Category: Féminisme

  • FEMME, VIE, LIBERTÉ : 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence de genre

    « Femme, vie, liberté » : c’est le principal slogan que les masses en Iran ont scandé dans les rues après le meurtre brutal de Jina (Mahsa) Amini, 22 ans. Du Kurdistan à l’Azerbaïdjan, du Sistan & Baluchestan au Khuzestan, ce mouvement a secoué le pays tout entier et bien au-delà. Les protestations déclenchées par ce féminicide d’État se sont immédiatement transformées en un soulèvement révolutionnaire courageux contre l’ensemble du régime iranien, abordant la question du féminicide et de la violence d’État ainsi que l’ensemble du système d’oppression dont souffrent les femmes, le peuple kurde ainsi que les autres minorités, les jeunes et les travailleurs.

    Déclaration du réseau international féministe socialiste ROSA

    Jina a été tuée par la police des mœurs iranienne, une force de police symbole de contrôle quotidien du corps des femmes, d’arrestation, de harcèlement et de violence. Les masses ne l’acceptent plus. Les codes vestimentaires oppressifs et les attaques croissantes contre les femmes ou la communauté LGBTQIA+ (illustrée par la récente condamnation à mort de deux militantes LGBTQIA+) représentent des piliers essentiels du régime iranien. L’unité dans la lutte qui s’est développée depuis le mois de septembre s’est imposée dans toutes les sphères de la société iranienne : dans les écoles, sur les lieux de travail, dans les quartiers, dans les rues, dans les foyers. Elle frappe le système en plein cœur. Ces femmes ont inspiré des couches plus larges de la classe ouvrière à se soulever également. C’est ce qu’ont exprimé les travailleurs d’une usine de sucre en Iran en déclarant : « Filles du soleil et de la révolution, le jour de la victoire, c’est le monde entier qui vous saluera. Vous avez donné à la terre entière une leçon pour se soulever et résister. »

    Le mouvement révolutionnaire en Iran démontre, une fois de plus, à quel point la misogynie, la violence et le sexisme sont profondément liés à la violence d’État, à la répression et à l’ensemble du système capitaliste lui-même. Ce mouvement s’est engagé dans une lutte contre l’une des dictatures les plus oppressives et répressives au monde en une démonstration éclatante de l’inébranlable bravoure de toute une génération. En Afghanistan, des femmes et des jeunes filles protestent depuis le tout début contre le régime des talibans récemment revenu au pouvoir. Inspirées par le mouvement en Iran, elles ont à nouveau occupé la rue après l’horrible attentat à la bombe contre des étudiantes de la minorité chiite hazara.

    Ce mouvement est un exemple extrêmement inspirant de solidarité entre les opprimés. « Femme, vie, liberté », ce slogan reflète la lutte mondiale contre les féminicides et la violence sexiste. Il illustre la manière dont des soulèvements de masse peuvent être déclenchés par une étincelle, à l’image d’un cas extrême symptomatique de l’oppression et de la violence auxquelles les femmes et les personnes LGBTQIA+ sont confrontées. Ils se transforment alors rapidement en une lutte radicale contre les dictatures et, dans une certaine mesure, contre le système lui-même dans son ensemble. Les femmes, les jeunes filles, les travailleurs et les jeunes d’Iran nous montrent avec héroïsme la voie à suivre pour notre combat contre la violence et l’oppression.

    La solidarité internationale est une caractéristique essentielle des mouvements féministes et autres qui ont marqué ces dernières années. Cela reflète l’état d’esprit selon lequel une blessure à l’un.e est une blessure à tou.te.s. De Metoo à Black Lives Matter (BLM) et Ni una Menos : la violence subie tous les jours a trouvé une réponse dans l’action radicale et la solidarité. Ainsi, nous avons assisté en juillet à une journée d’action transfrontalière contre les féminicides au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Nous devons développer plus avant ce type de mouvements contre la violence sexiste et d’État afin de construire un mouvement féministe socialiste international contre toute forme d’oppression et d’exploitation. Nous devons transformer l’édition de cette année de la Journée internationale pour l’élimination de la violence de genre en une journée d’action de masse contre les attaques contre nos droits, contre la violence croissante, contre la guerre et contre l’impérialisme, contre la crise du coût de la vie et contre l’horreur capitaliste que nous subissons.

    L’augmentation de la violence sexiste et le rôle de l’État

    Depuis le début du soulèvement en Iran, des centaines de personnes ont été tuées et arrêtées par les forces de sécurité. L’âge moyen des manifestant.e.s arrêté.e.s est de 15 ans. De jeunes écoliers et écolières ont été attaqué.e.s par la police dans leurs salles de classe. Des étudiant.e.s universitaires ont « disparu » et les forces de l’État ont eu recours à la violence brutale et au viol afin de tenter de briser le mouvement et les femmes. Mais même cette répression sanglante et cette horrible violence d’État ne sont pas parvenues à mettre un terme au mouvement.

    Comme l’ont déjà illustré les récents soulèvements révolutionnaires au Chili ou encore au Soudan, la classe dirigeante et l’État n’hésitent pas à recourir consciemment la violence et le viol. La violence d’État et les féminicides augmentent lorsque la classe dirigeante craint la révolution. Les dictatures comme le régime iranien sont le reflet le plus clair de l’interconnexion entre l’État capitaliste et la violence interpersonnelle reposant sur le genre. Mais nous pouvons constater cette interconnexion partout. L’État est complice de l’oppression et de la violence à l’égard des femmes et des personnes LGBTQIA+ de multiples façons. L’évidence s’est imposée à beaucoup : dans un système où l’État est un tel responsable, nous ne pourrons jamais avoir d’égalité totale et mettre fin à la violence sexiste.

    Il s’agit de la culpabilisation des victimes et du slutshaming qui se déroule quotidiennement, que cela soit le fait d’agents de police ou des tribunaux. Il s’agit des liens profonds entre l’État et les institutions religieuses, qu’il s’agisse de l’Église catholique ou des Ayatollahs, et de la promotion consciente de la misogynie et du sexisme. Il s’agit de l’ensemble de l’appareil d’État qui protège la richesse et les biens d’une petite minorité de super-riches plutôt que les vies et les droits de toutes et tous. L’État capitaliste est un instrument de la classe dirigeante, ce n’est aucunement une institution neutre. Il est intrinsèquement construit pour défendre le statu quo. Cela est apparu clairement lors du soulèvement de BLM ainsi qu’à travers certains des cas les plus choquants de féminicides, comme le cas de Sarah Everard, assassinée à Londres en 2021 par un officier de police.

    Bien que ces cas soient parmi les exemples les plus extrêmes de violence de genre, nous savons que la plupart des cas de féminicides et de violence ont lieu au sein même des foyers, un phénomène qui n’a fait qu’augmenter durant la pandémie et aujourd’hui avec la crise économique. La violence à l’égard des femmes n’est pas seulement physique. Souvent, les femmes sont soumises à une longue période de contrôle de leur comportement, de violence psychologique et par exemple de perte de contrôle sur leurs propres finances.

    Les abus et la violence à l’égard des femmes font partie du maintien du déséquilibre du pouvoir entre hommes et femmes, tout comme le contrôle du corps des femmes. Dans la société capitaliste, l’État n’a aucun intérêt à s’y opposer. Au contraire, la division entre femmes et hommes qui travaillent est une pierre angulaire du système.

    Parallèlement, les coupes budgétaires dans les services publics, les refuges, les soins de santé et l’éducation ont encore accru la dépendance économique des femmes. Dangereusement isolées dans leurs foyers, les femmes, les jeunes filles et les jeunes LGBTQIA+, par exemple, perdent de plus en plus la possibilité de quitter un partenaire violent, leur famille, etc. Les multiples crises créées par le système capitaliste – des inondations dévastatrices au Pakistan à la crise énergétique – frappent encore plus durement les plus personnes opprimées et augmentent toutes les formes de violence.

    Offensive de l’extrême-droite et de la classe dirigeante – L’avortement et les droits des personnes LGBTQIA+ attaqués

    Les dangereuses attaques contre l’autonomie corporelle et certains de nos droits les plus fondamentaux constituent une autre forme de violence d’État. L’attaque contre l’arrêt Roe V. Wade concernant l’avortement a constitué un important tournant cette année : aux États-Unis, les États interdisent l’avortement les uns après les autres, menaçant ainsi la vie de millions de femmes et de femmes enceintes.

    Cette offensive de la droite a inspiré l’extrême droite et les cyniques « activistes pro-vie » du monde entier, de la Hongrie à l’Italie en passant par l’Allemagne et l’Autriche. Ces attaques vont de pair avec celles menées contre la communauté LGBTQIA+ et les personnes transgenres tout particulièrement. La classe dirigeante est bien consciente que la confiance et la radicalisation croissantes, en particulier des jeunes femmes et des personnes LGBTQIA+, représentent une menace pour leurs normes de genre rigides et pour la famille nucléaire traditionnelle dont le système a besoin pour opprimer et exploiter non seulement les femmes mais aussi l’ensemble de la classe travailleuse.

    En ce sens, ces attaques font également partie de l’offensive idéologique lancée contre le mouvement féministe en plein essor à travers le monde. L’extrême-droite se qualifie de « pro-vie » tout en s’opposant à l’intervention de l’État pour résoudre la crise du lait infantile aux États-Unis et en soutenant le massacre de réfugié.e.s aux frontières européennes. Cette hypocrisie est utile au système capitaliste. Cette idéologie conduit à une violence extrême et au meurtre.

    Nous assistons à un retour de bâton contre Metoo avec le procès de Johnny Depp et Amber Heard ou encore avec l’impact dangereux de figures comme Andrew Tate (kickboxeur britannico-américain et personnalité en ligne masculiniste et misogyne bannie des principaux réseaux sociaux en 2022). Le 12 octobre, un jeune homme de 19 ans a attaqué un bar LGBTQIA+ à Bratislava et a tué deux hommes. Avant l’attentat, l’auteur avait publié un manifeste d’extrême droite et anti-queer. Les attaques dont nous avons également été témoins à Oslo, dans le Colorado tout récemment et lors de plusieurs événements liés aux Pride cette année sont illustratives de l’escalade de l’oppression dont les personnes LGBTQIA+ sont victimes au quotidien.

    Les attaques contre le droit à l’avortement en Chine constituent un exemple clair de la volonté de policer nos vies et nos corps. Le pays a connu un virage radical de la politique de l’enfant unique vers des limitations du droit à l’avortement. Ce type d’attaque se situe dans l’actuel contexte de guerres et de crises impérialistes croissantes, afin de contrôler quand et si nous devons donner naissance à des enfants. Les interdictions liées à l’avortement représentent un exemple de violence d’Etat, elles signifient des situations de danger de mort non seulement pour les femmes qui désirent avorter mais aussi pour toutes celles qui peuvent ou veulent tomber enceintes. En fin de compte, ces restrictions sont une question de classe : celles qui travaillent et les pauvres sont les plus touchées alors que les riches n’ont aucun problème pour accéder aux soins de santé dont ils ont besoin.

    De l’Iran aux États-Unis, nous défendons une autonomie corporelle totale. Il s’agit d’un élément central de notre lutte contre la violence de genre. Nous luttons pour un accès total et gratuit à tous les types de soins de santé dont nous avons besoin. Les différentes luttes inspirantes des travailleuses et travailleurs des soins de santé du monde entier pour des salaires décents et de meilleures conditions de travail nous montrent où se trouve notre pouvoir : dans notre action collective. Nous devons relier ces luttes au combat pour l’autonomie corporelle et nous rappeler comment nous avons pu remporter de véritables victoires.

    Cette offensive des conservateurs et de l’extrême-droite ne représente qu’un côté de la médaille. L’autre côté, ce sont les importantes victoires qui ont été remportées de l’Irlande à l’Argentine, du Mexique à la Corée du Sud. La Campagne ROSA et le Socialist Party d’Irlande ont joué un rôle clé dans l’obtention du droit à l’avortement dans la république irlandaise et ont pris l’initiative de rappeler comment cette victoire a été remportée en organisant une marche à l’occasion du 10e anniversaire de la mort tragique de Savita Halappanavar (décédée en 2012 d’une septicémie après que sa demande d’avortement ait été refusée en raison de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement). Cette victoire avait été arrachée en organisant et en mobilisant la classe travailleuse depuis la base grâce à une approche audacieuse, notamment en organisant la distribution de pilules abortives à grande échelle afin de soumettre l’État à une intense pression en exposant la réalité derrière les restrictions à l’avortement.

    Guerre et impérialisme : La violence dans sa forme la plus pure

    L’ONU Femmes a publié un rapport le 20 octobre indiquant que : « Les dépenses militaires ont atteint un niveau record de 2,1 trillions de dollars en 2021, au détriment des investissements dans la sécurité humaine. Parallèlement, et au moment où l’on en a le plus besoin, le financement des organisations de femmes dans les pays touchés par les conflits a baissé à 150 millions de dollars en 2020, contre 181 millions en 2019. »

    L’invasion criminelle de l’Ukraine par la Russie a connu une nouvelle escalade en septembre dernier avec la « mobilisation partielle » déclarée par Poutine. Depuis le début de cette guerre, des milliers de civils ont été tué.e.s, de nombreux autres ont été forcé.e.s de quitter leurs maisons. Des soldats ukrainiens et russes s’entretuent dans une guerre qui a plongé le monde entier dans le choc et la peur.

    Les guerres représentent la forme la plus pure de violence dans le système capitaliste. La guerre en Ukraine n’est qu’un exemple des tensions impérialistes et de la militarisation qui augmentent dangereusement. Et ce sont toujours les femmes, les plus opprimées, la classe travailleuse et les pauvres qui doivent en payer le lourd tribut. Mais c’est de là aussi que provient la résistance. En Russie, les femmes ont été à l’avant-garde des protestations anti-guerre, en dépit de la répression massive du régime de Poutine.

    La guerre est synonyme de violence brutale, de faim et de destruction, ainsi que d’une augmentation de la violence sexiste. Le viol est utilisé comme arme de guerre dans tous les conflits armés. Des femmes et des jeunes filles ukrainiennes ont été victimes de la traite des êtres humains, comme tous les réfugié.e.s, à une échelle de masse. D’autre part, quand les hommes reviennent de la ligne de front, cela signifie une augmentation de la violence domestique et des féminicides.

    Qui profite de cette guerre ? Notre combat contre la violence de genre ne peut pas être séparé de nos actions contre l’impérialisme et la guerre. Dès le tout premier moment de cette guerre, nous avons fait campagne avec ROSA et ASI (Alternative Socialiste Internationale, à l’initiative du réseau international féministe socialiste ROSA) en faveur de la construction d’un mouvement anti-guerre à l’approche féministe socialiste en soulignant le pouvoir potentiel des gens ordinaires et de toutes les personnes opprimées pour mettre fin à cette guerre par la lutte de classe.

    Crise du coût de la vie = crise du capitalisme. Nous ne paierons pas de nos vies, de nos corps et de notre santé !

    « Il y a plusieurs façons de tuer. Planter un couteau dans l’estomac de quelqu’un, retirer le pain de quelqu’un, ne pas guérir la maladie de quelqu’un, mettre quelqu’un dans un mauvais logement, faire travailler quelqu’un à mort, pousser quelqu’un au suicide, emmener quelqu’un à la guerre. Dans notre pays, certaines de ces choses sont interdites. » (Bertolt Brecht)

    La guerre en Ukraine est également utilisée par la classe dirigeante pour expliquer la crise massive du coût de la vie, l’inflation, les pénuries alimentaires, etc. En réalité, la crise économique avait déjà commencé avant le déclanchement de cette guerre. La crise énergétique menace aujourd’hui massivement la vie de millions de personnes dans le monde.

    En Iran, l’inflation était de 75 % en septembre dernier. La population de 44 États connait actuellement des niveaux « alarmants » de famine. Pas moins de 828 millions de personnes souffrent de malnutrition dans le monde, dont de nombreux enfants. Cet hiver, la violence basée sur le genre augmentera de nouveau de façon dramatique. Nous savons que les crises économiques conduisent à une augmentation de la violence – les températures glaciales dans les maisons conduiront à des infections dangereuses et à des problèmes de santé – sans compter qu’une nouvelle vague de COVID aggravera la situation. Outre la pauvreté et la faim, la crise du coût de la vie entraînera également une escalade de violence dans les foyers et les ménages, avec des tensions croissantes, de la violence et donc une augmentation des féminicides. Le travail de soin non rémunéré des femmes dont le système capitaliste a besoin et dont il tire profit va encore s’étendre et exercer de multiples pressions sur les femmes qui sont souvent celles qui sont chargées de préparer et d’acheter la nourriture pour la famille.

    L’inflation n’est pas une loi de la nature. Alors que nous peinons à payer nos factures et que nous redoutons d’être sans abri et de souffrir de la faim, les entreprises du secteur de l’énergie ont réalisé des bénéfices records. Exxon à elle seule a déclaré pour 2022 un bénéfice de 17,9 milliards de dollars. La société Aramco d’Arabie Saoudite a réalisé 48,4 milliards de dollars au cours du même trimestre ! Et ce serait à nous de payer pour la crise ? Un nombre écrasant de femmes travaillent dans des secteurs essentiels, la pandémie les a donc placées en première ligne. Aujourd’hui, l’inflation les contraint à faire la queue pour manger. Ce sont des formes de violence nées du système capitaliste.

    C’est pourquoi la lutte contre la violence fondée sur le genre va de pair avec la lutte contre ce système axé sur le profit qui produit toutes ces crises multiples dont nous souffrons. Cela signifie que le mouvement de la classe travailleuse à l’échelle internationale, comme le mouvement syndical lorsqu’il s’attaque à la crise du coût de la vie, doit placer au centre de ses revendications la lutte contre la violence sexiste, le sexisme et l’oppression. Par exemple, en utilisant les négociations salariales et les mobilisations contre la crise du coût de la vie pour les lier à la lutte pour l’autonomie corporelle, les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+.

    Construire la riposte féministe socialiste MAINTENANT

    Le mouvement révolutionnaire en Iran nous montre comment les femmes à la pointe de la lutte, la classe travailleuse, les pauvres et les personnes opprimées ont le pouvoir de renverser les dictatures, et potentiellement même le système capitaliste axé sur le profit. C’est la seule façon de mettre fin à la spirale de crise après crise et aux différentes formes de violence qui y sont liées.

    Ce système est coupable à tous égards. Pour mettre fin à la violence sexiste et donner corps au slogan “Ni una menos” (“Pas une de moins”), nous devons nous battre pour une société complètement différente. La violence de genre est l’expression d’un système profondément violent. L’heure est venue de se mobiliser et de s’organiser pour construire un mouvement féministe socialiste sur nos lieux de travail, dans nos écoles, nos universités et nos communautés :

    – Mettons un terme à toute forme de violence basée sur le genre ; combattons le sexisme, la misogynie, le racisme, la LGBTQIA+phobie, les abus de pouvoir, le harcèlement et l’oppression partout dans le monde.

    – Défendons et étendons le droit à l’avortement et à des soins de santé respectueux de l’égalité de genre : pour un accès total et gratuit aux soins de santé, pour une éducation sexuelle laïque et entièrement publiquement financée et un accès facile et gratuit à la contraception.

    – Luttons pour le financement intégral des services de lutte contre la violence domestique et sexuelle, des refuges pour femmes et personnes LGBTQIA+ ainsi que des services consacrés à la santé mentale.

    – Battons nous en faveur de salaires décents, de logements abordables et d’emplois décents, pour lutter contre l’augmentation de la faim et de la pauvreté et pour rendre possible une vie indépendante.

    – Luttons pour des investissements publics massifs dans les soins de santé, l’enseignement et les logements sociaux, exproprions les sociétés immobilières à but lucratif.

    – Saisissons la richesse de l’élite et des super riches pour financer ces mesures nécessaires.

    – Nationalisons les entreprises énergétiques, l’industrie alimentaire et d’autres industries clés dans le monde entier sous contrôle et gestion démocratiques de la classe travailleuse afin de mettre fin au gel des logements et à la crise énergétique tout en combattant la crise climatique.

    – Luttons pour un Etat gouverné démocratiquement par la classe travailleuse et les pauvres et éliminer les bases de l’oppression et de la discrimination dans l’Etat et le système judiciaire.

    – Luttons pour une alternative socialiste à la barbarie capitaliste, pour la planification démocratique de l’économie et pour assurer que les ressources de la société soient consacrées à satisfaire les besoins des êtres humains et de la nature afin de mettre un terme une fois pour toutes à l’oppression, à la violence et à l’exploitation.

  • Mon corps, mon choix, ma liberté !

