Author: sander

  • Les troupes hors du Golfe

    "Bring the troops back home"

    Aux États-Unis ce sont les slogans du nouveau mouvement contre l’occupation de l’Irak. On y perçoit de plus en plus clairement la nature d’une guerre qui est officiellement finie depuis 9 mois déjà. Depuis lors, la privatisation de l’exploitation pétrolière va bon train. La reconstruction du pays n’était visiblement pas une priorité.

    Bart Vandersteene

    D’après Knack, «les chiffres moroses des premiers mois sont devenus encore plus moroses. 80% de la population vit dans la pauvreté, 60% dépend – tout comme à l’époque de Saddam Hussein – des colis alimentaires et de l’aide de l’Etat. Le chômage pourrait atteindre les 75%.»

    La résistance à l’occupation ne se limite pas à de petits groupes fidèles à Saddam. Chaque semaine entraîne son lot de manifestations de retraités ou de chômeurs qui réclament la pension ou le travail qu’on leur a promis.

    Les Etats-Unis veulent faire de l’Irak l’une des économies les plus ouvertes pour le commerce et l’injection de capital. Les impôts des personnes physiques et des sociétés seront ramenés à 15%, les tarifs à l’importation à 5% maximum et toutes les restrictions aux investissements étrangers seront levées. Le capital régnera sans partage en Irak.

    Un éventuel contrôle de l’ONU ne ferait que multiplier le nombre de pillards. Seule la population locale – organisée sous forme de syndicats ou d’autres organisations de masse – peut constituer une force alternative. Une force qui – avec le soutien d’organisations analogues au niveau international – utilisera les richesses irakiennes pour satisfaire les besoins essentiels du plus grand nombre plutôt que les profits d’une minorité.

    Aux Etats-Unis, de plus en plus de gens réalisent maintenant combien cette guerre va leur coûter. Et tout ça pour quoi? Pas la moindre trace d’armes de destruction massive; une menace terroriste toujours bien présente.

    L’angoisse et la colère montent au sein de l’armée américaine et des familles des soldats. Tim Predmore, de service en Irak, écrit: «Je croyais servir une bonne cause: défendre la constitution des Etats-Unis. Je n’y crois plus aujourd’hui. J’ai perdu toute motivation. Je ne veux plus servir ce que je pense être des demi-vérités et des mensonges grossiers».

    Un mouvement de la jeunesse et des travailleurs américains pourrait mettre fin à cette occupation à l’instar du Vietnam. Le MAS va bientôt s’atteler à la construction d’un mouvement contre l’occupation en Belgique. Avec nos organisations soeurs dans le monde, nous allons mobiliser la population contre la guerre et l’exploitation. Nous allons également participer à la journée d’action internationale contre l’occupation de l’Irak prévue pour le samedi 20 mars, avec notamment une manifestation à Bruxelles.

  • Racisme: Tout ce qui nous divise, nous affaiblit

    MALCOLM X affirmait: "Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme". Il voulait ainsi dire que le capitalisme utilise le racisme pour maintenir sa domination. Le racisme n’a pas été inventé par le Vlaams Blok; il existe depuis la naissance du colonialisme et du capitalisme. Pour le capitalisme, seuls comptent les profits accumulés par une infime minorité. La bourgeoisie se sert de tous les moyens d’oppression pour affermir sa position et de continuer à exploiter les travailleurs. Le racisme est un de ces outils d’oppression.

    Nikei De Pooter

    Avant la Seconde Guerre Mondiale les manuels scolaires expliquaient que les noirs d’Afrique étaient moins intelligents que les Européens. Les classes dominantes avaient alors besoin de thèses pour justifier leur domination militaire directe du continent africain. Les premiers camps de concentration n’ont pas été construits par Hitler en Allemagne, mais en Afrique du Sud par l’Angleterre coloniale.

    Aujourd’hui le discours de la bourgeoisie a changé. Ses parlementaires n’ont plus recours au langage ouvertement raciste, mais ils utiliseront le racisme de façon plus subtile pour diviser tous ceux qui tentent de résister à la politique antisociale.

    Le capitalisme est un système fondé sur l’exploitation. Tant sur l’exploitation des travailleurs d’Europe et d’Amérique du Nord que sur celle des travailleurs du monde néo-colonial. Dans les pays néo-coloniaux nombreux sont ceux qui fuient la misère, les dictatures et les guerres. En Europe occidentale, la peur envers les candidats réfugiés s’amplifie d’autant plus que les travailleurs ayant perdu leur emploi et les allocataires sociaux ont de plus en plus de peine à joindre les deux bouts. C’est en partie dû au chômage, mais aussi aux lois restreignant le droit d’asile qui contraignent les candidats réfugiés à vivre sans papiers et à devoir accepter, par exemple, de payer un loyer exorbitant pour une chambre insalubre.

    Etre sans papiers c’est aussi devoir accepter, pour survivre, un travail clandestin sous-payé, sans avoir la moindre possibilité de faire valoir ses droits face au patron. Une telle situa-tionexerce une pression sur l’ensemble des salaires. Les couches les plus vulnérables de la population belge, les moins qualifiés, les exclus considè-rent les réfugiés comme des concurrents. Les slogans démagogiques sur «Les Immigrés qui prennent le pain des Belges» incitent les victimes de la crise à se battre contre ceux et celles qui sont encore plus bas et vivent dans des conditions pires.

    Les entreprises qui licencient massivement ici font aussi des profits exorbitants Afrique ou en Asie. C’est pourquoi nous avançons la revendication: Il faut s’en prendre aux multinationales et non à leurs victimes !

    Le racisme est un des piliers de la tactique «diviser pour régner». La bourgeoisie fera de même pour opposer les travailleurs ayant un emploi à ceux qui ont perdu le leur ("Les chômeurs sont des profiteurs"). Pour opposer les employés aux ouvriers, les hétérosexuels aux homosexuels, les hommes aux femmes, les Wallons aux Flamands, etc.

    La bourgeoisie utilise un parti comme le Vlaams Blok pour répandredes préjugés racistes. La seule réponse possible à cette stratégie de division et de haine est de lutter tous ensemble pour améliorer les conditions de vie et de travail de chacun.

    On convaincra peu de monde avec des arguments moralisateurs. On ne convaincra la masse des travailleurs de la nuisance des préjugés racistes qu’à partir d’une lutte concrète avec des intérêts communs à tous travailleurs, quelle que soit leur origine. L’opposition fondamentale de notre société n’est pas celle entre Flamands, Wallons, Belges ou Immigrés, mais bien celle entre le monde du travail et le monde patronal.

    Le Vlaams Blok et d’autres organisations néo-fascistes en Europe se basent sur la résis-tance passive de la part de la population. Dans chaque lutte qui se développe, à chaque piquet de grève, la nécessité de l’unité des travailleurs devient concrète. Une fois que la résistance se transforme en action, l’impact des idées d’extrême-droite recule.

    On a constaté cela en France après une lutte de masse contre le plan Juppé en 1995: le Front national a perdu du terrain et a fini par éclater en deux (Le Pen d’un côté, Megret de l’autre). Le gouvernement de la Gauche plurielle (PS + PC + Verts) porté au pouvoir, après la déroute électorale de la droite, a cependant mené une politique de droite, privatisant trois fois plus que le gouvernement Juppé. Cette politique antisociale du gouvernement de Gauche plurielle a de nouveau renforcé l’extrême-droite. Tout cela a permis au FN de regrouper ses forces et de faire un score électoral supérieur à celui de Jospin aux élections présidentielles de 2002.

    On voit donc que pour combattre l’extrême-droite et le racisme, il ne suffit pas seu-lement de lutter contre la politique antisociale. Il faut aussi construire une alternative politique de gauche crédible qui soit capable de faire barrage à la politique néo-libérale et au capitalisme. Si la classe ouvrière ne réussit pas à prendre en mains la direction d’un tel mouvement, et si elle ne pose pas d’alternative conséquente de gauche, toutes sortes de réflexes nationalistes et racistes écloront inévitablement.

    Dernier exemple: en Irak où les divisions selon les ethnies et les religions font rage. Les Kurdes contre les Turkmènes, les Chiites contre les Sunnites et ainsi de suite. Cette division conduira à une régression future du pays et une détérioration des conditions de vie de la majorité de la population irakienne. Si aucune alternative socialiste ne se présente, une alternative capable de combattre la pauvreté et l’exploitation, les divisions feront des ravages dans la population qui se bousculera pour ramasser les miettes laissées par la bourgeoisie.

    Plus que jamais il faut construire un parti mondial, socialiste et combatif!

  • Prendre le mal à la racine

    Qui est Johan Weyts?

    Johan Weyts, la nouvelle recrue du Vlaams Blok, avait déjà fait parler de lui avant la controverse autour de son adhésion au comité des carriéristes ratés mis sur pied par Dewinter. En effet, il s’était déjà fait remarquer auparavant par ses opinions très à droite. Ainsi, il a sorti tout un plaidoyer en faveur de la suppression des Conventions collectives de travail et donc de la concertation sociale sur les conditions de travail.

    L’année passée, dans les colonnes du «Brugsch Handelsblad», il se plaignait qu’on ne tînt pas compte des électeurs du Vlaams Blok tout en niant qu’il pût y avoir des parallèles entre le Vlaams Blok et le fascisme…

    La motivation principale de son passage au Vlaams Blok est sans doute l’absence de place éligible pour lui sur les listes du CD&V pour les prochaines élections.

    Comment va-t-on réagir au sein du Vlaams Blok ?

    Tout le monde au Vlaams Blok n’approuve pas l’orientation actuelle de la direction du parti. Le vice-président Roeland Raes s’est ainsi fait remarquer par sa critique acerbe des positions atlantistes d’Alexandra Colen et, à travers elle, de Filip Dewinter, qui a affirmé maintes fois que son parti était favorable aux Etats-Unis. Raes juge ces propos tels qu’ils ont été rapportés dans ce qu’il appelle des «périodiques de "notre" courant» (il s’agissait d’une publication de la section bruxelloise du Vlaams Blok) «étonnants, si pas pire encore». L’actuelle opération de débauchage des mécontents d’autres partis et l’opportunisme qui va de pair suscitera de plus en plus de mécontentement auprès d’une partie de la vieille garde idéologique du parti.

    Les dernières semaines ont porté un coup décisif au cordon sanitaire. D’abord le vote sur les nouvelles circonscriptions électorales provinciales au parlement flamand a été acquis avec les voix du Vlaams Blok et, si l’on en croit le CD&V, cela s’est fait après des accords conclus entre le SP.a, le VLD et le VB. Peu de temps après, le Blok mettait sur pied un comité contre le droit de vote des immigrés qui a reçu le soutien d’un parlementaire CD&V et d’un parlementaire VLD.

    Geert Cool

    Depuis le fameux Dimanche Noir du 24 novembre 1991, où le Vlaams Blok a réalisé sa première percée électorale au plan national, les partis tradi-tionnels s’étaient mis d’accord pour ne conclure aucune alliance ou aucun accord poli-tique avec le Vlaams Blok. Cette tactique a été baptisée "cordon sanitaire".

    Le MAS-LSP n’a jamais nourri d’illusions dans le cordon sanitaire ni sur les procès judiciaires pour empêcher la croissance électorale du Vlaams Blok. De telles tactiques visent les conséquences et non les causes du succès dont jouit ce parti auprès d’une frange croissante de l’électorat. Le cordon ne tient pas compte des frustrations à la base de ces succès électoraux. C’est pourquoi nous avons toujours affirmé que le cordon sanitaire n’était pas un instrument utile au combat contre le Vlaams Blok. En re-vanche, nous avons annoncé que nous protesterions si ce cordon était rompu, car nous croyons en effet qu’une participation au pouvoir du Vlaams Blok comporte des risques considérables.

    Jusqu’ici le cordon s’était maintenu bon an mal an. C’est-à-dire jusqu’au vote sur les circonscriptions électorales provinciales. Le gouvernement Verhofstadt était confronté au fait que les Verts et le CD&V avaient refusé de voter pour. Pour obtenir les deux tiers des voix requises, le soutien du Blok était nécessaire et le gouvernement a fini par l’obtenir. Que tout cela ne posât pas de problème au gouvernement n’a pas de quoi étonner. Auparavant, plusieurs libéraux fla-mands (comme Jeannine Leduc ou Danny Smagghe) s’étaient fait remarquer par leurs propos racistes ou par leurs propositions à forts relents racistes comme celle sur l’interdiction du foulard à l’école.

    On perçoit mieux à présent le prix que le gouvernement va devoir payer: il est désormais clair aux yeux de tous que la bonne vieille stratégie électorale et la répartition des postes priment sur tous les principes. En outre, cela crée un précédent pour des collaborations ultérieures. Le Vlaams Blok a tout de suite annoncé la mise sur pied d’un Comité contre le droit de vote des immigrés avec Ward Beysen, mais également avec un parlementaire CD&V, Johan Weyts, qui a pour cela été exclu de son parti.

    Le remueménage au sein et autour du comité du Vlaams Blok est frappant. Il s’agit d’appâter avec toutes sortes de promesses des carriéristes de tout poil qui n’ont pas obtenu une place satisfaisante sur les listes pour les prochaines élections régionales. Tout cela démontre que le Vlaams Blok n’a d’yeux lui aussi que pour la lutte des places. Il peut se le permettre car son électorat est particulièrement passif et ne participe pas activement à la vie du parti.

    Nous protestons contre la rupture du cordon sanitaire. Nous protestons également contre l’introduction d’un seuil électoral qui empêchera les petits partis d’être représentés. Il ne faut pas y voir autre chose que des moyens pour empêcher la création d’une véritable opposition. Néanmoins la façon dont le Vlaams Blok s’est conduit dans la discussion sur la réforme électorale montre une fois de plus qu’il faut construire une opposition consistante qui se base sur les travailleurs et les jeunes au lieu d’entrer dans les jeux politiciens du gouvernement violet. Seule une telle opposition, enracinée dans les mouvements de lutte contre la politique antisociale, pourra stopper la montée du Vlaams Blok.

  • UE: Le modèle néo-libéral imposé aux travailleurs et à la jeunesse

    Union européenne:

    LE 13 JUIN on votera aussi pour le Parlement européen. L’Union européenne est devenue ces dernières années synonyme de plan d’austérité et de privatisation. Combien de politiciens sociaux-démocrates ou verts se disent incapables d’empêcher les mesures asociales «à cause de l’Europe». Comme si c’était un ordre de venu du ciel. Et comme si leurs propres responsabilités devaient être mise de côté.

    Pour entrer dans la zone de l’euro, le gouvernement belge a imposé aux travailleurs, dans les années 90, une austérité de cheval. Le traité de Maastricht imposait de limiter le déficit public (la différence entre les recettes et les dépenses de l’état) à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB). De plus la dette publique devait être ramenée à 60% du PIB et les normes fixées en commun pour l’inflation (augmentation des prix) sont gérées par la Banque centrale européenne.

    L’Europe est un projet fait par et pour les capitalistes. Pensez par exemple au rôle de la Table ronde des Industriels européens, le plus important groupement de multinationales européennes. Ce club de capitalistes qui se partagent les profits déclare presque ouvertement que les mesures asociales doivent devenir la règle en Europe. De cette manière ils veulent devenir plus fort contre les deux autres blocs capitalistes importants: les États-Unis et l’Asie regroupée derrière le Japon.

    La phase de reprise économique de l’après-guerre et la menace du bloc de l’Est stalinien, a été le ciment qui a permis – même sur une base capitaliste – une certaine collaboration et une intégration européennes. Dès que le gâteau est devenu trop petit à partager, les intérêts nationaux ont refait surface. Même avec une régression générale depuis les années 70 en arrière-plan, la période temporaire de croissance des années 90 a permis le lancement d’une monnaie commune sous la forme de l’euro.

    L’Union monétaire européenne (UME) était dans une large mesure, contrainte sous la pression «d’en haut», d’accélérer la liquidation des droits sociaux des travailleurs. Nous retrouvons au travers de cela l’importance de l’unité des capitalistes européens.

    Aujourd’hui les chefs des états qui ont imposé le respect des critères de Maastricht sont beaucoup plus souples lorsqu’il s’agit de continuer à les faire respecter par leur propre pays. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, va traîner la France et l’Allemagne devant la Cour de Luxembourg car ces pays ne respectent plus scrupuleusement la norme du pacte de stabilité des 3%.

    Les tensions entre états européens se sont aussi fait jour sur la question de la guerre en Irak. Plus récemment la procédure sur la répartition des postes de commissaires à la Commission, consécutive à l’élargissement de l’Union à dix autres pays, a mené à un conflit ouvert avec l’Espagne et la Pologne qui ne veulent pas que l’on touche à leurs intérêts nationaux.

    Ce n’est pas la bonne âme des capitalistes qui a préservé l’Europe de la guerre pendant ces 50 dernières années, mais l’importance de la classe ouvrière qui ne va pas renoncer à ses acquis sans bataille. A terme, les divergences entre les différentes bourgeoisies fera capoter l’Union européenne. Seule une Fédération socialiste des pays européens, et du reste du monde, peut véritablement créer l’unité.

  • Dis-moi qui te paie et je te dirai qui tu es!

    Si on connaît les sources de financement d’un parti, on connaît son programme. Tous les partis traditionnels dépendent des grosses donations et du financement public qui a succédé aux pratiques de financement occultes après les nombreux scandales de corruption.

    Bart Vandersteene

    Nous avons opté pour un «développement durable» de notre parti. Nous collectons de nombreuses petites contributions via les dons des sympathisants et les cotisations mensuelles des membres. De cette façon, nous créons les conditions de notre indépendance financière. Pour paraphraser un vieux dicton, on pourrait dire «Dis-moi qui te paie et je te dirai qui tu es».

    Leur défaite électorale coûtera aux écologistes plusieurs millions d’euros par an. Agalev et Ecolo ont dû licencier respectivement 100% et 80% du personnel du parti.

    Les partis qui n’obtiennent aucun parlementaire ne reçoivent rien. L’introduction d’un seuil électoral de 5% va rendre encore plus difficile l’obtention de ce premier élu.

    Il faut cependant relativiser l’importance de tout cela vu le faible poids des élus au parlement. Si on se penche sur les changements fondamentaux qui ont été imposés dans le passé, on voit que ça a toujours été sur base d’un rapport de force dans la société.

    Soutenez le travail du MAS

    Nous sommes un parti qui veut et va faire ses preuves au jour le jour. Nous ne disparaissons pas entre deux élections. Nous lançons des campagnes dans les quartiers, les entreprises, les écoles, c-à-d que nous menons des actions, nous informons et mobilisons la population, nous construisons un vrai rapport de force.

    Nous avons besoin de votre soutien pour pouvoir faire tout cela. Nous avons prévu un budget de 8000 euros pour la campagne électorale. Ce sont des cacahuètes en comparaison avec les millions que les partis traditionnels vont dépenser. Mais aucune contribution ne sera de trop pour récolter ces 8.000 euros.

    Mais avant de pouvoir participer aux élections, avant de coller la première affiche, nous devons d’abord récolter 5.000 signatures de parrainage du côté flamand comme du côté francophone. Depuis fin janvier, nos sections ont reçu le matériel nécessaire pour entamer la campagne de récolte de signatures. Nous avons aussi besoin de votre aide pour cette campagne.

    Invitez le MAS chez vous

    Peut-être avez vous des voisins, des collègues, des amis qui sont intéressés par nos idées et qui seraient prêts à sacrifier une soirée pour en savoir plus. Invitez ces gens chez vous, demandez à quelqu’un de la section locale du MAS de passer avec le matériel électoral pour faire une petite présentation. De cette façon, davantage de personnes intéressées pourront faire connaissance avec nos idées, nos méthodes et nos campagnes.

  • Pourquoi le MAS-LSP se présente aux élections du 13 juin

    Pourquoi le MAS-LSP se présente aux élections du 13 juin

    LES LICENCIEMENTS chez Ford Genk, Sobelair, Cockerill,… et dans une série d’entreprises de moindre importance: tous ces chiffres signifient autant de drames sociaux. Les familles qui ne peuvent plus rembourser leurs crédits hypothécaires, les factures qui s’accumulent, les projets de vacances qui tombent à l’eau,…

    Peter Delsing

    L’incertitude d’un système en crise pèse de plus en plus lourd sur une frange croissante de la population laborieuse. Les jeunes réalisent qu’on les jette dans une épouvantable société de compétition qui n’aura rien de commun avec «l’âge d’or» des années 50 et 60 qu’ont connues leurs aînés.

    Comment les travailleurs et les jeunes peuvent-ils résister à un capitalisme caractérisé par un chômage de masse, aux attaques contre les acquis sociaux et aux guerres comme celle de Bush en Irak? Les partis ne sont-ils pas corrompus par définition? Quel sens cela a-t-il de voter si les grands partis mènent tous la même politique de démolition sociale?

    Un vrai parti, pas une machine électorale

    Le MAS-LSP n’est pas un parti comme les autres. Nos membres n’ont rien de commun avec ces carriéristes qui monnayent leur loyauté contre un poste grassement rémunéré. Nos membres luttent sur leur lieu de travail, dans leur école, leur université ou leur quartier aux côtés des autres travailleurs et des autres jeunes. Nous ne voulons pas d’avantages pour nous-mêmes, mais lutter pour les intérêts de toute la classe des travailleurs. Les chômeurs exclus par la crise capitaliste en font pleinement partie.

    A Gand, nous avons organisé la campagne «Stop à la démolition» contre l’expropriation de dizaines d’habitants du quartier Brugse Poort au nom d’un projet environnemental de prestige. A Bruxelles, les Etudiants de Gauche Actifs se sont fort impliqués dans les actions de solidarité avec les réfugiés iraniens à l’ULB. Ils y ont mis en avant un programme qui faisait le lien avec les attaques contre les emplois et la sécurité sociale des travailleurs belges. Le capitalisme mène à des catastrophes sociales au niveau mondial, nous devons également le combattre au niveau mondial. C’est pourquoi le MAS-LSP fait partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO), une organisation socialiste internationale avec des sections dans plus de 30 pays.

    Lors des actions contre les licenciements à Ford Genk, nous avons fait des propositions concrètes pour gagner la lutte: des grèves de solidarité dans le secteur, une manifestation nationale pour l’emploi, la réduction du temps de travail avec embauche compensatoire sans perte de salaire, la nationalisation des entreprises qui menacent de licencier. Ce sont nos besoins qui comptent, pas les profits des grandes entreprises. Lors de la manifestation des travailleurs de Cockerill il y a quelques mois, notre revendication d’une nationalisation de l’entreprise sous le contrôle des travailleurs était bien accueillie.

    Les jeunes nous connaissent par les campagnes Blokbuster et Résistance Internationale. Blokbuster ne se contente pas de s’en prendre au Vlaams Blok. Nous avons argumenté que tout ce qui divisait les travailleurs et les jeunes les affaiblissait face aux patrons et au gouvernement.

    Une opposition active dans les syndicats et dans les quartiers est nécessaire, et non pas les paroles hypocrites de l’extrème-droite?

    Les dernières années ont vu le MAS-LSP participer à des tentatives de construire une gauche combative dans les syndicats, avec le Mouvement pour le Renouveau syndical (MRS) autour de Roberto D’Orazio et le Mouvement pour la Démocratie syndicale (MPDS). Le 19 octobre 2001, nous avons, avec notre campagne Résistance Internationale, fait descendre dans la rue 2500 lycéens et étudiants contre le sommet européen de Gand.

    Les élus de notre courant, comme Joe Higgins (député du CIO au parlement irlandais), ne reçoivent que le salaire moyen d’un travailleur et donnent le reste au parti, à des campagnes dans les quartiers, etc. Joe Higgins est connu en Irlande comme «le politicien qui n’est pas à vendre». Nous voulons que les élus soient révocables à tout moment au cas où ils ne respecteraient pas leurs promesses. Cela vaut pour notre parti également. Le MAS-LSP n’est pas une machine électorale, mais un groupe de travailleurs et de jeunes qui, tous ensemble, discutent un programme, le testent dans la pratique et l’affinent si nécessaire. Nous voulons construire un mouvement de masse pour mener la lutte pour une société socialiste où la production sera planifiée et gérée collectivement par des conseils démocratiquement élus dans les entreprises et les quartiers.

    Le MAS-LSP et les élections

    Les mois de février et de mars verront nos membres battre le pavé pour s’efforcer de récolter le nombre de signatures requis pour pouvoir participer aux élections du 13 juin. Nous voulons présenter des listes pour les élections européennes dans les collèges flamand et francophone. Nous ne sommes pas sûrs d’y arriver du côté francophone. En Flandre orientale, nous présenterons une liste pour les élections régionales. Le but premier de cette campagne n’est pas de récolter beaucoup de voix; notre parti n’est pas encore assez connu pour cela. La lutte de classes en Belgique – la lutte des travailleurs et des jeunes – n’est pas encore assez développée pour que les marxistes puissent faire une percée aux élections.

    Tout comme lors des élections du 18 mai 2003, cette campagne est pour nous une campagne de renforcement: nous voulons convaincre de nouvelles personnes d’adhérer, mettre sur pied de nouvelles sections, récolter de l’argent pour la construction de notre parti, nous faire connaître plus largement,…

    Un nouveau parti des travailleurs

    Vu la transformation progressive, bien qu’à des rythmes différents, du SP.A et du PS en partis bourgeois, le MAS-LSP appelle depuis 1995 à la formation d’un «nouveau parti large des travailleurs», un instrument capable de rassembler des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs pour faire reculer les privatisations, les attaques contre les conditions de travail, la sécurité sociale, l’enseignement,… Nous ne nous considérons pas nous-mêmes comme ce nouveau parti des travailleurs. Il surgira de luttes politiques et sociales importantes. Cette lutte mènera à la conclusion que nous avons besoin de notre propre instrument politique. Le MAS-LSP y interviendrait comme une tendance socialiste révolutionnaire avec son propre programme. Avec le CIO, nous voulons construire à terme un parti révolutionnaire de masse au niveau mondial.

    A la fin des années 90, le MAS-LSP a mené campagne pour des alliances de gauche. Une telle initiative aurait pu, en attendant la création d’un nouveau parti des travailleurs, combler partiellement le vide à gauche (à la gauche du PS et d’Ecolo). Notre initiative n’a cependant reçu que peu de répondant: une liste unitaire Leef à Gand et des listes ouvertes du PC à Bruxelles, à Liège et dans le Hainaut.

    En tant que seule organisation non stalinienne de la gauche radicale à se présenter aux élections du 18 mai, nous avions présenté un programme clairement socialiste. Nous voulons relever le même défi d’ici le 13 juin 2004. Dans le cadre des violentes secousses que la crise capitaliste va provoquer – à commencer par une vague de mesures d’austérité après le 13 juin – nous voulons nous faire connaître le plus largement possible avec un programme clairement socialiste pour gagner à notre alternative de gauche les travailleurs et les jeunes les plus combatifs. Rejoignez-nous!

  • La libéralisation ne fera pas d’étincelles pour tout le monde!

    Le marché de l’électricité en Flandre a été libéralisé le 1er juillet 2003, ce qui signifie que tout le monde peut choisir «librement» son fournisseur d’électricité. La Wallonie et Bruxelles suivront plus tard. La libéralisation du marché ne signifie pas plus de concurrence et une baisse des prix comme le prédisaient certains, mais bien l’exclusion et une facture plus élevée pour la plupart des gens.

    Koen Van Brabandt

    Celui qui ne peut plus payer à temps sa facture d’électricité recevra bientôt une lettre d’Electrabel, Luminus ou Nuon – quelques unes des firmes qui fournissent de l’électricité. La libéralisation leur permet en effet de refuser désormais des clients. Bien-sûr, les politiciens s’empresseront de dire qu’il n’en est pas du tout question, que tout le monde aura droit à une quantité minimale d’électricité. Les mauvais payeurs se verront imposer un limitateur de puissance (6 ampères). Largement insuffisant pour faire fonctionner des appareils élémentaires comme une machine à laver ou un frigo. On se doute déjà de ce qui attend ceux qui se seront retrouvés une fois sur une liste noire. Ils auront toutes les peines du monde à retrouver accès à un fournisseur d’électricité.

    Mais même pour celui qui n’a pas de problèmes de payement, la libéralisation ne sera pas une bonne chose. Pour commencer, il va être sollicité de tous côtés par les différents opérateurs qui l’assureront tous, sans aucun moyen de le vérifier, qu’ils sont le moins cher. En outre, il n’y aura le plus souvent pas de baisse de prix. Fientje Moermans, la ministre compétente, a beau dire que le consommateur doit être assez dynamique pour changer son comportement et choisir le moins cher. Vous pouvez toujours essayer de vous y retrou-ver dans tous ces différents contrats.

    En fin de compte, la libéralisation coûtera plus cher sauf pour les grandes entreprises! Le gouvernement va leur faire un énième cadeau: les 350 plus gros consommateurs seront en effet dispensés d’une redevance que tous les autres devront payer. Le gouvernement impose cette redevance pour dédommager les communes qui perdront une partie de leurs recettes suite à la libéralisation. En effet, c’était jadis les communes qui fournissaient l’électricité à travers les inter-communales. D’après Luminus, cette taxe supplémentaire ferait grimper la facture d’électricité de 4,5% par an.

    Celui qui a encore l’illusion que la libéralisation imposée par l’Europe est une bonne chose devra déchanter une fois de plus. Le gouvernement accorde aux multinationales un «maximum à facturer» pour leur électricité – tiens tiens, n’est-ce pas une aide d’état? – les travailleurs et leurs familles payent le prix plein. Et n’oublions pas qu’Electrabel tire depuis des années d’énormes bénéfices de nos besoins en électricité.

  • Le scandale Parmalat menace Berlusconi

    En janvier toute la direction de la multinationale italienne Parmalat a été arrêtée pour fraude. La direction semblait surtout s’être spécialisée en montages financiers obscurs qui ont permis d’escamoter 10 milliards de $. Une telle escroquerie n’a été rendue possible que par la mise en place de lois – par le gouvernement Berlusconi – rendant plus opaque le contrôle des comptes des sociétés,… et mettant par la même occasion Berlusconi à l’abri de poursuites éventuelles pour les malversations opérées par ses propres sociétés!

    Clare Doyle

    Dans le plus pur style des parrains de la maffia pris la main dans le sac, l’ex-directeur financier de Parmalat a déclaré aux journalistes qui l’attendaient devant le bureau de police de Parme: «Je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille, une mort lente et pénible!»

    Entre-temps l’emploi de plus de 36.000 travailleurs et de 139 entreprises sont menacés dans le monde. Parmalat était devenu un des navires amiral du capitalisme italien. L’entreprise est active dans 30 pays où on emballe et vend du lait, de l’eau, des jus de fruits, des biscuits et d’autres produits alimentaires.

    Des consommateurs et les petits investisseurs ont organisé le 21 janvier une manifestation devant les bureaux du Premier ministre et de la Banque nationale. Mais il faudra faire plus. Les travailleurs et leurs organisations doivent mener campagne pour la nationalisation immédiate (et sans indemnités) de Parmalat et mettre en avant un programme de lutte syndicale tant à l’échelle internationale que locale.

    En Italie certaines actions de grève sont toujours en cours et il est nécessaire de lancer une offensive générale contre le gouvernement. La situation économique est problématique, même sans la crise de Parmalat. Le gouvernement Berlusconi risque de tomber car ses partenaires de la coalition soutiennent mollement le gouvernement. La crise actuelle peut être la dernière goutte qui fait déborder le vase. Une partie de la bourgeoisie qui a émis des réserves sur la façon dont l’aventurier Berlusconi a pris le contrôle de la machine gouvernementale, vont peut-être mettre à profit la crise de Parmalat pour tenter de le débarquer.

    La Commission de la Sécurité et des Echanges (SEC), à New York, a déclaré que cette affaire est «un des plus grands exemples de fraude d’entreprise de toute l’histoire». Elle a d’ailleurs entamé sa propre enquête sur la façon dont l’entreprise avait fabriqué un faux (une lettre à entête de la Bank of America) pour faire croire qu’un prêt de 4 milliards $ avait été accordé à Parmalat. Une enquête est aussi en cours à propos de la vente fictive de poudre de lait à Cuba pour une somme de 620 milliards de $, vente fictive dans laquelle un nombre de banques «respectables» sont impliquées.

    Il y a déjà eu d’autres scandales en Europe (Vivendi en France, Scania en Suède, Ahold aux Pays-Bas). La plus grande entreprise italienne, Fiat, lutte pour sa survie après qu’une partie de son patrimoine ait été soustrait par la famille Agnelli. Chez Parmalat la fraude porte sur des montants plus limités que dans le scandale américain d’Enron il y a quelques mois, mais l’affaire Parmalat risque de frapper le coeur de la finance internationale.

  • Construisons une opposition de gauche pour une autre société

    ALORS QUE la productivité ne cesse d’augmenter, que notre société n’a jamais produit autant de richesses, le bien-être des gens ne cesse de diminuer.

    Vincent Devaux

    Il n’est pas besoin d’être un grand sociologue ni d’aligner des chiffres pour s’apercevoir que notre société est malade: les passants au regard éteint et au dos vouté par le «poids de la vie», la dégradation de notre milieu de vie, quand ce n’est pas la misère et la déchéance, tout cela est le signe d’une société qui avilit l’être humain et qui ne lui permet pas de s’épanouir. La soif de profits des capitalistes et les lois inhumaines de la concurrence engendre la pression au travail, le chômage, la destruction de l’enseignement et de notre sécurité sociale. Les conditions de vie et la détérioration des conditions de logement précarisent ainsi une couche plus grande de la population. L’Europe asociale que l’on nous propose, avec ses plans d’austérités et la privatisation de nos services publics, ne va qu’approfondir les maux qui nous accablent déjà. Nous pensons que nous avons droit à une vie meilleure. Nous voulons une société où le travail disponible serait réparti entre tous, permettant à chacun d’avoir une bonne qualité de vie. Une société véritablement démocratique dans laquelle chacun pourra participer à la gestion. Nous voulons des transports publics et des logements de qualité pour tous, des soins de santé et un enseignement accessible à chacun. Nous voulons des installations culturelles, sportives gratuites et en suffisance. Nous voulons du pain et des roses… Mais nous ne sommes pas des utopistes et nous ne vendons pas du rêve comme le fait si bien la bourgeoisie à travers ses médias. Nous voulons forger les outils pour parvenir à nos fins.

    Nous ne réussirons à lutter contre l’écrasante machinerie capitaliste qu’en construisant un outil qui est propre à notre classe. Et cet instrument ne peut s’ériger sans la participation active des travailleurs et de leur famille. Notre but n’est autre que celui-là lors de notre participation aux élections du 13 juin. Contrairement aux partis traditionnels financés en grande partie par l’argent public, nous ne recevons aucun subsides. Nous ne pouvons compter que sur nos militants et nos sympathisants. En outre la loi nous impose de collecter la signature de 5.000 électeurs pour déposer une liste, alors que pour les partis traditionnels la signature de… trois parlementaires suffit!

    Mais nous mettrons à profit la récolte de signatures pour nous faire connaître plus largement dans la population, discuter et élargir notre organisation, ce qui est essentiel si l’on veut transformer la société.

    Vous qui lisez notre journal, si vous partagez nos idées, contactez-nous car il est grand temps de nous rejoindre dans cette campagne pour nous aider à construire une organisation qui défende les intérêts des jeunes et des travailleurs, avec un programme s’appuyant sur un changement de société, une société socialiste, seule réponse à nos aspirations.

  • Le régime des mollahs ébranlé

    Tremblement de terre en Iran.

    LE TERRIBLE tremblement de terre qui a ravagé la ville de Bam et fait près de 40.000 morts a aussi ébranlé en profondeur le régime des mollahs et rallumé la guerre entre les diverses factions au pouvoir. L’énorme élan de solidarité qui a mobilisé toute la population pour fournir du sang et de l’aide aux habitants de la région sinistrée n’a pas empêché la montée d’une vague de critiques qui a fini par percer dans la presse officielle elle-même.

    Jean Peltier

    En effet, des centaines de milliards de rials ont été dépensés au cours des dernières années pour l’aménagement de lieux de loisirs et d’installations touristiques autour de la citadelle de Bam. Mais rien n’a été fait pour permettre aux nombreux sans-abris de la région de trouver un logement ni pour construire des habitations solides et développer une sécurité sociale. Par contre, le clan de l’ancien président Rafsandjani s’est considérablement enrichi au travers de ces opérations immobilières.

    Après la catastrophe, la coordination de l’aide a été freinée par la désorganisation et la lourdeur de la bureaucratie du régime. Des milliers de volontaires sont restés bloqués dans les villes, les femmes médecins se sont vu interdire de participer aux équipes d’urgence tandis que des milliers de gens restaient privés de soin et d’aide. L’actuel président Khatami a dû écourter son voyage dans la région sinistrée parce que les autorités locales ne pouvaient assurer sa sécurité devant la colère de la population.

    Réformes bloquées

    C’est pourtant le même Khatami qui avait été élu triomphalement en mai 1997 parce qu’il portait l’espoir d’une grande partie de la population d’en finir avec la répression et l’obscurantisme imposés par le clergé chiite conservateur au pouvoir depuis le début des années 80. Mais si Khatami et ses partisans ont la majorité au parlement, leur influence a été systématiquement contrée par les conservateurs qui gardent le contrôle d’une série d’autres organismes et ont bloqué tous les projets de réformes. Devant cette résistance, les réformateurs ont régulièrement fait marche arrière.

    Cette évaporation des espoirs de réformes a augmenté la haine d’une partie de la population envers les conservateurs, surtout dans les villes et parmi la jeunesse, mais elle a aussi érodé le soutien populaire à Khatami.

    La victoire des États-Unis en Irak a aiguisé les tensions internes en Iran. Les réformateurs, proches des milieux d’affaires, sont plus sensibles aux pressions économiques et militaires américaines et souhaitent normaliser petit à petit les relations avec les USA. Les conservateurs, par contre, maintiennent un discours anti-américain vibrant et pourraient encourager les chiites irakiens à s’opposer aux troupes d’occupation US. Mais ils n’ont aucune alternative économique sérieuse à opposer aux partisans d’un rapprochement avec les USA face à une population qui en a de plus en plus assez des privations et des restrictions.

    Conservateurs à l’offensive

    Les conservateurs ont voulu utiliser le mécontentement de la population après le tremblement de terre pour reprendre l’initiative politique. Le Conseil des Gardiens de la Constitution, un organisme tenu par les conservateurs, a annoncé le 10 janvier l’annulation de près de 3.600 candidatures aux élections législatives prévues le 20 février (sur un total de 8.100 candidats enregistrés) pour «non respect de l’islam» ou «non fidélité au principe de la primauté du religieux sur le politique». Ces annulations visent en écrasante majorité des candidats réformateurs, dont 84 députés sortants et le propre frère du président.

    Cette décision a ouvert une crise politique énorme. En réponse, des dizaines de députés occupent le parlement, la majorité des ministres ont menacé de démissionner et les partis réformateurs parlent d’organiser un boycott national des élections. Mais jusqu’ici les réactions sont restées limitées au monde politique et ne se sont pas encore manifestées dans la rue. Les étudiants, en particulier, n’ont pas encore bougé. Plusieurs fois à la pointe de la contestation contre le régime, ils gardent le souvenir de la répression féroce menée par les conservateurs en 2000 et de la passivité des députés réformateurs à cette occasion et ils sont découragés devant la lenteur des réformes démocratiques.

    Il est probable que, pour éviter une explosion politique qui pourrait devenir incontrôlable, les conservateurs devront faire – au moins partiellement – des concessions. Mais ils sont déterminés à reprendre la totalité du pouvoir et il semble peu probable que Khatami et les dirigeants réformateurs osent prendre le risque d’organiser une confrontation dans la rue. Il ne semble pas non plus y avoir actuellement de direction alternative aux dirigeants réformateurs. Pour en finir vraiment avec le régime islamiste, il faudra pourtant une mobilisation populaire massive qui ne s’arrête pas aux petites manoeuvres des «réformateurs».

    Il faudra un mouvement qui lie les problèmes de pauvreté, de chômage, de manque de perspectives, à la nécessité d’un changement socialiste de la société.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop