Category: Féminisme

  • Port du voile : aux femmes de décider !

    Action d’étudiants anversois contre l’interdiction du port du voile en mars 2017. Photo : Liesbeth

    Un arrêt rendu par le tribunal du travail le 3 mai dernier a fait rebondir la polémique. La Stib a été condamnée pour discrimination subie par les femmes portant le foulard, le tribunal donnant raison à une plaignante dont deux candidatures avaient été recalées en raison d’un refus d’ôter son voile dans le cadre de la fonction pour laquelle elle postulait.

    La campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) défend le droit des femmes à s’habiller comme elles le désirent. Qu’il s’agisse d’une mini-jupe, d’un t-shirt troué, d’un pantalon ou d’un voile. Nous défendons le droit des femmes à librement choisir de porter ou non le voile ou le foulard. Cela signifie que nous sommes opposés aux conservateurs qui veulent interdire le port du voile, mais que nous sommes aussi opposés aux autres conservateurs qui veulent l’imposer. Le combat féministe est synonyme de lutte pour la liberté de choisir librement comment s’habiller.

    Les défenseurs de l’interdiction du voile prétendent qu’elle s’applique à tout symbole religieux visible. Ils font – très mal – semblant de ne pas remarquer qu’ils s’en prennent essentiellement à l’interdiction du voile. Les musulmans sont les boucs émissaires des populistes de droite, c’est connu. En mettant l’accent sur la pression sociale que les filles peuvent subir pour porter le voile, ils entretiennent l’illusion que cette interdiction serait une protection pour les jeunes musulmanes.

    Cela ne signifie pourtant pas que les musulmanes non-voilées ne sont pas confrontées aux intimidations diverses, aux regards insistants ainsi qu’aux remarques racistes et islamophobes. Le choix conscient de porter un voile ne se limite généralement pas à la religion. Cela fait partie de la formation d’une identité culturelle, où joue même parfois l’élément de résistance à l’islamophobie. L’interdiction ne met d’ailleurs pas fin à la pression sociale réelle que certaines jeunes filles subissent pour porter le voile. Cela renforce juste leur isolement puisqu’elles n’ont plus accès à l’école officielle ou sont obligées de se rendre dans une école musulmane.

    Ce débat sur le port du voile masque de vrais problèmes de discrimination et de manque de moyens, dans le domaine de l’éducation par exemple. Nous lions donc à cette question la défense d’un enseignement accessible à toutes et tous, un enseignement qui tienne compte des différents milieux et qui dispose du personnel qualifié en suffisance pour faire face aux discriminations au sein de l’établissement, qu’il s’agisse de la pression des pairs ou du racisme. Ce sont des conditions préalables au développement personnel de toute une génération issue de l’immigration. Aujourd’hui, notre système éducatif reproduit les inégalités fondées sur l’origine.

    Pour qu’il soit possible de réellement faire un choix en toute liberté, l’amélioration de la position sociale des femmes dans la société est importante et tout particulièrement la garantie de leur indépendance financière. Cela signifie l’individualisation du droit aux allocations sociales, un salaire minimum de 14 euros de l’heure, des allocations sociales et des pensions qui dépassent le seuil de pauvreté, des emplois de qualité et des salaires correspondants, indépendamment du genre, de la religion ou de l’apparence, etc.

  • Les soins de santé sont essentiels ! Nous sommes essentiels ! Tract de la Campagne ROSA

    Le personnel soignant dénonçait la catastrophe en cours dans les soins de santé depuis longtemps déjà. Le collectif d’action militant La Santé en Lutte a d’ailleurs été lancé avant la pandémie. Depuis lors, celle-ci a tout amplifié, de la mauvaise gestion due à la commercialisation du secteur aux pénuries de lits, de matériel, de personnel,… Le secteur craque !

    Tract en version PDF

    Tout le drame de la pandémie a eu beau être exposé dans chaque JT, les divers gouvernements n’ont fondamentalement rien changé à leur politique. Il y a bien eu des avancées timides, mais elles sont le fruit des luttes du personnel soignant, de ses assemblées, de ses rassemblements, de ses actions, de ses grèves et arrêts de travail. C’est la voie à suivre !

    Il nous faut un refinancement public massif du secteur des soins, avec contrôle démocratique sur l’allocation des budgets ! Et soyons clairs : la situation n’est pas meilleure dans les logements sociaux, l’enseignement et les autres services publics. Là aussi, il nous faut un sérieux refinancement public.

    La lutte paie !

    Des victoires sont possibles, comme le démontre l’arrivée du salaire minimum de 14€/h à l’Université de Gand ! Cette excellente nouvelle pour les travailleuses des crèches et des restos universitaires découle du combat de longue haleine porté par la délégation syndicale CGSP, qui a cherché l’implication du personnel et des étudiant.e.s. La Campagne ROSA s’est également jetée dans la bataille, d’abord en participant à la récolte de signatures pour la pétition et à la construction de la grève du 9 mars 2020 appelée par la délégation CGSP et le comité de grève des femmes (Women Strike UGent). Puis en organisant une manifestation pour les 14€/h.

    Ce n’était pas une grève décrétée d’en haut, mais une grève préparée longtemps à l’avance depuis la base et sur le terrain. Ce n’était pas une action symbolique, mais le fruit de la construction d’un rapport de force autour d’une revendication concrète dans le but d’arracher une victoire et pas seulement de marquer le coup. Les militant.e.s ont illustré dans la pratique comment faire de cette revendication féministe une réalité : par l’unité et la solidarité au boulot et à l’unif’, pour repousser la précarité et les discriminations. Ce 21 mai, nous avons également appris que la société sous-traitante responsable du nettoyage à l’UGent (ISS) a accepté d’augmenter les salaires les plus bas à 14 euros de l’heure !

    Récemment aussi, chez Lidl (dans la distribution, autre secteur largement féminin), la menace d’une grève le 8 mai a permis d’imposer l’embauche de plus de personnel.

    Pour
    >> un refinancement public massif des soins de santé, de l’enseignement et des services publics.
    >> un salaire minimum de 14€/h (2300€ brut/mois).
    >> l’individualisation des droits sociaux et augmentation des allocations au-delà du seuil de pauvreté.
    >> une réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction de la charge de travail.
    >> un renforcement et développement des services publics : accueil extra-scolaire, aide à la famille, blanchisseries, etc.
    >> un plan public massif de rénovation et de construction de logements sociaux.
    Attaquons-nous à la racine du problème : le capitalisme repose sur les inégalités. Une infime élite d’ultra-riches nous exploite et a besoin de nous diviser pour continuer de le faire. Renversons le capitalisme pour donner naissance à une société reposant sur l’épanouissement de chacun.e. Voilà ce que nous entendons par “féminisme socialiste”.

