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  • “Le SP.a a abandonné ses idées socialistes et n’est plus un parti de travailleurs"

    Interview de Jef Sleeckx, ex-parlementaire du SP.a

    Le jeudi 13 mars, j’ai discuté avec Jef Sleeckx dans son bastion de Mol. Entre les nombreux projets, histoires et anecdotes, je lui ai posé les questions suivantes.

    Propos recueillis par Bart Vandersteene

    Qui est Jef Sleeckx?

    > Jef Sleeckx a été membre du SP pendant plus de 40 ans. Il a été parlementaire pendant 21 ans et a siégé pendant 17 ans au bureau du parti.

    > Jef a été vu pendant toutes ces années comme une figure de gauche proche des travailleurs.

    > Jef a voté contre Steve Stevaert pour la présidence du parti: “Steve se préoccupe trop de techniques de vente et de shows télévisés et trop peu des vrais principes socialistes.”

    > Yves Desmet (journaliste à De Morgen) : “Ce qu’un ouvrier ne veut surtout pas, c’est de voir cette idole de la vieille gauche qu’est Jef Sleeckx apparaître à la porte de son usine, car il sait alors qu’il est grand temps de trouver un autre travail”

    Jef, tu as quitté le Parlement en 1999. Aujourd’hui, 7 ans plus tard, tu reviens sur la scène politique. Quels sont les raisons qui t’y ont poussé?

    Il y a deux événements qui m’ont poussé à donner de la voix. D’une part, il y a eu la Constitution européenne qui a été rejetée en France et aux Pays-Bas. En soi, je trouve que l’UE a besoin d’une constitution pour faire collaborer 25 pays et 450 millions de gens. Mais cette Constitution ne porte pas là-dessus. Elle ne contient pas les règles du jeu, mais le jeu lui-même. La partie 3 de la Constitution dit que l’UE doit être néo-libérale. On ne laisse aucun espace pour le débat politique.

    Une initiative avec Debunne et Vanoutrive

    Georges Debunne m’a contacté l’année passée pour que je me joigne à lui et à Lode Vanoutrive afin de soumettre ensemble une pétition au Parlement flamand et de lancer ainsi le débat sur cette Constitution en Belgique.

    Pour ce faire, nous avons dû récolter quelque 15.000 signatures dans des manifestations, des fêtes de quartier, aux portes des entreprises, et j’en oublie. En même temps, j’ai aussi étudié cette Constitution. Jamais je n’avais étudié avec un tel acharnement. Après la récolte des signatures, nous avons pu faire un exposé au Parlement flamand. Quelle ne fut pas ma stupéfaction lorsqu’il apparut que les parlementaires ignoraient presque tout de la Constitution. Cela transparaissait clairement dans les questions qu’ils me posaient. Ils n’en ont pas moins tous voté ensuite pour la Constitution…

    Une deuxième affaire qui m’a énormément touché, c’est la lute contre le Pacte des Générations. A un certain moment, quelques délégués sont venus me trouver pour demander de mener une action et de diffuser un appel au fameux congrès du SP.a à Hasselt. J’ai été tout de suite d’accord et j’ai diffusé avec eux l’appel « nous vous tournons le dos ».

    La collectivité paye, les patrons reçoivent des cadeaux

    J’étais en total désaccord avec le Pacte des Générations. Le gouvernement et le SP.a faisaient tout pour effrayer les gens alors que ce n’était pas nécessaire. La Commission sur le Vieillissement a calculé qu’il faudrait de 3% à 4% du PNB en plus d’ici 2030 pour pouvoir payer les pensions. Cela équivaut à 9 ou 10 milliards d’euros (un peu plus d’après certains).

    Si l’économie belge actuelle, qui vaut un bon 250 milliards d’euros, croît chaque année de 1,5% d’ici 2030, elle vaudra alors 112 milliards d’euros en plus. Utilisons-en 10% pour les pensions. Ce n’est quand même pas exagéré ?

    Dans une interview à Knack, j’ai dit à ce moment qu’il fallait quelque chose de nouveau en dehors du SP.a, un nouveau parti des travailleurs. Je ne m’attendais pas à ce que mes paroles aient autant de conséquences à l’intérieur comme en dehors du SP.a.

    Vande Lanotte a prétendu qu’il irait vers les entreprises avec ses militants. Nous ne les avons pas vus. Ils ont par contre organisé des réunions provinciales. J’y étais à Anvers où j’ai pris le micro et expliqué mon point de vue. J’ai demandé pourquoi on ne parle plus jamais d’un impôt sur la fortune, pourquoi on ne s’en prend pas plus énergiquement à la fraude, pourquoi les impôts ne rentrent pas mieux. Bref, j’y ai dit clairement que les moyens d’une politique existent, mais qu’il faut une autre politique.

    Johan a encore essayé de monopoliser la parole, mais ça n’a pas marché. Il y a eu aussi une discussion sur ce que le Pacte des Générations reconnaîtrait comme métiers lourds. Après moi, quelqu’un dans la salle a pris le micro et a invité Johan à venir travailler 14 jours avec lui. Il saurait tout de suite ce qu’est un travail lourd. L’atmosphère dans la salle a tourné à travers la discussion et j’ai reçu beaucoup d’applaudissements et de marques de soutien. A la fin, j’ai dit que Vande Lanotte faisait prendre à la population des vessies pour des lanternes. C’est toujours la collectivité qui doit payer et les patrons qui reçoivent des cadeaux.

    Si on menait une autre politique il n’y aurait aucun problème pour la population et, par exemple, pour le 1,5 million de Belges qui s’enfoncent aujourd’hui dans la pauvreté. Mais Stevaert a dit que le SP.a ne se préoccuperait plus en premier lieu des miséreux. Je me demande alors ce que doit faire un parti socialiste. Et aujourd’hui il n’y a pas que les allocataires sociaux qui ont du mal à s’en sortir. Vous pouvez toujours essayer d’entretenir une famille avec un salaire net de 1200 euros, surtout avec le coût actuel du logement.

    Voilà pourquoi je dis qu’ils ont contribué à grossir les rangs du VB. Les mandataires socialistes ne sont plus physiquement présents dans les quartiers à problèmes. C’est comme s’ils avaient pris peur de leur public naturel. Mais pour pouvoir, par exemple, discuter du travail avec des chômeurs dans les quartiers à problèmes, on ne peut évidemment pas cumuler soi-même deux ou plusieurs boulots. Ce que fait Patrick Janssens est scandaleux : être parlementaire et bourgmestre d’une ville comme Anvers qui n’est pourtant pas si simple à gérer. Ce n’est tout de même pas sérieux. L’un des deux jobs devient forcément un job d’appoint, ce n’est pas possible autrement… Personne n’est capable de faire convenablement plusieurs jobs. Il en va de même avec le logement, vous pouvez toujours essayer de parler du travail au café avec un chômeur dans un quartier à problèmes si vous avez plusieurs jobs, ou avec un SDF si vous vivez dans une villa huppée, vous remarquerez tout de suite à quel point on vous prend au sérieux…

    J’aurais pu devenir bourgmestre de Mol en 1994, mais je ne l’ai pas fait. J’ai laissé la base du SP.a décider quel mandat je devais assurer et le choix s’est porté sur mon mandat de parlementaire. Je ne voulais pas cumuler, c’est une question de principe. Si vous dites qu’il faut du travail pour tous, vous ne faites qu’un seul job. En tant que parlementaire, on a une fonction d’exemple. Les paroles ont été tellement vidées de leur sens que plus personne n’y croit, il faut agir tout simplement.

    Comment vois-tu les développements des 10 dernières années au sein du SP.a?

    J’ai été fortement frappé par le fait que le SP.a virait de plus en plus vers le centre, ce qui me tracassait au plus haut point. J’ai appelé pendant 17 ans au sein du bureau du parti à mener une autre politique. En tant que socialiste, on doit être droit dans ses bottes et adopter un profil clair. C’est ce qui a fait défaut et qui fait qu’aujourd’hui tant de gens votent pour le VB.

    Le SP.a a abandonné ses idées socialistes et n’est plus un parti de travailleurs. Ils n’appellent plus jamais à lutter. Alors que c’est justement plus nécessaire que jamais. Nous ne pouvons pas oublier que la Sécurité sociale n’est pas tombée du ciel. C’est le résultat de la lutte. Et pour être honnête, surtout de la lutte des travailleurs wallons. D’où mon opposition résolue à ceux qui veulent scinder la Sécurité sociale. Les travailleurs flamands, bruxellois et wallons ont les mêmes intérêts. Nous oublions parfois que nous devons beaucoup aux Wallons.

    Quelque chose qui m’est resté longtemps en travers de la gorge, c’est l’attitude du SP.a envers les réfugiés. Lorsque je siégeais encore au Parlement flamand, j’ai pris en main l’affaire de grévistes de la faim kurdes. Je suis même allé au Kurdistan et je sais qu’on ne peut pas renvoyer les réfugiés kurdes. Ces gens se retrouvent en prison, voire disparaissent tout simplement. J’ai clairement dit au bureau du parti que je voterais « selon ma conscience ». Grâce à la pression que j’ai pu mettre à l’époque, ces gens ont pu rester en Belgique. La grève de la faim avait lieu à Hasselt à l’époque où Stevaert était encore bourgmestre. Mais je ne l’y ai jamais vu et il n’est jamais intervenu en faveur de ces grévistes de la faim.

    As-tu un message à transmettre le 1er mai aux militants du SP.a et de la FGTB ?

    Aux militants du SP.a, je demanderais qu’ils insistent au sein du parti pour qu’il recommence à se préoccuper beaucoup plus des travailleurs. Je suis content que SP.a Rood existe, j’ai beaucoup de respect pour ces camarades, mais je n’y crois pas. Le sommet du parti ne va pas les prendre au sérieux, il va les faire lanterner. SP.a Rood peut jouer un rôle pour démontrer qu’il y a soi-disant une aile gauche, mais en même temps SP.a Rood n’a rien à dire et n’aura jamais rien à dire dans le parti.

    Aux militants de la FGTB, je demande de porter haut le drapeau de la solidarité. Il y aura beaucoup de luttes qui nécessiteront l’unité des travailleurs flamands, wallons et bruxellois. Les politiciens veulent briser la solidarité en disant qu’il y a d’autres intérêts en jeu. Mais nous ne pouvons pas oublier que c’est grâce à la combativité wallonne que la Sécurité sociale a pris forme.

    Aux uns et aux autres, je veux aussi dire qu’une alternative politique est nécessaire. Une alternative politique qui place les intérêts de la population laborieuse et des allocataires sociaux tout en haut de l’agenda.

    Où que tu parles, tu mets l’accent sur la nécessité d’une meilleure protection des délégués syndicaux. Pourquoi ce point en particulier?

