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  • Comment combattre le Vlaams Blok?

    LE 2 DÉCEMBRE nous organisons une manifestation contre le NSV raciste à Gand. Chaque nouvelle victoire électorale du Vlaams Blok relance la discussion sur la Lmeilleure manière de le combattre. On ne compte plus les mouvements antiracistes et tous les partis traditionnels qui jurent la main sur le coeur qu’ils sont contre le racisme. Cela n’empêche pas le Blok de continuer à progresser.

    Boris Van Acker

    Une grande partie du mouvement anti-raciste s’imagine pouvoir faire reculer le Blok avec des fêtes multiculturelles, des grands débats académiques, des actions symboliques ou en faisant signer des plate-formes par les organisations sociales. Ceux qui votent pour le Vlaams Blok sont les grands absents de ces actions ou de ces débats. On se contente trop souvent de pointer sur eux un doigt accusateur: «C’est mal d’être raciste, vous êtes contre la politique, vous avez peur, vous vous plaignez pour un rien». Si le mouvement antiraciste est à bout de souffle, c’est justement parce que sa stratégie est trop souvent la même que celle des partis traditionnels. Qu’il puisse y avoir quelque chose d’erroné dans la politique de ces partis leur effleure rarement l’esprit. La question de savoir comment le Vlaams Blok parvient à faire autant de voix reste finalement sans réponse. On cherche alors des solutions qui n’en sont pas.

    C’est ainsi que Frank Beke, le bourgmestre de Gand, a reçu le Prix de la Démocratie des mains d’Eric Goeman, le porte-parole d’ATTAC/ Flandre et de Démocratie 2000. Le Vlaams Blok est le deuxième parti à Gand où il a obtenu 22,8% des voix en 2004 et 19,4% en 2003. C’était 2% de moins qu’aux élections de 1999. L’idée qui sous-tend la remise du Prix de la Démocratie … à Beke est que c’est la bonne gouvernance de la ville qui a fait reculer le Vlaams Blok. Une étude de l’université de Gand démontre pourtant qu’une des principales raisons que les électeurs du Vlaams Blok invoquent pour expliquer leur vote est le sentiment «d’impuissance politique». Le constat que la politique de la ville ne prend pas leurs intérêts en compte. Ce sentiment a encore augmenté entre 2003 et 2004. Les raisons pour lesquelles le Blok a obtenu moins de voix en 2003 seraient dues à des facteurs externes comme des changements dans la population gantoise et la présence d’un grand nombre de figures politiques de premier plan. En effet, il y a beaucoup d’étudiants qui s’installent à Gand tandis que nombre de personnes à bas revenus doivent déménager à cause du prix des loyers.

    Les gens ont raison lorsqu’ils disent que la ville ne s’intéresse pas à leurs problèmes. Le dernier exemple en date est la volonté de la ville d’utiliser 20 millions d’euros du Fonds des communes pour un parking souterrain en-dessous de la Place Saint-Pierre. Cet argent est pourtant destiné à des projets sociaux. La politique qui consiste à démolir des quartiers ouvriers pour faire place nette … à des logements de standing, histoire d’attirer des ménages à plus hauts revenus, n’est pas moins antisociale.

    Cette politique ne diffère pas fondamentalement de celle des villes hollandaises où on exige des gens qui veulent s’installer dans certains quartiers qu’ils aient un revenu minimum. Frank Beke ne mérite pas le Prix de la Démocratie. C’est même un scandale qu’il le reçoive des mains de ceux-là même qui se targuent d’être la conscience de la gauche.

    A l’approche de la manifestation anti-NSV, nous espérons que d’autres organisations partageront notre analyse et cesseront de chercher leur salut dans des procès contre le Vlaams Blok ou dans des actions symboliques censées démontrer l’absurdité du racisme et de flirter avec le SP.a et Groen! Ce serait un tournant.

    Le MAS agit depuis quelques années déjà dans des quartiers plus populaires. Nous avons su unir des électeurs du Vlaams Blok et des immigrés dans des campagnes concrètes contre la politique antisociale. Des campagnes comme celle que nous avons menée contre la démolition de 89 maisons dans un quartier de Gand leur font comprendre que leur véritable ennemi n’est pas celui qui habite dans la même rue qu’eux, mais bien celui qui prend de telles décisions dans le salon de sa villa cossue. On ne peut que regretter que la plus grande partie de la gauche soit restée au balcon dans ces moments-là.

