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  • Rapport de l’action de solidarité avec la lutte des jeunes en France contre la précarité

    Ce mardi 28 mars était une journée historique en terme de mobilisation en France. Près de 3 millions de personnes, étudiants, chômeurs, travailleurs confondus ont défilé dans les rues de l’hexagone pour protester contre la loi de régression sociale dite de « l’égalité des chances ».

    Les Etudiants de Gauche Actifs

    Les Etudiants de Gauche Actifs soutiennent vigoureusement cette lutte contre la précarisation de l’emploi et ont tenu à organiser un rassemblement devant le consulat de France à Bruxelles afin de concrétiser leur soutien (d’autres sont allés manifester dans les rues de Lilles ou de Paris) et de protester contre le démantèlement social que subit l’ensemble de l’Europe.

    Plusieurs communiqués de presse avaient été envoyés et nous avions mobilisé pendant deux semaines et notamment à la manifestation contre le décret Simonet avec un tract faisant un lien entre les attaques que l’enseignement subit ici en Belgique et celles mises en place en France pour l’emploi des jeunes.

    Nous étions pourtant qu’une petite vingtaine (étudiants de la VUB, de l’ULB, de la Haute Ecole de la Poste, et travailleurs) devant le consulat, mais sans aucun doute, combatifs et déterminés (sous les slogans de « non à la précarité, étudiants , travailleurs solidarité » ou encore « résistance internationale contre l’Europe du capital »).

    Il est important de montrer une solidarité internationale face aux attaques qui nous touche tous. En effet, le pacte des générations, celui contre les chômeurs, les attaques dans l’enseignement, etc.… ne sont pas des mesures isolées mais se retrouvent dans un contexte d’attaques néolibérales appliquées au niveau européen. Et c’est à l’échelle internationale que nous devons nous y opposer.

    Ci dessous la lettre donnée au consulat:


    Bruxelles, le 27 mars 2006

    Les Etudiants de Gauche Actifs

    Tel : 0497/92.12.63

    Site web: www.gauche.be

    Email: ega@gauche.be

    Madame, monsieur

    Le cercle des Etudiants de Gauche Actifs de toutes les universités et hautes écoles de Belgique, et les personnes venues appuyer leur lettre, tiennent à vous faire part de leur total désaccord avec la loi dite pour l’égalité des chances. Cette loi n’annonce que précarisation, flexibilité, avenir misérable pour les jeunes, et n’est que le reflet d’une politique ultra-libérale appliquée partout en Europe et dans le monde. Cette politique qui ne profite qu’au patronat nous la refusons. Nous trouvons également scandaleuses les méthodes répressives employées pour discréditer et museler l’opposition criée par les jeunes et les travailleurs.

    Le gouvernement français n’a le droit de rester sourd à ce mouvement de contestation qui traverse sont pays. Il est clair que la majorité de la population s’oppose au moins au CPE.

    Si ce gouvernement refuse de retirer cette mesure, c’est qu’il ne représente nullement son pays. Le mot d’ordre de la coordination nationale étudiante appelant à la démission du gouvernement nous semble des plus légitimes en ce sens.

    Nous constatons que partout en Europe (et certainement dans le reste du monde) des attaques visant à reprendre nos acquis sociaux sont lancées. La précarisation de la vie et du travail se fait ressentir de plus en plus clairement. Face à ce démantèlement social nous nous devons de réagir. C’est pourquoi nous soutenons vigoureusement la lutte des étudiants, des lycéens et des travailleurs contre cette loi de plus, synonyme de régression sociale.

    Salutations socialistes,

    Les Etudiants de Gauche Actifs

  • ÉNERGIE: Nos intérêts ne sont pas les leurs

    Un sommet européen vient de se tenir à Bruxelles. Au menu: la politique énergétique. Le consommateur, à l’heure des grandes manoeuvres spéculatives, y trouvera t-il- son compte? On peut en douter…

    Xavier Dupret

    Energie: du monopole public au monopole privé…

    La construction européenne, basée sur le libre-échange, a entrepris, dès 2002, le démantèlement des monopoles nationaux en vigueur dans les Etats-Membres. Le projet européen de libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz poursuit plusieurs objectifs: favoriser l’émergence d’un marché européen de l’énergie unifié, accroître la compétitivité des entreprises européennes du secteur de l’énergie face à leurs concurrents internationaux, faire profiter les consommateurs (professionnels en particulier) des baisses de prix sur le marché de l’énergie entraînées par la restauration de la libre concurrence. On fera remarquer, dès le départ, que la baisse des tarifs concerne en priorité les gros consommateurs (les entreprises).

    En laissant les coudées franches à de grands groupes, on risquait de favoriser l’apparition de monopoles privés au niveau européen, non sans conséquences d’ailleurs. « Les résultats observés sur les marchés européens sont mitigés au regard des objectifs initiaux : forte volatilité des prix de l’électricité sur plusieurs marchés européens, recrudescence croissante des incidents » (1.) Ce genre de remarque permet de voir où le bât blesse. C’est qu’avant la libéralisation, l’existence de monopoles trouvait son explication dans les investissements nécessaires à la mise en oeuvre de la production d’énergie. Au total, la libéralisation aura juste permis un transfert de propriété du public vers le privé. A la clé: une perte de contrôle démocratique sur le secteur de l’énergie.