    Parce que les délégués sont le moteur des syndicats. Ils sentent ce qui vit à la base. Hélas, les patrons font tout aujourd’hui pour mettre à la porte les bons délégués qui défendent leur base. Ils n’épargnent pas leur peine et sont même prêts à payer le prix fort, comme par exemple chez Stora à Zelzate, pour se débarrasser de délégués. Nous devons y apporter une réponse.

    Les jeunes seront importants dans une nouvelle initiative, quel message adresses-tu à la jeunesse ?

    Les jeunes doivent affiner leur conscience politique. Nombre d’entre eux sont en quête de valeurs qui proposent davantage que les valeurs purement matérielles. Parce que celles-ci ne garantissent pas le bonheur. C’est pourquoi la solidarité est importante, y compris entre les jeunes et les aînés.

    J’ai été surpris dans un premier temps de lire que le VB fait maintenant de bons scores parmi les jeunes. L’avantage qu’a le VB, c’est qu’il n’y va pas par quatre chemins. Même si nous ne sommes pas du tout d’accord avec leur démagogie abjecte. Les partis traditionnels créent des attentes qu’ils ne concrétisent pas. D’où la perte de crédit de ces partis. Avec toutes les conséquences qui s’ensuivent ! Les gens doivent savoir clairement qui défend quoi sur qui ils peuvent vraiment compter.

    L’initiative pour une autre politique diffusera un tract national le 1 mai. Quelle sera l’étape suivante ?

    C’est un pas important que nous faisons en diffusant un tract commun dans tout le pays. Des gens d’horizons divers, des militants syndicaux, des militants politiques collaborent à une alternative politique.

    Il y aura une réunion nationale en automne pour décider ce que nous ferons, quelles suites nous allons donner à notre appel à une alternative politique. Je ne peux pas encore anticiper cette étape, mais je la trouve importante. Si un nouveau parti voit le jour, ce sont les travailleurs qui en détermineront le programme. J’espère que nous seront prêts pour les élections législatives de 2007.

    D’après toi, quel rôle les militants du MAS/LSP ont-ils à jouer dans cette nouvelle initiative ?

    Les militants du MAS/LSP s’implique énormément dans le mouvement ouvrier. C’est positif et très important que le MAS/LSP ait pris position sur la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. J’ai beaucoup de respect pour vos militants, comme pour tous les militants de gauche. Une nouvelle initiative pourra compter sur beaucoup de bons militants pour approfondir certains points du programme et aider à les diffuser et à les défendre au-dehors. A mes yeux, tous les militants de gauche sans la moindre exception joueront un rôle important.

    Un dernier mot pour nos lecteurs?

    J’espère que le 1er Mai de cette année préfigure un nouveau printemps et un nouveau cri. Un nouveau cri qui réaffirme la solidarité entre tous les travailleurs où qu’ils habitent. Une autre politique signifie aussi que tous les gens de gauche devront, sans renier pour autant leur identité, mettre de côté les grandes certitudes de leur propre groupe pour aider à façonner une autre politique avec tous ceux qui veulent une autre politique, solidaires autour d’un programme commun, ainsi que pour combattre efficacement l’extrême droite.

  • “Une autre gauche est nécessaire"

    Interview d’Alain Van Praet

    L’Alternative Socialiste a interviewé Alain Van Praet, l’un des initiateurs d’"Une autre gauche". Notre organisation soutien activement cette initiative afin qu’elle devienne une véritable force politique et sociale capable de s’opposer aux attaques du patronat et de donner une alternative crédible au néo-libéralisme.

    Propos recueillis par Vincent Devaux

    Peux-tu te présenter en quelques mots?

    Je m’appelle Alain Van Praet. Je travaille dans une entreprise publique où je suis délégué syndical de la CSC-TRANSCOM.

    Le 22 février, une carte blanche appelant à "Une autre gauche" paraîssait à votre initiative dans La Libre; qu’est-ce qui vous à décidé à prendre une telle initiative début 2006?

    Freddy Dewille, également délégué syndical de la CSC-TRANSCOM, et moi-même étions une nouvelle fois frustrés. Frustrés de voir la mobilisation contre le "pacte des générations" orpheline d’un prolongement politique. Certes, la question d’un débouché politique pour le mouvement syndical en particulier, et les mouvements sociaux en général, est déjà ancienne. Mais l’atterissage forcé imposé par le sommet des organisations syndicales au combat engagé par les travailleurs, et la décision du gouvernement de ne pas tenir compte du rejet massif de ce "pacte", nous ont amené à tenter de pousser un "coup de geule". Celui-ci a pris la forme d’un appel à la constitution d’une nouvelle force politique à gauche du PS et d’ECOLO, que nous avons soumis à une série de "personnalités", et qui a finalement été publié comme "tribune libre" dans le journal La Libre Belgique (après le refus du quotidien Le Soir).

    Quelles sont pour toi les prochaines étapes pour une telle formation et comment vois-tu l’articulation de l’initiative "Une autre gauche" avec celle prise par Jef Sleeckx en Flandres?

    Pour le moment nous n’en sommes qu’aux balbutiements. Deux assemblées générales ont été organisées. Un tract destiné à être diffusé le 1er mai est en préparation. Des groupes de travail thématiques et régionaux devraient se constituer dans les prochaines semaines. Nous sommes donc entrés dans une phase de débat qui va probablement durer plusieurs mois: sur la manière de s’organiser, sur le programme, sur nos objectifs stratégiques à terme. Nous devrons également discuter, le moment venu, de la forme que prendra l’initiative : parti ou mouvement ? Nous sommes effectivement en contact étroit avec nos amis néerlandophones du "groupe Sleeckx".

    Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs participé activement aux deux premières réunions organisées à Bruxelles. "L’appel du 1er mai" sera un appel commun. Plus fondamentalement, la constitution d’une alternative politique de gauche se pose au niveau national, car l’unité des travailleurs par delà la "frontière linguistique" est essentielle.

    Quel rôle peuvent jouer selon toi les militants du MAS dans une telle initiative?

    Plusieurs militants du MAS ont participé activement aux premières discussions, et je salue leur attitude constructive. J’attends du MAS, comme des autres formations d’extrême-gauche (POS, PC, PTB, …), un soutien appuyé. Personne ne doit renoncer à sa spécificité, mais il est temps que chacun abandonne ses replis identitaires et s’efforce de privilégier ce qui unit plutôt que d’adopter une attitude crispée à partir de ce qui divise. Le succès ou l’échec de l’initiative dépendra beaucoup de l’attitude des partis de la gauche radicale.

  • Le Premier Mai. Plus que jamais un jour de lutte!

    La bourgeoisie a toujours cherché à gommer de l’Histoire tout ce qui fait référence à la lutte des classes en reprenant à son compte des symboles appartenant à l’histoire du mouvement ouvrier. Des journées qui ont marqué l’histoire de leur empreinte par des luttes massives de la classe ouvrière sont ainsi transformées en fêtes inoffensives dont la signification a disparu à l’arrière-plan. Il n’en va pas autrement du Premier Mai. C’est à tous les militants et travailleurs conscients qu’il incombe de se réapproprier cette journée et d’en rappeler la véritable origine.

    Cédric Gérôme

    La véritable origine du Premier Mai

    L’origine du Premier Mai remonte aux Etats-Unis. En 1884, les syndicats groupés au sein de l’American Federation of Labour lancent une campagne pour exiger la journée des huit heures. Après deux années de campagne, cette revendication n’est devenue réalité que pour 200.000 travailleurs, C’est pourquoi, le 1er Mai 1886, 340.000 ouvriers américains entrent en grève et paralysent des milliers d’usines. Une partie des patrons cède mais, dans certains endroits, la répression aura raison du mouvement : devant la fabrique de faucheuses Mc Cormick de Chicago, la police tue six grévistes au cours d’une manifestation. Lors d’une marche de protestation qui se tient le lendemain, une bombe explose devant les forces de l’ordre. Malgré l’absence de preuves, trois syndicalistes sont condamnés à perpétuité et cinq autres pendus « pour l’exemple ».

    En 1889, à Paris, le congrès de fondation de la Deuxième Internationale (l’Internationale Socialiste) décide, à l’instar des travailleurs américains, de mener partout des actions pour la journée des huit heures le 1er Mai : « Il sera organisé une grande manifestation à date fixe de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire à huit heures la journée de travail. ».

    La bourgeoisie tremble sur ses bases

    Dès l’année suivante, cet appel reçoit un tel écho que la bourgeoisie est prise de panique. Les patrons allemands créent une ligue de défense prévoyant le renvoi des travailleurs absents des ateliers le 1er Mai. A Rome, les bourgeois les plus riches quittent la ville sans demander leur reste. En Belgique, le ministre de la Justice ordonne à la gendarmerie d’identifier ceux qui ont voté pour l’organisation du 1er Mai ; on organise même des exercices de tirs spéciaux pour la garde civile « afin d’être prêts pour le 1er Mai ».

    Ce 1er Mai 1890, 150.000 travailleurs belges cessent le travail sous l’impulsion des mineurs wallons. Dans les autres pays, le mouvement prend une ampleur similaire. Le 1er Mai commence dès lors à s’enraciner dans la tradition de lutte des ouvriers du monde entier. Cela n’est évidemment pas pour plaire au patronat: celui-ci va tout mettre en œuvre pour édulcorer le caractère revendicatif de cette journée et pour en chasser l’âme. En 1914, lorsque les chefs de la IIe Internationale abandonnent leur discours pacifiste, se rallient à la guerre derrière leur bourgeoisie et votent les crédits de guerre, ils proposent carrément aux ouvriers d’abandonner la fête du Premier Mai ! Ce n’est qu’en 1919 que les cortèges de travailleurs seront à nouveau autorisés lors de cette journée.

    C’est également dans la période de l’après-guerre que le mot d’ordre central du 1er Mai – la journée des huit heures- sera obtenu. La bourgeoisie n’a pas d’autre choix que de le concéder, elle a le couteau sous la gorge : la République des Soviets, fruit de la révolution d’Octobre 1917, met à l’ordre du jour la réalisation de la journée de six heures, et entraîne à sa suite une vague révolutionnaire qui se répend comme une traînée de poudre dans toute l’Europe (par contre, une fois arrivée au pouvoir, la bureaucratie stalinienne sabordera le 1er Mai en le transformant en une journée de démonstration de sa puissance à travers l’organisation de défilés militaires)

    « Le Premier Mai est avant tout une revue des forces internationales du socialisme, de ses progrès, de ses formes. » Rosa Luxemburg

    L’évolution qu’a connu le 1er Mai à travers les années permet de retracer l’évolution du mouvement ouvrier lui-même, y compris des coups qui lui ont été portés. Certains 1er Mai sont ainsi marqués d’une pierre noire. En Italie et en Allemagne, les fascistes, arrivés au pouvoir avec la bénédiction et le soutien de la grande bourgeoisie mais soucieux de garder la classe ouvrière sous leur contrôle, joueront habilement d’un anticapitalisme démagogique en organisant des manifestations grandioses et des parades obligatoires pour ce qu’ils rebaptisent « la journée nationale du travail ».

    En Espagne, le 1er Mai 1937 sera également une expérience douloureuse : il coïncide avec un renforcement de l’étreinte des staliniens sur le foyer révolutionnaire espagnol. Ceux-ci se déchaîneront contre la grève générale, déclenchée spontanément à Barcelone malgré l’interdiction de manifester le 1er Mai promulguée par le Front Populaire. Dénonçant un prétendu « putsch hitlérien organisé par les trostkistes, agents du fascisme international », les staliniens en profiteront pour accélérer leur offensive destinée à mettre hors d’état de nuire tous les éléments révolutionnaires.

    Le Premier Mai aujourd’hui

    Depuis, les journées du 1er Mai ont connu des hauts et des bas, reflets du développement des luttes et des rapports de force entre les classes sociales. La chute du stalinisme, en ouvrant à la bourgeoisie un terrain propice à une offensive idéologique sans précédent et en accélérant la transformation des anciens partis ouvriers en partis bourgeois, a ainsi constitué une étape tournante dans la dynamique de « prostitution » de la fête du Premier Mai. En Russie, le fait que Boris Eltsine ait officiellement transformé la fête du travail en « fête du muguet » n’est évidemment pas une coïncidence.

    Un peu partout, les défilés syndicaux, les manifestations et les grèves ont progressivement cédé la place aux discours des bureaucrates et aux activités ludiques à travers lesquelles la politique a de plus en plus de mal à se frayer un chemin. C’est dans le même ordre d’idées que la direction de la FGTB a décidé d’annuler la fête du 1er Mai qui se tenait chaque année à la Place Rouppe à Bruxelles. Il est clair qu’il s’agit d’une tentative consciente de la bureaucratie visant à étouffer un des grands rendez-vous traditionnel de la gauche, des activistes et des militants syndicaux.

    Le vent est cependant en train de tourner. En Belgique, le mouvement contre le pacte des générations a révélé dans toute son ampleur le fait que le PS et le SP.a ont définitivement déserté le camp des travailleurs, et que leurs pions dans la bureaucratie syndicale ne pourront pas indéfiniment maintenir leurs griffes sur le mouvement ouvrier. Ces derniers mois, différentes réunions ont pris place à travers le pays en vue de la construction d’une nouvelle formation politique de gauche. Le MAS/LSP prend activement part à ses débats et pousse à la construction d’une initiative nationale. Cette année, le Premier Mai représentera une occasion unique pour répandre cet appel aussi largement que possible et d’en discuter avec le plus grand nombre de militants.

  • Droixhe : la mobilisation a permis le dialogue

    Ce vendredi 28 avril, une cinquantaine de locataires des logements sociaux de Droixhe ont occupé pendant deux heure le siège de la direction de la société Atlas. A cette mobilisation, appelée par le Comité de locataires pour une meilleure requalification, étaient présents, outre des locataires, des voisins venus les soutenir et des représentants du CCLP (le comité de locataires officiel).

    Le comité de locataires pour une meilleure requalification.

    A cette occasion, une pétition signée par plus de 500 habitants a été remise au conseil d’administration d’Atlas et à sa présidente Maggy Yerna. Alors que la société faisait miner d’ignorer le mouvement, l’action des locataires a permis d’entamer le dialogue avec le CA.

    Quelques délégués ont ainsi pu évoquer les problèmes qui touchent les locataires : appartements en chantier dans lesquels il faut vivre, logements de transits inadaptés, travaux laissés à moitié terminés. Ils ont posés leurs revendications : des appartements de transits corrects pour tous, une diminution des charges durant les travaux, une aide au déménagement pour tous les locataires et une indemnité pour chacun de façon à remettre en état les appartements après travaux.

    Le conseil d’administration a entendu ces revendications et à promis de réfléchir à la problématique. Une réunion est prévue vendredi prochain afin que des pistes soient proposées pour résoudre la crise.

  • 80.000 manifestants après la mort de Joe Van Holsbeeck. Une manifestation de solidarité impressionnante

    Ce dimanche 23 avril, une manifestation à travers les rues de Bruxelles a rassemblé 80.000 personnes, expression de la solidarité envers la famille et les amis de Joe Van Holsbeeck tout autant que de la condamnation unanime de cette violence inutile. Quelques membres du MAS/LSP étaient présents dans le même élan de solidarité. De cette Marche Silencieuse pouvait se faire entendre un puissant cri appelant à une société plus sûre, plus sociale, plus solidaire.

    Si la thématique de la sécurité était bien sûre évoquée par toutes les personnes avec qui nos militants ont engagé une conversation, très peu mettaient en avant la nécessité de renforcer la présence policière. Plutôt que de répression, c’était la nécessité de plus de prévention qui était fortement présente dans les discussions, notamment par l’intermédiaire de notre enseignement. Quant aux causes de cet acte, c’est la frustration de l’absence de moyens face à une société qui ne cherche qu’à promouvoir la possession matérielle qui était unanimement évoquée.

    Le souvenir de la Marche Blanche en 1996 vient de suite à l’esprit. La Marche Blanche était bien sûre plus grande, surtout grâce aux mobilisations qui la précédèrent, mais il s’agissait là également d’une expression spontanée et justifiée d’un sentiment de mécontentement vis-à-vis de la sécurité en général au sein de notre société.

    Bien des parents présents à ces manifestations étaient inquiets de notre futur, mais aussi et surtout de celui de nos enfants. C’est un fait que la société d’aujourd’hui devient de plus en plus dure et incertaine. L’insécurité s’installe dans tous les aspects de la vie des travailleurs et de leurs familles, que cela soit par rapport à l’emploi, au revenu, au logement, à la santé, aux pensions, à l’intégrité physique,…

    Une violence inutile

    La médiatisation de ce meurtre a donné l’opportunité à presque tous les politiciens traditionnels de donner leur avis sur les faits, tout en niant la « récupération politique ». Ils étaient cependant bien tous présents dans la presse, en s’abstenant bien entendu de faire une seule remarque critique sur la politique de ces 20 dernières années.

    Beaucoup de discussions ont eu lieu sur la violence inutile et la nécessité de l’endiguer, mais jamais il n’y a eu d’explication sur la raison pour laquelle un tel phénomène peut se développer. Une société incapable de donner un sens utile à la vie doit en payer le prix.

    Un courrier de lecteur dans le journal flamand « De Standaard » disait : « Il y a 50 ans, quand j’étais encore enfant, il n’y avait pas d’insécurité objective ou subjective. Mais il y avait partout des gardiens. Dans les parcs il a y avait des gardiens. Dans les gares, des contrôleurs de tickets et de voies. Dans les trams et les bus des chauffeurs et des contrôleurs de tickets. Dans les grands bâtiments publics des concierges, même dans les ascenseurs il y avait du personnel… Maintenant on paie des gens pour être sans emploi à la maison, et toutes ces tâches n’existent plus. Ces gens se trouvent exclus et ils ne participent pas à la vie sociale. Est-ce mieux ? »

    Ce courrier de lecteur exprime les changements survenus dans la société ces 20 dernières années. Les services publics ont été « rationalisés », occasionnant à la fois la suppression de dizaines de milliers d’emplois et la diminution de services publics. Il n’est que trop facile d’évoquer la responsabilité parentale lorsqu’on constate qu’au même moment des crèches sont fermées, ou rendues moins accessibles, qu’il y a des assainissements dans l’enseignement, et que de nombreux parents sont forcés de s’adapter à des horaires de plus en plus flexibles pour des salaires de plus en plus bas. En Belgique, 15% de la population est sous le seuil officiel de pauvreté, ce qui est trop facilement expliqué par la responsabilité individuelle de ces pauvres. Cela n’explique en rien pourquoi ce chiffre a doublé depuis 7 ans.

    De véritables socialistes sont pour une sécurité sociale forte, ce qui implique bien plus que des allocations et des assurances. Cela implique aussi le fait d’avoir une place dans la société, de vivre dans un milieu sain et sûr, de travailler et de vivre dans une situation stable,… Ces éléments de sécurité ont fondu comme neige au soleil durant les 20 années précédentes.

    Sécurité pour tous

    La seule réponse des politiciens traditionnels face à l’inégalité croissante est plus d’inégalité et de répression. La résistance contre cette inégalité est de plus présentée comme « conservatrice ». En France, lors du mouvement contre le CPE et la précarité, des jeunes et des générations plus âgées se sont mobilisées contre l’insécurité de l’emploi pour la jeunesse. Une rédactrice de « De Standaard », Mia Doornaart, a osé décrire ce mouvement comme « un réflexe conservateur ». Elle disait également que « Les étudiants d’aujourd’hui vont connaître moins de sécurité, mais plus de défis. »

    De véritables socialistes veulent lutter pour plus de sécurité pour tous. Dans la société actuelle, seules comptent la compétition et la maximalisation des profits. Dans ce processus, des couches sans cesses plus larges de la population se retrouvent misent de côté, ce qui mène à une société plus dure. Mais pour la classe dirigeante, cela n’est aucunement un problème. Augmenter la répression n’aboutira pas à une solution.

    La lutte contre la violence inutile est la lutte pour un bon avenir pour tous. Un futur dans lequel un MP3 ne sera pas une raison pour tuer. Pour cela, on ne peut pas accorder sa confiance aux politiciens traditionnels qui ont déjà démontré l’étendue de leur incapacité.

    Il faut rompre avec la logique du système actuel et de ses représentants politiques.

  • Un cadre régional VB organise des concerts nazis

    La veille du 1er Mai, le groupement d’extrême-droite Vlaamse Jongeren Westland (VJW) organise un concert du groupe nazi Standrecht. Le même groupe s’était déjà produit il y a quelques années devant les étudiants du Vlaams Belang à Gand.

    Geert Cool

    Cette fois-là, le concert avait eu lieu dans le cadre de la commémoration de la Nuit de Cristal qui fut un pogrom sanglant contre les Juifs d’Allemagne en 1938. L’organisateur des deux événements est Pieter Van Damme qui siège au conseil régional du Vlaams Belang pour la région de Bruges.

    Le VB avait d’abord refusé d’engager Van Damme comme permanent à cause de son tempérament « trop véhément ». La direction du parti a visiblement changé d’avis puisque Van Damme a quand même été repris dans le conseil régional.

    Les opinions de Van Damme laissent peu de place au doute : « Les études sur l’intelligence comparée des races en disent assez : les Nègres sont plus bêtes que respectivement les Latinos, les Blancs et les Asiatiques d’Extrême-Orient », « Les drogués sont des dégénérés qui doivent être désintoxiqués de force dans des institutions fermées. S’ils rechutent ensuite, mieux vaut les euthanasier »,…

  • Budget de l’Etat : le dessous des cartes

    Continuant sur sa lancée entamée en 1999, la majorité socialiste-libérale continue à réduire le déficit du budget de l’Etat. Pas de quoi pavoiser pour autant…

    Xavier Dupret

    Pour la septième année consécutive, le gouvernement annonce un budget en (relatif) équilibre avec un besoin de liquidités pour financer le déficit budgétaire (ce que les spécialistes appellent le « solde net à financer ») s’élevant à seulement 0,9% du Produit Intérieur Brut (PIB). Tout irait-il donc pour le mieux dans le meilleur des mondes? Pas si sûr…

    Car la dette du passé continue à peser lourdement sur les finances publiques belges. C’est ainsi que le remboursement de la dette s’élève à plus de 25,5 milliards d’euros, soit une augmentation de près de 5% par rapport à l’an dernier. Si on additionne le « solde net à financer » à cet énorme poids de la dette, on obtient ce que l’on appelle le « solde brut à financer ». Celui-ci s’élève à 28,2 milliards d’euros et a connu une augmentation de… 64% depuis 1999. Ce qui signifie que, depuis toutes ces années, on bouche un trou pour en creuser un autre. D’un côté, on réduit le déficit du budget. Et de l’autre, avec les moyens ainsi libérés, on rembourse avec entrain la dette. Mais ce petit jeu n’a rien d’innocent.

    Le remboursement de la dette de l’Etat représente en effet une dépense improductive dans la mesure où elle ne bénéficie qu’aux seuls banquiers qui perçoivent des intérêts sur le capital. Sachant que les profits des grandes banques belges se sont élevés, cette année, à 9,8 milliards d’euros, on ne trouvera guère matière à se réjouir des réalisations financières de la coalition violette. Et ce n’est pas tout hélas! Car, si le remboursement de la dette ne profite qu’aux seuls capitalistes du secteur financier, le budget de l’Etat, couvre, lui, l’ensemble des besoins de la nation. En clair, ce gouvernement favorise les profits du secteur bancaire en négligeant les besoins sociaux de la population.

    Et dire que depuis 10 ans, «on» nous présente cette politique comme inévitable et que chaque famille politique représentée au Parlement a fait sien ce credo. Pensée unique, parti unique!

    (NDLR : les chiffres cités dans cet article ont été repris sur le site du SPF Economie, PME, Classes moyennes et Energie : http://statbel.fgov.be/figures/d45_fr.asp)

  • Mobilisation de locataires à Liège

    La gestion des logements sociaux en Wallonie n’a pas cessé de faire parler d’elle. Après la Carolo, après Mons, voici Droixhe. Dans cette banlieue de Liège à la réputation de quartier chaud, la société de logements sociaux « Atlas » a entamé des travaux de rénovation des immeubles qui dominent le quartier.

    Simon Hupkens

    Jusqu’ici, il y a de quoi se réjouir. Après avoir laissé pourrir ses bâtiments, la société fait mine de s’en préoccuper. Les pouvoirs publics investissent enfin dans des logements sociaux de qualité! Pourquoi maintenant? Cela aurait-il un rapport avec le projet de céder une partie de la société à un investisseur privé hollandais?

    Rien ne permet de le dire à l’heure actuelle mais on peut trouver étrange que le public rénove, juste avant de les céder au privé, des habitations sociales. Ceci dit, l’essentiel n’est pas là. Les locataires, qui avaient accueilli la nouvelle de façon plutôt positive, vont vite déchanter. la société Atlas ne les a pas du tout préparés à un chantier d’une telle ampleur. Ils découvrent qu’ils vont devoir vivre dans un appartement ouvert à tous les vents (les ouvriers remplacent notament les châssis de fenêtres) pendant souvent quatre à six semaines.

    Les travaux prennent en effet vite du retard. L’entrepreneur a manifestement mal évalué la durée du chantier et les locataires en sont pour leurs frais. Conséquence d’un tel retard, les ouvriers bâclent le travail. Ils laissent les appartements à moitié finis, murs mal replafonnés, papier-peint et lino arrachés, portes et plinthes abimées.

    Quelques mécontentements se font entendre chez les locataires. Mais Atlas a prévu de quoi calmer la grogne: la société a engagé quatre sociologues de l’université de Liège pour étudier les réactions des locataires face à la requalification.

    Ces sociologues sont aussi chargés de rencontrer les locataires individuellement pour trouver une solution à leurs problèmes.

    Officiellement du moins, car si on en croit les témoignages de locataires, ces entrevues sont plutôt destinées à les convaincre que leur sort n’est pas si dramatique. Devant l’inertie de la direction d’Atlas et devant son manque de volonté évident à rencontrer les attentes des locataires, quelques-uns d’entre eux ont décidé il y a quelques semaines de passer à la vitesse supérieure.

    De concert avec quelques militants du MAS habitant le quartier, ils entreprennent de mobiliser les locataires. Constitué en comité auto-organisé « pour une meilleure requalification », ils organisent une assemblée – à laquelle participent une septantaine de locataires – et une campagne de presse très efficace dont le retentissement médiatise la lutte qui s’est engagée et met la pression sur la direction de la société de logements.

    A la suite de cette première assemblée, il a été décidé de faire circuler une pétition pour demander principalement un logement de transit adapté pour chaque famille ainsi qu’une indemnité pour les dégâts inévitables occasionnés lors des travaux. Au travail depuis la mi-avril, locataires et militants récoltent les signatures et informent ceux qui ne sont pas encore concernés de la nature des travaux qui auront lieu chez eux. La rapidité avec laquelle les feuilles de pétition s’accumulent démontre que les locataires sont largement favorables à l’initiative.

    Jusqu’ici, et malgré une invitation à la première assemblée de locataires, la direction d’Atlas n’a pas daigné se manifester. C’est pourquoi il a également été décidé d’appeler à un rassemblement le jour où le comité ira déposer les pétitions aux bureaux de la société.

    Ceci afin de démontrer que cette mobilisation n’est pas le fait de quelques mécontents comme Atlas aimerait le faire croire, mais qu’elle implique l’ensemble des locataires. Nous savons pourtant que ni une pétition ni un rassemblement n’ont jamais poussé aucun pouvoir à respecter une volonté collective. Ce n’est que le début de la lutte.

    Le défi du mouvement est actuellement d’organiser massivement les locataires, de trouver dans le quartier et au-delà les solidarités qui s’imposent et de voir comment la pression sur Atlas sera la plus efficace.

  • Droixhe. Locataires en colère

    A Droixhe, en périphérie de Liège, les locataires des logements sociaux « Atlas » se mobilisent pour protester contre la façon dont les travaux de réhabilitation des immeubles sont menés.

    Simon Hupkens

    Depuis plusieurs semaines, des familles et des personnes âgées vivent au beau milieu des travaux, dans des appartements parfois ouverts à tous vents. Ceux qui ont eu la chance d’obtenir un appartement de transit se sont retrouvés dans des studios étriqués et mal équipés.

    Constitués en comité de locataires pour une meilleure réhabilitation, les habitants ont décidé au cours d’une première assemblée de faire circuler une pétition pour réclamer un logement de transit convenable pour tous, une aide au déménagement sans condition, une indemnité pour les dégâts occasionnés lors des travaux et une baisse des charges pour la durée du chantier.

    La pétition circule dans le quartier afin de faire connaître la lutte des locataires et de mobiliser les habitants. Elle sera remise par la suite à la direction d’Atlas au cours d’un rassemblement des locataires.

    Les pouvoirs publics ont les moyens de mener ces travaux dans des conditions décentes pour les habitants. Exigeons d’eux qu’ils les mettent en oeuvre.

    Soutenez le mouvement des locataires de Droixhe: signez leur pétition. Pour des investissements massifs dans les logements sociaux! Pour des logements de qualité! Un toit est un droit!

  • Les congrès régionaux du MAS/LSP dressent le bilan de leur travail

    Un an après la mise sur pied de nouvelles structures et directions régionales (destinées à servir d’intermédiaires entre nos structures nationales et les sections locales), cinq congrès régionaux du MAS/LSP se sont tenus le weekend des 1er et 2 avril. Nos membres y ont discuté des développements les plus importants qui se sont produits dans la société, de la manière dont nous sommes intervenus en tant que parti politique dans ceux-ci et des tâches qui nous attendent.

    Els Deschoemacker

    Tant les discussions politiques qu’organisationelles ont été très animées. Ce qui n’a rien d’étonnant vu la situation objective. Quatre jours seulement avant les congrès, trois millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté et fait grève en France contre le CPE, la plus importante mobilisation depuis 40 ans. En Grande-Bretagne, 1,5 millions de travailleurs des services publics ont fait grève, la mobilisation la plus importante dans ce pays depuis 1926! Au même moment, les travailleurs communaux allemands cessaient le travail en guise de protestation contre l’allongement du temps de travail. Là aussi, forte mobilisation, la plus importante depuis 14 ans!

    Lors de ces congrès, nous avons discuté des limites sur lesquelles butent le capitalisme et de ce que cela signifie pour la classe des travailleurs. Depuis des années, on nous répète que le capitalisme est indépassable et qu’il est le stade final de l’Histoire. Nous n’avons jamais été d’accord avec cette idée. Ainsi nous avions expliqué que la croissance de l’extrême-droite au début des années ’90 indiquait en fait un accroissement du mécontement, même si celui-ci s’exprimait de façon erronée. Le mouvement contre la mondialisation a fait descendre dans la rue des jeunes sur une orientation plus anticapitaliste.

    Aujourd’hui, c’est la classe des travailleurs qui revient à l’avant-plan. C’est un changement essentiel parce que cette classe est la seule force sociale qui, grâce à sa puissance économique et numérique, peut arriver à transformer fondamentalement la société.

    Ce qui manque encore, c’est une image claire de l’alternative à proposer. Le MAS/LSP propose la perspective d’une société socialiste. Mais, en même temps, nous prenons en compte le fait que le mouvement qui se développe parmi les travailleurs et les jeunes est encore à la recherche d’un chemin politique à suivre et qu’il ne pourra tirer des conclusions plus radicales que sur la base des expériences qu’il fera. Il faut donc aujourd’hui un nouveau parti des travailleurs qui permette d’engager la lutte sur le terrain politique tout en permettant de débattre en profondeur du programme à mettre en avant. Notre rôle dans la construction d’un tel parti a été le principal sujet des discussions.

    Finalement, nous avons dressé le bilan de notre travail au cours de l’année écoulée. Cette discussion est d’une importance capitale afin de former nos nouveaux membres et de les intégrer à fond dans la construction de l’organisation. Elle a aussi pour objectif de transformer nos structures régionales en organes dirigeants à part entière, une condition prioritaire pour continuer à construire notre parti.

    Ces congrès ont aussi permet d’insister sur le fait que nous devons aussi veiller à ne pas être trop absorbés dans le fonctionnement de nos structures internes, ce qui nous empêcherait de nous engager à fond dans les discussions et les luttes politiques dans la rue et les lieux de travail.

    Confiance et enthousiasme étaient présents dans ces congrès, chose prometteuse pour les mois à venir!

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