    Rejoins la Campagne ROSA

    • Tu veux combiner ton combat contre l’oppression des femmes et des personnes LGBTQI+ à celui contre les politiques antisociales, contre l’austérité ?
    • Tu veux renforcer la lutte féministe en combattant également les autres discriminations telles que le racisme ?
    • Tu penses que le féminisme ne signifie pas s’opposer aux hommes, mais lutter ensemble contre le système qui perpétue l’oppression des femmes ?
    • Tu veux t’en prendre à la racine du problème : le capitalisme, un système reposant sur les inégalités, où une infime minorité d’ultra-riches s’enrichit en nous exploitant ?
    • Tu veux lutter pour une société basée sur l’épanouissement de chaque personne ?
    • Alors, implique-toi dans la Campagne ROSA et ses activités, propose d’en organiser d’autres !
    Tu es d’accord avec ce que nous défendons, en parole ou en acte ? Alors rejoins à la Campagne ROSA et / ou soutiens-nous financièrement pour nous permettre de poursuivre nos activités.
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    Pride is a Protest ! 27 juin

    Stay Proud, Stay Pride : Rejoignez les manifestations ” Pride is a protest” à Anvers, Gand et à Bruges le dimanche 27 juin 2021 à 15h, la veille de l’anniversaire de la légendaire rébellion de Stonewall. Occupons la rue et construisons le rapport de forces nécessaire pour arracher un changement réel ! Organisons-nous contre la violence et les discriminations envers les personnes LGBTQI+.

    Camp d’été contre l’oppression et le capitalisme : du 2 au 9 juillet

    Une occasion à ne pas manquer ! La Campagne ROSA organise un camp d’été (en collaboration avec le PSL/LSP et les Etudiants de Gauche Actifs) pour se détendre et se rencontrer après le (semi)confinement, mais aussi et surtout, pour discuter de la stratégie et du programme nécessaires au renversement du capitalisme. Pour combattre ce système qui exploite et discrimine, nous devons impérativement comprendre comment il fonctionne !

    Evénement Facebook

  • Il était une fois dans l’histoire de la lutte des classes : 1982 : la lutte des travailleuses de Bekaert-Cockerill

    L’histoire de la lutte des classes n’est pas un long fleuve tranquille jalonné de victoires. Il y a aussi pas mal de défaites et elles sont souvent dures à avaler. Cela a été le cas en 1982 chez Bekaert-Cockerill, une usine métallurgique à Fontaine-L’Évêque, près de Charleroi.

    Par Guy Van Sinoy

    Le 18 août 1982, 275 travailleurs et travailleuses de Bekaert partent en grève pendant 9 semaines pour sauver l’emploi et l’outil à Fontaine-L’Évêque. En octobre, une réunion de conciliation aboutit à une convention quasiment imposée sous la menace de fermeture du siège. La direction propose 3 options:

    • soit le passage à 36 heures pour tous avec perte de salaire ;
    • soit le licenciement de 13 personnes ;
    • soit le passage au temps partiel pour les femmes « non chefs de ménage ».

    La troisième option est adoptée par 120 pour, 60 contre (dont toutes les femmes) et 40 abstentions.

    Seules les ouvrières sont touchées par la réduction obligatoire de leur temps de travail. Elles s’informent auprès de la Maison des Femmes de La Louvière et comprennent qu’il s’agit d’une discrimination interdite par la loi de 1978 sur l’égalité de traitement entre hommes et femmes. Elles refusent cette discrimination et demandent aux délégués syndicaux (tous des hommes) de reprendre la négociation pour rediscuter de la mesure prise. Elles proposent comme alternative que « le recours au temps partiel soit remplacé par un chômage à temps partiel réparti entre tous et toutes, les postes de travail devant être attribués sans discrimination de sexe. »

    Le 2 novembre, avant toute discussion sur le temps partiel, les ouvrières reçoivent leur préavis pour être réembauchées à temps partiel. Elles repartent en grève. La conciliation demandée a lieu le 22 novembre, mais les travailleuses ne sont pas admises à la table de négociation. Le temps partiel est supprimé mais 13 femmes sont licenciées définitivement. Pour le patronat l’objectif est atteint : sa proposition de licencier 13 personnes (la 2e option) est remplie. Il s’avère que les délégués syndicaux ont transformé la demande de la direction de licencier 13 personnes (10 hommes et 3 femmes) en licenciement de 13 femmes puisqu’elles refusaient le temps partiel. La grève des femmes n’est plus soutenue syndicalement et elles reprennent le travail le 29 novembre.

    Les ouvrières licenciées continuent alors le combat sur le terrain juridique et politique et rencontrent un large soutien dans l’opinion publique(1). Elles portent plainte contre Bekaert auprès de l’inspection des lois sociales pour non-respect de la loi de 1978, mais en septembre 1983 l’auditorat du travail renonce à poursuivre pénalement l’entreprise. Sous la pression de leurs commissions féminines nationales, FGTB et CSC prennent en charge la défense des travailleuses pour licenciement abusif. Les 13 licenciées introduisent une deuxième plainte devant le tribunal du travail de Charleroi pour non-respect de la loi sur l’égalité de traitement. Le juge retiendra le licenciement abusif mais pas la discrimination.

    Le Comité de liaison des femmes soutient les 13 de Bekaert dans leur lutte, organise une conférence de presse le 1er décembre et annonce une plainte contre le gouvernement belge auprès du Commissaire européen responsable des Affaires sociales. Mais après explication et justification du Ministre de l’Emploi et du Travail, le dossier sera clos.

    Cet épisode de la lutte des classes représente une défaite cruelle des ouvrières de Bekaert-Cockerill qui ont été maltraîtées en tant qu’ouvrières et en tant que femmes avec le silence coupable de leur délégation syndicale et des secrétaires syndicaux FGTB et CSC.

    1) La RTBf a consacré une émission de 50 minutes au combat des femmes de Bekaert. Voir : https://www.sonuma.be/archive/a-suivre-du-11021983

  • Les soins de santé sont essentiels – Nous sommes essentiels ! Tract de la Campagne ROSA

    29 mai, 15h, Bruxelles-central :
    GRANDE MANIF’ DE LA SANTÉ ET DES OUBLIÉ·ES ACTE 2 !

    La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) mobilise pour que la manifestation du collectif militant La Santé en Lutte soit la plus grande possible. La Campagne ROSA a pris en charge d’organiser un des divers « blocs » du cortège. Le combat pour les soins de santé est bien entendu un combat féministe : on trouve 78% de femmes parmi le personnel soignant. Rejoins-nous !

    Lits, matériel, personnel,… tout manque pour affronter la crise sanitaire. Il faut dire que la situation était déjà lamentable avant ça. Le combat du personnel soignant pour des soins de santé de qualité et accessibles à toutes et tous est aussi le nôtre : nous sommes toutes et tous des patients potentiels !

    Des avancées ont été possibles grâce aux luttes de celles et ceux qui font tourner ce monde – les travailleuses et travailleurs – grâce à des assemblées, des rassemblements, des actions et des grèves. Mais c’est loin d’être suffisant.

    Souvenons-nous que lorsque Maggie de Block était Ministre de la Santé, le gouvernement a coupé 2,1 milliards d’euros dans le budget des soins de santé, après des décennies où le sous-financement était déjà dramatique. La Santé en Lutte explique également qu’actuellement « l’État prête aux hôpitaux, et que ceux-ci vont donc devoir rembourser ! » Certaines institutions utilisent le « fond blouses blanches » (obtenu grâce aux luttes de 2019) pour éponger leurs dettes !

    Nous ne voulons pas d’une santé à crédit. Nous avons besoins d’un refinancement public massif du secteur avec un contrôle démocratique sur l’allocation des budgets. D’autres secteurs déterminants pour notre bonne santé en ont également un urgent besoin : les logements sociaux, l’enseignement, etc.

    Essentielles, mais précaires

    Les salaires les plus bas sont composés à 70% de femmes. Elles sont également largement majoritaires dans les métiers dits « essentiels » : distribution (supermarché), soins de santé, aide aux personnes, enseignement,… A contrario, le patron de Delhaize, lui, a vu son salaire augmenter de 34%. Ce n’est pas la crise pour tout le monde !

    Un écart salarial entre femmes et hommes existe toujours en Belgique. Les femmes gagnent annuellement 23,1% de moins que les hommes, cet écart atteint 30% à la pension. Les salaires sont notamment déjà très faibles les soins aux personnes et 44% des travailleuses y bossent à temps partiel.

    Ce ne sont pas les hommes qui sont trop bien payés, ce sont les femmes qui ne le sont pas assez, pas même pour être financièrement indépendantes. Elles sont donc deux fois plus nombreuses à se retrouver dans une situation de dépendance financière.

    Luttons pour un salaire minimum de 14€/heure, soit 2300€ bruts par mois. Luttons contre les temps partiels involontaires en répartissant le travail disponible entre toutes et tous par la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction de la charge de travail. Luttons aussi pour des services publics qui permettent de réellement concilier vie de famille et vie professionnelle.

    Une crise économique particulièrement violente pour les femmes

    Selon l’ONEM, en 2020, le nombre de chômeurs temporaires a été trois fois plus élevé que lors de la crise économique de 2009. Un certain effet d’amortissement existe aujourd’hui, mais il ne durera pas. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois précaires, elles constituent encore et toujours une main-d’œuvre de réserve et leur revenu est souvent considéré comme un simple complément au ménage. Ce sont elles les premières à être frappées par les pertes d’emploi. Ainsi, en décembre, pratiquement 100% des pertes d’emplois aux USA et 98% en Italie concernaient des femmes.

    Tout cela contribue largement à aggraver le manque de considération dont pâtissent les femmes dans la société, ce qui alimente et renforce dangereusement le sexisme. D’autre part, l’explosion du nombre de personnes sans emploi instaure une pression à la baisse sur l’ensemble des conditions de travail et de salaire.

    Entrons en résistance et engageons-nous dans la lutte pour la défense de nos droits et pour en arracher de nouveaux !

    Entrons en lutte contre la précarité et les pénuries

    La grande manifestation de la santé et des oublié.e.s nous concerne toutes et tous. Tous les secteurs précarisés et oubliés de la crise y ont leur place, comme ceux de la petite enfance et de l’enseignement, dont le manque de moyens a lui aussi été mis en lumière par la pandémie. Les secteurs les moins impactés par le coronavirus devraient aussi massivement mobiliser, en solidarité. Il n’y a pas d’autre voie pour obtenir de nouvelles conquêtes sociales que celle de la solidarité et de l’unité dans la lutte.

    La Campagne ROSA défend un féminisme socialiste et veut s’attaquer à la racine du problème : le capitalisme. Une infime élite capitaliste nous exploite et a besoin de nous diviser (par le racisme, le sexisme, la LGBTQI-phobie,…) pour affaiblir notre résistance. Débarrassons-nous de ce système pour donner naissance à une société reposant sur l’épanouissement de chacun.e.

    Rejoins le bloc ROSA le 29 mai !

    Tu es d’accord avec ce que nous défendons, en parole ou en acte, alors adhère à la Campagne ROSA et / ou soutiens-nous financièrement pour nous permettre de poursuivre nos activités ROSA: BE54 5230 8095 8497.

    • fr.campagnerosa.be
    • contact@campagnerosa.be
    • facebook.com/CampagneROSAFR
    • 0474 35 30 36 (Emily Burns)

    Summercamp 2021 du 2 au 9 juillet / Against Opression & Capitalism

    Une occasion à ne pas manquer ! La Campagne ROSA organisent un camp d’été (en collaboration avec le PSL/LSP et les Etudiants de Gauche Actifs) pour se détendre et se rencontrer après le (semi)confinement, mais aussi et surtout, pour discuter de la stratégie et du programme nécessaire au renversement du capitalisme. Pour combattre ce système qui exploite et discrimine, nous devons impérativement comprendre comment il fonctionne !

    Ce camp est organisé par le PSL/LSP, la Campagne ROSA, la Campagne Solidarity – FR et les Étudiants de Gauche Actifs – EGA.

     

     

     

     

     

     

     

  • L’oppression n’est pas un problème individuel, c’est l’ensemble du système qui est coupable !

    Photo de solidarité du groupe de ROSA-Liège et contre la culture du viol

    L’actualité a été révoltante ces dernières semaines. À Liège, une féministe a été attaquée et blessée à coups de couteau. À Gand, une affaire de viol a donné lieu à des condamnations très légères sur fond de culpabilisation des victimes. En Angleterre, Sarah Everards, a été assassinée par un policier britannique et les manifestations fortement réprimées par la police. L’insécurité et à la culture du viol sont encore une fois d’actualité et provoque une vague d’indignation. La Campagne ROSA estime important de prendre le temps de discuter la stratégie à adopter dans la lutte contre le sexisme et la culture du viol.

    Par Arne (Gand)

    Des privilèges ou des droits à étendre à l’ensemble de la population ?

    La lutte contre la culture du viol et les autres oppressions est plus largement dénoncée, c’est encourageant. Mais l’angle d’approche est souvent individuel. Certain.e.s activistes mettent en avant que nous ne pouvons lutter contre la violence sexiste qu’en éduquant les hommes. D’autres estiment que la seule cause d’un viol, c’est le violeur lui-même. D’autres encore, qu’il faut être suffisamment conscient des oppressions et discriminations. Et certains d’ajouter que certaines personnes ne peuvent de toute façon pas en être conscientes parce qu’elles ont le « privilège » d’être blanches, masculines, cisgenres ou hétérosexuelles.

    Il est très important que la justice ne laisse pas sans réponses les agressions sexistes. Mais nous pensons important de questionner la société qui permet à une telle pandémie de violence sexiste de se poursuivre sans que de réels moyens soient déployés pour la combattre. Quelle est cette société qui produit tant de harceleurs et de violeurs ? Les hommes seraient-ils par nature de potentiels violeurs ? Selon nous, la culture du viol ne peut pas être réduite à une question de genre.

    La culture du viol ce n’est pas une question d’ignorance masculine ou de quelques « pommes pourries ». La culture du viol et l’oppression sont liées aux énormes inégalités économiques croissantes et aux relations de pouvoir qui en découlent. Limiter la discussion au genre, c’est éviter la responsabilité de la politique et du système capitaliste lui-même.

    D’où viennent la culture du viol et le sexisme ?

    La culture du viol est activement entretenue. Les comportements machistes sont normalisés par la publicité, l’industrie pornographique. Trop souvent, nous y voyons de manière déguisée du harcèlement qui se termine par un viol. En achetant un certain parfum ou une certaine chemise, il serait possible à tout homme de séduire n’importe quelle femme. Ce type d’images entretient une incompréhension générale dans la société sur ce que signifie le consentement mutuel. Nous sommes constamment trompés à ce sujet. En outre, la sexualité est commercialisée et transformée en marchandise. Il suffit de penser à la publicité de la société “Rich Meet Beautiful” il y a quelques années : “Hé, les étudiantes, choisissez un meilleur style de vie : sortez avec un sugar daddy”. Les inégalités inhérente au système capitalistes, comme la position précaire des étudiantes, sont activement utilisées pour renforcer le sexisme.

    Quelle stratégie la Campagne ROSA propose-t-elle ?

    Le sexisme n’existe pas parce que des individus sexistes naissent chaque année, mais parce que la classe capitaliste l’utilise comme un outil pour nous diviser et augmenter ses propres profits. C’est un problème systémique. Combattre ce système signifie construire activement la solidarité entre tous les jeunes et les travailleurs. Nous devons réaliser qui sont nos alliés et qui sont nos ennemis communs. Nos motivations à construire une autre société seront sans doute parfois différentes, tout comme nos identités et nos sensibilités. Mais elles sont issues du même système, un système qui à besoins de nous diviser, des discriminations et qui se base sur notre exploitation.

    Des couches de plus en plus larges de la population sont consciente du sexisme, comme des autres discriminations, et sont prêtes à se mobiliser. Ainsi, on voit fleurir de nouveaux slogans, banderoles, autocollants et autres. Après avoir identifié contre quoi nous nous battons, l’étape suivante consiste à savoir d’où vient l’oppression et pour quelle alternative nous voulons nous battre.

    La Campagne ROSA défend un féminisme socialiste, c’est-à-dire que nous luttons pour une société fondamentalement différente, centrée sur les besoins de toutes et tous. Devenir « woke » (réveillé) et les différentes approches des politiques d’identité (tel que la théorie des privilèges) permettent de dénoncer un problème massif. Toutefois, elles laissent de côté les véritables responsables de l’oppression et ne visent pas à construire l’unité entre les jeunes et les travailleurs.euses. Il nous semble crucial de ne pas nous laisser diviser pour être capable de parvenir à de réelles victoires. Pour renforcer notre unité, le respect de chaque sensibilité est bien sûr une condition préalable. Ne nous trompons pas d’ennemi. Le système capitaliste a absolument besoin du sexisme pour perdurer, c’est aux capitalistes que le sexisme profite en premier lieu.

    La Campagne ROSA tente d’impliquer le plus grand nombre possible de jeunes et de travailleurs.euses dans cette lutte. La meilleure façon d’y parvenir est de mettre en place un programme unificateur, qui profite à toutes et tous : des emplois et des conditions de travail décents, des logements abordables, des services publics plus nombreux et gratuits, des investissements publics dans les soins et l’enseignement, une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec des embauches compensatoire, un salaire minimum de 14 euros brute par heure et des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté… Un aperçu plus complet est disponible sur CampagneROSA.be

    Agir collectivement pour un tel programme permet de sensibiliser efficacement à toutes les formes d’oppression et permet de lutter pour de mettre fin au système dans lequel le sexisme et les autres formes d’oppression sont si fortement présentes.

  • Solidarité internationale : défendons les féministes en Chine !

    Les attaques de la droite nationaliste et de l’État tentent de faire taire la vague féministe grandissante – des millions de personnes expriment leur solidarité

    Déclaration de la campagne « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong »

    Les activistes des droits des femmes en Chine sont à nouveau attaqués. La dictature chinoise du Parti « communiste » chinois (PCC) se sent menacée par la radicalisation croissante des femmes, qui s’inscrit dans une tendance plus large de radicalisation de la société et des jeunes.

    Les attaques suivent un schéma similaire. Tout d’abord, les féministes sont traquées par des trolls internet nationalistes pro-PCC dans le cadre d’une campagne coordonnée. Une vague d’antiféminisme en ligne est directement encouragée par l’État. Deuxièmement, les comptes de réseaux sociaux et les pages de groupe d’éminentes porte-parole sont fermés. Celles-ci sont vilipendées comme ennemies de l’État, puis réduites au silence !

    Fin mars, une attaque a eu lieu dans un restaurant de la ville de Chengdu, dans le sud-ouest du pays. Deux femmes ont été agressées par un client après s’être plaintes qu’il fumait. Le fumeur enragé a jeté du liquide bouillant sur les deux femmes qui ont filmé l’agression et l’ont postée sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter. Sa remarque selon laquelle « les hommes qui ne fument pas ne sont pas de vrais hommes » n’a pas aidé son cas.

    Les deux femmes en question étaient Xiao Meili et Zheng Churan, deux militantes féministes bien connues. Zheng faisait partie des Feminist Five, qui ont été arrêtées et détenues pendant un mois à la veille de la Journée internationale de lutte pour les droits des femme en 2015. Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) à Hong Kong a organisé diverses actions de protestation pour exiger la libération des cinq dans le cadre d’une campagne mondiale qui a défendu leur cause.

    Les trolls d’extrême droite

    Le post de Xiao sur l’agression du restaurant de Chengdu est devenu viral sur Internet, suscitant une écrasante majorité de commentaires favorables, y compris de la part de certains comptes officiels liés au gouvernement. Le lendemain, le compte Weibo d’un important groupe nationaliste a lancé une attaque contre les femmes, en publiant des photos « historiques » de Xiao datant de 2014, dans lesquelles elle exprimait sa solidarité avec le « mouvement des parapluies » de Hong Kong (des mobilisations pro-démocratie). Les trolls ont prétendu à tort qu’elle soutenait « l’indépendance de Hong Kong ». Ce n’était pas le but du Mouvement des parapluies, mais cette étiquette est utilisée par les nationalistes chinois pour attaquer toute personne qui soutient ou montre de la sympathie pour la lutte en faveur de la démocratie à Hong Kong. Un déluge d’attaques en ligne a suivi (en Chine, il peut s’agir de 100.000 ou même de millions de messages).

