu’ils et elles y obtiennent. Je reviens de Vienne avec un extraordinaire optimisme, des analyses politiques et des méthodes renforcées, qui n’atten­dent qu’à être mises en pratique ! »

    Phemelo, membre de ROSA et du WASP (Workers and Socialist Party), section sud-africaine d’ASI : « Avec cette conférence, j’ai beaucoup appris sur l’internationalisme. Le travail que font les camarades nous motive à vraiment intervenir dans le mouvement féministe et à affiner le type de stratégies à utili­ser, avec une analyse de classe et une direction féministe socialiste. Le système capitaliste doit dispa­raître ! Le fait que la Cour suprême ait retiré le droit à l’avortement aux Etats-Unis signifie que nous sommes constamment menacé.e.s. Nos droits, les gouvernements alliés aux capitalistes peuvent nous les donner quand ils veulent faire taire les luttes de masse de la classe ouvrière et ils peuvent les retirer quand ils veulent économiser de l’argent ou appliquer une politique de droite et d’extrême droite. C’est pourquoi nous devons vraiment travailler à renverser le système. Cela nous dépasse et il ne s’agit pas seulement d’activisme, il s’agit d’apporter une révolution pour les femmes et toutes les personnes op­primées par le système capitaliste. »

    Nico, membre ROSA en Allemagne : « C’était formidable d’entendre des gens du monde entier; j’ai re­marqué que nous sommes tous et toutes dans la même lutte. Nous avons des problèmes similaires, ils sont plus difficiles dans certains pays, mais ils proviennent du même système. Les mêmes formes de lutte sont utilisées et s’influencent mutuellement dans différents pays, comme les grèves féministes. C’est aussi intéressant d’entendre parler des combats héroïques de certains camarades, comme à Hong Kong, par exemple, où des camarades mettent leur vie en danger pour lutter pour leurs droits et les droits de la classe ouvrière internationale. »

    Une soirée était organisée le samedi soir. La musique de lutte a envahi la salle, les militant.e.s de ROSA chantant et dansant sur “Feelin’ Good” de Nina Simone et sur le chant de ralliement de la résistance “Fascists Bound to Lose” (les fascistes sont condamnés à perdre). Des poèmes antiracistes et féministes poignants ont été récités, les militant.e.s dans le public chantant aux côtés des artistes en signe de soutien. Le meeting de clôture s’est achevé par une interprétation émouvante de l’hymne socialiste-féministe “Bread and Roses”, à laquelle les 200 participant.e.s ont pris part.

    Ces témoignages ne montrent qu’une infime partie de la richesse de cet évènement. Vous n’avez pas pu y assister ? N’hésitez pas à vous inscrire alors au week-end socialisme : ce 14 et 15 avril à Bruxelles, deux jours de discussions (avec des oratrices internationales), pour tou.te.s ceux et celles qui se demandent comment organiser aujourd’hui la lutte pour un monde sans sexisme, sans racisme, sans LGBTQIA+phobie, et sans capitalisme.

  • La faiblesse incite à l’agression – Bloquer l’offensive sexiste de la droite avec une approche de classe

    Le chorégraphe Jan Fabre, le producteur de télévision Bart De Pauw, Johnny Depp : ces derniers temps, des abuseurs semblent bénéficier d’une certaine réhabilitation. Même Jeff «les femmes refusent d’ouvrir les jambes» Hoeyberghs a été partiellement «blanchi» de ses propos sexistes ignobles. La polarisation autour de cette question est plus forte qu’auparavant. Comment réagir ? Quel rôle les féministes socialistes peuvent-elles jouer pour assister la lutte ? Nous en avons parlé avec Mai et Frede, militantes de la Campagne ROSA.

    https://fr.socialisme.be/94989/on-ne-nous-fera-pas-taire-stop-au-backlash-antifeministe
    https://fr.socialisme.be/94982/battons-nous-pour-lextension-des-services-publics-vers-la-socialisation-des-taches-domestiques

    Il n’y a pas si longtemps, Fabre et De Pauw se faisaient cracher dessus, aujourd’hui ils peuvent compter sur une sympathie ouverte. Que se passe-t-il ?

    Frede : « Les médias utilisent fréquemment l’analogie d’un pendule qui repart en sens inverse, comme si le féminisme et le sexisme étaient deux phénomènes s’alternant sans cesse. C’est parfaitement faux. La vague féministe de la dernière décennie n’a pas disparu. On continue à descendre dans les rues contre le sexisme, je pense que l’Iran l’a encore magnifiquement confirmé. Mais si nous-mêmes ne sommes pas à l’offensive, alors on laisse un espace à la droite pour qu’elle pousse toujours  plus loin son sexisme. Des abuseurs peuvent alors tenter de redorer leur blason. »

    Les violences faites aux femmes ne diminuent pas. #Metoo a-t-il eu un effet ?

    Mai : « Le sexisme est moins acceptable, on y prête beaucoup plus attention, tout particulièrement chez les jeunes. Il suffit de penser à la révolte contre les codes vestimentaires, aux réactions contre les comportements abusifs de profs ou à la jubilation de masse suite à l’arrestation du masculiniste Andrew Tate. Mais le sol d’alimentation du sexisme n’a pas disparu. Et les crises qui surgissent alimentent l’oppression. Le manque de moyens pour les crèches, par exemple, participe à pousser les femmes à rester chez elles. »

    Frede : « L’augmentation du coût de la vie et des études rend les jeunes plus vulnérables financièrement et donc plus vulnérables à la violence. De plus en plus de jeunes sont poussés vers une forme ou l’autre de prostitution. Nous avons aussi connu l’augmentation des violences domestiques durant les confinements. »

    Des masculinistes notoires comme Andrew Tate ou Dries Van Langenhove, en Flandre, rassemblent beaucoup d’adeptes. Comment est-ce possible ?

