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Category: Féminisme
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De la Palestine au Congo, les femmes en première ligne dans la lutte anti-guerre
La récente décision de l’État israélien d’attaquer Rafah est un tournant dévastateur pour les Palestinien.ne.s. Considéré comme le « dernier refuge » pour la population, Rafah accueille 1,4 million de personnes fuyant la guerre.
Par Laura (Bruxelles), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
Cette attaque alourdit considérablement le nombre déjà important de décès, s’élevant, au moment de la rédaction, à 28.340 personnes dans la bande de Gaza, dont plus de 5.350 enfants. Les femmes et les enfants représentent 70% des personnes touchées par les bombardements (blessés compris). À Gaza, 7 femmes meurent toutes les deux heures, un bilan aggravé chaque jour de façon atroce. La bande de Gaza est aujourd’hui l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant et un cauchemar pour les femmes enceintes.
Victimes, certainement, mais pas uniquement. Beaucoup de mythes entourent les femmes dans les conflits armés. Perçues exclusivement comme victimes, leur rôle actif a souvent été volontairement caché. Loin d’être de simples spectatrices ou victimes passives, les femmes ont joué et continuent de jouer un rôle crucial dans la résistance à travers le monde, y compris dans des zones de conflit telles que la Palestine.
La guerre exacerbe les violences faites aux femmes
La valeur de la vie humaine perdant de son importance en temps de guerre augmente encore les violences subies par les plus vulnérables. Dans tous les conflits, la menace de violences sexuelles est utilisée comme arme de guerre, de nombreux cas de viols et mutilations de Palestiniennes ont été rapportés dans les prisons. Les violences au sein des foyers explosent durant chaque conflit, car l’accès à un accompagnement psychologique nécessaire en cas de crise est réduit, voire inexistant.
En détruisant les structures de santé, l’accès aux soins maternels est aussi rompu. Depuis le 7 octobre, on estime que 50.000 femmes seraient enceintes. Elles doivent accoucher dans des conditions dangereuses et des césariennes ont lieu sans anesthésie. Elles doivent quitter l’hôpital directement après l’accouchement alors qu’il s’agit du moment où le risque de complications est le plus élevé.
Le chemin de l’exil, quand celui-ci est possible, est quant à lui synonyme de vulnérabilité, de précarité et de violences.
L’engagement des femmes dans les conflits armés
Vivant plus lourdement les atrocités de la guerre, les femmes ont toujours été en première ligne dans les mouvements contre celle-ci.
En Palestine, dès 1948, elles se sont opposées à l’occupation israélienne. En 1987, elles ont joué un rôle essentiel dans le mouvement de résistance lors de la première Intifada : elles ont occupé les rues, elles ont créé et participé à des comités pour organiser les mobilisations et les grèves. Comités qui leur ont permis de se pencher sur les conséquences du sexisme.
La perception du rôle de la femme a évolué également, elles ont rempli de nouveaux rôles au sein de la famille, ont été davantage à la recherche d’emploi rémunéré afin de subvenir aux besoins de la famille, occupant plus l’espace public. Elles ont par ailleurs joué un rôle d’aide aux blessé.e.s, ont caché des militant.e.s recherché.e.s, livré des médicaments,…
Malheureusement, l’évolution de leur statut a été remise en cause dès le début des années 90 en raison de facteurs multiples tels que la répression militaire israélienne, le développement du Hamas et l’imposition de son idéologie réactionnaire… Non représentées au niveau politique, leur rôle fut considérablement impacté lors de la seconde Intifada – où les attentats-suicides ont pris le pas sur la mobilisation de masse – même si elles continuaient à prendre des initiatives lorsque cela était possible.
Aujourd’hui encore, aux quatre coins du monde, des mouvements de femmes s’organisent dans une véritable lutte anti-guerre. En Russie, plusieurs dizaines de groupes féministes militants se réunissent et sont actifs dans au moins 30 villes, appelant à la fin de la guerre, à une solidarité internationale et apportant leur soutien aux victimes ukrainiennes, et ce, malgré la lourde répression qui sévit. Elles demandent également qu’il soit mis fin aux tentatives de Poutine d’attaquer leurs droits et ceux des personnes LGBTQIA+ sous couvert de guerre, comme l’abolition récemment annoncée du droit à l’avortement.
En République Démocratique du Congo, où se déroule actuellement le plus gros génocide depuis la Seconde Guerre Mondiale, les femmes s’impliquent dans les négociations avec les groupes armés pour éviter certaines attaques sur les civils en mettant leur vie en danger. Grâce à leurs réseaux d’informations, des militantes permettent à des familles de rentrer chez elles, mais aussi aident les autorités militaires à débusquer les rebelles qui se déguisent en civil.
Occupons les rues le 8 mars en solidarité avec les femmes de Gaza et d’ailleurs !
La guerre exacerbe les inégalités de genre et fait reculer de nombreuses années d’acquis en matière de droits humains. Elle est inconciliable avec les valeurs et les objectifs essentiels du mouvement féministe et LGBTQIA+, mais aussi ceux de la classe des travailleur.euse.s toute entière. Le 8 mars, est une date symbolique dans la lutte contre toutes les formes d’oppression et contre le système capitaliste qui les engendre.
Clara Zetkin, avec d’autres femmes socialistes, est à l’origine de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Ce sont des femmes révolutionnaires qui ont organisé la première conférence socialiste internationale en 1915 pour organiser leur opposition à la guerre. Et c’est le 8 mars 1917 que des dizaines de milliers d’ouvrières russes, rejointes par les travailleurs, ont manifesté à Petrograd pour réclamer du pain et la fin de la guerre. Cet événement a marqué le début de la révolution russe et a joué un rôle dans la fin de la Première Guerre mondiale. Descendons, nous aussi, dans les rues pour dénoncer chaque forme de discrimination et leur utilisation pour diviser la majorité de la population au profit des plus puissants. Nous y défendrons la nécessité d’une société basée sur les besoins et les capacités de chacun : une société socialiste.
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L’avortement est un droit, pas un jeu politique !
La législation actuelle autorise l’avortement en Belgique jusqu’à 12 semaines après la conception. Il existe aussi un délai de réflexion obligatoire de 6 jours après la première consultation. Ces délais sont identiques à ceux de la première loi sur l’avortement de 1990. En 2018, l’avortement a finalement été (en grande partie) supprimé du Code pénal.
Par Nicky (Anvers)
Depuis lors, l’avortement est un droit et non plus un crime toléré. Après 12 semaines, l’avortement n’est autorisé que dans des cas exceptionnels où la personne enceinte est en danger de mort ou si l’enfant risque de naître avec de graves handicaps. Si la loi est enfreinte, en pratiquant un avortement en dehors de la période autorisée, des sanctions et des peines sont toujours possibles. Par conséquent, près de 500 de femmes de Belgique se rendent chaque année à l’étranger, principalement aux Pays-Bas, pour avorter.
Aux Pays-Bas, les avortements légaux sont possibles jusqu’à 24 semaines. Le mouvement féministe et les centres d’avortement, soutenus par des experts médicaux, réclament depuis des années un assouplissement de la législation sur l’avortement en Belgique. En 2020, le débat a été mis en avant lors de la formation du gouvernement. Cette question a été utilisée comme enjeu politique envers le CD&V et maintenant que nous approchons de la fin du mandat du gouvernement, les tensions entre les partis au pouvoir autour de cette question reviennent à nouveau.
Parmi les partis de la Vivaldi, les Verts, les Libéraux et les Sociaux-démocrates sont tous favorables à l’allongement de la durée du délai à 18 semaines et à l’abolition du délai de réflexion obligatoire. Seul le CD&V s’y oppose et bloque toute avancée possible. En 2020, un accord de coalition a été conclu à condition qu’il n’y ait pas de vote sur les « questions éthiques » sans consensus préalable entre partis. Ainsi, un éventuel assouplissement de la loi sur l’avortement a été mis en suspens.
Fin janvier, les centres d’avortement flamand Luna vzw et VUB Dilemma ont lancé une nouvelle campagne en faveur de la prolongation du délai à 18 semaines et de la suppression du délai de réflexion. Ce faisant, ils souhaitent également briser certains mythes sur l’avortement. Beaucoup de gens pensent à des grossesses d’adolescentes lorsque l’on évoque l’avortement, mais les chiffres des centres d’avortement montrent qu’à peine 1% de leurs patientes ont moins de 18 ans. Leur patiente moyenne est une femme de 29 ans qui a déjà un ou deux enfants et qui entretient une relation stable. Les centres constatent aussi une augmentation du nombre d’avortements. Comme raisons possibles, ils citent les temps incertains que nous vivons, les conflits internationaux et la vie qui devient de plus en plus chère. Ils demandent également un meilleur accès à la contraception et plus d’informations sur les différentes méthodes de contraception pour tous.
Vooruit a immédiatement pris le train en marche et a proposé de voter une nouvelle loi sur l’avortement, même à court terme. Cela va à l’encontre de la promesse faite dans l’accord de coalition selon laquelle un consensus doit d’abord être atteint entre les partis. Le CD&V souhaite une extension du délai à seulement 14 semaines au lieu de 18 et une réduction du délai de réflexion obligatoire à 2 jours au lieu d’une abolition complète. Ce n’est pas suffisant pour les autres partis. Le débat s’éternise. Les Verts se posent en arbitres et appellent à la “sérénité”. La ministre Tine Van der Straeten (Groen) affirme que « les modifications des lois sur l’avortement sont toujours intervenues dans notre pays après un débat approfondi et serein. » Il s’agit d’un débat qui dure depuis 10 ans et qui n’a donné que très peu de résultats.
Les délais actuels pour l’avortement sont toujours les mêmes depuis 1990. Cette loi était intervenue après 20 ans de lutte du mouvement féministe et de nombreux procès pour avortement. À l’approche des élections, les partis politiques veulent tous se faire passer pour les champions des droits des femmes. Mais les vrais champions des droits des femmes, ce sont celles et ceux qui descendent dans la rue. Ces dernières années, nous avons vu comment, en Amérique latine, le mouvement des femmes, la « Vague verte », a réussi à faire respecter le droit à l’avortement dans plusieurs pays. En Argentine en 2020 et au Mexique en 2023, ce droit a été obtenu, et dans d’autres pays, l’avortement a été dépénalisé. En Irlande, le mouvement féministe a également remporté une victoire pour le droit à l’avortement en 2018.
Le PSL, la Campagne ROSA et EGA appellent à descendre dans la rue pour le droit à l’avortement en Belgique également. Nous lions notre revendication d’un avortement accessible et sans restriction à celle de plus de moyens pour l’accueil et l’éducation des enfants. Aujourd’hui, dans les familles avec enfants, les deux parents doivent travailler à temps plein pour joindre les deux bouts. Dans le même temps, de nombreuses familles monoparentales vivent au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté. La situation financière reste l’une des principales raisons pour lesquelles une personne choisit l’avortement. Nous sommes en faveur d’un véritable libre choix, où le choix d’avoir des enfants n’implique pas de risque financier, où le choix de l’avortement n’est pas tabou ou honteux et où il n’est pas nécessaire d’aller à l’étranger pour l’obtenir.
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8 mars : lutter pour gagner!
Réaction antiféministe – menace d’extrême droite – violence de genre – inégalités
37%des femmes en France considèrent que leur place est à la maison avec leurs enfants. 70% des hommes pensent que c’est à eux de ramener l’argent au foyer s’ils veulent être respectés. Les personnes LGBTQIA+ font 2 fois plus l’objet de violences sexuelles. Un homme sur 5 entre 25 et 34 ans considère normal d’avoir un salaire plus élevé qu’une femme à position égale. Le baromètre du sexisme français (janvier 2024) fait froid dans le dos. Toutes ces données sont à la hausse. Pourtant, à l’opposé, la parole continue de se libérer contre les abus. Le consentement tout comme la répartition des tâches domestiques font partie intégrante du débat public.
Par Emily Burns
Négocier avec le pouvoir en place ne suffira pas
En Belgique la loi contre les féminicides n’est toujours pas mise en œuvre. Si le consentement est désormais inscrit dans le Code pénal, il n’est pas largement discuté dans les écoles. Une loi contre l’inégalité salariale existe bel et bien, mais l’écart salarial entre hommes et femmes est de 21% sur base annuelle, et monte même à 44% parmi la population ouvrière (selon l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes).
La campagne électorale n’a pas encore commencé que l’on parle déjà de 3 à 4 milliards d’économies budgétaires par an durant la prochaine législature. Nous savons déjà où les partis établis voudront sabrer : dans les services publics et les allocations sociales… Moins de services publics, cela signifie plus de travail domestique, notamment de soins aux autres reportés sur la famille. Et s’il faut dégager du temps, c’est évidemment le plus petit salaire du ménage (celui de la femme le plus souvent) qui s’y voit contraint, faute d’alternative. Pour les familles monoparentales, c’est tout simplement la catastrophe en raison du manque d’aide sociale à hauteur des besoins.
Rêver grand…
Ne limitons pas nos revendications à ce qu’on pense acceptable. Nous avons besoin d’un bouleversement total, pas juste du droit de crier dans le vide. Ce qu’il faut demander c’est un autre monde et le pouvoir pour tou.tes !
Un congé de parentalité de 18 semaines payées à 100% a été accordé dans une série de multinationales, alors que la loi belge se limite à 15 semaines pour la mère et 3 pour le père / coparent.e avec un salaire raboté. Nous sommes nombreux.ses à ne même pas oser rêver de 18 semaines, pourtant nous le devrions, et bien plus encore. Si certaines entreprises les ont accordées pour se donner une meilleure image, imaginez ce que nous pourrions obtenir par une lutte collective résolue et offensive !
Parce que de l’argent, il y en a ! En 5 ans, 826 entreprises (seulement !) sont parvenues à envoyer – en toute légalité – 1.350 milliards d’euros vers les paradis fiscaux (étude d’ATTAC et de POUR). C’est l’équivalent de 3 années de PIB belge ! Alors oui, tout est possible : des cantines publiques de quartier de qualité ; des soins de santé et aux personnes où l’humain est au centre plutôt que le profit; une répartition du travail entre tou.te.s et la technologie au service de la collectivité…
… et lutter pour réaliser ces rêves !
Ce début d’années 2024 a été marqué par les agriculteurs, les tracteurs et leurs blocages. Voilà comment on impose nos revendications : par la lutte collective, avec nos outils de travail s’il le faut. Fin des années ’90, dans le combat des Forges de Clabecq, c’était avec des bulldozers qu’ils avaient répondus aux provocations policières pour défendre leur emploi !
Organisons des grèves générales féministes à l’image de ce qui a été fait au Pays basque. Le 30 novembre, 1.500 comités d’entreprise se sont formés pour organiser une grève « pour le droit collectif aux soins », accompagnée de 125 manifestations locales. C’était une grève générale de l’ensemble des travailleur.euse.s – quel que soit leur genre – contre la manière dont le travail productif et reproductif est divisé. La grève a permis de démasquer le « féminisme de façade » pro-capitaliste, dépourvu d’un véritable programme de changement social. Les syndicats basques et les collectifs féministes ont lié la violence de genre à l’oppression économique des femmes et de la classe travailleuse en général. Loin de diviser, la grève a servi à forger une unité de l’ensemble de notre classe, en faveur d’une lutte pour améliorer les conditions de la vie quotidienne. Voilà qui a de quoi nous inspirer…
Une autre source d’inspiration ? Participe à nos meetings avec Maria-Clara, une activiste ROSA du Brésil qui plaide pour une lutte audacieuse pour l’émancipation des femmes, des personnes LGBTQIA+, des Premières Nations de la forêt amazonienne et d’ailleurs. C’est une infatigable militante internationaliste, féministe et socialiste révolutionnaire.
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De Depardieu à Macron, la riposte anti #Metoo à la sauce française
Depuis août 2018, 4 plaintes pour viols et agressions sexuelles ont été déposées contre Depardieu. Médiapart a également publié 13 témoignages de femmes l’accusant de violences sexuelles. L’affaire a refait surface à la suite d’une émission de Complément d’Enquête (France 2) consacrée aux propos racistes, sexistes et pédocriminels de Depardieu en Corée du Nord. La veille de sa diffusion, une des plaignantes, l’actrice Emmanuelle Debever, s’est suicidée.
Par Tiphaine et Brune
Le sexisme de Depardieu est connu de longue date. Sophie Marceau n’a jamais caché les raisons de son refus de tourner à ses côtés depuis les années ’80. Dans une interview de 1978, il avait expliqué avoir commis “trop de viols pour les compter” en se justifiant ainsi : “Je veux dire, ça n’existe pas le viol. C’est seulement une fille qui se met dans la situation qu’elle désire. La violence n’est pas commise par ceux qui perpétuent l’acte, mais par les victimes elles-mêmes, celles qui permettent que cela arrive.” Quand le Time avait ressorti l’entretien en 1991, il avait persisté : “Mais c’était tout à fait normal dans ces circonstances. Cela faisait partie de mon enfance”.
Commentant ce dont elle avait été témoin, Sophie Marceau a déclaré : “Il ne s’en prenait pas aux grandes comédiennes, plutôt aux petites assistantes”, maquilleuses, techniciennes, jeunes actrices à leurs débuts, etc. Un schéma souligné sans surprise dans les diverses accusations : les relations de pouvoir entraînent des abus de pouvoir. C’est au cœur des dénonciations de #Metoo. Et si aujourd’hui agressions et harcèlement sont beaucoup moins tolérés, ceux qui profitent de ces positions de pouvoir tentent de reprendre la main et de protéger leur entre soi, une tendance visible partout dans le monde.
La défense de Depardieu, une aubaine pour la droite
Une immonde tribune en défense de Depardieu a été signée par 55 artistes. Elle déclare notamment : “Lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque”. Rien de moins. En aprenant que l’initiative de la tribune venait de l’extrême droite (un proche d’Éric Zemmour par ailleurs éditorialiste au magazine d’extrême droite Causeur) plusieurs signataires se sont ensuite désolidarisés. Cela n’enlève toutefois rien au fond du texte qu’ils et elles ont approuvé et, d’autre part, ces “regrets” proviennent surtout de la vague de protestations d’une ampleur inédite qui a suivi.
Macron y a vu une belle controverse capable de servir de contrefeu à la loi immigration – votée grâce à l’extrême droite qui revendique une “victoire idéologique” – tout en caressant dans le sens du poil un électorat plus âgé et conservateur. Dans un entretien télévisé au lendemain direct de ce vote, il a lui-même exigé d’être interrogé au sujet de Depardieu et n’a pas hésité à parler de “chasse à l’homme” avec des propos dénigrants pour les plaignantes qui ont eu le courage de parler.
Macron est friand de telles provocations diviseuses et de différences de traitement manifestes. D’un côté, il fait interdire le port de l’abaya à l’école suivant une vision rétrograde et sexiste de la laïcité de l’État (qui promeut la séparation de la religion et de l’État, pas de se mêler de ce que portent les jeunes filles), de l’autre, il célèbre l’Hanoukka à l’Élysée. De cette façon, tant l’islamophobie que l’antisémitisme sont attisés, haine et discorde sont distillées à la base de la société, parmi la classe travailleuse.
Ces provocations visent à détourner la colère de la crise du pouvoir d’achat, des pénuries dans les services publics, de l’accès difficile au logement, etc. ainsi qu’à dévier l’attention de la force du mouvement de grèves et de manifestations de masse de la première moitié de l’année 2023 en défense des retraites. C’était d’ailleurs l’objectif réel de la “loi immigration et asile”, mais son adoption a été considérablement plus complexe et chaotique que ce que Macron prévoyait. Suivant la stratégie de la fuite en avant qu’il affectionne tant, il a décidé d’aller surfer sur une autre vague réactionnaire pour à nouveau détourner l’attention.
Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
Dans le monde du cinéma et de la culture, il y aura un avant et un après. Plus de 8000 artistes ont signé en 48h une tribune sur “Cerveaux non disponibles”. On peut y lire : “Comme toujours dans les affaires de violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes, la « présomption d’innocence » pour l’agresseur sonne comme une « présomption de mensonge » pour les femmes qui témoignent contre lui. (…) Comme l’écrit Elvire Duvelle-Charles dans l’ouvrage « Moi aussi », l’idée que certaines femmes puissent porter préjudice à l’image d’un honnête homme suscite plus de réactions et d’effroi que l’idée que les femmes violées n’obtiennent pas justice, exception faite du 0,6% des viols qui sont condamnés.”
Elle se clôt en soulignant que se réfugier derrière le « laissons faire la justice », ou le pathétique « il faut séparer l’homme de l’œuvre », “c’est accepter de mettre son propre jugement de côté. C’est estimer que nous n’avons aucun rôle à jouer dans l’évolution de notre société. Que nous ne pouvons pas aider et soutenir les victimes.” Et ce serait une erreur, nous sommes bien d’accord.
Nous devons poursuivre le combat. Le 8 mars arrive, la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, c’est déjà demain. À travers le monde, il y aura des actions et des manifestations féministes, une dynamique internationale d’action collective que nous souhaitons la plus massive possible. Cette unité dans la lutte est la meilleure façon qui soit de changer les mentalités et, surtout, de construire le rapport de forces dont nous avons besoin pour en finir avec cette société capitaliste qui repose sur les relations de pouvoirs, les inégalités, l’exploitation et les oppressions.
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Manifestation contre les violences de genre
Dimanche, une manifestation a eu lieu à Bruxelles à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes. La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) était bien sûr présente avec une délégation dynamique et son matériel politique. Vous trouverez ci-dessous le tract que nous avons distribué, accompagné de photos de la manifestation.
- Tout le système est coupable
- Pour un féminisme anticapitaliste, socialiste et révolutionnaire
- Solidarité avec le peuple palestinien
#MeToo est inarrêtable
Vingt millions de tweets plus tard, #MeToo a brisé le silence. Des personnalités connues comme Bart De Pauw, Danny Masterson et Donald Trump ont été condamnées. Le sexisme ne peut plus être nié. D’autres discriminations et la culture toxique sont dénoncées. Les gouvernements et les entreprises sont contraints de prendre des mesures : des lignes d’assistance téléphonique et des codes de conduite ont vu le jour. Pourtant, le sexisme et les abus de pouvoir continuent de miner la vie de nombreuses personnes. En Belgique, au moins 24 femmes ont déjà été victimes d’un féminicide cette année.
Une nouvelle vague de témoignages déferle sur le monde : #MeToo à Taïwan, des plaintes contre des personnalités puissantes comme Axl Rose, Russell Brand, Jamie Foxx ou encore le chanteur de Rammstein. Fin novembre, la députée française Sandrine Josso a porté plainte contre le sénateur Joël Guerriau pour soumission chimique et tentative d’agression sexuelle.
Depuis 6 ans et la popularisation #MeToo, les abus sont plus largement dénoncés, mais les structures de pouvoir sous-jacentes restent inchangées. De l’Église aux universités, en passant par les clubs de sport, les lieux de travail et de vie nocturne ; les témoignages viennent de partout. La prochaine étape doit être une lutte contre les inégalités, l’insécurité et les relations de pouvoir. Pour la Campagne ROSA, c’est cela le féminisme anticapitaliste et socialiste : combattre les agressions en s’attaquant à leurs racines. Aussi longtemps que nous dépendrons de patrons, d’actionnaires, de propriétaires et de politiciens qui démolissent nos services publics, au plus longtemps les abus se poursuivront. Même dans nos relations les plus intimes, il y a souvent des relations de dépendance financière au vu de nos bas salaires et faibles allocations. Cela doit cesser !

Halte au backlash antiféministe – Nous ne reviendrons pas en arrière !
Les masculinistes tels que Andrew Tate et Dries Van Langenhove (fondateur du mouvement de jeunesse flamand d’extrême droite Schild & Vrienden) promeuvent des stéréotypes comme les “tradwives” (“épouses traditionnelles”), organisent des campagnes misogynes et ciblent les adolescents. Ces campagnes sur les réseaux ont un impact important sur le monde réel.
L’accumulation des crises renforce les inégalités et la dépendance. Elle augmente les chances électorales des extrémistes conservateurs comme Geert Wilders (leader d’extrême droite aux Pays-Bas) ou Javier Milei (nouveau président argentin se définissant comme “anarcho-capitaliste”) qui ont remporté les élections en novembre. Les politiques qui s’attaquent aux droits des femmes et des LGBTQIA+ ne sont pas anti-establishment. Cela renforce le système et les rôles inégaux des hommes et des femmes, que le capitalisme exploite commodément. Le capitalisme normalise les bas salaires des femmes et les publicités sexistes sont utilisées pour augmenter les ventes.
Bart de Wever (NVA), Georges Louis Bouchez (MR) et Tom Van Grieken (VB) parlent du “wokisme” afin, principalement, de détourner l’attention des bas salaires ou de logements décents et accessibles, etc. Notre féminisme doit être antifasciste ; la construction d’une alternative sociale est plus que jamais nécessaire. Pour ce faire, nous avons besoin d’un programme de lutte qui parte des besoins de la classe travailleuse et des jeunes. Des salaires plus élevés, une indexation automatique des salaires à hauteur de l’augmentation du coût de la vie, des pensions décentes pour tou.te.s, des investissements massifs dans les services publics, avec suffisamment de personnel pour les rendre sûrs, accessibles et gratuits, etc. : ce ne sont là que quelques-unes des revendications qu’il est nécessaire de mettre en œuvre.
Pour la libération des palestinien.ne.s opprimé.E.s
Les nombreuses manifestations qui ont eu lieu doivent se poursuivre, car pendant que les bombes continuent de pleuvoir sur Gaza, les profiteurs de guerre belges engrangent d’énormes bénéfices. Certains des meurtres et des bombardements sont effectués avec des armes produites ou transitant en Belgique. Des syndicats palestiniens et belges ont demandé l’arrêt des livraisons d’armes à l’armée israélienne. Il faut maintenant nous organiser et lutter pour y parvenir. La classe travailleuse en action peut arrêter les massacres.
Mi-novembre, des images d’un soldat israélien portant un drapeau LGBTQIA+ ont circulé. Une tentative de cacher l’oppression sanglante des Palestinien.ne.s derrière un drapeau arc-en-ciel ? Quel cynisme !! Le drapeau LGBTQIA+ est un symbole de résistance à l’oppression, à l’extrême droite et au capitalisme. L’État israélien tente de se fabriquer une image progressiste pour promouvoir ses crimes de guerre, un pinkwashing particulièrement nauséabond. L’idée selon laquelle il faudrait se ranger derrière le gouvernement d’Israël pour faire progresser les droits des personnes LGBTQIA+ est xénophobe et islamophobe. Cela témoigne d’une idéologie paternaliste et coloniale.
Cela nie le combat de nombreuses personnes LGBTQIA+ contre l’oppression. Aucune libération n’est possible sur base de l’occupation et de l’oppression.
60 % des victimes à Gaza sont des femmes et des enfants. Tant que tous les peuples ne seront pas libérés, il n’est pas possible d’obtenir une véritable liberté et sécurité. On ne peut pas faire comme si de rien n’était pendant que le carnage continue. Il est crucial de construire un mouvement de masse international. Luttons contre ce système où les guerres sont normalisées et constituent des mannes financières pour certains ; contre une société dans laquelle les régimes répressifs sont soutenus à travers le monde, car cela génère des profits pour des multinationales. C’est en luttant contre le capitalisme que l’on pourra mettre fin à la guerre et à l’oppression.
Rejoignez la Campagne ROSA lors de la prochaine manifestation ! Rendez-vous le 10 décembre à Bruxelles !
Soutiens-nous !
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Ne tarde plus, soutenez-nous en achetant un ou plusieurs tickets (10€) et tu auras peut-être la chance de gagner l’un des dix fantastiques prix tel qu’un week-end pour 2 dans un appart-hôtel Floreal***.
Rejoins la Campagne ROSA
La lutte contre la misogynie et le sexisme est liée à la lutte pour des logements sociaux, pour des salaires décents et égaux, pour la justice climatique. C’est une lutte contre le racisme, la transphobie et l’extrême droite. Le féminisme anticapitaliste, socialiste et révolutionnaire veut rompre avec le féminisme libéral qui cherche avant tout à féminiser l’élite capitaliste.
Le capitalisme est un système qui crée des inégalités extrêmes. Il est basé sur l’exploitation, la guerre et l’oppression. De ce fait, ce système est incapable de mettre fin à l’oppression et à la violence.
La Campagne ROSA est un réseau international. Elle est nommée d’après la socialiste révolutionnaire Rosa Luxemburg et la militante des droits civiques Rosa Parks. N’attends plus, rejoins-nous dès aujourd’hui !





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Les sœurs Mirabal et les origines de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes
La journée du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, fut instituée par une résolution des Nations Unies en 1999. Toutefois cette journée avait déjà une importance régionale bien auparavant, ayant été établie lors de la première rencontre féministe continentale d’Amérique Latine et des Caraïbes à Bogota en 1981.(1)
Par Christian (Louvain)
Le 25 novembre rappelle la date de l’assassinat des sœurs Mirabal, tuées en 1960 par la dictature de Trujillo en République Dominicaine. Aujourd’hui méconnue, cette dictature était à l’époque réputée parmi les plus ignobles des Amériques. Au début des années ‘80, à une époque où de nombreux pays de la région subissaient le joug de dictatures militaires, ce choix n’est pas fortuit. Les sœurs Mirabal ne peuvent être réduites à de simples victimes d’un crime abominable : c’étaient des militantes politiques en lutte pour les droits démocratiques.
Il est particulièrement intéressant de se pencher sur cet épisode dans son contexte historique compte tenu du rôle moteur et des grands sacrifices faits par les jeunes femmes dans des mouvements de masses actuels tel qu’au Myanmar ou en Iran. Dans l’Amérique latine d’aujourd’hui, des militantes sont également encore souvent la cible de féminicides.
Impérialisme et dictature
Pour assurer le remboursement de la dette nationale, les États-Unis occupèrent la République dominicaine de 1916 à 1924. Haïti, voisine, subit une occupation des marines pour le même motif de 1915 à 1934. Cuba, le Nicaragua et le Honduras connurent également des interventions similaires. Les États-Unis maintinrent un contrôle direct sur les finances et les douanes de la République dominicaine jusqu’en 1940. Ils laissèrent le pays dans de bonnes mains. Trujillo, qui avait pris le pouvoir au début de la crise économique mondiale était l’homme qu’il fallait pour garantir la stabilité politique, l’équilibre budgétaire et les intérêts économiques américains.
Tout comme le fondateur de la dynastie Somoza au Nicaragua, Rafael Leónidas Trujillo Molina (1891-1961), d’origine modeste, reçut une formation militaire des marines états-uniens lors de leur occupation du pays. Devenu chef de la garde nationale, Trujillo prit le pouvoir par un coup d’Etat lors des élections de 1930. Seulement deux fois officiellement président durant ses 31 années au pouvoir, Trujillo gouverna la plupart du temps en tant que figure militaire imposante derrière des présidents fantoches ; notamment son propre frère ainsi que l’intellectuel Joaquín Balaguer (1906-2002).
Le ‘Generalissimo’ établit un culte de la personnalité à son profit. Reconstruite après un tremblement de terre, la capitale Santo Domingo fut rebaptisée Ciudad Trujillo. Une province et le plus haut sommet du pays furent également renommés en son honneur. Son règne, celui d’un caudillo aux tendances fascistes, fut marqué par la terreur. Son service secret, le Servicio de Inteligencia Militar (SIM), était connu pour traquer ses opposants jusque dans leur exil. Le bilan de ses 31 années au pouvoir pourrait s’élever à 50.000 morts.
La pire atrocité orchestrée par Trujillo fut le massacre des migrant.e.s haïtiens en 1937. La quasi-totalité de la population d’origine haïtienne fut soit tuée (entre 17.000 et 35.000 personnes) ou forcée de fuir. Dans le contexte de la crise économique, la main d’œuvre haïtienne était moins recherchée. De plus, Trujillo voulait consolider son contrôle sur la région frontalière. Trujillo justifia le bain de sang ultérieurement par la thèse d’un antagonisme national (voir racial) entre les deux peuples, une thèse basée entre autres sur le fait que Haïti avait occupé son voisin durant la première moitié du 19ème siècle.(2)
En revanche, pour améliorer sa mauvaise réputation et surtout afin de « blanchir » la population dominicaine Trujillo se montrât ouvert aux migrant.e.s venus d’Europe et même du Japon. La République Dominicaine fut un des rares pays à accepter des réfugié.e.s juif.ve.s. Des milliers de réfugié.e.s espagnol.e.s furent également accueilli.e.s. Nombre d’entre elles et eux finirent toutefois à leur tour assassiné.e.s par le régime dominicain.(3)
Les sœurs Mirabal
Propriétaire d’une ferme et de plusieurs commerces, la famille Mirabal était de classe moyenne aisée et habitait une région côtière au nord du pays. Elle comptait quatre filles : Patria (1924-1960), Bélgica Adela « Dede » (1925-2014), Minerva (1926-1960) et Maria Teresia (1936-1960). Dede s’est tenue à l’écart de la politique et fut la seule à voir de vieux jours. Elle s’occupa des orphelin.ne.s et a défendu la mémoire de ses sœurs. Chose exceptionnelle à l’époque, Minerva et Maria Teresia eurent l’opportunité de poursuivre des études universitaires. Minerva, la plus politiquement engagée, fut la première femme du pays à terminer des études de droit.
A l’université, Minerva rencontra son futur mari Manolo Tavárez Justo (1931-1963). Fils d’un riziculteur de taille moyenne et étudiant en droit il était un fervent ennemi de l’impérialisme américain. Le couple vint à admirer Fidel Castro. Il est à noter que jusqu’en 1961, Fidel Castro poursuivit essentiellement une politique de démocrate radical qui envisageait certes des réformes sociales mais aucunement des bouleversements plus profonds.
En 1949, Minerva fut personnellement confrontée à Trujillo. Lors d’une fête à laquelle sa famille (et surtout elle) fut contrainte d’assister elle refusa les avances sexuelles du tyran. La famille quitta les lieux. Cet affront à Trujillo, machiste et prédateur sexuel notoire, ne fut pas sans conséquences pour Minerva et sa famille. Son père fut emprisonné et Minerva ne put jamais exercer son métier d’avocate.
En juin 1959 une expédition armée composée majoritairement d’exilés dominicains fut envoyée par Fidel Castro qui avait renversé le dictateur Batista seulement quatre mois plus tôt à Cuba. L’aventure s’est terminée en moins d’une semaine par une déroute totale. Les quelques survivants furent torturés puis fusillés. Le Mouvement du 14 Juin (MJ14), mouvement dédié à mettre fin à la dictature de Trujillo, fut établi en honneur de ces martyrs. Le mari de Minerva devint le président du mouvement et le mari de Maria Teresia son trésorier. Dès le début, les sœurs ont occupé une place de premier plan dans la lutte clandestine sous le nom de code « mariposas » (papillons). Patria offrit sa maison pour des réunions, tandis que Minerva et Maria Teresa cachèrent des armes et fournirent abri et nourriture à ceux qui fuyaient la répression. Plus que cela, ces dernières étaient activement impliquées dans la planification de la lutte. Aussi, toute la famille fut-elle mobilisée dans la distribution de tracts dénonçant les crimes du régime. Le mouvement attira ainsi de nombreux.ses jeunes dominicain.ne.s issu.e.s de la classe moyenne y compris des étudiant.e.s.
Plus d’une centaine de membres du MJ14 finirent par être arrêté.e.s y compris Minerva, Maria Teresia, leurs maris respectifs, ainsi que le mari et le fils de Patria. Leurs propriétés furent confisquées et la maison de Patria incendiée. Torturées et condamnées à cinq ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’État » Minerva et Maria Teresia furent toutefois relâchées. Fort conscientes du danger qu’elles courraient, les trois sœurs continuèrent néanmoins à tenir tête au régime.
Trujillo ne pouvait admettre que des femmes lui soient dangereuses, d’où leur sortie de prison. Toutefois, leur refus obstiné de se soumettre était un défi particulièrement cinglant. Elles représentaient une subversion des rôles de genre dans une société encore profondément traditionnelle et machiste.(4)
Le dictateur finit par faire recours à un traquenard pour se débarrasser des Mariposas. Deux des trois maris détenus furent transférés à une prison plus lointaine. La route pour aller leur rendre visite était longue et peu fréquentée. Le 25 novembre 1960, des agents du SIM interceptèrent les trois femmes et leur chauffeur. Tou.te.s furent battu.e.s à mort. Le SIM a tenté de simuler les assassinats par un accident de voiture, ce qui n’a trompé personne. Ce crime odieux ne fit qu’alimenter l’indignation contre Trujillo.
La fin de Trujillo et la défaite de la gauche
Au moment de l’assassinat des sœurs Mirabal, les choses allaient déjà mal pour Trujillo. En juin 1960, Trujillo avait tenté de faire assassiner le président vénézuélien Betancourt. Celui-ci avait oser accueillir des opposant.e.s dominicain.ne.s. Par la suite, le Venezuela obtint des sanctions contre Trujillo via l’Organisation des États américains (OEA). Alors que Washington résistait aux pressions visant à imposer des sanctions économiques (notamment concernant l’importation de pétrole) sur la République dominicaine, Trujillo devint un obstacle diplomatique aux efforts américains visant à obtenir un consensus autour de l’isolement de Cuba. L’emprise personnelle croissante du dictateur sur l’économie dominicaine (par exemple 60% de la culture sucrière) devenait également un obstacle aux investisseurs États-uniens. Tant donné le mécontentement croissant, les autorités américaines s’inquiétaient aussi concernant le type d’opposition qui pourrait prendre le pouvoir.(5) Il fallait absolument éviter à tout prix un autre Cuba.
Le 30 mai 1961, Trujillo mourut dans une embuscade sous une pluie de balles. Ses assassins appartenaient à son propre appareil de sécurité et avaient reçu des armes de la CIA. Ramfis, le fils du dictateur, massacra les conspirateurs presque jusqu’au dernier. Une lutte pour le pouvoir opposa Ramfis à ses oncles. Finalement, tous furent forcés de quitter le pays et le pouvoir tomba aux mains de Joaquín Balaguer, président jusque-là fantoche. Une grève générale de 12 jours en novembre-décembre 1961, grève reprise janvier 1962, força la démission du Président Balaguer du pouvoir et la tenue d’élections démocratiques en décembre 1962.(6)
Juan Bosch (1909-2001) et son parti de centre-gauche, le Parti Révolutionnaire Dominicains (PRD), remportèrent aisément les élections avec près de 60% des votes. Une nouvelle constitution libérale devait garantir les droits démocratiques et syndicaux. Il était question de séparation entre l’Eglise et l’Etat, d’une forte restriction du rôle politique des forces armées, de droits civils et d’une restriction des droits de propriété par rapport aux droits individuels, de réforme agraire. Le danger pour l’ordre établi ne résidait pas dans la radicalité du gouvernement de Bosch mais dans l’espoir qu’il risquait de produire au sein des masses. La droite dominicaine et les USA accusèrent Bosch de complaisance envers le communisme.
Le 25 septembre 1963, après seulement 7 mois au pouvoir, Bosch fut renversé par un coup d’État et remplacé par une junte. Manolo Tavárez Justo, veuf de Minerva, relâché de prison en 1961, avait apporté un soutien critique au gouvernement Bosch. Son Mouvement Révolutionnaire du 14 Juin ouvrit plusieurs fronts de guérilla pour résister au putsch. Ce recours à la lutte armée fut assez désastreux. Tavárez Justo fut exécuté en décembre 1963 ensemble avec plusieurs compagnons après s’être rendu. En avril 1965, il y eut un soulèvement plus large de civils et militaires, dit «constitutionnalistes», en soutien à Bosch. Cette fois, les combats ne furent pas confinés à de lointains maquis mais furent concentrés dans les rues de la capitale. Le soulèvement connu un certain succès ce qui entraîna une intervention des marines. Il s’agissait de la première intervention militaire directe des États-Unis dans l’hémisphère depuis 30 ans.
Joaquín Balaguer, l’ancien protégé de Trujillo gagna les élections présidentielles de 1966. Bosch, son adversaire, s’était limité à une campagne discrète par crainte de la répression militaire. Ses trois premiers mandats (1966-1978) furent marqués par la poursuite de la terreur d’État, causant des milliers de morts supplémentaires. Le PRD social-démocrate parvint enfin au pouvoir en 1978 mais finit par trahir la classe travailleuse et imposer des politiques d’austérité.
Un bilan
Dans les vies des sœurs Mirabal se retrouvent des éléments féministes tels que le dépassement d’obstacles professionnels ou sociaux ou encore des éléments de « MeToo ». Toutefois, sur l’ensemble, la lutte des sœurs Mirabal s’inscrit moins dans les différentes phases du mouvement féministe mondial que dans la lutte démocratique et par extension anti-impérialiste de l’Amérique latine et des Caraïbes. L’histoire des ‘Mariposas’ est aussi emblématique de l’apparition des femmes comme agents historiques dans une société encore profondément patriarcale et machiste.
Si elles avaient échappé aux sbires de Trujillo, les sœurs Mirabal seraient-elles allées plus loin dans leur poursuite de l’exemple Castriste? Fidel Castro, poussé par les masses et l’impérialisme américain, finit par adopter le modèle de Moscou, le modèle d’une économie socialisée mais dont la planification était bureaucratique plutôt que démocratique.
Une des tragédies de l’histoire dominicaine fut l’état relativement moins développé de ses traditions de lutte ouvrière, de ses traditions socialistes. Cuba avait déjà connu la grève générale en 1935, avait un parti communiste depuis 1920, une opposition trotskiste depuis les années ‘30. En contraste, le mouvement ouvrier dominicains ne semble avoir pris son essor qu’après la mort du tyran. Des exilé.e.s espagnol.e.s n’y fondèrent un parti communiste qu’en 1944. Celui-ci fut sévèrement réprimé. Sans une intervention décisive de la classe ouvrière, des luttes démocratiques et anti-impérialistes de type-guérilla avait peu de chance de succès et les réformistes étaient moins contraint à prendre des mesures réellement révolutionnaires.
Les ‘Mariposas’ restent un exemple de lutte courageuse face à l’oppression dictatoriale et patriarcale. Aujourd’hui les femmes qui rentrent en lutte ont le bénéfice des vagues féministes successives qui les ont précédées et ainsi que d’une classe travailleuse plus forte. Il y a de quoi bâtir un féminisme socialiste et révolutionnaire à la hauteur des défis de notre époque.
1) https://www.cairn.info/journal-actuel-marx-2007-2-page-36.htm%C3%82%C2%A0
2) https://clacs.berkeley.edu/dominican-republic-bearing-witness-modern-genocide
3) https://albavolunteer.org/2010/07/dominican-republic-commemorates-arrival-of-spanish-refugees/
5) https://www.archives.gov/files/research/jfk/releases/2018/176-10033-10152.pdf
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Violences de genre, violences sociales. On n’en veut pas, on les combat!
De près ou de loin, au cours de sa vie, chaque femme est confrontée à différentes formes de violences, parce qu’elle est une femme ou une fille. Le discours dominant (médias, justice, etc.) a longtemps présenté ces violences comme des cas isolés ou des « faits divers », quand elles n’étaient pas tout simplement ignorées. Manifestations et mouvements, dans la vie réelle ou en ligne, ont su imposer ces violences comme le reflet d’un système reposant notamment sur les inégalités de genre. Mais à l’image de la crise climatique, les violences de genre sont sous-estimées et reléguées au second plan des priorités politiques. Et certains osent encore dire qu’on est allé.es trop loin !
Par Laura (Bruxelles)
Les choses ne se passent plus tout simplement comme par le passé. En septembre, le célèbre acteur de la série That’70s Show Danny Masterson a été condamné à 30 ans de prison pour viols. Mais ses anciens collègues Mila Kunis et Ashton Kutcher ont toutefois choisi de venir publiquement à son secours, car ils le considèrent comme une « bonne personne ». Être sympa avec ses potes, ça permettrait d’excuser plusieurs crimes ? C’est typique de cette culture du viol toujours bien vive où les violences sexuelles trouvent des justifications, des excuses, sont simplement banalisées, voire acceptées. On ne dit pas aux gens de ne pas violer, mais plutôt de ne pas se faire violer.
Les données concernant les féminicides font froid dans le dos. En Belgique, on estime qu’une femme meurt tous les sept à dix jours environ sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. Plusieurs collectifs se sont battus pour que la Belgique respecte la Convention d’Istanbul censée engager les États signataires à s’entendre pour l’élimination de toutes les formes de violences envers les femmes. 10 ans après l’avoir ratifiée, la Belgique a introduit le dénombrement officiel des féminicides, jusque-là répertoriés par le monde associatif. C’est le cœur de la loi contre les féminicides adoptée le 29 juin dernier. Reste à savoir comment en finir avec ces meurtres.
Le foyer, le «lieu de tous les dangers» pour les femmes, selon l’ONU
L’extrême majorité des violences ne sont pas l’œuvre d’un inconnu, mais se déroulent derrière les portes closes des foyers. Régulièrement, l’entourage ne soupçonne rien. Plus souvent encore, le bourreau a pris garde d’isoler sa ou ses victimes.
L’an dernier, un rapport sur les féminicides dans le monde a été publié par ONU Femmes et l’Office des Nations Unies contre les drogues et le crime (ONUDC) à l’approche du 25 novembre. Il soulignait qu’en 2021, plus de cinq femmes avaient été tuées chaque heure à travers le monde par un membre de sa propre famille ou par son (ex-)partenaire. On parle donc de plus de 120 féminicides par jour dans le cadre intrafamilial, soit 56% du nombre global des féminicides.
Sans indépendance financière, comment échapper aux griffes de son tortionnaire ? Une augmentation du salaire minimum à 17€/h et des allocations sociales qui dépassent le seuil de pauvreté, ce sont des revendications féministes ! Tout comme la construction de logements sociaux et l’ouverture de places d’accueil, y compris pour les enfants, afin d’affronter toute l’ampleur du problème. Les services sociaux doivent également recevoir un financement adéquat et suffisamment de personnel.
Tout le monde, autorités et acteur.trice.s de terrain, reconnaissent que de très nombreux enfants nécessitant une protection ne bénéficient d’aucune aide, faute de moyen. Les délégués des Services d’Aide à la jeunesse doivent régulièrement gérer 100 dossiers d’enfants, soit 3 fois plus que ce qui est prévu. Aucun soutien sérieux n’est possible sous ces conditions et les enfants se retrouvent parfois baladés d’une institution à l’autre, selon les places qui se libèrent. Cette violence institutionnelle est criminelle !
L’espace public rétréci par le sexisme
Le harcèlement de rue frappe encore aujourd’hui toutes les femmes. L’insécurité est aussi présente au sein même de la vie estudiantine. Les viols commis à Bruxelles sur le campus du CERIA (Centre d’Enseignement et de Recherches des Industries Alimentaires et chimiques) en octobre 2022 ou celui, plus récent, commis sur le campus de l’ULB en janvier 2023 ont fait l’objet d’une plus grande attention médiatique. Mais ces cas ne représentent qu’un léger aperçu de l’ampleur de la dramatique situation.
Il existe en Belgique 9 Centres de prise en charge des violences sexuelles (CVPS), à Bruxelles, Gand et Liège (ouverts en 2017) ; Anvers et Charleroi (2021) ; Roulers et Louvain (2022) ; Namur et Genk (2023). Un autre doit encore voir le jour à Arlon. Ils sont passés d’une centaine de victimes accueillies à l’année à plusieurs milliers. En 2022, ils ont enregistré 3.287 admissions contre 1.662 en 2021, soit un bond de 98 % d’augmentation !
À titre d’exemple, l’Assemblée générale des étudiants de Louvain en Woluwé (AGW) a instauré un numéro vert en partenariat avec des taxis pour permettre aux étudiant.e.s de se rendre au CPVS de Bruxelles. C’est une bonne initiative, mais qui souligne le seul constat qui s’impose: il n’y a pas assez de CVPS. Il faudrait commencer pas en installer un par campus.
Ne laissons pas au porno « l’éducation sexuelle » des jeunes
L’accès à du contenu à caractère sexuel est très précoce. Les jeunes regardent leur premier film porno à 11 ans en moyenne, un quart avant 8 ans. Au-delà de la discussion sur les pratiques violentes et dégradantes accessibles, un enfant n’est pas capable de prendre distance face à la fiction présentée et d’avoir un regard critique. Un adolescent sur cinq pense aujourd’hui que les femmes aiment être forcées pendant l’acte sexuel !
Les écoles peuvent offrir un contrepoids, pour autant qu’on leur en donne les moyens, à elles et aux plannings familiaux. Il y a désormais 2 séances d’EVRAS (Éducation à la vie affective et sexuelle) sur l’ensemble de la scolarité obligatoire en Fédération Wallonie Bruxelles. C’est bien peu au vu de l’urgence de la situation. Le consentement doit être abordé de manière globale, et pas uniquement dans le cadre d’un acte sexuel, au côté des notions de genre, de l’orientation sexuelle, mais aussi d’inceste, de harcèlement… Selon un sondage lancé par Çavaria (organisme pour la défense des droits des personnes LGBTI+ en Flandre), il apparaît que 60,4 % des élèves LGBTQIA+ ne se sentent pas en sécurité à l’école en raison de leur orientation sexuelle ou de leur genre. Deux élèves sur trois évitent certains endroits de l’école pour des raisons de sécurité, comme la cour de récréation. Toustes ont déjà été victimes de commentaires LGBTQIA+phobe. La moitié a même déjà reçu de tels commentaires de la part d’enseignant.e.s !
Si l’on veut un enseignement basé sur l’épanouissement des individu.e.s, et pas sur la reproduction des inégalités sociales, cela exige plus de moyens, beaucoup plus de moyens, de même que l’implication centrale du personnel éducatif et enseignant dans l’élaboration du projet éducatif. C’est un combat à prendre à bras le corps, comme l’ont illustré les incendies d’écoles et actes de vandalisme anti-Evras. Dans l’enseignement flamand, le cours d’éducation à la vie sexuelle n’est plus présent en tant que tel, on parle plutôt d’éducation à « la santé » au sens large. Les jeunes en recherche d’infos se retournent vers Tik Tok à défaut d’info à l’école. Outre la promotion de pratique sans consentement, de nombreuses vidéos propagent de fausses infos en matière de contraception et d’IST (infection sexuellement transmissible). 12% des jeunes ont des rapports sexuels sans aucune contraception et les IST sont en recrudescence.
Internet, porte ouverte et accessible pour la propagande sexiste et d’extrême droite
Internet est devenu le principal canal d’informations, les réseaux sociaux sont même pratiquement l’unique source d’info pour de nombreux jeunes. Les contenus violents et misogynes pullulent. En 2022, la N-VA et le Vlaams Belang ont été les partis à avoir le plus dépensé sur les réseaux sociaux: 58% du montant total pour l’ensemble des partis du pays. L’expert en communication Reinout Van Zandycke résume les choses ainsi: « La N-VA et le Vlaams Belang ont des dépenses qui sont similaires à celles de multinationales. »
Il existe aussi une multitude de phénomènes tels que Papacito, figure de proue de la fachosphère française. Sa chaîne YouTube a été fermée l’an dernier suite à ses nombreuses vidéos violentes et haineuses. Sur l’une d’elles, il tire sur un mannequin grimé en « gauchiste » (en électeur de la France Insoumise), avant de le poignarder dans le ventre. Sans surprise, il est amateur de misogynes.
Mais on trouve également des femmes porte-voix d’idées d’extrême droite, « naturalistes » et conservatrices. C’est le cas par exemple des influenceuses se définissant comme Tradwifes (épouses traditionnelles), qui promeuvent le retour des femmes au foyer et la nostalgie du « bon vieux temps » ou seuls comptent les besoins du mari et la nécessité d’élever de nombreux enfants pour éviter le «Grand remplacement» par «l’invasion de migrants». Elles sont également de fervente militante contre le droit des femmes à disposer de leurs corps.
Dans la pensée de l’extrême droite, la famille nucléaire est une composante essentielle, la cellule de base de la société où se reproduisent les valeurs et l’identité nationale. Dans ce noyau, les hommes et les femmes occupent des rôles rigides et hiérarchisés qui excluent les questions de genre ainsi que les identités – et les vies – des personnes transgenres par exemple. Ces dernières sont d’ailleurs devenues dernièrement tout particulièrement la cible des organisations et figures d’extrême droite.
Contre la violence capitaliste, le féminisme socialiste !
Le 25 novembre c’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Elle fait référence à la date du meurtre des sœurs Mirabal en 1981 par la dictature militaire de Trujillo en République dominicaine. Pour nous féministes socialistes, le combat pour mettre fin à la violence de genre est par essence une lutte de classe et un combat anticapitaliste.
Cette violence n’est possible que parce qu’elle se nourrit d’un modèle de société qui légitime une image de la femme comme étant inférieure, plus fragile et finalement moins humaine. Cela ne nous surprend pas, car le capitalisme a besoin de maintenir la famille et les modèles «traditionnels» pour exploiter le travail rémunéré et surtout non rémunéré des femmes (tâche ménagère au foyer, soins aux autres,…). Le capitalisme a aussi besoin de diviser dans la population afin d’affaiblir la résistance à l’exploitation. Il a aussi besoin de classer les êtres humains entre elleux, en les identifiant comme plus ou moins vulnérables, pour justifier la violence nécessaire au maintien de ce système. Rejoignez-nous dans le combat pour mettre le sexisme et le système qui l’entretient, le capitalisme, dans les poubelles de l’histoire !
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[Concours] Pour poursuivre son combat, la Campagne ROSA a besoin de vous!
Permettez à la Campagne ROSA de poursuivre ses activités. Ne tardez plus, soutenez-nous en achetant un ou plusieurs tickets !
Depuis l’an dernier et la conférence de Vienne du réseau international féministe socialiste ROSA, nous n’avons pas chômé ! L’aspect antifasciste du combat féministe attire tout particulièrement notre attention pour l’instant. Le 24 septembre dernier, nous étions à Alost pour protester contre le congrès économique du Vlaams Belang. Le 12 novembre, nous serons à Gand pour protester contre son congrès sur la migration, dont nous imaginons sans peine le caractère nauséabond.
Achat via le formulaire en ligne
A Liège, nous avons organisé une action à l’occasion de la Journée mondiale de l’avortement sans risque, le 28 septembre, qui a également souligné l’importance d’une éducation sexuelle inclusive centrée sur la question du consentement à la suite des incendies criminels de plusieurs écoles contre les cours d’EVRAS. Ce fut le seul rassemblement organisé en réponse à ces actes de haine.
Nous visons à constituer un large bloc antifasciste dans la manifestation contre les violences à l’égard des femmes du 26 novembre prochain à Bruxelles. A Louvain, une dizaine de jeunes d’extrême droite sont venus provoquer une de nos réunions le 19 octobre. Mais nous resterons déterminé.e.s et continuerons à organiser nos actions et réunions en dépit des manœuvres d’intimidation. Nous continuerons à organiser des actions et manifestations « Pride is a Protest » et allons organiser l’été prochain un week-end féministe antifasciste les 6 et 7 juillet ! Bien entendu, la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars sera à nouveau une date majeure dans notre agenda. Pour réaliser tout ça, nous faisons appel à votre solidarité financière !
Soutenez notre campagne féministe antifasciste !
C’est désormais un rendez-vous annuel : la campagne pour notre concours de fin d’année ! Nous proposons des tickets qui peuvent vous permettre de gagner de fantastiques prix : deux nuits pour deux dans un hôtel 3 étoiles, un week-end à la mer, un vol en planeur et bien d’autres choses.
Les tickets sont en vente au prix de 10€. Pour 5 tickets achetés, le 6ème est offert. Vous pouvez les commander auprès d’un.e militant.e en versant le montant ou via le formulaire en ligne et verser l’argent sur le compte BE54 5230 8095 8497.
Voici quelques exemples de montants correspondants aux coûts de production et d’achat de matériel pour permettre à la Campagne ROSA de mener des actions : 10 € = 120 tracts, 25 € = 200 autocollants, 55 € = 250 affiches couleur, 80 € = 5 drapeaux, 120 € = 1 banderole, 175 € = 1.500 dépliants, 250 € = 3 mégaphones, 600€ = 1 tonnelle. Nous invitons l’ensemble de nos membres et sympathisant.e.s a non seulement acheter des tickets, mais aussi à en proposer dans leur entourage. Pour cela, contactez-nous !
Un concours = 10 gagnant.e.s & un soutien aux luttes contre le sexisme
- 1er prix : un week-end pour 2 dans un hôtel / appart-hôtel offert par Floreal** (florealgroup.be)



- 2ième prix : une nuit pour 2 dans un hôtel-spa*** en demi-pension

- 3ième prix : un vol en planeur

- et 7 autres prix !

Tirage et réception de Nouvel an
Le tirage aura lieu le samedi 13 janvier 2024 à 21h au cours de notre réception du Nouvel an à Bruxelles (rue du jardinier 45). Au programme : ambiance combative et conviviale avec de quoi se régaler et se désaltérer ! Une autre belle occasion de soutenir nos combats, cette fois autour d’un bon repas ou sur la piste de danse. Les gagnant.e.s seront contacté.e.s par mail pour qu’iels puissent venir récupérer leur prix. Infos et réservation : +32 478 40 16 09
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Notre féminisme est antifasciste !
L’extrême droite, c’est l’opposition antisociale au féminisme et aux droits des LGBTQIA+
« Réduire les études de genre et les conneries sur les transgenres », voilà la façon dont les universités flamandes peuvent résoudre leurs graves déficits budgétaires selon le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken.
Par Emilia (Gand)
Ces dernières années ont été marquées par une riposte antiféministe et par une multiplication de lois, déclarations et violences queerphobes et plus particulièrement transphobes. Aux États-Unis, la législation sur l’avortement a été abrogée et l’oppression juridique des personnes transgenres s’est accrue. Ce vent terriblement désagréable souffle également sur l’Europe et la Belgique. Il est alimenté par des organisations traditionnelles d’extrême droite mais aussi, par des influenceurs masculinistes comme Andrew Tate.
Le racisme n’est jamais une réponse au sexisme
Le Vlaams Belang prétend protéger les femmes. L’extrême droite impute l’augmentation du nombre de signalements d’agressions sexuelles aux seuls musulmans. Sa prétendue préoccupation pour les droits des femmes et leur émancipation n’est qu’un prétexte pour promouvoir le racisme.
Le programme du VB autour de « l’émancipation des femmes » se résume à des déclarations islamophobes et à l’oppression des personnes portant le voile. Son programme est résolument hostile à toute émancipation. Il souligne l’importance de la «famille nucléaire» et des stéréotypes de genre. Il est bien question d’un revenu parental – uniquement pour les mères ! – mais cela n’existe que dans la perspective de la production de bons « enfants flamands ». Concernant le manque de moyens des secteurs de la petite enfance ou de l’aide aux séniors, le Vlaams Belang reste silencieux dans toutes les langues.
Une haine aux conséquences très concrètes
Le Vlaams Belang insiste sur le danger de « l’activisme de genre » qui va de l’éducation sexuelle dans les écoles aux passages piétons arc-en-ciel en passant par les lectures effectuées par des drag-queens, comme s’il y avait une mafia transgenre derrière tout cela.
De premières actions transphobes ont eu lieu en Belgique l’année dernière quand Dries Van Langenhove et son groupe Schild en Vrienden sont venus manifester à Bruges. Sur leurs pancartes, on pouvait lire : « L’idéologie du genre, c’est de la pédophilie », rhétorique dont a fait sienne le Vlaams Belang. Ce langage peu subtil est extrêmement préjudiciable et a bien des conséquences.
Le Vlaams Belang s’oppose également à tout enseignement intégrant la dimension de genre qui pourrait aboutir à une plus grande tolérance. Il dénonce l’utilisation de tout outil pédagogique tel que des figurines utilisées pour expliquer que le sexe biologique, l’identité de genre et l’apparence ne coïncident pas toujours. Selon le Vlaams Belang, on ne peut pas nier la biologie : il n’y a que 2 genres et ton genre et il correspond à ce qu’il y a entre tes jambes. Ils s’accrochent obstinément à des idées réfutées par les biologistes : les personnes intersexuées sont reconnues. Mais bien sûr, cela n’a aucune importance.
La normalisation de ce discours homophobe et transphobe engendre la violence. Il y a quelques semaines, il y a eu un cas de gay bashing à Gand. Dans l’enseignement francophone, des violences ont eu lieu contre les cours d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle avec également des rassemblements qui ont dénoncé « l’endoctrinement » des enfants.
L’enseignement est un important moyen de promotion de l’égalité des chances et de traitement pour chaque élève. Si nous voulons lutter contre la culture du viol, ces combats et ces discussions doivent également être menés dans les écoles. Une société inégalitaire où règnent le manque de moyens et la polarisation, cela se reflète également dans l’enseignement.
L’unité dans la lutte
La croissance de l’extrême droite est ressentie par différentes couches de la société. Mais une chose est claire : si nous voulons contrer l’extrême droite et lutter contre la propagande antiféministe et anti-LGBT+ du Vlaams Belang, nous devons le faire ensemble.
On ne peut pas lutter efficacement contre l’oppression si l’on reste délibérément aveugle à certaines de ses formes. Les «TERFS» (trans exclusionary radical feminists) prétendent être féministes, mais se rangent du côté de l’extrême droite sur plusieurs points. La division joue en faveur de la classe dirigeante. La solidarité est d’autant plus importante !
Notre féminisme doit être inclusif pour les LGBTQIA+ et les Pride doivent être distinctement féministes. Il ne fait aussi aucun doute que notre lutte pour le féminisme et les droits des personnes LGBTQIA+ est antifasciste.
Le 25 novembre, la journée internationale contre les violences à l’égard des femmes et nous manifesterons le lendemain, dimanche 26, à Bruxelles. Depuis le début du mouvement #MeToo, nous avons assisté au développement d’une résistance antiféministe. La violence fondée sur le genre est toujours très présente. Le risque s’est même accru pour certaines femmes : les femmes queers, les femmes trans, les migrantes, les réfugiées et les femmes vivant dans des zones de conflit. Lorsque nous descendrons dans la rue le 26 novembre, nous nous battrons pour toutes ces femmes ! En tant qu’homme, femme ou autre appartenant à la classe travailleuse en lutte pour un monde meilleur !
MOBILISATION contre le congrès “migration” du Vlaams Belang : Rendez-vous le dimanche 12 novembre à 13h30, place St Pieters à Gand.
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Quand ce n’est pas “Oui”, c’est “Non”! Y compris pour le président de la fédération espagnole de foot!
Le scandale a fait le tour des médias: lors de la cérémonie de remise des trophées de la coupe du monde féminine de football, le président de la Fédération espagnole Luis Rubiales a embrassé Jenni Hermoso sans son consentement. Il a ensuite démenti le caractère non consenti de ce baiser et a dénoncé une « chasse aux sorcières », un « faux féminisme » qui a pour objectif de « l’anéantir socialement ».
Par Laura (Bruxelles)
Une solidarité énorme
Plus de 80 joueuses de football espagnoles ont signé une déclaration indiquant qu’elles ne reviendraient pas jouer pour l’équipe nationale tant que les dirigeants restaient en place. Les « lionnes » d’Angleterre, la star de l’équipe nationale féminine des États-Unis Alex Morgan, des joueurs de Cadix et Séville ainsi que bien d’autres personnalités ont témoigné leur solidarité.
Des manifestations ont éclaté dans différentes villes avec pour slogan « Se acabó! » (C’est fini), dénonçant les terribles violences sexuelles que subissent les femmes au quotidien et exigeant également la démission de Rubiales. Sous cette pression de plus en plus forte, 21 jours après son baiser forcé, celui-ci a présenté sa démission. Cela démontre le potentiel que présente l’action collective pour arracher des victoires. Et pas seulement sur le terrain de foot !
Hypocrisie du gouvernement et des hautes instances du football
Bien que la FIFA se soit engagée à créer une entité « sport sûr », des plaintes ont été signalées dans pas moins de 16 autres pays. Abus signalés, mais qui attendent toujours d’être résolus. La Real Federación Española de Fútbol est actuellement l’exemple le plus populaire.
De son côté, le gouvernement Sanchez (PSOE) se dit solidaire des joueuses, ce qui relève toutefois plus de la posture politique que de la conviction. Récemment, Víctor Francos Díaz, le président du Conseil Supérieur des Sports (qui dépend du gouvernement), a osé déclarer soutenir les joueuses en ignorant cependant la raison du conflit, car « absolument rien n’est parvenu au gouvernement ». Pire, il invoque même une loi menaçant les joueur.euse.s d’une amende pouvant aller jusqu’à 30.000€ ainsi qu’une suspension de 2 à 15 ans en cas de refus de rejoindre la sélection. On est donc loin d’une solidarité sans faille. Cette loi sert de moyen de chantage et de répression pour étouffer tout mouvement de joueur.euse.s qui se battent pour leurs droits. Avec une certaine réussite, puisque certaines joueuses ont accepté de revenir en sélection.
Démocratisation du sport et investissements massifs
Cet exemple n’est pourtant que la partie visible de l’iceberg, car la quasi-totalité des femmes subit le harcèlement sexuel que ce soit lors de leur activité sportive, sur leur lieu de travail ou dans la rue. Les centres sportifs et leur fonctionnement ne sont que le reflet de la société dans laquelle ils s’inscrivent: une société capitaliste qui, dans sa course de profits, engendre volontairement des discriminations dans son fonctionnement même.
Rubiales a beau avoir démissionné, il faut soutenir les joueur.euse.s dans leur lutte et encourager les mobilisations à se poursuivre afin d’aller plus loin pour obtenir des avancées féministes concrètes dans les fédérations sportives du monde entier. Nous devons aussi nous battre pour une démocratisation des instances sportives, un contrôle – par les joueur.euse.s et leur syndicat – de l’embauche et du licenciement de tout employé sexiste, raciste ou LGBTIA+phobe. Des investissements conséquents sont également nécessaires afin d’avoir des infrastructures et du personnel qualifié permettant une pratique de sport de qualité égale à celle de leur pendant masculin en général.