    Zheng a été montrée sur une autre vieille photo portant un ruban jaune, symbole des manifestations pour la démocratie à Hong Kong. Elle a été accusée d’être une « partisane de l’indépendance de Taiwan » (autre sujet tabou sous le régime du PCC). Ces deux femmes et d’autres féministes ont fait l’objet de menaces violentes et d’accusations telles que « xénocentrique », « anti-chinois » et « espionne de la CIA ». Peu après, le compte Weibo de Xiao a été fermé par l’entreprise, ce qui a provoqué les célébrations de la machine à troller.

    Ces attaques s’inscrivent dans un schéma familier associant misogynie et nationalisme. Les forces nationalistes de droite à l’origine de ces attaques de trolls sont de facto des auxiliaires de l’État-PCC et bénéficient de sa protection. Leurs thèmes centraux sont le nationalisme, mais aussi le conservatisme social. Le féminisme est donc un anathème. Ils accusent les féministes d’être « corrompues » par des valeurs étrangères. Tout à leurs yeux est un complot de l’Occident pour détruire la Chine. Les nationalistes soutiennent la dictature, une Chine forte (l’impérialisme) et la suprématie des Han. Ils incitent au racisme contre les minorités comme les musulmans. Certaines de ces couches évoluent vers le fascisme. En plus de cette armée en ligne « non officielle », l’État-PCC emploie directement deux millions de policiers Internet à plein temps et 20 millions d’employés à temps partiel.

    Plus de 20 comptes de féministes et de groupes de défense des droits des femmes ont depuis été fermés par Weibo avec l’explication que leur contenu est « nuisible », « illégal » ou pourrait « inciter aux antagonismes ». « Nous avons été collectivement réduites au silence par une répression à sur Internet qui a frappé comme un tsunami », a déclaré l’une de ces femmes à CNN. Il est clair que l’État-PCC se trouve derrière cette répression. La question est de savoir pourquoi.

    Liang Xiaomen, à gauche, Xiao Meili et Zheng Churan font partie des nombreuses féministes chinoises attaquées et réduites au silence par des trolls nationalistes sur les réseaux sociaux (CNN).

    Le mouvement 6B4T

    Dans un développement séparé mais lié, plus de dix groupes féministes ont été retirés de Douban, une autre plateforme en ligne. Douban est un site de critiques de livres et de films qui sert de forum de discussion pour différents groupes, principalement des jeunes. L’un des groupes de discussion féministes fermés dans le cadre de cette répression comptait 40.000 membres.

    Les groupes visés étaient principalement des adeptes de la culture radicale 6B4T, encore très marginale au sein de la vague croissante de féminisme chinois, qui prône le boycott ou la « grève » des relations avec les hommes, du mariage et de la procréation. Le mouvement 6B4T a vu le jour en Corée du Sud, société confucéenne comme la Chine, où le capitalisme est profondément patriarcal et où l’oppression des femmes prend des formes extrêmes.

    Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le message du mouvement 6B4T a attiré un grand nombre d’adeptes, principalement des jeunes femmes, en Chine, dans un régime capitaliste totalitaire aussi dur, où aucune forme de protestation collective, d’organisation ou de politique n’est autorisée et où de nombreuses couches de la société éprouvent un profond sentiment d’impuissance. Le PCC a ressuscité de nombreuses structures de contrôle patriarcales qui avaient partiellement disparu ou avaient été reléguées à l’arrière-plan pendant l’ère révolutionnaire des années 1950-70, avant le début de la restauration capitaliste.

    Le PCC d’aujourd’hui considère les droits des femmes comme un obstacle à son pouvoir et à sa mission de grande puissance. Cette dynamique est renforcée par l’intensification de la guerre froide avec l’impérialisme américain. Plutôt que de s’ouvrir et de devenir plus démocratique, et plus tolérant à l’égard des divers courants de protestation, le régime de Xi continue de devenir de plus en plus répressif.

    L’attitude du régime à l’égard du mouvement naissant des femmes et de la conscience féministe est contradictoire. C’est devenu une tendance majeure, comme en témoigne l’attention suscitée par le mouvement #MeToo en Chine, malgré les tentatives des autorités pour le limiter. Le dernier exemple en date est le licenciement, le 15 avril, d’un professeur de l’université de Wuhan qui avait harcelé sexuellement au moins 18 étudiantes. L’affaire a attiré l’attention de tout le pays sur les réseaux sociaux parce que les femmes se sont dressées contre leur agresseur et ont refusé que l’affaire soit étouffée.

    Le régime a peur de lancer directement une vaste campagne de répression, avec des arrestations et des persécutions massives de féministes, car cela le mettrait en conflit avec une partie importante de l’opinion publique, qui n’est pas satisfaite de la situation actuelle des femmes. Mais en même temps, le PCC craint le soutien croissant dont bénéficie le féminisme, comme il craint tous les processus sociaux qui échappent à son contrôle. Même lorsqu’un mouvement n’est pas une force organisée, comme ce n’était pas le cas à Hong Kong en 2019, une fois que les idées entrent dans la conscience de masse, elles deviennent une menace pour toute élite dirigeante, comme c’est le cas ici avec la dictature chinoise.

    Manifestations à l’université de Wuhan après la révélation des cas de harcèlement sexuel d’un professeur associé alors que les féministes sont intimidées pour être réduites au silence.

    La crise démographique

    Un autre facteur clé qui explique les attaques contre les féministes chinoises est la chute catastrophique du taux de natalité en Chine, qui est le plus bas depuis 1949 et a encore baissé de 15 % l’année dernière. Le nombre de naissances pourrait passer sous la barre des 10 millions par an au cours des cinq prochaines années, selon Dong Yuzheng, directeur de l’Académie du développement démographique du Guangdong. Ce chiffre est à comparer aux 25 millions de naissances enregistrées en 1987 (sept ans après l’imposition de la politique de l’enfant unique).

    La population chinoise entre dans une phase de déclin, ce qui devient encore plus gênant pour Xi Jinping dans le contexte de la rivalité historique entre les États-Unis et la Chine. La taille de la main-d’œuvre de « l’usine du monde » a diminué pendant huit années consécutives. Les causes du malaise démographique chinois sont complexes, en partie un héritage de la politique de l’enfant unique, qui a été abrogée en 2016 sans toutefois inverser le déclin des naissances. Cela est d’autant plus dû au coût punitif d’avoir un enfant en Chine, l’éducation, le logement et les soins de santé étant tous extrêmement chers.

    Ayant réadopté une vision confucéenne dépassée, le régime de Xi promeut le mariage hétérosexuel et « l’harmonie familiale » comme un moyen de contrôle important pour assurer la « stabilité » politique et sociale. En conséquence, les femmes – tout comme les minorités nationales non han et les Hongkongais avides de démocratie – doivent être contrôlées. Le PCC, lorsqu’il était une force révolutionnaire, était militairement anti-confucéen, une idéologie qui met l’accent sur l’obéissance à l’autorité des citoyens au gouvernement et des femmes aux hommes. La restauration d’un capitalisme brutal en Chine a sapé la position des femmes au travail et à l’école et a fait renaître des idées réactionnaires et des structures sociales même précapitalistes.

    Les jeunes Chinois mènent un style de vie sous haute pression et financièrement précaire, avec des niveaux d’endettement des ménages qui montent en flèche, notamment en raison du coût du logement. Cette situation dissuade de plus en plus de se marier et d’avoir des enfants. Selon les statistiques officielles, le nombre de personnes se mariant a chuté de 41 %, passant de 23,8 millions en 2013 à 13,9 millions en 2019. L’héritage de la politique de l’enfant unique et la pratique illégale mais répandue des avortements sélectifs selon le sexe ont fait que les hommes sont désormais 30 millions de plus que les femmes. Le trafic « d’épouses » importées en Chine depuis des pays plus pauvres comme le Myanmar, le Cambodge et même l’Ukraine se chiffre désormais en milliers de victimes chaque année. Ces dernières années, le régime envisage également des campagnes plus agressives pour convaincre les femmes d’avoir plus de bébés.

    Le gouvernement prévoit une réforme des retraites dans le cadre du dernier plan quinquennal (2021-25) qui conférera une « égalité » en augmentant l’âge de la retraite des femmes de cinq ans. L’année dernière, le pays a adopté une nouvelle loi sur le divorce, qui impose une période de « réflexion » obligatoire de 30 jours – une politique largement critiquée par les féministes et la gauche. Cette politique rend le divorce plus difficile car si l’une des parties décide de faire marche arrière pendant la période de 30 jours, le processus doit recommencer avec une nouvelle demande.

    Woment Unite !

    Au moment où nous écrivons ces lignes, le blocage des plateformes féministes se poursuit. La chasse aux sorcières nationaliste contre le féminisme ne se calme pas. Certains spéculent même que cette campagne peut avoir un autre motif : le régime de Xi veut détourner l’attention alors qu’il tente de désamorcer les tensions avec les États-Unis (une démarche peu populaire chez les nationalistes chinois).

    Les attaques contre les comptes féministes sur les réseaux sociaux ont attiré l’attention à grande échelle. Xianzi, une féministe très en vue qui a porté plainte pour agression sexuelle en 2018 contre une célébrité de la télévision, a déclaré sa solidarité avec les sœurs de Douban. Le hashtag “Women Unite” en protestation contre les fermetures de compte a germé sur Weibo et a été vu 50 millions de fois.

    La suppression des groupements féministes est également un avertissement que le régime de Xi s’apprête à élargir sa répression contre toutes les couches d’opposition potentielles. Cela peut conduire à de nouvelles attaques contre les luttes des travailleurs, les jeunes de gauche, les minorités ethniques, les journalistes d’investigation, etc. Pour Xi, le 20e Congrès du PCC de l’année prochaine et son couronnement pour un troisième mandat (il en espère d’autres, alors qu’un 3e mandat est un événement inédit) sont les priorités absolues et sa crainte de troubles sociaux et politiques est encore plus grande. L’association de la lutte des femmes, de la défense des droits des minorités ethniques et de la construction d’un mouvement ouvrier indépendant est la clé pour changer la situation. Non pas en tant que « questions individuelles », mais en tant que mouvement uni des opprimés contre le capitalisme, le patriarcat et le totalitarisme.

    La campagne « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » et Alternative Socialiste Internationale protestent contre les attaques contre les féministes en Chine. Nous exhortons nos sympathisants et nos lecteurs à agir. Partagez largement cet article et traduisez-le, notamment pour alerter le mouvement des femmes dans votre pays. Veuillez également montrer votre soutien par des photos et des vidéos en utilisant ces pancartes, que vous pouvez télécharger ici.

    • Solidarité avec les féministes en Chine !
    • Non à la persécution et à la répression des féministes sur Weibo et Douban. Nous exigeons la liberté d’expression !
    • Pour une lutte unifiée contre le capitalisme et la dictature !

  • Camp d’été 2021 : Contre l’oppression et le capitalisme

    Du 2 juillet au 8 juillet, les Étudiants de Gauche Actifs, la Campagne ROSA et le PSL/LSP (section belge d’Alternative Socialiste Internationale) organisent un camp d’été pour se détendre après le (semi)confinement et se rencontrer autour d’une bière, mais aussi et surtout, pour discuter politique et voir comment on peut changer radicalement la société !

    Pour combattre ce système, il faut impérativement comprendre comment il fonctionne ! C’est l’occasion d’en apprendre plus sur plein de sujets et de poser toutes ses questions sur l’approche du marxisme, tout en profitant du soleil.

    Le camp aura lieu du vendredi 2 juillet au soir jusqu’au jeudi 8 juillet midi et il se déroulera dans le camp De Viggel à Bree, dans le Limbourg. Il est ouvert à toutes et tous : étudiant.e.s (secondaire et supérieur), travailleuses/travailleurs, pensionné.e.s,… Il est possible de venir un ou plusieurs jours – nous prévoyons d’ailleurs un week-end spécialement orienté vers les travailleuses/travailleurs – mais bien sûr chacun.e est invité.e à rester durant l’entièreté du camp. Vous pouvez passer la nuit sous tente ou dans l’un des dortoirs, au choix. Durant le week-end, un babysitting et des animations pour enfants sont prévus.

  • Manifestations en Turquie : « La Convention d’Istanbul est nôtre »

    Dix ans après l’avoir signée, la Turquie s’est retirée de la « Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. »

    Par Ecehan Balta, Sosyalist Alternatif ISA en Turquie

    Cela a été fait par décret présidentiel, publié au Journal officiel, et appliqué après minuit le 20 mars. La Turquie était le premier pays à adhérer à cette convention qui vise à prévenir les violences sexistes et à punir leurs auteurs.

    En 2020, il y a eu 330 officiellement féminicides en Turquie. Selon des sources officielles, 40 % des femmes vivant en Turquie ont subi des violences physiques ou sexuelles au moins une fois dans leur vie. Il ne fait aucun doute que le chiffre réel est bien plus élevé que cela. L’effet du retrait de la Convention est pire que de ne pas l’avoir signé en premier lieu. Cela indique que l’État autorise la violence contre les femmes.

    Le retrait de la Turquie d’un accord international par décret présidentiel va même à l’encontre de la Constitution turque rédigée par le parti au pouvoir, le “Parti de la justice et du développement” (AKP), et le président Erdogan. Selon l’article 90 de cette Constitution, les conventions internationales ne peuvent être acceptées ou rejetées que par l’adoption d’une loi à l’Assemblée.

    Alors que le retrait de la Convention a été largement débattu depuis le 20 mars, le mouvement des femmes a également réagi en entrant en action dans toute la Turquie. Les femmes sont descendues dans la rue dans au moins dix provinces. « La Convention d’Istanbul est nôtre », « Retirez votre décision, appliquez la Convention » figurent parmi les slogans les plus populaires. Des manifestations et des actions de protestations ont lieu presque tous les jours dans les grandes villes.

    Il semble certain que la décision de se retirer de la Convention a été prise pour apaiser les milieux islamistes d’extrême droite en Turquie proches de l’AKP. Ce retrait visait également à apaiser le courant islamiste d’extrême droite au sein même de l’AKP. Depuis le 20 mars, ils célèbrent leur “victoire”. Cela reflète davantage la faiblesse que la force du régime d’Erdogan, qui perd son soutien en raison de la crise économique actuelle, de la crise sanitaire et de la corruption croissante. Il a donc besoin de garder ses alliés réactionnaires à bord, tout en essayant de diviser toute opposition.

    Il ne fait aucun doute qu’une convention internationale ne peut mettre fin à la violence contre les femmes. Bien que la convention d’Istanbul constitue un pas en avant par rapport à la situation qui prévalait avant sa signature, elle est loin d’être suffisante. Seule la destruction du capitalisme patriarcal mettra fin à la violence contre les femmes. C’est l’ordre capitaliste – qui considère les êtres humains en général et les femmes en particulier comme une marchandise, comme un bien qu’il faut surveiller – qui produit la violence contre les femmes. Étant donné que ces conventions sont adoptées par des institutions et ratifiées par des États qui reposent précisément sur ce système capitaliste, elles ne peuvent – au mieux – que fournir une protection partielle aux femmes et pousser les États à mettre en œuvre certaines mesures, même à contrecœur.

    La Convention d’Istanbul n’a de toute façon pas été suffisamment appliquée. Depuis quelques années, le mouvement des femmes réclame dans la rue l’application de la convention. Aujourd’hui, le slogan s’est transformé en « annuler cette décision, appliquer la convention d’Istanbul ». Ce retrait est le symbole d’une série d’attaques contre les grandes réalisations du mouvement pour l’émancipation des femmes. Mais au bout du compte, Erdogan devra se rendre compte que cela pourrait se retourner contre lui en renforçant encore la colère et la résistance des femmes en Turquie.

    Le mouvement pour l’émancipation des femmes a la capacité de répondre en masse aux attaques du parti conservateur néolibéral AKP aujourd’hui. Le rassemblement de divers groupes et organisations féministes, de gauche et de la classe ouvrière dans cette lutte est une étape importante pour renforcer cette capacité.

    En tant que féministes socialistes, nous estimons que nous sommes sur un terrain très favorable pour exprimer nos revendications contre la violence envers les femmes. Le mouvement en général a mis en avant plusieurs revendications importantes qui trouvent un écho dans les manifestations, notamment :
    – la réalisation de l’égalité des genres, l’État prenant toutes les mesures nécessaires dans l’éducation et sur le lieu de travail pour assurer une représentation égale des femmes ;
    – la fin des discriminations à l’encontre de toute personne, quelle qu’en soit la raison, y compris l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ;
    – la mise en place d’une “ligne d’assistance téléphonique contre la violence” distincte, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, destinée aux femmes et proposant des services dans différentes langues, ainsi que l’ouverture d’un nombre suffisant de centres de conseil et de refuges pour aider les femmes victimes de violences ;
    – la fin de l’impunité pour les cas de violence contre les femmes ;
    – la collecte et la publication régulière de données indépendantes sur la violence à l’égard des femmes et des enfants ;
    – l’accès des femmes, en toute sécurité et sans risque, aux services de santé génésique de base tels que l’avortement ;
    – le droit à une pension alimentaire, pour la simplification des procédures de divorce et la médiation obligatoire, contre l’amnistie pour les mariages d’enfants -la fin de toute discussion sur les droits acquis des femmes et des enfants ;
    – la mise en place de dispositions claires pour toutes les femmes et tous les enfants réfugiés, demandeurs d’asile et immigrés afin qu’ils aient les mêmes droits à la protection contre la violence.

    En tant que socialistes, nous soutenons ces revendications et entendons aller au-delà. Pour prévenir la violence sexiste et la discrimination sur le lieu de travail et mettre en œuvre des politiques efficaces pour garantir l’égalité, il convient de supprimer tous les obstacles au droit d’organisation, de garantir l’égalité des genres dans tous les domaines par les syndicats et les organisations sur le lieu de travail ainsi que de garantir la mise en œuvre des droits des travailleuses.

    Les droits des femmes et la lutte contre la violence à l’égard des femmes devraient être des questions centrales pour le mouvement ouvrier, notamment au travers de la lutte pour assurer un salaire décent pour toutes les travailleuses et un accès plus facile aux emplois pour les femmes avec la mise en place de garderies publiques gratuites et d’autres mesures visant à aider les femmes à sortir du foyer et à entrer dans la vie active.

    Cela doit comprendre des logements abordables et, si nécessaire, gratuits pour les femmes qui doivent fuir des partenaires violents – ces logements pourraient rapidement être fournis dans les hôtels vides.

    Nous n’avons aucune confiance dans l’État turc et ses institutions, ni dans l’UE ou l’ONU pour mettre en œuvre de telles politiques. Elles doivent être arrachées par la lutte, mises en œuvre et contrôlées par les représentants des travailleurs et du mouvement des femmes.

    En tant que mouvement pour une alternative socialiste, nous nous impliquons dans les discussions sur le programme et les perspectives du mouvement et nous souhaitons y ajouter nos idées féministes socialistes. Nous continuerons à contribuer à la fois à la construction du rassemblement des organisations féministes, de gauche et de la classe ouvrière et à la lutte dans la rue. Ce mouvement ne pourra être que plus fort s’il est combiné aux autres mouvements d’opposition contre le régime de l’AKP qui attaque les droits de toutes les minorités, des opprimés et de la classe ouvrière dans son ensemble.

  • [Grève nationale du 29 mars] La lutte contre les bas salaires est aussi une lutte féministe

    La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) appelle à faire de la grève nationale du 29 mars le plus grand succès possible. La Campagne ROSA organisera des visites de solidarité aux piquets de grève, participez-y ! Contactez-nous ! (contact@campagnerosa.be / 0474 35 30 36 Emily Burns)

    Une marge maximale d’augmentation salariale de 0,4%, c’est tout simplement scandaleux. Cela ne représente que 6€ bruts par mois pour les bas salaires, attribués à 70% de femmes, 9€ bruts par mois pour le personnel des métiers dits « essentiels » qui comptent là aussi une écrasante majorité de femmes : distribution (supermarché), soins santé, aide aux personnes, enseignement,… Essentiels mais précaires, voilà en gros ce qui nous est proposé. A contrario, le patron de Delhaize, lui, a vu son salaire augmenter de 34%. Ce n’est pas la crise pour tout le monde !

    Il existe toujours un écart salarial entre femmes et hommes. Les femmes gagnent 23,1% de moins que les hommes. Il aura fallu attendre jusqu’au 25 mars pour que les femmes gagnent l’équivalent obtenu par les hommes gagnent durant l’année précédente. Et pour celles ayant travaillé à temps partiel (faute d’emplois à temps plein ou en raison de l’absence de services publics permettant de concilier travail et vie de famille), l’écart entre femmes et hommes explose pour atteindre environ 30% à la pension. Le problème n’est évidemment pas que les hommes bénéficient de trop bons emplois. Le problème, c’est que les femmes ne gagnent pas assez pour être financièrement indépendantes. Elles sont deux fois plus nombreuses à se retrouver dans une situation de dépendance financière.

    Les femmes sont surreprésentées dans les emplois précaires. Si le chômage temporaire offre en Belgique un certain effet d’amortissement, il suffit d’observer d’autres pays pour se rendre compte que les femmes constituent encore et toujours une main-d’œuvre de réserve. En décembre, pratiquement 100% des pertes d’emplois aux USA et 98% en Italie concernaient des femmes. Dans le monde, avec cette crise, le revenu des femmes chute deux fois plus que celui des hommes. Tout cela contribue largement à aggraver le manque de considération dont pâtissent les femmes dans la société, ce qui alimente le sexisme.

    Il nous fait des campagnes de syndicalisation

    Le salaire minimum de 14€/h arrive à l’Université de Gand. C’est le fruit du travail de longue haleine porté par la délégation syndicale CGSP, qui a cherché l’implication du personnel et des étudiantes et étudiants avec une pétition, puis une manifestation et enfin une grève soigneusement préparée en mars 2020. La Campagne ROSA s’est pleinement engagée dans ce combat.

    Les femmes ont un rôle crucial à jouer dans la lutte. Elles doivent activement y prendre part, dénoncer l’hypocrisie du gouvernement et construire un mouvement combatif capable d’arracher la concrétisation de nos revendications. Pour cela, nous avons besoin d’être organisées ! Actuellement, en Belgique, ce sont les mouvements syndicaux qui réunissent le plus de femmes dans la lutte. Ne sous-estimons pas le potentiel du syndicat à lutter contre l’oppression spécifique des femmes. C’est pourquoi la Campagne ROSA encourage les campagnes de syndicalisation de femmes ainsi que le renforcement des commissions femmes dans les syndicats comme outil d’implication plus large des femmes dans les luttes et de discussion sur leurs problématiques spécifiques. Cela essentiel pour construire un puissant mouvement de lutte, tout particulièrement dans les secteurs précaires où elles sont majoritaires.

  • “Framing Britney Spears” : l’impact dévastateur du sexisme

    Le documentaire du New York Times “Framing Britney Spears” explore la carrière de la célèbre chanteuse tout en soulignant l’impact dévastateur du sexisme et des médias commerciaux sur le bien-être d’une adolescente pleine de vie poussée à bout.

    Par Aislinn O’Keeffe (Socialist Party, ASI-Irlande)

    La jeune star a été sexualisée et considérée comme un simple objet dès son plus jeune âge. Sa maison de disques et les médias l’ont peu à peu coincée dans un cul-de-sac impossible : Britney devait être sexy, mais pas sexuelle. Tout était sexualisé autour de son image mais, en même temps, sa virginité faisait l’objet d’une véritable obsession.

    Cette situation est révélatrice d’un problème social bien plus large, celui de l’objectivation des femmes sous le capitalisme, le processus déshumanisant de réduction d’être humains au rang de simples objets. Dans la société capitaliste actuelle, le processus d’objectivation des femmes est renforcé par l’importance accordée à leur apparence au travers de la publicité, de la télévision, des magazines, de la musique, du cinéma,…

    Transformer en objet et le vendre

    D’immenses industries se sont développées et reposent sur l’exploitation des femmes par le biais de l’objectivation. On estime que l’industrie cosmétique mondiale représentera 438,38 milliards de dollars en 2026. L’industrie pornographique représente 97 milliards de dollars par an. Une foule d’autres industries bénéficient de cette objectivation, notamment la mode, la télévision, le cinéma, la vente au détail, les médias de masse et les médias sociaux.

    Si l’objectivation dévalorise les femmes en tant que personnes, elle dévalorise également les activités qu’elles pratiquent. C’est particulièrement vrai pour les activités spécifiquement associées aux femmes, telles que les tâches ménagères et les soins. Une grande partie de ce travail est effectué gratuitement au foyer tandis qu’elle ne rapporte qu’un salaire inférieur sur le lieu de travail. Au grand plaisir des patrons.

    Déshumanisation et violence

    Dépeindre les femmes comme des objets implique qu’elles peuvent être utilisées et jetées à volonté. C’est d’ailleurs très évident dans la manière dont Britney Spears a été traitée dans les médias : il a toujours été question de son apparence et de sa sexualité supposée, au détriment de son talent et de sa personnalité.

    L’une des conséquences de cette déshumanisation est l’augmentation de la violence. Une grande partie des féminicides est causée par une connaissance des victimes. Un tiers des femmes subira un jour ou l’autre des violences physiques ou sexuelles, du harcèlement sur le lieu de travail aux attouchements non désirés en passant par les agressions verbales et les autres formes de sexisme, jusqu’au meurtre.
    Une vie faite de telles expériences représente une intense violence. Les normes de beauté irréalistes, les agressions, le harcèlement et la manipulation psychologique de la société sont dévastateurs pour la santé mentale.

    Nous refusons tout cela !

    Le débat actuel sur la façon dont Britney Spears a été traitée contient également des éléments positifs. Il est remarquable de constater qu’un changement de mentalité majeur s’est opéré depuis la fin des années 1990. Ceux qui ont grandi avec Brittney regardent avec horreur l’hyper-sexualisation de la star et son traitement par les médias de l’époque. Ce qui était alors “normal” ne l’est heureusement plus pour de nombreuses personnes. C’est en partie le résultat des mobilisations de masse en faveur de l’émancipation des femmes.

    Malheureusement, cela ne signifie pas que la bataille est terminée. Le capitalisme comporte l’oppression des femmes et les discriminations dans son ADN. Pour obtenir un changement fondamental, nous devons nous organiser et utiliser toute la force du mouvement ouvrier pour renverser le capitalisme.

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