    Mai : « D’ignobles sexistes répandent le mensonge que #metoo et le féminisme actuel représentent une attaque contre les hommes. Pour eux, un homme doit être dur, gagner beaucoup d’argent et soumettre les femmes. Ils essayent de donner l’impression de s’opposer au « mouvement woke » féministe. Ce qu’ils font en réalité, c’est ressasser les vieux rôles de genre et une vision éculée de la famille. »

    Frede : « Tate, Van Langenhove & Co testent les limites de ce qui est considéré comme acceptable. S’ils ne rencontrent pas de résistance audacieuse et consistante, ils sont stimulés pour aller encore plus loin. »

    Avec l’abolition de l’arrêt Roe v. Wade aux États-Unis, le droit à l’avortement a connu de sévères restrictions. Davantage d’attaques de ce genre sont-elles à l’ordre du jour ?

    Fede : « L’extrême droite essaie de s’en prendre aux droits des femmes. Aux États-Unis, les conservateurs n’ont pratiquement pas eu à affronter d’opposition des Démocrates dans leur attaque contre le droit à l’avortement. Pourtant, dans la rue, le mouvement a généralement le dernier mot. Meloni, la nouvelle première ministre italienne, est une opposante convaincue de l’avortement. Mais elle a déclaré qu’elle n’y toucherait pas, du moins pas frontalement. Elle redoute la résistance féministe. Ce n’est pas un hasard si le mouvement des femmes a été le premier à réagir à sa victoire électorale. »

    Mai : « À l’autre bout du monde, les féministes sud-coréennes occupent les rues en masse et s’organisent en « tsunami » (Haeil est le terme coréen qui désigne un tsunami, c’est aussi le nom de l’organisation féministe qui dirige le mouvement) contre la suppression du ministère de l’égalité des genres et d’autres mesures sexistes. »

    Quelle réponse défendent les féministes socialistes contre l’offensive de droite contre le féminisme ?

    Mai : « Nous devons nous mobiliser dans la rue contre chaque cas de sexisme. Quand Jeff Hoeyberghs a été condamné pour sa conférence sexiste à l’Université de Gand, c’était la première fois que le sexisme était considéré par les tribunaux comme un appel à la haine. Cela ne se serait pas produit sans la mobilisation de la Campagne ROSA durant le meeting et ensuite, notamment avec la vidéo de ses propos qui a obtenu plus de 2 millions de vues. La mobilisation est la meilleure manière de démontrer que sexisme est – et reste – inacceptable. »

    Frede : « Mais il nous faut aussi des revendications offensives. Lors de la lutte contre le meeting de Hoeyberghs, nous avons exigé d’une part l’exclusion du cercle étudiant catholique d’extrême droite KVHV responsable de l’événement et d’autre part que l’UGent investisse dans l’égalité des genres.

    « Nous devons attirer l’attention sur la précarisation croissante des moyens d’existence des travailleur.euse.s et de la jeunesse, car cela nourrit le sexisme. Il faut plus de moyens publics dans l’accueil de la petite enfance et les refuges, par exemple. Et il faut garantir l’indépendance financière de chacun.e grâce à des allocations sociales et des salaires décents. Nous estimons donc que les syndicats ont une place centrale à occuper dans les luttes féministes. C’est leur force organisée dans un plan d’action qui peut arracher des salaires plus élevés et plus d’investissements publics. »

    Mai : « Bien sûr, aucune victoire n’est permanente sous le capitalisme et il ne faut pas grand-chose pour se heurter aux étroites limites de ce qu’autorise la logique de profit. En finir avec le sexisme, c’est en finir avec le capitalisme. »

    Pourquoi un système différent est-il nécessaire ?

    Mai : « Le capitalisme a besoin du sexisme pour continuer à tourner. Les femmes réalisent des milliards d’heures de travail domestique gratuit, tout un travail qui n’a pas besoin d’être organisé publiquement et inclus dans les salaires. Pas d’argent pour les crèches ? Les parents n’ont qu’à rester à la maison. Vos grands-parents sont malades ? Pourquoi ne pas les accueillir chez vous ? Le sexisme est utilisé pour faire porter les effets de la politique antisociale sur l’individu. Et l’inégalité salariale fait pression sur tous les salaires. Les rôles de genre traditionnels sont essentiels au  bon fonctionnement du système capitaliste.

    Frede : « Assurer l’émancipation des femmes exige de libérer des moyens suffisants : pour des salaires décents, des crèches publiques gratuites en suffisance, des soins de qualité pour les personnes âgées, des espaces publics plus sûrs… L’argent existe, mais il disparaît dans les paradis fiscaux. Seule une société socialiste peut arracher les moyens qu’exige une politique qui repose sur ce qui est nécessaire à l’épanouissement de chacun.e. »

  • [EN ACTION] Le 8 mars et toute l’année : on ne nous fera pas taire!

    La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) était dans la rue ce 8 mars contre le sexisme et la vie chère et pour un féminisme de combat !

    https://fr.socialisme.be/94989/on-ne-nous-fera-pas-taire-stop-au-backlash-antifeministe
    https://fr.socialisme.be/94982/battons-nous-pour-lextension-des-services-publics-vers-la-socialisation-des-taches-domestiques
    https://fr.socialisme.be/94797/en-mars-le-coeur-du-feminisme-revolutionnaire-battra-a-vienne

    Malgré les fortes pluies, malgré la neige et le froid, nous sommes nombreu.x.ses à être descendu.e.s dans les rues en cette Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. 5 ans après le début du phénomène #MeToo, qui peut encore ignorer l’ampleur de ce fléau ?! Pourtant, avec les crises qui s’accumulent et la précarité qui s’étend et s’installe, les violences sexistes sont en hausse. 

