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  • SETCa Bruxelles-Hal-Vilvorde: La bureaucratie veut reprendre les choses en mains

    Après l’élimination d’Albert Faust, beaucoup de militants de gauche qui protestaient contre cette façon de faire ont été progressivement écartés. La bureaucratie a voulu clore ce chapitre en organisant, en deux jours, un congrès de reprise en mains du syndicat. Une modification des statuts, donnant encore plus de pouvoir aux secrétaires, a été proposée au congrès.

    Un participant au congrès

    Lors de ce congrès chaotique, les cris et les noms d’oiseaux ont fusé. Les participants ont manifesté une hostilité ouverte envers l’appareil syndical, et malheureusement, aussi beaucoup de méfiance envers les militants des différents secteurs. Beaucoup d’intervenants ont réclamé plus de transparence et de démocratie syndicale. Finalement, la proposition de modification des statuts présentée par les secrétaires a été amendée : les candidatures à la présidence ne seront plus réservées aux secrétaires mais aussi ouvertes aux militants.

    Le deuxième jour du congrès, le 17 juin, il fallait élire le nouveau président. Il y a d’abord eu beaucoup de confusion sur la durée de son mandat : 1 an  (jusqu’au congrès statutaire de 2006) ou 4 ans ? Une grande majorité des délégués a voté pour une période de « stage » d’un an : c’est suffisamment long pour évaluer le nouveau président. Il fallait ensuite départager les deux candidats : Jean-Marie Frissen et Eric Van der Smissen. Comme l’a déclaré un congressiste « Autant choisir entre la peste et le choléra ! ». Frissen a obtenu 126 voix, Van der Smissen 105 et 19 congressistes se sont abstenus.

  • Manifestation de masse contre le sommet du G8

    Ce samedi 2 juillet, pres de 250.000 personnes ont manifeste a travers les rues d’Edinbourgh contre le sommet du G8 qui se tiendra cette semaine a Gleneagles. C’est devenu la plus grande manifestation politique de l’histoire de l’Ecosse. Le Comite pour une Internationale Ouvriere (CIO) etait present avec un bloc jeune et tres visible.

    Kristof Verslype

    Les organisateurs avaient demande que chaque manifestant s’habille en blanc. Cet appel avait ete suivi par a peu pres 90% des personnes presentes. Cela rappelait la Marche Blanche de 1996 en Blegique ou 300.000 personnes ont proteste contre le role de l’appareil judiciaire dans l’enlevement et la mort de plusieurs jeunes filles. Comme cette marche, la couleur blanche fut utilisee en Ecosse pour limiter le caractere politique de la manifestation.

    Tandis que l’appel a la manifestation trouvait une grande reponse parmis des couches larges de la population, les organisateurs ont seulement considere la manifestation comme un moyen pour faire pression sur le G8 et les dirigeants du monde pour faire entrer la pauvrete dans l’histoire. La forte mobilisation des eglises et des ONG signifie que cette position etait partagee par enormement de gens ce jour-la. Il y avait aussi une attitude tres ouverte aux idees plus radicales. La manifestation elle-meme exprimait le fait que beaucoup sont prets a descendre dans la rue pour agir contre la misere et la pauvrete et peuvent ainsi chercher des moyens pour la combattre.

    Le quotidien ‘Sunday Herald’ ecrivait aujourd’hui un rapport sur la manifestation et mentionnait qu’il y avait entre les masses blanches, un groupe tres anime de jeunes portant des t-shirts rouges et criant des slogans. C’etait la delegation d’International Socialist Resistance (ISR) et du CIO. Dans cette article, il y avait une courte interview de Sarah Sachs-Eldridge du Socialist Party (section anglaise du CIO) : ‘Tant que nous vivrons dans un systeme capitaliste, il y aura de la pauvrete. Le G8 travaille pour le ‘big business’. Il ne faut pas leur faire confiance. Il faut changer le systeme ou alors il n’y aura jamais de changement’.

    Dans notre delegation, il y avait environ 250 membres et sympathisant venant de differents pays comme l’Ecosse, l’Angleterre/Pays de Galles, l’Irlande, la Belgique, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suede. Nous etions le groupe le plus visible (calicots, t-shirts et drapaux rouges !) et le plus bruyant. Nos slogans combattifs ont ete entendu dans tout Edimbourg.

    Le trajet de la manif etait un peu court. Des manifestants commencaient seulement le parcours tandis que nous arrivions a la fin de celui-ci dans Meadows Park. A 18h, il y avait encore des personnes qui n’etaient pas parties. L’apres-midi, le parc ressemblait a une scene de festival ou les organisateurs prirent la parole plus pour amuser les foules que pour faire de reels discours politiques.

    Il y avait une reponse tres enthousiaste envers ISR et le CIO. Les camarades belges du CIO ont vendus a eux seuls pres de 230 journaux et recolte environ une centaine de pounds de fond de lutte en vendant des bracelets rouges ‘Make capitalism History’ (l’argent recolte sera envoye aux sections de l’internationale qui en ont le plus besoin comme le Sri Lanka, le Nigeria, …). Nous sommes intervenus, au nom du CIO, avec un journal international exclusif ecrit par nos sections anglaises et ecossaises. C’etait le seul journal donnant une idee claire sur comment mettre fin a la pauvrete en luttant pour une alternative socialiste. Nous nous sommes fortement demarque des autres organisations avec ce journal.

    Discussions avec des manifestants

    Lors de la manif nous avons discute avec beaucoup de personnes au sujet du G8 et des actions de protestation contre celui-ci. Trois jeunes venant d’Espagne nous ont dit : ‘C’est tres difficile de faire entrer la pauvrete dans l’histoire car celle-ci est liee au systeme capitaliste. La pauvrete, comme toutes les questions importantes, est une question politique. Les manifs ‘blanches’ ne seront pas suffisantes pour combattre la pauvrete’.

    Un manifestant anglais a dit qu’il etait venu a la manif a cause des problemes enormes dans le monde d’aujourd’hui. Quand nous avons demande aux gens a la manif qu’est-ce qu’il faudrait faire contre cela, beaucoup nous ont repondu qu’une meilleure repartition des ressources naturelles et du pouvoir etait necessaire.

    Il y avait aussi une confusion enorme sur la reduction de la dette par le G8. Un manifestant nous a dit que cela pouvait etre une maniere d’aider certains pays a se developper et a sortir de la pauvrete. La reduction de la dette promise est cependant tres limitee et n’apportera aucun changement fondamental. D’autres etaient d’accord avec ce point de vue. Un jeune manifestant nous a declare : ‘Ce n’est pas assez et des cacahouettes compare au montant depense pour la guerre en Irak’.

  • TEC. Une défaite, malgré la combativité de la base

    Les travailleurs des TEC ont mené, pendant plus de trois semaines, en mai dernier, un enchaînement de grèves à l’occasion du renouvellement de la convention collective. Ce fut à la fois un combat tenace, difficile et courageux car la direction de la SRWT (PS), le gouvernement wallon (et en particulier le ministre des Transports, le CDH André Antoine) et les médias se sont acharnés sur les travailleurs des TEC pour salir leur combat.

    Vincent Devaux

    SRWT, TEC et apparatchiks

    La Société Régionale Wallonne du Transport (SRWT) chapeaute les TEC (transports en commun) du Brabant wallon, de Charleroi, du Hainaut, de Liège/Verviers et de Namur/Luxembourg. En Flandre, il n’y a qu’une seule société (De Lijn) et les billets sont valables dans toute la Flandre. En Wallonie, un billet du TEC Charleroi ne peut être utilisé à Liège. La structure féodale chapeautée par la SRWT a été faite pour placer des directeurs grassement payés (et qui ont en poche la carte du PS). Un exemple? Jean-Claude Phlypo touche 300.000 euros/an comme administrateur général de la SRWT et 200.000 euros/an comme président d’Eurobus holding, une société privée qu’il a créée en 1996 en puisant 650.000 euros dans les caisses des TEC!

    Mensonges et provocations

    A l’annonce du dépôt d’un préavis de grève pour le 9 mai, la direction de la SRWT a déclaré de façon provocatrice que "les syndicats des TEC abusaient de leur position pour poser des revendications déraisonnables". Déraisonnable? Les syndicats demandaient 3% d’augmentation en deux ans. En avril, le conciliateur social avait proposé 6% (index compris), ce qui revenait à une augmentation de 1,1% en deux ans: une misère! La direction de la SRWT a ensuite déclaré dans la presse que les chauffeurs gagnaient entre 1.500 et 2.200 euros nets par mois. Un mensonge éhonté pour isoler les travailleurs des TEC de la population: un chauffeur avec 13 ans d’ancienneté gagne 1.200€ par mois en travaillant tous les jours et deux week-ends par mois!

    L’action se durcit

    Le 12 mai, les chauffeurs ont bloqué le siège de la SRWT avec une centaine de bus. Au cours des négociations menées sous la conduite d’un conciliateur social, la SRWT a proposé une augmentation de 0,15 euro l’heure (le front commun CGSP/CGSLB demandait 0,25€), une prime de 15% pour le travail du samedi (les syndicats demandaient 25%), 30% d’intéressement du personnel aux recettes (les syndicats demandaient 50%). Les médias ont continué de dénigrer les grévistes à tour de bras ("chaos", "climat pourri", "prise d’otage des voyageurs"…). Les conciliateurs, insultés par l’administrateur général de la SRWT ("Marchands de frites!") ont fini par démissionner. Trois grévistes qui avaient arrêté, de façon musclée, un bus d’une société de sous-traitance ont été licenciés.

    Les appareils syndicaux

    La presse a écrit que les dirigeants syndicaux "ne contrôlaient plus leur base"… comme si leur rôle était d’être les gendarmes de la base plutôt que de suivre l’avis des travailleurs qui les ont élus et qui les rétribuent grâce aux cotisations syndicales. Chacun à leur manière, les dirigeants syndicaux ont tenté de reprendre la situation en mains.

    La CCSP (CSC) a proposé une action "tarif zéro" (rouler sans faire payer les passagers). Nous avons déjà expliqué que cette forme d’action est peu efficace (les abonnés ont déjà payé) et peu mobilisatrice. La direction de la SRWT a immédiatement menacé de licencier pour faute grave tout chauffeur qui pratiquerait le "tarif zéro"!

    A la fin mai, les responsables de la CGSP (FGTB) ont commencé à dire "qu’on était condamné à s’entendre" : en fait ils ne voulaient pas se heurter au PS, à travers les responsables de la Région wallonne. La CGSP et la CGSLB ont fini par accepter une augmentation de 0,17 euro l’heure et une prime unique de 35 euros. Brut évidemment! Après une lutte aussi dure, le résultat est maigre! La CCSP, de son côté, n’a rien signé du tout car elle voulait un meilleur intéressement du personnel aux recettes.

    Les limites du conflit

    Ce n’est ni le courage ni la combativité qui ont manqué aux travailleurs des TEC pour remporter une victoire, mais la capacité de mettre sur pied, face à la bureaucratie syndicale qui voulait ménager les dirigeants de la Région wallonne, une direction de grève alternative (un comité de grève wallon démocratiquement élu dans les assemblées de dépôts) qui aurait coordonné les actions et négocié sans prendre de gants avec les responsables politiques.

  • FNAC. Une pilule amère pour les travailleurs

    Interview d’une déléguée SETCa, Irène Kaufer

    Présente en Belgique depuis 1981, la FNAC appartient aujourd’hui au groupe PPR (Pinault Printemps Redoute). En 2003, la filiale belge (Bruxelles, Anvers, Gand, Liège, Louvain, Wijnegem) a réalisé un bénéfice de 4 millions d’euros, entièrement distribué aux actionnaires. En 2004, elle était en perte. La direction a alors imposé un "plan de relance" qui va faire mal aux travailleurs. Nous avons rencontré Irène Kaufer, déléguée principale SETCa.

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

    En quoi consiste ce "plan de relance"?

    “Une suppression d’emplois (25 équivalents temps plein), une nouvelle grille salariale basée sur le mérite au lieu de la grille basée sur l’ancienneté, 5% de contrats à durée déterminée, 5% d’intérimaires, 25 jours par an où l’employeur peut imposer l’horaire de travail sans l’accord du travailleur. Ce n’est donc pas un véritable plan de relance de l’activité commerciale, handicapée par des déficiences en matière d’informatique et de logistique, mais un plan de restructuration pour faire supporter par les travailleurs (baisse de la masse salariale et plus de flexibilité) des erreurs de gestion.”

    Comment ont réagi les organisations syndicales et les travailleurs?

    “Le 15 avril, nous nous sommes rendus à Paris, en bus, en front commun syndical pour rencontrer la direction et mener une action de protestation en commun avec les collègues de la FNAC Champs-Elysées qui manifestent tous les samedis pour de meilleurs salaires. Le 21 avril, les travailleurs du dépôt d’Evere, directement visés par la restructuration ont cessé le travail et ont mis en place des piquets de grève. La direction de la FNAC a immédiatement réagi en faisant appel au tribunal, par une procédure en référé. Le juge a décidé d’infliger une astreinte de 5.000 euros par heure à chaque gréviste présent au piquet ! Dans ces conditions, la grève a continué mais sans piquets.”

    La grève s’est-elle étendue à d’autres sièges?

    “Oui, surtout au siège de Bruxelles. Le personnel du siège de Liège, directement visé par la restructuration a aussi participé aux actions. Cependant, la direction a mis comme préalable à toute discussion l’arrêt de toute action de grève. C’est ainsi que trois rencontres ont été annulées par la direction : la première parce que les travailleurs du dépôt continuaient la grève, la deuxième parce que lors d’une assemblée du personnel j’ai évoqué l’idée d’une grève, la troisième parce que j’en avais parlé dans la presse.”

    Comment a évolué le conflit?

    “La direction de la FNAC a demandé l’intervention d’un conciliateur social qui a proposé de soumettre le plan de relance à un référendum postal. Les secrétaires syndicaux ont accepté. Comme certains travailleurs avaient décidé entretemps de quitter volontairement l’entreprise, l’objectif de supprimer 25 équivalents temps plein était atteint sans licenciements. La direction a déclaré à la presse que si le NON l’emportait lors du réfé-rendum on fermerait des sièges en commençant par les moins rentables (en clair, par Liège).

    "Sur l’ensemble des 6 sièges, 75% de votants ont accepté le "plan de relance". La direction et les cadres ont voté, ce qui est anormal car ils ne sont pas concernés par les pertes de salaire. Les travailleurs en place peuvent choisir entre la nouvelle grille de salaires, au mérite, et l’ancienne, mais celle-ci est tellement remaniée qu’elle ne vaut guère mieux que la nouvelle. Pour certaines catégories de travailleurs, cela représentera en fin de carrière un manque à gagner d’environ 500 euros par mois!”

    Et pour l’avenir?

    “Rien n’est garanti. La convention signée prévoit que la direction "discutera de la possibilité d’ouvrir de nouveaux sièges", sans aucun engagement. Elle prévoit aussi de ne pas procéder à des licenciements économiques… si les objectifs de rentabilité des prochaines années sont atteints.”

  • 20 ans après Live Aid, voici Live 8. La pauvreté est en pleine expansion

    A l’occasion du sommet du G8 de début juillet à Glenaegles en Ecosse, la campagne ‘Make poverty history’ pour le commerce équitable, l’annulation de la dette et une meilleure aide au développement a démarré. Malheureusement, ces revendications sont un peu floues. Le commerce équitable est impossible sur une base capitaliste vu que les profits primeront toujours sur le niveau de vie de la majorité de la population.

    Luc Wendelen

    20 ans après Live Aid, des concerts ont de nouveau été organisés dans les 8 pays du G8 pour "renforcer la conscience" sur la pauvreté mondiale. Les stars de la musique pop s’engagent sur des thèmes comme le sida, la pauvreté ou la destruction de l’environnement. Ça renforce la désaffection de larges couches de la population vis-à-vis de l’élite politique des pays riches.

    Les 20 années qui ont suivi Live Aid ont vu un élargissement phénoménal du fossé entre riches et pauvres au niveau mondial. 1 milliard de gens vivotent avec moins d’1 dollar par jour, plus de 2 milliards de gens ont moins de 2 dollars par jour. Les 200 personnes les plus riches au monde possèdent plus que les 2,4 milliards les plus pauvres. 6.000 enfants meurent chaque jour du sida faute de médicaments. Les 10 plus grosses firmes pharmaceutiques américaines ont réalisé à elles seules 35,9 milliards de dollars de bénéfices en 2002.

    En 2002, les dix personnes les plus riches du monde avaient une fortune personnelle de 266 milliards de dollars. C’est 5 fois plus que le montant annuel total de l’aide au développement des pays pauvres. Ce serait largement suffisant pour stopper la diffusion du sida, de la malaria et d’autres maladies infectieuses et pour faire baisser de deux tiers la mortalité infantile et de trois quarts la mortalité des femmes en couches d’ici 2050.

    Les remises de dettes limitées consenties par le G8 ne sont qu’un emplâtre sur une jambe de bois. Ces remises de dettes ne visent qu’à redorer le blason du G8. Dans le même temps, on veille à ce que la remise (d’une partie) des dettes publiques serve à rembourser les investisseurs privés. La Banque mondiale évalue la charge totale de la dette à quelque 2.500 milliards de dollars dont les deux tiers vont à des investisseurs privés.

    En tant que marxistes, nous soutenons l’annulation de toutes les dettes, mais ça ne résoudra pas les problèmes de ces pays. C’est impossible tant que nous vivrons dans un système capitaliste et que la majorité des moyens seront entre les mains d’une petite minorité de nantis. Il faut une alternative socialiste au système actuel.

