Category: Féminisme

  • Pourquoi la crise climatique a plus d’impact sur les femmes ?

    Mais pourquoi la crise climatique a plus d’impact sur les femmes ? Une plus grande proportion de femmes vit dans la pauvreté ; elles n’ont pas autant accès à leur droits ; elles vivent des violences structurelles. Elles ont ainsi moins de possibilités pour s’adapter au changement climatique.

    Par Odile (Liège)

    Le réchauffement climatique n’est plus un scénario catastrophique lointain, il est présent, urgent et mondial. Le rapport du GIEC l’a montré, tout comme que les catastrophes telles que les immenses feux de forêts en Sibérie et Europe du Sud, les records de chaleur au Canada et les inondations de cet été en Belgique et en Allemagne. Il est indéniable que la lutte pour le réchauffement climatique est primordiale. Ce combat ne fonctionnera que s’il prend en compte les oppressions, couplé au changement climatique, que le capitalisme provoque. Focus sur l’impact de ces crises sur les femmes.

    L’adaptation agricole au dérèglement climatique précarise plus durement les femmes
    Tout le monde n’est pas touché de la même manière par les crises : elles touchent les personnes les plus précarisées de manière plus forte. Pendant la pandémie, aux USA, les personnes noires et hispaniques ont été les plus impactées. Au Royaume-Uni, pendant la première vague, une femme avait deux fois plus de risque de perdre son emploi qu’un homme.

    Mais pourquoi la crise climatique a plus d’impact sur les femmes ? Une plus grande proportion de femmes vit dans la pauvreté ; elles n’ont pas autant accès à leur droits ; elles vivent des violences structurelles. Elles ont ainsi moins de possibilités pour s’adapter au changement climatique.

    Prenons par exemple l’agriculture qui est le secteur le plus touché par le dérèglement climatique. Adapter ses cultures nécessite des moyens financiers que tout le monde n’a pas. Par exemple, au Népal, les paysans qui font face à un appauvrissement de leurs terres ont, quand ils en avaient la capacité, changé de culture au profit du sarrasin qui pousse bien sur un sol pauvre. Cette flexibilité n’est possible qu’avec des moyens ! Un autre problème s’ajoute : les techniques agricoles nécessite elles aussi d’être adaptée, mais encore faut-il les connaître. Or, les femmes ont moins accès à l’éducation et aux informations en générales.

    Dans les sociétés divisées en classes sociales (comme le système capitaliste), il y a une division genrée du travail au sein de la famille. Les hommes y ont plus souvent une place de décideurs, tandis que les femmes prennent sur leurs épaules le travail supplémentaire de soin à la famille. Ce travail domestique tant à augmenter avec les dérèglements climatique qui peuvent par exemple tarir les sources d’eau. Ainsi, les femmes ont moins de temps et de possibilités pour acquérir une indépendantes financièrement. La dépendances envers leur partenaire occasionne plus de vulnérabilité.

    Les femmes plus victimes de catastrophes naturelles

    Les femmes sont aussi beaucoup plus touchées pendant les catastrophes naturelles qui sont pour elles trois fois plus meurtrières que pour les hommes. Une des principales raisons est la position secondaire de la femme dans la société. Ça s’est par exemple illustré lors de cyclones et d’inondations au Bangladesh. Les femmes ne sont pas associées à la prise de décision concernant l’évacuation et ne peuvent donc y réagir aussi rapidement. Souvent, elles n’entendent pas l’ordre d’évacuation, car elles sont beaucoup moins dans l’espace public. Et même dans ce cas, elles n’ont pas la possibilité de partir sans l’aval de leur mari / père (manque d’indépendance financière, injonction sociale à rester au foyer…). Et puis, elles sont conscientes qu’après l’évacuation, le risque d’agression sexuelle dans les refuges est très élevé. Souvent, il n’y a pas d’endroit privé où elles peuvent se changer, aller au toilette.

    Une fois la catastrophe passée, les femmes sont toujours en charge de leur foyer et donc de la nécessité de le reconstruire. Elles ont ainsi moins de temps pour se rétablir elles-mêmes.

    Ce ne sont pas tant les hommes qui ont trop de facilités pour faire face aux événements inattendu. Mais la surexposition des femmes aux catastrophes climatique illustre l’absolue nécessité de continuer la lutte pour que chacun.e puisse rencontrer ses besoins et être en sécurité que ce soit avant, pendant et après la catastrophe.

    Impact des inondations sur les femmes

    Les inondations de cet été ont montré à tout le monde que le réchauffement climatique est présent. On pourrait croire, intuitivement, qu’une rivière en crue touche de manière indiscriminée les pauvres et les riches. Mais dans les faits, les zones inondables sont celles où les populations les plus précarisées doivent habiter, faute de moyens. Les loyers y sont les plus bas, là où les logements sont construits en zones inondables, moins bien localisées et en moins bon état. Il sera beaucoup plus difficile pour la population la plus pauvre de se rétablir. Combien de personnes sans-papiers ont tout perdu lors de ces inondations ? Combien de mères célibataires (dont 80 % d’entre-elles sont sous le seuil de pauvreté) ? Et même des inondations « minimes », comme la perte de son lave-linge, peuvent avoir des conséquences pratiques importante lorsqu’on n’a pas de réserve et qu’il faut attendre des mois avant d’avoir une indemnisation pour pouvoir le remplacer. Et puis, de plus en plus de personnes n’ont pas les moyens de payer les primes d’assurance (de plus en plus chères) et ne sont donc pas assurées. Ça doit changer ! Nous ne voulons pas d’assureurs privé dont nos primes vont dans les poches des actionnaires et qui rechignent à nous indemniser lorsque c’est nécessaire. Les assurances devraient être un service publique contrôlé et gérer démocratiquement par la population!

    Et la responsabilité individuelle dans tout ça ?

    Nous entendons partout qu’il faut que tout le monde fasse attention à sa consommation. Il faut acheter bio, local, diminuer son empreinte carbone, arrêter de manger de la viande, passer au zéro déchet1,… Si on apprécie fabriquer sa propre lessive, etc., il ne faut surtout pas s’en priver, mais ces injonctions à améliorer notre consommation individuelles renforcent la division genrée du travail et sont insuffisantes pour faire face au défi climatique. En effet ; cinq entreprises en Belgique émettent autant de gaz à effet de serre que tous les ménages du pays. C’est par elle qu’il faut commencer si l’on veut un réel changement.

    Et puis, cela demande du temps, de chercher les bons ingrédients, d’utiliser des cotons et serviettes réutilisables (et donc à laver), de faire plusieurs magasins plutôt qu’un seule supermarché, de remplacer les produits transformés par des faits main. Cette revalorisation des arts ménagers liée aux injonctions à avoir une consommation plus « verte » renferme les femmes dans les rôles de mère nourricière, dévouée à son foyer. Devoir faire tous ces efforts augmente la double journée de travail des femmes (rémunéré au boulot puis gratuit à la maison) et la charge mentale.

    N’oublions-pas que les autorités vont utiliser cette mentalité pour pouvoir justifier des politiques d’austérité. Dans de nombreuses commune, les poubelles à puces voient le jour, les ménages doivent désormais payer leurs déchets au poids. Et lorsque des mères se plaignent que cette taxe est un surcout important pour les ménages avec des enfants en bas-âges, vu le poids des langes, on leur a répondu « passez aux langes lavables ». Facile à dire ! Pour que tout le monde puisse passer aux langes lavables, il faudrait établir un service public qui ramasserait les langes sales pour les nettoyer à haute température ensemble et en rapporterait des propres. Il existe déjà des compagnies privées qui font déjà cela. Aujourd’hui, pour être écologique, il faut en avoir les moyens ! De plus, il n’est pas possible de passer aux langes lavables si les crèches (en ce compris les crèches communal de celles qui disent « vous n’avez qu’à passer au lavable) n’acceptent que les langes jetables, plus rapide à mettre. Pour que les crèches acceptent les réutilisables, il est important d’avoir plus de plus de personnel dans les crèches…

    Si les femmes ont en moyenne une emprunte carbone inférieur à celle des hommes, c’est parce qu’elles sont en moyenne plus pauvres et n’ont donc simplement pas la possibilité de partir en vacances, etc. Mais contrairement à ce qu’on essaye de nous faire croire, changer ses comportement individuel nécessite un minimum de moyens financier et un filet de sécurité derrière. Et surtout, pour faire face à l’ampleur du dérèglement climatique, c’est la société entière qui doit changer. Il est nécessaire de contrôler pour gérer démocratiquement les secteurs clés et polluant tel que la production d’électricité, d’investir massivement dans les transport public aussi pour les parents (qui en ont la possibilité) ne doivent pas se transformer en taxi le mercredi après-midi. Il est aussi important d’avoir une prise en charge collective des tâches ménagères se qui permettrai de s’attaquer à la fois au problème environnemental et à la double journée de travail des femmes, avec par exemple des laveries et des cantines publiques qui propose des produits sains et durables, des écoles et crèches de qualités et correctement isolées.