    Ce 8 mars nous avons scandé : « Travail précaire, retraite de misère, c’est du sexisme qui en a pas l’air », « Seksisme en geweld zijn gevolg van beleid! De plaats van vrouwen is in de strijd ! ». La précarité empêche trop souvent d’être capable d’échapper aux abus ou situations dangereuses. Ce 8 mars, la Campagne ROSA a manifesté avec détermination à Liège, Bruxelles, Louvain, Anvers et Gand. Partout, nous avons dit STOP au sexisme, à la précarité et au système capitaliste !

    A ceux qui veulent intimider les femmes, nous répondons : RESISTANCE

    La Campagne ROSA s’était aussi fait connaître pour avoir dénoncé les propos misogynes tenus par Jeff Hoeyberghs lors d’une conférence du cercle étudiant d’extrême droite KVHV, en mobilisant aux portes de ce meeting réactionnaire et en diffusant par la suite une vidéo aux 2 millions de vues, prélude à un nouveau rassemblement de 500 étudiant.e.s. Par la suite, Jeff Hoeyberghs avait été condamné pour appel à la haine mais finalement, la semaine dernière, il a quasiment été acquitté! Au lendemain du 8 mars, voilà que des militantes de la Campagne ROSA sont convoquées à la Chambre du conseil (une chambre du tribunal de première instance) suit à la plainte de ce dernier datant de 2020 pour calomnie et diffamation dans le cadre de notre dénonciation des propos qu’il avait tenus au sein de l’université… Pour rappel, il avait notamment :  “les femmes veulent les privilèges de la protection masculine et de l’argent, mais elles ne veulent plus ouvrir les jambes” ou encore “qu’on ne peut pas traiter une femme sur un pied d’égalité sans devenir son esclave”. On ne nous fera pas taire !!

    Jin, Jiyan, Azadi – La femme, la vie, la liberté

    À Gand, près de 1.500 personnes ont affronté la pluie battante. Liese (Campagne ROSA Gand) nous a rappelé que « il y a 6 ans, nous y avions organisé pour la première fois une Marche contre le sexisme [dans la ville]. Nous sommes heureuses que plusieurs organisations aient pris le train en marche et qu’une tradition se soit établie pour faire du 8 mars une journée d’action et de lutte… » 

    Près de 600 personnes étaient présentes à Liège à l’appel de la plateforme Collectives et Ardentes. Comme ailleurs, nous avons repris le slogan aujourd’hui symbole des luttes héroïques menées par les femmes en Iran « Femme, Vie, Liberté » et formé un bloc commun avec les militant.e.s du collectif kurde Violette Rouge (Mor-Kizil Kolektif) et du mouvement des femmes kurdes TJK-E. Notre appel commun à la mobilisation disait notamment : “L’argent ne manque pas pour s’en prendre aux racines de l’oppression des femmes et assurer un avenir décent à chacun.e. En Belgique, le 1% des plus riches détient plus de richesses que 70% du reste de la population (Oxfam). Ce n’est pas un hasard : le système capitaliste repose sur l’exploitation du plus grand nombre afin de satisfaire la soif de profits de la classe capitaliste au mépris de la société et de l’environnement. Des outils de division tels que le racisme et le sexisme lui servent à maintenir sa domination (…) Nous sommes les plus grands partisans de la lutte pour la liberté des femmes qui est menée aujourd’hui en Iran et dans d’autres pays du monde. Nous nous trouvons aux côtés du peuple kurde dans son juste combat contre l’oppression.”

    Des membres de la Campagne ROSA étaient également présents à la manif de Namur qui a réuni 130 personnes à l’initiative du Collectif 8 mars.

     À Anvers, la manifestation comptait 500 personnes. Dans le bloc de la Campagne ROSA, les militantes ont aussi appelé à soutenir les travailleur.euse.s du secteur de la distribution, qui comporte de nombreuses femmes. Après Intermarché, c’est maintenant au tour de la direction de Delhaize de vouloir franchiser ses magasins. L’avenir de 9000 salarié.e.s est en jeu. Le personnel de plusieurs magasins s’est mis en grève. Iels ont crié : « Voulons-nous de la flexibilité ? Non ! ; Voulons-nous de mauvais contrats ? Non ! ; Voulons-nous du dumping social ? Non ! »

     À Louvain, la manif a réuni 200 personnes. On a pu entendre les importants discours d’une travailleuse du secteur du nettoyage et d’une puéricultrice qui travaille en crèche. Toutes deux ont dénoncé les difficiles conditions de travail dans les secteurs où les femmes sont majoritaires. Nous avons aussi nous-mêmes pu prendre la parole pour revenir sur les récents scandales d’abus sexuels que différentes universités du pays ont tenté de cacher. Nous avons scandé : « No more fear, no more shaming. We reject your victim blaming ! » (plus de peur, plus de honte, nous rejetons votre culpabilisation des victimes). Toute l’ampleur du phénomène que représente encore aujourd’hui le sexisme a été largement visibilisé, il s’agit maintenant de s’organiser pour en finir avec lui et avec le système qui en vit et le nourrit ! Les membres de la Campagne ROSA ont appelé à renforcer notre combat à l’aide d’un programme qui vise à obtenir de réelles améliorations de notre quotidien et qui rompt avec ce système sexiste ! 

    Enfin, la grande manifestation de Bruxelles appelée par la Marche Mondiale des Femmes a regroupé pas moins de 5000 personnes. Marisa (Campagne ROSA Bruxelles) a pris la parole en fin de cortège. Elle a, entre autres, rappelé que « la moitié des victimes qui se dirigent à un Centre de prise en charge de violences sexuelles sont aux études et la moyenne d’âge de toutes les victimes est de 24 ans. […] De plus en plus des victimes se dirigent d’elles-mêmes vers un CPVS (Centre de prise en charge des victimes de violences sexuelles) pour obtenir de l’aide médicale, psychologique et porter plainte en même temps. Mais il n’y a qu’un seul centre pour tout Bruxelles. Ce n’est pas suffisant ! Nous voulons l’extension de ces centres, dont un CPVS aux abords de chaque campus pour s’adresser spécifiquement à cette problématique parmi les jeunes. » 

    Prochain rendez-vous : demain déjà ! La Campagne ROSA soutient la grève des services publics.

    Nous défendons la collectivisation des tâches domestiques grâce à des services publics gratuits et de qualité. C’est la meilleure forme de prévention contre les violences faites aux femmes et pour réduire la double journée de travail.

    Participe avec la Campagne ROSA aux visites de solidarité sur les piquets de grève et aux rassemblements !

    Discours de Liese (Campagne ROSA Gand)

    « Il y a 5 ans, #Metoo était lancé, mais le sexisme n’a pas disparu pour autant, bien au contraire. Le sexisme est profondément ancré dans les structures de pouvoir du capitalisme, il n’y a pas de capitalisme sans sexisme, la discrimination et l’exploitation vont de pair.

    Les bas salaires et l’augmentation du coût de la vie rendent les femmes plus vulnérables et plus dépendantes sur le plan financier. Les coupes budgétaires dans les services publics tels que les soins de santé, la garde d’enfants et l’enseignement augmentent la pression sur la famille, et sur les femmes en particulier.

    En période de crise, la droite et l’establishment tentent de diviser les travailleur.euse.s et les jeunes, ils créent un ennemi imaginaire. Ils sèment la haine, prêchent le racisme et le sexisme ancrés dans le tissu de notre société, tout cela pour détourner l’attention des vrais responsables de la crise. De Wever (NVA) et Van Grieken (VB) présentent le féminisme comme une attaque contre les hommes, mais ce qui n’est pas le cas. Hoeyberghs a été largement acquitté la semaine dernière. La droite tente de passer à l’offensive. Aux États-Unis, le droit à l’avortement est à nouveau retiré. Sous le capitalisme, les droits acquis peuvent être retirés.

    Nous ne pouvons pas laisser cette offensive de la droite sans réponse. Cette offensive est un réel danger pour les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les personnes issues de l’immigration.

    La Campagne ROSA organise la troisième édition de la Pride is a Protest à Gand le 28 juin. Nous voulons offrir une alternative militante aux Prides commerciales et nous placer dans la tradition des luttes. Nous espérons vous y voir ! Stop au Pinkwashing ! Nous voulons une véritable égalité et non un capitalisme arc-en-ciel ! Nous voulons l’émancipation et la liberté dans la pratique, pas seulement sur le papier. 

    C’est pourquoi la Campagne ROSA défend une approche socialiste. Un emploi à part entière, un salaire plus élevé et une semaine de travail plus courte ; un enseignement gratuit ; des investissements publics massifs dans les soins de santé ; dans des transports publics sûrs ; dans des refuges et dans bien d’autres choses encore. Nous voulons nous débarrasser du système où tout est axé sur le profit de quelques super-riches. Nous voulons une société qui se concentre sur les besoins de la collectivité.” 

     Prise de parole de Marisa (Campagne ROSA Bruxelles)

     Aujourd’hui c’est une journée de lutte, et on sait qu’il y a de quoi lutter

    Ni una más, Ni una menos ! Un slogan qui est né en Amérique latine, symbole d’une nouvelle vague de lutte pour le droit des femmes et les personnes LGBTQIA+ qui s’est répandu partout dans le monde. Encore aujourd’hui malgré le backlash misogyne, la lutte féministe est toujours là.

    L’année passée, quand les bars ont rouvert après le confinement, on a pointé du doigt le sexisme présent dans la vie nocturne et aux alentours des quartiers étudiants. Cette année, plusieurs cas de viol au sein des campus bruxellois ont choqué la communauté étudiante. Il y en a ASSEZ !

    Le sexisme est présent partout : à la maison, dans la rue et les transports publics, sur les lieux de travail, mais aussi particulièrement au sein des campus et aux alentours. La moitié des victimes qui se dirigent à un Centre de prise en charge de victimes de violences sexuelles sont aux études et la moyenne d’âge de toutes les victimes est de 24 ans. Ça illustre l’ampleur du problème parmi les jeunes.

    De plus en plus, des victimes se dirigent d’elles-mêmes vers un CPVS pour obtenir de l’aide médicale, psychologique et porter plainte en même temps. Mais il n’y a qu’un seul centre pour tout Bruxelles, à l’hôpital Saint-Pierre. Et ce n’est pas suffisant. Nous voulons l’extension de ces centres, dont un CPVS aux abords de chaque campus pour s’adresser spécifiquement à cette problématique parmi les jeunes.

    Il y en a MARRE qu’on entend aussi des choses comme « c’est de sa faute », « elle l’a cherché », « regarde comme elle est habillée », etc. La culture du viol c’est ça : faire en sorte de dissuader les victimes de témoigner, de porter plainte, discréditer sa parole et banaliser les faits. À l’unif, c’est souvent le prestige de l’institution qui passe avant tout. 

     Mais c’est le bien-être des étudiantes sur le campus qu’il faut garantir. Il faut investir de manière massive avec des fonds publics dans l’enseignement, adapter l’infrastructure et l’éclairage, engager du personnel bien formé et bien payé pour rendre les locaux d’études et leurs alentours sûrs. Il faut aussi investir dans les services d’aide (psychologues, travailleurs sociaux) pour un suivi à long terme des victimes et finir avec les listes d’attente. 

    Les témoignages montrent que lorsque la victime est dépendante de l’agresseur, lorsqu’il y a une relation inégale avec une différence de pouvoir, c’est difficile de dire “non” à des remarques déplacées, à du harcèlement et autre. Comment dénoncer ton professeur si la réussite de tes études dépend de lui ?! Comment dénoncer ton boss si tu as un contrat précaire ?! On te laisse le choix entre sexisme et précarité.  

    La lutte contre la précarité, la lutte pour l’indépendance financière de chacun.e est un combat féministe, et c’est clé. La lutte pour des services publics de qualité, pour des investissements publics massifs dans l’enseignement, les soins aux personnes et les soins de santé est un combat féministe. La lutte continue ce vendredi 10 mars avec la grève des services publics. 

    On fait face à des crises multiples : sanitaire, climatique, sociale, énergétique, du pouvoir d’achat, les guerres. Chaque crise nous précarise davantage. La précarité alimente les discriminations et les oppressions, elle nous rend plus vulnérables à toutes sortes de violences. Le capitalisme n’offre aucune solution. C’est un système profondément inégalitaire, où les idées sexistes sont délibérément utilisées pour diviser et justifier des bas salaires, et garantir les profits d’une minorité. Pour lutter effectivement contre le sexisme, on doit lutter contre la cause de ces inégalités structurelles entre les genres et entre les classes.

    Tout le système est coupable ! La Campagne ROSA appelle à un féminisme international, anticapitaliste et socialiste. Solidarité !

  • France. Une révolution féministe socialiste s’impose plus que jamais

    C’est tout le système qui est coupable !

    Grâce à de courageux témoignages, il est aujourd’hui difficile d’ignorer l’omniprésence du sexisme, mais les améliorations restent largement insuffisantes et les violences sexistes s’aggravent, ce que confirme le Rapport 2023 sur l’état du sexisme en France. Renforçons notre combat à l’aide d’un programme qui vise à obtenir de réelles améliorations de notre quotidien et qui rompt avec ce système sexiste !
    Précarité, pénuries : la crise accroît le terreau du sexisme et des autres discriminations. Et les crises sont permanentes dans ce système. Depuis la pandémie, beaucoup de mères doivent rester à la maison ou travailler à temps partiel vu le manque de places en crèches. L’écart salarial s’accroît, de même que la dépendance économique des femmes. Cela renforce aussi les préjugés sexistes : quatre Français sur dix estiment normal qu’une femme arrête de travailler pour s’occuper des enfants. Nous ne l’acceptons pas !

    Tract d’Alternative Socialiste Internationale – France

    https://fr.socialisme.be/94915/france-vers-une-greve-generale-pour-faire-tomber-macron-et-lutter-contre-le-capitalisme

    https://fr.socialisme.be/94797/en-mars-le-coeur-du-feminisme-revolutionnaire-battra-a-vienne
    https://fr.socialisme.be/94888/le-capitalisme-plonge-de-crise-en-crise-revolte-e-viens-redecouvrir-marx-et-le-socialisme-revolutionnaire

    La libération de la parole et la nouvelle vague internationale de mobilisations féministes ont brisé le mythe d’une égalité obtenue sur le terrain grâce à celle acquise dans la loi. Le maintien de l’oppression des femmes a été visibilisé dans l’espace public, mais cela ne suffit pas en soi pour en finir avec le fléau ou même provoquer un changement significatif.

    La polarisation dans la société est à la hausse sur la question. Les forces de droite et d’extrême droite jouent sur les formes les plus basses de la conscience, sur les vieux préjugés, les « valeurs familiales » et tentent ainsi de repousser les femmes à leur « juste place » dans la famille pour compenser l’effondrement des systèmes de soins de santé et d’enseignement.

    Des services publics forts contre la double journée de travail

    Faire un choix politique, c’est aussi une question de méthode. Avant que le mouvement ouvrier n’ait acquis l’obligation scolaire sous pression de la lutte (essor général du mouvement ouvrier, Commune de Paris en 1871, création de l’Association internationale des travailleurs, etc.), éduquer et prendre soin des enfants toute la journée était une tâche domestique. Avant le développement des soins de santé, soigner les malades était aussi une tâche domestique. Les vagues de luttes ont à chaque fois permis de réduire le travail non rémunéré des femmes par la conquête de nouveaux services publics.

    Le vieillissement de la population conduira dans les années à venir à une augmentation du nombre de personnes âgées en perte d’autonomie. La prise en charge de la dépendance des personnes âgées est profondément marquée par les rapports de genre : elles sont plus fréquemment confrontées à cette question puisque l’espérance de vie des femmes est supérieure à celle des hommes et ce sont les principales pourvoyeuses des soins (professionnellement et au sein même de la famille).

    Le scandale des entreprises privées dans les maisons de repos françaises avait été dénoncé par l’excellent – mais révoltant – livre-enquête Les Fossoyeurs. Depuis lors, le groupe Orpéa a été plongé dans la tourmente au point qu’il va bientôt passer sous le contrôle de la Caisse des dépôts, bras financier de l’État. Il faudra un combat acharné du personnel pour assurer qu’il ne soit pas simplement question d’un assainissement des finances du groupe aux frais de la collectivité avant de repasser la balle au privé. Cela doit constituer un point de départ vers la nationalisation de l’ensemble du secteur sous contrôle et gestion de la collectivité afin d’assurer des conditions de travail dignes de ce nom pour un personnel en quantité suffisante, afin d’assurer que nos aînés aient tout le respect qu’ils et elles méritent.

    Les richesses produites dans la société doivent servir à la société. Nous défendons un plan public d’investissements massifs pour que les services publics répondent aux besoins de la population en termes de logements sociaux, de crèches, d’écoles, d’hôpitaux, de maisons de repos, de refuges pour personnes en difficulté, de centre d’accueil pour personnes avec handicap, de soins à domicile… De nouveaux services publics doivent aussi être développés pour faciliter les tâches ménagères des familles avec des blanchisseries, ateliers de repassage, services de nettoyage, services de repas frais et de qualité sur les lieux de travail, dans les écoles et les quartiers, etc.

    Où aller chercher tous les moyens que cela exige ? Commençons par refuser de rembourser la dette publique aux fonds spéculatifs, mais uniquement à des particuliers sur base de besoins prouvés. On ne peut pas être féministe et accepter de subir le poids de cette dette. Emprunter cette voie, la seule capable d’apporter un changement réel, conduira nécessairement à la nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion démocratiques. Ce sont de premières étapes qui ouvriront la voie à une société qui garantira l’épanouissement de tou.te.s, une société socialiste démocratique. Nous ne méritons rien de moins.

    Pour un féminisme anticapitaliste et socialiste

    1. Contre le projet de réforme des retraites : retour de la retraite à 60 ans et une pension minimale de 1400€ net. Construisons la grève générale reconductible via des assemblées démocratiques de lutte sur les lieux de travail, dans les quartiers, dans les universités,… pour faire tomber Macron et lutter contre le capitalisme.
    2. Pour un salaire minimum à 2000€ net, l’augmentation immédiate de tous les salaires de 10% et le retour de l’échelle mobile des salaires. Plaçons les secteurs à bas salaires sous contrôle public pour assurer un véritable statut au personnel, avec un bon salaire et de bonnes conditions de travail.
    3. Un emploi garanti et du temps pour vivre : pour une réduction collective du temps de travail, sans diminution des salaires, avec embauches compensatoires et diminution des cadences. Pour l’indépendance économique des femmes et la fin des emplois précaires.
    4. 2 milliards d’euros par an pour lutter contre les violences faites aux femmes et toutes les formes de LGBTQIA+phobie, y compris la transphobie ; pour des campagnes de prévention et la construction de centres de refuges et places d’accueil, accessibles à tou.te.s. Chacun.e doit avoir accès à un logement digne (contre le projet de loi sur le logement Kasbarian-Bergé qui criminalise les locataires et occupantes précaires mises dans l’illégalité en accélérant les mises à la rue) et à pouvoir se déplacer en transport public gratuit, en toute sécurité.
    5. Pour un plan d’investissements publics massifs dans les secteurs du soin et du lien, dans l’éducation, les logements sociaux, les transports publics durables, ainsi que dans les mesures de protection du climat. Les services publics doivent répondre aux besoins ; ils doivent être de qualité, accessibles à tou.te.s, à moins de 30 minutes de son lieu d’habitation.
    6. Contre la double journée de travail des femmes : pour la socialisation des tâches domestiques, notamment via des cantines publiques de qualité, des blanchisseries publiques et un système de garde d’enfants gratuit.
    7. Les femmes ne sont pas des objets. Stop à la marchandisation du corps.
    8. Pour des droits sexuels et reproductifs complets – des ressources suffisantes pour l’éducation sexuelle, la contraception et l’accès à des avortements gratuits et sûrs (avec le maintien et la réouverture de maternités et hôpitaux de proximité), ainsi que la possibilité d’élever des enfants sans vivre dans la pauvreté !
    9. Pour un féminisme socialiste internationaliste et antiraciste ! Il n’existe pas de capitalisme sans sexisme, racisme, homophobie, transphobie, etc. Pour l’unité de chaque personne, travailleuse.eur.s et jeunes, d’origine française ou étrangère, … contre ce système qui ne sert que les intérêts d’une minorité de super-riches. Pour la régularisation des personnes sans papiers et leur accession à un logement décent, un emploi.
    10. Solidarité avec les femmes en Iran, en Afghanistan et ailleurs qui se soulèvent contre les régimes oppressifs.
    11. Pour une lutte internationale contre la guerre : femmes de la classe travailleuse d’Ukraine, de Russie et du monde entier unies contre la guerre et l’impérialisme sous toutes ses formes, y compris le système de la “Françafrique”.
    12. Pour la fin des inégalités sociales – ce n’est que si nous possédons l’économie que nous pourrons arrêter l’exploitation. Pour la nationalisation des secteurs de l’énergie et des banques sous le contrôle et la gestion démocratique de la classe ouvrière.
    13. Nous avons besoin d’une économie publique et écologiquement planifiée avec un véritable contrôle démocratique par les travailleuse.eur.s et la société dans son ensemble pour créer des millions d’emplois bien payés et durables et construire une nouvelle économie verte. Pour une société socialiste démocratique basée sur les besoins de la classe travailleuse, des jeunes, des opprimé.e.s et de notre planète.
  • On ne nous fera pas taire! Stop au backlash antiféministe!

    Grâce à de courageux témoignages, il est aujourd’hui difficile d’ignorer l’omniprésence du sexisme, mais les améliorations restent largement insuffisantes et les violences sexistes s’aggravent, ce que confirme le Rapport 2023 sur l’état du sexisme en France. Renforçons notre combat à l’aide d’un programme qui vise à obtenir de réelles améliorations de notre quotidien et qui rompt avec ce système sexiste ! La Campagne ROSA exige un investissement massif dans les services publics tels que l’enseignement, les crèches et les soins de santé.
    La dépendance financière permet des relations inégales et stimule le sexisme. Ce 8 mars, nous revendiquons des salaires et des pensions plus élevés, y compris pour les personnes dont la carrière est morcelée. Nous voulons disposer de Centre de prise en charge des victimes de violences sexuelles (CPVS) sur chaque campus. C’est ça, la journée de lutte pour les droits des femmes !

    Tract de la Campagne ROSA

    https://fr.socialisme.be/94797/en-mars-le-coeur-du-feminisme-revolutionnaire-battra-a-vienne
    https://fr.socialisme.be/94888/le-capitalisme-plonge-de-crise-en-crise-revolte-e-viens-redecouvrir-marx-et-le-socialisme-revolutionnaire

    Le droit à l’avortement a subi un sérieux revers aux États-Unis. En Afghanistan, les femmes ont perdu jusqu’au droit d’être présentes dans l’espace public. Certains médias déguisent les agresseurs en victimes, comme avec Bart de Pauw (ex-présentateur télé vedette en Flandre, condamné pour harcèlement) suite à sa tentative de suicide. Nous déplorons chaque tentative de suicide. Toute personne souffrant de troubles mentaux, y compris les auteurs de comportements transgressifs, devrait bénéficier d’un accompagnement. Mais ni de Bart de Pauw ni de Johnny Depp ne sont des victimes. Des tribunaux acquittent à nouveau des misogynes. Ainsi, Jeff Hoeyberghs condamné pour appel à la haine suite à ses propos misogynes – dénoncés par la Campagne ROSA – lors d’une conférence du cercle étudiant d’extrême droite KVHV, a depuis été quasiment acquitté. L’extrême-droite se cache derrière la liberté d’expression pour appeler à la haine et présenter le féminisme comme une attaque contre les hommes. Georges Louis Bouchez (MR) et Bart Dewever (N-VA) présentent le combat contre les discriminations comme du “wokisme” envahissant. Pourtant, un jeune homme sur quatre en France estime que la violence est parfois nécessaire pour se faire respecter. Ces idées se reflètent largement chez les influenceurs de droite et d’extrême droite. Au backslash anti #MeToo, répondons par la lutte de masse. Ils ne nous feront pas taire !

    Des services publics forts contre la double journée de travail

    Les premières vagues de luttes féministes ont permis d’obtenir les services publics, de réduire le travail domestique non rémunéré et d’offrir aux femmes un accès à l’emploi et aux revenus. En raison du sous-financement et des privatisations, des services publics ont progressivement été supprimés et les conditions de travail dégradées. Les maisons de repos, les services de garde d’enfants et ceux de nettoyage sont des entreprises privées à la recherche de profits. Les agressions contre les cheminot.e.s sont de plus en plus fréquentes à mesure qu’augmente le prix des billets. Précarité, pénuries : la crise accroît le terreau du sexisme et des autres discriminations. Et les crises sont permanentes dans ce système. Depuis la pandémie, encore plus de mères doivent rester à la maison ou travailler à temps partiel vu le manque de places en crèches.

    L’écart salarial s’accroît, de même que la dépendance économique des femmes. Cela renforce aussi les préjugés sexistes : quatre Français sur dix estiment normal qu’une femme arrête de travailler pour s’occuper des enfants. Nous ne l’acceptons pas ! Luttons pour de nouveaux services publics : des cantines de quartier de qualités, des blanchisseries publiques, etc., et pour un investissement public massif dans les services existants.

    De l’argent il y en a, mais de plus en plus de profits se concentrent chez une poignée d’ultra-riches. L’ensemble du secteur financier doit être en mains publiques afin que les richesses produites par la collectivité soient gérées par la collectivité, pour répondre aux besoins.

    C’est tout le système qui est coupable ! Le féminisme socialiste s’impose plus que jamais

    Sous le capitalisme, les conquêtes sociales ne sont jamais définitives. Il faut continuer à se battre. Les femmes et la classe travailleuse iraniennes nous montrent la voie. La Campagne ROSA défend une révolution féministe et une alternative socialiste au capitalisme. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible de construire un monde où aucun être humain n’en opprime un autre.

    N’hésite plus ! Organise-toi et rejoins ROSA. À partir de 10€, reçois le pack d’adhésion. Tu y trouveras entre autres le “Manifeste féministe socialiste” du réseau ROSA International dont nous voulons discuter avec toutes les féministes pour poursuivre notre combat.

    La Campagne ROSA soutient la grève des services publics

    Nous défendons la collectivisation des tâches domestiques grâce à des services publics gratuits et de qualité. C’est la meilleure forme de prévention contre les violences faites aux femmes et pour réduire la double journée de travail.

    Participe avec ROSA aux visites de solidarité sur les piquets de grève et aux rassemblements.

    AGENDA :

    18 et 19 mars – Première conférence ROSA internationale

    Elle réunira 250 militant.e.s de tous les continents à Vienne (Autriche). Nous y discuterons des luttes féministes à travers le globe et échangerons nos expériences pour faire avancer le mouvement. Ne manque pas cette occasion ! Toutes les infos sur notre site ou via Emily (0470 03 22 06).

    Aide-nous à collecter 5 000 € pour permettre la concrétisation de cette première conférence ROSA internationale ! Soutiens cette initiative en participant entre autres aux frais de voyages des militant.e.s venant du Brésil, d’Afrique du Sud, du Nigeria, du Mexique, du Chili ou encore de Russie et de Chine. Fais un don sur le compte ROSA (BE54 5230 8095 8497) avec en communication « don conférence ROSA internationale » ou via campagneROSA.be.

    Pour avoir un avant-goût de ce qui y sera discuté, contact ton groupe local ROSA pour suivre ensemble en ligne un des ateliers de discussion.

    14 et 15 avril – Socialisme 2023 au Pianofabriek, Bxl

    Vendredi 19h – Le féminisme socialiste, plus nécessaire que jamais !
    Avec des oratrices du réseau ROSA international : Maité (Mexique) et Anja Deschoemacker.
    Il y aura aussi une série d’ateliers dont :

    • Vendredi 15h30 – La lutte pour l’accès au soin des personnes trans.
    • Samedi 11h – Augmentation du salaire minimum ; nous n’avons pas le luxe d’attendre.
    • Samedi 16h – Découvre Clara Zetkin et le féminisme socialiste révolutionnaire.
      N’attends plus, inscris-toi via l’événement Facebook “Socialisme 2023”.

    Mai & Juin – Pride is a Protest

    Les personnes LGBTQIA+ sont confrontées à une violence constante. Les cours d’éducation sexuelle, les codes vestimentaires et toute la société sont hétéronormatifs. À cela s’ajoutent les listes d’attente pour les soins d’affirmation du genre. La Pride devrait être une manifestation anticapitaliste. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons obtenir une véritable égalité.
    Organise une « Pride is a Protest » !

    Vendredi 7 au jeudi 13 juillet – Camp d’été

    Une semaine de discussions et d’échanges avec des activistes de Belgique et d’ailleurs dans le monde. Le but : comprendre le monde pour le changer. On organise une centaine d’ateliers (avec traductions vers l’anglais, le néerlandais et le français) sur le marxisme, la crise climatique, les oppressions,… Évidemment, il y aura aussi du temps pour se détendre et faire la fête.

  • Le 8 mars et toute l’année : attaquer le sexisme et la LGBTQIA+phobie à la racine

    Il ne peut pas y avoir de capitalisme sans sexisme !

    • Jeff Hoeyberghs, chirurgien esthétique : « Les femmes veulent les privilèges de la protection masculine et de l’argent, mais elles ne veulent plus écarter les jambes. »
    • Vincent Cassel, acteur français : « Si les hommes deviennent trop féminins, il va y avoir un problème. »

    À chaque jour, chaque mois, ou chaque année son lot de misogynes, de pépites sexistes, de discours violents et haineux envers les femmes et les personnes LGBTQIA+.

    Par Brune (Bruxelles)

    Si certains propos passent toutefois moins dans les médias aujourd’hui, on le doit à la conscientisation et à la pression de 10 ans de nouvel élan international des luttes féministes et aux 5 années de dénonciations sur les réseaux à la Me Too (rien que ça). Mais il y en a qui s’autorisent encore à dire des horreurs et, malheureusement, un public semble exister pour ce genre de propos. Des propos qui minimisent et invisibilisent les expériences réelles et si nombreuses que subissent les femmes et les personnes LGBTQIA+ au quotidien.

    Sexisme partout, tout le temps : STOP !

    Vous voulez des chiffres (effrayants) ? Au cours des 6 dernières années, il y a eu au moins 173 victimes de féminicide en Belgique. Ce sont des femmes qui ont été tuées parce qu’elles étaient femmes. C’est insupportable.

    On compte 75.000 faits de violences sexuelles en Belgique chaque année. Seulement 8.000 sont déclarés à la police, et sur ces 8.000, il y a seulement 900 condamnations ! Lorsque les femmes dénoncent leurs agresseurs sur les réseaux, on leur dit encore « laissez faire la police et la justice ». Comment vous dire…

    Parlons aussi des violences économiques: l’écart salarial est de 21.6% entre femmes et hommes en Belgique. Est-ce normal ? Les femmes sont majoritaires dans les temps partiels, parce que pour beaucoup, elles doivent s’occuper des tâches ménagères et de l’éducation des enfants. Petite formule magique : temps partiel = salaire partiel = précarité = violences…

    Le secteur des soins de santé (comme l’éducation), un secteur fondamental, est majoritairement féminin. On a applaudi pendant le confinement. Cela reste pourtant, encore aujourd’hui, un secteur sous valorisé, sous-payé, sous financé. Pourquoi le gouvernement continue-t-il à en négliger les budgets ? Réponse : parce que le gouvernement à d’autres priorités : la « compétitivité » des entreprises. Sans parler de l’attaque à venir au sujet des pensions… Les dernières ont invariablement bien plus fortement impacté les femmes. D’ailleurs, disons-le haut et fort : ce gouvernement est faussement féministe, il faut dénoncer son hypocrisie !

    Une lutte généralisée pour renverser ce système pourri jusqu’à la moelle

    Alors oui, on a avancé, mais non, on n’y est pas encore. On ne peut pas encore attendre des dizaines d’années avant d’avoir l’égalité salariale (75 au rythme actuel selon Oxfam) ! Les violences sexistes et sexuelles tuent, c’est une urgence absolue !

    Il nous faut regrouper le plus grand nombre possible pour construire un mouvement de lutte généralisé. Les mouvements féministes doivent se lier aux autres luttes sociales. Toutes ont un dénominateur commun : le système capitaliste, qui exploite la majorité au bénéfice d’une extrême minorité d’ultra-riches et se sert du sexisme ou encore du racisme comme tactique de division.

    Ne nous arrêtons pas. La lutte, c’est tous les jours de l’année, car le sexisme est quotidien. Le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes aux racines, est une occasion à ne pas rater. C’est une étape essentielle pour la construction d’un mouvement capable de renverser le système capitaliste et c’est d’ailleurs dans cet objectif qu’elle a été imaginée il y a plus d’un siècle.

    Pour faire taire ceux qui veulent nous intimider, les Jeff Hoeyberghs et Vincent Cassel de ce monde, il est temps de rejoindre la lutte ! Rejoins la Campagne ROSA et participe au 8 mars 2023 avec nous !

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop