Author: sander

  • Interdiction du foulard: Diviser pour régner

    DEPUIS QUE le gouvernement français a déposé un projet de loi pour interdire les «symboles religieux ostensibles» à l’école, la discussion a éclaté aussi en Belgique. D’abord en Wallonie où deux parlementaires, Destexhe (MR) et Lizin (PS), ont fait des propositions allant dans le même sens, puis en Flandre où Dewael veut faire oublier la défaite que le VLD a subie dans le débat sur le droit de vote et montrer que le VLD «ose». Pas besoin de beaucoup de courage pourtant pour désigner un groupe déjà discriminé comme bouc émissaire pour les prétendus problèmes de vie en commun. Le but de cette manoeuvre, c’est de diviser les travailleurs dans la perspective des assainissements draconiens qui sont prévus pour les prochains mois.

    Anja Deschoemacker

    Le débat est faussé par un certain nombre d’arguments tirés par les cheveux. Ainsi, la séparation de l’Etat et l’Eglise. Une institution doit être neutre du point de vue religieux, ne peut donc pas imposer l’une ou l’autre religion, mais ni le personnel de l’institution, ni les gens qui utilisent ses services ne doivent être obligés de cacher leurs opinions religieuses. Leur droit à porter le voile, s’ils le souhaitent, relève totalement de la liberté de religion individuelle. Sans oublier en plus que la Belgique ne connaît pas une séparation stricte entre l’Etat et l’Eglise et que la majorité des écoles appartiennent au réseau catholique!

    Comment le racisme se déguise en féminisme

    Les défenseurs de l’interdiction abusent de manière hypocrite de l’idée de l’émancipation des femmes afin de stigmatiser un autre groupe opprimé. Dans les pays occidentaux il existe une égalité légale entre hommes et femmes. Dewael et les autres essaient de nous faire croire qu’il s’agit aussi d’une égalité réelle. Mais une femme peut bien être considérée par la loi comme égale à l’homme, si elle ne gagne pas assez elle-même pour assurer sa vie et celle de ses éventuels enfants, elle reste dépendante de celui qui gagne le revenu, qui est le plus souvent un homme. L’égalité légale n’a pas mené à un salaire égal, à des conditions de travail et à des chances de trouver un emploi égale, à la disparition de la violence intrafamiliale,…

    Les immigrés, et parmi eux les femmes, subissent des discriminations sur le plan de l’enseignement, du logement et du marché du travail. Une fille musulmane, à qui les parents imposent le foulard, ne fera pas un pas en avant avec l’interdiction de celui-ci. Le foulard est unilatéralement présenté comme un élément de soumission de la femme. Pourtant aujourd’hui de nombreuses femmes le présentent comme un élément de défense de leur identité personnelle ou comme un élément de protestation contre une société raciste. Et qu’est-ce que Dewael a à offrir aux filles musulmanes qui se révoltent contre leur père, leurs frères ou leur mari? Une protection? Un emploi ou une allocation qui leur permettent de vivre? Une habitation sociale si elles ne peuvent plus rester à la maison? Non, même pas un accueil de première ligne, comme par exemple un refuge où elles pourraient rester quelque temps si nécessaire. Il y a plus de places d’accueil pour les chiens errants que pour les femmes qui sont victimes de violence. L’émancipation des femmes doit être tangible, sinon ce n’est que des paroles vides de sens.

    L’oppression fait le jeu des courants réactionnaires

    On parle aussi beaucoup du danger qui proviendrait d’une radicalisation de l’Islam. L’Islam est présenté comme dangereux pour «nos valeurs démocratiques». S’il y a une radicalisation, ce n’est pas parce qu’il y a des forces réactionnaires qui font de la propagande – elles le font déjà depuis longtemps – mais parce qu’il y a un bouillon de culture favorable pour cette radicalisation. Etant donné le rôle impérialiste de l’Occident dans le monde musulman, il n’y a rien de surprenant à ce qu’il y ait des sentiments anti-occidentaux. Ces sentiments pouvaient dans le temps trouver un cadre progressiste dans les idées du socialisme. Mais, depuis la chute du stalinisme, c’est vers un islam politique plus radical qu’ils se tournent à la recherche d’une réponse à des situations économiques catastrophiques.

    En Belgique, les immigrés sont de plus en plus attaqués, sous la pression du Vlaams Blok apparemment suivi de toute la caste politique. La discrimination est claire quel que soit le terrain: un chômage plus grand, un accès moindre à l’enseignement, une concentration dans des secteurs mal payés et/ou lourds,… Demander à des femmes immigrées de ne voir leur discrimination qu’en tant que femmes et non qu’en tant que travailleurs d’origine étrangère est absurde. Ce sont justement des mesures comme l’interdiction du foulard qui vont pousser les immigrées à se replier toujours plus sur leur propre communauté, dans lesquelles des courants de l’islam politique sont souvent les seuls leaders d’opinion.

    Un point de vue socialiste

    Les marxistes partent du point de vue que la religion est l’opium du peuple. Les classes dirigeantes utilisent toujours les religions pour développer le fatalisme dans les classes opprimées, afin de leur faire accepter l’inégalité sociale. Mais, de même qu’on ne peut pas contraindre des toxicomanes à se désintoxiquer, on ne peut pas lutter efficacement contre la religion par la répression, comme le montre clairement l’histoire des systèmes staliniens.

    Nous voyons la religion comme un choix personnel. Pour nous, l’Etat a le devoir d’assurer à la population un enseignement qui lui permette d’accéder aux connaissances et à la compréhension scientifiques les plus avancées. Mais l’Etat ne peut néanmoins pas obliger les gens à abandonner leurs croyances religieuses; le résultat d’une telle contrainte serait totalement contre-productif.

