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  • La base le demande: un plan d’action contre le pacte des générations!

    La mobilisation de ce 28 octobre a confirmé ce que la grève du 7 octobre laissait déjà penser: les travailleurs en ont assez de la politique du moindre mal qui les a obligé à avaler durant douze ans des plans d’austérité. L’arrogance du patronat, des politiciens et des journalistes sur le pacte des générations a toutefois obligé les appareils syndicaux à se mettre en branle. La base a prit cette opportunité pour pousser à aller encore plus de l’avant.

    Eric Byl

    Quelle surprise pour Verhofstadt et Co. Qui le pensait encore possible? En 1993 les travailleurs ont pris l’initiative eux-même contre le Plan Global. Mais cela se déroula dans le cadre de la chute de la monstrueuse caricature de socialisme à l’Est, le stalinisme, allant de pair avec une énorme offensive idéologique contre tout ce qui avait trait au socialisme et la lutte des classes. Cette période est maintenant derrière nous. La fable selon laquelle les efforts d’aujourd’hui vont assurer un meilleur avenir est décrédibilisée.

    Le gouvernement veut néanmoins appliquer son pacte des générations, pour " préparer le pays au vieillissement ". Sur ce phénomène circulent d’innombrables données. Apparemment le coût s’élèverait à 9 milliards d’euros vers 2030. Le gouvernement peut bien penser qu’on est tous des idiots, qu’on n’a rien compris à cause d’une mauvaise communication, que les syndicats ont menti,… mais on sait compter. Depuis 2000, les patrons ont reçu 23,3 milliards d’euros de diminutions de charges (voir le rapport n° 66 du Conseil National du Travail sur le financement de la sécurité sociale du 12 juillet 2005). Si le gouvernement, plutôt que de donner cet argent aux patrons, l’avait utilisé pour créer des emplois publics stables, les salaires de 155.000 travailleurs supplémentaires pendant 6 ans auraient été payés, et le problème du vieillissement pour la sécurité sociale aurait également été réglé.

    Tous les politiciens, au moins ceux qui sont représentés au parlement, sont bloqués dans une logique d’austérité néolibérale. Il n’est pas totalement exclu que le gouvernement fasse quelques concessions afin de sauver son pacte, mais cela ne peut servir qu’à diviser et à affaiblir le mouvement. Les syndicats ne peuvent pas se laisser prendre au piège. La base est claire: retrait du pacte des générations. Pour cela, il faut un plan d’actions de grèves régionales et provinciales, avec à une grève générale nationale de 48 heures, à commencer le 23 novembre quand le gouvernement va traduire son pacte en loi.

    Les syndicats vont devoir se confronter à leurs partenaires politiques "privilégiés", CD&V et CDh pour l’ACV-CSC et PS et SP.a pour la FGTB-ABVV. Le Setca Bruxelles-Hal-Vilvorde a déjà appelé la FGTB à retirer ses représentants de la direction du PS et du SP.a. La délégation FGTB de Agfa appelle la FGTB à couper les liens avec le SP.a. Dans bien d’autres endroits cette même discussion est relayée. Cela supprimera un énorme frein à l’action, mais ne suffira pas. Les syndicats doivent proposer leur propre alternative au pacte des générations. En 1954 et 1956, la FGTB proposa des réformes de structure irréversibles comme alternative à la politique du patronat. C’est d’une telle alternative qu’il faut discuter aussi aujourd’hui.

    De toute façon, les travailleurs ont besoin d’un parti qui traduit leurs revendications sur le plan politique. Certains mènent un combat d’arrière-garde dans l’espoir de faire changer d’esprit le PS et le SP.a. C’est l’énième tentative honorable, mais ils se trompent. Le MAS n’est pas seul à regarder au dehors des frontières de la Belgique, et tous peuvent voir comment de nouvelles formations politiques commencent à remplir le vide à gauche. Selon nous, il faut marcher sur ce chemin ici aussi.

    Si la FGTB et la CSC lançaient une telle initiative en commun, cela aurait immédiatement un énorme impact. Pour stimuler ce débat, le MAS a lancé une pétition pour un nouveau parti des travailleurs, à coté de la construction d’un réseau syndical. Un tel parti serait évidemment un reflet de la conscience générale du mouvement ouvrier. Un programme socialiste révolutionnaire comme celui du MAS ne pourrait en ce moment qu’en toucher une minorité. Un tel parti serait toutefois un forum pour l’action et le débat politique, et vu que la conscience politique est formée d’actions, cela pourrait élargir considérablement l’intérêt envers notre programme. Un nouveau parti des travailleurs répond aux besoins actuels des travailleurs et de leurs familles. Contrairement à ce que colportent certains, ce n’est pas un concurrent pour les organisations socialistes révolutionnaires existantes, mais justement un instrument qui peut nous offrir l’audience qui nous a manqué durant des années.

  • Manif du 28 Octobre. Les travailleurs en colère défient patronat et classe politique

    Ce 28 octobre dernier, 100.000 travailleurs sont descendus dans la rue pour s’opposer au "pacte des générations" du gouvernement Verhofstadt II. Une foule énorme a déambulé de la Gare du Nord à celle du Midi pendant plusieurs heures. Quand la police a annoncé le nombre de participants, des militants se trouvaient encore à la gare du Nord et un train du Luxembourg n’était même pas encore arrivé. L’atmosphère militante et l’énorme volonté des travailleurs de stopper la politique néo-libérale du gouvernement se ressentaient dans chaque délégation, dans chaque discussion.

    Karim Brikci

    C’est le patronat qui est isolé!

    L’énorme campagne médiatique visant à démontrer l’isolement des syndicats dans la société vient d’être balayée par la démonstration de force d’une foule de manifestants décidés. Cette manifestation a démontré une fois de plus, après le succès de la grève du 7 octobre, l’énorme soutien de la population belge à la résistance contre la réforme des (pré)-pensions. Que ce soit aux TEC, à la STIB, dans le secteur du Métal, l’enseignement, …bref tous les travailleurs étaient de la partie!

    "Pas question de renégocier"

    Devant l’ampleur de la mobilisation, Verhofstadt a dû réagir publiquement. Il a déclaré qu’il était hors de question de remettre en cause son "pacte des générations", qu’aucune concession ou négociation n’était possible. Alors que l’eau de la marmite commence à bouillir sérieusement, monsieur le premier part tranquillement en vacances. En bon chef de gouvernement capitaliste, celui-ci dénigre le ras-le-bol des travailleurs. Ce qui n’aura certainement pas pour effet d’apaiser leur colère. En effet le jour avant la manifestation, la FGTB Métal diffusa un communiqué menaçant de repartir en grève au plus tard le 21 novembre si la réforme n’était pas radicalement revue. Cela exprime clairement le ton donné par la base des syndicats.

    PS et SP.a appliquent la politique du patronat!

    Laurette Onkelinx déclarait récemment dans la presse en réaction à la grève et à l’opposition à la réforme du gouvernement: "Il faut savoir ce qu’on veut. Soit on vit dans une économie de marché, ouverte aux vents de la mondialisation et on intervient dans le cadre existant. Soit on a un discours révolutionnaire, alternatif". C’est assez clair mais je laisse une certaine Christine répondre: "J’ai l’impression, Madame la ministre, que vous parlez avec la bonne volonté d’un parent d’enfant gâté. Vous essayez de satisfaire un énorme enfant gâté – le Capital – de plus en plus arrogant et exigeant, … Tant que vous essayerez de le satisfaire, vous n’en sortirez jamais."

    Ce n’est qu’un début continuons le combat!

    Nous pensons en effet, qu’aucun parti représenté au parlement ne défend les revendications du front commun syndical. Les travailleurs et les jeunes ont plus que jamais besoin d’un outil qui défende leurs acquis et les organise pour mener la lutte. Nous pensons qu’il est temps de mener cette discussion mais nous pensons aussi et surtout qu’il est nécessaire de rompre avec ce système et que nous devons lutter pour une autre société, une société basée sur les besoins des travailleurs et de leurs familles et non plus sur ceux du patronat.

  • Albert Einstein: Pourquoi le socialisme?

    Est-il convenable qu’un homme qui n’est pas versé dans les questions économiques et sociales exprime des opinions au sujet du socialisme? Pour de multiples raisons je crois que oui.

    Albert Einstein

    Considérons d’abord la question au point de vue de la connaissance scientifique. Il pourrait paraître qu’il n’y ait pas de différences méthodologiques essentielles entre l’astronomie, par exemple, et l’économie : les savants dans les deux domaines essaient de découvrir les lois généralement acceptables d’un groupe déterminé de phénomènes, afin de rendre intelligibles, d’une manière aussi claire que possible, les relations réciproques existant entre eux. Mais en réalité de telles différences existent. La découverte de lois générales en économie est rendue difficile par la circonstance que les phénomènes économiques observés sont souvent influencés par beaucoup de facteurs qu’il est très difficile d’évaluer séparément. En outre, l’expérience accumulée depuis le commencement de la période de l’histoire humaine soi-disant civilisée a été — comme on le sait bien — largement influencée et délimitée par des causes qui n’ont nullement un caractère exclusivement économique. Par exemple, la plupart des grands États dans l’histoire doivent leur existence aux conquêtes. Les peuples conquérants se sont établis, légalement et économiquement, comme classe privilégiée du pays conquis. Ils se sont attribués le monopole de la terre et ont créé un corps de prêtres choisis dans leur propre rang. Les prêtres, qui contrôlèrent l’éducation, érigèrent la division de la société en classes en une institution permanente et créèrent un système de valeurs par lequel le peuple fut dès lors, en grande partie inconsciemment, guidé dans son comportement social.

    Mais la tradition historique date pour ainsi dire d’hier ; nulle part nous n’avons dépassé ce que Thorstein Veblen appelait "la phase de rapine" du développement humain. Les faits économiques qu’on peut observer appartiennent à cette phase et les lois que nous pouvons en déduire ne sont pas applicables à d’autres phases. Puisque le but réel du socialisme est de dépasser la phase de rapine du développement humain et d’aller en avant, la science économique dans son état actuel peut projeter peu de lumière sur la société socialiste de l’avenir.

    En second lieu, le socialisme est orienté vers un but éthico-social. Mais la science ne peut pas créer des buts, encore moins peut-elle les faire pénétrer dans les êtres humains ; la science peut tout au plus fournir les moyens par lesquels certains buts peuvent être atteints. Mais les buts mêmes sont conçus par des personnalités animées d’un idéal moral élevé et — si ces buts ne sont pas mort-nés, mais vivants et vigoureux — sont adoptés et portés en avant par ces innombrables êtres humains qui, à demi inconscients, déterminent la lente évolution de la société.

    Pour ces raisons nous devrions prendre garde de ne pas surestimer la science et les méthodes scientifiques quand il s’agit de problèmes humains ; et nous ne devrions pas admettre que les spécialistes soient les seuls qui aient le droit de s’exprimer sur des questions qui touchent à l’organisation de la société.

    D’innombrables voix ont affirmé, il n’y a pas longtemps, que la société humaine traverse une crise, que sa stabilité a été gravement troublée. Il est caractéristique d’une telle situation que des individus manifestent de l’indifférence ou, même, prennent une attitude hostile à l’égard du groupe, petit ou grand, auquel ils appartiennent. Pour illustrer mon opinion je veux évoquer ici une expérience personnelle. J’ai récemment discuté avec un homme intelligent et d’un bon naturel sur la menace d’une autre guerre, qui, à mon avis, mettrait sérieusement en danger l’existence de l’humanité, et je faisais remarquer que seule une organisation supranationale offrirait une protection contre ce danger. Là-dessus mon visiteur me dit tranquillement et froidement : "Pourquoi êtes-vous si sérieusement opposé à la disparition de la race humaine ?"

    Je suis sûr que, il y a un siècle, personne n’aurait si légèrement fait une affirmation de ce genre. C’est l’affirmation d’un homme qui a vainement fait des efforts pour établir un équilibre dans son intérieur et qui a plus ou moins perdu l’espoir de réussir. C’est l’expression d’une solitude et d’un isolement pénibles dont tant de gens souffrent de nos jours. Quelle en est la cause ? Y a-t-il un moyen d’en sortir ?

    Il est facile de soulever des questions pareilles, mais il est difficile d’y répondre avec tant soit peu de certitude. Je vais néanmoins essayer de le faire dans la mesure de mes forces, bien que je me rende parfaitement compte que nos sentiments et nos tendances sont souvent contradictoires et obscurs et qu’ils ne peuvent pas être exprimés dans des formules aisées et simples.

    L’homme est en même temps un être solitaire et un être social. Comme être solitaire il s’efforce de protéger sa propre existence et celle des êtres qui lui sont le plus proches, de satisfaire ses désirs personnels et de développer ses facultés innées. Comme être social il cherche à gagner l’approbation et l’affection de ses semblables, de partager leurs plaisirs, de les consoler dans leurs tristesses et d’améliorer leurs conditions de vie. C’est seulement l’existence de ces tendances variées, souvent contradictoires, qui explique le caractère particulier d’un homme, et leur combinaison spécifique détermine dans quelle mesure un individu peut établir son équilibre intérieur et contribuer au bien-être de la société. Il est fort possible que la force relative de ces deux tendances soit, dans son fond, fixée par l’hérédité. Mais la personnalité qui finalement apparaît est largement formée par le milieu où elle se trouve par hasard pendant son développement, par la structure de la société dans laquelle elle grandit, par la tradition de cette société et son appréciation de certains genres de comportement. Le concept abstrait de "société" signifie pour l’individu humain la somme totale de ses relations, directes et indirectes, avec ses contemporains et les générations passées. Il est capable de penser, de sentir, de lutter et de travailler par lui-même, mais il dépend tellement de la société — dans son existence physique, intellectuelle et émotionnelle — qu’il est impossible de penser à lui ou de le comprendre en dehors du cadre de la société. C’est la "société" qui fournit à l’homme la nourriture, les vêtements, l’habitation, les instruments de travail, le langage, les formes de la pensée et la plus grande partie du contenu de la pensée ; sa vie est rendue possible par le labeur et les talents de millions d’individus du passé et du présent, qui se cachent sous ce petit mot de "société".

    Il est, par conséquent, évident que la dépendance de l’individu de la société est un fait naturel qui ne peut pas être supprimé — exactement comme dans le cas des fourmis et des abeilles. Cependant, tandis que tout le processus de la vie des fourmis et des abeilles est fixé, jusque dans ses infimes détails, par des instincts héréditaires rigides, le modèle social et les relations réciproques entre les êtres humains sont très variables et susceptibles de changement. La mémoire, la capacité de faire de nouvelles combinaisons, le don de communication orale ont rendu possibles des développements parmi les êtres humains qui ne sont pas dictés par des nécessités biologiques. De tels développements se manifestent dans les traditions, dans les institutions, dans les organisations, dans la littérature, dans la science, dans les réalisations de l’ingénieur et dans les œuvres d’art. Ceci explique comment il arrive que l’homme peut, dans un certain sens, influencer sa vie par sa propre conduite et comment, dans ce processus, la pensée et le désir conscients peuvent jouer un rôle.

    L’homme possède à sa naissance, par hérédité, une constitution biologique que nous devons considérer comme fixe et immuable, y compris les impulsions naturelles qui caractérisent l’espèce humaine. De plus, pendant sa vie il acquiert une constitution culturelle qu’il reçoit de la société par la communication et par beaucoup d’autres moyens d’influence. C’est cette constitution culturelle qui, dans le cours du temps, est sujette au changement et qui détermine, à un très haut degré, les rapports entre l’individu et la société. L’anthropologie moderne nous a appris, par l’investigation des soi-disant cultures primitives, que le comportement social des êtres humains peut présenter de grandes différences, étant donné qu’il dépend des modèles de culture dominants et des types d’organisation qui prédominent dans la société. C’est là-dessus que doivent fonder leurs espérances tous ceux qui s’efforcent d’améliorer le sort de l’homme : les êtres humains ne sont pas, par suite de leur constitution biologique, condamnés à se détruire mutuellement ou à être à la merci d’un sort cruel qu’ils s’infligent eux-mêmes.

    Si nous nous demandons comment la structure de la société et l’attitude culturelle de l’homme devraient être changées pour rendre la vie humaine aussi satisfaisante que possible, nous devons constamment tenir compte du fait qu’il y a certaines conditions que nous ne sommes pas capables de modifier. Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, la nature biologique de l’homme n’est point, pour tous les buts pratiques, sujette au changement. De plus, les développements technologiques et démographiques de ces derniers siècles ont créé des conditions qui doivent continuer. Chez des populations relativement denses, qui possèdent les biens indispensables à leur existence, une extrême division du travail et une organisation de production très centralisée sont absolument nécessaires. Le temps, qui, vu de loin, paraît si idyllique, a pour toujours disparu où des individus ou des groupes relativement petits pouvaient se suffire complètement à eux-mêmes. On n’exagère pas beaucoup en disant que l’humanité constitue à présent une communauté planétaire de production et de consommation.

    Je suis maintenant arrivé au point où je peux indiquer brièvement ce qui constitue pour moi l’essence de la crise de notre temps. Il s’agit du rapport entre l’individu et la société. L’individu est devenu plus conscient que jamais de sa dépendance de la société. Mais il n’éprouve pas cette dépendance comme un bien positif, comme une attache organique, comme une force protectrice, mais plutôt comme une menace pour ses droits naturels, ou même pour son existence économique. En outre, sa position sociale est telle que les tendances égoïstes de son être sont constamment mises en avant, tandis que ses tendances sociales qui, par nature, sont plus faibles, se dégradent progressivement. Tous les êtres humains, quelle que soit leur position sociale, souffrent de ce processus de dégradation. Prisonniers sans le savoir de leur propre égoïsme, ils se sentent en état d’insécurité, isolés et privés de la naïve, simple et pure joie de vivre. L’homme ne peut trouver de sens à la vie, qui est brève et périlleuse, qu’en se dévouant à la société.

    L’anarchie économique de la société capitaliste, telle qu’elle existe aujourd’hui, est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense société de producteurs dont les membres cherchent sans cesse à se priver mutuellement du fruit de leur travail collectif — non pas par la force, mais, en somme, conformément aux règles légalement établies. Sous ce rapport, il est important de se rendre compte que les moyens de la production — c’est-à-dire toute la capacité productive nécessaire pour produire les biens de consommation ainsi que, par surcroît, les biens en capital — pourraient légalement être, et sont même pour la plus grande part, la propriété privée de certains individus.

    Pour des raisons de simplicité je veux, dans la discussion qui va suivre, appeler "ouvriers" tous ceux qui n’ont point part à la possession des moyens de production, bien que cela ne corresponde pas tout à fait à l’emploi ordinaire du terme. Le possesseur des moyens de production est en état d’acheter la capacité de travail de l’ouvrier. En se servant des moyens de production, l’ouvrier produit de nouveaux biens qui deviennent la propriété du capitaliste. Le point essentiel dans ce processus est le rapport entre ce que l’ouvrier produit et ce qu’il reçoit comme salaire, les deux choses étant évaluées en termes de valeur réelle. Dans la mesure où le contrat de travail est "libre", ce que l’ouvrier reçoit est déterminé, non pas par la valeur réelle des biens qu’il produit, mais par le minimum de ses besoins et par le rapport entre le nombre d’ouvriers dont le capitaliste a besoin et le nombre d’ouvriers qui sont à la recherche d’un emploi. Il faut comprendre que même en théorie le salaire de l’ouvrier n’est pas déterminé par la valeur de son produit.

    Le capital privé tend à se concentrer en peu de mains, en partie à cause de la compétition entre les capitalistes, en partie parce que le développement technologique et la division croissante du travail encouragent la formation de plus grandes unités de production aux dépens des plus petites. Le résultat de ces développements est une oligarchie de capitalistes dont la formidable puissance ne peut effectivement être refrénée, pas même par une société qui a une organisation politique démocratique. Ceci est vrai, puisque les membres du corps législatif sont choisis par des partis politiques largement financés ou autrement influencés par les capitalistes privés qui, pour tous les buts pratiques, séparent le corps électoral de la législature. La conséquence en est que, dans le fait, les représentants du peuple ne protègent pas suffisamment les intérêts des moins Privilégiés. De plus, dans les conditions actuelles, les capitalistes contrôlent inévitablement, d’une manière directe ou indirecte, les principales sources d’information (presse, radio, éducation). Il est ainsi extrêmement difficile pour le citoyen, et dans la plupart des cas tout à fait impossible, d’arriver à des conclusions objectives et de faire un usage intelligent de ses droits politiques.

    La situation dominante dans une économie basée sur la propriété privée du capital est ainsi caractérisée par deux principes importants: premièrement, les moyens de production (le capital) sont en possession privée et les possesseurs en disposent comme ils le jugent convenable ; secondement, le contrat de travail est libre. Bien entendu, une société capitaliste pure dans ce sens n’existe pas. Il convient de noter en particulier que les ouvriers, après de longues et âpres luttes politiques, ont réussi à obtenir pour certaines catégories d’entre eux une meilleure forme de "contrat de travail libre". Mais, prise dans son ensemble, l’économie d’aujourd’hui ne diffère pas beaucoup du capitalisme "pur".

    La production est faite en vue du profit et non pour l’utilité. Il n’y a pas moyen de prévoir que tous ceux qui sont capables et désireux de travailler pourront toujours trouver un emploi ; une "armée" de chômeurs existe déjà. L’ouvrier est constamment dans la crainte de perdre son emploi. Et puisque les chômeurs et les ouvriers mal payés sont de faibles consommateurs, la production des biens de consommation est restreinte et a pour conséquence de grands inconvénients. Le progrès technologique a souvent pour résultat un accroissement du nombre des chômeurs plutôt qu’un allégement du travail pénible pour tous. L’aiguillon du profit en conjonction avec la compétition entre les capitalistes est responsable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capital, qui amène des dépressions économiques de plus en plus graves. La compétition illimitée conduit à un gaspillage considérable de travail et à la mutilation de la conscience sociale des individus dont j’ai fait mention plus haut.

    Je considère cette mutilation des individus comme le pire mal du capitalisme. Tout notre système d’éducation souffre de ce mal. Une attitude de compétition exagérée est inculquée à l’étudiant, qui est dressé à idolâtrer le succès de l’acquisition comme une préparation à sa carrière future.

    Je suis convaincu qu’il n’y a qu’un seul moyen d’éliminer ces maux graves, à savoir, l’établissement d’une économie socialiste, accompagnée d’un système d’éducation orienté vers des buts sociaux. Dans une telle économie, les moyens de production appartiendraient à la société elle-même et seraient utilisés d’un façon planifiée. Une économie planifiée, qui adapte la production aux besoins de la société, distribuerait le travail à faire entre tous ceux qui sont capables de travailler et garantirait les moyens d’existence à chaque homme, à chaque femme, à chaque enfant. L’éducation de l’individu devrait favoriser le développement de ses facultés innées et lui inculquer le sens de la responsabilité envers ses semblables, au lieu de la glorification du pouvoir et du succès, comme cela se fait dans la société actuelle.

    Il est cependant nécessaire de rappeler qu’une économie planifiée n’est pas encore le socialisme. Une telle économie pourrait être accompagnée d’un complet asservissement de l’individu. La réalisation du socialisme exige la solution de quelques problèmes socio-politiques extrêmement difficiles : comment serait-il possible, en face d’une centralisation extrême du pouvoir politique et économique, d’empêcher la bureaucratie de devenir toute-puissante et présomptueuse ? Comment pourrait-on protéger les droits de l’individu et assurer un contrepoids démocratique au pouvoir de la bureaucratie ?

  • La France s’embrase, et la révolte ne s’éteint pas

    Tout commença le 28 octobre, quand deux jeunes de Clichy sont morts électrocutés après s’être réfugiés près d’un générateur électrique. Les circonstances de la mort de ces jeunes restent encore floues. Selon la famille et les amis de Bouna T., 15 ans, et Zyed B., 17 ans, ceux-ci revenaient tranquillement d’une partie de foot… Ils ont eu droit à un contrôle de police et ont prit la fuite. Les contrôles d’identité sous forme de descente de polices sont les privilèges des habitants d’une cité! Les familles ont donc porté plainte pour «non assistance à personne en danger», la justice doit maintenant trancher….

    Karim Brikci

    Quelle que soit la décision de la justice, ce drame révèle au grand jour la situation réelle dans les cités et la réponse donnée par le gouvernement français. En effet, depuis la mort de ces 2 jeunes, Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, multiplie les insultes contre les jeunes de quartier. Ceux-ci sont pour lui des "voyous", des "racailles". Les cités sont à "nettoyer au Kärcher", dixit M. Sarkozy…

    Même les syndicats de police se sont opposés aux propos de Sarkozy. Celui-ci ne fait que renforcer sa politique répressive dans les cités, envenimant la situation de jour en jour. Dans les quartiers les plus difficiles, il a d’ailleurs décidé d’installer 17 compagnies de CRS et 7 escadrons de gendarmerie de manière permanente.

    Après cette montée de violence dans certains quartiers, il est clair que chaque provocation de la police, chaque propos de Sarkozy va mettre de l’huile sur le feu. Des CRS ont récemment lancé une grenade lacrymogène dans une mosquée tandis que plusieurs jeunes ont été mis en prison pour «dégradations de biens publics». Cela n’aura certainement pas pour effet de calmer la jeunesse des cités.

    Entre le jeudi 3 et le vendredi 4 novembre, alors que le nombre de voitures et de bâtiments incendiés ne cessait d’augmenter, le département de Seine-Saint-Denis restait le territoire le plus touché alors que des incidents sérieux avaient éclaté pour la première fois en dehors de l’Ile-de-France. Outre les véhicules privés, les émeutiers s’en prennent aux réseaux de transports, à des bâtiments publics (écoles, hôpitaux, magasins…) et à des établissements privés.

    Nous comprenons les causes qui poussent ces jeunes à saccager tout ce qui se présente à eux. Nous n’acceptons pas pour autant ces méthodes d’action. Les travailleurs et les habitants des quartiers ne doivent pas être les cibles de ces violences. Ce sont eux aussi les premières victimes du système et de la politique du gouvernement. Nous ne pouvons pas lutter efficacement contre la politique néolibérale en brûlant des voitures et des bâtiments.

    Nous pensons qu’il faut s’opposer massivement, tous unis dans la rue, à la politique antisociale et répressive du gouvernement Villepin-Sarkozy.

    Face à eux, il nous faut une réponse collective et organisée.

    C’est aux habitants des quartiers de s’organiser pour faire revenir le calme, en organisant des réunions de quartier où tous pourraient s’exprimer, en organisant des manifestations contre la provocation policière,…

    Ce n’est pas un hasard si l’ensemble des évènements se situe dans des quartiers défavorisés (Seine-Saint-Denis, Yvelines,…). Sarkozy et Villepin ont consciemment laissé les quartiers dans la misère et l’abandon. Ce sont eux les responsables du fort taux de chômage, du manque de logements décents, de la fermeture de bureaux de poste ou de lignes de bus, de l’augmentation du coût de la vie… La colère des habitants de ces quartiers est normale et justifiée. C’est une colère contre un système qui crée la misère, l’exclusion et la violence.

    Un sondage récent de «Libération» montre que 3 français sur 4 se disent anticapitalistes. Une alternative au capitalisme est clairement et largement recherchée dans la population. Nous pensons que nous avons aujourd’hui besoin d’un parti de combat des travailleurs et des jeunes qui unifiera nos revendications, organisera notre lutte contre le capitalisme et contre la misère, le racisme et l’exclusion qu’il entraîne. Le MAS ainsi que la Gauche Révolutionnaire (section sœur du MAS en France) lutte pour un tel parti. Rejoins nous !

  • Défendons la liberté d’expression dans les lycées de Boston

    Le 2 Novembre, nous avions organisé une manifestation qui devait sortir de notre école pour protester contre la guerre en Iraq et les recruteurs militaires. Cependant, mon directeur, Mr. Anselme, et mon préfet, Jonathan Diamond, nous ont informé sur le temps de midi que si nous participions à cette manifestation, nous serions renvoyés de l’école pendant trois jours. Beaucoup plus que si nous avions simplement séché les cours un autre jour pour n’importe quelle raison.

    Jennifer Hoerres

    Ceci est une violation de notre droit à la liberté d’expression, et empêche des douzaines d’étudiants intéressés de participer à la construction d’un mouvement qui défende les droits démocratiques.

    De toutes façon, une grosse partie d’entre nous décida de quitter l’école quand même. Les trois-quarts des élèves de notre école nous ont suivi. Je peux dire que je suis sortie la tête haute, sachant que j’agissais pour une cause juste.

    Je peux maintenant dire que j’ai appris quelque chose que mon école ne m’aurait jamais enseignée, une expérience de la vie. Je vous demande d’appeler ou d’envoyer un mail au directeur de notre école, ainsi qu’au préfet, et de leur demander de respecter notre droit à la liberté d’expression, et de supprimer les menaces de renvoi. ( leur adresse est en bas ) Les élèves des autres écoles secondaires à Boston ont reçu des menaces encore pires de leurs directeurs. Les écoles de Cambridge Rindge and Latin et de Boston Latin Academy ont eux aussi menacé leurs élèves de renvois.

    Ils essaient vraiment d’intimider les étudiants à la Boston Latin Academy. Nous avons reçu un mail d’un élève qui disait "J’étudie à la Boston Latin Academy, je suis en 8ème année ( càd 2è secondaire, NDT ) et j’ai quitté l’école aujourd’hui… Je suis allé dans la salle de jeu avec trois amis et ma copine. Nous avons tous été menacé d’un renvoi de trois semaines et de la perte de nos crédits pour le prochain bulletin. J’ai besoin d’aide, nous en avons tous besoin."

    Aidez-nous en contactant les directeurs de ces écoles aussi :

    Academy of the Pacific Rim:

    · Principal Anselme — 617-361-0050 x157 danselme@pacrim.org

    · Dean Diamond — 617-361-0050 x142 jdiamond@pacrim.org

    Boston Latin Academy:

    · Headmaster Garcia-Aaronson — 617-635-9957 mgaaron@boston.k12.ma.us

    Cambridge Rindge and Latin:

    · Principal Knight — 617-349-6630 ( allez sur le site pour laisser un message )

    Merci beaucoup pour votre soutien

    Jennifer Hoerres, élève à l’Academy of the Pacific Rim, Boston MA, Jeunes contre la Guerre et le Racisme (Youth against Racism and War ), jennyftb24@aim.com

  • Schiphol. Des sans-papiers meurent dans un incendie, piégés comme « des rats dans une cage » !

    Le centre de détention et d’expulsion a failli au niveau des normes de sécurité.

    Elizabeth Bakker, CIO, Amsterdam

    Un pompier âgé et fatigué avait les larmes aux yeux, malgré les années d’expérience. Il secoua la tête en disant : « Quelque chose a terriblement mal tourné ce soir ». Un autre secouriste déclarait : « C’était vraiment terrible ; on a dû sortir tous les prisonniers morts de leur cellule. Ils n’ont pas eu la moindre chance. »

    Après ce terrible incendie au centre de détention de l’Aéroport International de Schiphol, près d’Amsterdam, 11 corps attendaient d’être transportés à la morgue pour identification. Bon nombre d’entre eux ont été transportés hors des bâtiments sur des civières improvisées, telles que des portes de bâtiments. Le feu, qui se déclara peu après minuit ce 27 octobre, a tué 11 personnes et en a blessé 15.

    Le centre de détention est en réalité un centre d’expulsion. Il a été construit pour incarcérer les contrebandiers de drogue (la plupart venant d’Amérique Latine) qui essayent d’introduire de la cocaïne en l’enfermant dans des capsules en plastique qu’ils avalent. Par la suite, il a été employé pour enfermer des immigrés « illégaux ».

    Le feu a fait rage pendant trois heures dans environ 12 cellules occupées. Cette prison se compose de préfabriqués. Environ 300 personnes étaient détenues dans ce centre. Une aile entière a été détruite, montrant clairement la mauvaise conception et prouvant que les pompiers ont été appelés trop tard : les cellules ne peuvent être ouvertes uniquement à la main et les couloirs sont très étroits.

    L’organisation européenne de protection des détenus, après avoir discuté avec quelques survivants , a conclu « qu’ils étaient pris comme des rats dans une cage ». Il y avait clairement un manque de personnel dans le bâtiment, et ceux qui travaillaient ne connaissaient pas la marche à suivre en cas d’incendie. Un des prisonniers interrogés a indiqué que les gardes ont sous-estimé l’incendie. Quand les prisonniers ont dit qu’ils sentaient de la fumée, les gardes ont refusé de les croire. Le syndicat du secteur public (ABVAKABO) a précisé que les détenus en cellule provisoire courent plus de risques que ceux qui sont dans des prisons « normales ». Il y a moins de gardes et leur formation est moins importante. Le porte-parole des syndicats, Dieter, a déclaré que trois gardes étaient responsables de 43 prisonniers.

    Lors des incendies précédents (il y en a eu deux dont un quand le bâtiment n’était pas encore utilisé), les organisations de secours avaient déjà pointé du doigt le fait que les bâtiments ne répondaient pas aux critères de sécurité. Quelques mesures ont été prises après cela, mais elles étaient clairement insuffisantes.

    Cette tragédie est une conséquence directe de la manière dont les petits contrebandiers de drogue (souvent désespérément pauvres) et les immigrés « illégaux » sont traités par les gouvernements partout en Europe. La politique de « les enfermer et les renvoyer chez eux » est responsable des conditions de détention du centre d’expulsion de Schiphol. Beaucoup de demandeurs d’asile meurent une fois retournés dans leur pays d’origine. Mais les gouvernements n’en ont que faire. Ce désastre a rendu visible à chacun le destin des immigrés. Beaucoup de Hollandais ouvrent les yeux sur la propagande raciste et anti-immigrés de la plupart des partis politiques et d’une partie des médias et du gouvernement. Pour dévoiler cela, la population hollandaise a manifesté courageusement contre les traitements infligés aux immigrés la nuit après le désastre de la prison de Schiphol.

    Les socialistes demandent une enquête indépendante par les syndicats et les organisations de défense des droits des sans-papiers pour cet incendie, mais que celle-ci puisse aussi se faire au niveau de la politique que mène le gouvernement.

    Les syndicats et la gauche doivent faire campagne contre les lois racistes concernant l’immigration et les conditions barbares dans lesquelles les immigrés et les demandeurs d’asile sont détenus. La lutte contre la politique du gouvernement hollandais doit continuer et s’intensifier, unifiant les travailleurs de tous les milieux. Un salaire, un logement, un travail décents ainsi qu’une sécurité sociale solide doivent être disponibles pour tous !

  • Belgacom. Une santé prise sur celle des travailleurs.

    Secouée par une grève ce mardi 11 octobre, l’entreprise cultive depuis longtemps le mépris des travailleurs…

    La crise est là, bien là, et cause de tout les maux que doivent subir les travailleurs. C’est du moins se qu’assènent sans relâche patronat, médias et politiciens. On en appelle ainsi à la raison de la population, ou plutôt à sa résignation, afin de sauver une économie nationale malade de l’infâme concurrence des autres pays, et parmi eux tout particulièrement les pays « en voie de développement ». Ces mêmes chevaliers du système passent d’ailleurs allègrement sur le fait que si effectivement développement il y a dans le monde néo-colonial, c’est avant tout celui de la misère et de l’exploitation.

    Nicolas Croes

    Pourtant, cette crise dont on nous parle tant, cette crise qui « oblige » les laquais du capitalisme qui nous servent de gouvernant à aller toujours plus loin dans la chasse aux acquis des travailleurs, cette crise-prétexte, ne touche pas tout le monde. Elle est même assez sélective. Solvay, InBev, Mobistar, Belgacom et autres entreprises phares de la Belgique ont cumulés de juteux bénéfices. Fortis a ainsi augmenté son bénéfice de 53% entre 2003 et 2004… Pas de raison de s’en prendre aux travailleurs, donc. Pourtant, la réalité est aussi éloignée de ce raisonnement que ne l’est la démocratie de la société actuelle.

    Un cadeau aux actionnaires privés payé par l’argent de la collectivité

    Prenons l’exemple révélateur de Belgacom.

    Bien loin de connaître la situation déficitaire de France Télécom ou de KPN, les télécommunications hollandaises, Belgacom a réalisé en 2004 un bénéfice de 922 millions d’euros, augmentation de quelques 636% ( !) comparée à l’année précédente. Que peut faire une entreprise avec autant d’argent ? Augmenter le salaire des travailleurs ? Leur bien-être au travail ? Que nenni ! Il est bien plus utile de reverser 75% de cette somme, soit à peu près 700 millions d’euros, à la poignée de charognards que l’on appelle pudiquement des actionnaires. Ceux-ci n’ont pourtant pas dû attendre tout ce temps pour être récompensés de leurs « efforts » (qui ne consistent en définitive qu’à investir, en étant plus qu’assurés du zèle que la direction emploiera à les remercier).

    Fin 1995, Elio Di Rupo entreprit une « consolidation stratégique » de Belgacom, et offrit au privé la moitié du capital de l’entreprise. Mais l’Etat sut être encore plus généreux. Toujours prompt à vouloir appliquer les réformes européennes quand elles touchent les travailleurs, le gouvernement eut par contre plus d’un an de retard pour appliquer la réforme du marché des télécommunications, c’est à dire l’entrée en lice de concurrents face au monopole de Belgacom, qui put ainsi mieux se préparer. Quant à la privatisation de l’entreprise, afin d’avoir les mains libres pour l’effectuer, le gouvernement « arc en ciel » (socialistes, libéraux et écologistes) fit passer une loi lui permettant de l’organiser sans aucun contrôle parlementaire. Rien de mieux pour démontrer, si besoin était encore, qu’aucune illusion ne peut exister quant à l’utilité d’un parlement bourgeois pour défendre les intérêts de la population.

    De son côté, la direction de Belgacom, afin d’augmenter les bénéfices et donc les dividendes versées aux actionnaires, décida de réduire les coûts salariaux. Cependant, la plus grande partie du personnel était statutaire. Encore actuellement, après toute l’énergie déployée pour se débarrasser du plus grand nombre possible, 70% des employés sont toujours dans ce cas. Ces travailleurs ne pouvaient que s’attirer la hargne des dirigeants de Belgacom, car à leurs yeux, les défauts des statutaires ne sont pas des moindres. Non seulement leur salaire est plus élevé que celui des contractuels, mais de plus ne peuvent ils être licenciés que pour faute grave. Raison pour laquelle, par exemple, aucun statutaire ne fut engagé à Liège depuis 1980. Ceux qui restent ont donc en plus une prime d’ancienneté non négligeable. Que demander de plus pour les prendre en grippe quand on est actionnaire et uniquement motivé par la soif de profit ?

    Max Jadot, Managing Director Investment Banking à la Fortis Banque, à propos et à l’époque de l’entrée en Bourse de Belgacom :« Il y a toujours des cycles positifs et des cycles négatifs. La bourse n’a cessé de baisser depuis trois ans. Les cycles positifs vont revenir un jour. Mais je ne peux pas dire quand la tendance sera à nouveau fondamentalement positive pour les marchés ».Qui mieux qu’un expert pouvait nous expliquer aussi clairement à quel point le capitalisme est imprévisible et incontrôlable? On nous demande donc un acte de foi pendant que les travailleurs trinquent et servent de fusibles…

    D’autant plus que se profilait alors la tant attendue entrée en Bourse de Belgacom. Celle-ci fut effectuée en 2004, avec le soutien énergique du ministre Vande Lanotte. Rappelons que ce dernier se réclamait, et se réclame toujours encore, du socialisme, et est depuis devenu président des soi-disant « socialistes » flamands. Tout comme Elio Di Rupo du côté francophone. Cela prêterait à rire s’il n’y avaient eu autant de sacrifiés à l’engraissement de quelques méprisables. Des 25.000 travailleurs en 1996, appelés « collaborateurs » dans le jargon (comme si ces derniers avait un quelconque mot à dire), il n’en reste plus aujourd’hui que 16.300.

    Pour précipiter le départ des travailleurs, tout les moyens sont bons.

    Le cas d’une employée nous fut relaté. Celle-ci se distinguait par son opposition au nouveau rythme de travail imposé par le premier plan de départ « volontaire ». Un jour, alors que sa journée de travail venait de toucher à sa fin, elle croisa son responsable, qui la convoqua « pour lui poser quelques questions ». Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle se rendit compte que c’était un véritable tribunal qui l’attendait, composé de l’entièreté des petits chefs de son secteur. Ces derniers l’on littéralement assaillie de questions sur ses réflexions, celles qu’elle avait entendues de ses camarades… Elle sut partir de suite, plus rien ne l’obligeait à rester ses heures terminées. Mais le harcèlement dont elle était victime continua, elle connu par la suite une dépression et sombra dans les médicaments.

    Le bilan est lourd. En moins de dix ans, la privatisation aura fait perdre l’emploi de près de 10.000 personnes, mais aura par contre rapporté 4,25 milliards d’euros aux seuls actionnaires privés.

    Les plans PTS, BeST, ou comment maquiller un licenciement

    Cette douloureuse épreuve pour les travailleurs de belgacom commença en 1998 avec le plan BTS (People, Team & Skill). Selon celui-ci, tout qui pouvaient aligner 50 ans minimum et 20 ans d’ancienneté avait l’opportunité de partir en prépension. Mais ce plan de départ qui devait être volontaire fut appliqué à coup de pressions plus honteuses les unes que les autres (voir l’encadré, qui n’est qu’un exemple parmi tant d’autres). Certains secteurs virent leur prestation de nuit supprimée, ce qui signifia surtout une perte de prime sans compensation salariale.

    De telles pratiques ne pouvaient rester sans réactions, et en mars 1998, un mouvement de grève éclata. Mais les retouches concédées par Belgacom n’étaient que cosmétiques, et de nouvelles actions se déroulèrent à Liège dans le courant du mois de juin. Afin de sortir de leur isolement, les militants CGSP liégeois tentèrent alors de prendre contact avec les travailleurs des autres régionales pour les mobiliser également. Soudain, le président de la régionale CGSP de Liège et son vice-président furent exclus de la FGTB. En distribuant un tract à la base, chez les travailleurs, ils n’avaient pas respecté la « démocratie » interne, qui voulait que l’on s’adresse à la hiérarchie. En langage bureaucratique, un appel à la base est donc qualifié d’anti-démocratique… Et nul n’est à l’abri de représailles, aussi haut soit-il. On comprend toutefois mieux cette réaction de l’appareil syndical en sachant que le ministre en charge des télécommunications de l’époque n’était autre qu’Elio Di Rupo, appelé à devenir président du Parti « Socialiste » l’année suivante. Bel exemple de solidarité messieurs, mais dans le mauvais sens.

    4/10

    C’est le nombre de travailleurs qui connaissent des problèmes de santé liés directement (23%) ou indirectement (76%) au stress. Chiffre en deçà de la réalité de Belgacom, qui serait l’entreprise au plus haut taux d’utilisateurs de tranquillisants. Plusieurs travailleurs se sont déjà suicidés, dont l’un au sein même du siège de l’entreprise liégeoise.

    Quand au résultat de ce plan, le mieux est encore de laisser parler Belgacom : « Longuement négociée avec les trois organisations syndicales, dans un remarquable climat de sérénité sociale, l’opération a débouché sur un total succès puisque 98% des collaborateurs concernés (6.300 personnes)ont choisi d’accepter l’offre.(…) La reconnaissance des services rendus par les collaborateurs tout au long de leur carrière a été le souci permanent qui a guidé cet important projet » (souligné par nous). Tant de cynisme se passe de commentaires.

    Ce « succès » gonfla l’arrogance et la confiance de la direction, qui lança début 2001 le plan BeST (Belgacom e-business Strategic Transformation), qui avait pour but officiel de mieux préparer l’entreprise à se tourner vers le marché Internet. Face à la concurrence et à l’érosion de la téléphonie fixe, Belgacom se devait de trouver de nouveaux débouchés, de nouveaux domaines. Cela aboutit au lancement d’une télévision numérique ou encore à la tentative récente de reprise de Télindus (une société de gestion de réseaux internet et intranet).

    Ce plan ne se différenciait pas fondamentalement du précédent en terme de « départ volontaire », et à l’issue de celui-ci, 4.100 travailleurs manquaient à l’appel chez Belgacom. La direction déclara à l’époque, et nous ne pouvons qu’être d’accord avec ces paroles, que le plan BeST s’inscrivait pleinement dans la politique d’Etat social actif poursuivie par le gouvernement. Des POOL furent créés, sortes d’équipes volantes passant d’un endroit à l’autre, et composés à majorité de travailleurs statutaires dont l’ancien travail, loin d’être supprimé, était effectué par des contractuels. Les exécrables conditions de travail de ces POOL furent pour beaucoup dans le succès du plan de départ. Cet impératif de réorganisation du travail fut expliqué par le fait que « les travailleurs de belgacom sont en queue de peloton en matière d’efficacité » (Mémorandum Management de Belgacom, 2001). Ils l’avaient pourtant été assez que pour augmenter les bénéfices de l’entreprise de 11% l’année précédente, en 2000…

    La « réussite » des deux plans n’empêche pas de nouvelles attaques

    Un dizaine de milliers de « collaborateurs » en moins, donc, sans parler de l’incroyable pression subie par les travailleurs restant. Pourtant, au premier janvier 2004, après les plans BTS et BeST, Belgacom déclarait avoir encore dans ses rangs un excédent de 7 à 800 employés. L’entreprise, toujours majoritairement aux mains de l’Etat (la moitié des actions, plus une) déclara qu’elle souhaitait voir ce surplus recasé dans d’autres secteurs à la charge de l’Etat, revendication déjà ancienne de la direction.

    Un autre plan fut donc conçu, à l’origine de la grève du 11 octobre. Celui-ci vise 550 travailleurs, parmi lesquels 500 statutaires mis en « disponibilité structurelle » pour deux années, avec 75% de leur salaire. A ce propos, Michel Neufcoeur, (CSC Transcom) déclara : « C’est une formule récurrente. Quand le dossier des 500 premiers statutaires sera bouclé, Belgacom passera à d’autres. » Un bref coup d’œil sur le passé de l’entreprise ne peut que lui donner raison. Les 50 contractuels auront eux moins de « chance », il est tout simplement prévu de les licencier. Selon le TIJD, journal flamand essentiellement financier, belgacom voudrait même supprimer progressivement et par voies diverses 2000 emplois supplémentaires, soit quelques 12% des effectifs actuels. Il faut dire que les cours de la Bourse se dopent au licenciement, et la réduction des coûts salariaux est toujours bien accueillie par les actionnaires, qui voient leurs dividendes augmenter en conséquence.

    La CSC fut néanmoins le seul syndicat à claquer la porte des négociations. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la FGTB est muette à ce sujet quand on connaît la manière dont la haute bureaucratie FGTB régla le sort des responsables liégeois CGSP lors du premier plan. L’exemple fit date. Quant au syndicat libéral, ces deux mots ont du mal à vouloir dire quelque chose mis côte à côte.

    A l’appel de la CSC Transcom, les travailleurs partirent en grève, et organisèrent des piquets, également afin d’informer les travailleurs des autres syndicats pour qu’ils puissent faire pression sur leurs bureaucraties. Ce qui, pour ce que nous avons pu en voir à Liège, eut un certain succès. Thierry Bouckaert, porte-parole de belgacom eut pour réaction de déclarer que « la grève n’a pas eu un impact considérable ». Habitué à se faire porte voix de mesures d’austérité d’une si grande ampleur, il est compréhensible qu’il en faille beaucoup pour l’impressionner… et aucun changement n’est actuellement survenu.

    La solution, seul les travailleurs la détiennent !

    La vie des travailleurs ne vaut pas grand chose dans le cadre du capitalisme. Alors que les richesses produites sont l’œuvre de NOTRE labeur, dans le meilleurs des cas ne sommes nous considérés que comme des consommateurs, justes bons à faire fructifier les bénéfices d’une infime minorité de nantis.

    L’acceptation de cet état de fait a transformé les vieilles organisations ouvrières en gestionnaires, voir en médecin du système. C’est en fonction de ses besoins que les « solutions » sont ébauchées au sein de la social-démocratie et de la bureaucratie syndicale, et non en fonction des intérêts des travailleurs.

    Malgré tout, cette situation n’est pas destinée à être éternelle. L’Allemagne montre le potentiel qu’un nouveau parti des travailleurs se basant sur les couches combatives des syndicats peut obtenir. De création récente, le Parti de gauche (Linkspartei) a néanmoins obtenu 8,7% lors des dernières élections, malgré une omniprésence séculaire du SPD (collègues du PS en Allemagne). Si le programme de la formation n’est encore qu’anti-néolibéral et non clairement socialiste et anticapitaliste, c’est une opportunité pour les travailleurs de réinvestir le terrain politique. Les « professionnels » de ce domaine, les politiciens, démontrent tout les jours suffisamment à quel point se sont eux qui devraient être licenciés, et c’est au cours de mobilisations et d’interventions que la conscience des travailleurs augmentera, en sortant chacun de son isolement. Nos camarades allemands du SAV interviennent dans ce processus avec une orientation marxiste et révolutionnaire, et nous brûlons de faire de même ici en Belgique.

    Les méfaits du capitalisme se répandent comme la pire des maladies, et ses vecteurs sont nombreux. Aujourd’hui, Bernard Delvaux.

    En 2000, il se retrouva à la tête d’une division de Belgacom. 2.700 personnes ont ainsi pu profiter de ses riches idées, et reçurent des terminaux mobiles pour recevoir leurs ordres de travail de n’importe où. L’équivalent du trop tristement connu des postiers Georoutes. La productivité de la division augmenta légèrement, sans commune mesure avec le stress et le malaise au travail. Mais qu’importent à un tel personnage ce genre de considérations ?Belgacom le remercia à la hauteur de ses mérites, en lui confiant la gestion du projet de BeST, qui coûta 4.100 emplois. Il faut dire qu’il avait déjà participé au plan précédent, mais à un échelon moindre. Tout cela avant d’être chaleureusement accueilli au comité de direction de La Poste, début 2004. Depuis, la privatisation de La Poste a été annoncée. A l’époque, celui qui avait déniché la perle avait déclaré : « C’est une perte pour Belgacom, mais un gain pour La Poste ». Cela dépend évidemment de quel côté l’on se place, et celui-là n’est pas le nôtre…

  • Un bon accueil au projet d’un nouveau parti des travailleurs

    Tôt le matin avant de partir pour Bruxelles, nos militants de Liège ont fait le tour des piquets de la région afin d’aller porter leur soutiens aux syndicalistes combatifs et débattre avec eux de notre idée de fonder un nouveau parti des travailleurs qui serait un relais politiques des luttes syndicales.

    Simon Hupkens

    Dans le zoning industriel des Hauts-Sarts où nous avons rencontré quelques délégations, cette idée a été bien accueillie particulièrement chez ETTB où elle a suscité l’enthousiasme des travailleurs présents au piquet. L’amertume envers le PS est telle dans le monde du travail, que notre projet rencontre ce genre de réaction dans la plupart des délégations où nous nous sommes rendu.

    Plus tard dans la matinée, le rassemblement des syndicats à la gare des Guillemins a été l’occasion pour nos membres de se confronter avec un public large de travailleurs syndiqués. Là aussi, chez tous ceux à qui nous avons parlé : postiers, metallos, enseignants, chauffeurs,…cette idée a remporté l’adhésion. Cela démontre le potentiel d’une telle initiative et l’enthousiasme avec laquelle les travailleurs pourraient se rallier à cette idée.

  • La résistance contre le “pacte des générations” est loin d’être isolée!

    Manifestation à Bruxelles du 28 octobre

    Pour la grève de la FGTB du 7 octobre, les politiques et les médias ont clamé en coeur que la FGTB était isolée avec sa résistance contre la ‘nécessité’ de travailler plus longtemps. Aujourd’hui, ce qu’on a vu à Bruxelles montre que cette résistance n’est pas isolée dans la société. Plus de 100.000 manifestants ont répondu à l’appel du front commun et marché sur Bruxelles lors d’une des plus grandes manifestations syndicales des ces dernières années.

    Geert Cool

    Dans la manifestation, on ressentait une forte combativité. Le gouvernement peut bien se dire que la résistance n’a pas d’utilité et que Verhofstadt peut donc aller en vacances, cela ne va pas pour autant assouvir la colère des masses. Actuellement, les travailleurs en Belgique sont pressés comme des citrons, le taux de productivité se trouve en effet à un taux particulièrement haut. Et on devrait travailler encore plus longtemps? Dans la pratique, la diminution progressive de l’accès à la prépension à 58 ans est inacceptable pour des dizaines de milliers de travailleurs syndiqués. La détermination des manifestants est renforcée par l’offensive des politiciens et du patronat contre le droit de grève. Il y a eu cette semaine des astreintes contre un piquet de grève chez Case New Holland à Zedelgem. Aujourd’hui aussi, des astreintes sont tombées, mais les délégués ont déclaré que ces astreintes n’auraient pas d’impact car il n’y avait aucun non-gréviste. C’est la meilleure réponse aux attaques contre le droit de grève. Par de telles attaques, les politiciens et le patronat ne font qu’élargir la grève, et sont perdants dans leur offensive. Mais face à ces attaques, une réponse syndicale sérieuse est nécessaire; la défense du droit de grève doit faire partie d’une plate-forme de revendications pour les actions à venir. En règle générale, le sentiment dominant dans cette manifestation était que ce jour d’action n’est qu’un pas vers un mouvement plus large contre le ‘pacte des générations’ du gouvernement et du patronat. Il est dommage qu’il n’y ait pas eu la présentation d’un plan d’action durant la manifestation. La direction syndicale dit qu’il faut d’abord une évaluation de la manif et de la réaction du gouvernement avant que de nouvelles actions soient organisées. Néanmoins il était d’ores et déjà clair que la manifestation serait un gros succès et que le gouvernement resterait sourd comme un pot devant la résistance syndicale. Pourquoi doit-on attendre pour rebondir sur le succès de la manifestation ? Pour beaucoup de militants FGTB et CSC, la manifestation a été réconfortante sur le plan de l’unité syndicale. Autant la CSC que la FGTB avaient fortement mobilisé; il est même possible que la CSC avait une plus forte présence. A côté des deux grands syndicats il y avait également une représentation significative de la CGSLB. L’unité à la manifestation du 28 octobre est une réponse appropriée de la base syndicale face au tintouin de la prétendue division syndicale. Au sommet, les discussions sur la suite de la stratégie est dominée par le large mécontentement présent à la base. Il y avait de fortes délégations de l’industrie lourde, mais également des employés des services publics.

    Une représentation politique est nécessaire

    A la manifestation, on ne remarquait pas de délégations des partis traditionnels, sauf les verts qui se montrent en porte-à-faux par rapport aux propositions du gouvernement mais ont bien démontré lors de leur participation au gouvernement qu’ils étaient prêts à appliquer la politique de la bourgesoie. Le SP.a avait expliqué qu’il ferait savoir son point de vue aux travailleurs, mais est revenu sur son idée de distribuer des tracts aux portes des entreprises. Finalement le parti est resté absent à une manifestation qui était dirigée contre la politique d’un gouvernement dont il fait lui-même partie. De plus, les attaques sur les prépensions venaient surtout du sommet du SP.a : c’est en effet Freya Van Den Bossche qui s’est mise à l’avant-garde des attaques. Les partis de l’opposition comme le CD&V et le VB avaient du mal à se montrer à une manifestation pour laquelle ils n’étaient pas d’accord. Ces deux partis disent en choeur qu’il faut rallonger le temps de travail. Des membres du Vlaams Belang ont en outre la nostalgie du temps où le parti apparaissait encore ouvertement avec des slogans tel que : « Le travail produit, la grève nuit »… La rupture des syndicats d’avec les politiciens bourgeois est une de nos revendications centrales. Nous sommes intervenus avec un appel pour un nouveau parti des travailleurs, qui a été reçu positivement par un bon nombre de militants. La conscience qu’il y a un problème sur le plan de la représentation politique est en train de se développer. Dans les bus de la FGTB d’Alost, circulait à côté de notre pétition une pétition en direction du SP.a pour qu’il prenne ses distances par rapport à ses points de vues droitiers. De 100 à 150 militants du MAS étaient présents à la manifestation pour mener la campagne ou pour militer dans leur délégation syndicale. Quelques camarades allemands de notre organisation sœur ont renforcé notre intervention et avaient une motion de solidarité du WASG. Nous avons distribué 8.000 tracts, vendu notre supplément du journal sur le ‘pacte des générations’ et la grève du 7 octobre, et nous avons récolté un nombre important de signatures pour un nouveau parti des travailleurs. Nous avons vendu plus de 420 exemplaires de notre journal et récolté plus de 700 euros de soutien ! Il y avait beaucoup d’animations à nos différents stands. L’ouverture à nos idées était très claire; cela traduit sans nul doute une croissance de la radicalisation. Sur le point de la représentation politique des luttes syndicales, on ressentait encore de la confusion. Mais la plupart des travailleurs étaient d’accord sur le fait que l’on ne pouvait plus compter sur les partis traditionnels. Avec notre campagne pour un nouveau parti des travailleurs, nous voulons apporter une orientation à cette discussion. Nos calicots et nos pétitions ne passaient pas inaperçus…

    Aller de l’avant sur base de ce succès

    La manifestation du 28 octobre était un succès. 100.000 personnes à une manifestation nationale un vendredi à Bruxelles est particulièrement impressionant. Verhofstadt peut faire mine tant qu’il veut que cela ne le concerne guère, il sera tout de même bien obligé de répondre à l’énorme mécontentement de la population. De par cette manifestation, c’est l’ensemble de la politique néo-libérale du gouvernement actuel qui est rejetée. Nous devons maintenant continuer le mouvement pour mettre le pacte des générations et le gouvernement à la poubelle.

    La volonté d’action et la combativité sont clairement présentes. La direction syndicale ne doit pas attendre plus longtemps avant de mettre sur pied un plan d’action et d’approfondir le mouvement.

  • Grève à Bruxelles. Quelques rapports

    Les membres du district de BXL-Brabant-wallon du Mouvement pour une alternative socialiste sont intervenus à différents piquets de grèves importants. En voici quelques rapports.

    Piquet à Delta

    Ce matin, nous nous sommes rendus avec 4 camarades au piquet du dépôt de la STIB à Delta. C’était un petit piquet, certainement si on le comparait avec celui de la grève du 7 octobre, seulement composé de militants de la CGSP et un militant de la CCSP, qui est venu plus tard. Selon un délégué de la CGSP, le piquet à la STIB n’était qu’une formalité, en tous cas, 95% du personnel faisait grève.

    Ce matin, maximum 5 bus sont partis entre 5 et 8h. Sur le piquet, il y avait une discussion sur le résultat attendu par cette journée d’actions. Tout le monde était d’accord que la manif ne serait pas assez pour faire changer d’avis Verhofstadt et Co, et pour faire tomber le gouvernement. En fait ces deux éléments étaient selon eux intrinsèquement liés. Tout le monde était d’accord que si le gouvernement tombe et est remplacé par une coalition rouge-romaine, le même programme d’austérité sera appliqué. Personne n’était opposé au fait que le FGTB doit casser ses liens avec le PS, même si certains n’étaient pas vraiment convaincus de ça. Certains avaient déjà entendu parlé du Linkspartei en Allemagne, et étaient d’accord de dire qu’un tel développement était également nécessaire en Belgique. Mais personne n’avait une idée concrète la-dessus.

    A Delta, le 7 octobre, la FGTB avait organisé un blocage du ring. La police avait ce jour là essayé de convaincre les militants de faire un blocage filtrant, dans le sens que filtrant pour eux était que tout le monde puisse passer. Et comme si la police voulait faire la paix après les menaces du patronat et du ministre Dewael, ils bloquaient eux-mêmes la route, suivis par la remarques des grévistes : « Est-ce qu’ils vont faire le boulot à notre place? »

    Après ça, un chef de police est venu demander si on ne voulait pas distribuer des tractes, pendant que 30 policiers réglaient la circulation. Soudainement il y eut la confusion au piquet , mais beaucoup de militants allaient quand même prendre place sur le carrefour. Très vite, les militants finir par comprendre que la police voulait en fait éviter un piquet « dur » en changeant les militants en gentils distributeurs de tracts. Après 10 minutes, la distribution était finie, et les policiers furent obligés de se promener un peu sur le trottoir pour passer le temps.

    Au moment du départ vers la Gare du Nord pour la manif, il était clair qu’il n’y aurait pas de bus ou de tram aujourd’hui. Sur le chemin, on rencontrait beaucoup de piquets, avec aussi beaucoup de chasubles vertes. Il est clair que Verhofstadt devait comprendre que ce ne sont pas les grévistes qui sont isolés dans la presse, mais lui, le patronat, et leurs représentants politiques ainsi que leurs clercs …

    VW

    Le piquet de grève sur VW Forest rassemblait une petite centaine de travailleurs affiliés aux trois syndicats. Nous y sommes intervenus vers 5h du matin. Nous avons donc pu toucher l’équipe de jour sur le piquet mais également l’équipe de nuit qui finissait son travail et allait revenir le soir pour à son tour faire grève. Nous avons distribué un tract appelant à la création d’un nouveau parti des travailleurs et nous avons pu discuter avec quelques travailleurs sur la nécessité de rompre avec les partis politiques censés représenter nos intérêts.

    STIB HAREN et ZAVENTEM

    Ce vendredi matin, nous nous sommes rendus au piquet du dépôt de la STIB à Haren. Le faible nombre de grévistes présents sur le piquet était largement compensé par une atmosphère très combative. Notre tract fut assez bien reçu et tous étaient d’accord avec le mot d’ordre de chute du gouvernement. La grogne des travailleurs était ici renforcée par les effets de la politique d’austérité menée par la direction de la STIB ; en effet, la flexibilité a considérablement augmenté ces dernières années dans l’entreprise publique et la pression mise sur les épaules des chauffeurs est devenue intenable. Un contrôleur qui sortait du dépôt nous expliquait son amertume de ne pouvoir participer à la grève, du fait que, comme tous les autres contrôleurs et comme lors de la grève du 7 octobre, ceux-ci ont été réquisitionnés par la direction pour effectuer les tâches ingrates.

    Après cela, nous nous sommes dirigés vers la zone de l’aéroport de Zaventem où beaucoup d’entreprises de transport ou de services au sol (TNT, DHL, Aviapartners,…) étaient à l’arrêt. A un carrefour, une vingtaine de travailleurs de différentes entreprises de la zone bloquaient le passage aux voitures. Tout comme à la STIB, la solidarité entre les travailleurs surplombait les divergences syndicales alimentées par leurs directions respectives. La police ne tarda pas à débarquer et à rappeler du renfort pour dégager la voie; les grévistes durent dès lors se résoudre à un barrage filtrant, le rapport de force ne jouant guère en leur faveur. La grande majorité des automobilistes manifestaient clairement des signes de sympathie avec les travailleurs en lutte et là aussi, la combativité des grévistes ne faisait pas défaut. « Le pacte des générations, c’est plus de pauvreté pour les travailleurs, et de nouveaux cadeaux pour les patrons ! », s’exclamait un délégué Setca en distribuant des tracts aux conducteurs. Voilà assez bien résumé les perspectives que nous réserve ce gouvernement…

    ULB

    Ce vendredi 28 octobre, la communauté universitaire avec les syndicats avaient décidé de bloquer l’accès à l’ULB. A 4h45, les Etudiants de Gauche Actifs ont bloqué l’entrée du bâtiment du personnel d’entretien de l’université avec le soutien de la CNE. Vers 5h30, syndicats et étudiants étaient nombreux à monter des piquets tout autour du campus. L’université a ainsi été totalement bloquée jusqu’à 10 heures du matin, heure à laquelle nous sommes partis rejoindre la manifestation nationale gare du Nord. EGA va continuer à informer et organiser les étudiants sur une base anticapitaliste, en liant les attaques que les étudiants et le personnel de l’université subissent, avec la nécessité d’une riposte unifiée du monde du travail. De plus nous sommes convaincus qu’une organisation de lutte est nécessaire, c’est pourquoi nous appelons tous ceux présents lors de la grève à nous rejoindre.

    VUB

    Des militants de la CGSP-VUB et des étudiants d’EGA et du MAS se sont rassemblés à partir de 7h30 au resto de la VUB pour annoncer la grève et les raisons de celle-ci ainsi et pour appeler à manifester. On a tenu un stand dans le resto, accroché des banderoles et des groupes de militants se rendaient aux différents services du personnel pour discuter avec (ceux qui travaillaient) sur les arguments mensongers du gouvernement concernant les pré pensions et la sécurité sociale et pour essayer de les convaincre d’arrêter le travail et de nous rejoindre pour la manifestation. On pouvait ressentir le grand soutien qu’il y avait parmi ceux qui n’étaient pas en grève pour les actions contre les plans d’austérité du gouvernement, mais tous n’étaient pas convaincus des possibilités de gagner par la lutte. Avec un groupe d’environ 25 personnes on a participé à la manif. C’étais une fois de plus très clair qu’avec un plan d’action à long terme – avec l’objectif d’arrêter les réformes intégralement et ce jusque à la chute du gouvernement, tous ensemble avec de revendications offensives – encore beaucoup plus de gens peuvent être impliquer dans le combat !

    WAVRE

    Les camarades de la section de Wavre sont intervenus sur les grandes surfaces de Wavre le vendredi matin avant la manifestation à Bruxelles. Les petites boîtes ne faisaient pas grève. Sur le site, où il y a une vingtaine d’entreprises différentes, seuls les travailleurs de Brico, une partie de ceux de Carrefour (50%) et les employés de Lunch Garden sont partis en grève et sont venus à la manifestation. La première rencontre que les camarades ont faite, a été une voiture de police qui vérifiait qu’il n’y avait aucun piquet bloquant. Ils nous ont averti que bloquer une entrée d’une entreprise, même en cas de grève était illégal et qu’un huissier attendait sur le parking pour intervenir en cas de piquet bloquant. Mais les travailleurs de Brico et de Lunch Garden s’étaient bien préparés aux attaques patronales contre le droit de grève. Ils ont mobilisé toute la semaine pour la grève et la manifestation à Bruxelles. Résultats : à Brico, seuls trois employés, les cadres supérieurs venaient travailler ; chez Lunch Garden, seuls une cadre est venue pour travailler. Bien qu’il n’y eu pas de piquet, les travailleurs se sont rassemblés devant leurs magasins pour prendre les cars.

    A travers tous ces piquets, en revendiquant la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs, nos militants ont été très bien reçus. Nous appelons chacun de ceux qui lisent ce rapport, qui ont discuté avec nos camarades, qui ont reçu notre tract, à se rendre à nos meetings sur la question d’un Nouveau Parti des Travailleurs afin d’en discuter sur base d’un exemple concret qui est le WASG, et ce avec un de nos camarades du SAV (section sœur du MAS en Allemagne) élu au conseil municipal d’Aix-la-Chapelle et membre du WASG.

    Informations pratiques:

    > EUPEN. Mercredi 26 octobre. Salle de Kolping 19h. Bergstrasse 124, Eupen

    > BRUXELLES. Mercredi 2 novembre. Pianofabriek 19h. Rue du Fort, 35 St-Gilles. (tram Parvis)

    > LIEGE. Mardi 8 novembre. ULg, site du 20 Août, 19h. Salle Grand Physique

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