  • Action unifiée contre la politique d’austérité du gouvernement et du patronat

    LE CONSEIL CENTRAL de l’Économie a proposé dans son rapport annuel un plafond de 5,3% de hausse des salaires pour les deux années à venir. Avec l’inflation et l’augmentation des barèmes, ce ne sera que 1%. De plus, avec la hausse des prix pétroliers qui absorbe cette année 0,5% du pouvoir d’achat des ménages, rien ne restera de ce 1%. Les négociations pour l’accord interprofessionnel vont commencer dans ce cadre.

    Anja Deschoemacker

    Tous les problèmes épineux sont rassemblés dans ces négociations pour permettre au gouvernement de présenter un budget "modéré". Mais ce caractère "modéré" peut être remis en cause: une toute petite partie seulement est prévue pour les revendications du non marchand, secteur à soutenir pour garantir des soins de bonne qualité.

    Rien d’étonnant dans une tel contexte que la surenchère communautaire monte. La bourgeoisie de ce pays sait depuis longtemps qu’il faut diviser pour mieux régner. Alors que les patrons flamands, bruxellois et wallons réunis dans la FEB préparent de concert les attaques contre les droits et les conditions de travail de tous les travailleurs, les médias gonflent les problèmes communautaires. Ainsi le 9 novembre, une commission spéciale avec des représentants de tous les gouvernements commence à discuter de la scission de Bruxelles Hal Vilvorde.

    Le gouvernement flamand n’est pas seulement à l’offensive sur le terrain communautaire, mais aussi sur le plan socio-économique. Le budget correspond aux normes financières les plus strictes (afin d’inciter les autres gouvernements à faire de même, ce qui voudrait dire qu’il n’y a pas d’argent pour résoudre les problèmes de l’enseignement flamand et dans le non marchand. Vandenbroucke ne voit pas de marge pour des hausses de salaire, mais il veut privatiser une partie de l’encadrement des chômeurs. Patricia Ceysens, présidente du groupe VLD au parlement flamand, a lancé un appel pour réévaluer le rejet de la directive européenne Bolkestein (la libéralisation des services); etc.

    Les politiciens francophones se cachent derrière ce chantage néolibéral. Ils ne défendent pas vraiment ce qui reste du système social et font porter toute la responsabilité sur le gouvernement flamand. C’est un peu comme dans les séries policières, avec le "bon" et le "mauvais" flic lors des interrogatoires. Ils ont évidemment le même objectif. Aujourd’hui, tous les dirigeants s’accordent sur le fait que notre système social, conquis par la lutte ouvrière, est devenu un obstacle pour les profits des entreprises.

    La résistance unifiée des travailleurs flamands, bruxellois et wallons est indispensable pour stopper le train néo-libéral de la bourgeoisie belge et pour imposer de réelles solutions au chômage, à la pauvreté galopante, aux cadences de travail, à la flexibilité, à la cherté du logement… Il faut trouver une solution aux problèmes linguistiques. Par exemple les Flamands doivent pouvoir être accueillis dans leur propre langue dans les hôpitaux et les services à Bruxelles, ce qui est possible par un élargissement du cadre du personnel, par l’organisation de cours de langue pendant les heures de travail,…

    L’installation dans la périphérie bruxelloise de couches plus aisées fait grimper le prix des loyers: on peut permettre aux moins fortunés d’y rester par une politique massive de logements sociaux.

    Cependant les partis traditionnels ne mèneront jamais une telle politique. Seule la population ouvrière est capable d’élaborer un projet véritablement démocratique pour la question nationale et ce, sur base de négociations réelles, et pas de simples chantages. C’est elle qui a intérêt à résoudre ces problèmes. Les partis flamands au pouvoir ne les citent que pour faire avaler à tout le pays un programme néo-libéral.

  • Retour à la case départ: la répression continue

    CANNABIS

    UN ARRÊT DE la Cour d’Arbitrage a cassé la loi sur le cannabis adoptée sous le gouvernement arc-en-ciel. L’abrogation de cette loi est un retour à la case départ: la criminalisation complète pour tous les usagers du cannabis et pour ceux qui en font la culture.