  • Sommet du G8 en Ecosse. Proteste avec nous contre la pauvreté et l’exclusion!

    Le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui. Les 200 personnes les plus riches possédent autant que les trois milliards les plus pauvres. Sur le plan mondial, un milliard de gens vivent avec moins d’un dollar par jour. 2,7 milliards de gens vivent avec moins de deux dollars par jour. Chaque jour, 30.000 enfants meurent de la faim et de maladies guerissables.

    Nikei De Pooter

    Mais les richesses disponibles sont plus grandes que jamais et les gains des entreprises n’ont jamais été aussi grands qu’aujourd’hui. Cette situation perverse n’est possible qu’avec une société qui se soucie d’avantage des profits d’une petite minorité de super-riches que des besoins de la majorité de la population humaine.

    Avec une fraction des richesses de tous ces super-riches ou avec ce que Bush dépense en un mois contre la résistance en Irak ; la faim, l’analphabétisme et l’extrême pauvreté pourrait disparaître de l’histoire. Sur le plan mondial, on dépense 100 millions de dollars par heure pour la défense! Pour que chacun puisse avoir accès à de l’eau potable, 37 milliards sont nécessaires…cette somme représente ce qui est dépensé pour la défense en deux semaines.

    Dans les médias, les conflits néo-coloniaux sont présentés comme " inhérents à la nature humaine " dans des " régions perdues ". Ce sont pourtant les énormes pénuries en tout genre qui ont mené à l’instabilité, aux conflits et aux guerres. En occident comme dans les pays ex-coloniaux, le capitalisme ne cesse d’augmenter la pression sur les travailleurs. Les problèmes dans le soi-disant " Tiers-monde " sont des problèmes qui nous touchent ici. Ainsi, il y a de plus en plus d’abus commis en faisant pression sur la population laborieuse par la menace de la délocalisation.

    Un exemple extrême du capitalisme est l’abandon à son sort de la majorité de la population africaine. Pendant de longues années, les colonies africaines furent empêchées de se développer économiquement et le rôle du continent resta limité à celui de citron à presser… pour l’occident. Ainsi les dettes se sont accumulées avec, en plus, les intérêts excessifs qu’il faut rembourser. Pour obtenir de nouveaux prêts, les conditions du FMI et d’autres institutions capitalistes doivent être observées. Aujourd’hui, l’Afrique paie par jour 30 millions de dollars pour rembourser sa dette. En Afrique Sub-Saharienne, cela demande autant d’argent que tout ce que ces pays reçoivent comme soutien.

    Il faut briser la puissance des multinationales en Afrique et abolir les institutions telles que le FMI ou la Banque Mondiale. Cela ne peut uniquement se faire par la nationalisation des multinationales sous le contrôle démocratique de la population laborieuse.

    Début juillet, les représentants du capitalisme international viennent à Gleneagles, en Ecosse. Au sommet du G8 (les sept pays les plus riches, plus la Russie), ils veulent parler des changements climatiques et des problèmes de l’Afrique. Ces sommets sont systématiquement confrontés à des protestations massives et en Ecosse également, des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes sont attendus. Nous mobilisons ensemble, avec nos camarades d’Ecosse et d’ailleurs, pour différentes actions et organisons en marge des manifestations un camp international de jeunes avec des discussions et des débats.

  • En avant la répression à Anvers. La mégacoalition court derrière le VB

    Ce qu’il ne faut pas faire pour combattre le VB

    Plus d’argent pour la police et les caméras de surveillance sur les lieux de déversage clandestin d’immondices, “superamendes” pour leurs auteurs, contrôles porte-à-porte des illégaux et expulsions directes, main lourde contre les incivilités (même si elles proviennent le plus souvent de la pauvreté et de la régression sociale), nomination d’un “coordinateur de la sécurité” pour organiser la répression le plus efficacement possible, commissariats de police mobiles, bannissement de certains lieux publics pour les auteurs d’incivilités,… Comme cerise sur le gâteau, nous citons littéralement: “Pour les enfants avec un statut de séjour précaire comme les enfants des pays balkaniques, l’approche d’aide sociale individualisée et quelque peu laxiste s’est heurtée tout doucement à ses limites. Les droits fondamentaux de ces enfants doivent être encore plus respectés que maintenant, mais une politique de retour au pays est parfaitement envisageable dans le cadre de cette même éthique des droits de l’homme”

    Jeroen Weyn

    Cette énumération ne provient pas d’une brochure du VB sur la sécurité, mais des projets de la Ville d’Anvers. La coalition arc-en-ciel (SP.a, VLD, CD&V et Groen!) y cherche désespérément depuis des années le moyen de stopper la croissance électorale du VB et de restaurer sa crédibilité. A défaut de contenu, cette coalition de bric et de broc se limite à peaufiner son image. Le bourgmestre Patrick Janssens a annoncé avec le tapage médiatique qui s’impose qu’on allait s’occuper sérieusement des quartiers à problèmes d’Anvers et que la qualité de la vie et la lutte contre les “incivilités” deviendraient des priorités politiques.

    Dans le “Plan Sécurité” de la Ville, on a dessiné les lignes de force pour une reprise en main de 10 quartiers. L’idée de base est toujours la même: on extrait les zones à forte “concentration d’incivilités” et on y donne libre cours à toute une batterie de mesures répressives. On ne parle pas de résoudre les problèmes sociaux, seulement d’en combattre les symptômes le plus efficacement possible. Le résultat est prévisible: s’il y a un effet, c’est que le quartier “revit” comme on dit. Le prix des loyers augmente, les familles pauvres doivent déménager pour laisser la place aux familles à deux revenus plus aisées que toutes les villes s’arrachent. On ne résout pas les problèmes sociaux, on les déplace.

    Plutôt que de s’en prendre au chômage (17%) et au manque de logements (plus d’un an d’attente pour un logement social), la Ville préfère investir l’argent du Fonds des Communes, qui devait succéder au Fonds d’Impulsion sociale, dans l’extension du corps de police (qui est maintenant le plus imposant de Flandre même en termes relatifs).

    Le 18 mai 2005, on a encore franchi une étape supplémentaire. Dans le nouveau règlement de police qui a été voté par le Conseil communal, on a introduit la possibilité d’une interdiction de rue. Janssens dit que le but est d’éliminer les résidus de prostitution autour de la De Coninckplein (où la Ville a ouvert sa nouvelle bibliothèque il y a peu). Mais la mesure peut tout aussi bien être appliquée aux jeunes qui traînent en rue (ou à qui que ce soit d’autre).

    La proposition a été votée par 47 voix contre 4. Seuls les conseillers communaux de Groen! ont voté contre. Mais les échevins de Groen! ont forcément voté pour vu que le Collège doit prendre ses décisions à l’unanimité. Une fois n’est pas coutume, le Vlaams Belang a voté pour. Mais le VB trouve que ces mesures sont trop timides (le parti est pour une interdiction de quartier de 6 mois sans possibilité d’appel).

    Faute de solution aux problèmes, on voit que la méga-coalition passe à l’application d’une version édulcorée de la politique du VB en espérant regagner des voix. La lutte contre les incivilités est certes une priorité, mais cela doit se faire d’une tout autre façon. Cela doit aller de pair avec la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie dans la ville.

    Tout d’abord, il faut s’en prendre au chômage. 17% des Anversois sont sans emploi et dans les “quartiers à problèmes” ce pourcentage est bien plus élevé. Celui qui n’a pas la perspective d’un revenu décent tombe facilement dans la petite criminalité. Les jeunes de ces quartiers n’ont le plus souvent aucune perspective de trouver un emploi. On ne peut pas leur offrir à tous des emplois-bidon.

    Le Plan Sécurité de la Ville reconnaît que: “Les problèmes familiaux ou individuels peuvent donner lieu à des problèmes de quartier et stimuler des sentiments d’incertitude et d’insécurité”. Ils font référence au chômage, à la pauvreté et à l’isolement social.

    Il faut aussi investir dans des logements sociaux plus nombreux et de meilleure qualité de telle sorte que nul ne doive consacrer plus de 20% de son revenu au logement. Les 4000 logements sociaux “promis” ne suffisent absolument pas à résoudre le problème des listes d’attente de plus d’un an. Le logement doit rester un service sans intervention des investisseurs privés (avides de profit). L’échevin CD&V Van Peel a pourtant annoncé qu’il s’opposait à la construction de ne fût-ce qu’un seul logement social.

    Des sacs-poubelles gratuits et des collectes de déchets plus fréquentes permettraient d’en finir avec le déversage clandestin à Anvers.

    Si malgré tout cela, il faut encore de la répression pour maintenir l’ordre, cela doit se faire avec une police organisée démocratiquement qui rende directement des comptes aux habitants du quartier.

    Pour mettre ces revendications en pratique, il faut une alternative politique à Anvers. Un parti qui se base sur les travilleurs, les jeunes, les chômeurs, etc… et qui puisse défendre leurs intérêts contre la politique de droite de la Ville.

  • Droit de grève attaqué. Halte aux requêtes unilatérales et aux astreintes!

    Dans plusieurs conflits sociaux récents (AGC-Splintex, AIS-Genk, Fnac,…) le patronat utilise l’appareil judiciaire contre des actions de grève. Dans chacun de ces cas, une requête unilatérale (plainte déposée par une des parties devant le tribunal sans droit de réplique pour l’autre partie) imposait des astreintes (amendes) aux travailleurs ayant empêché aux non-grevistes de rentrer dans l’usine. L’indignation face à ces attaques reste très grande parmi les syndicalistes, mais qu’est-il possible de faire contre ces requêtes?

    Geert Cool

    Premièrement, il faut noter que les requêtes unilatérales visent à obtenir des mesures urgentes (et " temporaires ") à partir du moment où il n’est pas possible de mener une procédure sur une base contradictoire (une procédure dans laquelle le patron et les syndicats sont impliqués). Le fait que l’on impose, avec ce genre de plainte, des mesures aux travailleurs qui ne connaissent pas la procédure et qui ne savent pas se défendre, n’est pas vu par la justice comme une violation des droits de la défence.

    L’imposition d’astreintes à un piquet de grève est monnaie courante, bien que ce soit une violation flagrante du droit de grève. Le Comité européen des Droits Sociaux a jugé il y a quelques années, dans un rapport sur la Belgique, que les piquets de grève pacifiques font partie intégrante du droit aux actions collectives, les astreintes contre les grévistes ne sont donc pas acceptables. Sans piquet, le droit de grève n’est qu’un vain mot.

    En 2002, une pétition pour ce droit a récolté 80.000 signatures. C’était l’une des raisons de "la paix des braves" (un accord non-contraignant) entre syndicats et patrons, dans lequel le patronat promettait en cas de grèves d’éviter le recours à la justice. Ce qui c’est révélé être un marché de dupes. Une proposition de loi visant à interdire les astreintes dans les conflits sociaux est "en attente" dans le parlement depuis le 26/06/2003.

    En d’autres termes, pour la défense du droit de grève, mieux vaut ne pas compter sur la justice, la bonne volonté du patronat ou le zèle de " nos " représentants politiques. Si nous soutenons bien évidemment toute démarche pour défendre le droit de grève, il n’en faudra pas moins construire un rapport de force qui dissuadera les patrons d’encore recourrir à de telles requêtes unilatérales.

    C’est la leçon centrale que l’on peut tirer des luttes passées pour le droit de grève lui-même. Cela non plus n’était pas une évidence juridique, n’était pas accepté dans le monde politique,… Ce n’est qu’en 1921 que – en termes prudents – le droit de grève a été légalement reconnu et jusqu’au-jourd’hui il n’y a pas de loi qui régit le droit de grève.

    Aujourd’hui, certaines formations politiques veulent revenir à cette situation. En avril, le VLD a fait une proposition de loi pour organiser en cas de grève un référendum parmi les travailleurs, pour que ceux qui n’en acceptent pas les résultats puissent plus facilement être licenciés. Cette proposition de loi n’a aucune chance de passer, mais elle démontre tout de même dans quelle direction le patronat veut aller.

    La raison pour laquelle il n’y a presque pas de législation autour du droit de grève, c’est parce qu’un conflit social dépend des rapports de force de la base : la volonté d’action et le degré d’organisation des travailleurs contre le patronat. Le droit de grève a été imposé en le pratiquant et en l’opposant avec force à chaque attaque du patronat.

    Il y a une grande détermination à protester contre les atteintes au droit de grève via les requêtes unilatérales. Mais ces protestations ne doivent pas rester isolées entreprise par entreprise dans une seule entreprise. En 2002 la colère était canalisée par une pétition sur le droit de grève qui a mené à "la paix des braves", avec laquelle aucune avancée n’a été obtenue. Il faut une campagne large dans tous les secteurs pour répliquer à toute requête unilatérale contre une grève par un élargissement de celle-ci et une mobilisation interprofessionelle.

  • L’impérialisme et les guerres: accident ou nécessité capitaliste?

    Un théoricien prussien du nom de Clausewitz définissait au début du 19e siècle la guerre comme le prolongement de la politique par d’autres moyens. Dans un texte de Lénine datant de 1915 : La faillite de la Seconde Internationale, cette phrase devenue célèbre devint « la guerre est le prolongement de la politique de la bourgeoisie impérialiste (…) c’est-à-dire du pillage des autres nations par la bourgeoisie déclinante des « grandes puissances. »» Cette idée fut développée beaucoup plus en profondeur un an plus tard dans un des textes fondamentaux que Lénine apporta au marxisme : L‘impérialisme, stade suprême du capitalisme.

    Nicolas Croes

    La question de la nature de l’impérialisme n’a évidemment jamais perdu de son actualité, les conflits impérialistes n’ayant jamais cessé d’étendre leurs ombres sanglantes tout au long du 20e siècle. Et l’invasion de l’Irak, pour ne citer qu’elle, démontre que le 21e siècle n’est pas, et de loin, l’ère de paix et de prospérité que beaucoup attendaient.

    Mais l’impérialisme est-il un choix, une forme d’aménagement du capitalisme parmi d’autres, ou encore un accident?

    On entend effectivement beaucoup parler d’impérialisme aujourd’hui mais les définitions qui en sont le plus souvent données ne nous semblent pas suffisantes, que ce soit la conception la plus courante (Bush qui veut mettre son nez, ses armées et ses multinationales partout) ou la conception d’ATTAC (le capitalisme industriel, productif et plus ou moins moralement acceptable des années 1945-1975 a cédé la place depuis lors à un capitalisme financier, spéculatif et immoral qui ne vise qu’à faire des profits maximum et immédiats au détriment de la grande partie des habitants de la planète, y compris les patrons honnêtes). Nous pensons pour notre part que l’impérialisme n’est ni un pur choix laissé librement à chaque Etat, ni une forme d’aménagement du capitalisme parmi d’autres, et encore moins un accident de l’histoire mais, comme Lénine l’expliquait, la forme concrète qu’a pris le développement du capitalisme international au tournant du 20e siècle.

    Lénine a expliqué que l’impérialisme est en fait inscrit dans les gènes même du mode de production capitaliste. Si au début de celui-ci (au 18e et 19e siècle) pouvait encore régner la libre concurrence, un déséquilibre s’est rapidement manifesté entre les entreprises (les plus fortes avalant les plus faibles, surtout lors des crises économiques). La concentration combinée de la production et des capitaux a fait apparaître, dès la fin du 19e siècle, des monopoles, c’est-à-dire des sociétés contrôlant quasiment seules un marché. Là non plus, pas d’accident, la libre concurrence permet qu’il y ait vainqueurs et vaincus et les vainqueurs ressortent toujours du combat renforcés, avec plus de moyens.

    Dés cet instant, la libre concurrence a été reléguée à ce qu’elle est encore de nos jours : une corde à l’arc de l’idéologie bourgeoise pour justifier son existence, autant en prise avec le réel que la théorie de la terre plate en son temps. Les crises économiques suivantes, loin d’atténuer cette tendance à la concentration, ont renforcé le poids de ces monopoles, qui sont devenus internationaux, les ancêtres de nos multinationales.

    Parallèlement à l’émergence de monopoles, les banques ont pris de plus en plus d’importance. Elles sont sorties de leur rôle d’intermédiaires qui mettaient l’argent à disposition des capitalistes pour intervenir de plus en plus dans la gestion de celui-ci par les capitalistes. Il y eut une “ fusion “ entre les banques et les industries, et bien vite les exportations de capitaux dépassèrent celles des marchandises, caractéristiques des premiers temps du capitalisme. Envoyés à l’étranger, ces investissements permettaient aussi de favoriser la vente de marchandises : j’investis dans ton pays si tu n’achètes ton matériel qu’à mes usines… Quant au surprofit (ainsi appelé car obtenu en plus du profit effectué par les capitalistes sur les ouvriers de leur pays), il a permis de lâcher plus de lest à la classe ouvrière des métropoles et à corrompre certaines couches du prolétariat.

    Mais le monde a des limites, et quand les débouchés n’existent plus, il faut une redistribution des cartes au moyen de guerres terriblement destructrices en biens mais surtout en vies humaines, comme ce fut le cas en 14-18, mais aussi en 40-45,…

    Le capitalisme contemporain EST impérialiste. S’en tenir à combattre ses manifestations extérieures (les annexions territoriales, les pratiques douteuses des multinationales,…) sans vouloir s’attaquer aux bases économiques de ce système, c’est-à-dire au capitalisme lui même, c’est avoir l’illusion qu’on peut combattre les conséquences d’un système en laissant intactes les causes et les mécanismes qui les produisent. Ce qui est le meilleur moyen de courir à l’échec et à la déception.

  • 60 ans après la Seconde Guerre mondiale

    On commémore ces temps-ci le 60ème anniversaire de la fin la Seconde Guerre mondiale. Les médias nous ont abreuvés d’articles et de témoignages historiques sur ce qui fut la plus grande boucherie à ce jour de l’histoire humaine (60 millions de morts). Un dossier de plus? Non, car les commémorations occultent trop souvent les tenants et aboutissants de cette guerre qui a changé pour près d’un demi-siècle les rapports de force au niveau mondial.

    Thierry Pierret

    La Première Guerre mondiale avait été une guerre de repartage du monde entre puissances impérialistes. Pendant des décennies, il y avait une course de vitesse entre les différentes puissances européennes pour s’emparer des différents pays d’Afrique et d’Asie. La Grande-Bretagne et la France étaient sorties gagnantes de cette course de vitesse, l’Allemagne devant se contenter des “miettes” du monde colonial.

    C’est la volonté de l’Allemagne d’imposer un repartage du monde à son avantage qui a plongé le monde dans la “Grande Guerre” en 1914. Les principaux partis sociaux-démocrates s’étaient rangés derrière le drapeau de leur propre impérialisme. C’est la Révolution russe qui a mis fin à la Grande Guerre sur le front de l’est avec l’armistice de Brest-Litovsk. Quelques mois plus tard, la révolution en Allemagne mettait fin aux hostilités sur le front occidental. Malheureusement, la révolution en Allemagne n’a pas abouti à la prise du pouvoir par les travailleurs comme en Russie. Le Parti social-démocrate (SPD) y était autrement plus puissant que les mencheviques en Russie et le jeune Parti communiste allemand (KPD) a commis des erreurs tactiques. La défaite de la révolution en Allemagne, mais aussi en Italie, en Hongrie, en Slovaquie,… ouvre désormais la voie à une période de contre-révolution en Europe qui sera le prélude à une nouvelle conflagration mondiale.

    La montée du fascisme

    La petite-bourgeoisie était prise en tenaille entre le mouvement ouvrier d’une part, la grande industrie et les banques d’autre part. La faillite les guette et, avec elle, la nécessité de vendre leur force de travail pour vivre. Ils aspirent au retour à l’ordre, c’est-à-dire à la situation qui prévalait avant l’industrialisation, à savoir une société de petits producteurs. Les fascistes les séduisent avec leurs diatribes contre “le capital financier” et contre le communisme. La crise économique des années trente verra les secteurs décisifs de la bourgeoisie soutenir le fascisme pour rétablir ses profits en écrasant le mouvement ouvrier et en forçant l’ouverture des marchés extérieurs aux produits allemands.

    Il est donc faux de prétendre que la mégalomanie de Hitler et de Mussolini serait la cause de la Seconde Guerre mondiale. En fait, le programme des partis fascistes correspondait aux nécessités du capitalisme en période de crise aigüe. La seule façon pour la bourgeoisie des pays vaincus (Allemagne) ou mal desservis par la victoire (Italie) de restaurer sa position, c’était d’imposer un nouveau partage du monde par la guerre. Or seuls les partis fascistes étaient déterminés à le faire là où les partis bourgeois classiques étaient soucieux de préserver les équilibres internationaux. Il y a donc un lien entre le fascisme et la guerre dans la mesure où ce sont deux conséquences parallèles de la crise du capitalisme en décomposition.

    Capitulation du mouvement ouvrier

    La victoire du fascisme n’était pas inéluctable. En Allemagne, les partis ouvriers et leurs milices – SPD et KPD – étaient plus puissants que le Parti nazi. Mais le SPD refusait l’affrontement sous prétexte de respecter la légalité là où les nazis n’en avaient cure. Plutôt que d’organiser les travailleurs, il préférait s’en remettre au Président Hindenburg comme “garant de la démocratie”.

    Quant au KPD, il suivait la ligne de Moscou qui professait la théorie absurde selon laquelle la social-démocratie et le nazisme étaient des frères jumeaux (théorie du social-fascisme). Le KPD a même organisé des activités en commun avec les nazis! Cette attitude des dirigeants des deux grands partis ouvriers allemands a complètement désorienté les travailleurs allemands face aux nazis. En 1933, Hitler prenait le pouvoir sans coup férir avec la bénédiction de Hindenburg…

    Le Pacte germano-soviétique

    L’arrivée au pouvoir de Hitler – dont Staline était pourtant largement responsable – a semé la panique à Moscou. Pour assurer sa défense, l’URSS va désormais privilégier une stratégie d’entente avec la France et la Grande-Bretagne. Pour ce faire, il ne fallait rien faire qui puisse effrayer les bourgeoisies française et britannique. Par conséquent, les partis communistes occidentaux devaient adopter un profil bas et privilégier des alliances non seulement avec la social-démocratie, mais aussi avec la “bourgeoisie progressiste”.

    Cette stratégie débouchera sur la formation de gouvernements de front populaire en France et en Espagne en 1936. Pour maintenir coûte que coûte ce front de collaboration de classe, le PC n’hésitera pas à casser la grève générale en France et à liquider la révolution en Espagne. Mais en 1938, Paris et Londres repoussent l’offre de Staline d’agir de concert pour contrer les visées de Hitler sur la Tchécoslovaquie.

    Staline change alors son fusil d’épaule et signe le Pacte germano-soviétique en 1939. Il croit ainsi assurer ses arrières. Bien plus qu’un pacte de non-agression, le Pacte germano-soviétique comportait un protocole secret qui organisait le dépeçage de l’Europe de l’est entre l’Allemagne et l’URSS. Alors que les bolcheviques avaient rendu publics tous les traités secrets en 1917, Staline renouait avec les pires méthodes des puissances impérialistes.

    Une nouvelle guerre de repartage

    La Seconde Guerre mondiale fut, en Europe de l’Ouest, en Afrique et en Asie, une nouvelle guerre de repartage du monde. L’Allemagne, qui avait été privée de toutes ses colonies en 1918, voulait prendre sa revanche. L’Italie, mal desservie par sa victoire en 1918, avait annexé l’Albanie et envahi l’Ethiopie en 1935. Mais l’Ethiopie était le seul pays africain qui restait à coloniser. L’Italie ne pouvait plus étendre son empire colonial qu’en empiétant sur les colonies françaises et britanniques. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de son entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne en 1940. En Asie, le Japon, après avoir annexé la Corée et la Mandchourie, s’était lancé à la conquête de la Chine toute entière. Il lorgnait sur les colonies françaises, britanniques et hollandaises en Asie. Mais les Etats-Unis s’opposaient aux prétentions impériales de Tokyo en Asie et lui ont coupé son approvisionnement en pétrole.

    D’où l’attaque sur Pearl-Harbour en décembre 1941 pour avoir les mains libres dans le Pacifique. Pearl-Harbour a fourni le prétexte rêvé au Président Roosevelt pour engager les Etats-Unis dans la guerre, puisque le Japon était un allié de l’Allemagne et de l’Italie. La guerre est désormais mondiale. Elle oppose les puissances impérialistes établies (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne) aux forces de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon), c’est-à-dire l’axe des mal servis du partage colonial. Mais entre-temps, il y a eu l’offensive allemande contre l’URSS en juin 1941. Cette nouvelle donne va non seulement changer le cours de la guerre, mais aussi en changer partiellement la nature.

    La victoire soviétique

    Staline avait cru gagner un répit de 10 ans en signant le Pacte germano-soviétique. Il en avait également profité pour ramener la frontière occidentale de l’URSS à celle d’avant 1914 (annexion de l’est de la Pologne, des pays baltes, de la Bessarabie). En revanche, l’invasion de la Finlande se solda par un fiasco. Staline, dans sa lutte acharnée contre l’opposition de gauche, avait liquidé tous les officiers qui avaient été formés par Trotsky. Privée de ses meilleurs officiers, l’Armée rouge s’est révélée incapable de venir à bout de l’armée finlandaise. Hitler en a conclu que l’Armée rouge n’était qu’un tigre de papier et qu’elle s’effondrerait sous les coups de la Werhmacht. Or les nazis, dans leur entreprise de destruction systématique du mouvement ouvrier organisé, ne pouvaient pas tolérer l’existence de l’état ouvrier – tout bureaucratisé qu’il fût – soviétique. Le 22 juin 1941, la Werhmacht envahissait l’URSS à la stupéfaction de Staline qui croyait dur comme fer au Pacte. Les premières semaines de l’offensive ont semblé donner raison à Hitler.

    L’Armée rouge, mal préparée, privée d’officiers compétents, s’effondrait sous les coups de butoir de la Wehrmacht, perdant des centaines de milliers de prisonniers et de tués en quelques jours. Mais Hitler avait sousestimé la capacité de résistance et d’auto-organisation de la population russe.

    Surtout, Hitler avait sousestimé le potentiel d’une économie planifiée même bureaucratiquement. Jamais un pays relativement arriéré comme l’URSS n’aurait pu fournir un tel effort de guerre dans les conditions d’une économie de marché. L’Armée rouge a pu stopper l’offensive hitlérienne avant de partir à la contre-offensive.

    L’URSS payera sa victoire de quelque 27 millions de morts. Les pertes sont d’autant plus lourdes que le régime nazi se déchaîne contre les “sous-hommes” (Juifs, Slaves, Tsiganes). Si l’antisémitisme du régime avait d’abord eu pour but de désigner un bouc-émissaire pratique aux souffrances de la population, il acquiert dès lors une dynamique propre qui conduira à la Solution finale.

    Mais cette pulsion mortifère exprime surtout l’impuissance des nazis à retourner la situation en leur faveur. A partir de ce moment, la guerre change de nature. On assiste à une course de vitesse entre l’Armée rouge et les anglo-américains. Ceux-ci ne se décident à ouvrir un nouveau front (débarquement de juin 1944) que pour endiguer l’avance soviétique. Après la capitulation allemande, cette course se poursuivra en extrême-orient où les Etats-Unis n’hésiteront pas à utiliser l’arme atomique pour contraindre le Japon à capituler sans délai et éviter une partition du Japon comme en Allemagne et en Corée.

    La révolution met fin à la guerre

    Les dirigeants américains et britanniques envisagent même de faire une paix séparée avec l’Allemagne pour repousser l’Armée rouge. Mais les nazis s’obstinent à vouloir mener la guerre sur les deux fronts et le putsch contre Hitler échoue. Surtout, les travailleurs n’auraient pas toléré la prolongation de la guerre et sa transformation en guerre est-ouest. En Italie, en France, en Yougoslavie, en Grèce, les partisans communistes libèrent la majorité du territoire. Ils sont une force avec laquelle les alliés doivent compter. La prise du pouvoir par les communistes était possible dans plusieurs pays, y compris à l’ouest. Mais Staline le leur a interdit et a ordonné aux partisans de rendre leurs armes en échange d’assurances de la part des Alliés. On peut dire que le stalinisme a joué le même rôle contre-révolutionnaire en 1945 que la social-démocratie en 1918. Dans les pays occupés par l’Armée rouge, nombre de communistes actifs dans la résistance sont liquidés car jugés peu fiables. Alors que c’est la révolution (ou la menace de révolution) qui a empêché les Alliés de continuer la guerre contre l’URSS, Staline a cru pouvoir opter pour la coexistence pacifique avec l’impérialisme (accords de Yalta). Mais Staline ne recueillera pas davantage les fruits de sa “modération” que dans les années trente. En 1949, les puissances impérialistes créent l’OTAN pour endiguer l’URSS et le monde bascule dans la guerre froide. Pendant près d’un demi-siècle, la violence de l’impérialisme sera contenue par l’existence du bloc de l’est. Mais les tares du stalinisme ont fini par avoir raison des états ouvriers bureaucratisés. La chute de l’URSS ouvre la porte à une nouvelle ère de tensions interimpérialistes.

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