Author: sander

  • Couvre-feu. Après Dinant et Seneffe,… bientôt Bruxelles?

    Richard Fournaux, le bourgmestre (CDH) de Dinant est à l’initiative d’une ordonnance de police interdisant le rassemblement à plus de 5 personnes entre 22 heures et 6 heures du matin.

    Céline Moulin

    Le conseil communal se justifie en invoquant que des personnes "perturbent la tranquillité publique par leurs jeux, leurs cris, la consommation de boissons alcoolisées, etc…". Les personnes risquent une peine de prison d’un jour minimum! Dans un article intitulé "Dinant ne sera jamais Chicago!", le bourgemestre déclare "qu’à l’heure où la violence gratuite éclôt chez les adolescents qui se disent incompris et qui, au nom de la liberté d’expression et d’action, se révoltent contre les usages ancrés dans le passé, il convient de redéfinir les bonnes et justes limites". C’est donc sur cette fine analyse de la situation qu’il s’attaque à la liberté de réunion pacifique. D’autre part, le Bourgmestre PS de Seneffe va dans le sens d’un couvre-feux pour les moins de 14 ans en expliquant qu’il doit tenir compte du sentiment d’insécurité de ses concitoyens (c’est bien une mesure populiste!). Ducarme déclare à son tour être intéressé par la formule à Bruxelles…

    Ce sont toujours les enfants des familles les plus pauvres qui sont visés. Il est bien plus facile de criminaliser le désoeuvrement et la pauvreté plutôt que d’agir sur les causes économiques qui les génèrent.

  • Foulard: droit à l’école publique pour toutes!

    Sous cette société capitaliste, la bourgeoisie, par ses médias, ses publicités, ses films… véhicule une image de la femme comme étant un objet, une personne soumise sans aucun droit. Cette idéologie sexiste influence de nombreux jeunes, qui de plus en plus, ne respectent plus la femme.

    Fatima

    Face à cette violence, les filles dans les quartiers déshérités se protègent en mettant le foulard afin qu’elles ne soient plus considérées comme des "filles faciles". Cette protection est en réalité une soumission de la femme qui favorise les mouvements intégristes qui souhaitent diviser encore plus les travailleurs et les jeunes selon des critères communautaristes, sexistes, même si certaines choisissent librement de le porter.

    Si des filles portant le foulard, déjà vulnérables par leur age, la situation sociale de leurs parents (la classe la plus pauvre étant celle issue de l’immigration ) sont exclues de leur lycée, elles resteront chez elles (avec un avenir qui leur est imposé) ou elles iront dans des écoles coraniques qui les soumettront encore plus. C’est pourquoi, nous devons être contre une loi qui interdit le port du voile dans les écoles

    C’’est la bourgeoisie qui veut interdire le port du foulard à l’école au nom de la laïcité alors qu’elle aussi contribue à la soumission de la femme. Pour cette classe dominante, la laïcité n’est qu’une démagogie, une hypocrisie et c’est pour ça qu’il n’est pas étonnant de voir Raffarin partir au Vatican pour fêter les 25 ans du pontificat de Jean-Paul II ou Sarkosy célébrant le culte des musulmans !

    La laïcité doit nous permettre toute liberté de conscience, religieuse ou non, et nous laisser réellement nous exprimer.

    Si on interdit le port du foulard dans les écoles, on verra à long terme, l’interdiction d’avoir une appartenance religieuse et politique et le retour de l’uniforme dans nos écoles. C’est ce que propose Jack Lang qui veut interdire tout " signe religieux, politique ou philosophique ", mais bien évidemment pas les logos des marques commerciales ! Dans ce cas, la laïcité ne sera pas respectée.

    Le foulard tout comme la religion reste une question individuelle que nous devons respecter au nom de la laïcité. Ce n’est pas cette classe privilégiée qui doit décider ce qui est pour nous et pour nos enfants. C’est pourquoi, c’est nous : les jeunes, le personnel de l’Education Nationale, les syndicats qui devons expliquer ce que signifie réellement le port du voile. Et c’est seulement par nos luttes, contre cette société capitaliste, que l’émancipation de la femme aura réellement lieu.

    Non à l’exclusion des filles qui portent le foulard !

    Non à une loi qui interdit le port du foulard !

  • Ayez confiance… le bout du tunnel n’est pas si loin

    Prenant appui sur l’annonce du bon en avant du taux de croissance américain, les "experts" en économie, ces prophètes de la doctrine libérale, annoncent un retournement de conjoncture. Mais il est maintenant habituel d’entendre ces gourous du capitalisme entonner cette litanie "des lendemains qui doivent chanter" afin de nous faire patienter lorsque l’économie capitaliste a des ratés. Il faut donc y regarder d’un peu plus près.

    Yann Venier

    Il est cependant indéniable que l’économie américaine connaît une éclaircie selon les critères libéraux. La Bourse américaine se porte mieux. Même le NASDAQ, l’ensemble des valeurs des nouvelles technologies, qui s’était effondré après l’éclatement de la bulle spéculative en 2000, connaît à nouveau une période d’embellie quelque peu déraisonnable, au point que certains évoquent déjà la formation d’une nouvelle bulle spéculative ; le moteur de recherche Google est surévalué de 50 fois par rapport à sa valeur réelle (rapport entre la cotation et les profits réalisés par l’entreprise). Le rapport entre la capitalisation boursière (l’ensemble des valeurs boursières) et le PIB est de 115%. C’est donc l’ensemble des valeurs boursières qui est surévalué. Avant la chute des Bourses américaines en 2000 ce rapport était de 160%, puis la bourse a perdu près de 50% de sa valeur.

    Le taux de croissance est donc aussi en forte progression, 7,2% en rythme annuel pour le troisième trimestre 2003 (3,3% au second trimestre). Cette forte augmentation est due essentiellement à une augmentation de la productivité du travail (grâce entre autre à une meilleure intégration des nouvelles technologies au sein des entreprises depuis quelques mois, mais grâce aussi et surtout aux milliers de licenciements – les USA ont perdu plus de 3 millions d’emploi depuis que Bush est au pouvoir), à l’augmentation des dépenses militaires (+ 45% au second trimestre), aux baisses massives d’impôts et enfin à la faiblesse du dollar face à l’euro grâce à la baisse des taux d’intérêt effectuée par la Federal Bank.

    Les USA, la locomotive de l’économie mondiale ?

    Mais analyser ces éléments comme un signe d’amélioration durable de la situation est une vue à court terme ; l’économie américaine est toujours sur le fil du rasoir.

    Premièrement les bulles spéculatives finissent toujours par éclater, entraînant l’effondrement de l’économie réelle à sa suite. Le chômage augmente toujours, le nombre de pauvres et de travailleurs pauvres est aussi en pleine croissance (c’est aussi vrai en Europe), alors que les aides d’Etat ne cessent de baisser, diminuant la solvabilité du marché, et que la dette des ménages est, semble-t-il, arrivée à son maximum (la dette des ménages américains atteint, en 2002, 8400 milliard de dollars, soit 29 000 dollars par américain alors que le revenu médian par an est de 42 000 dollars). La crise de surproduction continue donc de s’accroître poussant les patrons américains à chercher des débouchés à l’extérieur en libéralisant l’économie mondiale (et en accroissant les politiques protectionnistes) et poussant le gouvernement à mener une politique impérialiste agressive. Et ce n’est pas le taux de croissance attendu pour l’année prochaine, 3 ou 4%, qui permettra d’inverser la courbe du chômage.

    Deuxièmement, l’économie américaine est toujours soutenue par les investisseurs étrangers alors que malgré un dollar faible les USA continuent d’importer plus qu’ils n’exportent ; ainsi la dette extérieure des USA auprès d’Etats ou d’investisseurs étrangers est aujourd’hui de 2500 milliards de dollars soit 25% du PIB et le déficit de la balance du commerce extérieur est de 500 milliards de dollars par an. Si pour une raison ou une autre, les investisseurs étrangers décidaient de rapatrier les capitaux, l’économie américaine s’effondrerait comme un château de cartes.

    On le voit, les fondamentaux de l’économie américaine ne sont pas bons, contrairement à ce que les économistes nous disent. Lors de crises profondes, les économies peuvent voir des périodes d’amélioration temporaire. Aucun signe ne laisse présager que l’amélioration que vit actuellement les USA soit durable. L’Europe, et la France en particulier, ne risque donc pas d’en profiter.

  • Le peuple marocain toujours victime du régime

    Le mois dernier, Chirac s’est rendu au Maroc pour réaffirmer une nouvelle fois le soutien sans faille de l’Etat français au régime marocain.

    Pascal Grimbert

    Après les années terribles du règne d’Hassan II, réprimant férocement les opposants, maintenant son peuple dans la misère et soutenant l’impérialisme en toutes circonstances, Mohammed VI s’était présenté comme un dirigeant moderne et ouvert aux réformes. Pourtant, après 4 ans de règne, rien n’a changé : la misère et les bidonvilles sont toujours là (4 millions de personnes y survivent), la répression se poursuit (comme avec l’emprisonnement du journaliste Ali Lmrabet).

    Alors, quels étaient les enjeux de cette visite ?

    Pour le gouvernement français, c’est renforcer sa présence et son influence dans le Maghreb, où les Etats-Unis veulent développer leurs intérêts économiques, avec la signature d’un accord de libre-échange avec le Maroc.

    Pour le gouvernement marocain, il s’agit de redorer l’image déjà usée de Mohammed VI. D’abord comme soutien traditionnel de l’impérialisme occidental, ce soutien devenant problématique face au peuple marocain, avec la guerre et l’occupation de l’Irak et alors que se durcit la guerre Israël – Palestine. Ensuite en tant que " rempart " face à l’islamisme fondamentaliste, rempart ébranlé après les attentats de Casablanca et les progrès électoraux du PJD (Parti Justice et Développement). Le gouvernement a tenté à la fois de composer avec le PJD, réputé " modéré ", et de durcir la répression anti-islamiste avec une vague d’arrestations et de condamnations (dont 16 à mort), allant jusqu’à la condamnation de deux jeunes filles de 14 ans par la juridiction antiterroriste. Malgré ses effets d’annonce, Mohammed VI marche sur des œufs pour réformer le code de la famille, en particulier le statut de la femme, toujours considérée comme mineure socialement et juridiquement. La question du Sahara occidental n’est, elle non plus, toujours pas résolue, après plus de 25 ans de conflit.

    Sur toutes ces questions, c’est le peuple marocain qui fait les frais de la politique du gouvernement marocain et des impérialismes : la jeunesse, condamnée à la misère et au chômage, les femmes, toujours opprimées par un statut moyenâgeux, les paysans, menacés par l’accord de libre-échange, les travailleurs, alors que l’économie est toujours minée par la corruption et l’accaparement des richesses par quelques grandes familles.

    Tout ceci ouvre un boulevard à la démagogie des fondamentalistes islamistes, alors que le principal parti autrefois d’opposition, l’USFP, s’est totalement discrédité par sa participation à un gouvernement de coalition.

  • Algérie : multiplication des luttes

    Actuellement l’Algérie est en pré-campagne, la bataille va être rude entre le président sortant qui voudrait obtenir un nouveau mandat et l’ex-premier ministre. A 6 mois des élections présidentielles, un conflit pour la conquête du pouvoir s’aggrave entre ces deux principaux rivaux où c’est à celui qui séduira le plus les électeurs alors que tout le monde sait que ces deux candidats sont du même ex-parti unique. Il y a également des concurrents d’autres partis qui n’attendent que le moment propice avant d’entrer en scène.

    Wahiba Anes

    Entre temps le pays est paralysé par leur duel, et une grande crise politique et sociale pointe son nez.

    Depuis quelques semaines déjà les grèves se multiplient dans différents secteurs et deviennent de plus en plus dures. L’un des problèmes primordiaux est celui du chômage alors que la population est majoritairement jeune et que l’inflation et la misère gagnent du terrain sur fond de corruption généralisée.

    Le ras le bol atteint la majorité des gens qui perdent espoir et s’inquiètent. Délaissés et livrés à leur propre sort, ils ne cherchent qu’à s’en sortir face à des problèmes que l’Etat devrait résoudre.

    Ceux au pouvoir ne pensent qu’à détourner les biens du pays pour leur propre intérêt et celui de leur entourage.

    Après divers changements gouvernementaux, aucun n’a pu réellement apporter une réponse concrète aux divers problèmes que rencontre la population. Or l’Algérie est riche tant en or noir (elle en est un des premiers exportateurs) qu’en richesses industrielles, dont certaines non développées, s’ajoutant à celles laissées en jachère, dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme et de l’urbanisme. Certains s’interrogent donc sur le taux élevé de sans emploi, alors que les travailleurs et les jeunes demandent qu’à sortir de la crise.

    On comprend le désarroi de la société algérienne dans sa majorité, notamment tous ceux qui cherchent à défendre les intérêts de ce pays dans le bon sens, pour la construction et le partage des biens équitables. On comprend encore mieux tous ces jeunes qui ne cherchent qu’à émigrer pour une meilleure vie et pour faire valoir leurs droits.

    Désormais, la population s’exprime dans la violence et l’émeute devient presque le seul moyen de se faire entendre. Dans ce climat de tension, bon nombre d’Algériens redoutent le pire comme après la défaite des luttes de 1988.

    Des grèves prennent de l’ampleur, de plus en plus d’organisations syndicales de divers secteurs comme celles organisées par la CNAPST dans l’éducation secondaire et technique, et le syndicat des cheminots de la SNTF. D’autres en soutien se joignent un peu partout dans les grandes villes et les provinces pour manifester leur mécontentement et leur désaccord vis à vis du gouvernement et de sa politique.

    Les raisons du mouvement de grève pour les cheminots sont :

    – l’augmentation du salaire et primes

    – les conditions de travail par rapport aux risques encourus dans leur métier

    – la vétusté du réseau ferroviaires, déficience des voitures et voies ferrées

    – l’insécurité durant le parcours

    Pour l’instant, le mouvement de grève des cheminots à été suspendu en raison de l’augmentation de leur salaire de base mais ils sont loin d’être satisfaits sur toutes leurs revendications.

    En revanche celle de l’enseignement secondaire et technique continue depuis plus de 4 semaines (92% de grévistes). Leurs revendications sont :

    – l’augmentation de salaires

    – la baisse de l’âge de retraite

    – le refus de la suspension de plus de 300 enseignants pour "grève illégale"

    En attendant, la politique économique suivie par le gouvernement donne une multitude de conflits. Rien que pour la période de 2003, le CNES a compté un chiffre important de jours perdus ; si on le convertit en monnaie, ce sont des milliards de dinars que l’Algérie a perdu, alors le plus juste est de financer les augmentations et les rénovations de certains secteurs.

    Mais tant que le pouvoir reste sourd aux revendications et continue à pratiquer la manière forte il ne fait qu’aggraver la situation qui mène le pays vers une fracture sociale plus importante et une faillite de l’économie nationale. La politique de privatisations, au seul profit des capitalistes (parfois très obscurs comme Khalifa), s’accompagne d’un délaissement complet de la population : les sinistrés du tremblement de terre de Boumerdès sont toujours sous des tentes alors que l’hiver approche.

    Les élections prochaines risquent d’être un signal d’alarme, celui d’une guerre interne, explosive entre différents partis.

    Une chose est sure ce dont l’Algérie a besoin c’est d’une perspective nouvelle pour offrir aux Algériens une réelle alternative au système actuel avec ses bureaucrates corrompus au service du capitalisme.

  • Constitution européenne : Un pas de plus pour l’Europe libérale

    L’élaboration de la constitution européenne fonctionne comme un parfait miroir de focalisation des différentes tendances de la politique européenne des capitalistes et de leurs représentants.

    Geneviève Favre

    Tout d’abord l’opposition sur la structure des institutions de l’Union européenne entre les puissances dominantes comme La France et l’Allemagne et les petits pays comme la Pologne ou l’Espagne montre bien le fossé qu’il y a entre la volonté d’unifier les forces européennes et la réalité des divergences d’intérêts économiques et politiques. En effet alors que Chirac et Schröder souhaitent un axe franco-allemand dominant, les petits pays dont ceux qui vont rejoindre l’Union en mai 2004, refusent plusieurs aspects de la nouvelle constitution européenne (comme la restriction du nombre de commissaires à 15 à partir de 2009, ou l’obligation d’opter pour la politique commune de défense plutôt que pour l’Otan.)

    Cependant si concurrences et rivalités existent entre les capitalistes, il y a un terrain d’accord immuable : le renforcement de la casse des services publics, le développement du travail précaire et la facilitation des licenciements. Ainsi la partie de la constitution reprenant notamment les traités de Maastricht et d’Amsterdam, armes européennes contre les acquis des travailleurs, a été adoptée sans débat ni aucune difficulté. De plus une constitution ne vise traditionnellement qu’à définir les structures des institutions et non pas les politiques menées. Cette inclusion dans la constitution elle-même de traités définissant les politiques libérales européennes montre bien que les instances dirigeantes veulent une Europe clairement antisociale. A ceci s’ajoute l’indépendance accentuée de la BCE (Banque centrale européenne) et son alignement sur le libéralisme. Et même si nous n’avons aucune illusion à l’égard du parlement européen, qui est comme les autres institutions de la démocratie bourgeoise au service des classes dirigeantes, on ne peut que remarquer son maintien à une fonction législative très limitée, au profit d’un pouvoir accru du Conseil européen, notamment sur les questions de politiques économiques et sociales.

    L’objectif des capitalistes est clair : renforcer l’arsenal de lois anti-ouvrières dans toute l’Europe et arguer de l’Union européenne pour justifier dans chaque pays les mesures libérales de casse des acquis sociaux et des services publics. Aussi, les divergences actuelles au sein de la majorité en France ne tiennent qu’à une question de forme : comment va-t-on exploiter et museler la classe ouvrière, par des lois nationales ou par des lois européennes ?

    Ce n’est pas un hasard non plus de voir la droite du PS s’accorder avec la position des pro-européens de droite, en voyant dans le projet des " avancées significatives ". Hubert Védrine perçoit en effet ce texte comme " raisonnable " et " le meilleur résultat possible ". Tout au plus des dirigeants du PS désirent amender le texte sans changer les fondamentaux de la politique libérale. Le vieil argument du " C’est mieux que rien " est évidemment mis en exergue, notamment par les Verts. Certaines tensions néanmoins se font sentir à l’intérieur de l’ex gauche plurielle, certains militants prônant, comme le PC, un refus.

    Mais le " non "à cette constitution ne doit pas se faire sur des bases nationalistes (ouvriers et patrons ne partagent aucun intérêt commun , l’union sacrée pour la défense de la souveraineté n’a donc pas lieu d’être) mais sur la nécessité de construire une mouvement européen de défense des intérêts des travailleurs.

    Plus que jamais le sort des travailleurs est lié non pas aux manœuvres et ressorts des capitalistes sur cette question de la constitution mais avant tout dans leurs capacités à construire une réaction générale et massive à l’exploitation capitaliste, dans leurs capacités à mettre en avant une alternative socialiste de renversement du système actuel.

  • Campagne contre la Bin tax : la lutte de masse s’amplifie et secoue le pouvoir

    Le Socialist Party a mené dans les années 1990 une campagne victorieuse qui obligea le gouvernement irlandais à annuler une taxe sur l’eau. De la même manière, il lutte depuis plusieurs années pour construire, avec d’autres organisations mais surtout avec les habitants des quartiers une campagne similaire sur la Bin Tax (taxe supplémentaire sur les déchets ménagers).

    Marie-José Douet

    "Fiers, sans regrets, combatifs , et encore plus déterminés à continuer la lutte."

    Ce sont les premières paroles de nos camarades, élus du Socialist Party, Clare Daly conseillère municipale de Dublin et Joe Higgins, député à l’assemblée irlandaise (Dail) à leur sortie de prison le 18 octobre.

    Ils avaient été condamnés à 1 mois de prison. Leur crime ? Défendre les pauvres et les travailleurs dans leur combat contre la taxe spéciale sur les ordures ménagères (BinTax). Comme l’a dit Clare avant d’entrer en prison (refusant la proposition de faire des excuses pour échapper à cette sentence) : "C’est notre mandat, nous avons été élus pour défendre les travailleurs qui refusent cette taxe ! "

    Nos camarades ont été rejoints en prison par plus d’une dizaine de militants de la campagne, très souvent des habitants des quartiers, grands-mères, jeunes, chômeurs. Tous avaient refusé de payer la taxe, donc de voir leur poubelle non ramassées. Tous ont refusé à leur procès de s’incliner devant l’injonction qui leur était faite de s’excuser et de jurer de ne pas reprendre toute activité liée à la campagne. Lisa, une jeune femme a été enfermée avec son bébé qu’elle allaitait !

    Pas une taxe écologique mais une double taxe !

    Le gouvernement justifie cette deuxième taxe sur les déchets pour des motifs écologiques mais 98% de la pollution ne provient pas des déchets ménagers !

    Pendant les années 1990, l’économie irlandaise a connu un boom important mais la crise économique mondiale touche aussi le capitalisme irlandais. L’écart entre les riches et les pauvres en Irlande du Sud est le deuxième plus élevé dans les pays de l’OCDE juste derrière les Etats-Unis. Alors tout est bon pour faire payer aux pauvres la crise qui s’accentue dans le pays. Et la Bin Tax est une mesure transitoire avant de privatiser les services communaux, restrictions budgétaires publiques obligent !

    La solidarité s’organise et la mobilisation grandit.

    Dès l’arrestation de nos camarades et des militants de la campagne, la solidarité a grandi. Une manifestation de 5000 personnes a eu lieu à Dublin le 11 octobre du centre de la ville jusqu’à la prison de Mountjoy. De nombreux syndicalistes y participaient. Car en décembre, des coupes budgétaires vont être votées à Dublin avec des licenciements à la clé. Les 14 et 15 octobre, les militants ont bloqué 7 dépôts de camions poubelles malgré l’intimidation des conseils municipaux et la répression policière. 90% du service poubelle de Dublin était fermé. En même temps, la solidarité internationale s’organise. De nombreux syndicalistes et élus d’Irlande et du monde entier (Suède, Écosse, France, Sri Lanka…) envoient des messages de soutien et demandent l’abolition de la Bin Tax. Des rassemblements devant les ambassades ont ainsi eu lieu à Bruxelles, à Londres, Lagos…

    Alliance des comités et des éboueurs

    Le pouvoir ignore cette mobilisation et multiplie les provocations. Il se moque du problème d’hygiène posé par le tri sélectif des déchets et envoie une entreprise privée ramasser les poubelles à Dublin sud si les habitants paient 100 euros ! La colère est immense chez les résidents. Le 27 octobre, 5 nouveaux blocages de dépôts ont lieu. Malgré plusieurs charges policières, les piquets tiennent, des éboueurs refusent de sortir les camions et quand les piquets sont levés, ils applaudissent les militants anti-BinTax ! En même temps, un tract à leur adresse est distribué expliquant ce que seraient leurs conditions de travail sous contrat privé, l’absence de droit syndicaux. Le soutien actif des éboueurs est de plus en plus important.

    La campagne a obligé les conseils municipaux à faire ramasser toutes les poubelles. Mais 20 personnes peuvent aller en procès dans les jours qui viennent. Si la détermination des militants et des éboueurs est grande, il est temps que les centrales syndicales se mobilisent. Ce mouvement peut être le début d’un mouvement social qui comprend les luttes contre la privatisation de la Poste, des transports en commun, de la compagnie aérienne et ouvrir une crise politique majeure. Joe et Clare ont été emprisonnés, alors que les élus les plus impliqués dans les affaires de corruption l’an dernier ne sont toujours pas passés devant le tribunal.

    Nos camarades élus, toujours dans les luttes de Dublin, maintiennent aussi la pression dans les conseils municipaux ou au parlement. Nous construisons cette lutte pour qu’elle soit victorieuse, avec d’autres militants organisés ou non bien sûr, tout en avançant toujours notre analyse du capitalisme et notre combat pour le socialisme.

  • France: La liste commune de l’extrême gauche à 15%?

    ALORS QUE le gouvernement multiplie ses attaques contre les acquis sociaux, la situation continue de se radicaliser. L’annonce par Lutte ouvrière (LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui avaient fait à elles deux près de 10 % aux élections présidentielles de 2002, a été accueillie positivement par de nombreux travailleurs.

    Alex Rouillard

    Selon les derniers sondages, 9% des électeurs vont certainement voter pour cette liste, et 22%, qui ne l’ont jamais fait, pourraient le faire. Jamais des organisations qui se revendiquent du trotskisme n’ont atteint un tel potentiel électoral. A l’opposé de la scène politique dans un autre sondage, 24% des personnes interrogées se disent en accord avec les idées du Front National, qui continue de faire évoluer son discours en direction des couches populaires.

    Si autant de travailleurs et de jeunes se disent prêts à voter pour l’extrême gauche, c’est par rejet des partis pro-capitalistes, de gauche comme de droite. Les grandes attaques de Raffarin (contre les retraites, les conditions de travail, les services publics…) n’ont déclenché quasiment aucune opposition de la parts du PS, et très peu de la part des Verts ou du Parti communiste. Les dirigeants des syndicats, entièrement liés aux partis de gauche, ont complètement bloqué les luttes. Par exemple, alors qu’une large majorité des salariés d’Electricité de France (EDF) est contre la privatisation, les directions syndicales n’organisent aucune lutte et elles participent à la mise en place d’éléments permettant la privatisation. De nombreux travailleurs vont utiliser le bulletin de vote LO-LCR pour rejeter ces politiques et contester ceux qui les empêchent de lutter.

    Le discours anticapitaliste des deux formations d’extrême gauche est largement partagé par les travailleurs. Une récente étude du Monde montre que pour 30% des gens, l’extrême gauche apporte des idées neuves. 60% des sympathisants du Parti communiste se sentent proches de celle-ci (23 % de l’ensemble de l’électorat, 37 % chez les 18-24 ans). L’extrême gauche est clairement perçue comme un opposant complet aux politiques actuelles.

    Au delà du succès électoral qu’elle va probablement connaître, que va faire l’alliance LO-LCR? L’alliance sera ouverte aux groupes ou militants qui "acceptent le cadre fixé par l’accord, ainsi que l’intitulé des listes et le texte de la profession de foi commune sous réserve qu’ils n’exigent pas sa modification" et sera décidé nationalement par les deux organisations. A ce jour il n’est pas question d’une véritable campagne en commun avec comités de soutien qui permettraient de faire le lien entre la campagne et les luttes des travailleurs.

    Les échanges de courrier entre LO et la LCR établissaient clairement qu’il ne s’agirait que d’une alliance électorale sans lendemain. Le bon score électoral probable de la liste sera un encouragement pour les travailleurs, mais elle ne propose aucun débouché politique aux millions de gens qui vont voter pour elle: un nouveau parti des travailleurs. Au fur et à mesure de ses succès, elle a atténué sa critique du capitalisme et fait disparaître toute référence à une alternative socialiste au capitalisme. "En votant pour notre liste, vous pouvez faire un geste politique, un encouragement pour les luttes comme pour tous ceux qui veulent agir pour les droits des travailleurs afin de mettre fin à la tyrannie des gros actionnaires et de la bourse". Et c’est tout.

    La Gauche révolutionnaire, (section sœur du MAS/LSP) fera campagne pour que le vote pour la liste LO-LCR soit le plus élevé possible. Nous défendrons dans cette campagne la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs qui organise les luttes d’aujourd’hui et popularise la nécessité d’une alternative socialiste au capitalisme. Et un bon score de la liste LCR-LO sera une preuve de plus que les conditions sont bonnes pour aller dans ce sens.

  • Seulement 33% de confiance pour le gouvernement

    L’opposition officielle n’en profite pas pour autant…

    LORSQUE VERHOFSTADT a annoncé il y a quelques mois que "Le pays est reparti du bon pied", il n’imaginait sans doute pas sur quel pied il allait danser. La Conférence pour l’Emploi qui devait créer 200.000 jobs avait à peine entamé ses travaux que la direction de Ford annonçait déjà 3.000 licenciements. Depuis lors, les faillites et les restructurations pleuvent. Le chômage croît à un rythme accéléré. On voit mal comment Verhofstadt peut inverser la tendance avec des chèques-services et un cadeau supplémentaire de 850 millions d’euros au patronat.

    Eric Byl

    Confiance en baisse

    D’après un sondage commandé par La Libre Belgique, Het Laatste Nieuws, VTM et RTL, la confiance dans le gouvernement fédéral a baissé de 7% depuis les élections, passant de 40% à 33%. Seule consolation pour Verhofstadt, les gouvernements des entités fédérées font encore moins bien…

    L’impact de la réforme fiscale sur l’économie a déjà épuisé ses effets. Il pouvait difficilement en être autrement. Verhofstadt et Reynders (MR) en ont fait reporter le coût sur les entités fédérées qui ont à leur tour présenté la note aux contribuables. Le gouvernement s’est fait tancer par les instances internationales. La Belgique est un des rares pays où la pression fiscale a augmenté ces dernières années.

    Pour les libéraux, qui ne cessent de dénoncer la "rage taxatoire", c’est plutôt fâcheux. Pour ne rien arranger, le Conseil d’Etat a descendu en flammes les dispositions sur l’amnistie fiscale.

    Le panier de crabes des partis libéraux élargi

    La famille libérale était très homogène jusqu’à la création du VLD et du Mouvement Réformateur. Depuis lors, Verhofstadt et Michel ont attiré dans leur giron des débris du CD&V (ex-CVP) et de la Volksunie pour le premier, des débris du CDH (ex-PSC) et le FDF tout entier pour le second. Pour ce faire, ils n’ont pas hésité à bousculer la vieille garde libérale.

    Résultat: Verhofstadt et Michel maintiennent plus facilement la cohésion au sein du gouvernement qu’au sein de leurs partis respectifs. Michel s’est appuyé sur le FDF pour imposer le droit de vote aux immigrés non européens à la vieille garde du PRL, ce qui a engendré nombre de frustrations. Michel s’est ensuite heurté au président du FDF Maingain sur la question du survol de Bruxelles. Maingain a dû retirer sa motion de défiance contre le ministre Anciaux après une discussion "cordiale mais virile" avec Michel. Le ralliement probable des chrétiens fondamentalistes du CDF, une scission de droite du CDH, avivera les tensions avec le FDF et l’aile laïque du PRL.

    Faiblesse de l’opposition

    Le principal parti d’opposition, le CD&V, ne parvient pas à tirer parti des difficultés du gouvernement. Il se profile de plus en plus à droite jusqu’à remettre en question le cordon sanitaire autour du Vlaams Blok. Son pendant francophone, le CDH, est prêt à faire l’appoint d’une coalition "alternative" (PS/Ecolo/CDH).

    PS/SP.a: un pôle "de gauche" pour le patronat

    En dehors du Vlaams Blok, le PS et le SP.A sont les seuls partis qui ont peu de soucis à se faire pour les prochaines élections. La social-démocratie est en passe de devenir la première formation politique des deux côtés de la frontière linguistique, devant les libéraux.

    Puisque Groen! (ex-Agalev) a décidé d’aller seul aux élections, le cartel SP.a/Spirit pourra plumer l’électorat vert sans devoir s’encombrer de l’appareil écologiste.

    C’est cependant au sein de l’ACW (le MOC flamand) que le SP.a trouve son plus gros potentiel de croissance. L’opposition du CD&V est tellement à droite, tellement faible aussi, que l’ACW n’aura bientôt plus d’autre option que de chercher un rapprochement avec le SP.a. Seul le lien entre le SP.a et la FGTB y fait provisoirement obstacle. Il n’est pas exclu que le SP.a relâche ses liens avec la FGTB pour faciliter un rapprochement avec l’ACW. Le parti pourrait alors jouer des rivalités entre les deux syndicats pour pouvoir leur faire avaler sa politique de droite.

    Le gouvernement va gagner les prochaines élections, à moins d’une crise imprévue. Non pas grâce à sa "politique sociale", mais à cause de la faiblesse de l’opposition et pour "faire barrage à la droite". Beaucoup voteront pour la social-démocratie comme un moindre mal.

    L’espace à la gauche de la social-démocratie sera marginal lors des prochaines élections. Il faudra des événements de grande ampleur et des luttes sur le terrain industriel pour changer cela. Nous voulons pourtant présenter des listes LSP en Flandre, l’une pour les élections européennes, l’autre pour les élections régionales dans la province de Flandre orientale.

    Du côté francophone, nous allons tenter de présenter une liste MAS pour les élections européennes, même si nous ne sommes pas certains d’obtenir les 5.000 signatures requises en Wallonie et à Bruxelles. La signification de notre participation? Renforcer et mieux faire connaître le MAS/LSP.

  • Non marchand en action. Interview de Marieke, déléguée et militante de la LBC

    Non marchand en action

    Ces derniers temps on a assisté aux différentes mobilisations du secteur social. Quelles en sont les raisons?

    Marieke: Suite à la décision de la Communauté flamande de ne payer que la moitié des subsides du mois de décembre au secteur des handicapés, seulement 60% de nos salaires devaient être payés en décembre. On nous promettait de payer le reste et la prime de fin d’année en janvier. Nous avons donc organisé deux mobilisations à Bruxelles. Après la première, les ministres ne voulaient même pas se mettre autour de la table de négociations. Lorsqu’on a mené la deuxième, une semaine plus tard, le gouvernement a cédé: le salaire de décembre et la prime de fin d’année seront payés à temps.

    Le 11 décembre, les militants de votre secteur se sont réunis pour discuter d’un nouvel cahier de revendications. Quelles sont celles que vous mettez en avant?

    Cette année, les militants se sont réunis pour la première fois dans des groupes d’intérêt régionaux et nationaux. Depuis, on a établi un questionnaire qu’on a distribué aux collègues pour savoir qu’elles revendications ils considéraient comme essentielles. Plus de 10.000 travailleurs ont répondu. Comme premier point, nous remarquons que les salaires dans le secteur social sont de 17% inférieurs aux salaires en moyenne des autres secteurs. Et ceci parce que l’on s’est battu pour plus de congés, de pré-retraites et des conditions de fin de carrière convenables.

    Aujourd’hui, notre objectif principal c’est d’atteindre le même niveau de salaire entre le secteur social et les autres secteurs. C’est notre première revendication. La convention collective de travail 45+ accordant plus de congés à partir de 45 ans et celle sur la prépension à 57 ans arrivent à échéance. Nous voulons qu’elles soient reconduites. A part cela, nous voulons également la transformation de la prime de fin d’année (un pourcentage du salaire mensuel) vers un treizième mois à part entière. Nous exigeons une semaine de travail de 36 heures avec maintien du salaire comme premier pas vers une semaine de 32 heures.

    Grâce aux luttes du passé nous avons conquis le droit à plus de congés à partir d’un certain âge et le droit à la prépension à un âge plus bas que dans d’autres secteurs. Si les embauches compensatoires ne sont pas réalisées cela crée une surcharge de travail pour les jeunes travailleurs. L’embauche compensatoire est notre revendication finale.

    Chez nous, ils veulent passer à un système de financement par enveloppes pour les supports logistiques, comme la cuisine et l’entretien. Le danger consiste en ce que la direction décide de faire sous-traiter l’entretien par une société privée. C’est une menace vis-à-vis de la qualité de la nourriture, mais surtout sur les emplois et le statut d’un milliers de travailleurs.

    Votre cahier de revendications reflète une combativité magnifique. Comment pensez-vous pouvoir transformer ces revendications en victoires?

    A partir de la mi-janvier nous allons passer à l’action: d’abord des actions ponctuelles, mais aussi des grèves et des manifestations. Parce qu’on a pu réunir des dizaines de milliers de travailleurs dans la rédaction du cahier de revendications, je pense qu’on sera capable de faire participer beaucoup de travailleurs du secteur social aux actions. Dans le passé, nous avons réussi à arracher la plupart de nos revendications. Nous allons faire en sorte que cela continue!

    Propos recueillis par Koenraad Depauw


    (*) LBC: centrale CSC des employés en Flandre.

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