    Emiel Nachtegael

    La loi abrogée permettait la consommation de cannabis pour les personnes majeures si cela n’était pas source de «nuisance publique» et ne relevait pas d’un «usage problématique». Avant cette loi tout était illégal, et donc punissable. Mais en pratique les poursuites judiciaires venaient en dernière priorité dans les parquets. L’abrogation de cette loi est un splendide exemple de l’hypocrisie du gouvernement précédent: donner une image progressiste qui maquillait un caractère répressif et droitier. La loi institutionnalisait la répression contre les usagers du cannabis: elle donnait carte blanche à la tolérance zéro pour les consommateurs mineurs et pour les consommateurs majeurs hors de la sphère privée. Seules les personnes majeures dans la sphère privée pouvaient consommer du cannabis. Les problèmes de drogue n’ont pourtant jamais diminué avec la répression, bien au contraire.

    La répression n’apporte pas de solution. Les auteurs de telles lois restent à cent lieues des conditions réelles de vie des gens. Pour eux, l’usage de la drogue, la criminalité et la violence forment un tout. La création de clichés est encore plus forte au travers des reportages spectaculaires dans les médias. A les entendre, un jeune sur quatre serait un membre d’une bande brutale et consommateur de drogue. D’abord beaucoup d’argent sale circule dans les zones sombres de l’illégalité. Les jeunes qui «dealent» viennent souvent des couches les plus précaires de la société, qui gagne plus avec cette activité qu’avec un job intérimaire flexible et mal payé. Ensuite, la question est de connaître jusqu’à quel point l’usage problématique de drogue diminuerait par la tolérance zéro. Le cannabis est largement accessible mais l’alcool et les calmants le sont encore plus. Beaucoup de personnes ayant des problèmes sociaux fuient la réalité dans ces drogues à accoutumance. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, presque 1,5 million de personnes en Belgique – dont un million de femmes – ont pris l’année dernière des antidépresseurs ou des tranquillisants: une augmentation de 40% par rapport à 1997.

    Autant dans l’enseignement que sur le lieu de travail, une pression contre-nature règne sur les conditions de travail. Les problèmes de drogues sont connus à La Poste, au travail à la chaîne,… L’usage de drogues au travail est dangereux, mais une attitude répressive des autorités ne va pas résoudre les problèmes, cela va juste rendre plus précaires les conditions de travail, en augmenter la pression,… tous ces facteurs entraînant une augmentation de l’usage des drogues. Avec une telle politique musclée, «de l’ordre et de la loi», le gouvernement prouve son incapacité à dépasser sa politique superficielle de lutte contre les symptômes.

  • Femmes: l’apparence ou les compétences?

    EN WALLONIE, selon les chiffres officiels, il y a un emploi disponible pour 45 demandeurs d’emploi. Cela n’empêche pas les pouvoirs politiques de faire semblant de croire que c’est le chômeur qui est responsable du fait d’être sans emploi. On dit qu’il n’est pas assez qualifié, qu’il ne cherche pas vraiment du travail, etc… On reproche même aux chômeuses de ne pas faire l’effort d’être assez "présentables".

    Cécile Mangin

    Les chômeuses (53% du nombre total des chômeurs) ont encore plus de difficultés dans la recherche d’un emploi: elles doivent assumer les tâches domestiques et l’éducation des enfants, alors que le salaire qui leur est proposé ne permet généralement pas de payer la crèche des enfants et les frais de garderie.

    Que font les pouvoirs publics pour aider les femmes à trouver un emploi? Créer des emplois avec un salaire suffisant? Organiser des crèches financièrement accessibles? Rien de tout cela! La dernière idée scandaleuse est de leur proposer de suivre un atelier de "relooking" pour apprendre à (mieux) se maquiller, à choisir les vêtements et les couleurs qui leur vont (prétendument) bien. L’objectif est de les aider à reprendre confiance en elles et en leurs capacités de séduire un futur employeur!

    Une émission récente de la RTBf ("C’est la vie”, le 18/10/04) suivait ainsi cinq chômeuses de Charleroi qui avaient accepté de suivre une semaine d’un tel traitement. L’une de ces femmes en est sortie déstabilisée. Elle expliquait avoir perdu sa spontanéité parce qu’on lui avait dit que les couleurs qu’elle aimait jusqu’à présent ne lui allaient pas. Elle expliquait également que les crèmes diverses qu’on lui suggérait de mettre coûtaient cher et qu’elle n’avait pas les moyens de se les payer.

    C’est une forme d’atteinte inacceptable à l’intégrité de personnes plus vulnérables: les chômeuses. Les femmes n’ont pas à se transformer physiquement pour trouver du travail. La réalité est que dans la région de Charleroi, il y a 1 emploi pour 45 chômeurs et chômeuses. C’est cela qu’il faudrait transformer!

    Le MAS/LSP dans la Fosse aux Lions

    Les canons de beauté pour les femmes font la Une dans les médias. Mardi 26/10, Marijke Deschamps, présidente de la Commission Femmes du MAS/LSP et membre d’EGA/ALS était invitée à l’émission de la VRT Leeuwenkuil (La Fosse aux Lions) pour défendre notre point de vue. Elle était confrontée à des Miss et des presque Miss qui venaient défendre leur droit à utiliser leur beauté pour faire carrière. La question n’est pas de leur interdire – et d’ailleurs on se demande comment ce serait possible – mais de défendre le droit des femmes de pouvoir choisir, et de ne pas être jugées sur leur apparence physique mais sur leurs capacités.

    La semaine précédente Anja Deschoemacker avait été invitée, pour le MAS/LSP, à la même émission pour défendre un point de vue féministe sur la question de la prostitution: contre la criminalisation des prostituées, mais aussi contre la légalisation de la prostitution et contre la proposition de considérer cela comme une profession comme une autre. Aux Pays-Bas c’est considéré comme une profession et les chômeuses qui refusent d’accepter les propositions du service de placement peuvent perdre leurs allocations de chômage même si la proposition d’embauche est la prostitution au sens premier du terme.

  • «Aucune organisation bourgeoise ne peut résoudre la situation»

    INTERVIEW DE DEUX CAMARADES ISRAÉLIENS

    Propos recueillis par Karim Brikci

    Pouvez-vous vous présenter?

    – Shahar: "Nous sommes membres de Maavak Sozialisti, organisation-soeur du MAS en Israël/Palestine."

    Quelle est la situation politique aujourd’hui?

    – Shahar: "La bourgeoisie s’attaque violemment aux acquis de la population et l’appareil syndical préfère freiner le mouvement et négocier avec le patronat. Dernièrement, il y a eu la grève des travailleurs municipaux qui, depuis plus d’un an et demi, n’avaient pas reçu de salaire, et celle des dockers contre la privatisation d’un port. Dans les deux cas, les directions syndicales n’ont réagi qu’au moment où leur base commença à entrer en lutte. La Cour du Travail, avec l’accord tacite des directions syndicales, a déclaré ces grèves illégales. Les dockers ont toutefois continué le combat contre l’Etat et leur direction syndicale durant plusieurs jours. Lors des ces grèves, les travailleurs se sont débarrassés de leurs délégués syndicaux et se sont organisés à la base pour se préparer aux prochaines attaques néolibérales."

    Comment réagit la population israélienne à propos du plan de retrait de Gaza?

    – Shahar: – "L’espoir d’être plus en sécurité et la propagande du gouvernement font que ce plan a un grand soutien. Mais la situation dans les territoires palestiniens couplée aux offensives néo-libérales en Israël ne font qu’augmenter les tensions. La désillusion envers le plan et le vide politique à gauche en Israël/Palestine vont permettre une ouverture plus grande aux idées socialistes."

    Qu’elles pourraient être les conséquences d’une disparition prochaine d’Arafat?

    – Yacov: "Il y aura une escalade de la violence. Aucune organisation bourgeoise n’est capable de contrôler la situation. En cause: la corruption de l’autorité palestinienne et les tentatives de la classe dirigeante israélienne et de l’impérialisme américain pour mettre en place de nouveaux premiers ministres sans soutien dans les territoires. La mort d’Arafat déclenchera une lutte armée entre fractions du Fatah."

    Peux-tu nous parler de la construction du mur de séparation et des réactions que cela suscite ?

    – Yacov: "Le mur détruit le quotidien des Palestiniens en séparant maisons, lieux de travail… Les Palestiniens n’ont pas d’autre choix que de résister par tous les moyens possibles. On a vu de nombreuses manifestations massives organisées par des comités de villages ou de villes, sur une base très démocratique, aidées par des activistes israéliens et internationaux. Le rôle des organisations bourgeoises officielles et des groupes islamistes y est insignifiant. Nous intervenons chaque semaine, malgré la répression très dure de la police, de la police militaire et de l’armée. Plusieurs camarades ont déjà été arrêtés."

    Comment abordez-vous la question nationale?

    – Shahar: "Nous essayons de surmonter les divisions de la population sur base religieuse et communautaire en avançant la nécessité de l’unité de tous les travailleurs. Ni deux états séparés ni un état uni sur base capitaliste ne peuvent amener de solution. Le capitalisme est incapable de résoudre les problèmes sociaux: les conditions désastreuses de vie des Palestiniens dans les territoires occupés ou la baisse du niveau de vie des travailleurs israéliens. Seuls deux états socialistes au sein d’une confédération socialiste du Moyen-Orient, où les travailleurs contrôlent à la base la production peut sortir ces populations de la crise."

  • Le gouvernement reste sourd aux revendications de la rue

    JEUDI 21 NOVEMBRE la colère blanche est descendue dans la rue. Il s’agit de la énième journée d’action du secteur non marchand: grèves et manifestations dans plusieurs villes. Malgré la brève période de mobilisation et le désarroi renforcé par les informations contradictoires diffusées dans les journées avant la journée d’action, la mobilisation était large. Dans plusieurs villes des milliers de travailleurs sont descendus dans la rue pour donner de la voix.

    Correspondant

    La Colère Blanche ne se limite plus aux hôpitaux, mais s’est élargie à d’autres catégories de travailleurs comme les éducateurs. Notre plate forme de revendications comporte: la création de 25.000 emplois, la diminution du temps de travail vers les 36 heures, un 13e mois et l’alignement des salaires sur ceux du secteur privé (ce qui signifierait une hausse de salaire de 10,5%).

    Manque de moyens?

    Les revendications du non marchand ne sont pas seulement valables pour les travailleurs du secteur, elles sont aussi importantes si l’on veut une société qui continue de fournir des services convenables à la population.

    "Il n’y a pas de moyens", rétorque-t-on souvent au cabinet de Vervotte, ministre flamande, et celui de Demotte, son collègue au gouvernement fédéral. Qui plus est, Frank Vandenbroucke a proposé un blocage des salaires pour les deux années prochaines. La réaction de Walter Cornelis de la LBC (la centrale flamande du syndicat CSC pour les employés) dans Visie (publication de la CSC flamande): "Chaque fois que nous avançons nos revendications, on nous dit ‘il n’y a pas d’argent’. On doit oser faire des choix! Les soins de santé et le bien être sont des préoccupations importantes des Flamands. Nous attendons un politicien qui ose s’opposer aux baisses d’impôts. Alors à ce moment, il y aura suffisamment d’argent pour de bons services."

    Walter Cornelis montre à juste titre le problème: aucun parti ne défend les intérêts des travailleurs du non marchand et les usagers des services.

    Il en a pour un bon moment s’il attend cela des partis actuellement représentés au parlement. Tous adhèrent à la logique de gestion du système capitaliste. Concrètement cela implique se mettre à genoux face au chantage patronal et face à la concurrence des pays voisins qui baissent les salaires et les impôts. Naturellement cela laisse peu de marge de manoeuvre pour organiser le bien être et les soins de santé. Les syndicats devraient rompre définitivement avec leurs “amis” aux gouvernements.

    Un syndicalisme combatif et démocratique ressusciterait de nouveau un enthousiasme parmi la population pour se battre pour ses droits, sentiment qui fait actuellement défaut. En même temps, l’idée d’un nouveau parti des travailleurs pourrait vivre parmi ces dizaines de milliers qui manifestent et font la grève pour défendre leurs conditions de travail et de salaire.

    Il faut un plan d’action

    Pour réaliser une mobilisation étalée dans le temps, les directions syndicales doivent élaborer un plan d’action qui couvre plusieurs mois car c’est une lutte étalée dans le temps. Afin de mobiliser les collègues dans le non marchand, on doit leur donner une perspective claire de l’aboutissement des actions. Il est primordial d’arriver à des négociations ouvertes et franches entre syndicats, tant au sommet qu’à la base.

    Le gouvernement essaie d’affaiblir la solidarité dans le secteur en tentant de dresser les différentes catégories de travailleurs les uns contre les autres. Il faut cesser les manoeuvres entre les différents appareils syndicaux. Il est clair pour nous que le gouvernement provoque les syndicats en négociant derrière leurs dos avec les organisations corporatistes des infirmières. Cette tactique vise à faire quelques concessions aux infirmières (qui représentent le gros du potentiel de la force mobilisatrice de la Colère Blanche), comme sur les normes du personnel (le nombre d’infirmières par lit) afin de les détacher des autres catégories de travailleurs du non marchand.

    Dans beaucoup d’institutions, le front commun syndical ne demeure qu’une formule de politesse au lieu d’une union réelle des forces. Afin de court circuiter les manoeuvres entre les différents appareils syndicaux, nous avons entamé la création d’un réseau de membres du MAS, délégués ou militants syndicaux du secteur (SETCa, CGSP, CNE, LBC). Nous envisageons de nous rencontrer afin d’échanger les expériences, les informations (que tel syndicat passe en silence pour l’autre ou qui sont consciemment échangées trop tard). Nous avons aussi entamé une publication sectorielle du MAS: Hypertension. Dans le passé, nous sommes déjà intervenus avec des tracts. En donnant un titre à notre publication nous voulons être plus visibles, comme avec le bulletin Modèle 9 pour nos camarades postiers.

  • Luttons ensemble pour l’emploi

    19 mars: Marche des Jeunes pour l’Emploi

    CES DERNIÈRES SEMAINES, des actions ont été menées notamment à La Poste, à la STIB, dans les Hautes Écoles, dans le secteur non marchand, chez DHL et Général Motors (Opel): des actions contre les menaces de licenciements, de flexibilité accrue et contre la détérioration des conditions de travail et de rémunération. Alors que le chômage frise de nouveaux sommets (pour le moment 9,08 % en Flandre, 18,9 % en Wallonie et 21,9 % à Bruxelles) le rythme de travail devient de plus en plus intense.

    Geert Cool

    Il faut résister! Les secteurs où des luttes sont engagées montrent la voie. La lutte des travailleurs d’Opel à Bochum (Allemagne) est un excellent exemple. Contre la politique de division menée par General Motors (qui a annoncé la suppression de 12.000 emplois en Europe) les travailleurs de Bochum sont partis en grève en refusant toute réduction de l’emploi non seulement à Bochum, mais aussi ailleurs. Il est important d’empêcher que la direction ne dresse les uns contre les autres les travailleurs des différentes usines pour les forcer à faire des concessions.

    A Bochum, les travailleurs ont de plus organisé une manifestation qui a mobilisé la population de la ville et les travailleurs d’autres secteurs.

    La manière dont la lutte des travailleurs de Bochum fut menée est remarquable. Les travailleurs et délégués de base sont partis en grève, et la direction syndicale a dû suivre. En même-temps la grève a commencé à avoir ses effets dans les autres divisions de General Motors qui sont à l’arrêt faute de pièces. Le véritable rapport de force viendra des travailleurs. Hélas, la direction syndicale a annoncé la fin de la grève et a appelé chacun à reprendre le travail.

    La fin de la grève à Bochum annonce aussi l’amorce d’une offensive patronale. Dès la reprise du travail, la direction de GM a essayé de licencier des délégués syndicaux pour casser la résistance.

    Dans la société capitaliste toute la production est organisée en vue de faire du profit. Les propriétaires des entreprises visent la maximalisation de celui-ci. Jan Coene, l’ancien directeur général de Picanol vient encore de le montrer. Pour assurer les gains des actionnaires, les travailleurs sont mis sous pression afin de limiter les revendications salariales. En même temps, ce top manager rafle d’un coup 22 millions d’euros pour avoir occupé ce poste pendant trois ans et demi! Et c’est ce type de personnage qui veut convaincre les travailleurs que les coûts salariaux sont trop élevés!

    Pour aller contre cette logique il faut mener la lutte tous ensemble. On ne gagnera pas la bataille bureau de poste par bureau de poste, secteur par secteur,… En outre, il faut aussi forger des liens avec les chômeurs, les lycéens et les étudiants (dont l’avenir est menacé par des plans d’austérité dans l’enseignement). Les travailleurs, les chômeurs et leurs enfants ont les mêmes intérêts à défendre. La chasse aux chômeurs qui pousse ceux-ci à accepter n’importe quel emploi à n’importe quel salaire va mettre sous pression l’ensemble des salaires.

    C’est pourquoi Résistance Internationale a pris l’initiative d’organiser avec les organisations de jeunes des syndicats une Marche des Jeunes pour l’Emploi, le 19 mars 2005 à Bruxelles. Pour faire de cette Marche un succès nous appelons à la constitution de comités locaux dans les quartiers, les écoles et les entreprises.

    Soutenez notre campagne de mobilisation pour le 19 mars et rejoignez-nous!

  • MANIFESTATION ANTI-NSV

    MANIFESTEZ AVEC NOUS

  • Contre le racisme!
  • Contre la politique antisociale!
  • 2 décembre > 19h > Gand (Zuid)

    LE NSV DÉFILERA le 2 décembre dans les rues de Gand. Le NSV est l’organisation étudiante du Vlaams Blok. Le Vlaams Blok a beau démentir tout lien avec le NSV, celui-ci n’en est pas moins le lieu de formation par excellence des futurs mandataires du Vlaams Blok. Le NSV peut se permettre d’être plus radical et on ne s’y embarrasse pas de précautions de langage en matière de racisme et de sexisme.

    Koenraad Depauw

    Qu’on en juge par l’article qu’ils ont publié dans leur journal sous le titre «L’égalité, un mythe». Ils y soutiennent que la boîte crânienne des gens de couleur est plus petite que celle des Blancs. Le NSV n’hésite pas non plus à utiliser la violence contre les immigrés, les réfugiés et les adversaires politiques. Le fait que des dirigeants du Vlaams Blok de premier plan comme Filip Dewinter et Frank Van Hecke y aient joué un rôle important lorsqu’ils étaient étudiants ne relève pas du hasard. Aujourd’hui encore, les membres du NSV se retrouvent au Vlaams Blok après leurs études.

    Pourquoi manifester contre le racisme et le NSV?

    Cette contre-manifestation a un double objectif. Une première raison de manifester est la violence dont le NSV est coutumier. La manif du NSV commence et se termine dans le quartier le plus animé de Gand. Il ne fera pas bon ce soir-là de se trouver dans les parages si on est un immigré, un réfugié ou un adversaire politique.

    Les fois précédentes, la contre-manifestation était tellement grande qu’elle a pu bloquer pacifiquement la manif du NSV de telle sorte qu’ils ont dû remonter dans leurs bus bien plus tôt que prévu. Nous voulons prévenir toute velléité de violence le 2 décembre par notre majorité numérique. C’est pourquoi nous organisons une contre-manifestation au lieu d’une «fête multiculturelle» ou d’une action ludique. Voilà pourquoi nous vous demandons de manifester avec nous, de participer à la campagne et de nous soutenir!

    Le Vlaams Blok fait 22% des voix à Gand. Nous pensons qu’on ne peut combattre le Vlaams Blok et le racisme qu’avec un programme social. C’est ce que fera le MAS le 2 décembre. Nous devons lutter pour des investissements massifs dans le logement social. Le coût élevé du logement est une des principales causes de la pauvreté en Belgique. Le MAS est pour la répartition du travail disponible entre tous sur base d’une réduction du temps de travail avec maintien du salaire. C’est la seule solution au problème du chômage. Nous pensons que la croissance du Vlaams Blok n’est pas due au manque de civisme ou à l’étroitesse d’esprit des Flamands. Le Blok prospère dans le climat de mécontentement général qui trouve sa source dans la politique néo-libérale antisociale des partis traditionnels. Par conséquent, seule une opposition de gauche à la politique de droite peut faire perdre du terrain au Vlaams Blok. Cela ne se manifestera pas en premier lieu dans les élections, mais dans la rue, dans les entreprises, dans la lutte sociale. C’est le message que nous voulons diffuser. Le Vlaams Blok n’est pas plus à même de résoudre les problèmes des petites gens que les partis traditionnels. Nous voulons aussi en convaincre les électeurs du Vlaams Blok.

  • IL FAUT UN PLAN D’ACTION INTERSECTORIEL

    Le mecredi 10 novembre est la première journée de grève nationale depuis trois ans. La charge de travail n’a cessé d’augmenter ces trois dernières années. Les conditions de travail se dégradent à cause du manque de personnel et du taux d’absentéisme qui va de pair.

    L’introduction de Georoute signifie une attaque frontale contre les acquis et les conditions de travail de tous les postiers, qu’ils soient agents distributeurs, chauffeurs ou trieurs de nuit. Dans presque tous les bureaux de poste où Georoute a été appliqué, il y a eu des grèves spontanées. A Liège et à Gand, le personnel a pu arracher des concessions importantes après des grèves qui ont duré plusieurs jours.

    A Anvers 1, Malines 1, Brasschaat, Deurne et Berchem, une centaine de membres de la CGSP ont mené une action devant les bureaux de la direction nationale à Bruxelles. Le personnel avait exprimé des critiques sur la nouvelle organisation du travail. Quand Georoute est entré en application, la direction régionale n’en a tenu aucun compte.

    Les guichetiers subissent une pression permanente pour vendre un maximum de produits financiers. Des produits de La Poste sont désormais en vente dans certains grands magasins. Cela permettra à terme de fermer des bureaux non-rentables.

    La direction des trois grands syndicats n’est pas conséquente dans son attitude vis-à-vis de la direction . D’un côté, elle approuve la réorganisation de Georoute lors de la conclusion de la CCT de 2001. De l’autre côté, elle exige "les textes qui concrétisent l’allègement de la charge de travail. (Avis au personnel , octobre 2004).

    L’introduction de Georoute n’a pas d’autre but que de diminuer le nombre de services (- 60 % dans les équipes de nuit et entre – 10 et – 20 % dans les équipes de jour). Cela ne peut qu’entraîner une hausse permanente de la charge de travail.

    La direction veut diminuer les effectifs de 8500 unités. Cela fait des années qu’on ne remplace plus ceux qui prennent leur retraite, ce qui augmente aussi la charge de travail. Georoute et Poststation doivent rendre La Poste intéressante pour les investisseurs privés. Ceux-ci pourront alors faire de gros bénéfices sur le dos du personnel et des utilisateurs.

    La Poste n’est pas le seul service public qui est confronté depuis des années avec un manque de personnel, des conditions de travail qui se dégradent en une charge de travail excessive. Le recours aux contrats à durée déterminée et même aux intérimaires est de plus en plus fréquent.

    A la SNCB, des milliers de cheminots ne sont plus sûrs de garder leur poste. Le manque de personnel y est récurrent depuis des années. A la STIB, le personnel mène des actions depuis plusieurs semaines (dont deux jours de grève totale) pour de meilleures conditions de travail, plus de personnel et des contrats stables pour tous. Une ligne de bus a déjà été supprimée par manque de chauffeurs, de l’aveu même de la direction, alors que le taux de chômage officiel est de 21,9 % dans la Région bruxelloise.

    Il faut de toute urgence un plan d’action intersectoriel. Contre la privatisation des entreprises publiques et contre les conditions de travail inhumaines et hyper-flexibles. Il faut une réduction généralisée du temps de travail avec maintien du salaire. Les heures perdues doivent être compensées par des embauches avec des contrats à temps plein et à durée indéterminée.

    Résistance Internationale, une campagne jeune du Mouvement pour une Alternative socialiste (MAS) a pris l’initiative, de concert avec les organisations de jeunesse des syndicats, d’organiser une Marche des Jeunes pour l’Emploi le 19 mars 2005 à Bruxelles. Pour faire de la Marche des Jeunes pour l’Emploi un succès, le MAS va mettre sur pied des comités locaux dans les quartiers, les écoles et les entreprises.

    Pour en savoir plus sur la Marche des Jeunes pour l’Emploi ou pour savoir s’il y a déjà un comité de mobilisation près de chez vous, n’hésitez pas à nous contacter.

  • IN MEMORIAM: Pierre Le Grève (1918-2004)

    Une soirée d’hommage à Pierre Le Grève s’est déroulée à la CGSP de Bruxelles le 8 novembre. Il avait rejoint le mouvement trotskyste dans les années 30.

    Guy Van Sinoy

    Dans les années 50, les trotskystes entrent au PSB pour sortir de leur isolement et y faire de l’entrisme. Après 1954, en pleine montée de la révolution coloniale, Pierre s’engagea activement dans un réseau d’aide au Front de Libération Nationale algérien. Il fut une des plaques tournantes du réseau et les services secrets français tentèrent de l’assassiner. Au cours de cette période, il développa l’idée (fausse selon nous) que la révolution socialiste n’était plus possible que dans les pays coloniaux. Militant CGSP Enseignement, il parvint lors de la grève générale de 60/61 à renverser la bureaucratie syndicale en s’appuyant sur l’assemblée générale. Pendant 27 ans il anima une équipe de militants combatifs à la tête de la CGSP Enseignement de Bruxelles.

    Exclu du PSB en 1964, il fut élu député de l’Union de la Gauche Socialiste de 1965 à 1968. Il fut un des piliers du Comité Vietnam et fonda plus tard le Comité contre la Répression au Maroc.

    Il s’est sans doute trompé sur certains pronostics politiques essentiels. Mais c’était un orateur fougueux et redoutable, une personnalité hors pair du mouvement ouvrier, un lutteur courageux et qui s’est battu jusqu’à ce que ses forces le quittent. Et cela personne ne peut le lui enlever.

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