    Les femmes aux devant de la lutte contre la crise climatique et le capitalisme

    Le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles ne visent évidemment pas en soi plus les femmes que les hommes. C’est la société capitaliste – qui repose sur l’exploitation de la force de travail des humains et l’exploitation de la nature – qui provoque le dérèglement climatique. C’est aussi le capitalisme qui crée les inégalités et place les femmes et les autres populations opprimées dans des situations économiques précaires et plus exposé aux crises ! Le dérèglement de la climatique, le sexisme, le racisme et toutes les oppressions ne sont pas le propre de la nature humaine, mais le résultat du mode de production capitaliste. Le capitalisme vert est un mensonge !

    Si l’on regarde le mouvement climat de 2019, les grandes figures étaient pour la plupart des femmes. Greta Thunberg internationalement, Anuna de Wever et Adélaïde Charlier en Belgique, et surtout parmi les dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté dans la rue, le nombre de femmes est impressionnant ! Les femmes étant plus durement touchées tant par la crise climatique que par la pauvreté, le sexisme, etc. , elles sont beaucoup plus nombreuses à s’impliquer dans le mouvement climatique et dans tous les mouvements contre les oppressions ! Organisons-nous pour que toutes celles et ceux qui veulent se battre pour un futur puisse se réunir autour de revendications, d’un programme claire pour une transformation socialiste de la société ! Par-là, nous voulons dire une société qui ne repose plus sur l’exploitation de l’humain et de la nature au profit des capitalistes, mais une société qui permettent à chaque personne de s’épanouir.

    Nos revendications

    La lutte contre le sexisme et contre le réchauffement climatique se font en commun par la lutte contre le capitalisme.

    La pandémie et les inondations ont démontré la nécessité d’investir massivement dans les services publics et sociaux. Luttons pour le refinancement public des soins de santé, de la protection civile, des pompiers !

    Luttons pour des transports en commun gratuits, mieux desservis et avec des accompagnateurs dans chaque bus, métro et train. Cela permettrait la diminution des déplacements en voiture, mais aussi à toutes les personnes subissant du harcèlement de rue et craignant de sortir la nuit de pouvoir compter sur des transports en commun fiables. La présence d’un accompagnateur permettrait également d’établir un climat de confiance.

    Une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec une réduction des cadences permettrait à de nombreuses femmes de ne plus être obligées de travailler à temps partiel (et d’avoir un salaire partiel). Une plus grande prise en charge des tâches ménagères par les services publics renforcerait également cet aspect. De meilleurs salaires rendent les femmes économiquement moins dépendantes de leur partenaire et moins vulnérables aux crises.

    Le scandale de 3M, qui laisse des déchets toxiques empoisonner l’environnement, leurs travailleurs.euses, et les habitant.e.s d’Anvers montre que les multinationales n’ont que le profit en tête, au détriment du bien commun. Cinq entreprises en Belgique émettent autant de gaz à effet de serre que tous les ménages du pays : nous devons reprendre le contrôle de ces entreprises. Exproprier les criminels climatiques est la seule solution pour qu’une transition écologique soit possible !

    Le capitalisme vert est impossible : la propriété privée des moyens de production fait primer le profit à court terme plutôt que la survie de notre espèce. Les secteurs clés de l’économie doivent être sous contrôle démocratique des travailleurs.euses, pour créer ensemble une économie à l’écoute des besoins de chaque individu : une économie socialiste démocratiquement planifiée.

  • Violences sexistes et LGBTQI+phobes : c’est tout le système qui est coupable !

    Manifestation de jeudi dernier. Photo : Celia

    Jeudi dernier, près de 2000 personnes se sont mobilisées pour soutenir les victimes d’agressions sexuelles et de viols à Ixelles, pour qu’elles soient crues et prises au sérieux. Il a fallu 17 plaintes pour viol et agression sexuelle dans des bars d’Ixelles avant qu’une enquête ne soit ouverte. A Gand, une ado de 14 ans s’est suicidée faute de recevoir de l’aide après avoir subi un viol collectif : elle avait été mise sur liste d’attente. Ces cas ne font malheureusement pas exception.

    81% des femmes en Belgique ont été victimes d’agression sexuelle, ce chiffre est encore plus élevé pour les personnes LGBTQI+. Une victime sur 10 porte plainte, et seules 4% des plaintes aboutissent à une condamnation… Souvent, c’est la victime qui est jugée…

    Après des décennies de coupes budgétaires dans les soins de santé, la santé mentale, le secteur social, les logements sociaux, etc. lorsque l’on a besoin d’aide, on se retrouve sur liste d’attente pour des mois, parfois des années. Cette situation criminelle conduit à des féminicides et à des suicides.

    Combattre les violences sexistes exige d’arracher des investissements publics MASSIFS pour des services publics de qualité et des emplois décents. Attaquons-nous à la racine du problème : le capitalisme, un système qui sacrifie tout pour les profits des ultra-riches et qui a besoin de nous diviser sur base du sexisme, du racisme, de la LGBTQI+phobie,… pour continuer à nous exploiter. Organisons-nous pour construire un monde reposant sur l’épanouissement de chacun.e, et non sur les profits de quelques-un.e.s. Voilà ce que nous entendons par un “féminisme socialiste”.

    Rejoins la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et participe à l’organisation des actions locales du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences sexistes, ainsi qu’à la manif nationale de la plateforme Mirabal le 28 novembre à Bruxelles.

  • Réforme du Code pénal en matière de violence sexuelle : un mieux ?

    Avec une législation qui date de 1867, il est plus que temps de réformer le Code pénal en matière de violence sexuelle. Le ministre de la Justice Van Quickenborne (Open VLD) en collaboration avec la Secrétaire d’État à l’Égalité des genres Sarah Schlitz (Ecolo) ont travaillé sur un projet de loi ayant pour but de moderniser la terminologie, lever une série d’ambiguïtés législatives et de remédier aux sanctions faibles. Il comporte deux volets : agressions sexuelles et prostitution.

    Par Emily (Namur)

    Culture du viol : restreinte ou renforcée ?

    On le sait, à peine 10% des victimes de viol osent porter plainte et plus de la moitié des affaires sont classées sans suite. Seuls 4% des plaintes aboutissent à une condamnation. De plus, 91% des victimes ayant été à la police soulignent leur mauvaise prise en charge (découragées à porter plainte, minimisation des faits, culpabilisation, etc.). En somme, le victim blaming est très présent dans les commissariats et les tribunaux, comme ailleurs.

    L’inceste fait son entrée dans le Code pénal. Cependant, d’une part, la définition retenue ne concerne que les mineurs et, d’autre part, la victime, en plus de prouver l’agression, devra prouver que l’agresseur a intentionnellement abusé de sa position de confiance ou d’autorité. Comment? Cela reste sans réponse.

    De plus, dans la note accompagnant le projet de loi, le ministre soulève l’importance de lutter contre les fausses accusations (elles sont extrêmement rares), mais ne dit mot de la nécessité d’améliorer le suivi des victimes, en ce compris au niveau judiciaire.
    Le projet de réforme sort la prostitution du Code pénal. Il prévoit également la légalisation de la publicité et du proxénétisme, sauf s’il est possible de prouver que des profits “anormaux” ont été réalisés (sans que ce terme soit défini). Les associations de lutte contre la traite d’êtres humains s’inquiètent d’une augmentation de la criminalité comme cela a été constaté dans les pays ayant adopté une législation similaire (Allemagne, Pays-Bas).

    Le projet de loi assimile aussi la prostitution à “une mission de service public” dans le cadre d’Éros center. L’État semble opter pour un renflouement de ses caisses par la marchandisation la plus absolue du corps des femmes…

  • Mai de Campagne ROSA “Organiser la colère contre le sexisme et la transformer en action”

    Lors de l’excellent camp d’été de la Campagne ROSA et du PSL début juillet, Mai a expliqué, lors d’un des meetings, la manière dont les jeunes luttent contre le sexisme. En voici un résumé.

    Mai

    « Depuis cinq ans se déroule un débat permanent autour du harcèlement et de la violence sexistes. Le sexisme est présent partout au point de s’infiltrer dans nos relations et les aspects les plus privés de nos vies.

    « Cela peut donner l’impression que c’est un sujet apolitique. Mais la réalité nous prouve le contraire. Chaque exemple de violence sexiste souligne à quel point cette société est totalement incapable de changer cette réalité pour les femmes.

    « Récemment, une fille a été agressée et filmée par ses agresseurs, mais le juge a décidé qu’il n’y avait pas de véritable viol. Une autre jeune fille de 14 ans victime d’un viol collectif a cherché de l’aide, mais s’est retrouvée sur une liste d’attente : elle s’est suicidée. C’est horrible : les politiques d’austérité rendent inaccessible même l’aide la plus élémentaire.

    « Dans le débat public, l’accent est souvent mis sur les raisons pour lesquelles les garçons agissent ainsi. L’idée selon laquelle il faut « éduquer ton fils » est devenue virale sur les réseaux sociaux. Alors évidemment, les parents ont un rôle à jouer vis-à-vis de leurs enfants. Mais faire cela en toute efficacité dans une société intrinsèquement sexiste ?

    Le sexisme ne tombe pas du ciel

    « Les idées et les comportements sexistes ne sortent pas de nulle part. Ils sont transmis par la société. Ce n’est pas une excuse, très certainement pas, mais au contraire un élément clé pour comprendre les raisons de la taille du problème.

    « La pornification du corps féminin et des relations intimes à travers la publicité, le porno et les médias a, par exemple, un effet extrêmement négatif sur l’image que les jeunes ont d’eux-mêmes et des autres. Cela conduit à une normalisation de la violence. L’industrie publicitaire fait même du comportement sexiste une sorte de symbole de prestige. Avec les réseaux sociaux, cette image du corps et des relations est omniprésente dans la vie des jeunes, ce qui augmente la pression pour s’y identifier.

    « La santé mentale des jeunes est dans une situation désastreuse. Et ça s’est encore aggravé pendant la pandémie. Il y a, par exemple, eu une augmentation spectaculaire du nombre de demandes d’aide professionnelle pour des troubles alimentaires. Ce n’est pas un phénomène marginal. Le fait que des jeunes s’affament ou entretiennent une relation destructrice avec la nourriture pour tenter de retrouver leur estime d’eux-même est, dans bien des cas, le signe que ceux-ci succombent à la pression de la performance à tout prix de la société capitaliste.

    « En plus, les injonctions sont contradictoires : on doit être hyper sexy, mais les tenues sont vite jugées offensantes. Les jeunes en ont marre qu’on leur dise quoi porter en fonction de leur genre.

    « Les rôles genrés ne tombent pas du ciel. La femme est présentée comme vulnérable et celle qui prend soin des autres ; c’est l’expression du futur rôle économique réservé sous le capitalisme. Le code vestimentaire est une question sensible : quiconque a déjà été interpellé sur base de sa tenue sait à quel point cela est intimidant.

    « Les actions où garçons et filles se montrent solidaires et échangent, par exemple, leurs vêtements, les garçons arrivant en jupe à l’école, sont positives. Il s’agit de garder le contrôle de nos propres corps, rien de moins ! Cela vaut d’ailleurs également pour le voile.

    « Souvent, les écoles réagissent de manière conservatrice et répressive. Elles reflètent généralement la société, leur rôle étant de nous préparer à ce qui nous attend au travail. On y apprend à rester assis huit heures et à accepter toutes les règles. Nous sommes conditionnés pour fonctionner dans le cadre des relations de pouvoir du capitalisme. Beaucoup d’entre nous se retrouveront dans des emplois précaires, ce qui nous rendra vulnérables aux abus. L’indépendance financière est cruciale pour sortir d’une relation abusive, mais le capitalisme est incapable d’offrir cette indépendance à tout le monde.

    « De nombreux cas #MeToo ont notamment souligné à quel point la précarité de jeunes artistes au début de leur carrière a servi de « prestigieux » abuseurs. Ce qui est déterminant ici, ce sont les relations de pouvoir.

    « Il n’en a pas été différemment avec la sordide affaire du cercle étudiant élitiste de Louvain, Reuzegom. Lors d’un de leurs baptêmes étudiant, le seul étudiant à la peau foncée est décédé suite à de sévères tortures. Le cercle était déjà bien connu pour son sadisme, ses abus physiques et mentaux, son racisme et son sexisme brutal. Il s’agit d’un vivier de futurs PDG, juges, avocats,… ce qui en dit long sur le type de société dans laquelle nous vivons !

    « La lutte est absolument nécessaire. Sans les actions de la Campagne ROSA, le KVHV (cerclé étudiant catholique d’extrême droite) aurait pu s’en tirer avec son meeting qui avait offert la tribune au misogyne notoire Jeff Hoeyberghs. Le cercle a été suspendu deux mois. C’est une sanction limitée, mais cela les a poussés dans la défensive. L’extrême droite promeut un sexisme brutal dont l’objectif est de repousser les limites de ce qui est acceptable en termes de discrimination. Ce phénomène est ressenti dans toute la société, y compris dans les écoles. À Bruges, une militante de la Campagne ROSA nous a raconté comment un drapeau arc-en-ciel a été brûlé dans l’école par des élèves d’extrême droite.

    Agir sur le terrain

    « Heureusement, de nombreux jeunes veulent riposter. Les actions de la Campagne ROSA l’illustrent, mais aussi, les actions “jupe” dans diverses écoles, même si ces dernières restent symboliques et dépendent de l’initiative individuelle de quelques élèves. La Campagne ROSA entend organiser la colère et la transformer en un plan d’action pour construire un rapport de force capable d’arracher le changement.

    « La journée internationale contre la violence envers les femmes du 25 novembre est un moment important. Cela peut être l’occasion d’organiser des sittings dans les écoles. Plus jeunes, nous avions organisé dans mon école une action avec la Campagne ROSA pour que le sexisme y soit discuté. L’école avait son comité ROSA local, ouvert à toutes et tous. Nous avons préparé un sitting en faisant circuler une pétition contenant trois revendications: porter ce que l’on veut sans être harcelée ; disposer de protections hygiéniques gratuites dans les toilettes et bénéficier de véritables cours d’éducation sexuelle. Cela entre directement en confrontation avec le manque de moyens dans l’enseignement, avec d’élèves par classe et peu d’encadrement individuel. La Campagne ROSA veut convertir la colère concrète des jeunes dans leur environnement immédiat en une lutte à l’échelle de la société pour plus de moyens, notamment pour l’enseignement.

    « Il existe de nombreux autres types d’action possibles le 25 novembre : des actions symboliques, des sittings, des grèves scolaires, etc. Le succès dépendra du nombre de jeunes impliqués et de leur volonté de poursuivre vers la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (8 mars) et les prochaines actions « Pride is a Protest » fin juin, le jour de l’anniversaire des émeutes de Stonewall. La Campagne ROSA veut créer quelques modèles combattifs dans un quelques écoles pour inspirer les jeunes d’ailleurs. »

  • Le capitalisme tue : Exproprions les criminels climatiques ! Programme en 10 points d’EGA et de la Campagne ROSA

    Contre le gaspillage de l’économie de marché, la planification socialiste démocratique

    En 2019, des manifestations et grèves scolaires de masse ont eu lieu dans le monde entier contre la crise climatique. La jeunesse était en premier ligne, mais bénéficiait d’un soutien important dans la population au sens large, parmi les travailleur.euses. Ce mouvement a imposé le thème en « une » de l’actualité, avec hélas des victoires limitées à la clé. Cet été a démontré de manière catastrophique que ce combat ne faisait que commencer. Mais comment arracher un réel changement de système ? Voici quelques propositions des Étudiants de Gauche Actifs et de la Campagne ROSA.

    1. La pandémie ou encore les inondations ont démontré l’importance cruciale de services publics financés à hauteur des défis à relever. Les réductions budgétaires ont fait des ravages qui nous désarment face à la crise climatique. Nous avons besoin d’un refinancement public d’urgence massif des soins de santé, de la protection civile, des pompiers et des autres services publics.
    2. La transition verte ne doit pas servir d’excuse pour taxer la population ordinaire. Ce qu’il nous faut, ce sont des transports en commun écologiques plus nombreux, de meilleure qualité et gratuits.
    3. La communauté scientifique sonne l’alerte depuis des décennies mais a été ignorée. Des investissements conséquents dans les technologies vertes n’ont été réalisés que s’ils étaient rentables à court terme pour les actionnaires. Libérons la recherche scientifique de la logique de profit ! Avec l’abolition des brevets et des investissements publics massifs, la recherche scientifique pourra pleinement s’épanouir en reposant sur la collaboration et non sur la compétition.
    4. L’urbanisme et l’aménagement du territoire doivent être revus en profondeur dans l’intérêt des habitants, pas celui des promoteurs immobiliers ni des grandes sociétés de construction. Nous avons besoin d’un plan public de rénovation et de construction de logements sociaux à une échelle de masse ainsi que d’un plan public d’isolation des bâtiments quartier par quartier.
    5. Les compagnies d’assurance ne veulent rembourser que 590 millions sur entre 1,3 et 1,7 milliard d’euros de dégâts assurés causés par les inondations en Wallonie. Entre 2012 et 2019, elles ont réalisé en Belgique un profit de plus de 15 milliards d’euros grâce aux primes payées par les assuré.e.s, qui menacent d’être encore augmentées. Toutes les personnes sinistrées doivent être indemnisées, assurées ou non. Tout le secteur des assurances doit être exproprié et démocratiquement contrôlé et géré de manière à arrêter de voler la population et à dégager les moyens nécessaires pour les indemnisations et les travaux d’infrastructures écologiques.
    6. Comme l’a montré le récent scandale de 3M à Anvers, les multinationales se moquent des législations environnementales actuelles (déjà insuffisantes !) et des risques pour les travailleur.euse.s et les riverain.e.s. 5 entreprises en Belgique émettent autant de gaz à effet de serre que tous les ménages du pays. On ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas : les criminels climatiques doivent être expropriés pour cesser de nuire !
    7. Le secteur de l’énergie fonctionne selon la dictature des actionnaires : des énergies polluantes sont toujours utilisées malgré l’urgence écologique. Nous ne pouvons dégager les moyens gigantesques dont nous avons besoin pour une transition énergétique rapide qu’en collectivisant la totalité du secteur sous contrôle et gestion démocratiques des tra-vailleur.euse.s.
    8. Ce n’est pas aux travailleur.euse.s de payer la transition écologique. Les emplois dans les industries polluantes doivent être convertis en emplois verts, socialement utiles, avec de bons salaires et de bonnes conditions de travail. Nous pouvons faire face aux crises économique et écologique en répartissant le travail disponible entre chacun.e grâce à la semaine de travail de 30 heures, sans perte de salaire et avec diminution des cadences.
    9. La crise climatique frappe le plus durement les plus pauvres et accroît les inégalités. Les réfugiés climatiques viennent s’ajouter à celles et ceux qui fuient les guerres et la misère. La droite et l’extrême droite en font des boucs émissaires pour protéger le règne de la classe capitaliste. Nous devons être unis pour la vaincre. La lutte pour le climat doit reposer sur la solidarité internationale et le rejet de toutes les formes de discrimination et d’oppression (racisme, sexisme, LGBTQI-phobie,…).
    10. Le capitalisme vert est un mensonge. La propriété privée des moyens de production et d’échange est l’obstacle majeur qui bloque la transition verte. Les secteurs clés de l’économie (finance, industrie pharmaceutique, agro-alimentaire, chaînes de distribution,…) doivent être retirés des mains privées et placés sous gestion et contrôle démocratiques de la classe des travailleur.euse.s. Ainsi, nous pourrions en finir avec le gaspillage inhérent au chaos de l’économie de marché et bénéficier d’une économie rationnelle reposant sur ce qui est nécessaire pour l’humanité et la nature : une économie socialiste démocratiquement planifiée. Jeunes et travailleur.euse.s : solidaires dans la lutte pour un monde socialiste démocratique !

    Pour que ce programme devienne réalité, nous devons nous organiser, y compris à l’échelle internationale. Du 4 au 7 novembre, nous nous rendrons à Glasgow, en Écosse, pour militer lors de la COP26. Pendant quatre jours, nous participerons aussi aux actions et réunions d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) dont la section belge est le Parti Socialiste de Lutte (PSL/LSP). Nous avons besoin d’une mobilisation de masse ! Viens y participer avec nous ! Le coût total (transport, logement, nourriture) est de 185€. Prends contact avec nous ou inscrits toi via ton groupe local EGA ou ROSA.

  • L’avortement interdit au Texas : il faut transformer la colère en action de masse


    L’avortement a été interdit au Texas pratiquement du jour au lendemain. Toutes les cliniques de l’État, déjà peu nombreuses, ont interrompu leurs services d’avortement. Les États voisins, comme la Louisiane et l’Arkansas, voient déjà augmenter le nombre de patientes du Texas désireuses d’avorter. Des millions de femmes sont désormais terrifiées à l’idée de devoir se tourner vers l’avortement clandestin extrêmement dangereux pour interrompre une grossesse.

    Par Grace Fors, Socialist Alternative (ASI-USA)

    La Cour suprême américaine a décidé de ne pas bloquer la mise en application d’une loi anti-avortement très restrictive au Texas. Le projet de loi 8 du Sénat (le «Texas Senate Bill 8» ou S.B.8) interdit tout avortement après la détection des battements du cœur du fœtus, généralement entre cinq et six semaines de grossesse, y compris dans les cas de viol et d’inceste. Entre 85 et 95 % des avortements ont lieu après cette période. La plupart des femmes ne savent pas qu’elles sont enceintes à ce moment-là.

    Si cela n’était pas assez barbare, ce qui est particulièrement stupéfiant dans ce projet de loi, c’est son mécanisme d’application. Alors que depuis des années, une douzaine d’États républicains ont adopté des projets de loi similaires sur le « battement de cœur » qui ont été bloqués par les tribunaux, la loi du Texas fait passer l’application de la loi de l’État à des citoyens à titre privés. La loi permet à des citoyens de dénoncer, contre une récompense, ceux qui aident les femmes à avorter, la prime pouvant atteindre les 10.000 dollars par cas. Même un chauffeur Uber qui a emmené quelqu’un à un rendez-vous pour un avortement pourrait être poursuivi.

    Un rappel à l’ordre

    La menace d’un renversement de l’arrêt Roe contre Wade a plané au-dessus de nos têtes ces dernières années. Il s’agit d’un arrêt historique rendu par la Cour suprême des États-Unis en 1973 sur la question de la constitutionnalité des lois qui criminalisent ou restreignent l’accès à l’avortement. Un fanatique religieux déséquilibré et un prédateur sexuel ultraconservateur ont été nommés à la Cour suprême par l’ancien président Donald Trump sans que les Démocrates ne réagissent. La Cour suprême, hautement antidémocratique, a maintenant ouvertement démontré qu’elle était disposée à céder aux fanatiques de droite anti-avortement. Les perspectives de l’affaire Dobbs contre Jackson Women’s Health Organization, qui déterminera si les États peuvent interdire l’avortement après 15 semaines, sont dorénavant beaucoup plus sombres.

    De nombreuses Lois ont été adoptées par des républicaines dans les divers Etats du pays et sont en attente d’un affaiblissement de l’arrêt Roe contre Wade. Elles entreraient directement en application si cela devait advenir. Les récents événements du Texas sont la faille qu’ils attendaient avec tant d’impatience. Les lobbyistes « pro-vie », c’est-à-dire opposés à l’avortement, contactent déjà les groupes texans pour les aider à rédiger des lois similaires. Le modèle texan pourrait bientôt être exporté dans des dizaines d’États.

    Les travailleur.euse.s et tout particulièrement les jeunes femmes sont enragé.e.s à travers le pays. Mais il manque dramatiquement une direction politique afin de canaliser en action concrète l’opposition des 70% d’Américains face aux attaques contre l’avortement. Les principales organisations de défense des droits reproductifs ont publié des vidéos sans lancer aucun appel à l’action.

    Après un bref moment de choc et de surprise face à l’interdiction soudaine de l’avortement, il est clair pour des millions de personnes au Texas et dans tout le pays que des manifestations de masse et même une journée d’action coordonnée sont nécessaires pour commencer à riposter et défendre les droits reproductifs et les droits des femmes.

    Soulevons-nous pour riposter !

    Nous sommes confrontés aux plus graves attaques contre les droits reproductifs des femmes depuis des décennies, mais la situation n’est en aucun cas désespérée. Nous pouvons protéger nos droits et garantir des avortements légaux dans tout le pays. Mais cela nécessite de construire un mouvement de masse de l’ampleur du mouvement des femmes des années 1960/70 qui a permis de remporter l’arrêt Roe contre Wade en 1973 en dépit d’une Cour suprême conservatrice durant la présidence de Richard Nixon. Le pays a été secoué par des mobilisations de masse, des grèves alors que des organisations radicales de base étaient engagées dans la bataille.

    C’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui. Notre mouvement devra exercer une pression énorme sur les Démocrates qui contrôlent la présidence et le Congrès pour qu’ils agissent, ainsi que sur la Cour suprême qui s’apprête à se prononcer sur l’affaire Dobbs.

    Un mois avant de remporter la présidence, Joe Biden, alors candidat, s’est engagé à faire de l’arrêt Roe contre Wade « la loi du pays ». Avec le contrôle de la présidence et du Congrès, Joe Biden et les Démocrates n’ont aucune excuse pour ne pas tenir leur promesse.

    Nous devons exiger que les Démocrates agissent. Parmi les nombreuses autres promesses non tenues, ils n’ont jusqu’à présent pas réussi à instaurer un salaire minimum fédéral de 15 dollars de l’heure, à adopter une législation radicale sur le climat, à protéger les droits syndicaux, à augmenter le taux d’imposition des grandes entreprises ou à rétablir le financement fédéral du Planning familial. À moins qu’un mouvement de masse ne se développe et qu’une pression immense ne soit exercée sur l’administration Biden, nous pouvons ajouter la protection du droit à l’avortement à cette liste.

    Les dirigeants démocrates doivent faire tout ce qu’il faut pour adopter des protections radicales du droit à l’avortement. Ils peuvent agir maintenant pour inscrire l’arrêt Roe contre Wade dans la loi, mais comme nous l’avons vu, ils utiliseront toutes les excuses possibles pour ne pas agir. Nous ne pouvons pas leur laisser un pouce de marge de manœuvre pour contourner ce problème, nous avons besoin de manifestations et de grèves de masse pour exiger que les Démocrates codifient immédiatement cet arrêt. Les progressistes au Congrès doivent utiliser tous les moyens de pression dont ils disposent pour exiger que l’establishment agisse. En outre, nous devons mobiliser des manifestations de masse dirigées vers la Cour suprême, qui se prépare à prendre une décision dans l’affaire Dobbs. Pour déterminer les tactiques de notre mouvement, nous pouvons nous inspirer du récent mouvement des femmes en Pologne, où les femmes ont organisé une grève de masse pour protéger le droit à l’avortement.

    Le féminisme socialiste est plus nécessaire que jamais

    Notre lutte pour la libération des femmes doit aller au-delà de la question de l’accès à un avortement libre, sûr et légal. Cette interdiction et d’autres frapperont davantage les femmes pauvres et issues de la classe des travailleur.euse.s, celles qui souffrent déjà de la crise du logement et du manque de crèches. Nous avons besoin d’une lutte féministe socialiste pour des soins reproductifs gratuits et de haute qualité, y compris des services publics de garde d’enfants, le contrôle des loyers et des logements publics de bonne qualité. Nous devons mettre fin à la spéculation sur les soins de santé et assurer une transition immédiate vers un système de soins de santé pour tous. Nous devons également lutter contre le racisme, la transphobie et la terreur d’Etat contre les migrants, car toutes les formes d’oppression ne servent qu’à diviser la classe des travailleur.euse.s.

    La génération actuelle de jeunes femmes n’est pas vendue au féminisme libéral qui limite ses revendications à l’accès des femmes aux postes dirigeants de la société capitaliste. Une soif de changement est visible partout autour de nous, pour un changement fondamental qui mette un terme décisif aux crises et à l’exploitation. Sous le capitalisme, chaque conquête péniblement arrachée par un mouvement social, tel que l’arrêt Roe contre Wade, peut être brisé par la volonté de la classe dirigeante. Pour obtenir une véritable libération de l’oppression de genre, la colère doit être canalisée contre le système capitaliste lui-même dans une lutte puissante pour une transformation socialiste de la société.

  • Russie : Appel à la solidarité avec les féministes emprisonnées

    6 activistes d’Alternative Féministe Socialiste ont été arrêtées ce lundi

    Par des correspondants de Sotsialisticheskaya Alternativa, section russe d’ASI

    Ce lundi, SocFemAlternative et Sotsialisticheskaya Alternativa avaient organisé en Russie des piquets de solidarité avec les femmes afghanes. Dans notre appel posté le même jour (liké par 1715 personnes), nous avons souligné que « les femmes afghanes se battent pour leurs droits depuis plus de 40 ans contre l’impérialisme, le fondamentalisme et le capitalisme. Nous sommes solidaires de ces femmes qui ont manifesté, tenu des piquets de grève et qui ont souvent dû résister à la fois contre les talibans et contre les occupants impérialistes. Elles ont fait preuve d’un inspirant courage dans leur combat contre la pauvreté, les violences et le chaos. Elles ont besoin de notre solidarité. Nous appelons toutes celles et ceux qui sont d’accord à exprimer leur solidarité avec les femmes afghanes qui luttent contre le fondamentalisme et l’intervention impérialiste, dans leur combat pour les libertés démocratiques et pour la séparation de la religion et de l’Etat ! »

    Ces piquets de solidarité ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg. Mais aujourd’hui, même les « piquets de grève d’une seule personne » censés être légaux et ne nécessitant pas d’autorisation de l’État sont considérés comme illégaux ! Six de nos camarades ont ainsi été embarqué.e.s sans ménagement par la police. Quatre ont été inculpé.e.s d’infractions passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 200 euros, deux autres dont Kseniia Bezdenezhnykh, notre candidate aux prochaines élections législatives, ont été retenus toute la nuit et seront traduits en justice pour des infractions passibles d’une peine de trente jours de prison ou de 3 400 euros.

    L’absurdité de toute cette situation est que les talibans ont été déclarés “organisation terroriste” en Russie. Mais maintenant, la Russie souhaite conclure un accord avec le gouvernement taliban. Les droits des femmes sont sacrifiés tant en Afghanistan qu’en Russie.

    Veuillez envoyer des protestations urgentes aux ambassades russes dans votre pays pour demander que toutes les charges soient abandonnées contre Kseniia Bezdenezhnykh et les cinq autres personnes détenues et emmenées à l’OVD Presnensky, à Moscou, avec copie à info@socialisme.be.

    • Ambassadeur de Russie en Belgique – Alexander TOKOVININ // E-mail : amrusbel@skynet.be

     

  • Soyons solidaires des femmes et des travailleurs afghans. La résistance se développera !

    Pour une politique migratoire qui respecte les droits humains !

    De tous les revers subis par les femmes et les travailleurs dans le monde au cours de l’année écoulée, celui-ci est l’un des pires. L’impérialisme a fait en sorte que l’un des régimes les plus oppressifs à l’égard des femmes, le régime taliban en Afghanistan qui repose sur un pur apartheid entre les genres, soit maintenu.

    Déclaration de ROSA – International

    Afghanistan, fondé sur un pur apartheid de genre, soit de retour. Alors que les talibans se préparent à établir leur nouvel “émirat”, les femmes, les jeunes filles et les minorités sexuelles envisagent avec effroi ce que cela signifiera pour leur vie.

    Nombreux sont celles et ceux, dans le pays et à l’étranger, qui se souviennent que le premier règne des talibans, entre 1996 et 2001, a déclenché un torrent d’abus misogynes épouvantables et de violences sexistes systématiques. Mais une chose a changé : la lutte des femmes. Dans le contexte de la conscience et des mouvements féministes qui se sont développés au niveau mondial ces dernières années, cette lutte a évolué au fil des ans et elle soulèvera cette fois-ci une plus grande résistance. D’autre part, contrairement à ce qui s’est déroulé en 1996, il y a maintenant une large connaissance de ce à quoi les gens sont confrontés avec les talibans.

    La Campagne ROSA – International se tient, avec la plus grande solidarité possible, aux côtés des femmes, des jeunes, des groupes ethniques opprimés, des travailleurs et des pauvres afghans en ces jours sombres. Nous rencontrons dans nos activités des jeunes qui ont déjà fui l’Afghanistan pendant la guerre et qui pâlissent aujourd’hui d’inquiétude pour leurs familles, leurs proches et leurs amis restés au pays, qu’ils ne peuvent joindre ou dont les nouvelles sont effrayantes.

    “J’ai 32 ans, donc je me souviens du régime taliban de la dernière fois”, a déclaré Zahra Aqeli lors d’une manifestation à Stockholm. “Quand j’étais petite, je n’étais pas autorisée à aller à l’école. J’étudiais donc dans une école secrète dans une grotte dans les montagnes. J’ai réussi à apprendre à lire en secret. Mes amis et mes proches me disent que tout le monde a peur maintenant. Personne ne croit les talibans quand ils disent qu’ils vont accorder des droits aux femmes. Aucune femme ou fille n’ose sortir dehors aujourd’hui. Si les talibans découvrent qu’une personne a une liaison sans être mariée, elle sera tuée. Je suis fière que mon village dans la province de Gazni ait résisté pendant 40 jours avant que les politiciens et les chefs militaires ne vendent la résistance dans la capitale provinciale, qui a donc cessé et sans laquelle mon village ne pouvait pas résister.”

    Ali nous a raconté que là où vit sa famille, dans le village de Pashi à Gazni, les talibans ont détruit le poteau de téléphonie mobile. Ils ont occupé l’étage supérieur de la maison familiale. De là, ils attaquent tout le monde. Ils ordonnent aux filles de plus de 14 ans de les épouser. Hamid, de Kaboul, a raconté que son frère a été exécuté par les talibans il y a un mois et qu’il est maintenant responsable de sa mère, de la veuve de son frère et de quatre jeunes enfants.

    C’est avec dégoût que nous nous opposons à nos gouvernements qui, à ce stade, ne discutent pas de la manière d’aider les victimes de la guerre, mais se préoccupent de défendre leur bilan désastreux en Afghanistan et de la manière d’élever au plus vite des murs encore plus hauts contre les réfugiés, afin que celles et ceux qui réussissent à s’échapper au règne de terreur des talibans ne trouvent pas refuge en Europe ou aux États-Unis.

    Défense du droit d’asile maintenant !

    Nous exigeons que tous les réfugiés qui ont déjà fui l’Afghanistan reçoivent immédiatement un permis de séjour permanent et qu’ils puissent demander de l’aide pour leurs familles qui se trouvent encore en Afghanistan. Ensuite, des voies d’évacuation sûres doivent être établies pour les nouveaux réfugiés qui arrivent et le droit d’asile doit être accordé. Ce n’est pas l’argent qui manque. Les milliards utilisés par l’UE et les États-Unis pour combattre en Afghanistan – les États-Unis ont dépensé 300 millions de dollars par jour pour cette guerre – peuvent maintenant être utilisés pour soutenir les réfugiés.

    La paix et la démocratie ne pourront jamais être obtenues par les bombes. Nous, féministes socialistes, avons déjà manifesté il y a 20 ans contre l’intervention impérialiste et avons averti qu’elle ne donnerait pas naissance à la paix. Nous n’avons jamais non plus accepté le mensonge selon lequel l’impérialisme américain a envahi et occupé l’Afghanistan pour sauver ou libérer les femmes afghanes. L’administration Bush et ses alliés internationaux ont exploité le traitement horrible des femmes afghanes sous le premier régime taliban pour justifier sa prétendue “guerre contre le terrorisme”.

    Cette propagande ne tenait pas compte du fait que la politique étrangère américaine elle-même avait joué un rôle déterminant dans l’émergence des talibans. Les préoccupations relatives aux droits des femmes n’ont pas pesé lourd dans la balance lorsque, tout au long des années 1980, les forces américaines et la CIA, ainsi que la monarchie saoudienne, les services de renseignement pakistanais et un certain nombre d’autres gouvernements européens ont généreusement financé et armé les ancêtres des talibans, les moudjahidin fondamentalistes, dans leur croisade contre l’Union soviétique. Plus tard, afin de renverser les talibans qui avaient pris le pouvoir à Kaboul, les États-Unis ont soutenu l’”Alliance du Nord” – une coalition de seigneurs de guerre et de chefs tribaux dont les attitudes patriarcales à l’égard des femmes, dans certains cas, ne diffèrent que marginalement de celles des talibans eux-mêmes.

    Mais les prétentions “féministes” et le mythe libérateur de la guerre menée par les États-Unis contre l’Afghanistan se sont également heurtés à la réalité vécue par la majorité des femmes et des filles pendant les 20 années d’occupation militaire et les forces et gouvernements fantoches successifs soutenus par les États-Unis. S’il est vrai qu’après l’effondrement du premier régime taliban en 2001, les femmes afghanes ont récupéré certains des droits perdus pendant leur brutale soumission par ce régime, la situation est loin de la “libération” promise par l’impérialisme. La violence et l’oppression sexistes sont restées extrêmement répandues.

    En outre, la guerre et l’occupation ont déclenché un nouveau cycle de souffrances pour des millions d’Afghanes, tuant, blessant, affamant et déplaçant des milliers d’entre elles. Le cours de cette guerre a finalement ramené au pouvoir les talibans archiréactionnaires, menaçant les femmes et les minorités afghanes d’une nouvelle série d’attaques extrêmes contre les gains et les libertés, même limités, qu’elles pouvaient connaître auparavant.

    Une corruption en coopération avec l’impérialisme occidental

    La corruption et la pauvreté cultivées par le régime d’Ashraf Ghani en coopération avec l’impérialisme occidental ont suscité la méfiance et sapé l’opposition aux talibans.

    En Afghanistan, la proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté national – équivalent à 26,6 dollars par personne et par mois – est passée en 2020 de 54,5 % à 72 % de la population. Au lieu de la nourriture, la culture de l’opium a augmenté presque chaque année depuis 2000. Cette année, 40 % de la récolte de céréales est détruite par la sécheresse et 14 millions de personnes sont menacées par une famine aiguë, tandis que l’aide de l’Occident, après avoir diminué ces dernières années, disparaît désormais du jour au lendemain. Seuls 4,6 % de la population sont vaccinés contre le covid19.

    L’Afghanistan était déjà considéré comme l’un des pays les plus dangereux au monde avant la prise du pouvoir par les talibans. La proportion de femmes et d’enfants parmi les victimes civiles de la guerre a atteint 43 % l’année dernière et a continué à augmenter fortement cette année, selon les Nations unies, notamment lors de l’attaque terroriste bestiale contre une école de filles à Kaboul le 8 mai, qui a fait au moins 68 morts et 150 blessés. Les talibans ont été identifiés comme responsables.

    Alors que le président américain Joe Biden a du mal à expliquer comment la plus longue guerre des temps modernes a pu se terminer par cette catastrophe, alors que la Russie et la Chine négocient pour établir des liens avec les talibans afin de promouvoir leurs propres régimes oppressifs, d’enrichir leur commerce et d’accroître leur influence – nous, les féministes socialistes, sommes du côté des masses opprimées. Les grandes puissances aiment croire les talibans quand ils disent que les femmes devraient être autorisées à étudier et à travailler (dans certains emplois sélectionnés). Cela améliore l’héritage qu’elles laissent au pays. Mais les femmes, les personnes LGBTQ et les minorités persécutées comme les Hazaras en Afghanistan n’ont évidemment aucune confiance dans cette hypocrisie. Le premier travail pour nous, dans la classe ouvrière, est de faire sortir la vérité, de montrer à quoi ressemble la réalité.

    Un apartheid de genre

    En juillet, les talibans ont promulgué la charia dans la province de Balkh, en imposant des restrictions aux femmes qui ne sont pas autorisées à rester dehors sans être accompagnées d’un homme. Dans de nombreuses autres provinces, des stations de radio ont été fermées et des codes vestimentaires imposés. La situation en Afghanistan aujourd’hui est décrite comme un cauchemar. Les journalistes et les interprètes disparaissent et les travailleurs humanitaires sont pourchassés. Les talibans vont de maison en maison à la recherche de personnes qui sont enlevées et tuées. Une femme de 21 ans a été tuée la semaine dernière à Mazar-e Sharif parce qu’elle restait dehors sans être accompagnée d’un homme.

    L’interprétation de la charia de l’ère précédente des talibans repose sur l’apartheid entre genres, les femmes étant la propriété des hommes. C’est pourquoi elles doivent cacher tout leur corps sous un voile intégral. Personne d’autre que leur mari ne doit les voir. Le contrôle de la sexualité des femmes est un mécanisme de contrôle basé sur la société de classe qui existe partout dans le monde de façon plus ou moins libre, mais sous les talibans de façon extrême.

    Mais il y a toujours une résistance. Au cours des 20 dernières années, les luttes des femmes en Afghanistan ont lentement changé certaines de leurs conditions. Aujourd’hui, 40 % des élèves dans les écoles sont des filles et la moitié des femmes ayant reçu une éducation complète ont commencé à travailler elles-mêmes comme enseignantes. C’est un facteur dont les talibans sont bien conscients et qui motive en partie leur campagne de relations publiques actuelle autour de leur supposé “respect des droits des femmes”. Il sera difficile pour les talibans de forcer les femmes à retourner dans leurs foyers et des manifestations, notamment de femmes à Kaboul, ont déjà eu lieu contre les talibans. D’autre part, l’Unicef a indiqué en 2018 que de moins en moins d’enfants en Afghanistan vont à l’école en raison de la guerre, de la pauvreté et de la discrimination (alors 44 % des enfants n’allaient pas du tout à l’école, et deux tiers des filles). La guerre, la violence, le terrorisme et la réduction de l’aide ont eu tendance à saper les petits progrès réalisés.

    Nous nous souvenons comment les femmes kurdes ont combattu et, avec d’autres, vaincu un régime islamiste encore plus brutal, le soi-disant “État islamique”, ou Daesh, en Syrie. Malgré de sérieuses limitations politiques, une orientation féministe liée à des projets sociaux a renforcé leur lutte. Lorsque Daesh s’est emparé de Shangal, Rojava et Basur en 2014 et que toute une population de femmes Yedizi (Yazidis) a été capturée, violée et transformée en esclaves sexuelles, la “communauté internationale” a détourné le regard tandis que des groupes féministes se sont lancés dans l’organisation clandestine pour obtenir la libération de ces milliers de femmes.

    La résistance populaire se développera contre les talibans. Cette résistance doit être totalement opposée à l’ingérence de l’impérialisme, qui implique toujours des divisions de classe, la corruption, l’oppression et la division. Lorsque la résistance repose sur le besoin du peuple de construire la société ensemble – en assurant des soins de santé, des vaccins, des logements, un bon enseignement et de l’alimentation pour toutes et tous – c’est alors que la résistance obtient une base sociale qui la rend extrêmement forte.

    Les féministes socialistes feront tout ce qui est en leur pouvoir pour soutenir la lutte féministe en Afghanistan. Notre lutte est connectée dans le monde entier. La victoire du droit à l’avortement en Argentine, la grève des travailleuses et travailleurs de la santé pour des salaires plus élevés aux États-Unis, l’essor du féminisme en Chine, en Iran et en Irak, la rage contre la culpabilisation des victimes de viol en Australie,… sont autant de luttes qui se renforcent mutuellement dans la vague mondiale des luttes des femmes.

    Au nom de la solidarité internationale

    Les développements de ces dernières années, la façon dont le capitalisme traite la pandémie qui provoque un raz-de-marée de revers pour les femmes, l’accélération de la crise climatique et maintenant le retour des talibans, renforcent la prise de conscience que les petits pas en avant ne suffisent pas. Qu’ils peuvent être retirés à tout moment et tout rejeter en arrière. Cela nous amène à la conclusion que ce qui est nécessaire est un changement radical, révolutionnaire et total.

    ROSA se bat pour l’abolition du système capitaliste avec sa recherche du profit à glacer le sang, ses croisades impérialistes et son soutien éhonté à des groupes fanatiques de toutes sortes – ce système doit être renversé. Nous nous battons pour un monde socialiste où une propriété commune de l’économie et la gestion démocratique de la société par la classe ouvrière, les pauvres et tous les opprimés poseront les bases de l’égalité, de la liberté et de la paix pour toutes et tous. La manière de gagner passe par la lutte des travailleuses et travailleurs, le féminisme socialiste et la solidarité internationale.

  • Contre la violence sexiste, l’inaction n’est pas une option

    Le nouvel élan du mouvement féministe et la pandémie ont attiré l’attention sur l’ampleur de la violence sexiste : des féminicides aux agressions physiques et/ou verbales en passant par les violences sexuelles. Toutefois, le sexisme se manifeste sous de multiples formes de violence et de discrimination, y compris de manière plus « subtiles ».

    Le nouvel élan du mouvement féministe et la pandémie ont attiré l’attention sur l’ampleur de la violence sexiste : des féminicides aux agressions physiques et/ou verbales en passant par les violences sexuelles. Toutefois, le sexisme se manifeste sous de multiples formes de violence et de discrimination, y compris de manière plus « subtiles ».

    Par Katarina (Gand)

    Un harcèlement aux proportions inquiétantes

    Une enquête réalisée par Plan International auprès de jeunes d’Anvers, de Charleroi et de Bruxelles a montré que 91% des filles et 23% des garçons ont déjà été victimes de harcèlement sexuel en public.

    La moitié des filles ont déclaré que le harcèlement sexuel restreignait leur liberté. Une autre enquête récente menée par les universités de Gand et de Liège a révélé que 81 % des femmes et 48 % des hommes ont été victimes de violences sexuelles.

    Seule une petite minorité a demandé de l’aide (6%) et a signalé les faits (4%). Les groupes minoritaires tels que les personnes de couleur et les personnes LGBTQI+ (80%) et les réfugiés (84%) sont plus susceptibles d’être victimes de violences sexuelles.

    Cette année, il y a déjà eu au moins 13 féminicides identifiés en Belgique : des femmes assassinées parce qu’elles étaient des femmes. En 2020, il y en a eu au moins 24.

    Les services d’assistance téléphonique ont signalé que le nombre d’appels concernant la violence intrafamiliale a augmenté de 70%. On constate également une augmentation du nombre de signalements de violences domestiques en 2020.

    Le rôle de l’insécurité économique
    Le revenu des femmes est encore souvent considéré comme un appoint au revenu familial. Par conséquent, les secteurs fortement féminisés ont les salaires les plus bas et les pires conditions de travail. 80% des contrats de travail à temps partiel sont occupés par des femmes. L’écart de rémunération entre hommes et femmes est toujours de 21,9 %.

    Les bas salaires et les conditions d’emploi précaires rendent difficile de se plaindre de harcèlement ou de violence au travail par crainte de perdre son emploi. Cette vulnérabilité économique rend plus dépendant de son partenaire, ce qui rend également plus vulnérable à la violence domestique.

    Combattre la violence sexiste

    Mettre fin à la violence sexiste exige de défendre l’indépendance économique. C’est pourquoi la Campagne ROSA exige un salaire minimum de 14€/heure, une pension minimum de 1.500 €/mois, une individualisation des allocations sociales et leur relèvement au-dessus du seuil de pauvreté.

    Nous exigeons également des investissements dans les services publics au lieu de les négliger. Nous voulons des cours de qualité dispensés par des personnes qualifiées pour discuter des questions de genre, de consentement, de sexisme et de relations.

    Des ressources structurelles sont nécessaires pour financer et développer le conseil et l’aide aux familles. Nous avons besoin de plus de travailleurs-ses sociaux dans les espaces publics et dans les transports publics capables d’assurer notre sécurité.

    Nous défendons une société où nous nous sentirons en sécurité, dans la rue, dans les transports publics, au travail, à l’école et à la maison. Cela signifie de se battre pour une société où il n’y aura plus d’espace pour la discrimination et l’oppression.

    Le 25 novembre, c’est la Journée internationale de lutte contre la violence envers les femmes. Notez bien cette date dans votre agenda : il y aura à nouveau des actions. Aidez la Campagne ROSA à faire un succès de cette journée d’action !

  • Pourquoi le combat de Britney Spears bénéficie d’un si large écho

    Photo de Wikimedia Commons

    La méga star de la pop Britney Spears a témoigné pendant vingt-trois minutes lors d’une récente audience au tribunal et s’est exprimée avec force contre la mise sous tutelle utilisée pour limiter considérablement ses droits et l’accès à ses revenus. L’audience du mouvement #FreeBritney – les personnes qui estiment que le père de Spears retient la femme de 39 ans en otage – a récemment suscité l’intérêt du grand public après la diffusion d’un documentaire du New York Times, “Framing Britney Spears”. Plus important encore, l’attention portée à Britney Spears, une adulte légalement contrôlée par son père depuis 13 ans, indique l’évolution des attitudes sociales d’intolérance à l’égard de l’oppression dans tous les coins de la société.

    Par Ginger Jentzen

    Ces tutelles sont nommées par le tribunal sur une personne jugée incapable de prendre des décisions dans son propre intérêt. Ces arrangements peuvent être temporaires, mais certains défenseurs des droits des personnes handicapées soulignent qu’une fois qu’une tutelle est en place, tout changement ou toute résiliation peut nécessiter la présentation d’un seuil élevé de preuves, et qu’il appartient en fin de compte à un juge de décider.

    Dans son témoignage, Britney Spears a déclaré au juge : “J’aimerais pouvoir rester au téléphone avec vous pour toujours, car dès que je raccrocherai le téléphone, ce ne seront que des “non”… Je me sens si seule”. Ce sentiment est loin d’être étranger au tiers des femmes confrontées à la violence domestique au cours de leur vie, piégées par le manque de ressources. Ces femmes confrontées à la violence reconnaissent la manipulation de la carotte et du bâton et l’abus de pouvoir utilisés par l’équipe qui tient Spears en otage. Britney Spears est contrainte à une “enfance légalement construite”, comme l’a dit un commentateur, où “son père prend le genre de décisions que l’on attendrait d’un parent pour une adolescente”. Un juge a récemment rejeté l’appel de Spears visant à mettre fin à la mise sous tutelle. Cependant, l’institution financière impliquée, Bessemer Trust, s’est retirée de son rôle, et quelques jours plus tard, l’avocat de longue date de Spears, nommé par le tribunal, a démissionné, tous deux sous la pression.

    De la chérie de l’Amérique à la vache à lait de l’industrie

    Britney Spears finance l’ensemble de l’opération qui la maintient en captivité. Elle a témoigné que l’équipe l’a légalement forcée à partir en tournée et à accepter une résidence épuisante de cinq ans à Las Vegas. Elle a comparé la mise sous tutelle à un trafic d’êtres humains : pas d’intimité, pas de jours de congé, pas de prise en compte de son emploi du temps et paiement des ravisseurs pour la maintenir dans la servitude.

    Cette histoire démontre un degré médiéval de sexisme. Les personnes qui ont le pouvoir de décider quand la mise sous tutelle doit prendre fin sont les médecins et les avocats qui sont payés pour la superviser. Techniquement, son avocat désigné par le tribunal s’assure que ses tuteurs ne pillent pas ses biens, mais même son tarif horaire de 495 $ est payé à partir de sa résidence légale à Las Vegas. Son père est payé 130 000 dollars par an pour être « conservateur », mais en plus de cela, il a fait appel à un juge pour l’autoriser à recevoir 1,5 % des ventes brutes de la résidence de Las Vegas. On ne devrait pas confier sa santé mentale et son bien-être aux mêmes personnes qui profitent de sa carrière depuis des décennies. Dans son témoignage, elle a déclaré : “Je ne suis pas heureuse, je ne peux pas dormir, je suis tellement en colère que c’est insensé” et “ils devraient être en prison… mon corps précieux qui a travaillé pour mon père pendant les 13 dernières années, en essayant d’être si bon et joli, alors qu’il me fait travailler si dur…”.

    Cela a capté l’attention de millions de personnes parce que le sexisme est bien vivant dans cette société capitaliste et les faits auxquels nous sommes confrontés avec l’histoire de Britney Spears nous rappellent qu’aucun « féminisme de plafond de verre » et aucune quantité d’argent ne peut vraiment libérer l’humanité de l’oppression de genre. La société doit disposer d’une base fondamentalement différente pour construire des relations saines entre hommes, femmes et toutes les personnes actuellement opprimées par le capitalisme. Dans ce système barbare, personne n’a la moindre garantie d’autonomie corporelle.

    #NotJustBritney

    Ce n’est pas non plus une coïncidence si la large solidarité avec la situation de Britney Spears intervient dans le sillage de #MeToo, de la condamnation d’Harvey Weinstein pour viol et d’une génération de jeunes très préoccupés par la santé mentale. Après une année de confinements, la santé mentale des gens ordinaires est extrêmement vulnérable, ce qui n’est qu’aggravé par la classe dirigeante qui menace de mettre fin aux mesures de relance et aux moratoires sur les expulsions. Un jeune sur quatre a déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours de l’année dernière aux Etats-Unis.

    C’est l’effondrement mental de Britney Spears sous la pression de l’industrie et de son sexisme qui est à l’origine de la mise sous tutelle. Britney Spears n’avait que 16 ans lorsque le clip de “Baby One More Time” est sorti, dans lequel on la voit dans un costume d’écolière hyper sexualisé devenu emblématique. La sexualisation des jeunes femmes et la violence sexiste font partie intégrante de la vie sous le capitalisme, ce qui peut être à l’origine de dépressions, d’anxiété, de troubles alimentaires et de toute une série d’autres problèmes de santé mentale.

    Le plus consternant est l’approche draconienne de la curatelle à l’égard des droits reproductifs de Spears, qui l’oblige à garder un stérilet contre son gré. Depuis plus d’une décennie, les femmes de tous les États-Unis subissent les attaques des républicains contre l’avortement et les droits reproductifs. Les militants de la lutte antiraciste et des droits des personnes handicapées ont mis en lumière comment le capitalisme américain a utilisé la stérilisation forcée en tant qu’outil pour faire respecter le colonialisme raciste et l’esclavage. Le New York Times rapporte que ce n’est qu’en 2014 que la Californie a formellement interdit la stérilisation des détenues sans consentement.

    L’expérience de Britney Spears montre que, si les femmes pauvres et opprimées supportent le poids écrasant des attaques contre l’autonomie corporelle et n’ont pas accès aux soins de santé mentale, les menaces contre la liberté reproductive et une approche inadéquate de la santé mentale ont un impact sur la société dans son ensemble. Nous devons construire un mouvement suffisamment fort pour arracher l’industrie de la santé privée et à but lucratif au capitalisme américain, et construire un système national de santé public, Medicare for All, qui puisse garantir des soins de santé reproductifs et mentaux inclusifs. C’est d’autant plus vrai que la Cour suprême a accepté de se saisir d’un cas du Mississippi qui pourrait démanteler Roe v. Wade (arrêt historique rendu par la Cour suprême des États-Unis en 1973 sur la question de la constitutionnalité des lois qui criminalisent ou restreignent l’accès à l’avortement). Leur décision pourrait dans les faits rendre l’avortement plus dangereux, et non moins probable.

    Tout comme nous ne pouvions pas faire confiance aux tribunaux qui ont permis à Weinstein d’éviter une condamnation pour viol pendant plus d’une décennie, nous ne pouvons pas leur faire confiance aujourd’hui pour défendre les droits des femmes ou la liberté reproductive. C’est d’autant plus clair dans le contexte de la récente et honteuse libération de Bill Cosby, qui est une gifle au visage des dizaines de femmes qui se sont courageusement présentées pour mettre fin à ses décennies d’agressions sexuelles prédatrices.

    Nous devons construire une lutte féministe socialiste, reposant sur l’organisation à la base, afin de remporter un véritable changement. Bien que le moment #MeToo ait inspiré des femmes célèbres à dénoncer le sexisme dans l’industrie du divertissement, ce sont les travailleurs des secteurs dominés par les femmes, tels que les soins de santé et l’éducation, qui luttent toujours contre les attaques de l’establishment politique sur leurs salaires, leurs droits et leur sécurité, même en tant que travailleurs de première ligne pendant la pandémie. C’est le phénomène généralisé des débrayages dans des entreprises comme Google et McDonald’s qui a permis de faire pression pour que des personnes comme Weinstein soient condamnées et d’obtenir des changements concrets sur le lieu de travail. Nous devons nous organiser pour mener à nouveau des actions de masse de ce type, et aller encore plus loin.

    Le capitalisme est une menace pour la créativité

    L’expérience de Britney Spears est particulièrement terrifiante, et nous en sommes conscients en raison de sa célébrité, mais elle touche aux notes de sexisme inhérentes à l’industrie du divertissement reposant sur le profit. Cette industrie est marquée par l’exploitation, le contrôle et la limitation de la carrière des femmes par des hommes puissants.

    Les jeunes d’aujourd’hui toléreraient-ils le niveau d’abus des paparazzis et les prises de position sexistes des médias auxquels Britney Spears a été confrontée au début de sa carrière ? L’interview de Diane Sawyer en 2003, dans laquelle elle rendait Spears responsable de sa rupture avec Justin Timberlake, avec qui elle faisait partie de la machine de divertissement de Disney World à l’époque, et lui demandait de justifier les détails intimes de sa vie sexuelle à la télévision nationale, a récemment fait l’objet d’un examen minutieux. Les réseaux sociaux ont donné un accent douloureusement sombre et humoristique à l’ère du sexisme médiatique du début des années 2000, centré sur les carrières d’adolescentes sur-sexualisées comme Spears, Christina Aguilera, les Kardashian et Paris Hilton. Aujourd’hui, les paparazzi traquent Spears lorsqu’elle suit une thérapie.

    La mise sous tutelle est une expression extrême de la façon dont l’industrie du divertissement peut asservir les artistes, en particulier les femmes, en les faisant travailler sous contrat sous la menace de représailles légales pour financer les salaires gonflés des dirigeants, les salles de spectacles à grand spectacle, les annonceurs et les maisons de disques – jusqu’à ce que les artistes ne soient plus rentables ou plus jeunes.

    Dans un secteur où l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes et la cooptation des gros bonnets constituent une menace pour les développements artistiques futurs, les artistes individuels sont contraints financièrement à l’exploitation de leurs idées. Par exemple, Michaela Coel a refusé un contrat d’un million de dollars avec Netflix pour garder le contrôle créatif de sa série “I May Destroy You”, qui traite des agressions sexuelles et de leurs conséquences complexes. Tik Tok, Instagram et Snapchat sont autant de moyens puissants pour les jeunes créatifs de partager leur art, mais ils ne sont pas à l’abri d’une cooptation par l’industrie. Les maisons de contenu telles que Hype House et Collab Crib sont ciblées par les sociétés de capital-risque et les grandes fortunes pour investir dans “l’économie créative”.

    En tant que nouvelle frontière pour les créatifs, ces artistes devraient s’organiser en mettant l’accent sur les droits des travailleurs, en formulant des demandes concrètes pour lutter contre le sexisme et le racisme de l’industrie et son influence sur ces plateformes. La Screen Actors Guild (SAG) et l’IATSE pourraient servir d’outils, représentant la manière dont un large groupe de travailleurs ayant des intérêts similaires peut négocier les conditions de travail avec un syndicat. Les techniciens et autres travailleurs contractuels pourraient être des alliés dans cette lutte. Les grands changements culturels contre la violence et l’oppression liées au genre sont enracinés dans la lutte de la classe ouvrière, mais comment mettre fin à la discrimination systémique dans une industrie qui tire des profits des divisions sociales et culturelles amplifiées par le capitalisme ? Les exemples d’artistes qui se battent pour le contrôle artistique sont très importants, mais ils montrent aussi que c’est une bataille difficile qui nécessite une organisation de masse contre l’exploitation de l’industrie dans son ensemble.

    Nous pouvons remporter des victoires contre le racisme et le sexisme inhérents au capitalisme, mais ce système qui a créé et profite de la situation difficile de Britney Spears ne mettra jamais fin aux divisions sociales qui maintiennent la classe dirigeante au pouvoir. La solidarité avec la détresse de Britney Spears que nous constatons aujourd’hui est un signe de la colère croissante des femmes qui se voient refuser tout semblant d’autonomie corporelle. Cet exposé doit nous rappeler que la classe ouvrière peut se battre et obtenir des changements matériels, y compris la fin de la discrimination salariale entre les sexes, la mise en place de services sociaux pour mettre fin à la violence sexiste, la défaite des attaques contre l’avortement et l’obtention de soins de santé et de logements pour tous. L’organisation de masse à la base peut renverser la vapeur contre l’oppression systémique et construire un monde basé sur l’égalité sociale et économique organisée démocratiquement.

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