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  • Modération salariale? Semaine de 40 heures? Chasse aux chômeurs? Pas question! Il faut un plan d’action!

    Modération salariale? Semaine de 40 heures? Chasse aux chômeurs? Pas question!

    Non seulement pour le non-marchand, mais aussi au niveau intersectoriel!

    A l’approche des négociations pour un nouvel AIP (Accord interprofessionnel: un accord entre patrons et salariés qui vaut pour tous les secteurs), le patronat et le gouvernement ont déjà dévoilé leurs projets. Si le mouvement syndical n’y réagit pas avec toute la pugnacité requise, nous risquons de nous retrouver dans un cimetière social à l’américaine bien plus tôt que nous ne l’imaginons.

    HYPERTENSION, Publication de militants CSC et FGTB du MAS dans le non-marchand

    Le non-marchand n’est pas tout seul: il y a un grand mécontentement dans d’autres secteurs comme La Poste, la SNCB, la STIB, l’enseignement,… où les personnels sont de plus en plus tentés de passer à l’action. Il serait donc totalement insensé de passer à l’action en ordre dispersé alors que les problèmes et les revendications sont les mêmes dans les différents secteurs. Des actions en commun, par-delà les frontières des différents secteurs, auront un impact d’une toute autre ampleur; le patronat et le gouvernement pourront les ignorer moins facilement. Dans tous les secteurs, nous sommes confrontés à

  • un problème de personnel (trop peu de personnel ou des menaces de licenciements collectifs qui augmentent la pression du travail)
  • un manque structurel de moyens qui empêche de garantir un service de qualité
  • la nécessité de hausses salariales pour maintenir notre pouvoir d’achat. C’est d’autant plus le cas dans le non-marchand où notre important retard salarial (11% de moins) par rapport aux autres secteurs menace de s’aggraver suite au niet radical du gouvernement d’augmenter notre pouvoir d’achat
  • le refus catégorique, comme dans le non-marchand, ou le report, comme à La Poste, de l’introduction immédiate de la semaine des 36 heures

    C’est la tâche du mouvement syndical de s’opposer avec force à ce train fou d’austérité. La résistance ne doit pourtant pas se limiter au monde syndical classique, mais doit aussi être étroitement liée aux chômeurs, aux lycéens et aux étudiants (dont l’avenir est plombé par les économies dans l’enseignement; il suffit d’évoquer l’application des Accords de Bologne). Les salariés actifs, les chômeurs et leurs enfants ont tous les mêmes intérêts: la désormais fameuse chasse aux chômeurs, qui vide le droit au chômage de tout contenu, va enclencher une spirale descendante pour les conditions de travail et les salaires des travailleurs vu que les chômeurs seront contraints d’accepter les emplois les plus mal payés et les plus précaires. Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    C’est dans cet esprit que le MAS a engagé des négociations avec les syndicats pour organiser une Marche des Jeunes pour l’Emploi. Un accord de principe s’en est dégagé pour organiser une marche des jeunes le 19 mars 2005 à Bruxelles. Cette marche des jeunes doit servir à forger une unité d’action dans la résistance contre les mesures d’austérité entre les salariés actifs, les chômeurs et les jeunes (lycéens et étudiants). Dans les entreprises, la marche des jeunes peut être l’occasion d’impliquer les jeunes dans le travail syndical (qui risque de plus en plus de reposer sur les épaules de quelques "vétérans"). Pour faire de la Marche des Jeunes pour l’Emploi un succès, le MAS va entreprendre la mise sur pied de comités locaux de mobilisation pour la marche des jeunes dans les villes, mais aussi, là où c’est possible, des comités d’entreprise de telle sorte que les jeunes militants syndicaux puissent agir sur leur lieu de travail en dépassant les clivages syndicaux. Il faut voir la marche des jeunes, non pas comme un but en soi afin de relâcher un peu "la vapeur", mais bien comme un moyen de construire un véritable rapport de force dans les écoles, les quartiers et les lieux de travail, qui puisse stopper cette politique brutale de régression sociale.

    Un plan d’action doit s’inscrire dans la durée

    Une mobilisation ne peut se maintenir durablement que si les directions syndicales élaborent un plan d’action qui s’étale sur plusieurs mois vu qu’il semble bien que le non-marchand soit engagé dans un combat de longue haleine. Pour pouvoir mobiliser nos collègues pour une longue période, nous devons leur indiquer clairement où nous voulons aller. Il faut que des discussions ouvertes et honnêtes s’ouvrent entre les différents syndicats, à la base comme au sommet. Dans nombre d’institutions, le front commun syndical est davantage une forme de courtoisie qu’une convergence de forces réelle.

  • Il faut une grève nationale contre Georoute!

    Pression du travail accrue? Heures sup’ non-payées? Manque de personnel?

    On ne compte plus les actions spontanées contre Georoute. Les dernières semaines ont vu des actions à Lokeren, Bruxelles, Beauraing et Zaventem. A Zaventem, la direction régionale a essayé, à la demande de quelques gros clients de La Poste, de faire distribuer le courrier par des "volontaires" via le bureau voisin de Woluwé-St-Etienne. Les grandes entreprises et leurs bénéfices pèsent apparemment plus lourd aux yeux de La Poste et du gouvernement (cfr. DHL) que l’emploi et les conditions de travail du personnel.

    Modèle 9, Discussion et information pour les postiers

    La direction de La Poste ne recule devant rien pour que Georoute soit partout d’application. Elle a même mis un numéro vert à la disposition des clients qui subissent des désagréments du fait de la "réorganisation" de la distribution initiée par Georoute. La vraie question est pourtant de savoir ce qu’il va advenir des milliers de facteurs et d’employés qui perdent leur tournée ou leur service, qui ne peuvent plus suivre le rythme de travail sans parler des contractuels et des intérimaires qui sont mis à la porte.

    Entre-temps, les syndicats ont déposé un préavis de grève national à partir du 13 octobre. La raison officielle est le refus de l’introduction de la semaine des 36 heures. Les syndicats et la direction étaient tombés d’accord sur son principe lors des négociations de 2000, mais elle n’est toujours pas d’application.

    Une semaine de travail plus courte ne peut mener à de meilleures conditions de travail qu’avec embauche compensatoire et sans perte de salaire. En outre, il faut que tous les contrats à durée déterminée et les contrats d’intérim soient convertis en contrats à durée indéterminée.

    A Anvers 1, les postiers partent en grève le 25/10. La direction régionale ne tenait aucun compte des critiques des facteurs pour qui Georoute est inapplicable. Berchem, Brasschaat, Deurne et Malines 1 , où Georoute est en vigueur depuis quelques mois, se joignent aussi à la grève. En outre, des délégations de ces bureaux se rendront au quartier général de La Poste à la Place de la Monnaie pour donner plus de force à leurs revendications.

    Les trois grands syndicats (CGSP, CCSP et SLFP) appellent à une grève nationale pour le 10 novembre. Nous devons veiller à ce que cet appel à la grève ne reste pas lettre morte et organiser des assemblées d’information et de mobilisation pour faire de cette action nationale un succès.

    Le personnel de La Poste n’est pas tout seul: il y a un grand mécontentement dans d’autres secteurs comme le non-marchand, la SNCB, la STIB, l’enseignement,… et les appels à l’action y trouvent de plus en plus d’écho. Tous les secteurs sont confrontés aux mêmes problèmes: manque de personnel, licenciements collectifs, pression du travail accrue et manque de moyens. Des actions communes aux différents secteurs, par-delà les frontières catégorielles, auraient un bien plus grand impact.

    Les syndicats doivent appeler à en finir avec cette politique de régression sociale. De plus, il faut aussi tisser des liens avec les chômeurs, les lycéens et les étudiants (dont l’avenir est assombri par les économies dans l’enseignement). Les salariés actifs, les chômeurs et leurs enfants ont tous les mêmes intérêts: la fameuse chasse aux chômeurs, qui oblige les chômeurs à accepter n’importe quel emploi contre n’importe quel salaire, est une attaque contre nous tous. Cela permettra de faire baisser l’ensemble des salaires.

    C’est pourquoi le MAS, de concert avec les organisations de jeunesse des syndicats, a pris l’initiative d’organiser une Marche des Jeunes pour l’Emploi le 19 mars 2005 à Bruxelles.

    Pour faire de la Marche des Jeunes pour l’Emploi un succès, le MAS va mettre sur pied des comités locaux pour la Marche des Jeunes dans les quartiers, les écoles et les entreprises.

    Vous avez des remarques ou des suggestions à faire à ce Modèle 9? Vous voulez mobiliser pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi? N’hésitez pas à prendre contact avec nous. Vous pouvez aussi nous envoyer des rapports d’action ou des demandes d’info sur des actions par e-mail ou par la poste:

  • Vers une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi, contre le Racisme

    En Allemagne et aux Pays-Bas, le gouvernement a déclaré la guerre aux travailleurs et aux jeunes. Les mesures d’austérité les plus rigoureuses depuis la Deuxième Guerre mondiale leurs sont imposées: semaine de 40 heures sans augmentation de salaire, recul de l’âge de la pension, renchérissement des droits d’inscription dans les universités, limitation drastique dans le temps des allocations de chômage.

    Nikei De Pooter

    En Belgique aussi le gouvernement et le patronat se préparent à imposer un plan d’austérité similaire. Pour la première fois les jeunes chômeurs sont directement attaqués. A partir d’octobre les chômeurs de moins de 30 ans seront convoqués pour se présenter à l’ONEm. Au nom du gouvernement, cet organisme doit considérer si des efforts «suffisants» ont été fournis afin de trouver un emploi. Sinon, les chômeurs seront sanctionnés. L’ONEm n’est pas une institution qui accompagne les travailleurs sans emploi, comme le FOREm et l’ORBEm. C’est un organe qui contrôle et réprime. Un document interne du gouvernement dévoile le but poursuivit: supprimer 30.000 chômeurs d’ici 2007 (De Tijd, 10/1/2004). Le gouvernement veut contraindre les chômeurs privés d’allocation à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle condition. Il veut ainsi mettre la pression sur les conditions de travail et sur les salaires.

    Les chômeurs ne seront pas les seuls à être attaqués. Le patronat parle ouvertement de la suppression des prépensions, de l’introduction de la semaine des 40 heures, de l’accroissement de la flexibilité, du gel des salaires, de la privatisation des services publics,. De plus, avec les accords de Bologne, l’enseignement supérieur va se réformer selon le modèle américain, ce qui aura pour conséquence d’augmenter considérablement les droits d’inscription.

    Face à cette offensive généralisée du patronat contre les acquis sociaux, déjà engagée dans les pays voisins, le mouvement ouvrier doit également proposer une réponse globale. C’est pourquoi Blokbuster et le MAS/LSP ont proposé aux organisations de jeunesse des syndicats d’organiser une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi et contre le Racisme, comme premier pas dans cette direction. En Allemagne et aux Pays-Bas, des manifestations de masse et des mouvements de grève font trembler la bourgeoisie. Cet exemple doit être suivi. C’est seulement par une résistance massive et active que nous pouvons faire plier le gouvernement et le patronat!

    Nous voulons rassembler en action toutes les couches des travailleurs et des jeunes touchés par la volonté d’austérité du gouvernement. Par la Marche des jeunes du 19 mars 2005, nous voulons unifier la lutte contre la politique de démantèlement social. Nous appelons tout le monde dans les écoles, les universités, les entreprises et les quartiers à mettre sur pied des comités de mobilisation. Nous allons produire des autocollants, des tracts et du matériel approprié. Contactez-nous afin de faire de cette marche des jeunes un puissant levier contre la politique d’austérité!

  • Le recteur de l’ ULG cède….

    Ce lundi 18 octobre, 400 étudiants de l’université de Liège excédés par la hausse du minerval intermédiaire de 55% se sont rassemblés devant l’unif et ont envahi le rectorat pour demander le rétablissement de l’ancien taux de 277€. Cette action était menée à l’appel du Collectif Etudiant Contre l’Augmentation du Minerval (CECAM), initiative à laquelle a largement contribué la section EGA de l’Ulg.

    Simon Hupkens

    Alors que depuis des mois, les représentants officiels des étudiants (la Fédé) négociaient en vain avec le recteur et refusaient toute idée de mobilisation, les étudiants du CECAM et EGA ont tenu le rectorat toute la nuit et ont obtenu des engagements de la part du recteur Willy Legros. Engagements tenus puisque jeudi, le recteur a alloué 100.000€ supplémentaires au budget des aides sociales pour accéder aux revendications du CECAM.

    Willy Legros, homme de parole?

    Il s’agit surtout d’un recteur mis sous pression qui ne tenait pas à voir se propager un mouvement étudiant radical dans l’université dont il a la gestion. Contrairement à l’avis répandu dans la bureaucratie étudiante, l’action de lundi a prouvé une foi de plus que seule la lutte collective apporte des résultats. Loin des pratiques technocratiques habituelles des représentants étudiants officiels, le collectif a su mener son action de façon démocratique en faisant avaliser ses décisions par des assemblées générales aux quelles étaient conviés tous les étudiants (tous, même la Fédé). La campagne contre la hausse du minerval et la prise du rectorat qui en a découlé ont de plus reçu le soutient de nombreux profs, assistants et membres du personnel ainsi que des marques de sympathie de l’associatif liégeois, témoins que la lutte des étudiants pour leurs droits n’est pas un sursaut corporatiste mais touche également tous ceux dont les acquis sont attaqués par la politique néolibérale du gouvernement. Bien sûr, nous sommes conscients que les 100.000€ arrachés au recteur ce lundi ne représentent qu’une victoire fragile et éphémère. La situation dans l’enseignement reste insoutenable dans les universités et surtout dans les hautes écoles au bord de l’asphyxie. C’est pourquoi il nous semble vital de continuer la lutte pour un enseignement gratuit et de qualité en réclamant le refinancement global de l’enseignement en solidarité avec les profs et en construisant un mouvement étudiant radical qui puisse faire pencher la balance en faveur de la solidarité, de la justice sociale et de la liberté qui en découlent.

  • Bas les pattes de nos prépensions!

    Si le gouvernement ne tombe pas, il faut s’attendre à une déclaration gouvernementale de Verhofstadt avec comme point central une attaque contre les prépensions. La presse nous serine depuis des mois «qu’on ne pourra plus payer les pensions à l’avenir». En 2000 il y avait 16.8% de plus de 65 ans en Belgique. En 2050 on estime qu’il représenteront 26.5% de le population. A partir de 2001, le baby-boom d’après-guerre prendra sa pension.

    Peter Delsing

    La Commission d’Études sur le Vieillissement estime que d’ici 2030 le coût du vieillissement de la population atteindra 3.4% du Produit intérieur brut (PIB). Si le coût des soins de santé augmenteront de 4,5% l’an jusque 2030 (le rythme actuel) ils représenteront 6,7% du PIB.

    La Commission d’Études parlementaire ajoute qu’en tenant compte d’une croissance moyenne de la productivité de 1,75% l’an jusqu’une 2030 (donc une croissance de productivité moyenne de 1,75% par travailleur). Avec une telle augmentation de la productivité il faudrait une croissance économique moyenne de 2,5% pour que le taux d’emploi passe de 61,5% à 68,5% en 2030.

    Toute l’argumentation économique du gouvernement sur «le coût du vieillissement» repose sur du vent. Depuis les années 70 la croissance économique moyenne a baissé toutes les décennies sous l’effet de la surcapacité des forces productives. De 2001 à 2003 la croissance économique a été de 0,8% (1). Depuis 2002 nous sommes encore dans une période de prétendue «relance» économique. Croire que, dans le cadre du capitalisme, la croissance économique moyenne sera de 2,5% l’an jusque 2030 est un leurre.Il est plus vraisemblable que le capitalisme entrera assez rapidement dans un nouveau cycle de crise économique, avec la possibilité de conséquences semblables au crash de Wall Street de 1929. Qui d’ailleurs peut garantir que le capitalisme existera encore en Belgique en 2020?

    Les prévisions de la Commission d’Etudes et du gouvernement sous-estiment considérablement le «problème» du vieillissement, si on voit cela dans le cadre du capitalisme. Le ministre du Budget Vande Lanotte a une autre conception de la croissance budgétaire et du vieillissement. Il déclare «Cela marche! Ne vous en faites-pas!»(2).

    Le coût du «vieillissement» est-il tenable financièrement? Au cours des 24 dernières années la Sécurité sociale n’a été en déficit qu’à 7 reprises: en 1980, de 1991 à 1993, en 1995, 1996 et 2003 (3). Et ce, malgré le pillage organisé des caisses de sécurité – et qui se chiffre annuellement en milliards d’euros – par la baisse des charges sociales.

    Du début 2000 à la fin 2003, le surplus de la Sécurité sociale a été de 3 milliards d’euros (environ 1,3% du PIB). Où est passé l’argent? Et où est passé l’argent des cotisations pour les pensions versé dans les années 60 et 70? Pourquoi les gouvernement successifs ont-ils puisé dans les caisse de Sécurité sociale pour rembourser aux banques la dette publique au lieu de garantir le futur des générations à venir?

    C’est une question de choix politique. Aux cours des vingt dernières années les gouvernements bourgeois ont puisé dans les caisses de pension pour remplir les coffres des capitalistes. Les 2/3 des pensionnés touchent une pension mensuelle inférieure à 1.000 euros. 39% perçoivent moins 750 euros par mois! Frank Vandenbroucke (SP.a) reconnaît lui-même que 22% des plus de 65 ans vivaient dans la pauvreté en 1998 (4). Aujourd’hui les pensions «élevées» des hautes fonctionnaires sont en outre de plus en plus remises en question.

    Les travailleurs ne doivent pas se laisser diviser: les 10% les plus riches de la population disposent de la moitié du patrimoine dans notre pays. C’est là qu’il faut chercher les «profiteurs». Les gouvernements successifs ont rendu les riches plus riches et ont appauvri la majorité de la population.

    Les prépensions dans le collimateur

    Le gouvernement veut mettre un terme au système des prépensions. Il veut couper dans les dépenses pour les prépensions (aussi pour les patrons) et garder les cotisations de sécurité sociales au même niveau. Afin d’augmenter le taux d’activité le gouvernement veut faire payer les travailleurs en imposant plus de flexibilité et des cadences de travail plus intenses. Le gouvernement et les patrons veulent nous faire cotiser aux fonds de pensions privés (assurances groupes et pensions individuelles) afin de garantir nos futures pensions. Il veulent ainsi briser la solidarité structurelle.

    Au sommet européen de Barcelone de mars 2002, la directive a été lancée de placer les fonds de pensions en bourse. Que va-t-il se passer au prochain crash boursier? L’épargne individuelle pour la pension n’est un système valable que pour une petite minorité qui doit encore prendre garde à ne pas être touchée par le chômage croissant.

    La ministre fédéral de l’Emploi Freya Van den Bossche (SP.a) a lancé une série d’idées pour miner le système des prépensions. Elle veut le limiter pour les entreprises «qui n’investissent pas assez pour la formation». Les travailleurs âgés victimes de restructurations seront-ils privés de prépensions parce leur patron n’a pas été prévoyant? C’est une façon de raboter les salaires et les traitements de fin de carrière qui sont en général plus élevés. Van den Bossche souhaite une extension du chômage partiel et plus de réglementation des fins de carrière à temps partiel. En bref: le gouvernement veut plus de flexibilité et une baisse des salaires, ou encore un retour au chômage au moyen de restructurations.

    Les organisations syndicales doivent s’opposer à la politique antisociale du gouvernement. Nous devons faire le choix politique que la bourgeoisie n’ose pas faire: pour une redistribution de la richesse produite au service de toute la population. La lutte ne pourra aboutir que dans le cadre d’une société socialiste.


    (1) Rapport annuel de la Banque nationale, 2003.

    (2) De Morgen, 11/9/2004.

    (3) Rapport annuel de la Banque nationale, 1995 et 2003.

    (4) Le Vieillissement et la politique gouvernementale en Belgique, site internet de Vandenbroucke (2004).

  • Fin de la gratuité pour la pilule du lendemain

    Contraception

    Après 1945, beaucoup de femmes sont entrées sur le marché du travail dans le cadre d’une longue période d’expansion économique. L’entrée en masse des femmes sur le marché de l’emploi leur a donné une certaine indépendance économique. Cela leur a permis de faire des choix dans leur vie: remise en cause du mariage et de leur rôle au sein de la famille (divorce, femme au foyer,…).

    Magda Badrakhan

    Au début des années 70, il y a eu une véritable explosion du mouvement de libération des femmes qui ont revendiqué le droit au plaisir sexuel. Elles ont voulu se réapproprier leurs corps. Cette lutte est allée de pair avec les luttes pour la contraception, le droit de disposer de leur propre corps et la dépénalisation de l’avortement. Aujourd’hui, la contraception est un droit acquis, l’avortement est dépénalisé mais il n’est possible que dans un cadre contraignant.

    Mais qu’en est-il de leur accessibilité?

    L’ancien ministre des Affaires sociales et de la Santé Thierry Detienne (Ecolo) avait dégagé un budget pour que les plannings familiaux puissent accéder à un stock de pilules du lendemain (Noverlo) pour la fournir gratuitement aux filles ayant eu des rapports non protégés la veille. Mais tout à une fin! Detienne n’ayant pas fait inscrire la gratuité de cette pilule dans la loi, son successeur Rudy Demotte (PS) n’a pas jugé utile de renouveler le subside. Il s’est par contre arrangé pour qu’elle reste «accessible». En pratique les filles de moins de 21 ans ont trois options devant elles. Primo y accéder via la pharmacie en remplissant un formulaire qui leur donne droit a un remboursement de la mutuelle sans en avertir leurs parents (avancer les 9 euros, n’est pas toujours possible). Quelle joie pour une fille d’expliquer devant toute la clientèle de quand date son «rapport non protégé», de se faire expliquer le mode d’emploi et les effets secondaires que cela peut engendrer (perte de sang, douleurs de poitrine, changement d’humeur,…).

    Secundo l’obtenir gratuitement par certificat médical, en d’autres termes, payer une consultation chez le médecin. Tertio, elles peuvent y accéder via le planning familial où elles sont conseillées et suivies psychologiquement dans la stricte confidentialité. Mais pour cela, elles doivent débourser 6 euros sans remboursement. Pour les femmes de plus de 21 ans par contre, rien n’est mis en oeuvre pour les aider à ce niveau-là.

    Il est flagrant qu’aucune mesure concrète n’est mise en oeuvre pour aider à une totale émancipation de la femme. C’est dans ce cadre que le MAS revendique la gratuité totale de tout moyen contraceptif, le droit à l’avortement et sa gratuité pour toutes les femmes sans aucune distinction.

  • Carnets de voyage: d’Ernesto Guevara à Che Guevara…

    FILM

    Plus de trente années après sa mort, que reste t-il encore de la révolte qu’avait réussi à insuffler le Che à ses contemporains? L’image du grand révolutionnaire, complètement dépolitisée, ne sert plus aujourd’hui que d’icône publicitaire, au même titre que les stars préfabriquées pour ados. Fort heureusement, Diarios de Motocicleta ne participe aucunement à ce phénomène.

    Nicolas Croes

    Ce qui est conté ici est la transformation du jeune Ernesto Guevara, l’évolution qui fera de lui le Che. En 1952, accompagné d’Alberto Granado, il décida de partir à la découverte de l’Amérique latine à l’aide d’une moto, baptisée ironiquement la «Poderosa» (puissante). C’est au court de ce voyage qu’il fut confronté aux réalités sociales du continent, et qu’il se dirigea vers le marxisme.

    Pour réalisé ce road-movie magistral, Walter Salles a bénéficié de l’aide d’Alberto Granado, qui est toujours en vie et habite à Cuba, tout en ce basant sur les notes que le Che avait prises, et publiées. Mais si le film est avant tout l’histoire de deux amis, la mise en scène ne délaisse pas l’aspect social et politique de ce voyage initiatique, loin de là.

    On ne peut que compatir aux problèmes que rencontre le duo, notamment à la fin de la «Poderosa», véritable départ du film puisque c’est à partir de ce moment que les deux médecins vont réellement entrer en contact avec la population. Pourtant, très rapidement, et ce malgré leur situation parfois très pénible, ils se rendent compte qu’ils restent des privilégiés, libres qu’ils sont de ne pas avoir à vendre leur force de travail. Et c’est l’esclavage salarié, et la misère qui en découle, qui va amener Ernesto à changer l’orientation de sa vie, pour devenir le porte-parole d’une Amérique Latine des peuples, enfin libérée de la soumission à l’impérialisme.

  • STIB: Le ras-le-bol des conducteurs

    Lundi 13 septembre au petit matin, les chauffeurs de bus du dépôt de Haren ont arrêté spontanément le travail. Normalement les conducteurs doivent recevoir leur feuille horaire de roulement de 2 semaines cinq jours à l’avance. Mais régulièrement ils ne la reçoivent que le jour même! C’est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Car beaucoup de conducteurs sont à bout: les temps de parcours imposés sont trop serrés. Souvent ils n’ont plus le temps de prendre leur temps de repos (break).

    Cécile Mangin

    A Haren les chauffeurs ont spontanément refusé de sortir leur bus. Des chauffeurs qui avaient pris leur service plus tôt sont rentrés au dépôt avec leur bus en apprenant qu’il y avait grève. Les autres dépôts n’ont pas suivi le mouvement car les syndicats n’ont pas transmis l’information. La CSC puis la FGTB ont reconnu le mouvement.

    Au piquet tous les problèmes sont ressortis: temps de parcours trop serrés, mauvaise communication avec le dispatching,… La montée des passagers à l’avant et le contrôle des titres de transport par les chauffeurs: cela met les chauffeurs dans le rôle du gendarme (incidents fréquents avec des passagers) et les temps de parcours n’ont pas été adaptés valablement. On constate une augmentation des rapports d’incidents avec des passagers suite à la nouvelle pression mise sur les chauffeurs qui font un double travail: conduire et contrôler.

    La direction de la STIB, sentant que les syndicats étaient débordés par leur base, a vite dépêché sur place deux directeurs. Face à la détermination des chauffeurs, ils ont montré profil bas. Ils ont promis d’examiner la situation dans un groupe de travail avec des représentants syndicaux. La direction de la STIB agit dans une pure logique de rentabilité capitaliste: fixer les temps de parcours au plus serré de manière à parcourir le plus de km possible avec le moins de conducteurs possible. Il est fort probable que ce groupe de travail ne soit qu’un moyen de canaliser la révolte et d’encommissionner le problème des temps de parcours.

    Une chose est sûre: l’arrêt de travail des conducteurs a fait plus pour débloquer la situation que dix réunions de groupes de travail! Mais il faut voir aussi les limites d’une action isolée dans un dépôt: cela permet à la direction d’exploitation de donner quelques minutes en plus à tel trajet en volant quelques minutes à un autre: dépouiller Pierre pour habiller Paul. Seul un mouvement d’ensemble des conducteurs pour obtenir des temps de parcours corrects (qui tiennent compte des difficultés réelles du trajet, des travaux, du respect du temps de break,…) peut imposer une amélioration des conditions de travail de tous les conducteurs.

  • L’Irak au cœur des élections américaines

    La situation en Irak aujourd’hui évoque de plus en plus celle qui existait au Vietnam au début des années 70: une population massivement opposée à la présence d’une armée US, un pouvoir local incapable de faire face aux escarmouches et aux attaques de la guérilla, une armée américaine incapable de former une relève locale et forcée de rester en première ligne, un gouvernement fantoche qui, jour après jour, annonce des victoires partielles devant mener à une victoire totale proche… qui s’éloigne pourtant de jour en jour! La principale différence, c’est que l’intervention américaine au Vietnam a duré dix ans, avec un effectif qui a atteint 500.000 soldats, et que la déroute risque d’arriver beaucoup plus vite en Irak.

    Jean Peltier

    La situation n’a en effet pas cessé de se dégrader pour les USA et leurs marionnettes au cours des derniers mois. Les actions de commando s’intensifient dans la plupart des villes, l’armée US a perdu le contrôle de très nombreuses régions du pays, le gouvernement installé par les Américains n’a aucune autorité, la coordination grandit entre les diverses fractions engagées dans la résistance armée, les bombardements massifs de l’aviation US en riposte aux attentats frappent durement la population civile et augmentent la haine envers les Américains et le soutien à la résistance armée.

    Il est certain qu’une fois n’est pas coutume, les questions internationales, et en particulier le terrorisme et l’Irak, joueront un rôle important dans la campagne électorale américaine. Mais il n’est pas encore clair dans quel sens elles feront pencher la balance. Car les Américains semblent très partagés sur le sujet. La domination des chaînes radio et télévision conservatrices – la grande majorité des chaînes radio et de télévision sont propriétés de quelques groupes financiers hyper puissants, dont les dirigeants sont étroitement liés aux cercles conservateurs à la tête du parti républicain – fait que la moitié au moins des Américains sont toujours persuadés qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak, que Saddam Hussein était lié à Al Qaïda et que l’armée américaine est en train de gagner la partie en Irak.

    Bush joue à fond la carte de la peur, se présentant comme le seul dirigeant capable d’en finir avec le "terrorisme international". Kerry, par contre, peine à trouver une ligne claire. Il n’est évidemment pas simple pour lui d’avoir soutenu Bush dans son escalade contre Saddam, voté pour la guerre l’an dernier et dire aujourd’hui que cette guerre était une erreur et qu’il avait été "trompé" par les informations trafiquées données par Bush ce qui ne fait pas très sérieux pour un candidat à la présidence de la première puissance mondiale.

    Mais, au delà de ses petits problèmes personnels, les difficultés de Kerry viennent de ce qu’il est pris dans le dilemme qui étreint toute la classe dirigeante US. Bush est intervenu en Irak, avec le soutien de toute la bourgeoisie américaine, pour restaurer le prestige des USA ébranlé par le 11 septembre et pour prendre le contrôle des richesses pétrolières de l’Irak. Mais, un an et demi après, passée l’euphorie de la chute de Saddam, gagner la guerre apparaît de plus en plus impossible. Mais devoir quitter ce pays en l’abandonnant au chaos ou, pire encore, à un nouveau régime ennemi est une option encore plus impossible à envisager pour les dirigeants américains. D’où les propositions avancées par Kerry pour "internationaliser" le conflit et impliquer l’ONU dans la gestion de la crise, ce qui ouvrirait peut être une porte de sortie honorable aux Etats Unis. Mais les pays qui ont soutenu Bush rechignent à en faire plus et ceux qui s’opposaient à la guerre: France, Allemagne, Russie, Chine, Brésil, Inde,… n’ont aucune envie d’aller s’embourber dans les sables irakiens et de devenir des cibles ouvertes pour la ré&sistance irakienne.

    Bush et la victoire rapide impossible. Kerry et le désengagement progressif tout aussi impossible. Nuits blanches et avenir noir sont au programme des futurs stratèges de la Maison Blanche.

  • Comment sortir la classe ouvrière américaine de l’étau républicain/démocrate?

    Un parti des travailleurs

    La question d’une réelle alternative politique défendant les intérêts du peuple américain est loin d’être nouvelle, et fut notamment abordée par Trotsky dans ses discussions avec les membres américains de la Quatrième Internationale dans les années trente.

    Nicolas Croes

    L’histoire du mouvement ouvrier n’est en rien linéaire. Chaque pays a connu un développement particulier, influencé par la situation économique et sociale du pays lui-même, mais également par la classe ouvrière étrangère. L’émergence des syndicats aux États-Unis ne date que de la guerre de sécession (alors qu’en Angleterre, par exemple, les premières tentatives se situent avant même la révolution française), mais il fallut attendre la crise de 1929/33 pour que ceux-ci deviennent de véritables organes de lutte. Et, de la même manière que le Parti travailliste a émergé des syndicats anglais au début du 20e siècle sur base du déclin relatif du capitalisme et de l’impérialisme britanniques, mais également de la nécessité d’un prolongement politique aux luttes économiques, il fallait aux USA un parti de défense de la classe ouvrière.

    La direction des syndicats américains de l’époque était trop liée au Parti démocrate qui, tout comme aujourd’hui, ne représentait que les intérêts de la bourgeoisie. En 1938, lancer un appel pour un parti des travailleurs était une évidence, mais la question était de savoir si l’on devait abandonner pour cela la construction d’un parti révolutionnaire.

    Trotsky argumenta que le déclin du capitalisme se déroulait beaucoup plus vite que le développement de l’organisation aux États-Unis, développement rendu d’autant plus difficile que les staliniens, effrayés à la fois par la perspective d’une forte organisation véritablement marxiste révolutionnaire et par un mouvement de masse qu’ils ne pourraient contrôler, ne ménageaient pas leurs attaques, quitte à être du côté des exploiteurs. Dans ces conditions, demander à la masse des ouvriers d’adhérer à l’organisation révolutionnaire directement était une absurdité. Par contre, un parti large des travailleurs permet à la classe ouvrière de s’organiser plus efficacement et de tirer une analyse plus pertinente des luttes passées, bien qu’il ne puisse suffire à aider les ouvriers à s’émanciper complètement et à sortir du cadre du capitalisme. C’est pourquoi Trotsky défendait que l’appel à la création d’un parti des travailleurs devait être lancé tout en continuant la construction d’un courant révolutionnaire organisé au sein de ce partit large, de manière à le transformer en parti révolutionnaire de masse.

    La Deuxième Guerre mondiale devait hélas se déclencher. La bourgeoisie en profita pour prendre des mesures contre le mouvement ouvrier pendant et après la guerre, en réprimant tout mouvement combatif sur une base nationaliste facilitée par la suite par la guerre froide.

    Actuellement, la situation est un peu différente. Mais l’augmentation du temps de travail sans augmentation de salaire, les différentes pressions visant à réduire les coûts salariaux,… tout nous démontre que rien n’est chose acquise sous le capitalisme, et que rien n’arrête les exploiteurs dans leur recherche effrénée de profit. Et avec l’impressionnant virage à droite des partis sociaux-démocrates, nous nous retrouvons dans la même situation que la population laborieuse américaine, sans relais politique pour défendre nos intérêts. Et si ce nouveau parti des travailleurs ne saurait être créé que sur base des luttes concrètes de la population, et doit donc attendre une amplification des luttes, le courant révolutionnaire, lui, ne peut attendre, et doit continuer à être renforcé.


    (voir: Léon Trotsky, Discussions sur le Labor Party, Oeuvres n°17, p.279, Institut Léon Trotsky)

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