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  • Procès de l’explosion à la cokerie d’Ougrée

    Procès de l’explosion à la cokerie d’Ougrée

    Le tribunal correctionnel de Liège a rendu son verdict dans le dossier de l’explosion de la cokerie à Cockerill Ougrée en octobre 2002. L’accident avait fait 3 morts et 26 blessés dont 13 graves. Sept personnes avaient été renvoyées devant le tribunal: le responsable de la division coke-fonte, 2 cadres, 2 contremaîtres et 2 ouvriers. A l’issue du verdict seul le directeur a été acquitté. Les 2 ingénieurs et les 2 cadres bénéficient de la suspension du prononcé, et… les 2 ouvriers sont condamnés trois mois de prison et à des amendes de 250 euros assorties d’un sursis de trois ans. C’est le monde à l’envers! Plus on occupe un poste important dans la hiérarchie moins on a de responsabilité!

    Guy Van Sinoy

    Le tribunal a aussi établi une discrimination entre le personnel de Cockerill et les travailleurs de la sous-traitance. Les travailleurs de Cockerill seront indemnisés forfaitairement selon la loi sur les accidents du travail. Pour les travailleurs des firmes de sous-traitance (notamment les trois tués) Cockerill paiera des indemnités (plus élevées) de dommages matériel et moral.

    A la lecture du verdict scandaleux, la colère a éclaté dans la salle d’audience: «C’est facile de condamner les travailleurs! Combien vaut la vie d’un ouvrier!» La FGTB/Métal a immédiatement annoncé qu’elle irait en appel. A l’usine, dès l’annonce du verdict les ouvriers ont arrêté le travail pour protester contre ce jugement inique. La FGTB et la CSC ont annoncé qu’elles couvraient tous les arrêts de travail.

    Il faut replacer l’accident et le jugement dans le contexte social. Arcelor a planifié la fermeture de la phase à chaud (fours à coke, hauts-fourneaux, aciérie, coulée continue) et les directions syndicales s’y sont résignées. La manifestation de 50.000 travailleurs protestant contre cette fermeture planifiée est restée sans lendemain. C’est dans ce contexte de détérioration du rapport de forces au détriment des travailleurs qu’il faut replacer l’accident et le procès.

    Comme l’expliquait Silvio Marra, ancien délégué Sécurité et Hygiène aux Forges de Clabecq, dans une interview parue dans Alternative Socialiste de mars 2004 («La sécurité n’est pas une fatalité…»): «Dans une situation de restructuration le fatalisme commence à s’installer tant du point de vue politique que sur le plan de la sécurité. Il faut continuer la prévention comme si l’entreprise allait continuer. Cela dépend une fois de plus de la conscience politique des militants syndicaux. Il ne faut jamais dire “Puisqu”on va fermer, on ne sait plus rien faire…’ car alors c’est la catastrophe. C’est la situation la plus dangereuse qui puisse exister dans une usine: si on laisse tomber les bras, les accidents se multiplient.»

    Le verdict du tribunal de Liège est celui d’une justice de classe qui défend les profits à tout prix: un verdict digne de l’époque de Germinal. Mais il est aussi le reflet d’une détérioration du rapport de forces au détriment des travailleurs. Une large mobilisation dans les entreprises pour envoyer des délégations massives au palais de justice aurait donné aux travailleurs plus de poids dans ce procès où les cartes étaient truquées. Le procès en appel sera l’occasion de rattraper le terrain perdu en mobilisant non seulement dans le bassin liégeois mais nationalement. Car les enjeux de ce procès concerne tous les travailleurs de ce pays.

  • Liège: Journée d’action contre une justice de classe

    En front commun, CSC et FGTB ont lancé ce mercredi 29 septembre une appel à une grève de 24h dans le bassin sidérurgique liégeois. Cette action a été menée (tardivement hélas…) en réaction à la légitime colère des travailleurs contre le verdict du tribunal correctionnel de Liège, tribunal qui a préféré, ce 20 septembre, condamner des ouvriers plutôt que de reconnaître la responsabilité du groupe ARCELOR dans l’explosion de 2002.