    Electrabel: la poule aux oeufs d’or

    La libéralisation a eu très vite ses effets sur le marché intérieur belge. C’est ainsi qu’Electrabel est passé sous le contrôle de Suez pour en devenir le pôle d’électricité. Le passage a été progressif. Au départ, Suez, groupe de service aux collectivités et spécialisé dans l’énergie, détenait déjà 50,1% des parts de la société belge. En août 2005, les actionnaires minoritaires ont été dégagés et Electrabel est passé sous le contrôle total de Suez. Cette stratégie de consolidation répondait à un souci de protection. Enel (Ente Nazionale per l’Energia Elettrica), la société nationale italienne d’électricité, principal producteur d’énergie électrique du pays, a fait connaître son souhait de se porter acquéreur d’Electrabel qui est très rentable puisque ses centrales sont amorties depuis longtemps.

    Evidemment, pour capter Electrabel, il fallait passer par Suez qui n’a jamais voulu lâcher la poule aux oeufs d’or. Résultat des courses : après avoir fait l’objet d’une tentative de rachat par ENEL, Suez a décidé de fusionner avec Gaz de France (GDF). Suez restera français, Electrabel aussi.

    De l’eau dans le gaz en Belgique

    Outre l’électricité, Suez est également, en Belgique, à la tête du principal réseau de stockage et de distribution de gaz, via ses filiales Fluxys et Distrigaz. Le projet de fusion avec GDF -qui vend du gaz en direct en Belgique et qui y est aussi le second producteur d’électricité via sa filiale SPE (qu’il contrôle avec le britannique Centrica) – aboutirait, donc, à la création d’un monopole énergétique. Evidemment, les garanties pour le consommateur sont des plus minces. L’Europe du libre marché n’aura pas eu pour effet, chez nous, d’accroître la concurrence, bien au contraire. Et à quelques mois des communales, ça fait désordre. D’où l’intervention du Premier Ministre. Les pistes avancées sont soit une cession d’actifs en Belgique par GDF et Suez soit le démantèlement pur et simple d’Electrabel. La solution préconisée par les libéraux flamands – et les écologistes francophones ! – tendrait plutôt à casser Electrabel avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer. Car si le secteur belge de l’électricité devait se caractériser par un grand nombre d’opérateurs individuels, le principe de concurrence reposerait aussi par une renégociation des acquis des travailleurs du secteur, compression des coûts oblige. Pour rappel, le bénéfice d’Electrabel a grimpé de 60,4% l’année dernière. Décidément, cette Europe n’est pas la nôtre…

    (1) 10ème session du cycle de conférences de politique énergétique organisé conjointement par le Commissariat général au Plan, Paris, février 2004

  • Anne-Marie Lizin en visite de complaisance à Guantanamo-les-Bains

    Les termes « Libres et égaux » sont sous le capitalisme deux notions dont on use opportunément pour les oublier aussitôt. Ainsi, notre présidente du Sénat, Anne-Marie Lizin, s’est rendue sur la base militaire de Guantanamo afin d’y élaborer un rapport sur les conditions de détention des prisonniers.

    Marie Christelbach

    On saluera son excès de zèle lorsqu’après une heure seulement d’observation passive, et après avoir accepté de ne pas rencontrer directement de prisonniers, elle prétend être en mesure de se faire une idée précise du bon traîtement qui leur est dispensé! Aux oubliettes les déclarations d’avocats de détenus et autres témoins sur les tortures infligées aux prisonniers ainsi que sur l’isolation et l’emprisonnement abusif de suspects en détention indéfinie et pourtant noninculpés (quatre années pour certains)… Elle ira jusqu’à déclarer au sujet de l’unique prisonnier dont elle a vu un interrogatoire sur un écran muet (!): « le prisonnier s’est montré très sage, et il a donc pu boire »…

    Sans doute madame Lizin cherchet- elle à dissiper toute inquiétude sur le fonctionnement du modèle de démocratie que sont les Etats-Unis?

  • L’appel à une alternative de gauche a de plus en plus d’écho en Europe… Mais quelle alternative?

    Bas de Ruiter, Offensief (notre organisation soeur aux Pays-Bas)

    Pays-Bas: défaite du gouvernement et progression de la gauche

    Les élections communales du 7 mars ont provoqué un séisme politique aux Pays-Bas. Les partis qui en sont sortis vainqueurs sont le PvdA (l’équivalent de notre PS) qui est passé de 15,6% des suffrages à 23,3%, et le Socialistische Partij (un parti de gauche plus radical) qui a progressé de 2,9% pour atteindre 5,7% des voix.

    La victoire électorale de ces deux partis a eu des répercussions au plan national. Selon un sondage du 17 mars, le PvdA et le SP disposeraient ensemble d’une majorité de 79 des 150 sièges au parlement. Ce résultat montre qu’une grande partie de la population est à la recherche d’une alternative à la politique d’austérité néolibérale menée par le gouvernement de droite. Mais toute la question est de savoir en quoi consiste cette alternative et comment elle pourra se mettre sur pied.

    Les négociations pour la formation de coalitions locales vont bon train et des majorités réunissant le PvdA, le SP et Groen Links (les Verts) sont possibles dans plusieurs communes. Selon nous, une coalition communale qui prétend défendre les intérêts des travailleurs et des jeunes devrait au minimum satisfaire les revendications suivantes pour faire la différence avec la politique actuelle:

    * Investir massivement dans des logements à un prix abordable;

    * Etendre la gratuité des transports en commun au lieu de les privatiser;

    * Créer des emplois en nombre dans les services communaux (maisons de quartier, écoles, services de nettoyage, transports en commun, pompiers,…), avec des contrats à durée indéterminée et un salaire décent;

    * Augmenter les budgets du secteur non-marchand (soins à domicile, transport des handicapés,…) et refuser toute ingérence du privé dans ce secteur;

    * Augmenter les allocations et les aides sociales;

    C’est le minimum pour commencer à résoudre les problèmes sociaux. Un tel programme coûte évidemment de l’argent et il va souvent à l’encontre de la législation nationale. Un collège de gauche devra donc engager la lutte contre le gouvernement de Balkenende en mobilisant la population et en organisant des actions de protestation. Mais toute la question est évidemment de savoir si les partenaires pressentis du SP pour une coalition de gauche, à savoir le PvdA et GroenLinks, sont prêts à s’engager dans une telle lutte…

    Si, en dépit de cela, le SP décidait tout de même de gouverner avec ces deux partis, il prendrait le risque considérable d’être considéré comme coresponsable de la politique d‘austérité. Là où le SP fait déjà partie d’une coalition locale, comme à Nijmegen, la fraction SP du conseil communal a été placée devant la ‘nécessité’ d’économiser dix millions d’euros et a même approuvé la privatisation des bus et du service du logement!

    Que faire alors?

    Des améliorations peuvent aussi être imposées depuis l’opposition si le SP honore son ancien slogan “pas de fraction sans action” et mobilise la population, si possible avec les syndicats. L’Histoire nous apprend que rien n’est acquis sans lutte, que ce soit sur les plans local, national ou international. Si le SP prend la tête de ces luttes locales et s’il les lie à la lutte plus générale pour une société socialiste, il pourra se transformer en un véritable parti des travailleurs, un parti capable de transformer réellement la société. Offensief, l’organisation soeur du MAS/LSP aux Pays-Bas, milite pour cette stratégie, au sein et en dehors du SP.

    Un grand potentiel pour la gauche en Allemagne

    Dans le feu de la lutte contre l’offensive générale que le gouvernement de coalition entre socialistes et écolos de Schröder a menée ces dernières années contre les travailleurs et les chômeurs, une nouvelle formation politique de gauche, le WASG, a vu le jour. Aux élections nationales du 18 décembre dernier, les listes communes du WASG et du PDS (l’exparti communiste d’Allemagne de l’Est) ont obtenu 8,7% des voix et 54 sièges. Aujourd’hui le WASG compte 12.000 membres. Depuis les élections, les directions de ces deux partis souhaitent accélérer la fusion des deux formations.

    En préparation aux élections régionales qui auront lieu en septembre, il y a eu une discussion sur la politique que le PDS a menée à Berlin avec le SPD, le parti social-démocrate, dans le gouvernement régional. A Berlin, le PDS s’est rendu coupable d’une politique qui a notamment introduit les emplois “à un euro” et la vente/ privatisation des services publics, entre autres celle de 60.000 logements sociaux. Ce sont les caractéristiques d’une politique néolibérale dont le WASG se distancie au niveau national et qui ne constituent évidemment pas une base saine pour la formation d’un nouveau parti de gauche. Comme l’a déclaré Lucy Redler, présidente du WASG à Berlin et membre du SAV (notre organisation-soeur en Allemagne), “on ne peut pas causer du socialisme le dimanche et imposer des coupes d’austérité pendant la semaine”.

    Pour une candidature indépendante

    Lors du congrès berlinois du WASG le 25 février, deux tiers des délégués ont voté une résolution qui prône une candidature indépendante du WASG lors des élections régionales de septembre. Cette décision a été prise après une période d’intense discussion démocratique dans les organes élus et dans les sections locales du parti. Les membres ont ensuite validé cette décision par un référendum interne. Un sondage préélectoral a aussi confirmé cette option : la coalition « rouge-rouge » (SPD/PDS) serait sanctionnée pour sa politique néolibérale et le WASG recueillerait 4,5% alors qu’il n’a encore mené aucune campagne. 5% des voix suffiraient pour que le WASG obtienne des élus au parlement régional, qui pourraient alors faire entendre une voix réellement à gauche. Si le WASG ne se présente pas seul, bon nombre de votes de protestation iraient sans doute à l’extrême droite.

    L’unité oui, mais laquelle?

    Cette décision va donc à l’encontre de la volonté de la majorité du comité national du WASG et de la direction nationale et locale du PDS (maintenant Linkspartei.PDS) qui veulent imposer à tout prix une liste commune lors des élections régionales et, dans la foulée, une fusion entre les deux formations.

    Le WASG berlinois ne s’oppose ni à l’unité à gauche ni à la constitution d’un grand parti démocratique au plan national, mais il refuse d’endosser la responsabilité de la politique néolibérale menée par le PDS berlinois en coopération avec le SPD. En effet, l’unité à gauche ne peut s’enraciner que dans la lutte contre la politique néolibérale.

  • De Lijn: 7 jours de “tarifs-zéro” à Gand et Anvers

    A l’occasion d’un changement de tarif le 1er mars, les chauffeurs de De Lijn à Anvers et à Gand ont refusé de faire payer les trajets.

    Un correspondant

    Depuis le 1er mars, les voyageurs peuvent acheter des tickets dans 2500 points de vente (librairies,…) et auprès de distributeurs automatiques. Les tickets et cartes vendus dans le bus ou le tram sont au moins 20% plus chers. Mais voilà où le bât le blesse: les distributeurs automatiques, souvent, ne marchent pas, les voyageurs doivent donc payer plus. De surcroît, ni les chauffeurs, ni les voyageurs n’ont été bien informés.

    La direction de De Lijn a simplement poussé les chauffeurs dans la fosse aux lions face à des voyageurs surpris, qui ne pouvaient pas acheter un ticket aux distributeurs automatiques et qui devaient payer plus dans le bus, ou encore qui ne savaient tout simplement pas où acheter les tickets en prévente… C’était au chauffeur d’être confronté, seul, à la colère et l’incompréhension des usagers. Après sept jours de grève de paiement, un accord a été conclu: les distributeurs automatiques vont avoir un entretien, les chauffeurs vont recevoir une formation supplémentaire sur le système et à Anvers, des lignes où tout les arrêts sont pourvus de distributeurs automatiques ne vont plus vendre de tickets dans le tram. Après trois mois suivra une évaluation.

    Le passage à un système de prévente chez De Lijn est une tentative d’alléger la pression sur la durée de conduite et de repos. Mais avec cet accord, rien ne change fondamentalement. Le temps de repos est toujours dans plusieurs cas du temps de rattrapage pour les délais faits.

  • INBEV: Tournées de licenciements après tournées de licenciements pour étancher la soif de profit du géant de la bière…

    Plus de 500 licenciements ont été annoncés en Belgique, ainsi que la fermeture des brasseries de Hoegaarden et de Molenbeek. Inbev est déjà la plus grande brasserie au niveau mondial – un de ses slogans est d’ailleurs « going from bigger to best » – mais les concurrentes Anheuser-Busch et SABMiller font plus de bénéfices avec un volume plus petit. En d’autres termes, il faut faire plus de profit, de préférence sur le dos du personnel. Mais quand il s’agit des primes des managers, il y a deux poids deux mesures.

    Luc Janssens

    En chiffres

    • 1,024 milliard de profits en 2005…
    • 31 millions d’euros en prime de départ pour trois managers…
    • Les familles Spoelberch, de Mevius en Vandamme, les plus importants actionnaires d’Inbev, ont une fortune de 7.357.577.790 euro, ce qui fait d’eux de loin les plus riches familles de Belgique…
    • Et 500 licenciements…

    La première restructuration a eu lieu en octobre dernier: 45 employés au bureau principal ont été licenciés. Alors que les négociations étaient encore en cours, les 45 travailleurs ont reçu, en décembre, leur lettre de licenciement. Fin novembre, une deuxième restructuration eut cours en Belgique. Il s’agissait de la fermeture des brasseries d’Hoegaarden et de Molenbeek et de licenciements dans presque tous les sièges. Cette restructuration était encore en cours lorsque Inbev en a annoncé une nouvelle le 24 février, lors d’une réunion extraordinaire du conseil d’entreprise : 360 licenciements à travers l’Europe, dont 201 en Belgique. Cette fois, c’est le siège de Jupille qui est visé, dont l’administration sera délocalisée vers la Tchequie et la Hongrie. Mais ça ne s’arrête pas là. Une semaine plus tard, plus de 200 licenciements étaient annoncés en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Il apparaît clairement que d’autres restructurations auront lieu. Les sièges de Belgique ne seront pas touchés dans l’année à venir, à l’exception de cinq licenciements. Mais qu’arrivera-t-il ensuite? Une nouvelle tournée pour les sièges de Belgique? En appliquant la restructuration en différentes phases et en délocalisant, Inbev suit la stratégie de diviser pour mieux régner. Il s’agit de monter les travailleurs des différentes entreprises les uns contre les autres: méthode qu’Inbev continuera d’utiliser pour s’attaquer aux conditions de travail et de salaire du personnel (sauf évidemment pour les managers).

    Les réactions ont fusé immédiatement. Après l’annonce de la fermeture de la brasserie de Hoegaarden, 3000 personnes ont manifesté dans le village. Après l’annonce des licenciements à Jupille, l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré dans une interview : « Si les lois économiques ne tiennent pas compte de l’être humain, ces lois doivent changer. Les pertes d’emploi s’empilent. Hier c’était à Arcelor, aujourd’hui à Inbev. Et demain? Est-ce cela le côté européen de la mondialisation de l’économie? Cela nous touche. Avec les victimes, leurs familles, leurs collègues et beaucoup de citoyens nous disons: si la logique financière provoque tant de souffrance, elle est inhumaine et elle doit changer. »

    La logique du système actuel est en effet au service du profit. Pour augmenter ces profits, des travailleurs sont jetés à la rue. Ici et là, on entend proclammer l’impuissance quant à la volonté arbitraire des multinationales. Les politiciens crient au scandale, mais au moment décisif ils disparaissent. Ou peut-être ont-ils peur de perdre leur (futur) siège dans le conseil d’administration? Pourquoi n’entendons- nous rien de Jean-Luc Dehaene présent au conseil d’administration d’Inbev? Pas de commentaire? Quelques larmes de crocodile pour ensuite repasser à… de nouvelles attaques sur nos salaires et nos pensions. Bien que des multinationales comme Inbev sont influentes, cela ne signifie pas qu’elles peuvent faire n’importe quoi. Mais pour les arrêter, il faut établir un rapport de force. Il est donc nécessaire de répondre à la stratégie de division d’Inbev. Pour cela il faut un plan d’action commun, européen et combattif, discuté sur les lieux de travail, avec comme point central la lutte pour chaque emploi. Mais même si cela mène à une victoire, elle ne serait que temporaire. Tant que nous vivrons dans un système capitaliste, les profits seront toujours primordiaux, et l’attaque suivante n’est qu’une question d’échéance. Des victoires ponctuelles sur des multinationales comme Inbev sont possibles à condition de construire un rapport de force. Une longue phase de concessions systématiques occtroyées par les multinationales, comme, dans une certaine mesure, lors des « golden sixties », est par contre exclue dans cette phase du capitalisme. Pour de véritables résultats, il faut fondamentalement briser le système et construire une société socialiste.

  • Bart Somers supprime les subsides de la maison des jeunes “Rzoezie”

    A l’occassion des émeutes en France, P-magazine a interviewé des collaborateurs de l’asbl « Rzoezie ». Ils y dénoncent le racisme présent à la police de Malines. Rzoezie s’est plus tard distancié de l’article en raison des simplifications et du manque de nuance du journaliste. Le conseil communal a néanmoins utilisé cette interview pour lancer une attaque. Bart Somers (président du VLD et bourgmestre de Malines) a fait des déclarations musclées dans les médias et le conseil communal a porté plainte pour diffamation contre trois collaborateurs en exigeant leur licenciement.

    Wouter Gysen

    L’année passée, 10.000 euros de subsides ont déjà été supprimés, suivis le 23 février par la suppression de 14.000 euros supplémentaires, ce qui signifie la perte d’un animateur. Dans les deux premiers mois de cette année, le budget a été versé avec 6.000 euros de moins que prévu. En plus, le conseil communal a aussi attaqué deux autres projets de l’asbl: le « Point d’Appui Emploi » et le « Travail de Jeunes Mobiles ». La fin de ces projets signifiera selon Rzoezie la fermeture de la maison de jeunes. Nous avons de grands doutes sur la capacité des autres institutions à mener à bien de tels projets.

    A l’exception de l’unique conseiller de Spirit, toute la coalition majoritaire (qui comprend le VLD, le CD&V, Groen! et Spirit) a voté pour la suppression des subsides. Les partis d’opposition SP.a et Vlaams Belang ont voté contre, le VB parce que « Rzoezie n’est pas attaqué assez fortement ». Groen ! par contre a déclaré à la presse être contre le démantèlement de « Rzoezie », mais son échevin Jowan Lamon a voté pour les coupes dans le budget et pour le transfert des projets.

    Les 14.000 euros de subsides supprimés seront à l’avenir donnés à la maison de jeunes « Tsentroem ». Le conseil communal avait aussi supprimé des subsides pour « Tsentroem » mais maintenant qu’il faut s’en prendre à Rzoezie il donne à « Tsentroem » quelques miettes. Par peur d’une lutte unifiée, Somers essaye de mettre les deux maisons de jeunes en concurrence.

    A peu près 80 jeunes de Rzoezie ont mené une action de protestation au conseil communal,. Le 1er mars, une action a suivi à l’hotel de ville de Malines avec quelques 40 jeunes. Ils ont remis une pétition (disponible sur http://www.kifkif.be/petitie/ ), qui a rassemblé jusqu’à présent un millier de signatures. Loin d’être isolée, la maison de jeunes « Rzoezie » peut compter sur un large soutien.

  • Libéralisation des marchés: Ce sont les actionnaires qui y gagnent, pas nous!

    Et vous, vous vous en sortez ? Depuis la libéralisation du secteur télécom, nous avons le choix entre 26 opérateurs et 65 tarifs. Pour fournir l’énergie, nous disposons de 6 fournisseurs privés différents, en plus de 9 intercommunales mixtes et de deux sociétés de contrôle. Depuis le 1er janvier, nous avons la possibilité de passer par plusieurs sociétés privées pour un envoi postal de plus de 50 grammes. Le transport ferroviaire de marchandises a déjà été libéralisé et le transport de voyageurs s’y prépare aussi.

    Eric Byl

    Tout cela serait, paraît-il, avantageux pour “le consommateur”, c’est-à-dire vous, moi et nos familles. Mais, pour sortir de cette jungle des fournisseurs et des tarifs, le consommateur devra être quelqu’un de super-informé, ayant beaucoup de temps libre, capable de déchiffrer les contrats jusque dans les petites lettres et disposant d’une connexion au réseau internet. Combien de personnes répondent à ces critères ? Sur le « marché de l’électricité », seuls 12% des usagers ont changé de fournisseur (De Morgen, 14.01.2006). Et une personne sur deux a déjà constaté des problèmes, allant de factures vagues ou erronées à un mauvais service après-vente en passant par l’absence de factures intermédiaires (De Standaard, 13.01.2006).

    Profits nets 2005

    • Suez: 2,08 millards d’€, 48% de plus qu’en 2004
    • Electrabel et Distrigas: 1,28 millard d’€, 79% de plus qu’en 2004
    • Nuon: 1,14 millard d’€, 18% de plus qu’en 2004 Les actionnaires de Nuon ont reçu 322 million d’€ en dividendes, contre 119 million d’€ en 2004
    • La moitié des utilisateurs ont connu des problèmes après avoir changé de fournisseur d’énergie: facture en retard, double facturage, …
    • Pannes électriques avec 5 cm de neige tombée!
    • 22.000 « compteurs de budget » en 2005 contre 11.600 entre 2002 et 2004
    • 10.800 emplois perdus à Belgacom en 10 ans

    En Flandre, où la libéralisation du secteur de l’énergie s’est appliquée plus tôt, le parti «socialiste» (SP.a) commence à réaliser qu’il y a un problème et constate que “souvent les défavorisés sont victimes de leur ignorance… Souvent ils ne savent même pas qu’ils sont libres de chercher un fournisseur d’énergie bon marché”. (De Standaard, 25.05.2005). Présenté de cette manière, il semblerait que c’est parce que nous sommes des crétins que nous payons trop ! Les fournisseurs ne montrent pas plus de respect : l’année passée, 36.000 foyers ont vu leur électricité coupée par leur fournisseur et n’ont plus droit qu’à la fourniture minimum des distributeurs, soit 7,5% de plus que l’année précédente. En 2004, 2.250 foyers ont subi une coupure totale. Les chiffres pour 2005 ne paraîtront qu’au milieu de 2006, mais on sait déjà que ce nombre à fortement augmenté. Une nouvelle expression est née en Flandre : les « energiearmen », les “pauvres à cause de l’énergie”.

    Mais il y a aussi des « riches à cause de l’énergie ». En 2005, le profit net de Belgacom a été de 959 million d’€, dont 500 millions ont été versés aux actionnaires. Bellens, le patron de Belgacom, reçoit chaque jour un salaire comparable au salaire mensuel de 6 membres du personnel. Et, ici aussi, ce sont d’autres consommateurs – ceux qui travaillent ou qui ont travaillé dans les sociétés actuellement libéralisés – qui ont fait les frais de la fête : entre 1996 et juin 2005, le personnel de Belgacom à diminué de 24.309 à 13.569 travailleurs, ce qui a coûté aux contribuables 250 millions d’€ en allocations et en pertes de rentrées.

    Ce n’est pas mieux ailleurs. A La Poste travaillent actuellement 35.000 postiers, 9.000 de moins qu’il y a 10 ans. Chez Electrabel, le personnel a manifesté pendant Batibouw contre le non-respect de la garantie d’emploi pourtant inscrite depuis 40 ans dans les conventions collectives. Rien d’étonnant alors qu’en terme de services, la libéralisation soit une affaire foireuse, au point qu’à l’occasion des nombreuses pannes d’électricité qui se sont produites au cours de cet hiver, Freddy Willockx, le bourgmestre de St. Niklaas, a pu déclarer : “Je me demande si je vis en Amérique Latine ou en Europe Occidentale”.

    Ces derniers jours, on commence à discuter ouvertement, au gouvernement et dans la presse, de l’échec de la libéralisation du marché d’électricité. Pas à cause de ses conséquences antisociales (il ne faut pas rêver !), mais parce qu’Electrabel renforcera encore son monopole de fait si la fusion entre sa société-mère Suez et Gaz de France a lieu. Vande Lanotte, président du SP.a, affirme avoir la solution: “Il faut refaire la libéralisation du marché d’énergie”. Non merci, Monsieur, on a déjà donné. Ce que nous voulons, c’est un vrai service public accessible à tous, de bonne qualité et à prix raisonnable. Mais, pour cela, il faudrait oser tailler dans les profits de tous ceux qui se sont enrichis grâce à la libéralisation.

  • ITALIE: Pour barrer la route à la politique de Berlusconi, il faut un programme socialiste!

    ITALIE

    Ce week-end des 18 et 19 mars fut marqué par des manifestations dans le monde entier pour protester contre la guerre et l’occupation impérialiste de l’Irak, celle-ci entrant à présent dans sa quatrième année. C’est à Rome que le nombre de personnes descendues dans les rues fut le plus massif: on évoque des chiffres allant jusqu’à 150.000 manifestants. Il Tempo, le principal journal contrôlé par Berlusconi, parlait quant à lui de moins de 10.000 manifestants!

    Cédric Gérôme

    L’approche des élections législatives italiennes (qui auront lieu les 9 et 10 avril 2006) n’y est pas pour rien dans ce genre de distorsion de l’information: en effet, dans le cadre de la campagne électorale, la coalition concurrente à celle de Berlusconi, L’Unione (coalition dite de « centre-gauche » autour de Romano Prodi, ancien président de la Commission Européenne) fait du retrait des troupes italiennes un de ces chevaux de bataille.

    Il est clair cependant que le discours pacifiste des partis qui forment la coalition de centre-gauche a ses limites: pour preuve, le DS (Democratici di Sinistra, principal parti de la coalition) a refusé de participer à la manifestation de samedi sous prétexte que la plate-forme ne condamnait pas assez explicitement le terrorisme ; pour les mêmes raisons, la direction de la CGIL (le plus gros syndicat italien, qui compte dans ses rangs plus de 5 millions d’adhérents et joue habituellement un rôle-moteur dans le mouvement anti-guerre) a elle aussi boycotté la manifestation. Cela n’a pas empêché nombre de militants de la base d’assister au défilé, mais les mots d’ordre absentéistes du sommet ont tout de même contribué à déforcer grandement le cortège.

    De plus, la plupart des dirigeants parlent d’un retrait des troupes « conditionné à l’approbation des Nations Unies ». Quoiqu’il en soit, il est clair que l’évocation du retrait des troupes, même si elle est mise en pratique sous un futur gouvernement Prodi, sera surtout un moyen de gagner des points sur la politique étrangère en jouant sur le fort sentiment anti-guerre présent parmi la population italienne dans le but de détourner l’attention de la politique interne, qui risque de ne pas se distinguer fondamentalement de la politique anti-sociale appliquée pendant 5 ans par le gouvernement de Berlusconi.

    L’Unione semble en effet se profiler comme la formule gagnante du patronat pour poursuivre ses attaques. Pendant que des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs descendaient dans la rue contre la guerre, Prodi s’entretenait avec le grand patronat pour lui présenter le programme de son futur gouvernement: un programme de recettes néo-libérales (réduction des charges patronales et autres cadeaux fiscaux aux entreprises, nouvelles privatisations, augmentation de la flexibilité sur le marché du travail,…). Le titre révélateur du Giornale d’Italia en dit long sur ce qu’en pense les patrons: « Les oligarques veulent un gouvernement de gauche » (!) D’ailleurs, un sondage paru dans La Repubblica – «Les pronostics des industriels»- fournit des chiffres révélateurs quant à l’état d’esprit de la bourgeoisie: à la question « Qui gagnera les élections ? », 44% des patrons de la Confindustria- la principale confédération patronale du pays, équivalent de la FEB en Belgique- répondent Prodi, et seulement 12% affirment qu’il s’agira de Berlusconi.

    Les intentions de vote des électeurs semblent confirmer cette tendance: dans les derniers sondages, L’Unione jouit de presque 5 points d’avance sur son adversaire. Il est clair que la majorité des travailleurs et des jeunes veulent en finir avec ce bandit milliardaire qu’est Berlusconi, ainsi qu’avec La casa delle libertà – La Maison des Libertés, sa coalition dite de « centre-droit », abritant en réalité nombre de néo-fascistes notoires.

    A ce titre, Berlusconi vient tout récemment de conclure une alliance avec Alessandra Mussolini, petite-fille du Duce, et ouvertement nostalgique du régime de son grand-père. Son parti, Alternativa Sociale, s’ajoute ainsi à l’Alleanza Nazionale de Gianfranco Fini (n°2 du gouvernement, considérant le Duce comme « le plus grand homme d’Etat du 20ème siècle ») et du ministre Gasparri (ancien président du Front de la Jeunesse, mouvement d’extrême-droite). Berlusconi n’avait-il pas lui-même déclaré, en septembre 2003: « Mussolini n’a jamais tué personne, tout au plus envoyait-il les gens en vacances aux abords des frontières » ?

    La haine des travailleurs à l’égard d’«Il Cavaliere » et les scandales à répétition qui l’ont éclaboussé (collusions avec la mafia, faux bilans, banqueroute frauduleuse, mise en accusation pour être soupçonné d’avoir versé 600.000 $ à l’avocat anglais David Mills en remerciement d’un faux témoignage, publication de faux sondages le profilant en tête pour les prochaines élections, démission de son ministre des réformes institutionnelles Calderoli –de la Ligue du Nord- après que celui-ci eut fièrement exhibé sur un plateau de télévision un T-shirt à l’effigie des caricatures danoises de Mahomet,… pour ne citer que quelques exemples récents) ont fait de Berlusconi un pion gênant pour la bourgeoisie italienne. Les relations entre celle-ci et le premier ministre ne sont plus au beau fixe ; bien au contraire, elles se sont envenimées au point de se transformer en une véritable foire d’empoigne dont la presse italienne fait quotidiennement ses choux gras. Ainsi, La Repubblica du lundi 20 mars avait pour titre à la une: « La Confindustria contre Berlusconi »…

    Toutefois, la mainmise de ce dernier sur les médias du pays (Berlusconi possède et contrôle directement ou indirectement les médias audiovisuels et la presque entièreté de la presse écrite) lui assurent encore, d’ici au 9 avril, la possibilité de convaincre les quelques 24% d’électeurs indécis et de faire ainsi basculer les urnes en sa faveur. La possibilité que Berlusconi reste au pouvoir n’est donc pas totalement exclue: un tel scénario pourrait constituer l’élément déclencheur de nouvelles luttes de masse en Italie.

    L’Unione, copie conforme de L’Olivier… avec le PRC en plus

    A la différence des précédents gouvernements de centre-gauche (L’Ulivo), un éventuel gouvernement de L’Unione incluerait directement le PRC (Partito della Rifondazione Comunista), lequel prendrait alors sur ses épaules la responsabilité de la politique gouvernementale. De la part de Prodi, cette alliance avec le PRC n’est évidemment pas anodine: grâce au soutien dont dispose encore ce parti parmi de larges couches de travailleurs et de jeunes, celui-ci s’assure une bonne couverture sur la gauche. L’autorité dont bénéficie le PRC parmi les couches les plus combatives des travailleurs de la CGIL et de COBAS (= deuxième syndicat le plus important d’Italie) d’une part, et la ligne de plus en plus opportuniste suivie par la majorité des dirigeants du PRC d’autre part, ouvrent l’espace à Prodi pour former un gouvernement de collaboration de classes amortissant les luttes ouvrières et liant ainsi les mains des travailleurs au grand capital grâce à la complicité de la bureaucratie syndicale.

    Le 13 mars, Bertinotti, secrétaire général du PRC, affirmait, en réponse à une question qui lui était posée par un internaute: « Une alliance plurielle entre plusieurs partis, dont Rifondazione, s’est constituée sur un programme partagé et très engagé: un programme de réforme. Nous soutenons celui-ci avec conviction. » On comprend un peu mieux la nature de ce programme lorsque l’on sait qu’il est soutenu –avec tout autant de conviction- par la Confindustria: Luca di Montezemolo, le patron des patrons, s’est en effet dit « très satisfait » par l’entrevue qu’il avait eu avec Prodi, entrevue portant précisément sur ce fameux programme de gouvernement que Bertinotti défend de vive voix…

    « Battre Berlusconi et le gouvernement de droite est nécessaire », affirme le PRC. Il s’agit bien entendu d’un souhait partagé par des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs italiens ; cependant, ceux-ci ne veulent pas se débarasser de Berlusconi et de la droite pour les voir revenir au pouvoir quelques années plus tard. Or, le soutien à la politique néo-libérale de Prodi ne peut que creuser le lit pour une telle perspective. Au nom d’une unité sacrée contre Berlusconi et ses sbires, les dirigeants du PRC semblent avoir mis sous le tapis les leçons du passé: c’est précisément la politique du précédent gouvernement de centre-gauche, arrosée d’attaques sur les acquis sociaux et de privatisations en tout genre, qui avait ouvert la voie au second gouvernement de Berlusconi en 2001.

    La Rifondazione conserve toujours le support de nombre de travailleurs et de jeunes qui veulent en finir avec la politique néo-libérale. Il était pourtant clair lors de la manifestation de samedi que beaucoup d’entre eux réalisent que le parti prend une mauvaise orientation. Car l’objectif poursuivi par la direction du parti n’est pas seulement de se présenter sur une liste pour contribuer à la défaite de Berlusconi, mais bien d’être une composante directe d’un gouvernement qui fera inévitablement payer la crise sur le dos de la classe ouvrière et de la jeunesse.

    Les dirigeants du PRC, tel Bertinotti, bercent leur base de phrases creuses et de slogans apolitiques – « Pour que l’Italie change vraiment » est ainsi le slogan principal de leur campagne – au lieu de mettre en avant une position de classe claire et indépendante et un programme de revendications qui soit dans la lignée de ce que le nom de leur parti laisse suggérer.

    L’Italie est en proie à une crise économique profonde, le pouvoir d’achat en chute libre. Le FMI estime que le déficit du PIB italien atteindra en 2006 les 4,1% et que la croissance demeurera nulle. La propension des familles italiennes à l’endettement a pratiquement doublé en 10 ans, et, selon la Banque d’Italie, la moitié des jeunes entre 15 et 29 ans travaillent sous contrat à durée déterminée. Un jeune travailleur italien sur quatre est en outre considéré comme travailleur précaire.

    Toutefois, il est clair que les craintes d’une dégradation de cette situation ne sont en rien balayées par la perspective d’un nouveau gouvernement de centre-gauche. Le seul moyen d’en finir avec cette politique est de rompre avec les politiciens bourgeois responsables d’attaques vicieuses sur les travailleurs et les jeunes et de construire la lutte et les instruments pour une politique vraiment socialiste. Ceci devrait être l’ABC pour ceux qui se proclament communistes et représentants des intérêts du mouvement ouvrier.

  • Nouvelle tentative de division du mouvement: une seule réponse, solidarité et union

    La ministre de l’enseignement supérieur M-D Simonet vient de proposer un nouveau décret visant à limiter le nombre d’étudiants « non-résidents » à 30%. Certaines Hautes Ecoles dans la région de Tournai, par exemple, en comptent plus de 70%. Dans ces écoles, jamais un Belge n’a été refusé. On peut donc conclure assez facilement que la population éjectée ne sera pas remplacée, ce qui se traduira à terme en licenciements, et en fermetures d’implantations.

    Andrea et Lucas (EGA-Mons)

    La ministre s’appuie pour étayer ses arguments sur l’exemple de la faculté de vétérinaire, où effectivement des Belges ont été refusés. Ce que par contre elle ne dit pas, c’est que cet exemple est très loin de représenter l’ensemble des cursus touchés par ce nouveau décret. De plus, elle ne revient pas sur le fait que la faculté de vétérinaire est frappée d’un numerus clausus, raison principale de l’écartement des jeunes de ce cursus. Pourtant cette nouvelle contre-réforme s’appliquera également aux kinés, éducateurs et autres métiers de l’enseignement et du paramédical. En somme, une nouvelle attaque frontale sur le droit à l’enseignement, un droit fondamental pour tous.

    Il est évident que la province du Hainaut sera la première touchée par cette mesure. Rappelons que la région est l’une des plus sinistrée du point de vue de l’emploi. Dans le cadre actuel d’une élévation énorme du coût de la vie, des franges de plus en plus larges de la population n’ont plus la possibilité d’offrir un kot à leurs enfants. La seule garantie de leur formation ne vient donc plus que de la proximité des écoles. Dans le Borinage, six chômeurs sur dix n’ont pas fini l’enseignement secondaire. Si une grosse partie de la population est déscolarisée, fermer les implantations de la Haute Ecole n’accentuera que le phénomène de chômage massif. Ajoutons que dans ce même cadre, des licenciements dans l’enseignement n’aideront pas à relever le taux d’emploi.

    Des manifestations ont eu lieu ces dernières semaines à l’appel du front commun syndical et des organisations étudiantes. A Namur notamment, il y avait 1500 manifestants. A Mons, la semaine suivante, 2000 personnes étaient présentes et à Bruxelles mercredi dernier, il y avait plus de 3000 personnes. Pour mobiliser pour cette dernière manifestation, les étudiants de la Haute Ecole de Mons s’étaient mis en grève et avaient installé des piquets sur presque l’ensemble des implantations. Le mouvement a été bien suivi, preuve en est de la combativité de la délégation. Il est cependant regrettable qu’une fois de plus, la FEF et l’UNECOF n’appellent pas dès maintenant à une lutte plus large sur l’ensemble des campus. La « direction » n’est de nouveau pas capable de jouer son rôle et de tirer des perspectives. Encore une fois, elle laissera le mouvement s’essoufler sans jamais lui permettre d’entrevoir la victoire.

    Les travailleurs et les étudiants ont obtenu par la lutte un enseignement « accessible ». Aujourd’hui, force est de constater que partout cet acquis est remis en question. Que ce soit en France, aux Pays-Bas, et même en Flandres, les gouvernements appliquent des plans néo-libéraux dans l’enseignement à la demande du patronat. Il serait tout à fait naïf de croire que la Wallonie conservera un enseignement « accessible » au milieu de tout cela. Les attaques ne font que commencer, il est nécessaire de s’organiser sur les universités et les Hautes Ecoles de manière à résister aux assainissements, de se battre en front commun travailleurs et étudiants. Nous devons toujours défendre l’unité du mouvement ouvrier et du mouvement étudiant, organiser la lutte pour la conservation de chaque emploi. Nous devons défendre l’idée d’un enseignement démocratique et accessible à tous. Nous ne pouvons laisser diviser le mouvement sur base nationale, sous peine d’être affaiblis lorsque les prochaines attaques tomberont. Mais il faut aller plus loin: nous devons exiger un refinancement complet de l’enseignement. Ces dernières années ont vu une sérieuse diminution du financement par étudiant. La lutte cantonnée à la conservation des acquis ne pourra déboucher que sur une défaite à la fin. Ne pas avancer signifie à terme reculer, le mouvement ne peut vivre sans perspectives. Il a besoin d’une direction réellement socialiste et d’une organisation faisant perpétuellement le lien entre étudiants et travailleurs. Nous devons construire une opposition de gauche sur tous les campus. Rejoins EGA!

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