    Le plus important pour nous est la création des liens de solidarité entre les travailleurs de toute nationalité, de toute religion, de toute ethnie,… Nous ne voulons pas que les travailleurs d’origine étrangère se conforment aux idées de Dewael et des autres, mais nous voulons que les immigrés soient intégrés dans la classe ouvrière. Pour cela, la lutte pour l’égalité des droits et contre la discrimination est indispensable. La libération de la femme musulmane – comme celle de la femme belge – se fera dans la lutte pour des revendications comme un emploi et une habitation accessible à tous, des droits individuels à la sécurité sociale, un enseignement gratuit de qualité pour tout le monde.

    Tant que la classe ouvrière organisée se laissera diviser par le racisme, le sexisme, le nationalisme,… elle ne pourra avancer dans sa lutte pour construire des organisations qui puissent l’amener à la victoire.

  • L’hypocrisie républicaine

    EN FRANCE, les partisans comme les adversaires de la loi contre le foulard à l’école rédigée par le ministre de l’Enseignement Luc Ferry se réclament des valeurs républicaines dont le principe de laïcité, consacré par la loi de 1905, constitue la pierre angulaire.

    Thierry Pierret

    Les premiers veulent en réaffirmer le principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat, les seconds celui de liberté de conscience. C’était une loi d’apaisement après plusieurs années de politique violemment anticatholique. A l’époque, le Parti socialiste français avait soutenu cette politique, ce qui a détourné de lui les ouvriers catholiques qui ont rallié la droite monarchiste. Le ralliement du PS, du PCF et d’une partie de l’extrême-gauche au projet de loi détournera de la gauche bon nombre de travailleurs musulmans.

    Quelle unité?

    Il est loin le temps où la bourgeoisie était une classe révolutionnaire. Tout le verbiage sur «les valeurs républicaines» n’a d’autre but que de jeter un voile sur sa domination de classe. On récupère sans vergogne les symboles de 1789 pour mieux en dénaturer les acquis. Le Décret Crémieux de 1870 accordait les droits civiques aux Juifs d’Algérie mais pas aux Musulmans. D’après le «Décret Ferry», les élèves sikhs pourront porter un petit turban, mais les élèves musulmanes ne pourront même pas porter un bandana. Diviser pour régner, maintenant comme jadis. Mais Ferry argumente: «Il faut empêcher l’apparition du communautarisme à l’école». Diviser au nom de l’unité, quel raffinement! Notre démarche est tout autre: nous défendons le droit de tous à la libre expression de leurs convictions à l’école comme dans l’entreprise. C’est le seul moyen d’atteindre une unité réelle entre les travailleurs – et entre leurs enfants – autour de leur intérêt de classe commun. Cette unité est fondamentale dans la lutte pour le socialisme. Seul le socialisme permettra de préserver les acquis démocratiques de 1789 – l’égalité formelle entre les citoyens – tout en créant les conditions de l’égalité réelle par la suppression de l’exploitation capitaliste et des classes sociales.

  • Service public privatisé. “Je prèfère encore courir derrière le camion!”

    Service public privatisé

    Dans pas mal de communes, le ramassage des ordures ménagères est confié depuis quelques années à des firmes privées dont l’objectif est de faire du profit et non de rendre un service à la population. Bon nombre d’habitants l’ont ressenti dans leur portefeuille: sacs payants, hausse de la taxe annuelle,…Bien entendu, un sac à 1 euro, cela pèse plus sur le budget d’un pensionné ou d’un chômeur que sur celui d’un notaire. Et les travailleurs qui collectent les déchets? Nous avons interrogé Jean, qui travaille dans une firme privée de ramassage des poubelles.

    Tu travailles chez Biffa. C’est une société privée ou une intercommunale?

    C’est privé à 100%. Biffa a des contrats avec les autorités locales pour ramasser les déchets. Là où j’ai travaillé, on était chargé de ramasser les sacs PMC (sacs bleus) dont le contenu est recyclable (canettes en métal, bouteilles en plastic, tetrapak,…). Normalement les sacs ne sont pas trop lourds, sauf quand les gens trichent en remplissant les boîtes avec plein de truc. Comme les sacs sont relativement légers on est seul derrière le camion. Tous les ménages ne trient pas. Il y a donc moins de sacs bleus. Ils sont moins lourds mais il faut cependant une bonne condition physique car on ne marche pas derrière le camion, mais on court toute la journée. Je dis bien «courir», car si on marche on ne rentre pas chez soi avant 10 heures du soir! D’après les mesurages qui ont été faits, un ramasseur de sacs PMC fait en moyenne une quarantaine de km à pied sur sa journée de travail. Quand la distance est trop longue entre les habitations je monte dans la cabine du camion. Celui-ci parcourt en moyenne une centaine de km sur la journée, y compris la distance pour aller au dépôt de Châtelet..

    Y a-t-il des travailleurs intérimaires?

    Oui. En principe pour boucher les trous (remplacer les malades, ceux qui sont en congé) mais certains intérimaires sont là tous les jours.

    Et le salaire?

    La firme chipote avec les barèmes. Nous sommes clas-sés dans la catégorie «transport routier», où les salaires sont plus bas qu’en «ramassage des déchets». Sur le plan salarial je suis considéré comme convoyeur et non comme ramasseur. Nous sommes donc payés moins que les ouvriers qui ramassent les ordures ménagères. En francs belges, j’avais environ 330F de l’heure plus une prime d’environ 35F de l’heure car nous n’avons pas de toilette ni de cantine. Le supplément pour les heures supplémentaires n’est payé qu’au delà de 10 heures de travail quotidien et non pas au delà de 8 heures, parce que dans le transport routier on considère qu’il y a des «heures d’attente».

    S’il n’y a pas de réfectoire ni de sanitaires prévus, comment faites-vous pour manger? Pour vous laver les mains?