    Nicolas Croes

    Les ouvriers ont donc tenu des piquets de grève et se sont rendus à 9h au Palais de Justice de Liège, où les quelques 200 travailleurs n’ont trouvé que la porte close de l’orgueilleux bâtiment, forteresse des droits et des lois du patronat. Les directions syndicales y ont réaffirmé leur volonté de faire tout ce qui est judiciairement possible pour casser les condamnations, seconde blessure, bien plus grave, pour les ouvriers blessés. Mais pourquoi la justice changerait-elle d’avis ? Les juges se sont déjà positionnés, et ils ne sauraient de toute manière s’enfoncer plus encore dans le ridicule et l’arrogance.

    Il est bien plus facile de condamner une entreprise publique – par exemple la SNCB, condamnée récemment pour l’accident de Pécrot – car l’investisseur ne risque pas d’en profiter pour partir. Et puis, reconnaître la mauvaise gestion de l’Etat est un argument supplémentaire pour bien enfoncer dans les esprits que les services publics seraient bien plus efficaces dans le privé… Question de point de vue, selon que l’on accorde la priorité au bien-être de la population ou à celui des actionnaires. De plus, politiques et juges ont cruellement besoin d’Arcelor pour la reconversion des emplois qui seront perdus lors de la fermeture de la phase à chaud. Quand on sait comment sont gérées les reconversions dans notre économie de marché et les efforts déjà effectués par Arcelor, on ne peut qu’être étonné : tant d’attentions pour si peu !

    Il est pourtant très clair que les patrons du numéro 1 de la sidérurgie mondiale ont acquis cette place en sacrifiant la sécurité des travailleurs… Il n’y a eu aucun accident mortel durant les six années qui ont précédé l’arrivée d’Usinor (ancien nom d’Arcelor) en 1998 dans la sidérurgie liégeoise, mais cette situation à bien changé depuis lors. Dans la seule région liégeoise, 8 familles ont eu à pleurer la mort d’un proche entre octobre 2002 et février 2004. Il ne saurait en être autrement alors que la politique du groupe est d’engager de plus en plus d’intérimaires, deux fois plus touchés par les accidents par manque de formation. Arcelor se targue pourtant d’être un champion de la sécurité, probablement en parlant de celle de ses actionnaires ?

    Ceux-ci n’ont vraiment pas à s’en faire, car, malgré la crise qui « oblige » les gouvernements à attaquer nos acquis sociaux, Arcelor s’en sort plutôt bien : 25,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2003, chiffre qui sera probablement en-dessous des résultats de 2004 (la direction a annoncé fièrement une progression par rapport au précédent semestre).

    L’action de mercredi restera probablement isolée, mais elle met une nouvelle fois en lumière la nécessité de combattre ce système assassin et l’urgence de construire une alternative à la politique des patrons et gouvernements.

  • Gand: La majorité violette du conseil communal dévoile son visage antisocial

    Le matin du jeudi 23 septembre, le conseil communal a fait couper l’eau, le gaz et l’électricité – sans préavis – dans 28 foyers du quartier de la Brugse Poort. L’opération s’est accompagnée d’un impressionnant dispositif policier.

    Bart Vandersteene

    Le projet d’expropriation «Oxygène pour le quartier Brugse Poort» (89 maisons seront démolies pour laisser place à un parc) montre le vrai visage de coalition socialiste-libérale communale. En laissant dans le flou les futurs expulsés, qui étaient à peine – ou quasiment pas – informés de leurs droits, sans réellement émettre d’avis d’expulsion, les autorités ont réussit à faire chasser la majorité des habitants, c’est-à-dire ceux qui ne pouvaient plus supporter la situation de précarité dans laquelle on les avait mis.

    Les maisons vides à Gand pousse beaucoup de gens sans domicile à squatter. Ce phénomène est de plus en plus répandu et fournit entre autres un gîte à des familles de sans papiers. Ces familles (et le conseil communal le sait!) sont largement intégrées dans le quartier. Leurs enfants fréquentent régulièrement l’école. Elles font également tout leur possible pour garder en état ces habitations.

    Si la majorité communale violette avait avertit qu’elle allait raser ces logements dans quelques mois, les personnes concernées les auraient quitté volontairement ces habitations. Des familles avec enfants sont maintenant sans eau, gaz ni électricité grâce au bourgmestre social-démocrate Frank Beke.

  • Succès de la manifestation contre la violence fasciste

    A l’appel de Blokbuster (notre campagne néerlandophone de jeunesse antifasciste) et du MAS, 200 jeunes et habitants de Turnhout ont manifesté pour protester contre une série d’incidents violents causés par l’extrême droite. Lors du dernier incident, le 20 mai, un groupe skinheads avait passé à tabac de jeunes immigrés et avait vandalisé magasins et voitures. La manifestation a mis en évidence que la violence n’est pas acceptée par la majorité de la population. Nous avons mobilisé parmi la jeunesse et dans les quartiers populaires. Les réactions étaient partout très positives, car la violence nazie y est largement connue et abhorrée.

    Simon Van Haeren

    La manifestation s’est déroulée sans heurt, malgré les quelques skinheads présents dans la ville afin de nous déstabiliser. Cela prouve qu’ils procèdent à une campagne violente d’inspiration politique. A Turnhout, Blokbuster a toujours souligné l’implication de skinheads étrangers à la ville qui s’étaient rassemblés plus d’une fois dans le café local du Blok (De Schalmei), ce qui prouve qu’au moins des mandataires locaux du Blok les soutiennent. Notre service d’ordre était bien préparé et la police a arrêté trois fascistes. Les autres «courageux» ont alors préféré se replier.

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit

    La manifestation a mis en évidence plusieurs choses. D’abord, nous avons montré à quel point les skinheads d’extrême droite sont isolés parmi la jeunesse et dans les quartiers. Une manifestante nous déclarait: «Un collègue à moi a eu une discussion devant sa porte avec un membre du MAS. Je trouve qu’il faut signaler que nous, les habitants du quartier, n’acceptons pas qu’une bande de skinheads enfonce nos quartiers dans l’insécurité. On devrait organiser plus de manifestations comme celle-ci, avec plus de monde.» En effet, beaucoup d’habitants du quartier ont acheté le journal ou ont rejoint la manif en cours de route. C’est de cette façon que nous pouvons construire une réelle alternative au Vlaams Blok. C’est pourquoi, à la manifestation, nous avons établi le lien entre la croissance de l’extrême-droite et la nécessité d’une lutte unifiée contre la politique antisociale. Deuxièmement, la manifestation a rendu claire la nécessité d’une force organisée afin de mettre au clair l’isolement de l’extrême-droite. En ce sens-là, la manifestation était une victoire. Beaucoup d’immigrés qui auparavant n’étaient pas organisés, ont manifesté avec nous. L’appel à être actifs avec nous, surtout dans la campagne pour une nouvelle Marche Jeune (voir la dernière page) a convaincu 32 personnes de donner leur adresse. C’est ainsi que nous pouvons construire un contre-poids mobilisateur contre la politique d’austérité du patronat et du gouvernement.

  • L’insoluble conflit tchétchène dégénère en massacre dans une école

    Personne n’a oublié les images choquantes du dénouement sanglant de la prise d’otage de Beslan, début septembre dernier. 1.200 enfants, parents et enseignants étaient enfermés dans une école de la république russe d’Ossétie du Nord par un commando pro tchétchène. Les otages ont été privés d’eau et de nourriture par les ravisseurs qui portaient des ceintures d’explosifs. La prise d’otage a pris fin après quelques jours lorsque les troupes russes ont attaqué le bâtiment. 335 personnes sont mortes dans cet assaut dramatique, dont beaucoup restent encore à identifier. L’opinion publique mondiale et plus particulièrement russe en restera très longtemps choquée.

    Laurent Grandgaignage

    La manière brutale et chaotique employée par l’armée russe nous rappelle évidemment le tragique événement du théâtre de Moscou en 2002. A l’époque, il y eut 700 ou 800 otages d’une cinquantaine de Tchétchène lourdement armés. Les terroristes revendiquaient le retrait des troupes russes de Tchétchènie. L’armée réagit par des gaz toxiques, faisant plus de 120 victimes. Couplée aux récentes attaques contre deux avions et contre une station de métro à Moscou, le drame de Beslan ne peut que réaffirmer l’impasse du conflit tchétchène.

    La Tchétchènie opprimée depuis des siècles

    Le peuple tchétchène est depuis longtemps opprimé par des forces d’occupations étrangères. En 1830 le tsar Nicolas I envahit le pays. Ce n’est qu’après la Révolution russe de 1917 que le pays reçu le droit à l’autodétermination et, comme beaucoup d’autres républiques de la région, rejoignit librement l’Union soviétique.

    Après la contre-révolution stalinienne les nationalités furent à nouveau opprimées et en 1944 la plus grande partie du peuple tchétchène subit la déportation. En 1991 le pays devint indépendant, mais trois ans plus tard Boris Eltsine l’envahit. Face à la résistance, le pays finit par sombrer dans le chaos. La lutte entre différents seigneurs de guerre fit rage, parallèlement à l’extension de l’influence islamiste. En 2000 Poutine ordonna le rétablissement de l’ordre prorusse à Grozny et l’escalade de violence consécutive à la répression militaire a provoqué des centaines de milliers de victimes des deux côtés. En fait, la politique intérieure du président russe est essentiellement préventive: si une région revendiquant l’indépendance parvenait enfin à l’obtenir, d’autres régions risqueraient de s’engager dans la même voie.

    L’Occident se tait face à l’occupation russe

    Les décennies passées furent donc très dures pour le peuple tchétchène. La répression russe – villes détruites, massacres d’hommes, femmes et enfants – a créé le terreau sur lequel les mouvements réactionnaires et terroristes ont grandi. L’hypocrisie règne quand Poutine présente l’occupation comme une pièce de la stratégie de la "guerre contre le terrorisme international". Les puissances occidentales ne critiquent pas cette guerre car beaucoup d’entre-elles sont impliquées dans cette alliance antiterroriste. De plus, il est important pour l’Europe et l’Amérique du Nord de garder de bonnes relations avec la CEI qui possède un potentiel économique important. La région caucasienne est aujourd’hui très importante au point de vue de la production du pétrole et du gaz. La Russie est le premier exportateur de gaz naturel au monde et le deuxième exportateur de pétrole après l’Arabie Saoudite.

    Le capitalisme russe en déclin

    La colère du peuple russe face aux attaques terroristes n’est pas seulement dirigée contre les organisations pro Tchétchènes armées mais également contre le président Poutine. Beaucoup l’estiment responsable de la persistance du conflit tchétchène. Le peuple subit les conséquences de ces tensions ethniques et doit en plus endurer les effets de la politique néo libérale du président Poutine.

    Les récentes coupes dans la sécurité sociale ont plongé des dizaines de millions de travailleurs russes dans la misère. Depuis la réintégration du capitalisme, la pauvreté et l’inégalité n’a cessé de croître dans le pays. La "guerre contre le terrorisme" est habilement utilisée par Poutine pour détourner l’attention du mécontentement grandissant. En tant que marxistes, nous condamnons non seulement le terrorisme mais également la répression militaire de la Russie. Les marxistes ont pour tâche de construire un mouvement de masse qui uni travailleurs tchétchènes et russes en surmontant les différences nationales, ethniques et religieuses. Ce n’est qu’en luttant ensemble que l’on pourra enfin sortir de cette spirale de violence découlant de la crise capitaliste.

  • Luttes sociales à nouveau à l’ordre du jour

    Le 2 octobre se sont déroulés deux manifestations de masse des travailleurs l’une à Berlin et l’autre à Amsterdam. Des centaines de milliers de travailleurs vont défiler pour s’opposer aux attaques contre leur niveau de vie. Les gouvernements sont déterminés à répondre aux exigences patronales, à pratiquer des coupes budgétaires dans les dépenses sociales, à raboter les salaires, à faire payer la crise aux travailleurs.

    Els Deschoemacker

    En Allemagne comme aux Pays-Bas ce sont les programmes d’austérité les plus sévères depuis la seconde Guerre mondiale. Et ce n’est qu’un début. Les patrons profitent de la crise pour mettre encore plus le couteau sous la gorge des travailleurs. A Volkswagen les salaires on été gelés pour deux ans sous peine de supprimer 30.000 postes de travail. Chez Opel il est aussi question de revenir aux 40 heures sans hausse de salaire.

    Tout cela ne passe pas comme une lettre à la poste. En Allemagne, chaque lundi soir, des manifestations de masse se déroulent dans de nombreuses villes contre les mesures Hartz IV destinées à radier en masse les chômeurs. Le gouvernement Schröder veut contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle condition. C’est surtout dans l’ex-Allemagne de l’Est que les manifestants sont nombreux car le retour au capitalisme y a provoqué à une extension galopante du chômage et de la pauvreté.

    Les mouvements de grèves se développent aux Pays-Bas. Une grève régionale a eu lieu à Rotterdam à l’initiative de «De Maat is vol!» (La coupe est pleine!), un mouvement d’opposition des dockers contre la passivité de la direction syndicale.

    Un des plus grands ports du monde a été à l’arrêt, ainsi que les services publics et quelques entreprises privées. Les syndicats attendaient 20.000 participants à la manifestation, il y en a eu 60.000. Aujourd’hui tout le monde se prépare à une deuxième grève régionale, cette fois à Amsterdam. Vu le succès de la précédente et la combativité des travailleurs, on s’attend à une amplification de la grève. Ce mouvement met aujourd’hui en avant la revendication d’une grève générale!

    Pour le patronat et le gouvernement belges: «Etant donné qu’en Allemagne et aux Pays-Bas les gouvernants ont pris de solides mesures d’austérité la Belgique devra suivre pour maintenir “notre” position concurrentielle par rapport aux pays voisins». Mais évidemment le patronat et le gouvernement belges voudraient imiter les programmes d’austérité des pays voisins sans importer les mobilisations sociales. La FEB a mis au point une note stratégique habile où les provocations sont évitées: modération salariale au lieu de blocage des salaires, allongement du temps de travail au lieu de 40 heures hebdomadaires, suppression de la réglementation sur les pensions anticipées au lieu de suppression des prépensions. La FEB a clairement tiré les leçons du SP.a et du PS. L’austérité doit être faite, mais ne doit pas être perçue comme une attaque.

  • Le désarroi du MR

    Son éviction des gouvernements francophone, wallon et bruxellois a plongé le MR dans le désarroi. Louis Michel avait su ramener le PRL au pouvoir en 1999 en gommant le profil très droitier hérité de l’époque de feu Jean Gol. Il a fédéré le PRL, le FDF et le MCC (issu de l’ex-PSC) au sein du Mouvement réformateur afin d’en faire une grande formation de droite capable de disputer le leadership à un PS encore trop «travailliste» à ses yeux. Il dirigeait le MR d’une poigne de fer en faisant taire toute voix discordante. Les cadres du parti le supportaient tant qu’il était capable de maintenir le MR au pouvoir. Maintenant que ce n’est plus le cas, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que Michel soit envoyé en exil doré à la Commission européenne. Sa succession a failli tourner au pugilat entre son fils, Charles, et l’ancien ministre wallon Serge Kubla. Pour conjurer ce scénario, les pontes du parti ont convaincu Michel Junior et Kubla de se retirer au profit de Didier Reynders qui restera vice-premier ministre et ministre des finances dans le gouvernement fédéral. Le fait qu’on n’ait trouvé personne capable de l’y remplacer illustre la gravité de la crise qui couve au MR. Le FDF a déjà fait savoir qu’il n’accepterait pas un changement de ligne politique, à savoir l’abandon du soi-disant «libéralisme social». C’est donc que certains au sein du PRL songent sérieusement à reprofiler le parti à droite, ce qui ne pourra que provoquer une collision frontale avec le PS dans le gouvernement fédéral dont le MR est désormais le maillon faible. Et ce n’est pas le retour controversé de Daniel Ducarme – Monsieur amnésie fiscale – qui va redorer le blason du parti.

  • Sortie de route pour Verhofstadt 2?

    Le gouvernement Verhofstadt II était sorti affaibli des élections régionales du 13 juin. Il est maintenant miné par les dissensions entre libéraux et socialistes et par les tensions communautaires. Il est de plus en plus douteux qu’il arrive au terme de la législature.

    Thierry Pierret

    La formation de coalitions différentes aux gouvernements fédéral, wallon, flamand et bruxellois au lendemain des élections régionales du 13 juin a rendu le pays ingouvernable. Cela contribue à pourrir l’ambiance entre libéraux et socialistes au gouvernement fédéral. L’ambiance est d’autant plus électrique que les deux familles politiques divergent sur la manière de faire payer la crise aux travailleurs et à leurs familles: les libéraux optent pour de nouvelles baisses de charges et d’impôts pour les entreprises, les socialistes pour une cotisation sociale généralisée (CSG) qui touchera tous les revenus – donc y compris ceux du travail! – pour compenser les baisses de charges sociales précédentes.

    Guy Verhofstadt se faisait fort d’anticiper la rentrée politique en prononçant son discours de politique générale devant le Parlement 3 semaines à l’avance. Il devait y annoncer de nouvelles mesures d’austérité pour combler son retard sur les gouvernements voisins en terme de casse des acquis sociaux. Il a dû y renoncer piteusement. Son incapacité à trouver un compromis entre partis flamands et francophones sur la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) y a certainement joué un rôle. Mais c’est surtout l’irruption de DHL sur la scène politique qui aura mis le feu aux poudres. Verhofstadt n’a pas pu donner une réponse en temps voulu à l’entreprise de courrier-express quant à ses projets d’extension à Bruxelles-National. Il s’est heurté à la mauvaise volonté des régions bruxelloise et flamande qui veulent toutes deux s’accaparer les emplois et se rejeter les nuisances l’une sur l’autre. Cela promet pour le Forum institutionnel qui devra discuter de questions autrement plus explosives comme la communautarisation des soins de santé ou la régionalisation partielle de la justice… Tout semble converger vers une crise du régime politique de la bourgeoisie belge.

  • Il faut s’attaquer au chômage, pas aux chômeurs…

    Nous sommes tous attaqués. Défendons-nous tous ensemble!

    Si nous ne défendons pas activement nos droits, les patrons et le gouvernement nous prendront tout. En Allemagne, les manifestations hebdomadaires contre les baisses d’allocations font trembler le gouvernement Schröder. Nous devons suivre cet exemple de résistance active! Seule la solidarité entre les chômeurs, couplée à une mobilisation de tout le monde du travail, nous permettra d’empêcher la mise en oeuvre des mesures du gouvernement. C’est pourquoi le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) propose d’organiser une première action de protestation dans plusieurs villes du pays le lundi 11 octobre. Vous en êtes?

    RASSEMBLEMENT:

    11 octobre, 19h, Place Saint-Paul, Liège


    Il faut s’attaquer au chômage, pas aux chômeurs… NON A LA CHASSE AUX CHÔMEURS!

    Nombre de jeunes chômeurs ont déjà reçu la lettre. Ils seront convoqués par l’ONEm en octobre pour un contrôle. L’ONEm, qui agit pour le compte du gouvernement, va contrôler s’ils ont fait des efforts “suffisants” pour trouver un emploi. Sinon gare aux sanctions. Les contrôles des chômeurs les plus jeunes (moins de 30 ans) commencent déjà cette année-ci. L’année prochaine, ce sera le tour des 30 à 40 ans. L’année suivante, ce sera le tour des 40 à 50 ans et ensuite celui des chômeurs âgés de plus de 50 ans.

    Est-ce qu’on est pour autant assuré de garder son allocation si on parvient à exhiber un tas de lettres de sollicitation sous le nez des contrôleurs de l’ONEm? Le MAS pense qu’il ne faut pas tomber dans le panneau. L’ONEm n’est pas une institution qui accompagne les chômeurs, comme l’ORBEm ou le FOREm. C’est une institution qui contrôle et qui sanctionne. Les syndicats se sont toujours opposés dans le passé à un contrôle direct par l’ONEm. Ils craignaient à raison la mise en place d’une machine à suspendre.

    Les gouvernements et le patronat mènent partout en Europe des programmes d’austérité de grande ampleur. Nos acquis sociaux se réduisent comme une peau de chagrin. En Allemagne, on veut ramener après 1 an le montant de l’allocation de chômage à 345 euros majorés d’un maigre supplément pour le loyer. En Belgique, les patrons ont jeté sur la table toute une kyrielle de revendications pendant les vacances: semaine des 40 heures sans hausse de salaire, suppression de la prépension, plus de flexibilité, gel des salaires, … Comment les patrons peuvent-ils imaginer créer plus d’emplois en faisant travailler les salariés plus longtemps pour le même salaire?

    Le “contrôle des chômeurs” veut atteindre le même résultat que les mesures en Allemagne. Le gouvernement belge veut limiter dans le temps le droit aux allocations de chômage. En menaçant d’envoyer plus vite les gens au CPAS, ils veulent nous faire accepter n’importe quel boulot pour n’importe quel salaire. Les patrons et le gouvernement espèrent de cette manière faire pression sur les salaires et les conditions de travail actuels.

    Pour être “compétitif” avec les autres pays capitalistes, le gouvernement veut brader notre force de travail. Suivre cette logique désastreuse revient à plonger dans l’exclusion et la misère un nombre croissant de familles de salariés.

    “Suspendre 30.000 chômeurs d’ici 2007”…

    Vous aurez beau envoyer des lettres de sollicitation, l’ONEm ne tiendra compte que d’une chose: le quota de suspensions que le gouvernement a fixé à l’avance! Le gouvernement Verhofstadt et l’artisan du contrôle des chômeurs, Frank Vandenbroucke (SP.a), se sont évidemment bien gardé d’en piper mot “officiellement”. Le journal financier De Tijd a pourtant fait état de notes internes aux cabinets SP.a et PS selon lesquelles le gouvernement entendait suspendre 30.000 chômeurs d’ici 2007 (10/01/2004). Cela permettrait d’économiser 209 millions d’euros en 3 ans. Avant même que la première rangée ne soit “contrôlée”, le gouvernement sait déjà combien de chômeurs il veut radier!

    Le PS et le SP.a au gouvernement, les anciens partis ouvriers, ne défendent plus d’aucune manière que ce soit les intérêts des travailleurs et des jeunes. Ils appliquent la politique de régression sociale de la bourgeoisie en invoquant – comble de cynisme! – des arguments “sociaux” à l’appui de cette politique. Les directions syndicales ne se compromettent que trop souvent dans la régression “socialement” assistée. Elles s’abstiennent de mobiliser leur base lorsque plane la menace de licenciements collectifs et s’inscrivent dans la logique de la flexibilité.

    Les travailleurs et les jeunes doivent s’opposer à cette mesure d’austérité antisociale qu’on nomme “contrôle des chômeurs”. La responsabilité du manque d’emplois et de la crise économique incombe au système lui-même et pas à ses victimes que sont les chômeurs. Le VDAB (l’équivalent flamand de l’ORBEm et du FOREm) a même dû reconnaître récemment qu’il y avait (officiellement) 6 demandeurs d’emploi pour chaque offre d’emploi. En août, il y en avait même 18 pour chaque emploi fixe et à temps plein – par opposition aux emplois temporaires ou à temps partiel. Si on additionne toutes les catégories de chômeurs que les gouvernements successifs ne prennent officiellement plus en compte pour enjoliver leurs statistiques, on arrive peut-être à 1 emploi à temps plein et à durée indéterminée pour 30 chômeurs! On comptait pas moins de 1.143.500 allocataires à charge de l’ONEm à la fin 2003 contre 71.000 en 1970! La crise est structurelle.

    La quête d’un emploi nous met en “concurrence” avec des dizaines, voire des centaines d’autres demandeurs. Dans une telle situation, nous ne pouvons pas accepter qu’on se mette à faire la chasse aux chômeurs! Il faut s’attaquer au chômage causé par le système de profit capitaliste. Pas aux chômeurs!

    Il faut s’attaquer au chômage, pas aux chômeurs…

    NON A LA CHASSE AUX CHÔMEURS!

    N’hésitez pas à prendre contact avec nous pour collaborer!

    Tél. 02/345.61.81 ou envoyez un e-mail à une section locale du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS): liege@lsp-mas.be

  • La Belgique n’est pas un paradis social

    La fin d’un mythe!

    UNE ETUDE récente du Centre pour une Politique Sociale (CSB) de l’université d’Anvers montre qu’un grand nombre de retraités perçoivent une pension plus basse que celle de la plupart des retraités des pays européens.

    Karel Mortier

    En Belgique, un couple de pensionnés recevait en 2001 près de 753 euros par mois. Le montant de la moyenne européenne est de 1.135 euros, soit presque 400 euros de plus. Au Grand Duché de Luxembourg un couple reçoit 1.379 euros, presque le double. En France et aux Pays-Bas respectivement 1.281 euros et 1.126 euros. Le pouvoir d’achat d’un couple de pensionnés en Belgique est inférieur de 34% à la moyenne européenne.

    Il n’y a pas que les pensionnés. Beaucoup de gens vivant du minimex (maintenant appelé “revenu d’intégration sociale”) sont également dans une plus mauvaise situation que dans les pays voisins. Un couple percevant le minimex reçoit en Belgique 100 euros en moins que la moyenne européenne. L’étude montre également que l’argument du prétendu "piège au chômage" ne tient pas la route. L’idée que si les allocations augmentaient, les gens n’iraient plus travailler car ils ne gagneraient pas beaucoup plus qu’au chômage, se révèle fausse. L’écart entre les allocations et le salaire minimum est plus grand que dans la plupart des autres pays européens. Notre pays fait également partie des pays peu nombreux où le montant des allocations (chômage, invalidité, pensions du secteur privé) n’est pas couplé à l’augmentation des salaires.

    De plus, la récente augmentation du prix du pétrole n’est plus répercutée dans l’index: depuis longtemps l’essence n’est plus reprise dans l’index santé. Les automobilistes dépensent donc plus pour se déplacer. Ces mesures d’austérité et beaucoup d’autres, ont été menées dans les années 90 pour respecter les normes de Maastricht. Ces normes devaient être atteintes pour pouvoir lancer l’euro en Belgique. Dans les années 90 le niveau de vie d’une grande partie de ceux qui doivent vivre d’allocations a régressé. Selon le rapport, l’image donnée de la Belgique ("le pays qui jouit d’une grande protection sociale") doit donc également être fortement nuancée.

    La Belgique est aussi un des pays qui accorde le moins d’aide à ceux qui ont des difficultés financières pour se loger décemment. Ainsi beaucoup de gens sont obligés de consacrer une partie plus importante de leurs revenus au loyer. Le prix des loyers augmente plus vite que les salaires, et ne parlons pas des allocations!

    Actuellement, certains responsables politiques ne parlent que de "l’Etat social actif" et avancent l’idée que la Belgique est en retard en matière de mesures d’austérité par rapport aux pays voisins. Dans les années 90 l’Etat providence a été rangé au frigo pour pouvoir lancer l’euro.

    Quels niveaux vont atteindre nos pensions si nous laissons faire les gouvernements actuels, qui poursuivent leur logique néo-libérale?

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