Category: Féminisme

  • Solidarité dans l’action contre l’épidémie de soumission chimique et de violence sexuelle !

    Le 14 novembre, il a été révélé que sept femmes ont été victimes de “spiking” à Courtrai, c’est-à-dire l’administration délibérée de substances sans consentement. À chaque fois, les sept victimes ont commandé une boisson, après quoi elles ne se souviennent de rien. Le lendemain, à leur réveil, elles ont constaté des preuves d’agression sexuelle. Le nombre connu de victimes dans le quartier festif de Courtrai s’élève entre-temps déjà à 16.

    Réaction d’une conseillère de victimes de traite des êtres humains

    De manière absolument choquante, au moins une victime a été détenue par la police pour “ivresse sur la voie publique” après avoir été retrouvée par la police après son viol ! C’est parfaitement illustratif de la façon dont les surivivantes de violences sexuelles doivent faire face non seulement aux auteurs, mais aussi à la police, qui suit une logique sexiste et répressive. Le parquet de Courtrai, relayé par divers médias, a déclaré : Les filles devraient faire plus attention à leur consommation d’alcool si elles veulent éviter les rapports sexuels non désirés.” Nous demandons justice pour toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles et la fin de la normalisation de la violence sexuelle perpétuée par cette société capitaliste !

    Dans ses recherches sur le phénomène de la soumission chimique, l’Institut National de Criminalistique et de Criminologie (INCC) indique que l’alcool est la drogue la plus répandue dans les cas de soumission chimique. Le plus souvent, les victimes sont délibérément rendues ivres avant d’être agressées ou violées. L’administration de stupéfiants peut se faire par l’intermédiaire d’une boisson, d’une aiguille ou même par inhalation à l’aide d’un ballon, d’un vaporisateur, d’une cigarette ou d’aliments. Au cours des deux dernières années, par exemple, des dizaines de cas de “needle spiking” (soumission chimique par aiguille) ont été signalés: lors d’événements publics, y compris la Pride, les victimes ont soudainement ressenti une piqûre.

    Étant donné que les substances telles que le GHB, la kétamine et le rohypnol ne sont détectables que pendant 24 heures ou quelques jours tout au plus, et que les victimes n’osent souvent pas porter plainte ou seulement plus tard, les traces sont presque toujours perdues. Le gaz hilarant n’est même pas détectable. Après plusieurs jours, un échantillon de cheveux est le seul moyen de détecter les drogues, mais cela ne peut se faire que sur ordre d’un juge d’instruction dans le cadre d’une enquête criminelle.

    Par la suite, les victimes peuvent encore être ignorées par les autorités censées les protéger. Je connais par exemple le cas d’un juge d’instruction qui a classé l’affaire d’une mineure placée sur une plateforme de travail sexuel par des “loverboys”, en déclarant que la jeune fille de 15 ans “est de toute façon une pute” parce qu’elle s’est offerte en ligne. Le fait que cette mineure ne se souvenait pas des photos prises d’elle a été écarté, tout comme le fait qu’un.e mineur.e de 15 ans ne peut pas légalement consentir à la prostitution.

    Le “spiking” est le moyen ultime pour priver les victimes de violences sexuelles de leur autodétermination. L’absence de souvenirs engendre alors beaucoup de peur, de honte et de culpabilité. En cas de procès, la défense de l’agresseur pourra même profiter de ces trous de mémoire et tenter de mettre en doute la crédibilité de la victime.

    Ces expériences négatives et traumatisantes répétées avec des institutions qui devraient protéger les victimes augmentent la probabilité d’un SSPT (syndrome de stress post-traumatique). L’État de droit dans une société capitaliste ne fonctionne pas pour protéger les victimes, il s’agit d’un système bourré de sexisme et consitué d’obstacles bureaucratiques et de décisions arbitraires. Le verdict dépend essentiellement des croyances personnelles des flics, des juges et des procureurs. C’est un juge qui décide si un incident est considéré comme une soumission chimique et non la victime ou le consultant médico-légal et l’institut de toxicologie. Je connais au cas d’un policier qui avait trouvé une jeune fille mineure au lit avec un adulte et n’ait pas signalé de crime sexuel. Quand il a été interrogé à ce sujet par des travailleurs sociaux, il a répondu : La fille avait l’air mature avec ses cils et son maquillage; je ne peux rien reprocher à Monsieur.

    L’existence de la violence sexiste et sexuelle dans la société est indéniable et omniprésente. Un échantillon national représentatif de la population de 2021 montre que près de 80% des femmes sont victimes de violences sexistes et sexuelles au cours de leur vie. Les victimes de viols représentent 16%. Le risque est environ deux fois plus élevé chez les non-hétérosexuels que chez les personnes qui s’identifient comme hétérosexuelles. Parmi les homosexuels, 48% sont victimes de violences sexuelles, dont 5% de viols. Ce n’est pas pour rien que presque toutes les jeunes filles sont aujourd’hui mises en garde contre le danger de la soumission chimique. Alors que tout le monde semble connaître le problème, le parquet de Courtrai déclare que c’est “la première fois” qu’il “traite le phénomène de la soumission chimique à une si grande échelle”.

    Il est temps de mettre fin à ce cercle vicieux de la culpabilisation des victimes et de la violence: dans la société, dans les tribunaux, dans les communautés et les familles. Nous exigeons davantage de ressources pour le conseil et la prévention des victimes de violences sexistes et sexuelles. Ainsi, nous défendons un investissement public important dans les refuges, les Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) et les lignes téléphoniques d’urgence pour soutenir chaque victime. En tant que féministes socialistes, nous luttons pour une société qui mette fin à l’exploitation, y compris l’exloitation sexuelle, de l’ensemble de la classe travailleuse et où le racisme, le sexisme et l’oppression appartiendront au passé.

  • Palestine, Liban,… les femmes, premières victimes des guerres et du génocide

    Un rapport de l’ONU publié fin octobre dévoilait qu’en 2023, la proportion de femmes tuées dans les conflits armés (de Gaza à l’Ukraine en passant par le Soudan) a explosé à travers le monde pour atteindre le double de l’année précédente. Parallèlement, les violences sexuelles liées aux guerres ont augmenté de 50%. Quand l’étude des données de l’année 2024 sera réalisée, elle mettra de nouveau en avant l’impact disproportionné des guerres sur les femmes.

    Tous nos yeux se tournent évidemment aujourd’hui vers l’escalade meurtrière régionale de l’agression israélienne au Moyen-Orient, qui provoque des déplacements massifs et interrompt des services de santé vitaux pour les femmes et les filles. Dans le nord de Gaza, les autorités israéliennes forcent les hôpitaux à évacuer, parmi lesquels ceux qui proposent des soins obstétricaux d’urgence aux femmes enceintes, au milieu des bombardements et des opérations terrestres. Le sud est surpeuplé avec un manque dramatique d’infrastructures de base.

    Une situation similaire se développe aujourd’hui au Liban et déborde vers la Syrie.On compte au moins 98 centres de santé primaires contraints à fermer leurs portes au cours de l’année écoulée au Liban, et cinq hôpitaux désormais hors d’état de fonctionner à cause de destructions physiques ou touchant leur infrastructure. Ces déplacements de masse ont des conséquences particulièrement douloureuses pour les femmes et les filles.

    En un an, on estime que 60.000 femmes ont accouché à Gaza. L’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive, n’a pu aider que 45.000 d’entre elles. Le personnel médical rapporte une forte augmentation des fausses couches et des décès maternels, tandis que l’anxiété et la malnutrition limitent les possibilités d’allaitement et que des milliers de femmes enceintes sont au bord de la famine.

    À tout cela s’ajoutent les violences sexuelles commises par l’armée israélienne. Des experts indépendants liés aux Nations unies ont déjà fait état depuis plusieurs mois de des “allégations crédibles” d’exécutions et de viols de filles et de femmes par les forces israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ces experts, dont la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence à l’égard des femmes, Reem Alsalem, ont déclaré avoir reçu des informations sur des exécutions “ciblées” de femmes palestiniennes dans la bande de Gaza, souvent en compagnie de membres de leur famille et d’enfants.

    De nombreuses femmes auraient été soumises à des traitements inhumains et dégradants, privées de serviettes hygiéniques, de nourriture et de médicaments, et gravement maltraitées. Lors d’un incident au moins, des femmes palestiniennes de Gaza auraient été détenues dans une cage sous la pluie et dans le froid, sans nourriture, ont dénoncé ces experts. De nombreuses femmes sont par ailleurs portées disparues après avoir été en contact avec l’armée israélienne.

    Le combat contre la machine de mort israélienne et contre l’impérialisme fait partie intégrante du combat féministe.

  • Stop à la violence basée sur le genre! Manifestons le 24 novembre!

    Manifestation nationale : dimanche 24 novembre, 14h Place Poelaert à Bruxelles

    Appel de la Campagne ROSA

    Mettons fin à la misogynie dans les tribunaux, nos quartiers et nos maisons !

    • En Flandre, 42 signalements de violences domestiques sont enregistrés chaque jour, une augmentation de 73 % au cours des 20 dernières années.
    • La violence sexiste est une épidémie – 1 femme sur 3 dans le monde a été confrontée à la violence physique et/ou sexuelle dans sa vie.
    • 1 femme sur 5 est victime de violences sexuelles pendant ses études supérieures.

    TW : violences sexuelles

    La même semaine où l’athlète olympique Rebecca Cheptegei a été brutalement assassinée par son ex-partenaire au Kenya, Gisèle Pelicot, une femme française de 72 ans, a brisé le silence pour que les noms de ses agresseurs soient connus. Pendant dix ans, elle a été abusée par son ex-mari. Celui-ci la droguait et invitait des hommes à la violer, tout en filmant les actes. Plus de 80 agresseurs ont été identifiés, dont 51 déjà nommés. La plupart viennent de la même ville. Ce sont des hommes de différentes générations, parmi lesquels des journalistes, avocats, étudiants ou infirmiers. Ce cas démontre que les stéréotypes racistes sur les agresseurs, diffusés par l’extrême droite, sont faux. Dans la réalité, neuf femmes sur dix connaissent leur agresseur.

    Pendant ce temps, Gisèle a aussi été victime de “victim blaming”. Le sexisme dans la justice fait que la majorité des survivantes ne portent jamais plainte, et celles qui osent, comme Gisèle et tant d’autres, sont confrontées à la culpabilisation, au slut-shaming et à encore plus de misogynie !

    En solidarité avec Gisèle et en hommage à toutes les survivantes, mettons fin à la violence des hommes contre les femmes, exigeons une véritable justice pour toutes les survivantes, et organisons-nous contre le système capitaliste qui produit et normalise le sexisme.

    MeToo en Palestine, un an de génocide

    En l’espace d’un an, 186 000 Palestiniens ont perdu la vie à Gaza. Les forces d’occupation israéliennes ont systématiquement soumis les femmes palestiniennes à des violences sexistes et sexuelles. Cela va des mauvais traitements à l’intimidation et à la dérision des sous-vêtements. Les prisonnières palestiniennes sont torturées dans les prisons israéliennes. Chaque jour, il devient de plus en plus évident que la violence impérialiste et étatique ne peut être dissociée de la violence sexuelle. Nous devons tout faire pour y mettre fin. Nous sommes dans les rues pour un féminisme anticolonial : nous combattons le génocide, l’islamophobie et le racisme.

    Solidarité féministe socialiste, pas de toxicité d’extrême droite

    L’extrême droite devient de plus en plus audacieuse pour transformer sa haine en violence. Renforcés par le grand score du Vlaams Belang lors des élections du 9 juin, une dizaine de militants d’extrême droite du groupe Voorpost ont attaqué un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Zutendaal, principalement occupé par des familles avec enfants. Nous ne pouvons pas séparer la lutte contre le racisme et celle contre le sexisme. Solidarité, pas la haine !

    Aux États-Unis, un jour seulement après l’élection de Trump, nous avons vu des groupes religieux se tenir sur le campus de l’université d’État du Texas avec des pancartes portant des slogans tels que « Homo sex = sin » et « Women are property ». Sur les médias sociaux, le slogan « your body, my choice » est devenu viral.

    Rejoins-nous dans les rues le 24 novembre. Participe à la construction du féminisme socialiste. Nous nous unissons avec les femmes, les personnes de couleur, les personnes LGBTQIA+, les personnes handicapées et tous les travailleur.euse.s – ensemble, ce jour-là, nous disons : plus jamais ça !

    Tu veux t’engager davantage pour le féminisme socialiste ?

    Tu veux échanger des expériences avec des activistes de ROSA venant du monde entier ? Viens à la Conférence Internationale de ROSA à Vienne fin mars 2025. Inscris-toi via linktr.ee/campagnerosa.

  • Organisons-nous pour que la honte et la peur changent de camp!

    Dimanche 24 novembre, 14h, Bruxelles, marche de la plateforme Mirabal, Place Poelaert

    L’Etat turc a connu une nouvelle succession de mobilisations féministes à la suite, notamment, du féminicide de deux jeunes femmes le 4 octobre, assassinées par un homme proche de la sous-culture misogyne “incel” qui les harcellait depuis plusieurs années. Le pays compte plus d’un féminicide par jour selon les associations qui, faute de statistiques officielles, épluchent la presse et compilent les plaintes des familles. Pour les 9 premiers mois de cette année uniquement, elles recensent 297 féminicides avérés et 160 morts éminement suspectes, des femmes qui tombent de leur balcon par exemple.

    Un des slogans de ces manifestations – “les féminicides sont politiques” – souligne la responsabilité de la politique dominante dans l’entretien du climat qui permet les abus. Erdogan et son gouvernement ont retiré le pays de la Convention d’Istanbul (un traité international consacré à l’élimination des violences envers les femmes), discutent du remaniement de la seule loi protégeant les femmes contre les violences (la loi 6284), glorifient la famille (où se commettent la majorité des violences) au détriment des femmes…

    Erdogan est connu pour des déclarations telles que “Je m’oppose aux naissances par césarienne et aux avortements, et je sais que c’est pratiqué à dessein. Ce sont des mesures destinées à empêcher la population de ce pays de s’accroître. Je vois l’avortement comme un meurtre.” Mais face à la colère de la rue, il a bien dû réagir, en ne parlant toutefois que du durcissement des mesures de détention. Les activistes ont directement réagi en avertissant que celles-ci renforceront l’autoritarisme du régime et non les droits des femmes.Comment ne pas se dire que ces règles seront appliquées non pas aux meurtriers, mais aux journalistes, non pas aux voleurs, mais à ceux qui expriment leurs opinions, non pas aux harceleurs, mais à ceux qui agissent contre eux ?”, soulignait un journaliste.(1)

    Un phénomène systémique

    Au même moment, c’est la Côte d’Ivoire qui était sous le choc d’un nouveau féminicide dans la capitale. La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes (LIDF) tire la sonnette d’alarme concernant la recrudescence de violences sexistes et sexuelles ces dernières années. Pour Annick Gnazalé (de l’université Alassane Ouattara) : Les femmes s’insurgent contre l’hégémonie du patriarcat. Elles revendiquent plus de droits, elles revendiquent leur indépendance, même quand elles sont en couple. Et face à ce changement social, la violence sonne comme un rappel à l’ordre. (…) Les femmes n’acceptent plus d’être des victimes passives. Elles osent revendiquer leur liberté. Et cette nouvelle manière d’agir suscite, dans certains cas, de vives réactions chez leurs conjoints, pouvant aboutir au féminicide.’’(2)

    La Belgique, de son côté, est signataire depuis 2016 de la Convention d’Istanbul, mais notre pays ne respecte toujours pas le traité qui le contraint à collecter des données statistiques sur les violences basées sur le genre. Nous dépendons toujours pour cela des articles de presse regroupés sur le blog Stop Féminicide, qui recense depuis 2019 entre 24 et 27 féminicides chaque année. Depuis l’été 2023, la Belgique est toutefois devenue l’un des trois pays en Europe, avec Chypre et Malte, à adopter une loi reconnaissant officiellement le féminicide. “C’est une loi-cadre, pas très bien financée, qui répond à la nécessité de faire des statistiques, mais qui est très maigre sur le plan de la prévention et quasiment nulle sur la question de la prévention primaire (prévention qui vise à réduire autant que possible le risque d’apparition de violence, à défaut de supprimer totalement le risque de danger, notamment via l’éducation permanente, NDLR)”, argumente l’ancienne présidente du Conseil des Femmes francophones de Belgique Sylvie Lausberg. “La loi ne vise pas la modification des mentalités, donc on ne s’attaque pas à la cause du problème. Le féminicide est l’aboutissement d’un continuum de violences.”

    L’historienne Christelle Taraud, qui a réuni dans un récent ouvrage de multiples contributions de spécialistes sur la question (“Féminicides. Une histoire mondiale”, paru en 2022 aux éditions La Découverte), le souligne également : “On doit reconnaître qu’il s’agit d’un crime systémique et que nos sociétés sont construites d’une telle manière qu’elles produisent les crimes. Ça traverse toutes les couleurs de peau et toutes les confessions religieuses, c’est donc une pandémie mondiale et un phénomène planétaire.”

    Selon l’ONU Femmes, en 2022, environ 48.800 femmes et filles dans le monde ont été tuées par leur partenaire intime ou d’autres membres de leur famille. Cela signifie qu’en moyenne, plus de cinq femmes ou filles sont tuées toutes les heures par un membre de leur propre famille. Le foyer, que l’on devrait considérer comme un espace de sécurité, est potentiellement le premier espace dans lequel une femme ou un enfant va connaitre ses premières violences dès le plus jeune âge. En France, l’inceste continue de détruire des vies. Chaque année, environ 160.000 enfants sont agressés sexuellement… souvent par un membre de leur famille. Le dernier sondage réalisé par IPSOS illustre un constat glaçant : un.e Français.e sur dix confie avoir été victime d’inceste.  

    Combattre partout le continuum de violences sexistes et sexuelles

    En Belgique, en 2023, plus de 11.000 plaintes pour viol ont été déposées, soit une moyenne de 30 par jour. Ce chiffre ne représente qu’une fraction des violences, car 82 % des agressions sexuelles ne sont pas signalées selon le Moniteur de sécurité. Comment s’en étonner ? Lorsqu’une victime porte plainte, le calvaire se prolonge : le personnel médical comme celui de la police n’est pas suffisamment formé pour les accompagner et celles-ci ne sont pas toujours prises au sérieux. Beaucoup de plaintes sont classées sans suite et même lorsque ce n’est pas le cas, les condamnations donnent envie de hurler.

    En juin dernier, la cour d’appel d’Anvers a confirmé la culpabilité d’un gynécologue de 60 ans de Turnhout pour l’agression et le viol de six patientes. Il a été condamné à quatre ans de prison, entièrement avec sursis, c’est-à-dire la peine ne sera pas mise en exécution. En septembre, de la prison ferme a été infligée à deux militantes écologistes qui avaient jeté de la soupe sur un tableau (protégé par une vitre) de Van Gogh. Quel que soit le pays, la logique est la même : la possession de bien est mieux protégée par la justice que l’intégrité des personnes, tout particulièrement des femmes. Un système de justice de classe implique inévitablement une justice sexiste.

    Le manque de moyens est criant à tous niveaux. Entre octobre 2017 et décembre 2023, 12.456 victimes de viol ont poussé la porte d’un centre de prise en charge des violences sexuelles (CPVS). Pour l’année 2023, une hausse de 28 % de victimes prises en charge a été constatée par rapport à 2022. Une augmentation principalement due à l’ouverture de nouveaux centres (il y en a 13 actuellement) ainsi qu’à une meilleure communication autour de l’existence de ces structures. Alors qu’il en faudrait beaucoup plus, un à chaque campus au minimum, le financement adéquat de ces structures ne paraît pas garanti avec des autorités publiques dirigées par la N-VA et le MR. Les partis qui négocient pour le moment la coalition fédérale Arizona ne laissent aucun doute le sujet : ils ont fait bloc en septembre pour repousser une proposition de loi visant à étendre à 18 semaines le délai au cours duquel on peut procéder à une IVG (interruption volontaire de grossesse).

    En France, la Fondation des Femmes estime à 2,6 milliards d’euros par an le budget minimum que l’État devrait consacrer à la protection des victimes de violences conjugales, sexistes et sexuelles (contre 184,4 millions en 2023). Le calcul d’un pareil programme, à partir des besoins à combler, serait un grand pas en avant pour donner des objectifs clairs à la lutte en Belgique. Cela concerne les services d’aide aux victimes et les refuges bien entendu, avec également de l’espace pour les enfants, mais aussi la garantie d’accès à des logements sociaux pour permettre aux personnes en situation de dépendance économique et/ou de danger de ne pas devoir être sur liste d’attente avant d’être en sécurité. Du côté francophone, un pas important en avant a été posé avec les cours d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), mais ils sont dramatiquement insuffisants.

    C’est tout le système qui est coupable : renversons-le

    Le procès des viols de Mazan démontre une fois de plus à quel point toute cette société est imprégnée de la culture du viol et des violences reposant sur le genre. La honte doit changer de camp a déclaré Gisèle Pélicot en refusant le huis clos et en témoignant publiquement au procès de ses 51 violeurs. Ce courage inspirant marquera les combats de 25 novembre et ceux à venir. Plus de 50 ans avant elle, Simone de Beauvoir récusait par la phrase devenue slogan “On ne naît pas femme : on le devient” qu’aucun être humain n’avait à être soumis à un quelconque destin préétabli au nom d’une “nature féminine”. “On fabrique la féminité comme on fabrique d’ailleurs la masculinité, la virilité”, disait-elle. Ces constructions sociales et toute la violence qui en découle ne peuvent être radicalement affrontée qu’en changeant totalement de système, d’un système reposant sur les inégalités, les oppressions et l’exploitation vers un système dans lequel toute l’étendue des richesses et des connaissances sera utilisée pour assurer l’épanouissement de chacun.e. Cette société de la coopération et de l’empathie, c’est selon nous ce qui est au cœur du combat féministe socialiste et de la construction d’une société socialiste démocratique.

    1.  “La Turquie bouleversée par un double féminicide”, Marie-Pierre Vérot, publié sur francetvinfo.fr le 12 octobre 2024.
    2. “416 féminicides dans la seule ville d’Abidjan”, la hausse inquiète la Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes, Ousmane Badiane, publié le 2 octobre 2024 sur bbc.com.
  • Un 8 mars combatif: C’est tout le système qui est coupable!

    Le 8 mars a été combatif. La manifestation la plus importante a été celle de Bruxelles avec 15.000 participant.e.s. La Campagne ROSA a formé un bloc militant avec des centaines de participant.e.s. La télévision bruxelloise a invité notre camarade Celia à s’exprimer. Des manifestations et événements locaux ont également eu lieu à Gand, Liège, Anvers et Louvain, entre autres. Avec 1 800 personnes, la manifestation de Gand était beaucoup plus importante qu’ailleurs. Là aussi, la Campagne ROSA était bien représentée avec un bloc combatif. A Anvers, notre délégation a été renforcée par des activistes de la communauté queer et des personnes d’origine tamoule, à Liège, nous avons joint nos forces à celles de militants kurdes. A Liège, nous avons également organisé une action en soirée à l’université avec une quarantaine de participant.es au côté des camarades du Collectif Violet Rouge, de Serhildan Bel et du Mouvement des femmes Kurdes en Europe (tjk-e.com).

    En dessous des vidéos et de la galerie de photos, lisez le tract de la Campagne ROSA

    Quelques premières photos :

    Reportages-photos de Gand et Anvers

    Nos photographes Pol et Liesbeth étaient respectivement présent.e.s aux manifestations de Gand et d’Anvers. Vous pouvez consulter leurs reportages ci-dessous. Cliquez sur le texte au-dessus de la photo et la série complète s’ouvrira.

    Personne n’est libre tant que tout le monde ne l’est pas

    Aujourd’hui, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous occupons les rues partout dans le monde dans l’esprit du slogan : “Pleurer les mort.e.s – se battre pour les vivant.e.s”. Dans le monde entier, des millions de personnes protestent contre les féminicides, la violence de genre, les discriminations et le harcèlement. A Gand, le personnel d’entretien des écoles lutte contre les coupes budgétaires et réclame un salaire minimum de 17 euros de l’heure, des investissements dans les services publics et une charge de travail allégée. À Liège, le personnel de l’AVJ, un service d’aide à la vie journalière pour des personnes à mobilité réduite, est aussi en lutte. Nos pensées iront aussi aux femmes de Palestine et aux personnes qui leur sont solidaires dans le monde entier pour exiger la fin des actes génocidaires à Gaza et pour condamner la complicité des gouvernements occidentaux et de l’industrie de l’armement !

    Tout cela replace le 8 mars dans la tradition définie dès ses origines par la marxiste allemande Clara Zetkin : le 8 mars est né de la classe ouvrière. La journée est née des luttes des femmes de la classe ouvrière pour leurs droits et contre l’oppression et l’exploitation. Par la suite, le 8 mars est aussi devenu une journée de lutte contre le fascisme et l’impérialisme. Une véritable émancipation n’est possible qu’en se battant avec acharnement pour la libération de tou.te.s. Nous luttons pour l’indépendance financière, une pension minimale de 1.800 euros et une semaine de travail de 30 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Allons chercher l’argent là où il est : de toutes les richesses produites depuis 2020, deux tiers sont allés aux 1% les plus riches !

    Pleurer les mort.e.s et se battre pour les vivant.e.s !

    Le désespoir et la précarité d’existence permettent à la droite et aux conservateur.trice.s d’entretenir la division et de dévier l’attention des problèmes sociaux causés par leurs politiques. Diviser pour mieux régner ! Quitte même à instrumentaliser l’attention croissante portée aux droits des femmes de manière raciste et islamophobe. Combattre le sexisme, cela exige de lutter contre toutes les oppressions.

    Les discours racistes, sexistes et queerphobes alimentent les violences dans la société.

    Les droits des personnes LGBTQIA+ sont sous pression dans le monde entier. Les personnes transgenres se voient refuser l’accès aux sports. Des livres et des cours sur le genre et le consentement sont attaqués et même des écoles incendiées ! Cette haine fait du monde un endroit dangereux pour les personnes queers. Nous l’avons encore vu en février en Oklahoma avec le terrible meurtre de Nex Benedict, jeune personne non binaire de 16 ans. Plus jamais ça !

    Gaza : une question féministe

    Selon les dernières statistiques d’ONU Femmes, 951.490 femmes et jeunes filles ont été déplacées, dont 50.000 sont enceintes et beaucoup devraient accoucher dans le mois à venir. Des experts font état d’abus sexuels, d’humiliations sexuelles et de menaces de violences sexuelles à l’encontre de Palestiniennes par les forces de défense israéliennes.

    Nous ne sommes pas moins nombreux, nous sommes moins organisés, expliquait Malcolm X. Ne lâchons rien et continuons à construire un mouvement féministe anticolonial et anticapitaliste. Nous exigeons non seulement un cessez-le-feu permanent immédiat, mais aussi la fin immédiate de l’occupation israélienne soutenue par l’Occident. Nous luttons pour l’émancipation sociale de toute la région mais aussi pour la fin de tous les conflits, de l’est du Congo au Soudan, en passant par l’Ukraine et ailleurs.

    Rencontre avec une militante brésilienne

    L’acte le plus révolutionnaire qui soit est de voir le monde tel qu’il est réellement, tels sont les mots de Rosa Luxemburg, célèbre militant marxiste allemande. Ceux qui veulent changer le monde doivent aussi le comprendre. C’est dans cet esprit que nous accueillons fin mars Maria Clara, une militante féministe anticapitaliste et socialiste impliquée dans la lutte contre le racisme et l’extrême droite au Brésil. Elle est membre de la branche brésilienne de ROSA International, Feministas Antiracistas Socialistas, notamment engagée dans la défense des peuples autochtones.

    Elles exigent une meilleure protection de la forêt amazonienne, des droits reproductifs tels que l’avortement et l’accès à des soins de santé gratuits pour les personnes transgenres, entre autres, ainsi que des mesures concrètes pour lutter contre la violence de genre. Ces objectifs plus que jamais nécessaires sont en totale contradiction avec la logique de profit du capitalisme. Entre les profits et notre sécurité et notre bien-être, nous avons choisi ! C’est pourquoi nous luttons en faveur d’une société socialiste démocratique. Participez à nos réunions ouvertes et faite connaissance de ROSA International. Renversons ce système de sexisme, d’oppression et de colonialisme !

  • Les féministes anticapitalistes socialistes contre le massacre génocidaire à Gaza : intensifions la modilisation internationale!

    Féministes socialistes contre la guerre, l’impérialisme et le capitalisme : pour la libération nationale et sociale de la Palestine, pour la fin de toutes les formes d’oppression et de “diviser pour régner”

    Cette année, à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous nous mobilisons pour intensifier la lutte contre la guerre génocidaire contre Gaza, contre l’armement et le soutien impérialiste au capitalisme israélien ainsi que contre le siège de Gaza et l’occupation. 

    À l’heure où nous écrivons ces lignes, même l’étape insuffisante d’un cessez-le-feu temporaire n’a pas encore été franchie. Au contraire, les menaces d’extension de l’invasion à Rafah et d’escalade de l’offensive en une guerre régionale continuent de souligner les dangers de catastrophes encore plus horribles. Les attaques génocidaires du régime israélien ont déjà massacré plus de 30.000 personnes à Gaza – dont une majorité de femmes et d’enfants – et des milliers de personnes sont portées disparues sous les décombres. Le régime israélien impose des conditions de famine, les mères n’ayant plus de lait pour nourrir leurs enfants, des centaines de milliers de femmes menstruées et enceintes ayant été contraintes d’accoucher dans les décombres, tandis que des familles et des communautés entières ont été décimées ou déplacées dans des tentes, dans le froid, exposées à la propagation rapide de maladies. 

    L’assaut génocidaire contre Gaza se développe parallèlement à l’escalade de l’agression militaire et coloniale en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée, à l’accélération du nettoyage ethnique dans cette région – ainsi que dans le Naqab/Negev – et à la discrimination et la répression politique suffocantes dans les territoires de 1948, y compris la chasse aux sorcières nationaliste à laquelle sont confrontés les Palestinien.ne.s. Tout cela fait partie d’un pic historique d’oppression nationale brutale et d’expropriation du peuple palestinien. Simultanément, la lutte pour mettre fin à l’assaut sanglant et à l’oppression des Palestinien.ne.s fait également partie intégrante de la lutte internationale pour la libération contre l’oppression de genre. 

    Ce n’est pas seulement parce que la catastrophe actuelle tue, blesse et pousse femmes et jeunes filles dans des conditions de survie horribles, ou parce que l’occupation met en danger la vie et le bien-être de centaines de milliers de femmes et de jeunes filles, mais aussi parce que, de manière générale, le même système qui a engendré le désastre historique actuel est responsable de la perpétuation et de l’aggravation de l’oppression de genre et des difficultés de vie des femmes de la classe travailleuse et des femmes pauvres à l’échelle mondiale. Le féminisme socialiste repose sur la lutte contre l’oppression et l’exploitation partout de même que sur la lutte de la classe travailleuse en faveur d’une alternative socialiste au système en crise des classes dirigeantes. La lutte contre l’assaut israélien sur Gaza et l’occupation ainsi que contre ses soutiens impérialistes fait partie intégrante de la lutte contre le système capitaliste impérialiste mondial qui perpétue violence, guerres et domination.

    L’oppression nationale, le colonialisme et l’impérialisme engendrent et normalisent la violence sociale et la misogynie. Nous nous opposons à toute utilisation du viol et des agressions sexuelles comme arme de guerre. Des rapports font état de soldats de l’occupation israélienne et de gardiens de prison agressant sexuellement des Palestinien.ne.s, ainsi que de colons et de soldats israéliens attaquant des Palestinien.ne.s en Cisjordanie. Les violences sexuelles commises par le Hamas et d’autres milices lors de l’attaque du 7 octobre ont été cyniquement exploitées de manière démagogique et manipulatrice par les représentants de l’État israélien pour justifier les horreurs que l’attaque génocidaire de l’État israélien a infligées au cours des cinq derniers mois. Le rapport scandaleux du New York Times n’a pas été publié par empathie pour les victimes israéliennes d’abus sexuels, mais plutôt pour justifier le soutien du Times à la guerre génocidaire, alimentant potentiellement aussi des tropes islamophobes et racistes. 

    Cependant, comme l’ont souligné les organisations féministes palestiniennes opérant dans les territoires de 1948, il convient de croire les rapports crédibles (tels que celui de Physcians for Human Rights) faisant état de violences sexuelles à l’encontre de femmes et de jeunes filles israéliennes le 7 octobre et de s’opposer sans équivoque aux actions décrites, parallèlement à d’autres méthodes réactionnaires, telles que le meurtre et l’enlèvement de femmes, de jeunes filles et d’autres personnes. Cela est également nécessaire du point de vue de la lutte de libération palestinienne face au terrorisme d’État israélien. Ces méthodes et programmes réactionnaires ne peuvent pas ébranler l’occupation israélienne. Cela le renforce au contraire dans son assaut sanglant contre les Palestinien.ne.s. Les féministes ne doivent pas ignorer les autres oppressions, mais doivent s’opposer partout au terrorisme d’État israélien, à la destruction, au déplacement de population, aux meurtres, à la torture, à la violence sexuelle ainsi qu’à la violence d’État et des colons de toutes sortes.

    Dans le monde entier, les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la lutte contre l’oppression nationale, le colonialisme et l’impérialisme. Les femmes font partie intégrante de la lutte pour la libération nationale palestinienne depuis ses débuts dans la Palestine d’avant 1948, au fil des décennies, et surtout pendant la première Intifada. Les femmes palestiniennes se sont organisées, ont manifesté et se sont battues contre l’oppression du régime israélien. Ces dernières années, les femmes palestiniennes ont été au premier plan des Marches du retour de 2018 à Gaza, ainsi que de la manifestation de masse intercommunautaire et de la grève des femmes contre le féminicide dans les territoires de 1948, auxquelles ont participé des femmes palestiniennes-arabes et israéliennes-juives. La grève de la dignité de 2021 fut une démonstration de force puissante qui a vu la participation de Palestinien.ne.s de tous les genres.

    Aujourd’hui, dans le cadre de cette guerre génocidaire, de ce nettoyage ethnique et de cette oppression nationale, des femmes de Gaza et des Palestiniennes de tous âges ont héroïquement survécu à ce qui ne peut être décrit que comme l’enfer sur Terre. À l’échelle internationale, des millions de personnes sont descendues dans les rues pour manifester leur solidarité. Ces dernières années, au niveau mondial et dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, les femmes ont pris la tête de manifestations et de révoltes contre l’oppression, qu’il s’agisse du soulèvement “Femmes, vie, liberté” en Iran qui a éclaté à la suite du meurtre brutal de Jina Mahsa Amini, une jeune femme kurde, par la “police de la moralité”, ou des mouvements en Tunisie, au Soudan, au Liban et dans d’autres pays encore. La région est particulièrement touchée par la crise capitaliste, l’inflation et l’explosion des prix des denrées alimentaires, ainsi que par la catastrophe climatique.

    Comment mettre fin à la guerre génocidaire

    Nous appelons les syndicats à travers le monde à reprendre à leur compte la demande des syndicats palestiniens du 16 octobre de mettre fin à toute complicité, d’arrêter d’armer Israël et d’aller plus loin dans l’action de solidarité de masse. 

    Au cours des derniers mois, nous avons assisté à des manifestations et des protestations de masse dans le monde entier :

    • Des mobilisations de masse ont vu le jour du Royaume-Uni au Yémen en passant par l’Afrique du Sud.
    • Des structures syndicales belges ont appelé leurs membres à refuser de manutentionner du matériel militaire à destination d’Israël.
    • Aux États-Unis et au Canada, les manifestations ont bloqué l’expédition de matériel militaire vers Israël. 
    • En Inde, une fédération syndicale représentant les travailleurs de 11 grands ports du pays a déclaré qu’elle refusait de manutentionner des armes à destination d’Israël.
    • Plusieurs manifestations ont eu lieu en Egypte, y compris tout récemment de la part de centaines de journalistes, demandant l’arrêt de l’offensive et du siège de Gaza, de même que l’ouverture du point de passage de Rafah. Des manifestations de milliers de personnes, ainsi que des marches vers la frontière, ont également été organisées en Jordanie. Ces régimes, qui craignent pour leur stabilité et leurs intérêts dans le cadre de leurs collaborations stratégiques avec l’occupation israélienne et l’impérialisme américain, ont répondu par une répression brutale des manifestations et aussi sur les réseaux sociaux.

    Ces actions des travailleurs doivent être organisées de manière plus systématique afin de bloquer efficacement la machine de guerre israélienne. Tous les syndicats doivent intensifier cette lutte ! Ne laissons pas les régimes impérialistes qui soutiennent les attaques génocidaires d’Israël s’en tirer en faisant comme si de rien n’était. 

    Organisons-nous pour mettre fin à la guerre génocidaire, à l’impérialisme et au colonialisme, un combat lié à la lutte anticapitaliste et en faveur des droits des femmes et des personnes LGBTQIA+.  Nous luttons pour la vie, la libération et le bien-être des gens ordinaires dans le monde entier, pour mettre fin à l’occupation, au siège et à l’oppression nationale du peuple palestinien, et pour stopper l’intervention impérialiste au Moyen-Orient et la menace d’une guerre régionale.

    Pour mettre fin à la guerre génocidaire à Gaza et obtenir une véritable libération palestinienne, la solidarité régionale et internationale est nécessaire. Cependant, nos véritables alliés dans la région sont les travailleurs, les pauvres et les opprimés et non les tribunaux internationaux, l’ONU ou les gouvernements réactionnaires de la région.

    Une action de masse dans toute la région est nécessaire pour mener à bien ce projet, ainsi qu’une solidarité et une action internationales de masse. C’est pourquoi nous appelons à faire de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes une journée d’action contre l’offensive et l’occupation israéliennes, une lutte également à poursuivre après le 8 mars.

    Ce que nous défendons

    Les institutions internationales et les gouvernements capitalistes occidentaux ont une fois de plus illustré qu’ils acceptent les attaques génocidaires afin de préserver les intérêts de leurs classes dirigeantes. De Milei en Argentine à l’AfD en Allemagne, l’extrême droite ainsi que divers gouvernements exploitent la situation pour attiser criminellement le racisme et l’islamophobie et justifier l’horrible massacre. La lutte féministe socialiste contre l’impérialisme doit prendre en charge la lutte contre l’islamophobie, l’antisémitisme et toute forme de racisme et de division afin de construire une résistance tangible contre la menace de l’extrême droite.

    Les féministes socialistes n’ont aucune confiance envers les institutions internationales telles que la Cour internationale de Justice, l’ONU ou les puissances capitalistes occidentales. En laissant les attaques génocidaires se poursuivre, en réduisant le financement de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) et en armant activement la machine de guerre israélienne, les gouvernements et les institutions capitalistes ont prouvé à maintes reprises que leur façade de démocratie est creuse lorsque leurs intérêts économiques et stratégiques sont en jeu. Dans le meilleur des cas, certains se contentent d’un soutien symbolique. Quoi qu’il en soit, ils ne mettront pas fin à l’occupation et à l’oppression profondément enracinée des Palestinien.ne.s et continueront à s’en prendre aux femmes et à la classe travailleuse, poussant le monde vers de nouvelles catastrophes.

    La complicité continue des régimes arabes bourgeois face au carnage incessant du peuple palestinien souligne, une fois de plus, qu’aucune consolation ni solution ne peut venir de ces régimes oppressifs, autoritaires et corrompus. Les paroles creuses des élites dirigeantes de la région à l’encontre du régime israélien ne font que refléter la pression sociale qu’elles subissent – elles s’inquiètent de l’effet que cela aura sur leur propre stabilité. 

    Ces régimes ne sont pas les amis des opprimé.e.s. De nombreux pays du Moyen-Orient et du Golfe appliquent encore des lois qui imposent l’obéissance des femmes à leur mari, les empêchent de se déplacer librement, de voyager à l’étranger ou de travailler sans l’autorisation d’un tuteur masculin. Les Houthis au Yémen, qui prétendent défendre le peuple palestinien par leurs attaques en mer Rouge, étouffent également les droits des femmes dans leur pays, notamment en renforçant les lois sur la tutelle masculine, mais aussi par des politiques de droite pro-capitalistes désastreuses. 

    Les impérialismes russe et chinois ne constituent pas une alternative. Nous nous trouvons aux côtés des travailleurs, des femmes, des personnes LGBTQIA+ et des luttes de libération nationale qui se battent contre ces régimes brutalement oppressifs. L’occupation israélienne et les régimes impérialistes occidentaux utilisent cyniquement l’idéologie réactionnaire du Hamas pour justifier leurs attaques contre tou.te.s les habitant.e.s de Gaza, y compris les femmes palestiniennes et les personnes LGBTQIA+, parfois même en utilisant hypocritement une rhétorique “pro-femmes”. Mais comme la répression du soulèvement “Femmes, vie, liberté” par le régime iranien brutal l’a montré une fois de plus, les postures des régimes d’oppression barbares en tant que champions des personnes opprimées ne sont rien d’autre que de cyniques paroles en l’air.

    L’Autorité palestinienne, attaquée et en proie à une grave crise financière provoquée par le régime d’occupation, a réprimé les manifestations palestiniennes et s’est révélée être un sous-traitant de l’occupation israélienne. Bien que considéré par certains comme une alternative “militante” à l’AP contrôlée par le Fatah, le Hamas, basé sur une idéologie islamiste de droite pro-capitaliste, a finalement démontré que son programme et ses méthodes constituent une impasse dans la lutte contre le siège de Gaza, l’occupation et l’oppression. Le Hamas ne s’appuye pas sur une lutte indépendante et démocratique des masses palestiniennes et de la classe travailleuse en tant qu’agents du changement social. L’attaque du 7 octobre menée par le Hamas reposait sur un effet de choc visant à mobiliser des puissances capitalistes. Elle ne visait pas la mobilisation de la force révolutionnaire potentielle des masses palestiniennes. Le Hamas aspire à un État autoritaire sur le modèle de la dictature iranienne, ce qui serait désastreux pour le peuple palestinien, en particulier pour les femmes et les personnes LGBTQIA+. La seule voie viable pour la libération nationale et sociale des Palestinien.ne.s passe par une lutte de masse indépendante, organisée démocratiquement, comprenant des comités populaires élus qui pourraient aider à organiser des actions et une défense armée dans le meilleur intérêt du mouvement. Nous sommes en faveur d’une nouvelle intifada populaire et démocratique ainis que pour l’intensification des mobilisations et des actions de solidarité internationale.

    Nous luttons pour mettre fin à la guerre et pour renverser le régime de siège, d’occupation et d’oppression. Nous appelons à un échange “tou.te.s contre tou.te.s” et à la fin des enlèvements et des incarcérations de masse de Palestinien.ne.s. Nous demandons l’arrêt de tout soutien impérialiste à l’occupation et l’arrêt des attaques contre l’UNRWA. Toutes les forces militaires et étatiques israéliennes doivent impérativement quitter Gaza et la Cisjordanie. Il faut mettre un terme aux projets de colonisation ainsi qu’à toutes les politiques discriminatoires et racistes qui soutiennent la logique du nettoyage ethnique de masse de la Nakba de 1948. Nous luttons pour la pleine égalité et la libération pour tou.te.s : pour des investissements publics massifs dans la reconstruction complète des communautés d’une Gaza libre et de toutes les communautés de la région touchée par la crise et la guerre, sur base démocratique. La classe dirigeante israélienne, les riches oligarchies de la région et les classes dirigeantes des puissances impérialistes mondiales doivent en supporter les coûts financiers. 

    Nous sommes pour la libération nationale et sociale du peuple palestinien. Ne prêtons aucune confiance aux discours des impérialistes qui prétendent soutenir un État palestinien alors qu’ils veulent poursuivre l’oppression nationale sous d’autres formes, par le biais d’une Autorité palestinienne “revue”, c’est-à-dire d’un Etat fantoche dans el meilleur des cas.

    Pour lutter efficacement en faveur d’une véritable libération pour tou.te.s, nous devons construire une alternative politique, une lutte révolutionnaire reposant sur un programme politique féministe socialiste. La lutte contre l’oppression fait partie de la lutte nécessaire pour renverser le capitalisme et l’impérialisme et pour construire une société socialiste qui ne laisse personne de côté. Nous luttons pour renverser tous les régimes oppresseurs, dans le cadre d’une lutte pour une transformation socialiste dans la région, afin de permettre l’utilisation démocratique des vastes ressources de la région dans le but de garantir de bonnes conditions de vie et une égalité entre toutes les nations, comprenant donc le droit à l’autodétermination ainsi que le droit au retour. 

    Les femmes de la classe travailleuse ont toujours joué un rôle essentiel dans tous les mouvements anti-guerre de l’histoire. Faisons de cette journée internationale de lutte pour les droits de femmes une démonstration de force dans la lutte contre la guerre génocidaire à Gaza et poursuivons la lutte pour la libération nationale palestinienne après le 8 mars. Nous devons peser de tout notre poids dans la lutte contre la guerre et l’occupation – et contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression !

  • Titres-services : pas touche au grisbi du privé !

    Apparu en 2001, officiellement pour lutter contre le travail au noir et permettre aux populations éloignées de l’emploi de retrouver une activité, le milieu des titres-services se porte mal. Ce secteur est-il rentable pour les entreprises privées qui tiennent le marché ? Oui, et en plus les deux tiers des frais de ce marché sont payés par la Région (550 millions par an). Comment expliquer dès lors que Trixxo, l’un des gros employeurs de ce secteur (13 0000 travailleuses dans tout le pays) ferme certaines de ses centrales de repassage en Wallonie ?

    Par Maxime (Liège)

    C’est simple, la Région wallonne a voulu toucher aux bénéfices de l’entreprise en limitant l’augmentation des « frais administratifs » qui constituent une part des bénéfices de l’entreprise. Le privé accepte qu’on le finance, qu’on lui donne un marché clef en main sans trop de risque pour lui, mais malheur à celui qui aura l’audace de lui demander de ne pas faire trop de bénéfice sur le dos de la Région. Pour eux, les bénéfices, retour dans une précarité encore plus profonde qu’auparavant pour les travailleurs et (surtout) travailleuses du secteur.

    Officiellement, les titres-services sont destinés à lutter contre le travail non déclaré. Dans la pratique, ils sont souvent utilisés comme des cadeaux aux employeurs qui les utilisent. Par la même occasion, ils ont été utilisés comme levier dans la campagne de longue haleine vers les flexijobs et la précarisation des condition de travail.

    Comment fonctionne le titre-service ? L’utilisateur paie 9 euros, un prix qui n’a pas changé depuis la régionalisation en 2014. La collectivité prend en charge le reste. En 2022, la région contribuait ainsi à hauteur de 17,59 euros par chèque. Sur cette somme, en moyenne, seuls 60 % retombent dans la poche d’une travailleuse expérimentée, le reste à l’entreprise privée. C’est donc la collectivité qui complète les augmentations de salaire (limitées, mais nécessaires) du personnel dans la période écoulée. Nous sommes dans un cas où l’emploi est principalement financé par le public, mais où l’entièreté du pouvoir décisionnaire est laissée à l’appréciation du propriétaire privé. À eux les bénéfices et les aides, à nous pertes et fracas. Et surtout à elles la précarité.

    Une aide ménagère à temps plein perçoit en moyenne 1150 euros bruts par mois. Soit juste en dessous du seuil de pauvreté de 1248 euros. Tout en sachant qu’une grosse partie des aides d’État finissent dans l’escarcelle de l’entreprise. Une fois de plus, l’État a voulu jouer le jeu du capitalisme et s’étonne que les capitalistes se barrent avec la caisse. Pourquoi dès lors ne pas récupérer ce secteur des affres des entreprises privées et créer un service public avec de bons salaires, de bonnes conditions de travail et ainsi socialiser ces tâches ? Après tout, sans le privé, 40 % de la somme que nous investissions auparavant nous revient. De quoi augmenter les travailleuses et assurer de les sortir de la précarité.

  • Féministes, antifascistes, anti-guerre et anticapitalistes : nous avons tout un système à renverser!

    Le 25 novembre dernier, pour la Journée internationale de lutte contre les violences envers les femmes, des centaines de milliers de personnes ont occupé les rues d’Italie. Malgré l’extrême droite au gouvernement, malgré la répression et malgré l’intense propagande misogyne dans les médias, les mobilisations n’ont pas perdu leur souffle. Les cris des femmes, des personnes LGBTQIA+ et des opprimé.e.s résonnent encore plus fortement, avec une rage redoublée.

    Par Giulia (Liège)

    Le 11 novembre, une étudiante de 22 ans, Giulia, était assassinée par son ancien compagnon. Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, le débat sur les causes systémiques des féminicides a embrassé la société italienne comme jamais jusqu’alors. Les autorités sont apparues pour ce qu’elles sont : complices des violences. Elles ne pouvaient plus se cacher derrière des minutes de silence ou des veillées funèbres.

    Basta ! Les victimes en ont assez de pleurer. Il est temps de balancer à la poubelle les injonctions sur la « bonne » manière de réagir à une agression et toute cette rhétorique de la « bonne victime » à la tête baissée. Dans la rue, les femmes et les personnes LGBTQIA+ portaient des slogans inspirés des vers de la poétesse Cristina Torres Caceres : « Si demain c’est moi, si je ne reviens pas demain, maman, détruis tout. »

    L’émancipation des femmes ne sera complète qu’avec celle de tous les peuples opprimés

    Et basta l’hypocrisie des politiques ! Le 25 novembre, on trouvait des cortèges de femmes palestiniennes dans les rues de Rome, tout comme ailleurs en Europe et notamment à Bruxelles. Le bloc de soutien au peuple palestinien a été pris pour cible par la police, stoppé et aspergé de gaz lacrymogène tandis qu’une vingtaine de personnes étaient arrêtées. En réaction, une carte blanche signée par 21 collectifs dont la Campagne ROSA réaffirmait très justement que « Le combat pour l’émancipation des femmes n’est complet que dans la lutte pour l’émancipation de tous les peuples opprimés. »

    L’ONU Femmes met en évidence, dans un rapport de décembre, l’impact disproportionné du conflit sur les femmes et les enfants de Gaza. « Deux mères tuées toutes les heures et sept femmes tuées toutes les deux heures. (…) Chaque jour, 180 femmes accouchent à Gaza sans eau, sans analgésiques, sans anesthésie pour les césariennes, sans électricité pour les incubateurs et sans fournitures médicales. » Parmi les victimes de ces trois derniers mois, 70% des personnes tuées sont des femmes et des enfants.

    Les oppressions liées au genre, déjà présentes à différents degrés selon les contextes, deviennent encore plus marquantes lorsque la violence de la guerre secoue les peuples. Les féminicides et les viols deviennent des armes de guerre, comme ce fut le cas par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre. Les actes de violences du Hamas envers les femmes doivent être condamnés, de même que celles de son sponsor iranien, récemment secoué par une lutte féministe de masse. L’approche du Hamas qui consiste à considérer chaque habitant d’Israël, du nourrisson au vieillard, comme un combattant, ne peut pas représenter une solution, encore moins pour les femmes et les personnes LGBTQIA+.

    Mais nous rejetons également l’instrumentalisation de ces violences par l’État israélien pour justifier le massacre en cours dans la bande de Gaza. À plusieurs reprises, l’État israélien a tenté de se présenter comme un îlot de bienveillance au milieu d’un monde oriental hostile aux droits des femmes et des personnes LGBTQAI+ alors qu’il s’agit d’un régime théocratique conservateur qui encourage le harcèlement et les agressions sexuels envers les Palestiniennes enfermées dans ses prisons.

    Combattre une oppression signifie de les combattre toutes

    La lutte pour les droits des femmes ne peut être reléguée au second plan. Toutes les oppressions – racisme, antisémitisme, islamophobie, sexisme, queerphobie ou oppression nationale – sont entretenues et renforcées par le même système d’exploitation et de violence capitaliste.

    Ce 8 mars, nous défendrons l’héritage de la féministe socialiste Clara Zetkin qui, lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes de 1915, avait pris la tête d’une manifestation anti-guerre réunissant des dizaines de milliers de personnes en plein Berlin. Occupons les rues en solidarité avec les femmes et les personnes LGBTQIA+ de Gaza et d’ailleurs ! Luttons pour la fin de la guerre, la fin de l’occupation, la fin des violences de genre et la fin de toute forme d’oppression !

  • Entretien des écoles communales à Gand, NON aux coupes budgétaires !

    Fin 2022, le conseil communal « progressiste » de Gand s’est félicité d’avoir annoncé une nouvelle série de restrictions budgétaires de 21,5 millions d’euros, tout en précisant qu’il ne réduirait pas les budgets consacrés à la jeunesse, à l’éducation, à la petite enfance et à la culture. Mensonge !

    Par Emilie (Gand)

    Les coupes budgétaires sont entrées par la petite porte. La ville a appliqué une formule bien connue du monde de l’entreprise et a réalisé des économies substantielles sur ses sous-traitants. Depuis le 1er septembre 2023, Gand dépense 20 % de moins auprès des entreprises ISS et Atalian. Il s’agit de deux grandes entreprises qui fournissent au total quelque 250 membres du personnel d’entretien pour environ 70 écoles et musées de la ville. L’une des entreprises a procédé à des licenciements secs, l’autre a réduit le nombre d’heures de travail.

    La fréquence des nettoyages a été ramenée de trois fois par semaine à une seule fois. Au cours de cette seule séance de nettoyage, les salles de classe, les couloirs, les réfectoires, les espaces sportifs et extérieurs ainsi que les installations sanitaires doivent être nettoyées. C’est tout bonnement impossible !

    Les couloirs sont sales, surtout en hiver. Dans les salles de classe, les poubelles débordent. Les toilettes doivent être nettoyées tous les jours, mais le temps manque. Les coupes budgétaires de la ville de Gand affectent à la fois le personnel d’entretien, les enseignants et les élèves.

    Beaucoup d’agents d’entretien ne supportent pas de laisser l’école sale et font des heures supplémentaires non rémunérées pour continuer à travailler. En raison des économies réalisées, ils et elles travaillent souvent dans différentes écoles, ce qui accroît le temps de déplacement. De plus, les contrôles sur le nettoyage sont toujours aussi stricts. La charge de travail et le stress sont très élevés. La plupart des employé.e.s sont de langue étrangère, n’osent pas se manifester et ont peur de perdre leur emploi.

    Dans de nombreuses écoles, on demande aux enseignant.e.s de vider les poubelles et de contribuer à l’entretien des salles de classe et des couloirs. Après l’énorme pénurie d’enseignant.e.s, les heures de remplacement des collègues absents qui l’accompagnent et la forte pression administrative dans l’enseignement, on leur demande maintenant de compenser les réductions de personnel d’entretien !

    Les élèves témoignent qu’ils attendent d’être rentrés chez eux pour aller aux toilettes parce que les installations sanitaires sont trop sales et qu’il n’y a pas de papier hygiénique. Eux aussi sont parfois appelés à nettoyer, que ce soit à titre de punition ou non. Il est logique que les élèves apprennent à nettoyer et à prendre soin de leur environnement, mais il est inacceptable qu’ils soient obligés de prendre en charge les tâches des agents d’entretien par souci d’économie.

    Par conséquent, la Campagne ROSA soutient les actions du personnel d’entretien, de la SAAMO et des syndicats pour l’annulation des coupes budgétaires.

    Le personnel d’entretien doit redevenir du personnel communal à part entière. Pour la réintégration immédiate du service donné aux sous-traitants dès maintenant !

    • Annulation du paquet d’économies budgétaires de septembre 2023 !
    • Augmentation de la fréquence de nettoyage des salles de classe et autres espaces dans les écoles !
    • Garantie, grâce à du personnel supplémentaire, d’une charge de travail viable pour les agents de nettoyage dans les écoles, les musées et les autres bâtiments de la ville !
    • Un salaire minimum de 17 €/heure !
  • Combattre le sexisme au boulot, une lutte de chaque instant, pour chaque syndicat et chaque syndicaliste

    Trop c’est trop ! C’est le mot d’ordre de plus en plus de personnes qui trouvent le courage de témoigner d’abus. L’impact de #metoo est retentissant. Pourtant, force est de constater que lorsque cela se passe au boulot, seule 1 victime sur 100 le signale au Comité de Prévention et de Protection au Travail (CPPT).

    Par une déléguée syndicale, membre de la Campagne ROSA et de Sociaal Werkers in Actie (Travailleur.euse.s sociaux en action)

    Sur le lieu de travail, chaque travailleur.euse se trouve dans une situation de dépendance. Nous dépendons d’un salaire qui doit assurer nos conditions de vie. Plus les salaires sont bas, plus la dépendance à son égard est grande. En Belgique, environ un tiers des travailleur.euse.s sont confrontés à une ou plusieurs formes de comportement abusif au travail. 5 % sont victimes d’agression sexuelle, 1 % en fait l’expérience chaque semaine.

    Des données récentes indiquent que 16% des travailleur.euse.s des Pays-Bas ont été victimes de harcèlement sexuel au cours des dix dernières années, les femmes étant deux fois plus touchées que les hommes. Une autre enquête soulève que 30% des femmes ont déjà été victimes d’une forme d’agression sexuelle sur leur lieu de travail. 61% d’entre elles ont déjà été victimes de mots obscènes ou d’autres propos désagréables à connotation sexuelle. Les femmes et les personnes LGBTQI+ subissent une forte oppression.

    Le PSL s’oppose à toutes formes d’oppression à l’encontre de tou.te.s les travailleur.euse.s. En janvier, nous avons organisé une rencontre de délégué.e.s et de syndicalistes des industries et de la chimie, des transports publics, de l’enseignement et du secteur social, entre autres, avec également la participation de militantes de la Campagne ROSA afin d’analyser la manière dont le sexisme et les oppressions se présentent au travail et de la stratégie à développer pour s’y opposer.

    Premièrement, nous avons analysé le problème. Les femmes et les personnes LGBTQI+ sont opprimées au sein du capitalisme par la division de la classe ouvrière en fonction de ses caractéristiques. Cette oppression est inévitable dans un système où la cupidité privée est protégée à tout prix. La position économique détermine si vous pouvez atteindre une certaine forme d’indépendance financière. Historiquement, les hommes ont été placés dans une position économiquement plus forte, tandis que les femmes ont été utilisées pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, en plus d’une plus grande part de travail non rémunéré.

    Dans le cadre du capitalisme, de nombreuses idées fausses ont été imposées pour légitimer ces divisions, qui ont donc été intériorisées par de nombreux.ses travailleur.euse.s. En France, un homme sur cinq (âgé de 25 à 34 ans) estime qu’il est en droit de gagner plus qu’une femme pour un travail identique. Tout simplement parce qu’ils sont des hommes ! Dans un système dans lequel règnent les carences sont importantes, de plus en plus de travailleurs sont sensibles à ces idées. L’extrême droite ne fait que renforcer ce phénomène. De même, on assiste à une tempête de messages discriminatoires à l’égard des personnes LGBTQI+, ce qui les pousse encore plus dans la précarité.

    C’est pourquoi la réunion a également abordé la question suivante : que peuvent faire les syndicats et les délégations syndicales ?

    Il existe des initiatives intéressantes. Par exemple, en France, la CGT appelle à :

    • Informer et sensibiliser les travailleur.euse.s par des réunions du personnel, des campagnes de prévention et l’élaboration de revendications.
    • Mettre en place une ligne d’écoute pour les victimes et à former les militant.e.s syndicaux à les accompagner correctement.
    • Former les militant.e.s et les délégué.e.s à l’égalité femmes-hommes et à l’action syndicale contre les violences de genre au travail.
    • Construire un rapport de force pour obtenir des mesures collectives de prévention qui modifient aussi les inégalités économiques.

    Cet exemple présente des points forts tels que l’implication de tous les travailleur.euse.s, la formation des affilié.e.s, un soutien approprié et la construction de luttes communes et d’un rapport de force permettant de gagner. Cela nécessite en effet de développer un programme qui motive les travailleur.euse.s à rejoindre les luttes. Les revendications suivantes ont été discutées lors de notre réunion : des vestiaires appropriés, des salles d’allaitement, des crèches et autres infrastructures pour tou.te.s, un congé menstruel et la prolongation du crédit-temps, l’augmentation des salaires, des pensions et des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté, la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire, des investissements publics massifs dans les services publics…

    Sur notre lieu de travail, trois organes différents existent : le Conseil d’Entreprise, le CPPT et la délégation syndicale. Là aussi, une stratégie peut être développée pour renforcer cette lutte. Le Conseil d’Entreprise permet de recueillir les informations nécessaires sur les chiffres économiques et la discrimination. Au sein du CPPT, bon nombre de revendications, par exemple en matière d’infrastructure, peuvent être concrétisées. Enfin, la délégation syndicale peut faire le lien entre l’ensemble des revendications et l’organisation des luttes dans ce domaine, au sein de l’entreprise, du secteur et au niveau intersectoriel.

    Les chefs d’entreprise tentent principalement d’utiliser de petites mesures comme excuse pour ne pas toucher aux choses fondamentales. Les formations proposées sont elles-mêmes déjà devenues une activité rentable et se limitent souvent à une approche individuelle qui ne remet pas en question l’inégalité économique. Seules les luttes sont capables de le faire. Elles doivent donc être renforcées et élargies. Par exemple, aux États-Unis, nous avons récemment assisté à des grèves chez Blizzard et Riot Games contre le harcèlement sexuel, le sexisme et l’environnement de travail hostile aux femmes. Ces grèves se sont également déroulées sans syndicats.

    Il s’agit de construire un mouvement contre l’inégalité et les abus de pouvoir omniprésents. Le féminisme anticapitaliste et socialiste est un élément indispensable de ce mouvement, car il combat les abus en s’attaquant à leurs racines. Tant que nous dépendrons des patrons, des actionnaires et de leur personnel politique, il y aura des abus. Rompons avec ce système !

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