    Combien avons-nous été à vibrer au rythme du développement de la lutte révolutionnaire en Iran suite au meurtre de la jeune Zhina (Masha) Amini ? Jin, Jiyan, Azadî ! Femme, vie, liberté ! Plus rien ne sera jamais pareil en Iran. Continuons à nous inspirer de cette résistance active !
    Aux États-Unis, un recul historique concernant le droit à l’avortement a eu lieu. Il illustre qu’aucune conquête sociale n’est permanente dans le système capitaliste. L’exploitation et l’oppression, notamment de genre, sont au cœur de son ADN. Nous devons nous organiser, les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ sont attaqués de partout.

    Participez à la manifestation à l’initiative de la plateforme Mirabal ce 27 novembre (13h), et rejoignez-nous dès 12h au Mont des Arts (à côté de la gare de Bruxelles-Centrale) pour nous aider à mettre sur pied la délégation combative de la Campagne ROSA et répéter avec nous les slogans !

    Belgique : l’hypocrisie n’est pas un progrès

    En Belgique, c’est un peu facile pour les autorités de jouer la carte du féminisme… tout en acceptant l’insuffisance des moyens pour les services publics, la prévention et l’aide aux victimes. L’avortement est toujours inscrit dans le code pénal belge (!) et la pénurie de moyens dans les soins de santé met sa pratique en péril. Des Iraniennes et des Afghanes continuent d’être expulsées du pays. On peut toujours être virée d’un cours ou ne pas être engagée à cause de sa tenue vestimentaire. Le statut de cohabitant existe toujours. Il diminue l’allocation sociale quand on vit sous le même toit qu’une autre personne, ce qui frappe des femmes à 60%. Les écarts de revenus sont encore bien présents en Belgique.

    Pourtant, on sait très bien que la dépendance économique vis-à-vis du conjoint ou de la famille joue un rôle de frein pour quitter les situations de violence domestique. La pauvreté étant plus forte chez les femmes (elles sont notamment surreprésentées dans les secteurs à bas salaires et les temps partiels), s’enfuir d’une situation de violence, parfois avec des enfants, est un défi particulièrement compliqué.

    L’explosion des prix, de l’énergie et du reste, n’a fait que durcir les choses. Les demandes d’aide alimentaire pour les familles monoparentales ont quintuplé. En plus, il n’y a qu’une place d’accueil pour 3 tout-petits, et certaines crèches ferment par manque de moyens ou de personnel. Et combien de jeunes plongé.e.s dans la précarité en raison de leurs kots devenus hors de prix? Plus de propriétaires proposent scandaleusement des logements contre « services sexuels ». La précarité est un boulevard pour les abus de pouvoir sexistes dans le logement, l’enseignement et ailleurs.

    Rien ne nous a jamais été donné, c’est par la mobilisation de masse que nos droits ont été conquis. L’unité dans la lutte de toutes les personnes exploitées et opprimées par la société capitaliste est cruciale ! Rejoins-nous ! Mettre fin au sexisme, aux autres formes d’oppression et au système capitaliste qui les entretient, c’est possible !

  • Manifestation – Révolution féministe en Iran, Liège solidaire !

    Ce jeudi 6 octobre, 18h30, Place Saint Lambert

    L’assassinat de Zhina (Mahsa) Amini, une jeune femme kurde, par la “police des mœurs” en Iran a provoqué un nouveau mouvement de masse audacieux et explosif, défiant le pouvoir des mollahs et le régime !

    A l’initiative de la Campagne ROSA, avec le soutien des FPS? du collectif Et ta soeur ?, de Féminisme Yeah, etc.

    Nous sommes solidaires de tou.te.s les femmes et les hommes courageux.ses, des travailleur.euse.s et des jeunes qui risquent leur vie en descendant dans la rue aux cris de “Mort au dictateur”, “Mort à l’oppresseur – qu’il s’agisse du Shah ou du chef religieux” – et “Femmes, vie, liberté”.

    Aucun mot ne peut décrire la tristesse et la colère qui sont présentes dans nos esprits et nos cœurs. Nous devons transformer cette tristesse et cette colère en une action coordonnée en solidarité avec nos frères et sœurs en Iran, au Kurdistan et dans toute la région.

    Tout en exprimant nos plus profondes condoléances à la famille, aux proches et aux amis de Zhina, nous voulons participer à l’organisation d’une solidarité active internationale.

    Il est très important en ce moment d’être uni.e.s et de construire une solidarité internationale pour donner le plus d’ampleur possible aux mobilisations qui sont en train d’avoir lieu en Iran et qui sont brutalement réprimées par la police. Plus de 70 personnes ont déjà perdu la vie en protestant contre le régime.

    Nous voulons donner force au combat de ces femmes courageuses qui risquent chaque jour leur vie pour se battre pour leurs droits fondamentaux.

    Nous voulons crier qu’il faut en finir avec toute forme de dictature partout dans le monde.

    Nous voulons tout particulièrement revendiquer :
    – La fin du hijab obligatoire et le droit des femmes à porter ce qu’elles souhaitent.
    – La fin de toutes les règles misogynes ainsi que de toutes les formes de discrimination à l’encontre des groupes opprimés et des minorités.
    – Le droit de manifester et de s’organiser ainsi que la libération de tou.te.s les prisonnier.e.s politiques
    – Le droit à une vie décente, à la sécurité, a des bons emplois avec des bons salaires ainsi que l’indépendance des femmes non seulement économique mais aussi dans tous les aspects de leur vie.

    • 14/10, 18h30 – Réunion ROSA-Liège – Quai Roi Albert 5 / Avec 2 militantes Iraniennes de la Campagne ROSA :
      Solmaz (Liège) et Sarah (Autriche, organisatrice de la manifestation de solidarité de Vienne).
    • 27/11 – Bruxelles – Manif nationale contre la violence faites aux femmes
  • 28 septembre – Journée mondiale pour l’avortement sans risque

    Des avocats sont contactés avant que le personnel médical ne traite des grossesses extra-utérines. Des patientes atteintes d’un cancer se voient reporter un traitement qui leur sauverait la vie parce qu’elles sont enceintes. Des victimes d’agression sexuelle se voient refuser la pilule du lendemain aux urgences. Quelques semaines après l’annulation de l’arrêt Roe v Wade aux États-Unis, la réalité dystopique d’une interdiction d’avorter apparaît au grand jour. L’impact mondial a été brutal : d’un côté, les gens regardent avec horreur, de l’autre, l’extrême droite salive à l’idée d’imposer des interdictions similaires au droit d’avorter dans des pays d’Europe, d’Amérique latine et d’ailleurs.

    Déclaration de ROSA-Réseau international féministe socialiste

    La lutte pour le contrôle du corps des femmes s’intensifie à travers le monde, le droit à l’avortement est attaqué dans des pays comme la Chine, l’Italie, la Hongrie et les États-Unis, non seulement sur le plan juridique mais aussi dans les faits. Même dans les pays où l’avortement est légal, l’accès y est souvent limité par le recours à “l’objection de conscience”, le manque de financement et d’autres pressions exercées par l’establishment conservateur.

    Parallèlement, les mobilisations de masse dans la rue ont permis d’obtenir des gains réels en termes d’accès à l’avortement – il suffit de regarder les victoires en Irlande, en Corée du Sud, en Argentine, au Mexique, en Colombie, entre autres. Alors que le mouvement féministe qui a balayé le monde au cours des dix dernières années se bat pour l’autonomie corporelle, une partie des élites de droite a fait du recul de l’accès à l’avortement un élément clé de son programme. Pourtant, les sondages réalisés dans de nombreux pays indiquent que la majorité des gens ne voient aucun inconvénient à ce que l’avortement soit accessible. Alors pourquoi ces réactionnaires sont-ils si déterminés à polariser cette question ?

    Tout d’abord, il convient de dénoncer leur hypocrisie à couper le souffle. La droite dure n’est pas “pro-vie”. Ce sont les mêmes personnes qui ont laissé des enfants fuyant la guerre et la misère se noyer en Méditerranée, qui ont procédé à la stérilisation forcée de femmes ouïghoures, qui ont tenu des propos horribles visant à mettre en danger la vie des personnes LGBTQIA+ et qui ont favorisé et encouragé la crise alimentaire qui a frappé les États-Unis tout l’été. Par ses actions, l’establishment de droite a prouvé à maintes reprises qu’il se moque de la mort des gens. Les récentes attaques contre l’avortement le confirment une fois de plus – nous savons tous que rendre l’avortement plus difficile d’accès n’empêche pas les avortements de se produire, cela ne fait que mettre les personnes enceintes plus en danger (1).

    Quelle est donc la véritable raison de ces attaques ? Et comment pouvons-nous les combattre avec succès ? Pourquoi une partie de la classe dirigeante est-elle si déterminée à faire reculer notre droit à l’autonomie corporelle ? Ces attaques doivent être considérées dans le contexte plus large des multiples crises du capitalisme dans le monde qui ont toutes un impact sur la capacité des gens à avoir une réelle liberté dans leur décision d’avoir ou non des enfants. Une nouvelle crise économique mondiale menace les profits de l’élite ; et une partie de celle-ci s’inquiète de ne pas trouver suffisamment de main-d’œuvre bon marché. La crise du coût de la vie, qui frappe la classe travailleuse sur tous les continents, rend le choix d’avoir des enfants encore plus inaccessible pour une nouvelle génération. La crise climatique chasse des millions de personnes de leurs foyers, créant une nouvelle crise des réfugiés. La guerre et les conflits forcent les femmes et les enfants à se retrouver dans des situations terribles et vulnérables, loin de chez elles et de chez eux. La crise de l’aide sociale a atteint un point de basculement ; les systèmes éducatifs de nombreux pays sont sur le point de s’effondrer et la crise Covid a déjà montré que les systèmes de santé sont au point de rupture. Ajoutez à cela les crises des violences de genre, du racisme systémique, des attaques contre les droits des trans et des LGBTQIA+ – la liste est sans fin.

    La classe dirigeante n’est pas intéressée ou capable de s’attaquer à ces échecs systémiques. Certains d’entre eux peuvent se dire féministes ou “woke”, mais en réalité, on ne peut pas compter sur eux pour lutter pour une réelle autonomie corporelle ou un réel changement. Ils peuvent être d’accord concernant la légalisation formelle, mais ne se battront jamais avec nous pour un accès réel – un avortement sur demande, sûr, gratuit, accessible et légal.

    Au fond, il est dans l’intérêt de l’establishment de maintenir le statu quo, ou plus précisément de protéger ses profits et sa richesse. Le fait de saper l’autonomie corporelle des femmes présente des avantages pour eux. Sur le plan économique, comme dans des pays tels que la Chine, la classe dirigeante s’inquiète de la chute du taux de natalité et de l’approvisionnement continu en main-d’œuvre bon marché. Sur le plan idéologique, la rhétorique des “valeurs familiales traditionnelles” tente de forcer les femmes à reprendre le rôle de soignantes non rémunérées, ce qui permet de réduire encore davantage les investissements dans les services essentiels tels que la santé et l’éducation, et d’éroder les conditions de travail et les salaires dans ces secteurs.

    C’est clair qui profite de tout ça en premier lieu : les inégalités n’ont jamais été aussi grandes dans toute l’histoire ! Les dix hommes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune, passant de 700 milliards de dollars à 1 500 milliards de dollars – soit 15 000 dollars à la seconde ou 1,3 milliard de dollars par jour – au cours des deux premières années de la pandémie, alors que les revenus des 99 % de l’humanité ont chuté et plus de 160 millions de personnes supplémentaires ont plongé dans la pauvreté (2). Dans le monde entier, le travail non rémunéré à la maison représente aujourd’hui plus de 10 000 milliards de dollars par an et ne cesse d’augmenter.

    Mais l’impact idéologique d’un retour aux “valeurs familiales traditionnelles” va bien au-delà, avec ses mœurs sexuelles hypocrites. Il remet en question et sape la sexualité des femmes et des personnes LGBTQIA+ et encourage davantage les attitudes sexistes et homophobes. La lutte pour le droit à l’avortement s’inscrit dans un combat beaucoup plus large pour l’autonomie corporelle et l’égalité de toutes les personnes, indépendamment de leur sexualité ou de leur genre. Nous sommes les premières à payer le prix des politiques et des idéologies qui tentent de nous forcer à vivre nos vies sous le contrôle de normes sexuelles et de genre rigides et dépassées, qui ne correspondent pas à nos aspirations à la liberté sur nos propres corps, mais qui sont utilisées pour saper et même réduire au silence les luttes plus larges des trans, des personnes LGBTQIA+ et des femmes.

    Interdire l’avortement n’empêche pas les avortements

    Une telle interdiction augmente fortement le stress et le fardeau financier des personnes qui vivent des grossesses difficiles. Le manque d’accès à un accompagnement médical et légal d’un avortement conduit beaucoup de personnes à se rabattre sur des options dangereuses, voire mortelles (3) . Les personnes qui peuvent se le permettre se rendront simplement là où l’avortement est légalement accessible. Celles qui ne peuvent pas se le permettre sont obligées de chercher de l’aide par d’autres moyens. Les pilules abortives sont aujourd’hui utilisées en toute sécurité dans le monde entier par des millions de femmes à domicile de manière légale ou non. (4) ; ces pilules ont d’abord été “découvertes” par des femmes dans les favelas d’Amérique latine, par celles qui ne pouvaient pas se permettre d’autres moyens de se procurer un avortement.

    L’interdiction de l’avortement a comme effet collatéral majeur d’amoindrir les soins de suivit de grossesse et les soins reproductifs en général ; ça met donc en danger toutes les personnes enceintes. Les conséquences tragiques et mortelles de cette situation peuvent être observées dans tous les pays où l’avortement est interdit. En Irlande, l’horrible traitement réservé à Savita Halappanavar avait déclenché un mouvement de masse dans les rues pour faire annuler l’interdiction de l’avortement. Elle était enceinte de 17 semaines lorsqu’elle a fait une fausse couche. Elle est morte d’une septicémie parce que le corps médical était réticent à intervenir ; le cœur du fœtus mourant battait toujours et la loi interdisait l’avortement. Son histoire a eu un grand retentissement parce qu’elle reflète la crainte de toutes les personnes enceintes de ne pas être entendues et respectées par un corps médical trop occupé à craindre la loi pour vraiment les écouter et pour accorder plus d’importance à leur vie qu’aux questions juridiques.

    L’interdiction d’avorter est dangereuse pour toutes les personnes susceptibles de tomber enceintes. Cela a un impact disproportionné sur les personnes les plus exploitées et opprimées. Alors, comment lutter contre ces interdictions et construire un mouvement qui permette un avortement libre, sûr et légal, accessible à toutes les personnes qui en ont besoin ?

    Les mobilisations de masse dans les rues auxquelles nous avons assisté dans des pays comme l’Irlande, la Corée du Sud, l’Argentine et le Mexique nous donnent un point de départ. Dans tous ces pays, des victoires ont été remportées en ce qui concerne l’accès à l’avortement. Elles ont été remportées avant tout par des mouvements organisés depuis la base ; ils ont poussé la question à l’agenda politique par des mobilisations dans la rue. Ils ont exercé une pression implacable sur l’establishment politique pour le forcer à agir. Chacun de ces mouvements s’est inspiré et a tiré les leçons de ce qui se passait dans d’autres pays ; plus que jamais, la lutte pour l’autonomie corporelle est internationale.

    En Irlande, ROSA et Alternative Socialiste Internationale ont joué un rôle très actif dans le mouvement pour l’abrogation de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement et ont prit des initiatives qui ont été déterminantes pour obtenir le droit à l’avortement sur demande jusqu’à 12 semaines, prit en charge par le système de santé publique. Cette victoire s’explique par le fait que nous nous sommes appuyés sur le sentiment croissant en faveur du choix au sein de la classe travailleuse au sens large, plutôt que sur les faibles déclarations “pro-abrogation” de figures de l’establishment libéral qui nous promettaient l’abrogation “dans les 20 prochaines années”… !

    Nous avons participé à construire un mouvement qui a activé le large soutien pour le droit au choix présent dans la population lors de manifestations de masse, de journées d’action, de pétitions, de campagne dans les rues. Nous avons systématiquement utilisé chaque opportunité pour augmenter la pression politique. Fort de cet important soutien, ROSA a défié publiquement l’interdiction constitutionnelle en organisant des bus d’avortement très médiatisés et a contribué à rendre la pilule abortive disponible en toute sécurité. En faisant reconnaître publiquement que la pilule abortive est utilisée chaque année par des milliers de personnes, nous avons forcé la main de l’establishment : toute législation devrait prendre en compte cette réalité et permettre un avortement gratuit, sûr et légal sur demande jusqu’à au moins 12 semaines.

    Cependant, les récentes attaques contre l’accès à l’avortement ont également un impact au niveau international.La défaite de Roe v Wade aux États-Unis a été vue dans le monde entier et a déjà enhardi l’extrême droite dans des pays comme l’Italie et la Hongrie.

    La défaite de Roe v Wade était une attaque délibérée, préparée de longue date et menée avec un fort soutient d’une partie importante du Parti républicain. L’affaiblissement de l’accès à l’avortement et des droits légaux durant des années a jeté les bases de cette défaite. Mais l’absence totale de réaction de la part du reste de l’establishment est tout aussi significative : cela fait 40 ans que les démocrates promettent de légiférer sur Roe v Wade, mais ils n’ont jamais rien fait ! Les ONG et les organisations de planning familial liées au Parti démocrate n’ont pas tiré les leçons des autres pays, à savoir que le droit à l’avortement ne peut être défendu et/ou gagné que par une organisation active de la base. Ces organisations continuent, au contraire, à remettre leur sort entre les mains du même parti qui s’est avéré ne pas vouloir se battre sur cette question pendant 40 ans. Résultat : lorsque Roe v Wade a été attaqué, la faillite d’un “leadership” redevable aux démocrates, sans programme ou stratégie claire et paralysé par le manque d’action est devenue douloureusement claire. Le jour où Roe v Wade a été annulé, dans de nombreuses villes, Socialist Alternative (qui fait partie du réseau Féministe Socialiste international ROSA) était l’organisation qui a mobilisé pour des manifestations pour faire descendre dans la rue la colère palpable de tant de personnes.

    Malgré ce manque de leadership, l’accès à l’avortement reste un enjeu politique majeur aux États-Unis, au point de transformer les prochaines élections de mi-mandat. Les sondages indiquent que le soutien à l’accès à l’avortement a augmenté aux États-Unis depuis l’arrêt de la Cour Suprème. Les femmes s’inscrivent sur les listes électorales à un rythme incroyable. Dans des États comme l’Arizona et la Pennsylvanie, les candidats républicains ont déjà dû revenir sur leur position antiavortement grâce à la pression de l’électorat. Les élections sont considérées comme un premier champ de bataille pour faire reculer les mesures anti-choix.

    Mais cela ne suffira pas pour remporter une véritable victoire. Afin de repousser de manière décisive l’agenda de la droite, nous devons nous organiser et rassembler les communautés qui composent la classe travailleuse et galvaniser la colère en un mouvement doté d’une stratégie et d’un programme clair.

    La victoire remportée à Seattle par Socialist Alternative et la conseillère municipale Kshama Sawant est un excellent exemple du type de stratégie dont nous avons besoin. Cette campagne a fait de Seattle la première ville sanctuaire du pays en matière d’avortement. C’est une victoire importante en soi, mais aussi par son timing qui prouve que la défaite de Roe v Wade ne signifie pas la fin ; il pourrait être le début d’une riposte qui se développe en un mouvement significatif à l’échelle des États-Unis, avec le soutien majoritaire des gens ordinaires.

    Socialist Alternative a remporté cette victoire en construisant une pression depuis la base, en mobilisant la classe travailleuse de Seattle et en utilisant notre position publique pour représenter cette pression de la manière la plus efficace possible. Pétition des électeurs, organisation de prises de parole lors des réunions du conseil municipal et proposition claire sur ce qui est nécessaire pour être une ville sanctuaire efficace en matière d’avortement (y compris défier les mandats d’arrêt) : tout cela a conduit à un vote favorable, où les démocrates locaux ont estimé qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de soutenir l’initiative.

    C’est un exemple du type de stratégie dont nous avons besoin. Une stratégie qui repose sur le pouvoir réel de la construction d’un mouvement de masse actif dans les rues et les communautés, prêt à défier les interdictions d’avortement parce que le soutien actif pour une telle défiance a été organisé. Un mouvement qui exige – et non demande – que les politiciens placent la santé des personnes enceintes avant les divagations idéologiques de l’extrême droite. Un mouvement qui s’enracine dans l’action et la représentation indépendantes de la classe ouvrière.

    Un tel mouvement base son programme sur ce qui est nécessaire pour améliorer réellement les choix reproductifs de la population. L’avortement libre, sûr et légal, oui, mais aussi les soins de santé gratuits, y compris des soins accessibles d’affirmation du genre, les crèches gratuites et une sécurité économique et de logement. Si l’on considère ce contexte plus large, le type de mesures nécessaires pour atteindre une véritable autonomie corporelle, il devient clair que l’on ne peut pas faire confiance aux politiciens de l’establishment pour se battre pour nous.

    Ce programme ne peut être réalisé qu’en remettant en question le statu quo, en luttant pour une politique économique qui place les besoins des gens avant les profits d’une minorité. Cela signifie qu’il faut se battre pour savoir qui contrôle et possède ces ressources. Nous voulons des soins de santé sans but lucratif, mais qui soient démocratiquement détenus et contrôlés par les communautés qui les utilisent. Stop aux bulles immobilières spéculatives qui remplissent les poches des grands promoteurs, il faut de logements sociaux publics avec un contrôle des loyers et une sécurité d’occupation.

    Cela signifie construire un mouvement qui rassemble TOUTES les personnes qui bénéficieraient de ces mesures, c’est-à-dire l’immense majorité d’entre nous, la classe travailleuse dans toute sa diversité, afin que nous soyons assez forts pour défier un système capitaliste qui va de crise en crise, en essayant toujours de nous en faire payer le prix. Le capitalisme en tant que système a échoué à nous procurer une sécurité de base, à subvenir à nos besoins et aspirations de base, et même à nous donner le contrôle de nos propres corps. Notre combat pour l’autonomie corporelle doit également mettre clairement en évidence la culpabilité du système : notre combat est un combat anticapitaliste. Les énormes ressources mondiales qui sont actuellement accaparées par une minuscule cabale de profiteurs pourraient être utilisées pour commencer à résoudre les nombreux problèmes que ce système nous a laissés, mais seulement si nous les prenons en charge par la collectivité, de manière démocratique et publique. Une société socialiste est basée sur la compréhension “de chacun.e selon ses capacités, à chacun.e selon ses besoins” ; la solidarité, l’humanité de base et le respect pour chacun.e d’entre nous. C’est la base d’une société dans laquelle l’autonomie corporelle peut réellement être atteinte. Si vous voulez nous aider à construire cette alternative, rejoignez-nous !

    La Journée internationale pour l’avortement sans risque a lieu aujourd’hui, le 28 septembre. Il est très clair que nous devons faire de cette journée une journée de protestations internationales, pour exiger que notre droit à l’autonomie corporelle soit respecté partout dans le monde. Rejoignez-nous !

    1. Chaque année, environ 73 millions d’avortements ont lieu dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cela se traduit par environ trente-neuf avortements pour mille femmes dans le monde, un taux qui est resté à peu près le même depuis 1990. Notamment, les taux ont divergé entre les pays qui ont moins de restrictions et ceux qui en ont plus : Entre 1990-94 et 2015-19, le taux moyen d’avortement dans les pays où l’avortement est généralement légal (à l’exception de la Chine et de l’Inde) a diminué de 43 %. En revanche, dans les pays où l’avortement est fortement restreint, le taux moyen d’avortement a augmenté d’environ 12 %. https://www.cfr.org/article/abortion-law-global-comparisons
    2. Briefing d’Oxfam “L’inégalité tue”, 17 janvier 2022.
    3. Près de 90 % des avortements dans les pays où la législation sur l’avortement est libérale sont considérés comme sûrs, contre seulement 25 % des avortements dans les pays où l’avortement est interdit. Selon l’OMS, environ 5 à 13 % des décès maternels dans le monde sont dus à des complications liées à des avortements non sécurisés, dont la grande majorité se produit dans les pays néo-coloniaux.
    4. Pour un accès sécurisé, contactez https://aidaccess.org/en/ ou https://www.womenonweb.org/en/.
  • Rejoignez l’action à Berlin en défense du droit à l’avortement à travers le monde

    Chaque année en septembre, les forces anti-avortement de toute l’Europe se réunissent à Berlin. Il est important de répondre à cette mobilisation par des actions. Surtout dans un contexte d’attaques brutales de la droite contre le droit à l’avortement, les droits des LGBTQIA+ et les mouvements féministes.

    Solidarité internationale pour le droit à l’avortement !

    Après des années de lutte féministe accrue, la droite lance une contre-attaque. Le retrait de l’arrêt Roe v. Wade aux États-Unis en est l’une des expressions les plus importantes. 40 millions de personnes susceptibles de tomber enceintes n’ont plus eu le droit à l’avortement du jour au lendemain. Les personnes LGBTQIA+ sont également en danger. L’attaque contre le droit à l’avortement fait partie de toute une série d’attaques, comme la loi « Don’t say gay » en Floride. La Cour suprême remet désormais ouvertement en question le mariage homosexuel.

    En Chine, le droit à l’avortement a été complètement renversé.. Jusqu’à il y a quelques années, les gens étaient contraints d’avorter dans le cadre de la politique de l’enfant unique. Aujourd’hui, l’État chinois refuse l’accès à l’avortement parce qu’il y a une menace de pénurie de main-d’œuvre. Les personnes appartenant à des groupes minoritaires sont toujours contraintes de se faire avorter.

    Les mouvements féministes sous le feu des attaques

    Les attaques contre le droit à l’avortement sont une inspiration pour la droite dans le monde entier. Lorsque la Pologne a pratiquement aboli le droit à l’avortement en 2020, les pays européens ont fortement désapprouvé. L’Etat polonais a maintenant un allié puissant avec les États-Unis.

    Le retrait du droit à l’avortement aux États-Unis donne à l’extrême droite mondiale la confiance nécessaire pour passer à l’attaque. À Gand, un groupe d’extrême droite a déployé une banderole portant le message suivant : « Priez et agissez contre le péché de l’avortement ». La contre-action de Casa Rosa a mobilisé 100 personnes qui ont clairement fait savoir qu’elles n’étaient pas d’accord avec ce message. Mon corps, mon choix !

    C’est exactement ce genre d’action qui est nécessaire pour réduire l’espace de la droite.

    Lorsque l’extrême droite gagne en confiance, cela conduit à une augmentation généralisée de la violence vis-à-vis de l’ensemble des personnes opprimées et exploitées. Il est nécessaire de réagir à chaque fois qu’elle se mobilise, on refuse qu’elle nous fasse taire ! Une résistance active est nécessaire.

    En nous battant, nous pouvons gagner

    Nous ne pouvons pas compter sur l’establishment politique ou les tribunaux pour acquérir des droits pour les femmes et les protéger. C’est grâce à des années d’actions de masse pour que cette question soit à l’ordre du jour, des campagnes de désobéissance civile organisées pour rendre possible un avortement, la convergence des luttes avec d’autres mouvements et certainement avec le mouvement ouvrier … que l’establishment américain a été forcé à reconnaître ce droit à l’époque. Mais la manière dont a été appliqué Roe v. Wade illustre qu’un acquis – en particulier aussi précaire puisque ce n’était même pas dans la loi – n’est que temporaire sous le capitalisme.

    Ces dernières années, ces même types d’actions, avec une lutte de masse des femmes, des personnes LGBTQIA+ et des travailleurs et travailleuses, ont permis de remporter des victoires en Irlande – une lutte dans laquelle la campagne féministe socialiste ROSA a joué un rôle clé – et dans plusieurs pays d’Amérique latine.

    Les explosions spontanées de colère ne suffiront pas à arrêter la droite. La construction d’un mouvement de masse organisé est cruciale.

    Rejoignez la contre-mobilisation à Berlin

    Viens avec ROSA International et Alternative Socialiste Internationale à Berlin le week-end du 17 et 18 septembre. Le 17 septembre, nous participerons à une manifestation contre les groupes anti-avortement qui se réunissent à cette date dans la ville. Nous formerons un bloc féministe socialiste dans cette manifestation pour le droit à l’avortement, mais aussi à un vrai choix. ROSA international organise une réunion avec différentes militantes internationales après cette manifestation. Ce week-end sera aussi l’occasion de rencontrer des militant.e.s de ROSA d’Angleterre, du Pays de Galles, d’Ecosse, d’Irlande, d’Allemagne, d’Autriche,…

    Informations pratiques

    De Belgique, nous prenons le FlixBus pour Berlin (voyage aller le 16 septembre, retour le 18 septembre).
    À Berlin, nous passerons la nuit dans une auberge de jeunesse.
    Le prix approximatif pour le transport et le logement est de 150 euros. Nous communiquerons un prix exact dès que possible.

    Soutenez notre mobilisation à Berlin

    Pour donner à chacun.e la possibilité de se rendre à Berlin et de continuer à organiser des actions pro-choix , nous lançons un appel aux dons. Chaque petit geste compte : avec 5 €, nous pouvons acheter un nouveau drapeau ; avec 40 €, nous pouvons payer un trajet en bus pour une personne qui n’en a pas les moyens ; avec 100 €, nous pouvons payer la location d’une salle pour y tenir une réunion, …

    BE54 5230 8095 8497 au nom de la Campagne ROSA

    Tu veux y participer et/ou soutenir financièrement cette campagne ? Alors, complète ce formulaire.

  • USA. Seattle devient la première ville sanctuaire pour le droit à l’avortement

    Comment les travailleurs.ses et les marxistes ont-ils remporté cette victoire ?

    Sous l’impulsion du bureau de la conseillère municipale socialiste Kshama Sawant, nous avons réussi à faire de Seattle la première ville sanctuaire en matière d’avortement aux États-Unis depuis que la Cour suprême a annulé le jugement Roe v. Wade !

    Bia Lacombe est une organisatrice de la collectivité pour la conseillère municipale Kshama Sawant.

    Le mois dernier, des milliers de militant.e.s locaux et de jeunes de Seattle ont remporté une victoire historique dans la lutte pour le droit à l’avortement. Sous l’impulsion du bureau de la conseillère marxiste Kshama Sawant, nous avons réussi à faire de Seattle la première ville sanctuaire en matière d’avortement aux États-Unis depuis que la Cour suprême a annulé le jugement Roe v. Wade.

    Il sera désormais interdit à la police de Seattle d’arrêter des personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt non exécuté en rapport avec des lois anti-avortement en vigueur dans le pays, et il lui sera également interdit de contribuer aux enquêtes sur ces affaires. Les personnes faisant l’objet de mandats liés à l’avortement pourront vivre à Seattle sans être extradées vers l’État qui tente de les poursuivre.

    « Les lois violant l’autonomie corporelle et criminalisant les soins de santé reproductive sont fondamentalement injustes, et notre mouvement ne permettra pas à Seattle d’être complice », a écrit Sawant dans un communiqué de presse célébrant ainsi ce retour en arrière contre la décision de justice honteuse de la cour suprême. « Laissez toute personne menacée par des lois anti-avortement draconiennes venir à Seattle sans craindre d’être poursuivie ! ».

    L’ensemble de la classe ouvrière a subi une grave défaite avec l’annulation de Roe. Des milliers de femmes et de personnes LGBTQ, ainsi que des professionnels de l’avortement et d’autres travailleurs de la santé, pourraient être contraints de fuir leur État d’origine.

    En gagnant cette législation, les travailleurs, les jeunes et les socialistes de Seattle ont démontré ce que signifie être solidaire avec la classe ouvrière au-delà des frontières des villes et des États.

    Mais plus important encore, une telle législation pourrait avoir de profondes répercussions si elle se répandait largement : si la moitié des États américains adoptent une législation similaire refusant d’extrader les personnes ayant enfreint les lois anti-avortement dans l’autre moitié des États, les lois anti-avortement deviendront partout plus difficiles à appliquer.

    Byron Sigcho-Lopez, conseiller municipal de Chicago, et Robin Wonsley, membre du conseil municipal de Minneapolis, camarades de Sawant au sein des Socialistes démocrates d’Amérique, prévoient de faire pression en faveur d’une législation de sanctuaire pour l’avortement dans leurs villes. Notre bureau a également travaillé en étroite collaboration avec le superviseur Heidi M. Wegleitner du comté de Dane, dans le Wisconsin, qui s’est montré solidaire de notre combat en écrivant au conseil municipal de Seattle pour soutenir fermement notre législation.

    Comment les travailleurs.ses de Seattle et Socialist Alternative ont gagné

    Le large soutien et l’enthousiasme suscités par notre loi sur le droit à l’avortement à Seattle était aussi écrasant que ce à quoi on pouvait s’attendre au vu des nombreux sondages nationaux qui indiquent un large soutien au droit à l’avortement. Plus de 5 500 personnes ont signé notre pétition de soutien à la législation. Le jour du vote du conseil municipal, 60 personnes ont témoigné en public pour demander aux démocrates du conseil de voter « oui » sans diluer le projet de loi.

    Une grande partie des signatures de la pétition en faveur d’un sanctuaire pour l’avortement a été recueillie par les membres de Socialist Alternative lors des événements de la Pride à Seattle à la fin du mois de juin, où nous avons parlé à des milliers de personnes LGBTQ de la classe ouvrière de la nécessité d’un mouvement de masse unifié pour vaincre les attaques de la droite contre l’avortement, qui sont fondamentalement liées aussi aux attaques vicieuses contre les jeunes trans et les personnes homosexuelles que nous observons dans tout le pays.

    Les membres de Socialist Alternative ont continué à tenir des stands presque quotidiennement tout au long du mois de juillet, afin de parler au plus grand nombre possible de travailleurs et de les faire participer à la lutte.

    Sur la version en ligne de notre pétition, 850 personnes ont laissé des commentaires avec des histoires personnelles et des mots de solidarité, dont des centaines de membres de syndicats.

    À Washington, nous n’avons vu aucun leadership de la part des démocrates ou de leurs ONG affiliées comme Planned Parenthood et NARAL Pro-Choice. À Washington, nous n’avons vu aucun leadership de la part des démocrates ou de leurs ONG affiliées comme Planned Parenthood et NARAL Pro-Choice. Même les membres de la « Squad » ont refusé d’engager un véritable combat basé sur la mobilisation des millions de travailleurs qui les soutiennent – encore une capitulation devant le leadership démocrate auquel ils avaient promis de s’opposer.

    Les républicains et la droite ont passé 50 ans à s’organiser et à construire pour cet assaut total contre les femmes et les personnes queer. Pendant ce temps, le parti démocrate a passé 50 ans à promettre de nous protéger en codifiant le droit à l’avortement, puis à refuser complètement de se battre malgré chaque occasion. Tragiquement, ceci peut maintenant être ajouté à la longue liste croissante des promesses non tenues des Démocrates – de Medicare for All, d’un salaire minimum fédéral de 15$/h, d’un Green New Deal, et de bien d’autres choses encore.

    Au moment même où ils exprimaient leur indignation face à la décision de la Cour suprême, les membres démocrates du conseil municipal de Seattle tentaient de saper notre législation dans les coulisses, mais refusaient de révéler publiquement leurs intentions. Ils ont tenté d’affaiblir considérablement la clause qui oblige désormais la police de Seattle à ne pas arrêter les personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt lié à un avortement hors de l’État. La seule raison pour laquelle les démocrates ont fait marche arrière a été le feu des projecteurs braqué sur eux par les centaines de travailleurs qui se sont exprimés et par le bureau de Sawant, prouvant une fois de plus l’efficacité de la mobilisation de la classe ouvrière.

    La seule voie à suivre

    Il appartient maintenant aux mouvements sociaux dirigés par des travailleurs de défendre le droit fondamental à l’avortement, et de reconnaître la leçon la plus importante de cette défaite : nous avons besoin d’un nouveau parti pour les travailleurs qui ne soit pas lié aux entreprises et aux milliardaires. Nous avons besoin d’un parti organisé démocratiquement et dont les représentants élus, comme Kshama Sawant, ne prendront que le salaire moyen du travailleur et seront responsables devant les travailleurs et les opprimés.

    Même si nous obligeons les démocrates à se ranger à nos côtés, nous ne pouvons pas nous permettre de tirer des conclusions erronées. Les démocrates du Conseil ne sont pas soudainement devenus d’authentiques progressistes lorsqu’ils ont voté en faveur de notre projet de loi sur le sanctuaire de l’avortement. Lors de cette réunion, les démocrates ont secrètement présenté un vote visant à mettre fin à la prime de risque de pandémie de 4 $/heure versée par Seattle aux employés des épiceries.

    Taxer Amazon pour financer les avortements gratuits

    Notre pétition pour un sanctuaire de l’avortement comprend également une demande extrêmement populaire visant à augmenter la taxe Amazon de notre mouvement pour financer des avortements gratuits pour tous les résidents et visiteurs de Seattle. Nous présenterons cette loi cet automne, dans le cadre de nos revendications pour le budget populaire de 2023.

    Un travailleur de la santé qui a signé la pétition a souligné l’urgence et l’importance de cette prochaine étape de la lutte, en écrivant : « Notre pays est confronté à une crise et nous devons agir maintenant. Si nous n’augmentons pas les fonds et les ressources consacrés aux avortements, nous ne serons pas prêts lorsque les patients fuyant l’Idaho et d’autres États rouges afflueront. Les cliniques d’avortement de l’Est de Washington sont déjà à pleine capacité, et les choses ne vont faire qu’empirer. Nous devons nous préparer à faire face à cette crise immédiatement en augmentant la taxe Amazon. »

    Le combat ne fait que commencer. Rejoignez-nous !

  • Moyen-Orient. Solidarité avec les grèves contre les féminicides !


    Aujourd’hui, 6 juillet, une grève féministe transfrontalière a lieu à travers le Moyen-Orient. Naira Ashraf en Égypte. Eman Rashid en Jordanie. Lubna Mansour aux Émirats arabes unis. Jewel Khnifiss à Shefa-‘Amr. Summer Clancy à Haïfa. Raneen Salous en Cisjordanie. Ce ne sont là que quelques-uns des noms des femmes assassinées ces dernières semaines au Moyen-Orient. Ces meurtres ont été accompagnés d’une vague de réactions conservatrices et de menaces sur la vie des femmes. À la suite de ces événements, des organisations de femmes ont lancé un appel à la grève.

    Déclaration du réseau international “ROSA International Socialist Feminists”

    La grève intervient dans un contexte de crise systémique du capitalisme dans le monde, qui touche les femmes en général et les femmes du monde néocolonial en particulier. Les femmes voient leur vie menacée par des hommes violents, mais aussi par le chômage, la faim, la pauvreté, la guerre, la migration forcée, le commerce des filles, la crise climatique et le déni des droits démocratiques sous des régimes dictatoriaux et réactionnaires.

    Les femmes arabo-palestiniennes, en Israël et dans les territoires occupés, sont également menacées par le régime israélien d’occupation et de discrimination. Les femmes arabo-palestiniennes en Israël représentent plus de 40% des meurtres alors que leur part dans la population ne dépasse pas 20%. 84% des meurtres de femmes arabo-palestiniennes en Israël ne sont jamais résolus. À Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza, les femmes sont également exposées aux démolitions de maisons, à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire imposées par l’occupation israélienne.

    Les femmes ont joué un rôle de premier plan dans les protestations et les révolutions qui ont éclaté au Moyen-Orient depuis le “printemps arabe” jusqu’à aujourd’hui. À travers ces protestations, elles ont également soulevé des demandes de protection contre la violence sexuelle en particulier, et la violence en général.

    Ce qu’il faut pour arrêter les féminicides, c’est une organisation transnationale de femmes et d’hommes sur les lieux de travail, dans les établissements d’enseignement et dans les quartiers, qui lutte contre les féminicides et la violence de genre au Moyen-Orient, mais aussi contre la violence institutionnelle et impérialiste que le capitalisme impose à la région, et en faveur d’une société socialiste et démocratique. Cette grève pourrait constituer une étape importante sur la voie d’une telle organisation.

    ROSA International Socialist Feminists soutient pleinement cette journée d’action transrégionale. L’orientation vers la grève à l’échelle internationale contre la violence sexiste est un développement très encourageant. Les syndicats et les organisations de travailleurs feraient bien de ne pas rester sur la touche mais d’adopter une position audacieuse en soutenant activement ces actions et en en organisant d’autres contre la violence, l’exploitation et l’oppression endémiques et croissantes que subissent les femmes dans toute la région.

  • USA. Agir MAINTENANT pour défendre le droit à l’avortement – Déclaration de Kshama Sawant


    Le jour où la Cour suprême a annoncé qu’elle révoquait le jugement Roe v Wade, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans tout le pays. Cette décision honteuse de la droite va à l’encontre du soutien à l’avortement légal de la majorité des travailleuses et travailleurs américains. Mais les manifestations ont également très clairement montré que des millions de personnes sont enragées par l’échec total des démocrates à riposter et par l’idée que tout ce que nous devons faire maintenant est de voter démocrate aux élections de novembre.

    Par Kshama Sawant, élue au Conseil de ville de Seattle, membre de Socialist Alternative (ASI-USA)

    À New York, plus de 20.000 personnes ont défilé avec colère dans Manhattan, sous la conduite de Socialist Alternative et d’autres groupes et syndicats de gauche. L’énergie de la manifestation était si féroce que la marche a duré quatre heures.

    À Fayetteville, dans l’Arkansas, des centaines de personnes ont manifesté dans le centre-ville pour réclamer une alternative féministe socialiste au féminisme libéral en faillite.

    À Houston, où Socialist Alternative a lancé un appel à des manifestations de masse devant le palais de justice fédéral, cinq mille personnes ont participé à la manifestation. Dans une vidéo maintenant virale de la manifestation, on peut voir le démocrate Beto O’Rourke, qui s’est présenté en demandant un temps de parole, baisser la tête de honte alors que la foule autour de lui scandait “Voter démocrate ne suffit pas ! Démocrates nous voyons votre bluff !”

    Dans chaque ville où Socialist Alternative a organisé des manifestations, nos membres rapportent que les foules étaient pleines de jeunes gens furieux non seulement de la barbarie évidente de la droite, mais aussi de l’incapacité et du refus des démocrates de défendre même les droits fondamentaux.

    Des démocrates qui ne font rien

    Il n’a pas échappé aux gens qu’immédiatement après la décision de la Cour suprême, le parti démocrate au pouvoir, plutôt que de se battre pour codifier l’arrêt Roe v Wade ou mettre en œuvre des ordres exécutifs visant à protéger le droit à l’avortement que la grande majorité de la société soutient, a préféré mettre en place un show de « God Bless America » sur les marches de la Cour suprême. Aussi comique que cela puisse paraître, c’est réellement ce qui s’est passé.

    Quelques heures après la révocation de l’arrêt Roe, les e-mails de collecte de fonds des démocrates ont commencé à arriver comme une avalanche. « S’il vous plaît, je n’ai jamais eu autant besoin de votre soutien qu’aujourd’hui. Pouvez-vous contribuer à hauteur de 15 dollars pour que nous puissions gagner ces élections de mi-mandat en novembre et codifier enfin les droits reproductifs dans la loi ? » a écrit Nancy Pelosi. « Pouvez-vous vous précipiter pour faire un don, quel qu’en soit le montant, afin de stopper l’extrême-droite et d’élire un Congrès favorable aux droits en matière d’avortement cette année ? » a demandé le congressiste David Cicilline.

    Ces plaidoyers insultants des démocrates pour obtenir de l’argent et des voix suscitent la colère générale des jeunes. Comme l’a exprimé une jeune femme « c’est comme si l’on nous demandait d’adhérer encore une fois à un système défaillant dans l’espoir qu’il se répare de lui-même ; ce ne sera pas le cas. »

    Nous devons agir MAINTENANT

    Les démocrates, avec leur contrôle de la Maison Blanche et leur majorité au Congrès, ont la possibilité de prendre des mesures significatives – s’ils en avaient la volonté politique – pour surmonter cette attaque de la droite.

    À l’instant même, Biden pourrait

    • Signer un décret autorisant l’ouverture de cliniques d’avortement sur les terres fédérales dans les plus de 20 États où l’avortement est interdit. Les cliniques seraient alors libres de fonctionner dans des bâtiments fédéraux ou des cliniques mobiles pourraient être installées sur tout terrain fédéral.
    • Rendre la pilule abortive accessible dans tout le pays en utilisant les directives de la FDA (l’agence de la santé américaine) pour écarter toute restriction des États.
    • Élargir l’accès aux services de télémédecine pour l’avortement et utiliser le contrôle fédéral du système postal pour garantir que les envois de pilules abortives ne soient pas restreints.

    Au-delà de cela, Biden et les dirigeants démocrates de la Chambre et du Sénat peuvent se battre bec et ongles pour codifier l’arrêt Roe et adopter des lois sur la protection de la santé des femmes. Ils peuvent également abroger de toute urgence taxer les milliardaires afin d’augmenter massivement le financement des cliniques qui plient aujourd’hui sous une demande accrue.

    En plus de ces mesures qui feraient une différence spectaculaire dans la capacité des gens à accéder aux avortements, nous avons également besoin d’une multitude de services sociaux pour garantir que les gens puissent se permettre d’avoir des enfants quand ils le souhaitent.

    Cela signifie une transition immédiate vers l’assurance-maladie pour tous au niveau fédéral, afin de rendre gratuits tous les soins liés à la reproduction et à l’affirmation du genre. Cela implique de rétablir les allocations familiales de l’époque de la pandémie, de se battre pour des services de garde d’enfants universels et des écoles publiques entièrement financées, le tout financé par l’imposition des riches.

    Plus d’excuses

    La congressiste démocrate de gauche Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) a raison de dire : « Le président et les leaders démocrates ne peuvent plus s’en tirer avec les tactiques familières des ‘comités’ et des ‘études’ pour éviter de s’attaquer de front à nos crises. » Elle a demandé à Biden de prendre des mesures exécutives immédiates pour protéger l’accès à l’avortement et je suis tout à fait d’accord avec elle. Mais comme nous l’avons appris par l’expérience d’AOC et des autres élues de The Squad (la brigade, surnom donné à diverses élues de gauche au Congrès), demander simplement aux démocrates capitaliste d’agir ne sera jamais suffisant. Les presque neuf années d’existence de Socialist Alternative à Seattle ont montré que nous devons construire un mouvement suffisamment puissant pour forcer les politiciens démocrates à agir, malgré leur opposition.

    Comme Cori Bush l’a fait avec le moratoire sur les expulsions, AOC, Bernie et d’autres membres de The Squad devraient appeler à une installer une occupation devant la Maison Blanche pour exiger que Biden utilise une action exécutive visant à ouvrir des cliniques d’avortement sur les terres fédérales et élargir l’accès aux pilules abortives. Nous pouvons organiser des manifestations de soutien devant les bâtiments fédéraux dans les villes du pays.

    Si les dirigeants démocrates refusent toujours d’agir, nous devrons intensifier la pression en organisant des manifestations et des actions directes dans les bureaux des dirigeants démocrates. Après la fuite du projet de jugement de la Cour suprême en mai dernier, Socialist Alternative a organisé des sit-in dans les bureaux des dirigeants démocrates Pelosi et Schumer. Des milliers de personnes ont suivi les retransmissions en direct, les encourageant avec enthousiasme. C’est le type d’action que nous devrons mener si nous voulons sérieusement forcer les démocrates à agir.

    Lutter pour les villes sanctuaires

    Pendant que nous intensifions nos demandes envers les démocrates pour qu’ils adoptent des mesures immédiates au niveau fédéral, il y a des combats cruciaux que nous pouvons mener au niveau de l’État et au niveau local pour garantir l’accès à l’avortement aux résidents et aux visiteurs étrangers.

    À Seattle, j’ai déposé une loi faisant de Seattle une ville sanctuaire pour toute personne risquant une sanction légale dans son État d’origine pour avoir cherché ou fourni un avortement. Si elle est adoptée, cette loi empêchera la police de Seattle d’arrêter des personnes, qu’il s’agisse de patientes, de médecins ou d’autres prestataires de soins, pour des mandats non exécutés liés à des lois anti-avortement dans d’autres États. Nous présenterons également une loi sur le budget populaire pour rendre l’avortement gratuit à Seattle pour les personnes voyageant depuis des États ayant des lois anti-avortement ainsi que pour les résidents de Seattle, financée par l’augmentation de la taxe Amazon que nous avons gagnée en 2020.

    Il faut se battre pour des législations similaires dans d’autres villes. Notre bureau au Conseil de la ville de Seattle est heureux de constituer une ressource de projets de loi et de débattre des meilleures stratégies pour construire une pression populaire.

    Nous avons besoin d’un mouvement de masse indépendant du parti démocrate

    Afin de répondre à l’assaut des attaques vicieuses de la droite, nous avons besoin d’un mouvement de masse indépendant qui puisse servir de base aux jeunes et aux travailleurs qui cherchent un moyen de riposter.

    Comme l’écrivait Socialist Alternative le jour de la décision de la Cour suprême : « Avec une absence totale de leadership du parti démocrate ou des ONG libérales, stopper la droite dans son élan nécessitera un mouvement complètement indépendant de jeunes et de travailleurs. Ce mouvement doit avoir des objectifs politiques clairement définis, des structures démocratiques et une indépendance totale vis-à-vis des démocrates. »

    Nous devons présenter des candidats socialistes et ouvriers indépendants comme une étape immédiate vers la construction d’un nouveau parti pour les travailleurs et les jeunes qui se battra sans ambiguïté pour nos intérêts.

    Je demande à tous les autres élus socialistes, à tous les dirigeants syndicaux et à tous les dirigeants du mouvement social de se joindre à moi pour appeler à un mouvement de masse démocratique, à de nouvelles organisations de masse de lutte et à une rupture définitive avec le parti démocrate pourri qui a permis à la droite de mener cette guerre contre notre autonomie corporelle.

  • Révocation du droit à l’avortement aux USA : pour un mouvement de masse contre la droite !

     

    Solidarité internationale ! Participez ce dimanche à “PRIDE IS A PROTEST” à Gand !

    • départ collectif de la Gare Centrale à Bruxelles : rdv à 13h pour une petite action et des prises de parole devant la gare avant de prendre le train de 13h56.
    • départ collectif de Liège Guillemins : rdv à 12h30 pour prendre le train de 13h.

    L’arrêt Roe vs Wade a été révoqué. Il s’agit d’une défaite historique pour le mouvement féministe, qui représente une victoire dans la campagne de la droite visant à saper l’autonomie corporelle des femmes et des personnes LGBTQIA+ à travers le pays.

    Déclaration de Socialist Alternative (section d’ASI aux Etats-Unis)

    Malgré le soutien massif en faveur de l’avortement légal, des dizaines de millions de personnes vivent aujourd’hui dans des États où obtenir un avortement signifie enfreindre la loi. Cette situation se répercutera essentiellement sur le dos des femmes pauvres qui, plus souvent encore, doivent parcourir des centaines de kilomètres et manquer plusieurs jours de salaire pour avoir un avortement. Bien que ce soit la droite qui ait mené une campagne déterminée durant des décennies pour révoquer l’arrêt Roe vs Wade, ce sont les démocrates et leurs ONG affiliées qui ont permis que cela se produise.

    Il n’était pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Avec le large soutien dont bénéficie le maintien de cet arrêt, les organisations de femmes dirigées par des libéraux auraient pu mener une véritable lutte de masse pour le protéger. La fuite du projet de la Cour suprême en mai dernier aurait pu servir de tremplin à une campagne de plusieurs mois de protestations, de meetings publics et d’actions directes. Au lieu de cela, ils ont activement démobilisé le mouvement et l’ont canalisé vers une campagne inutile vers les élections.

    Des groupes tels qu’EMILY’s List, Planned Parenthood et NARAL Pro-Choice ont annoncé avoir dépensé 150 millions de dollars en faveur des démocrates pour les élections de mi-mandat de 2022. Heather Williams, directrice exécutive du comité de campagne législative démocrate, a déclaré à propos des électeurs démocrates : « La chute de Roe leur donne certainement une motivation et une urgence supplémentaires [pour voter]. » C’est une gifle insultante pour les centaines de milliers, voire les millions de personnes qui cherchaient à agir pour empêcher cette décision.

    « Votez démocrate pour protéger le droit à l’avortement » ne signifie rien alors que ces mêmes démocrates refusent d’agir. Joe Biden est assis sur une pile de décrets qu’il pourrait signer dès maintenant pour étendre et garantir l’accès à l’avortement médicamenteux dans tout le pays. Au milieu d’un assaut barbare et choquant contre les enfants trans et non binaires à travers le pays, Hillary Clinton a déclaré que le « débat sur les transgenres » ne devrait pas être une priorité pour les démocrates. Cela s’ajoute à la longue liste de choses que les démocrates choisissent d’ignorer au lieu de se battre.

    Il est évident que nous avons besoin de nouvelles organisations de masse, totalement indépendantes du parti démocrate, pour se battre sans réserve contre les assauts de la droite.

    Dans de nombreux États, le recul de l’accès à l’avortement, l’attaque contre les droits des enfants transgenres et l’attaque de tout programme antiraciste dans les écoles sont devenus les moyens privilégiés des politiciens républicains pour remonter le moral de leur base. En l’absence totale de leadership de la part du parti démocrate ou des ONG libérales, stopper la droite dans son élan nécessitera un mouvement totalement indépendant de jeunes et de travailleurs.

    Nous avons besoin d’un mouvement de masse doté de structures démocratiques qui puisse servir de quartier général à la lutte pour vaincre la droite et protéger (ou reconquérir) notre droit à l’autonomie corporelle. Ce mouvement doit avoir des objectifs politiques clairement définis, des structures démocratiques et une indépendance totale vis-à-vis des démocrates.

    Les organisations socialistes, les syndicats et les groupes de justice sociale doivent unir leurs forces pour lancer une telle organisation. Les structures nécessaires à notre mouvement doivent être construites afin que les revendications, les tactiques et la stratégie soient décidées démocratiquement.

    Malheureusement, la plus grande organisation socialiste des États-Unis, les Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), s’est contentée de lancer un site web qui appelle à faire des dons aux fonds pour l’avortement et à les rejoindre. C’est une abdication de responsabilité au milieu de cette attaque historique.

    Si une nouvelle organisation de masse devait voir le jour, ce que nous pensons être absolument nécessaire, Socialist Alternative la construirait avec enthousiasme et se battrait pour qu’elle ait un programme féministe socialiste.

    Cela signifie un ensemble de revendications qui répondent aux besoins profonds des femmes et des personnes homosexuelles. Des revendications qui portent à la fois sur l’autonomie corporelle et qui donnent aux gens les moyens de fonder une famille s’ils le souhaitent. Cela inclut : un système d’assurance-maladie trans-inclusif pour tous avec avortement gratuit sur demande, des services de garde d’enfants universels, une éducation publique entièrement financée, des logements publics de haute qualité et abordables en permanence, la propriété publique et le contrôle démocratique sur les monopoles de couches et d’alimentation pour bébés, ainsi que de toutes les autres méga-corporations parasites.

    Nous nous battrions pour qu’une telle organisation utilise des tactiques enracinées dans la lutte des classes, plutôt que de s’appuyer sur des actes individuels de résistance. Avec l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade, les gens feront ce qu’il faut pour avoir accès à l’avortement, y compris en utilisant les réseaux clandestins, les fonds pour l’avortement et le crowdfunding des amis et de la famille. Mais le fait de se concentrer uniquement sur l’aide mutuelle plutôt que de construire une lutte de masse ne suffira pas à faire revenir l’avortement comme un droit légal dans ce pays. Seule la lutte de masse peut le faire. Cela signifie des manifestations et des protestations de masse, des arrêts de travail, des actions directes et des grèves. Nous pouvons nous inspirer des mouvements féministes historiques en Amérique latine et en Irlande.

    Le féminisme libéral a prouvé sa faillite totale. Se battre pour nos droits et reconquérir ceux que nous avons perdus exige de se battre en faveur d’un féminisme socialiste. Nous avons besoin d’un nouveau parti pour les travailleurs, les femmes, les personnes LGBTQIA+ et toutes les personnes opprimées, qui se base sur les mouvements sociaux et se bat sans ambiguïté pour nos intérêts.

    Ce n’est que sur la base d’une lutte sans faille des jeunes, des travailleurs et de tous ceux qui sont opprimés par ce système brutal que nous pourrons mettre un terme à l’escalade dangereuse de la droite.

  • La lutte contre les bas salaire et les mauvaises conditions de travail est aussi une lutte féministe!

    On compte 70% de femmes parmi les travailleur.euse.s aux salaires les plus bas. Les conditions de travail dans les soins de santé, l’enseignement, la petite enfance, le non-marchand, l’aide familiale et ménagère sont particulièrement déplorables ; des secteurs qui comptent une large majorité de femmes. Une série d’actions syndicales a déjà pris place ces derniers mois pour le dénoncer.

    • Tract de la Campagne ROSA

    Le capitalisme utilise le sexisme pour maintenir la moitié de la population dans une position de second rang. Les préjugés sur le soi-disant rôle naturel de soignant des femmes servent de prétexte aux bas salaires dans les secteurs où elles sont surreprésentées. « Pourquoi bien rémunérer un travail qu’elles font par ailleurs gratuitement ?! » Puis, vu la charge de travail intenable et faute de services publics suffisants, 43% des travailleuses sont à temps partiel, avec un salaire partiel donc… Elles effectuent de longues heures de travail domestique non payé. Résultat, l’écart salarial annuel homme/femme est de 23,1%, 30% à la pension…

    • Contre la charge de travail intenable et pour l’emploi : la semaine des 30 heures, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution des cadences.

    Luttons pour notre indépendance financière

    Le problème n’est pas que les hommes bénéficient de trop bons emplois ; eux aussi voient leur pouvoir d’achat chuter. Le problème, c’est que les femmes ne gagnent pas assez pour être financièrement indépendantes. Elles sont deux fois plus nombreuses à se retrouver dans une situation de dépendance financière. Le salaire des femmes est encore considéré comme un salaire d’appoint, alors même que deux salaires sont nécessaires pour espérer vivre décemment.

    La situation s’aggrave chaque jour. Le carburant mange une part énorme de notre salaire comme le dénoncent les travailleuses des titres-services. L’indexation se fait après coût, sans suivre la réelle augmentation du coût de la vie ce qui impacte encore plus durement les petits revenus. Pour les locataires, l’indexation des loyers est impayable. S’ajoute à ça, la loi dite de 96 qui nous empêche d’obtenir une vraie augmentation de nos salaires. Inacceptable !

    • Brisons la loi sur les salaires par la grève ! Augmentons tous les salaires de 2 euros par heure!
    • Restauration complète de l’index avec un contrôle de la classe travailleuse sur son calcul et sa composition. Chaque fois que l’indice est dépassé, tous les salaires et allocations doivent augmenter immédiatement.

    Précarité = vulnérabilité aux violences

    Les bas salaires et les conditions d’emploi précaires entravent la possibilité de s’extirper d’une situation de harcèlement ou de violence au travail par crainte de perdre son emploi. C’est encore pire lorsqu’on a pas pu ouvrir ses droits à allocation de chômage. Cette vulnérabilité économique nous place dans une situation de dépendance vis-à-vis de son partenaire / de ses parents et empêche de choisir librement avec qui on souhaite vivre ou non. On enregistre une diminution record du nombre de séparations (-15 % en 2021). Ça rend également plus vulnérable aux violences domestiques. Globalement, être pauvre multiplie par deux le risque d’être violée.

    Cette précarité galopante contribue largement à alimenter le sexisme. 27% des Européens considèrent les violences sexistes acceptables dans certaines circonstances ! Lorsqu’une femme dénonce un problème, c’est elle qui est jugée, plutôt que les faits dénoncés. Comme si une victime qui n’est pas « parfaite » ne pouvait pas être victime du tout…

    • Pour un plan d’investissements publics massifs dans le non-marchand et les services publics tels que les garderies, l’enseignement, les soins de santé, les logements sociaux, les maisons de quartier et de jeunes …

    Organisons des campagnes de syndicalisation dans les secteurs ‘féminins’.

    Actuellement, en Belgique, ce sont les mouvements syndicaux qui réunissent le plus de femmes dans la lutte. Les syndicats ont le potentiel de lutter contre les oppressions spécifiques des femmes et des personnes LGBTQIA+. Mais pour cela, il faut y accorder une attention spécifique car, comme le reste de la société, nos organisations sont elles aussi traversées par le sexisme et la LGBTQIA+phobie.

    L’idéologie dominante c’est l’idéologie de la classe dominante. Cette dernière n’a aucun intérêt à ce que les individus soient égaux. Le capitalisme repose sur les inégalités ; la misère sociale va de pair avec l’enrichissement de l’élite. La technique du « diviser pour mieux régner » sert à affaiblir la force de notre unité. Dans la lutte contre les discriminations, l’oppression et l’exploitation, il est crucial de considérer ce qui nous unit plutôt que ce qui nous rend différents : nous faisons partie d’une classe sociale qui a le potentiel de renverser le capitalisme par la grève et la mobilisation de masse. Si la pandémie a bien démontré quelque chose, c’est que ce sont les travailleuses et les travailleurs qui font tourner le monde. Il est temps qu’on le prenne en main !

    Pour des campagnes de syndicalisation de travailleuses ainsi que le renforcement des commissions femmes dans les syndicats comme outil d’implication plus large des femmes dans les luttes et de discussion sur leurs problématiques spécifiques.
    La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) défend un féminisme socialiste.

    Nous voulons nous attaquer à la racine du problème : le capitalisme. Une infime élite d’ultra-riches nous exploite et a besoin de nous diviser pour continuer de le faire. Luttons pour donner naissance à une société reposant sur l’épanouissement de chacun.e.

    Plaçons le secteur financier entre les mains du public afin que la collectivité ait un aperçu de tous les flux financiers et que les ressources disponibles soient investies dans ce qui est socialement nécessaire.
    Pour une économie démocratiquement planifiée, le socialisme démocratique.

    Tu es d’accord avec ce que nous défendons, en parole ou en acte, alors deviens membre de la Campagne ROSA.

    (fr.campagnerosa.be/devenir-membre) et /ou soutiens-nous financièrement pour nous permettre de poursuivre nos activités (ROSA: BE54 5230 8095 8497).

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