    On mange dans le camion. On a un jerrycan d’eau pour se laver les mains. On travaille bien sûr avec des gants pour des raisons d’hygiène et pour éviter les coupures. Normalement on doit passer un examen médical. J’ai été convoqué plusieurs fois à l’examen mais je devais pour cela courir à Charleroi en dehors de mes heures de travail. Comme j’arrête ce travail dans quelques semaines, je n’aurai pas subi d’examen médical. J’ai seulement envoyé mon attestation de vaccination antitétanique.

    Y a-t-il une présence syndicale?

    J’en ai entendu parler, mais je n’ai jamais vu de délégué. Il faut dire que la firme est très étendue et a des activités diverses dans la collecte et le traitement des déchets. Ainsi au dépôt de Châtelet se trouve un centre de tri: des aimants sélectionnent les objets métalliques. Tout le reste est trié à la main par des travailleurs mal payés et qui sont toute la journée le nez dans les odeurs. Je préfère encore courir derrière le camion car là au moins on est à l’air.

    Par tous les temps?

    Oui. Le pire n’est pas le froid mais la pluie. Il n’y a pas de chômage intempéries prévu, comme dans le bâtiment. S’il pleut, les sacs doivent quand même être ramassés. On s’arrête parfois quelques minutes s’il drache trop fort. Mais si la pluie continue de tomber il faut bien recom-mencer à courir derrière le camion. On est trempé toute la journée. On a bien des protections mais qui prennent l’eau rapidement. Courir avec un ciré est intenable car on transpire tellement qu’on est alors mouillé à l’intérieur. On reçoit des vêtements de travail fluos, comme tous ceux qui travaillent le long des routes, mais seuls les travailleurs engagés directement par Biffa reçoivent des chaussures de sécurité. Pas les intérimaires!

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

  • NON à la chasse aux chômeurs!

    Le gouvernement prépare un bain de sang social

    EN TITRANT «Chasse aux chômeurs», le quotidien économique De Tijd a salué l’objectif du gouvernement d’exclure du bénéfice des allocations 30.000 chômeurs d’ici 2007. Le quotidien se base sur une série de notes internes aux cabinets ministériels PS et SP.a qui tracent les grandes lignes pour exclure les chômeurs.

    Peter Delsing

    Depuis le début de la crise, dans les années 70, le chômage est en progression ininterrompue. Le trucage des chiffres (les chômeurs âgés et les exclus des allocations ne sont plus repris dans les statistiques) ne peut masquer le fait que le capitalisme condamne une partie croissante de la population au chômage structurel. Cet été, le VDAB (l’équivalent en Flandre du FOREm wallon ou de l’ORBEm bruxellois) a annoncé que pour chaque poste vacant il y a six chômeurs.

    Le ministre de l’Emploi Frank Vandenbroucke (SP.a) crie sur tous les toits que les chômeurs doivent s’adapter pour décrocher un emploi. Mais ce n’est pas la faute des chômeurs, mais du marché de l’emploi. Même des diplômés hautement qualifiés ont du mal à trouver du travail malgré les dizaines de lettres qu’ils envoient pour répondre aux offres d’emploi parues dans la presse.

    Heureusement que l’on peut encore compter sur le PS et le SP.a pour faire les petits boulots ingrats du patronat! L’exclusion de 30.000 chômeurs signifie une diminution de 8% du nombre d’allocations de chômage. L’ONEm, vivement encouragé par le gouvernement, entend réduire ses dépenses de 209 millions d’euros d’ici 2007. (De Tijd, 10/1/2004).

    Frank Vandenbroucke veut contrôler si, après 18 mois de chômage, les allocataires ont réellement cherché du travail. Après leur avoir donné une seconde «chance», ils risquent déjà de perdre une partie de leur allocation. Ceux qui ne parviennent pas à prouver qu’ils ont cherché un emploi risquent l’exclusion pure et simple, y compris les chefs de ménage!

    Les contrôles seront effectués par l’ONEM même, ce qui est une rupture avec la situation actuelle. L’ONEm n’est pas un service d’accompagnement des chô-meurs. Il aura la tâche d’exclure du droit au chômage un quota de chômeurs fixé à l’avance.

    D’autre part, le gouvernement se montre prévenant envers ceux qui ont planqué leur magot dans des banques étrangères et n’ont donc pas payé le moindre centime d’impôt sur les intérêts encaissés: ils pourront bénéficier d’une amnistie fiscale en rapatriant leurs capitaux moyennant un léger impôt de 9%, voire de 6% (comparez avec le taux d’impôt sur les salaires!). Les entreprises reçoi-vent en cadeau une nouvelle baisse des charge sociales.

    Le gouvernement Verhofstadt/Onkelinx est un instrument au service des intérêts de la bourgeoisie. Les centaines d’emplois perdus chez Sobelair montrent encore une fois la nécessité d’une riposte organisée. Le syndicalisme de concertation prôné par la bureaucratie syndicale est une impasse. Il faut une offensive qui regroupe les travailleurs du privé, du public et tous ceux qui ont perdu leur emploi afin de contrer la politique asociale de ce gouvernement.

    C’est le message que le MAS/LSP entend mettre en avant au cours des prochains mois. Rejoignez-nous dans ce combat!

  • Enseignement supérieur: Vers des universités d’élite en Europe

    Enseignement supérieur:

    EN ALLEMAGNE, le chancelier Gerhard Schröder prône la mise en place d’universités d’élite sur le modèle américain de Harvard, Standford et compagnies. Le secrétaire général du SPD (social-démocrate) confirme cette idée en avançant la nécessité d’avoir plus de prix Nobel. Le ministère de l’Enseignement supérieur allemand prépare pour cet été un système de notations internationales des universités afin de pouvoir comparer la compétitivité des unifs allemandes avec les universités européennes concurrentes.

    Boris Mallarme

    Les patrons applaudissent. Ils veulent d’un enseignement adapté au besoin du marché capable de concurrencer les établissements américains. La Table ronde des Industriels européens avance depuis 1989 que l’enseignement en Europe fournit une main-d’oeuvre trop critique, pas assez flexible, que trop de moyens sont consacrés aux études inutiles et que trop peu de jeunes font des études supérieures en rapport avec les besoins du patronat.

    Aux États-Unis, les universités décident quels étudiants elles admettent. Les droits d’inscription s’élèvent à des sommes atteignant plusieurs dizaines de milliers d’euros! Bref la sélection est extrême. Seul les génies et les gosses de riches ont accès aux unifs d’élite. Depuis des années les moyens consacrés à l’enseignement diminuent en Allemagne. On financera quelques unifs réservées à une élite au détriment de la masse des étudiants qui accéderont au reste des unifs qui dégénéreront de plus en plus en établissements poubelles.

    L’idée d’écoles supérieures pour l’élite ne touche pas que l’Allemagne. La déclaration de Bologne, signée par 29 ministres européens de l’Enseignement en 1999, vise à préparer les universités européennes à la compétition avec celles des États-Unis. L’harmonisation européenne des structures d’enseignement vise à mettre en concurrence les établissements et non à offrir une plus grande mobilité à la masse des étudiants. La mise en concurrence signifie que les formations jugées non rentables par les entreprises passeront progressivement à la trappe. Le stade final du processus est la création de «pôles d’excellence», où l’accès sera filtré par des minervals exorbitants. En Angleterre, un projet de loi permettant aux unifs d’augmenter les droits d’inscriptions à partir de 2006 sera voté dans les prochains jours. Les montants des frais scolaires pourront alors grimper jusqu’à 4.500 euros par an (Le plafond étant pour le moment de 1.656 euros). De nombreux étudiants à la suite de leurs études seront endettés de plusieurs dizaines de milliers d’euros. La dette serait effacée si elle n’a pas été payée entièrement après 25 ans. Cela rappelle les suggestions des économistes de l’UCL d’élever le minerval à 4.000 ou 6.000 euros à rembourser après les études.

    Seuls les étudiants les plus aisés capables de payer leurs frais de voyages, leurs logements, leurs droits d’inscription,… pourront étudier à l’étranger.

    Bologne conçoit une mobilité accrue pour ceux qui seront admis dans les futurs unifs d’élite étrangère et non pour tous. A côté de ces pôles d’excellence, il y aura des établissements de seconde zone, plus accessibles, mais dont la qualité laissera de plus en plus à désirer et dont les diplômes auront peu de valeur. C’est là qu’échoueront la masse des étudiants les moins fortunés.

    L’enseignement en Belgique suit cette tendance néo-libérale européenne.

    Le 3 janvier 2004, le gouvernement de la Communauté française a approuvé l’avant projet de décret dit de «Bologne» de la ministre de l’Enseignement supérieur Françoise Dupuis visant à mettre en place l’harmonisation européenne des structures (du coté flamand l’avant-projet de décret correspondant a été voté depuis le 5 juillet 2002). Ce décret remplace le système candis/licences (2+2) par 3 ans de baccalauréat et puis un an de maîtrise (3+1) ou deux ans pour une maîtrise spécialisée (3+2). Les écoles supérieures sont intégrées à ce système. Il faudra dès lors être capable de payer la cinquième années d’études pour avoir le diplôme de maître spécialisé qui vaudra évidemment plus sur le marché de l’emploi que celui de maître. L’autre grosse partie du décret concerne la constitution «d’académies», possible autour de l’ULB, de l’ULG et de l’UCL, associant plusieurs universités francophones du pays. Les universités pourront léguer à souhait à leur «académie», des parties de l’enseignement, de la recherche et des services qu’elles organisent. Ceci permet aux universités de rationaliser, de faire baisser les coûts de fonctionnement (moins d’administration, suppressions de filières, pertes d’emploi,…). Les universités sont en train de se constituer en pôle avec des écoles supérieures. Tout ceci a pour objet de tenter de développer un pôle d’excellence réservé à l’élite du côté francophone.

    La vague d’attaques au niveau européen contre les acquis en matière d’éducation visant à augmenter la sélection montre une fois de plus le caractère antisocial de l’Europe capitaliste. L’enseignement est l’un des thèmes de la campagne électorale du MAS pour les élections de juin. Le MAS combat l’idée d’un enseignement élitiste et défend un enseignement gratuit et de qualité à tous les niveaux. Etudiants de Gauche Actifs est solidaire de la campagne électorale du MAS qui est la seule opposition de gauche crédible qui défende nos droits d’étudiants.

  • Un an après la loi sur le revenu minimum d’intégration

    CPAS négrier

    Il y a plus d’un an (26 mai 2002) une nouvelle loi (Van de Lanotte/Onkelinx) entrait en vigueur pour remplacer le minimex par un hypocrite «droit à l’intégration sociale».

    Cécile et Caroline

    Le CPAS est devenu un pourvoyeur de main-d’oeuvre au rabais et participe par là à la précarisation de l’emploi en général. La loi sur le minimex, de 1974, prévoyait l’octroi d’un revenu minimum à toute personne qui remplissait des conditions objectives (âge, nationalité, absence de ressources,…) et qui était disposée à travailler (une notion au départ moins contraignante que celle de la disponibilité sur le marché de l’emploi applicable en matière de chômage).

    Les aspects positifs de la loi de 1974 ont été anéantis par la loi de 2002. L’intégration sociale prend la forme d’un emploi et/ou d’un revenu d’intégration. Une pression financière est exercée sur les CPAS pour que ceux-ci poussent les allocataires à accepter n’importe quel boulot. Les CPAS sont sous-financés mais perçoivent une subvention du fédéral pour chaque personne mise au travail (à laquelle s’ajoutent des primes régionales, européennes, etc.).

    Comment le CPAS s’y prend-il pour contraindre à accepter aux allocataires des jobs précaires et mal payés? La nouvelle loi a remplacé le droit objectif (au minimex) par un «contrat» entre l’allocataire et le CPAS. Le contrat s’appelle «projet d’intégration». Bien entendu le rapport de force est inégal. Si la personne refuse le job proposé par le CPAS, elle perd l’allocation d’intégration sociale pour une période pouvant aller jusqu’à trois mois. C’est donc le retour au travail forcé!

    Quels «emplois» proposent le CPAS? Des travaux sub-alternes, généralement sans rapport avec les aspirations, les qualifications ou la vie familiale des intéressés. Ces derniers sont rémunérés au salaire minimum garanti et à durée déterminée. En fait le CPAS les met au travail juste le temps de cumuler l’ancienneté nécessaire pour émarger au chômage.

    C’est cela «l’intégration sociale»! Soit le CPAS engage des personnes ou les fait travailler dans le privé. Il peut même les faire travailler dans le cadre d’une «formation préalable», payée 1 euro de l’heure (en plus du revenu d’intégration sociale) et qui est exclue du champs d’application du droit du travail.

    Finalement, le CPAS joue le rôle «d’ORBEm ou de FOREm des plus pauvres» et ne propose que des petits boulots pré-caires là où on pourrait engager avec un vrai contrat et un vrai salaire.Les syndicats n’ont pas réagi à cette nouvelle précarisa-tion de l’emploi.

  • Austérité pour le monde du travail

    Maximum à facturer pour les gros utilisateurs industriels d’énergie

    Les gros utilisateurs industriels font la bonne affaire

    Après le durcissement du contrôle des chômeurs, l’introduction d’un maximum à facturer pour la consommation d’électricité est de loin la mesure la plus importante du conclave. Les 25 plus grosses entreprises paient ensemble 40% de la facture totale de l’énergie en Belgique. Puisque l’industrie achète l’électricité à des tarifs inférieurs à ceux des particuliers, cela signifie que ces 25 entreprises consomment largement plus de 40% de la consommation totale d’électricité en Belgique. Le gouvernement veut rémunérer cela en «plafonnant» les taxes sur la consommation d’énergie. 145.000 entreprises vont en profiter, parmi lesquelles la SNCB. Etant un service public, la SNCB payait annuellement 2 millions d’euros en taxes sur l’électricité. Maintenant que l’entreprise va être scindée en vue de la libéralisation et de la privatisation, ce qui était impossible à discuter auparavant devient possible: la SNCB ne paiera plus que 250.000 euros au maximum en taxes sur l’électricité.

    C’était prévisible! La coalition violette ne tient pas debout. On cherche à grand peine une politique commune. En revanche, les annonces ministérielles pleuvent, les unes plus irréalistes que les autres (les Jeux Olympiques en Belgique, les trains gratuits,….). Il était donc temps pour le Premier ministre Verhofstadt d’impulser une dynamique de groupe. Le gouvernement a donc fait une retraite, le temps d’un week-end, dans une ferme château à Gembloux. Après ce week-end, les organisations patronales n’ont pas ménagé leurs éloges tandis que les syndicats affichaient leur déception. Et pour cause !

    Eric Byl

    Victoire libérale

    Tous les observateurs sont d’accord: les libéraux sont sortis vainqueurs du conclave. C’était nécessaire du point de vue du gouvernement. Le fait que la Belgique avait été critiquée internationalement pour la croissance des impôts sous la coalition violette doit surtout avoir été dur à avaler pour les partis «anti-impôts», le VLD et le MR. De plus, l’image de marque du bon père de famille, que le gouvernement aime à se donner, a été mise à mal par le Fonds Monétaire International. Le FMI a donné un avertissement au gouvernement pour la façon dont il a équilibré son budget. Le FMI aimerait voir remplacer la reprise des pensions de Belgacom et la vente de bâtiments par des mesures plus structurelles.

    Ensuite, il y eut les bricolages successifs de la déclaration libératoire unique (DLU), autrement dit de l’amnistie fiscale. A l’origine, celle-ci devait s’appliquer à partir du 1er janvier 2004. L’ordonnance d’application a été coulée par le Conseil d’Etat. Le cabinet du ministre des Finances Reynders a tenté d’arranger la chose, mais la nouvelle ordonnance est tellement ambiguë que les banques conseillent à leurs clients d’attendre encore un peu. Bref: l’ordonnance ne vaut rien.

    Tant de bévues devaient inévitablement mener à des grognements et à de la nervosité sur les bancs libéraux. Le VLD voit s’exprimer, depuis quelques semaines, sinon quelques mois, des voix dissidentes fortes sur son aile droite. Cela a commencé avec l’ancien ministre Daems, qui a déclaré à l’hebdomadaire populaire Dag Allemaal que la fraude sociale était pire que la fraude fiscale, tout en trônant sur le perron de sa luxueuse villa. Cela a continué avec la flibuste menée par Coveliers sur le droit de vote des immigrés, sa démission comme dirigeant de la fraction VLD au Sénat et sa menace de démissionner du parti. Puis ce fut à nouveau Dewael, qui a lancé à mauvais escient le débat sur le foulard. Enfin le VLD a été obligé d’exclure Claudine De Schepper, parlementaire anversoise, pour son adhésion au Comité contre le droit de vote des immigrés, lancé et contrôlé par le Vlaams Blok. Aller aux élections d’une manière aussi divisée et peu crédible n’était pas possible pour Verhofstadt et le VLD et, dans une moindre mesure, le MR. Ils avaient besoin de concessions pour apaiser leur aile droite et pour augmenter leur crédibilité. C’était là le véritable objectif de Gembloux.

    Un maigre résultat?

    "Quand les libéraux obtiennent un succès, alors c’est bien aussi pour les socialistes"

    (Steve Stevaert, président du SP.a)

    Selon la presse, en fin de compte peu a été décidé: de vieilles décisions ont été confirmées, d’autres reportées. Se-lon l’hebdomadaire Knack: «Il faut encore attendre le grand projet de société dont Guy Verhofstadt parlait dans ses Manifestes du Citoyen. Quel projet? «Le gouvernement sait pourtant que la même tâche l’attend que celle qui a déjà commencé dans les pays voisins, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Il s’agit de la réorganisation complète de notre sécurité sociale et du marché de travail.» Voilà qui est très clair, mais les journalistes pensaient-ils vraiment que le gouvernement annoncerait cela publiquement moins de six mois avant les élections?

    Qu’est-ce qui est alors sorti de Gembloux? Toutes sortes de cadeaux aux patrons sous la forme d’une réduction des charges sur le travail de nuit et le travail en équipes, de la possibilité de faire travailler le personnel des magasins le dimanche et de l’assouplissement de la loi sur l’implantation des centres commerciaux, d’une plus grande réductibilité des déjeuners et des dîners d’affaires. Le plus grand cadeau est le maximum à facturer sur l’utilisation d’électricité par les grands entreprises (voir cadre).

    Comme les petits indépendants s’opposent à la révision de la loi sur l’implantation des surfaces commerciales en faveur des grandes surfaces et à l’élargissement du travail de dimanche, le gouvernement leur offre en compensation un statut social meilleur… qu’ils payeront eux-mêmes au travers de cotisations plus élevées. Le gouvernement veut aussi réduire la TVA de 21% à 6% dans le secteur Horeca (mais ceci doit encore être approuvé par l’Europe). Bref: les libéraux ont obtenu les succès qu’ils voulaient.

    Il se peut que les succès des libéraux soient bien aussi pour certains «socialistes», surtout ceux qui – comme Stevaert – sont patrons d’une chaîne de cafés. La majorité des socialistes – et les travail-leurs qui ont été il y a long-temps «représentés» par eux – devront malheureusement constater que le gouvernement n’a pas seulement été géné-reux avec la santé des travailleurs – en impulsant le travail en équipe, le travail de nuit et le travail du dimanche – mais qu’il sera aussi de plus en plus difficile d’être malade ou vieux. En effet, pour favoriser l’engagement de travailleurs à bas salaires, le gouvernement à décidé de «donner» un «bonus crédit d’emploi». Ce-lui qui gagne moins de 1.956 euros brut par mois paiera moins de cotisations sociales, celui qui gagne moins de 1.095 euros brut n’en paiera même plus. Ainsi nous gagnerons plus en net, mais que se passera-t-il quand nous serons malades, licenciés où retraités? Nous devrons payer de notre propre poche parce que la baisse des cotisations sociales aura ruiné la sécurité sociale. Ainsi le gouvernement reprendra (largement) d’une main ce qu’il a donné de l’autre.

    Les chômeurs dupés

    Selon Alfons Verplaetse, l’ancien gouverneur de la Banque Nationale, la tâche de ce gouver-nement et de ses successeurs est comparable à celle de Wilfried Martens pendant les années 80. Les gouvernements de cette époque ont appliqué de lourdes mesures d’austérité. Durant cette période, les salaires ont baissé en moyenne de 15% et les allocations de 20% en moyenne. Simultanément la productivité des travailleurs est devenue une des plus élevées au monde. Les profits ont battu tous les records, la dette publique a triplé. En bref, ce fut un transfert massif de moyens financiers des pauvres vers les riches.

    C’est ce que le FMI, la Banque Nationale, la FEB et com-pagnie attendent aujourd’hui du gouvernement: un carnage social en limitant dans le temps le droit à une allocation de chômage et en allongeant la durée moyenne d’une carrière professionnelle. Les décisions concernant ce dernier point ont été reportées jusqu’après les élections. Nous pouvons deviner pourquoi. Le droit à une allocation de chômage n’a pas été officiellement limité dans le temps. Mais, en pratique, cela reviendra au même par la centralisation accrue du contrôle des chômeurs par l’ONEm fédéral au détriment des services d’emplois régionaux, l’ORBEm, le FOREm et la VDAB.

    Contrairement aux services d’emplois régionaux, qui accompagnent les demandeurs d’emplois dans leur recherche d’un emploi et essaient d’éviter une suspension, l’ONEm est purement un mécanisme de contrôle. Après 18 mois en moyenne de chômage, tous les demandeurs d’emploi seront obligés de prouver à l’ONEm qu’ils ont activement recherché du travail. Celui qui ne pourra prouver «suffisamment d’efforts» sera définitivement suspendu après trois convocations. Il faudra démontrer au moins 312 journées de travail dans une période de 18 mois pour avoir de nouveau droit à une allocation. Knack appelle cela «une percée de principe pour limiter le chômage dans le temps». Cette mesure asociale sera aussi appliquée aux chômeurs âgés (50 ans et plus). On comprend après tout cela pourquoi petits et grands patrons crient victoire… et pourquoi, à gauche, il vaut mieux être patron de café(*) que chômeur!


    (*) Steve Stevaert, président du SP.a, est patron de café.

  • Faillite de la Sobelair. Les travailleurs laissés à leur détresse

    La faillite de la Sabena avait provoqué un choc important au sein du monde du travail: beaucoup de travailleurs y ont vu (avec raison) la conséquence de la privatisation et de la course au profit. Mais une partie plus large de la population avait été touchée et avait perçu la faillite de la Sabena comme la disparition d’un symbole national. Les travailleurs de la Sabena, et en particulier le personnel de cabine, avaient fait preuve d’une combativité résolue.

    Guy Van Sinoy

    Mais les directions syndicales n’étaient pas à la hauteur car elles n’avaient pas l’intention de mener une lutte de grande envergure pour sauvegarder l’emploi des travailleurs de la Sabena et des entreprises de sous-traitance. La manifestation nationale de solidarité organisée à Zaventem par les directions syndicales n’avait d’ailleurs pas eu pour but de lancer un mouvement de grèves allant en s’élargissant, mais seulement de montrer que les syndicats avaient «montré leur solidarité».

    Aujourd’hui les travailleurs de Sobelair sont bien seuls. D’abord parce que la Sobelair n’avait pas le prestige de la S-bena et qu’une large partie de la population n’accorde pas beaucoup d’importance à cette faillite. Ensuite parce qu’une partie des travailleurs de Sobelair sont des anciens de la Sabena et ont dû accepter une baisse de salaire de 25% pour être repris par Sobelair. Enfin parce qu’ils ont retenu de l’expérience de la Sabena que les directions syndicales ne sont capables de les soutenir qu’en organisant une manifestation symbolique au lieu de lancer une bataille pour le maintien de l’emploi avec une mobilisation d’autres secteurs.

    Le désarroi des travailleurs licenciés chez Sobelair fait peine à voir. A la fois ils dénoncent les manoeuvres de leur patron, l’affairiste Bruno Vastapane, tout en s’accrochant désespérément aux belles paroles des curateurs. Voir les travailleurs de la Sobelair applaudir les curateurs au lendemain de la faillite donne la mesure de leur désarroi. Nous ne sommes pas les apôtres de la violence. Mais il suffit de se rappeler la manière dont quelques travailleurs des Forges de Clabecq, poussés à bout par les huissiers qui les harcelaient, avaient traité les curateurs des Forges pour voir le gouffre qui sépare les travailleurs de la Sobelair de ceux de Clabecq. A Clabecq l’incident avec les curateurs n’avait rien arrangé: au contraire car les médias s’étaient jetés sur cet incident pour criminaliser les travailleurs des Forges et en particulier leurs délégués FGTB qui menaient le combat sur tous les fronts: contre les patrons, le gouvernement wallon et la bureaucratie syndicale. Les travailleurs des Forges de Clabecq avaient cependant compris que les curateurs ne sont pas là ni pour défendre l’emploi ni le sort des travailleurs mais pour solder l’entreprise et payer les créanciers. Dans le camp patronal, les vautours se pressent autour de la Sobelair pour la dépecer et acquérir à vil prix l’un ou l’autre bon morceau. Dans le camp syndical, les dirigeants syndicaux se font discrets.

    Partout dans le monde les travailleurs de l’aviation civile sont soumis à une dégradation brutale de leurs conditions de travail et de rémunération. Ainsi chez Ryanair le personnel de cabine doit nettoyer l’habitacle lors des escales. Dans son livre «Mike contre-attaque» (Stupid White Man), Michael Moore dénonce le fait que les pilotes d’American Eagle, une filiale d’American Airlines, ne gagnent que 16.800$ par an (soit l’équivalant 1.12O euros par mois!). La bourgeoisie, les gouvernements, le Fonds Monétaire International ne cessent d’invoquer le respect d’une logique: la rentabilité économique (le profit) des en-treprises. Mais les travailleurs ont une autre logique économi-que à respecter: celui de faire vivre leur famille! Dans cette bataille il n’y a pas d’espace pour une position intermédiaire entre les deux camps: soit on accepte avec résignation la logique capitaliste qui vous broie, soit on mène avec l’ensemble des travailleurs une résistance acharnée contre l’exploitation. Mais cette résistance ne peut être menée à bien qu’à deux conditions: renforcer le mouvement syndical à la base et y mener une lutte sans merci contre les dirigeants syndicaux qui acceptent la logique capitaliste.

  • France. Vers un nouveau parti pour les travailleurs en 2004?

    En ce début d’année 2004, l’alternative politique pour le monde du travail doit s’exprimer par la mise en avant de la nécessité d’un tel parti. Les listes Lcr-Lo sont créditées de plus de 10% dans les récents sondages.

    Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.

    Les travailleurs vont utiliser le bulletin de vote pour rejeter la politique du gouvernement et contester ceux qui, de la Gauche plurielle aux directions syndicales, les empêchent de lutter. Ce vote ne doit pas offrir aux travailleurs, aux jeunes et aux chômeurs un simple moyen de contestation politique mais aussi un débouché après les élections, une perspective de combat au quotidien.

    Le premier novembre 2003, la Ligue Communiste Révolutionnaire, lors de son congrès, a lancé un appel à “Rassembler la gauche anticapitaliste”. Cet appel propose la tenue de rencontres locales de débat et d’action ouvertes à toux ceux qui cherchent une alternative politique pour le monde du travail puis des Assises nationales fin 2004.

    Si cette volonté inscrite dans l’appel ne veut pas rester lettre morte, alors il ne faut pas attendre les résultats électoraux en juin 2004 pour la populariser et mettre en pratique. Découper les élections de la situation quotidienne des travailleurs serait faux et démobilisateur. Le débat serait abstrait et la participation sûrement limitée à un cartel d’extrême gauche, si pendant les mois de campagne électorale personne ne parlait de la nécessité d’un nouveau parti à une audience de masse.

    Un peu moins d’un an pour rendre vivante l’idée d’un nouveau parti des travailleurs?

    La LCR se démarque de plus en plus du programme socialiste. “Construire une grande force 100 % à gauche”, “ construire le parti des grèves ”, “ une grande force radicale ”, autant d’appellations floues traduisant une volonté de drainer tout ce qui erre à gauche de la gauche plurielle (réformistes, gauchistes, verts, etc.) dans un machin, une réunion de groupes politiques sans réelles structures ni principes. Ce qui est laissé à la porte, ce sont les fondamentaux du programme socialiste, c’est la masse des travailleurs.

    Arlette Laguiller par trois fois, en 95, en 2002 et en 2003 n’a pas réellement lancé le mot d’ordre de création d’un nouveau parti alors que les conditions objectives et subjectives de la classe ouvrière l’exigeaient. LO préfère s’enferrer dans une logique à la fois ultimatiste et électoraliste. LO reste arqueboutée sur son programme, refusant de concevoir le futur parti des travailleurs autrement que comme un “ parti communiste révolutionnaire ”. Bien sûr si un tel parti était formé nous lutterions pour que le programme de ce parti soit révolutionnaire. Mais nous n’en ferions pas une condition nécessaire à notre participation à un parti des travailleurs si l’on peut s’accorder sur une plate forme fondée notamment sur une orientation anticapitaliste et défendant les revendications des travailleurs.

    C’est pour cela que nous nous inscrirons dans toute initiative qui soit réellement en direction d’un nouveau parti des travailleurs, en y défendant non seulement des bases anticapitalistes mais également une perspective authentiquement socialiste. C’est ce combat que nous vous invitons à mener avec nous en nous rejoignant.

    Dès à présent, dans un climat de luttes très faibles, l’alternative politique doit se décliner dans la lutte contre tous les licenciements, contre les privatisations notamment d’EDF et de La Poste, pour la prise en mains des décisions par les travailleurs.

    C’est donc le moment de faire émerger un outil qui prolonge cette lutte sur le terrain politique. Les travailleurs ont besoin d’un parti ouvert à tous ceux qui s’opposent à la casse de nos conditions de vie et de travail, un parti qui s’oppose à tout ce qui dresse les travailleurs les uns contre les autres (racisme, sexisme, intolérance religieuse). L’extrême gauche en France est positionnée favorablement dans le renouveau du mouvement ouvrier organisé. Nous pouvons donc développer non seulement cette nécessité d’un parti mais aussi offrir la perspective du combat pour une société débarrassée réellement de l’exploitation capitaliste et de la misère, la perspective du socialisme. Mais pour cela, il faut saisir la situation politique sans plus attendre !

  • France: Front National, le 21 Mars 2004 sera t’il une réplique du 21 Avril 2002?

    Personne n’a oublié le choc qu’a été la présence de Jean Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle d’Avril 2002.

    Virginy Prégny

    Après deux semaines de manifestations et une pression médiatique énorme, Chirac était élu avec 82% des voix et était présenté comme le « sauveur de la République », le barrage contre le fascisme. Qu’en est-il aujourd’hui?

    Deux ans de politique ultra libérale et répressive plus tard, près de 1 français sur 4 se dit séduit par les thèses du FN et 28% ne seront pas choqués qu’un élu FN dirige leur région. Le Pen a de très sérieuses chances de remporter le siège de président de la région Provence Alpe Côte d’Azur (PACA), et il n’est pas exclu que des candidats FN obtiennent de gros scores, voire arrivent en tête dans certaines régions (n’oublions pas qu’en Mars 2002 Le Pen était en tête dans 9 régions sur 22 !) Et pour cause, la politique du gouvernement Raffarin –Sarkozy en terme de répression, d’immigration, d’attaques sociales contre les acquis des travailleurs ne peux que conforter ceux qui ont voté Le Pen à la présidentielle.

    Les raisons qui ont poussé de nombreux travailleurs à voter pour l’extrême droite sont toujours les mêmes, et les problèmes se sont aggravés. La gauche s’est définitivement rangée du côté des riches et des patrons, ne proposant aucune alternative crédible aux plus exploités par le capitalisme. Et quant à la droite elle mène la politique qu’elle avait annoncée, jetant dans la misère des milliers de travailleurs, de chômeurs, s’attaquant aux plus faibles de la société et menant une politique raciste.

    Le gouvernement Raffarin–Sarkozy a encore enrichi le terreau sur lequel pousse l’extrême droite : la misère. En l’absence d’un parti combatif qui impulse des luttes unifiant les travailleurs, en l’absence de réelle alternative sociale et économique à ce système barbare, c’est vers le FN que vont se tourner beaucoup de travailleurs déçus. Et Le Pen ne s’y trompe pas, son cheval de bataille pour les régionales sera d’appeler à sanctionner la politique de Chirac et de son gouvernement (pour ceux qui se déplacent encore pour voter !) sur le thème de « l’insécurité sociale ». Il s’adressera ainsi à tous ceux qui se sont fait licencier, ceux qui devront travailler encore plus pour une retraite de misère, les personnes âgées qui ont souffert de la canicule et qui craignent de ne plus voir leurs médicaments remboursés, aux chômeurs rayés des ASSEDIC, ceux qui risquent de perdre leur boulot parce que leur permis de conduire a été suspendu… et la liste est encore longue.

    Front républicain ou front de lutte des travailleurs ?

    Face à ce danger, les principaux partis font leur tambouille : qui va se désister en région PACA , et risquer de ne pas avoir d’élu pendant 6 ans ? Là n’est pas la question. La vraie question est de savoir comment réellement lutter contre l’extrême droite et ses idées.

    Ce n’est pas en faisant des alliances électorales pourries, ou en votant pour le moindre mal (comme en 2002) que l’on fera barrage au FN, mais c’est en s’en prenant à la racine du mal : à ce système économique qui exploite et divise les travailleurs pour engraisser une poignée de privilégiés. C’est en redonnant confiance aux travailleurs dans leur pouvoir de résister et de riposter contre ce gouvernement et tous ceux qui veulent les sacrifier sur l’autel du profit. C’est en donnant des armes politiques, en définissant clairement l’alternative au capitalisme que l’on attaquera profondément l’extrême droite. Tout comme en 2002, ce sont nos luttes qui pourront être les seuls barrages efficaces.

    Des luttes pour une société où l’économie est organisée et contrôlée par ceux qui produisent. Une économie planifiée pour satisfaire les besoins de tous et non les privilèges de quelques uns. Une société socialiste où les rapports humains seront basés sur la solidarité et non la concurrence.

    Cette société c’est à nous de lutter pour la construire, en votant pour les candidats anticapitalistes et surtout en s’organisant et en se mobilisant dans nos entreprises, nos écoles, nos quartiers contre le racisme, contre les licenciements, pour des services publics gratuits de qualité, pour une éducation ouverte à tous : contre le capitalisme, pour le socialisme.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop