Author: sander

  • La politique social-démocrate menace l’unité de la FGTB

    LES QUELQUES semaines qui nous séparent des élections risquent bien de n’être qu’un avantgoût des luttes qui vont prendre place lors de la rentrée et déjà il est évident que l’appareil syndical est divisé. De plus, le résultat des élections régionales aura une influence sur la combativité des syndicats.

    Vincent Devaux

    En Flandre, les quatre principaux partis (VLD, CD&V/N-VA, SP.a/Spirit, Vlaams Blok) sont au coude à coude, le CD&V/N-VA (aux thèses nationalistes et séparatistes évidentes) ayant toutefois une longueur d’avance. En Wallonie le PS prend incontestablement la tête, suivi du MR ; le CDH et Ecolo perdant encore quelques plumes. Cependant, beaucoup de choses peuvent encore se passer avant les élections comme le montre l’actualité, et les «négligences» de Daniel Ducarme et de Richard Fourneaux risquent bien de donner du grain à moudre à l’extrême-droite. Tout cela sans compter les déclarations enflammées entre le MR et le CDH et le chaos provoqué par le vote sur le port du voile au VLD. En Wallonie le PS continue sa percée en se donnant l’image d’un parti responsable, si l’on excepte Anne-Marie Lizin et ses prises de positions honteuses contre le port du voile dans les écoles. Dans tous les cas, la situation économique et les mesures qui vont être prises les prochains mois vont provoquer une pression à la base de la classe ouvrière au sein des syndicats.

    Les tensions sont déjà bien visibles entre l’aile flamande et l’aile wallonne de la FGTB. Des permanents syndicaux wallons se plaignent, depuis que Mia de Vits est à la présidence du syndicat, de ne plus avoir de marge de maoeuvres pour s’opposer aux mesures que prennent le SP.a et le PS au sein du gouvernement. La rumeur persistante mais non confirmée selon laquelle Mia de Vits se porterait candidate sur la liste SP.a pour les Européennes est une indication des divisions au sein de l’appareil. Si son départ peut effectivement diminuer temporairement les frictions, cellesci sont beaucoup plus profondes et dépendantes de la situation socio-économique. Les contradictions vont resurgir quand les luttes émergeront et il ne fait aucun doute que le gouvernement va devoir prendre des mesures pour s’aligner sur ses voisins afin de maintenir son économie à flot, c’estàdire en faisant des cadeaux à la bourgeoisie la récente réduction de la taxe sur les gros consommateurs d’électricité en est un bon exemple et en s’attaquant aux acquis de la classe ouvrière. Nous ne nous retrouverons plus comme dans le passé avec des bourgeois toutpuissants s’appuyant, pour gouverner, sur le syndicat chrétien, comme c’était le cas à l’époque avec le PSC/ CVP. L’interrégionale flamande de la FGTB est liée au parti de Steve Stevaert, connoté d’un certain «Blairisme» et est soucieux de ne pas mettre des bâtons dans les roues de son partenaire. On ne doit donc pas s’attendre à ce qu’elle ouvre les hostilités. La CSC en Flandre, par contre, aura les mains libres pour s’opposer aux attaques qui ne vont pas manquer d’avoir lieu en automne.

    Les mesures prisent par Vandenbroucke contre les chômeurs ont fait l’objet de longues critiques de la part de l’interrégionale wallonne de la FGTB et cela afin dans un premier temps de faire pression sur le PS. Les actions contre les mesures Vandenbroucke ont déjà eu lieu en Wallonie et à Bruxelles par la FGTB de Charleroi et de Liège/Huy/Waremme et des actions sont prévues prochainement (voir article en page 1). Une pareille réaction ne s’est pas vue du côté flamand. De même on peut noter une plus grande combativité du syndicat chrétien. Déjà maintenant la LBC (Centrale CSC pour les employés du côté néerlandophone) a annoncé plusieurs manifestations dans le secteur non marchand avant les élections. L’échec des négociations entre le front commun syndical des enseignants (CGSP, CSC) et Christian Dupont le ministre (PS) de la Fonction publique relatives aux négociations salariales des enseignants jusqu’en 2010 pourrait également mener à des grèves dans ce secteur en mars. Tout cela va amener de nouvelles discussions dans les instances de la FGTB et cristalliser les différends.

    Des voix dans la FGTB wallonne marquent clairement leur raslebol du suivisme de Mia De Vits vis-à-vis de Frank Vandenbroucke. Dans quel sens cela va évoluer reste difficile à dire, mais il n’est pas impossible qu’une lutte asymétrique se développe de chaque côté de la frontière linguistique. Il ne faut pas oublier la situation économique en Wallonie, où le niveau de vie est plus modeste et le taux de chômage très important, mais où également la classe ouvrière est plus ancrée dans les traditions, ce qui mène à des conditions de lutte plus acharnées qu’en Flandre. Par ces luttes, même si ce n’est pas l’option la plus probable, il n’est pas impossible de voir une scission de la FGTB. Nous sommes bien entendus opposés à une telle scission sur base communautaire. Mais il faut bien voir qua la fraction SP.a menée par Mia De Vits aurait une responsabilité écrasante dans une telle dérive.

  • NSV: Les étudiants du Vlaams Blok sont des racistes violents

    UN MEMBRE DU NSV écrivait récemment un forum de discussion à l’unif de Gand à propos d’une manifestation précédente du NSV à Anvers: «Un gugusse de gauche n’avait rien trouvé de mieux que de mettre du reggae et d’ouvrir la fenêtre. Et hop, voilà qu’un pétardpirate atterrit à l’intérieur. Boum, la musique nègre s’arrête net, les volets se ferment et la lumière s’éteint…»

    Geert Cool

    Ou encore à propos d’une action du NSV à Gand: «Je me souviens encore d’une greluche de gauche avec un djembé dans les bras qui s’est mise à insulter 2 militants du NSV dans la Van Hulthemstraat à Gand. 2 minutes plus tard, on jouait au football avec un djembé dans la Van Hulthemstraat». Voilà comment on forme les futurs cadres du Vlaams Blok: racisme primaire, violence contre les adversaires,…

    Il ne s’agit pas de faits isolés. Lors de la mobilisation pour la manif anti-NSV de 1998 à Gand, nous avions déjà rendu public un document interne du NSV d’un racisme primaire qui évoquait «la boîte crânienne des Nègres» qui serait «plus petite» que celle des Blancs… Ils se sont empressés d’en nier l’existence. Cette controverse a en tout cas fait en sorte que, pour la première fois, plusieurs bonzes du Vlaams Blok ont préféré éviter cette annéelà d’apparaître publiquement à la manif du NSV.

    Non pas qu’il n’y aurait plus de liens entre le Vlaams Blok et le NSV. Encore en février, la section anversoise du NSV organisait un meeting du Blok dans les locaux de l’unif d’Anvers. Des figures connues du parti étaient présentes dans le cortège du NSV en 2003 à Louvain. La liste des membres d’honneur du NSV de Gand de septembre 2002 comprend, entre autres, le dirigeant local Francis Van den Eynde. Lors des activités du NSV, le service d’ordre est dirigé par Luc Vermeulen, un vétéran du VMO.

    Le NSV sert de vivier pour les futurs cadres du Blok. Par exemple, le groupe autour de Dewinter est issu du NSV, tout comme bon nombre d’autres parlementaires du Blok. Le président du NSV gantois, Dieter Van Parijs, qui porte la responsabilité du document cité cidessus, travaille pour le Vlaams Blok dont il préside d’ailleurs la section locale d’Oostkamp-Beernem.

    Les étudiants du Vlaams Blok ont plus de latitude pour se livrer à des propos racistes et à des actes de violence. Le NSV n’a en effet pas une large base électorale à préserver. S’ils vont sans aucun doute attirer de plus en plus de carriéristes dans leurs rangs, le NSV n’en reste pas moins un outil important entre les mains de la direction du Blok pour la formation d’un noyau de cadres fascistes.

    Manifestation anti-NSV

    le 11 mars 2004

    19u > Gare de Berchem Antwerpen

  • Élections américaines: Les travailleurs n’ont pas de candidat

    Élections américaines:

    LES DEVELOPPEMENTS économiques et politiques aux Etats-Unis ont de lourdes conséquences au niveau mondial. D’où l’attention particulière qui se focalise sur les élections présidentielles américaines. Bush a incarné la politique agressive de l’impérialisme américain. C’est pourquoi on envisage avec beaucoup d’anxiété l’issue du scrutin présidentiel du début novembre. Une défaite de Bush ne manquerait pas de réjouir les opprimés du monde entier. Aux Etats-Unis, une grande partie de la population pousserait un soupir de soulagement. Ils espèrent qu’un autre président accordera plus d’attention aux problèmes des travailleurs américains et de leur famille et qu’il parviendra à faire reculer la vague montante d’anti-américanisme.

    Bart Vandersteene

    Les Etats-Unis, un géant économique aux pieds d’argile!

    La guerre en Irak a semblé confirmer l’idée que le monde évoluerait vers un système unipolaire où une seule grande puissance, les Etats-Unis, jouerait le rôle de gendarme du monde. La base économique d’une telle politique n’existe pourtant pas et repose, comme nous l’avions déjà dit auparavant, sur la création de différentes bulles condamnées à éclater un jour ou l’autre.

    La croissance économique exceptionnellement longue des années nonante était essentiellement due à la stimulation de la consommation intérieure, avec un endettement colossal à la clé. Il y a d’abord eu l’effervescence boursière qui a répandu le sentiment de richesse dans la société américaine. L’Américain moyen voyait enfin le «Rêve américain» devenir réalité en achetant les actions d’entreprises de haute technologie, dont les cours montaient en flèche. Il ressort d’un sondage d’opinion paru fin 1999 que 19% des Américains croyaient alors appartenir au cercle privilégié du 1% le plus riche. Une autre tranche de 20% croyaient pouvoir y accéder un jour.

    Cette bulle a entretemps éclaté et nombre d’Américains sont retombés sur terre. Ceci n’a évidemment pas été sans conséquences pour l’économie américaine. D’un seul coup, la richesse des Américains s’est trouvé ramenée à de plus justes proportions. Nombreux sont ceux qui avaient emprunté pour pouvoir acheter ces actions. Pour différer le plus possible la crise économique, les autorités ont décidé de faire baisser les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas de 1%. Cela signifie qu’il fallait éviter coûtequecoûte que les Américains cessent de consommer et commencent à épargner. Le taux d’épargne s’élevait à 1,3% en décembre 2003. Cela signifie que les Américains n’épargnent que 1,3% de leur revenu total. En Belgique, il se situe entre 14 et 15%. Les familles américaines ont donc accumulé des montagnes de dettes. Il y a déjà làbas des jeux télévisés où le gagnant remporte… la suppression de ses dettes.

    Outre la baisse des taux, l’Administration a encore utilisé d’autres moyens pour maintenir cette consommation aussi longtemps que possible. D’un côté, il y a eu l’énorme baisse d’impôts pour les riches ainsi que la baisse d’impôts des entreprises. Mais cela n’a créé que très peu d’emplois. Pas moins de 3 millions d’emplois ont été perdus dans l’industrie sous la présidence de Bush. Les baisses d’impôts pour les patrons ne créent pas d’emplois. Le monde entier en fait au-jourd’hui la dure expérience. Un bureau d’étude a calculé que Bush aurait tout aussi bien pu affecter l’argent de ces baisses d’impôts au recrutement de 2,5 millions d’Américains pour creuser des puits et de 2,5 millions d’autres pour les reboucher. Du moins cela auraitil donné un revenu décent à 5 millions d’Américains. L’administration a évidemment compensé le manque à gagner en recettes fiscales par des coupes sombres dans les dépenses sociales qui ont encore accru l’écart entre riches et pauvres.

    Les Etats-Unis essayent maintenant d’exporter leur crise en laissant chuter le cours du dollar. Cela rend leurs produits meilleur marché à l’exportation leur valeur est libellée en dollars. Chacune de leurs manoeuvres ne fait qu’aggraver les problèmes de l’économie mondiale. Toute cette bulle éclatera tôt ou tard.

    Kerry contre Bush/Edwards contre Bush?

    C’est toujours l’élite qui gagne

    Il semble que John Kerry sera le candidat démocrate qui fera face à Bush en novembre. Les électeurs démocrates qui ont voté pour lui n’ont pas vu dans Kerry le candidat qui avait les meilleures idées, mais bien celui qui avait le plus de chances de battre Bush.

    D’après un sondage d’opinion de la chaîne TV ABC, Kerry obtiendrait 52% des voix contre 43% pour Bush si les élections présidentielles avaient lieu maintenant. Mais toute la question est de savoir si l’élection de Kerry changerait quoi que ce soit à la politique américaine. Elle présentera sans doute une façade moins agressive, mais rien ne changera sur le fond. Kerry n’atil pas voté pour la guerre en Irak?

    John Kerry est devenu multi-millionnaire en épousant la veuve du magnat du ketchup Heinz. Comme Bush, il a étudié à l’université de Yale et, comme Bush encore, il est membre du club élitiste «Skull and Bones», une association fondée en 1832 par des esclavagistes. C’est devenu depuis lors une société secrète dont les membres sont triés sur le volet sur base de leurs liens familiaux, de leur hérédité et de leur fortune. Elle n’admet dans ses rangs que 15 nouveaux membres par an. John Kerry était l’un d’eux en 1966, Bush l’a suivi en 1968. Les heureux élus jurent fidélité éternelle à la Société et à ses membres, les «Bonesmen».

    Kerry a été sénateur du Massachusetts pendant 20 ans. On cherchera en vain dans les annales du Sénat la moindre initiative de Kerry en faveur de la population laborieuse. Bien au contraire, il n’a manqué aucune occasion de défendre l’économie de marché, la libéralisation,… Son nom est de plus en plus associé à des scandales de corruption impliquant de grosses firmes du secteur de la construction et à la défense constante des intérêts du big business.

    La majorité de la population mondiale n’a rien de bon à attendre de ces élections. Ou comme l’a écrit Michael Colby du magazine Wild Matters: «Lorsqu’on tend l’oreille, on se rend compte qu’on n’est pas seul en entendant les rires étouffés qui s’échappent de derrière le rideau qui dissimule les élites politiques aux yeux des masses. Il y a une fête qui se déroule et nous n’y avons pas été conviés. (…) Un duel Bush/Kerry est un scénario de rêve pour ces gens qu’on appelle l’élite dominante, ce club fermé de leaders économiques, politiques et militaires qui tiennent réellement entre leurs mains les rênes de la nation».

    Il a d’abord semblé que Howard Dean l’emporterait en tant que démocrate «plus radical» affichant des positions en flèche contre Bush et la guerre. Mais Dean a fini par casser sa propre image. Il est apparu comme un membre de l’élite politique et économique au même titre que les autres candidats. Mais un candidat démocrate pourratil faire la différence? Ou pour le dire autrement: les travailleurs et les jeunes américains peuventils utiliser le Parti démocrate comme instrument pour défendre leurs intérêts?

    Michael Moore répond à cette question dans son livre Mike contre-attaque: «Y atil une différence entre les démocrates et les républicains? Oui. Les démocrates disent une chose et font l’inverse serrer la main en coulisses aux salopards qui rendent ce monde plus dégoûtant et plus sordide. Les républicains ne s’embarrassent pas de fauxsemblants et donnent aux salopards une officine dans l’aile ouest de la Maison Blanche. C’est ça la différence. Tant qu’à faire, il vaut encore mieux dépouiller quelqu’un sans crier gare plutôt que de le faire après lui avoir promis protection».

    On peut dire que le Parti démocrate est en passe de devenir le cimetière des mouvements sociaux. En imposant la logique du «moindre mal» (voter pour les démocrates pour battre les républicains), ils étouffent dans l’oeuf tous les mouvements qui tentent de forcer le changement par la mobilisation. Car toute critique des démocrates affaiblit leur position électorale. Et vous ne voudriez tout de même pas qu’un républicain soit élu!

    Il faut briser ce cercle vicieux. On ne peut y arriver qu’en construisant un mouvement de masse dans la rue, un mouvement indépendant des démocrates. Un tel mouvement ne tardera pas à arriver à la conclusion qu’il lui faut son propre prolongement politique pour pouvoir remporter la lutte.

    Aussi Nader est candidat

    Lors des élections présidentielles de 2000, Nader avait obtenu 2,8 millions de voix en tant que candidat indépendant sur la liste des Verts. Après beaucoup d’hésitations Nader a décidé de se presenter en novembre 2004. Les Verts vont probablement appeler à voter pour les démocrates; il faudra donc mettre sur pied de nouveaux comités pour soutenir un candidat indépendant. Mais il y a certainement un espace aux Etats-Unis pour une politique radicale qui défende les intérêts des travailleurs et des jeunes. La moitié de la population n’ira sans doute pas voter. Ils n’ont pas le moindre espoir qu’un président démocrate puisse améliorer leurs conditions de vie ou de travail.

    Nader a beaucoup de faiblesses. Il ne choisit pas clairement entre les travailleurs et les patrons. Il a disparu de la scène depuis les dernières élections. Mais une candidature indépendante serait à même de rassembler ces forces éparses dans la société comme étape préparatoire à la création d’un nouveau parti. Les socialistes ont un rôle de catalyseur à jouer dans ce type de processus tout en avançant un programme socialiste. C’est la double tâche que s’assigne aujourd’hui Socialist Alternative, notre organisationsoeur aux Etats-Unis.


    A lire:

  • Michael Moore: Mike contre-attaque (Ed. 10-18)
  • Suzy Hendrikx: Une Bosse dans le Rêve américain
  • Thomas Friedman: Longitudes and Attitudes

    Disponible auprès du MAS/LSP:

  • Howard Zinn, Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours (Ed. Agone)
  • Why we need a Labor Party (brochure de Socialist Alternative)
  • Retrait des sanctions contre les chômeurs

    Tous ensemble:

    EN WALLONIE, les syndicats ont déterré la hache de guerre contre le plan Vandenbroucke. Il faut dire qu’avec un taux de chômage dépassant les 18%, les travailleurs wallons sont fort concernés par les mesures contre les chômeurs décidées au conclave gouvernemental de Gembloux, au mois de janvier.

    Vincent Devaux

    Pour rappel l’ONEm sera chargé de faire subir aux chômeurs des contrôles répétitifs et d’exclure du chômage ceux qui ne peuvent prouver leurs efforts pour trouver un emploi. La Belgique reste le seul pays de l’Union européenne où les allocations de chômage ne sont pas limitées dans le temps (pour les chefs de famille et les isolés). Et la pression est forte pour que la Belgique s’aligne sur les autres pays. L’exclusion d’une partie des chômeurs permettra de truquer un peu plus les statistiques de chômage, de persécuter les chômeurs en leur faisant accepter n’importe quel boulot à n’importe quelle conditions et de faire pression sur l’ensemble des salaires. D’une part le gouvernement va pourchasser les chômeurs, de l’autre il instaure l’amnistie fiscale pour les fraudeurs et couvre les entreprises de cadeaux en baissant les charges sociales.

    Seule une politique où les besoins de la population déterminent les choix économiques peut résoudre le problème de l’emploi: une réduction du temps de travail sans perte de salaire avec embauche compensatoire, de vastes programmes de constructions de logements sociaux, un refinancement de l’enseignement sont des mesures qui contribuent à restreindre le chômage

    La direction de la FGTB à réagi dans un premier temps en faisant pression sur ses "camarades" du PS. Une grande partie du journal Syndicat du 30 janvier était consacré à ces mesures. Par contre Mia de Vits présidente de la FGTB n’en touche pas un mot dans son éditorial. Elle est plus préoccupée de maintenir de bonnes relations avec ses amis SP.a qui pourraient d’ailleurs l’accueillir sur leur liste pour les élections européennes et par le résultat des élections sociales que par le sort réservé des chômeurs.

    Dans un premier temps il n’a été question que de pressions symboliques: une manifestation le 2 février à Verviers rassemblant 250 militants, les Travailleurs sans Emploi de Charleroi et de Liège/Huy/Waremme en manifestation à Bruxelles et à Liège le 3 février. Mais la tendance à l’élargissement des actions semble l’emporter. Les concessions obtenues après le conclave ne sont que des miettes en vue de calmer les esprits avant les élections: les mesures Vandenbroucke ne s’appliqueront pas aux chômeurs de plus de 50 ans, ni aux temps partiels, ni aux travailleurs ALE. Mais pour l’essentiel, la chasse aux chômeurs est ouverte. A l’appel de la FGTB, des actions sont prévues le 1er mars à Liège et le 4 mars à Namur. La CSC et la FGTB appellent à manifester ensemble lors du prochain conclave gouvernemental qui se tiendra le 20 mars à Ostende.

    Nous vous appelons à participer massivement à ces manifestations pour défendre nos acquis fondamentaux.

  • Quand la perception se heurte à la réalité

    Entre-temps, rue de la Loi…

    L’Establishment politique est en difficulté. Il aurait besoin de stabilité pour faire avaler un plan d’austérité canon après les élections du 13 juin. Mais les libéraux s’empoignent sur la place publique.

    Eric Byl

    Les Chrétiens-Démocrates remontent dans les sondages en Flandre, mais la faiblesse du CDH n’en fait pas une alternative valable. La famille sociale-démocrate devient incontournable et l’extrême-droite rit sous cape.

    Ainsi s’arrêtent quelques fables tenaces. Après la défaite historique des Chrétiens-Démocrates en 99, beaucoup pensaient que la famille libérale allait reprendre le rôle d’instrument politique le plus important pour la bourgeoisie. Les vieilles contradictions de classes seraient dépassées et réduites à une contradiction parmi beaucoup d’autres dans la société. Le VLD et le MR se sont profilés par conséquent comme des partis «populaires» d’un nouveaux type. Pas comme le vieux CVP, sur la base de branches socio-économiques («standen») et de classes, mais de «citoyens». De plus Verhofstadt prétendait que ce n’est pas la réalité qui est la plus importante, mais plutôt la perception de cette réalité qui est décisive. A gauche nous retrouvons cette même idée dans la surestimation du rôle des médias. L’optimisme de Verhofstadt I et II a été contagieux un petit temps, tant qu’il y avait de l’argent dans les caisses.

    Le MAS a dû nager à contre-courant. Dans notre texte du congrès de 2000, nous écrivions qu’il était prématuré d’enterrer le CVP et que la Belgique évoluerait à terme vers la domination de deux pôles bourgeois, un conservateur (l’aile droite du CD&V, du CDH, du VLD, du MR et aussi de ce qui s’appelait encore la Volksunie) et un pseudo pôle progressiste (autour du SP.a, du PS et des verts, des nationalistes de gauche, des libéraux de gauche et surtout le MOC). Nous y ajoutions que le pôle «progressiste» jouirait légèrement de la préférence de la bourgeoisie grâce à son contrôle de l’appareil syndical.

    La crise du capitalisme mettra de nouveau à l’avant-plan la contradiction fondamentale dans la société, entre travail et capital. Finalement, reconnaissant l’importance de la perception, nous y ajoutions que «en dernière instance ce sont les conditions matérielles qui déterminent le mouvement et pas le contraire».

    La crise a miné l’autorité des instruments politiques traditionnels. Mais pas nécessairement comme nous le voulions. Dans les années 90 cela a mené à la croissance de l’extrême-droite et au morcellement politique. Quand il y a de l’insatisfaction, il y a toujours un aventurier pour en tirer parti. Mais quand cela devient vraiment important, l’aventurier fait le choix le plus payant, comme par exemple Duchâtelet, le fondateur de Vivant. Le morcellement du paysage politique est par définition un phénomène temporaire. Dans une époque de cartels politiques les politiciens interprètent volontiers le morcellement politique comme la raison de l’impossibilité de gérer. En réalité le morcellement n’est pas la cause, mais une conséquence temporaire de cette impossibilité de gérer. Aujourd’hui les politiciens découvrent le principe de «l’unité dans la diversité». En Flandre, «cartel» est un nouveau mot à la mode. La question cruciale est cependant jusqu’où il y a une unité dans cette diversité. Le VLD peut utiliser un peu plus de cohérence. Pour le MR, Richard Fourneaux, n’est pas vraiment un cadeau. Après Ducarme, c’est déjà le deuxième politicien MR en difficulté avec le fisc. Le CD&V, se positionne bien dans les sondages et a de la chance que le NVA ne passe pas le seuil électoral.

    Le cartel peut cependant faire tourner à l’aigre le CD&V: le N-VA bruxellois veut aller seul aux élections, mais c’est surtout le départ de Bert Peirsegaele, secrétaire national à la mutualité chrétienne, qui trouve que le CD&V est poussé trop à droite par son alliance avec le N-VA, qui constitue un dangereux précédent. Une opinion que partagent bien des membres de l’ACW (MOC flamand). En attendant, le SP.a semble le plus malin. Il a déjà digéré Spirit et une partie des verts. Le PS attend simplement que le CDH et le MR s’entre-déchirent.

    Ecolo ne peut plus inquiéter le PS. Le SP.a et le PS deviendront probablement incontournables après le 13 juin. Le réel défi ne se situe cependant pas encore là. La tension grimpe déjà avant les élections entre l’aile wallonne et l’aile flamande de la FGTB. En outre la CSC ne va pas rendre la situation plus facile pour le gouvernement.

    Les dirigeants syndicaux auront plus de difficultés de tenir leurs troupes en mains après les élections, lorsque le gouvernement lancera l’offensive contre les pensions, la SNCB, la Poste et les soins de santé. Alors les masques du SP.a et du PS tomberont vite. Plus que jamais il faut une réelle opposition de gauche à la politique de droite.

    Aidez le MAS à relever ce défi.

  • Turnhout: une maison de jeunes attaquée

    Les semaines passées ont été émaillées d’incidents à Turnhout avec une bande de jeunes d’extrême-droite. Les skinheads s’en sont d’abord violemment pris à des membres du MAS/LSP qui sortaient de la maison de jeunes Wollewei. L’un d’entre eux a reçu un coup de pied. Il y a eu l’année passée à Turnhout une réunion d’un noyau local de Blood & Honour, un groupement néonazi qui ne répugne pas à la violence. Cette réunion s’est tenue dans un café étroitement lié au Vlaams Blok.

    Lors d’une journée avec des activités autour de musique rap au Wollewei, environ 25 skinheads sont arrivés en soirée, ont fait le salut hitlérien et ont commencé une bagarre. Ils sortaient d’un meeting au "De Schalmei", un café lié au Vlaams Blok.

    Nous appelons tous les antifascistes de Turnhout et des environs à faire campagne ensemble contre cette violence fasciste. Si nous nous organisons, nous pouvons mettre fin aux agissements de ce groupe de néonazis avant qu’ils ne parviennent à nous réduire au silence ou à faire fermer le Wollewei sous la pression d’une violence récurrente. N’hésitez pas à nous contacter!

  • L’unif d’Anvers envoie la police contre nos étudiants

    Le 9 février, des étudiants de l’unif d’Anvers ont été menacés par les autorités universitaires. La raison en était une action de protestation contre un meeting du NSV qui avait pu se tenir dans une salle de l’université. Ils nous ont finalement envoyé la police qui nous a priés de quitter le campus. Les policiers présents ont dû se retirer; ils se rendaient compte qu’il n’y avait aucune raison de nous arrêter.

    Jan Vlegels

    Nous trouvons scandaleux que l’université mette un auditoire à la disposition du NSV d’une part, interdise systématiquement à nos étudiants de faire campagne sur le campus d’autre part.

    Il ne faut pas chercher dans l’attitude du recteur à notre égard d’autre raison que celle de vouloir interdire toute opposition à sa politique. Lorsque nous sommes intervenus dans les premiers mois de l’année académique contre l’application des accords de Bologne, l’université nous mettait aussi chaque fois à la porte. Nous ne sommes pas d’accord avec la politique du recteur qui impose des économies aux étudiants et qui tolère les fascistes à l’unif, mais nous n’avons pas le droit, en tant qu’étudiants de cette unif, de diffuser sur le campus du matériel qui s’y oppose.

    Pas question évidemment de nous laisser faire: nous avons continuer à mener la campagne. Notre détermination a contraint l’université à nier dans un journal local qu’elle avait demandé à la police de nous arrêter.

  • Sexisme: Il est temps de passer à la contre-offensive!

    Le chocolat, les voyages, les vêtements, les réfrigérateurs, les téléviseurs, les céréales, les téléphones,… Toutes ces marchandises ont toutes quelque chose en commun: pour les vendre on dépense des milliards en publicité. Avec un seul but: le profit! Pas besoin de savoir quels sont les besoins réels de la population, les entreprises les créent. Vive la culture de consommation! Chaque jour les journaux, la télévision, la publicité,… nous disent quel shampoing utiliser pour que notre vie soit parfaite.

    Marijke Decamps

    Mais ce n’est pas la seule chose que ces agences de pub ont compris: le sexe fait vendre. Pour chaque produit il y a au moins une marque qui utilise le corps féminin pour accroître les chiffres de vente.

    Mais il n’y a pas seulement le fait que le sexe fait vendre, le commerce du sexe connaît une réelle explosion. La presse érotique, les cassettes porno dans les magasins de vidéo (et aujourd’hui même dans les supermarchés), porno sur internet, le tourisme sexuel, le commerce des femmes et enfants de l’Europe de l’Est, la prostitution,… sont des secteurs qui rapportent. L’industrie du sexe, légal et illégal, rapporte plus que le commerce de drogues ou d’armes. Et ce sont de grandes multinationales qui récoltent les gigantesques profits qui en sont issus. Un exemple de grand fournisseur de porno parmi tant d’autres: le patron de la chaîne de vêtements suédois H&M, qui emploie des enfants dans ses ateliers de production de par le monde.

    Les femmes ne sont pas des objets

    Cette invasion d’images sexuelles crée une image faussée de la femme: comme si elles se réduisaient à des fonctions sexuelles! Au lieu d’un être humain le rôle des femmes est réduit à celui d’objet sexuel. Dans cette image la sexualité féminine n’est qu’une marchandise à vendre et à acheter. Bien sûr, la discrimination à l’égard des femmes ne se limite pas à cet aspect. C’est cependant une de ses expressions et l’impact sur la société n’est pas innocent. Une enquête dans les banlieues de Paris, l’année 2000, a montré qu’une majorité de jeunes musulmans français pense que si une femme dit “Non” cela veut dire “Oui” et que la douleur est normale et même désirée dans les rapports sexuels. Il y a aussi une grande banalisation du viol. A Edimbourg la moitié des hommes ont déclaré dans une enquête que le viol est acceptable dans certaines conditions. Un sur dix disait même qu’il le ferait s’il était sûr de ne pas en subir les conséquences. Qu’il y ait en même temps des mesures d’austérité dans l’enseignement et que l’éducation sexuelle soit réduite à sa plus simple expression joue aussi dans tout cela.

    La situation des femmes aujourd’hui

    La situation des femmes aujourd’hui est peu enviable. Les femmes trouvent plus difficilement un emploi, elles sont exclues plus rapidement des allocations et ne gagnent en moyenne que 70% du salaire des hommes. Une étude récente montre qu’au Pays-Bas seulement 38% des femmes qui travaillent ont une indépendance financière. C’est la base réelle de l’oppression, qui va sans doute encore s’accroître sous l’influence de la crise économique. C’est d’ailleurs aussi un moyen stratégique de diviser pour régner dans le système capitaliste. En payant les femmes systématiquement moins que les hommes souvent même pour le même emploi les patrons divisent la classe ouvrière et mettent sous pression les salaires de tous les travailleurs.

    Lutter contre le sexisme, c’est lutter contre le capitalisme

    Le fait que le sexisme soit plus toléré que le racisme est l’expression du recul de la situation des femmes dans la société capitaliste. Dans les années 60 et 70 le sexisme, y compris dans la publicité, provoquait des réactions. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. La chute du Mur de Berlin et l’offensive idéologique de la bourgeoisie qui s’en suivit a paralysé beaucoup d’organisations. Une des conséquences est que, quand on veut s’attaquer au sexisme, on est rapidement mis dans le camp des conservateurs et des bigot(te)s. Comme si nous n’étions pas en faveur d’une attitude plus ouverte en matière de sexualité. Aux EtatsUnis, les cités universitaires sont des lieux fort peu sûr pour les jeunes femmes, car les viols y sont monnaie courante. On estime qu’il y a un viol par jour et par campus. Mais si les victimes portent plainte (ce qui représente seulement 1,7%), cela reste dans la plupart des cas sans conséquences. Mais si Janet Jackson dévoile un sein nu, cela devient alors un scoop national et international.

    Il est grand temps de passer à la contreoffensive afin de re-gagner pas à pas le terrain perdu. C’est ce que nous voulons faire avec notre campagne dès mars dans les différentes universités, en s’attaquant notamment à l’avalanche d’affiches sexistes pour les fêtes étudiantes. Nous ne pouvons pas mener cette lutte seules. C’est ensemble que nous vaincrons.

  • Brésil: Mouvement pour un nouveau Parti des Travailleurs

    EN JANVIER, le Mouvement pour un nouveau Parti des Travailleurs a été lancé au Brésil. Les initiateurs sont des ex-membres et élus du Parti des Travailleurs (PT), des syndicalistes et des socialistes.

    Rik Lampaert

    Il n’y a qu’un an que Lula (PT) a été élu président. L’espoir était grand, mais il n’a pas répondu aux attentes. Quand il est arrivé au pouvoir, il a immédiatement essayé de rassurer la classe dirigeante et l’impérialisme. Pour la classe ouvrière et les opprimés, la première année sous Lula n’a suscité que déception et colère.

    Le gouvernement de Lula, qui comprend aussi des parti bourgeois, suit une politique budgétaire et monétaire encore plus stricte que les exigences du FMI en matière de surplus budgétaire. Entretemps le chômage a encore monté. Lula a trahi sa promesse de créer 10 millions de nouveaux emplois dans les 4 premières années.

    Les espoirs des paysans sans terre sont restés vains. Au début, le gouvernement avait promis des terres à 60.000 famille ; à la fin 2003, seules 13.000 familles avaient effectivement reçu une terre. Des activistes qui luttent pour les paysans sans terre ont été arrêtés et croupissent maintenant en prison sous un gouvernement dirigé par le PT.

    Une partie de la classe ouvrière est déjà entrée en mouvement contre les attaques du gouvernement. 600.000 fonctionnaires fédéraux ont fait grève pendant plus d’un mois contre les attaques sur les pensions et pour des augmentations salariales. Il y a eu une lutte contre les restructurations dans l’industrie métallurgique et automobile. Un mouvement s’annonce contre les minervals dans les universités et autour des revendications salariales des enseignants à Sao Paulo.

    La majorité des Brésiliens y croit toujours. Un sondage montre que plus de 60% soutiennent Lula. Ce soutien va diminuer au fur et à mesure que le gouvernement s’en prendra à la classe ouvrière.

    L’exclusion des élus du PT qui ont voté contre la réforme des pensions a rendu manifeste la nécessité d’une alternative un mouvement pour un nouveau parti. Cela pourrait signifier le coup d’envoi d’exclusions ultérieures dans les rangs de l’aile gauche du parti. La désillusion dans le PT pourrait aussi, par manque d’alternative, mener à l’indifférence politique chez une couche de gens déçus.

    Le lancement du nouveau mouvement signifie une nouvelle phase dans la lutte des militants ouvriers et socialistes. La section brésilienne du CIO, Socialismo Revolucionario, joue un rôle important dans la construction de ce nouveau parti et cherche en même temps à gagner du soutien à son propre programme socialiste révolutionnaire.

    Il y a des leçons à tirer des nouveaux développements au Brésil. Dans beaucoup de pays, il n’y a pas d’alternative aux partis qui ont jadis défendu les intérêts des travailleurs, mais qui suivent aujourd’hui la logique néolibérale. On a partout besoin d’un parti dans lequel les travailleurs puissent s’organiser indépendamment de la bourgeoisie autour d’un programme qui place les besoins des gens avant les profits.

    Un parti qui construit une implantation dans les entreprises, les écoles, les quartiers,…

    Un tel parti ne peut pas surgir du néant. Il y aura des bonds dans la conscience de classe suite à des mouvement massifs dans les entreprises comme au niveau politique jusqu’à ce que les travailleurs franchissent le pas de la construction d’un nouveau parti. Un tel développement serait un énorme pas en avant.

  • Hautes écoles: Actions de masse ou palabres avec la ministre?

    LE DECRET DUPUIS (application en Communauté française des accords de Bologne) a provoqué la réaction des organisations représentatives des étudiants: la Fédération des Etudiants francophones (FEF) et l’Union des Etudiants de la Communauté Française (UnECoF). Si les deux organisations étudiantes ont eu, au départ, des revendications relativement fortes, cellesci se sont étiolées au fil des négociations avec la ministre Françoise Dupuis.

    Simon Hupkens

    Et en Flandre?

    Le recteur de la KUL (Univerité catholique de Louvain), André Oosterlinck, veut mettre les universités flamandes en concurrence à l’aune de leurs performances en matière de recherche. Il propose de remplacer les bourses par des prêts d’étude. Ce système existe déjà à la KUL pour les étudiants qui ne s’en sortent pas avec leur bourse d’études trop basse. Ces étudiants seront endettés de plusieurs milliers d’euros à l’issue de leurs études. Il veut aussi obliger tous les étudiants à étudier au moins une demi année à l’étranger… à leurs propres frais. Oosterlinck veut aussi augmenter le minerval comme en Angleterre. Le plafond des frais d’inscription dans les unifs anglaises va passer de 1.656 à 4.500 euros. Dans une phase ultérieure, les universités seront totalement libres de fixer le montant du minerval. Le recteur de l’université de Londres trouve qu’un minerval de 15.000 à 25.000 euros reflèterait mieux le coût et la valeur marchande d’un diplôme de son établissement…

    Le problème principal posé par les accords de Bologne, censés harmoniser l’enseignement supérieur en Europe, est celui de la libéralisation de l’enseignement: objectif que la FEF et l’UnECoF ont eu du mal à identifier. Ces organisations considèrent plutôt la marchandisation comme un risque potentiel. Elles ne sont pas opposées fermement au processus de Bologne et ont axé leurs revendications sur l’application des accords en Communauté française.

    Leurs revendications appelaient au refinancement et à la sauvegarde des acquis étudiants de 1968 en matière de représentation au sein des universités et hautes écoles, de liberté d’accès et de choix des cursus. En aucune manière leurs revendications n’ont été satisfaites. Françoise Dupuis s’est contentée d’accorder un semblant de refinancement aux universités (mécontentant du même coup les hautes écoles et divisant le mouvement de contestation naissant), de toute façon insuffisant pour financer ses réformes.

    De leur côté, les organisations traditionnelles de repré-sentation étudiantes se sont montrées incapables, voire, à l’échelon local, peu désireuses d’organiser la mobilisation. Une grande manifestation a réuni quelques 10.000 étudiants en début d’année, grâce surtout à la mobilisation des hautes écoles, pilotée par les directeurs et les pouvoirs organisateurs. Depuis, les directions de hautes écoles ayant obtenu ce qu’elles voulaient (un alignement sur les cursus universitaires pour certaines d’entre elles), le nombre d’étudiants n’a cessé de décroître de mobilisation en mobilisation.

    Etudiants de Gauche Actifs, notre organisation étudiante, sensibilise depuis longtemps les étudiants à la problématique de la libéralisation. Elle a dénoncé l’enseignement élitiste signifiant à terme l’allongement des études et la marginalisation des hautes écoles ainsi que les "efforts de concen-tration" de la ministre Dupuis nuisant à la qualité des formations en général et à l’existence de certains cursus en particulier. EGA a participé à toutes les mobilisations. Nous avons pu constater le manque de conviction des actions menées par les représentants étudiants officiels. Ceuxci n’ont pas l’impression que c’est en menant des actions de masse que les étudiants auront gain de cause. Ils préfèrent discuter avec la ministre sans comprendre l’utilité d’installer un rapport de forces en mobilisant les écoles et universités. C’est une mentalité bureaucratique qui ne tire pas les leçons du passé. C’est pourtant en investissant la rue que les étudiants ont fait passer leurs revendications durant l’année 9495 à l’époque du décret Lebrun.

    A l’époque, ces événements ont mis en lumière la nécessité pour les étudiants du supérieur de lier leur lutte avec celles des lycéens et des enseignants, l’utilité de mener des actions de masse visibles comme le blocage des grandes artères de la ville. C’est quand il y a des étudiants dans la rue que la FEF et l’UnECoF peuvent peser dans les négociations. C’est ce que les bureaucrates étudiants ont tendance à oublier et c’est ce que Etudiants de Gauche Actifs veut mettre en avant à travers ses actions. Nous mènerons ce genre d’action partout où cela est possible comme à Liège où, malgré le refus de la commune d’autoriser la manifestation et l’hésitation des représentants étudiants, nous avons organisé une manifestation au centre ville jusqu’au siège du PS. Grâce à cette action nous avons été reçu par les autorités, ce qui n’aurait pas été possible en restant sur place. Bien qu’il ne faille pas trop s’illusionner sur les résultats de cette action en tant que telle, elle reste un exemple de ce que l’ont peut obtenir par le biais d’actions de rue.

    Photo: liege.indymedia.org

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