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  • Ne pas politiser le débat revient à laisser la voie libre aux politiciens traditionnels

    Autour du meurtre de Joe

    Durant tout le déroulement de l’affaire, l’ensemble des politiciens n’a eu de cesse de demander que la politique soit muette sur ce sujet, ce qui ne les a cependant pas empêché d’être omniprésents dans les colonnes de la presse ou dans les reportages des informations télévisées. L’idée d’empêcher toute récupération politique de ce triste événement revenait à laisser cette récupération uniquement aux mains des partis politiques traditionnels.

    Nicolas Croes

    Ainsi, le lendemain de la Marche Silencieuse du 23 avril qui a rassemblé 80.000 personnes dans un même sentiment de solidarité avec la famille de la victime et de rejet de cette violence qui peut sembler absurde, on a pu lire dans les colonnes du Soir les réactions d’Elio Di Rupo et de Didier Reynders.

    Le président du PS et bourgmestre de Mons a ainsi pu mettre en avant la nécessité de renforcer la police de proximité… avant de parler de l’exemple de Mons où cela a été fait et où « ça va bien ». Au-delà du fait qu’un habitant de cette ville peut rapidement se rendre compte que ça ne va pas aussi bien qu’il le proclame, une telle déclaration dans la presse à l’approche des communales ressemble furieusement à de la récupération politique.

    De même Didier Reynders a pu parler de tout et de rien (« il faudra travailler à plus de sécurité par rapport aux jeunes », « l’arrestation des coupables doit intervenir le plus rapidement possible »,…) en terminant par « gare à toute tentative de récupération politique. On a évité ça jusqu’à présent, que ça continue ». Voilà une belle demande de la part de quelqu’un qui, étant à Washington pour une réunion du Fonds Monétaire International, ne pourrait pas autant en profiter que d’autres s’il était laissé plus d’opportunités de débattre politiquement de cette affaire.

    L’hypocrisie des politiciens traditionnels a tout simplement été révoltante dans le suivi de cette affaire, et le gouvernement n’était pas en reste. Pour un gouvernement bloqué depuis de nombreux mois et duquel rien ne sort si ce n’est des preuves de l’incapacité à répondre aux attentes des travailleurs et de leurs familles (ce dont ils n’ont globalement que peu à faire), il s’agissait là d’un moyen à bon marché pour se montrer apte à quelque chose d’autre qu’à appliquer les plans d’austérité du patronat. La presse a ainsi été unanime pour féliciter le trio qui assure dans la crise (titre d’un article du Soir du 26 avril), trio composé du chef du gouvernement Verhofstadt, du ministre de l’Intérieur Patrick Dewael et de la ministre de la Justice Laurette Onkelinx. Il faut dire qu’il s’agissait d’une histoire de gestion de la communication, et si il y a bien un domaine dans lequel nos politiciens professionnels excellent faute d’avoir un véritable programme à défendre autre que celui des patrons, c’est bien celui-là.

    Il y avait également la crainte de voir l’appareil politique aussi décrédibilisé qu’en 1996 à l’époque de la Marche Blanche. Un proche du Premier ministre a d’ailleurs déclaré que « son obsession était d’éviter la comparaison avec les évènements de 1996, l’affaire Dutroux, la marche Blanche, quand le « système » était mis en cause, les politiciens cloués au pilori pour leur indifférence.…».

    Par contre, en terme de proposition pour régler véritablement le problème, c’est-à-dire pas seulement s’occuper du moment présent, mais s’atteler à ce que de pareilles douleurs n’arrivent plus à personne, le gouvernement remontre l’étendue de son décalage avec la situation réelle. On peut résumer les propositions effectuées par ces mots : répression, répression, et encore de la répression. Laurette Onkelinx, actuellement Ministre de la Justice, montre décidément plus d’enthousiasme à créer de l’emploi à la police (3.200 supplémentaires) qu’à en préserver dans son secteur à l’époque où elle était Ministre de l’Enseignement. Alors qu’il y a quasi-unanimité pour dénoncer le fait que plus de répression ne permettra pas de régler le problème – tout juste de faire baisser la pression de la rue (mais peut-être est-ce là sa véritable intention ?) – ce cruel rappel des licenciements dans un enseignement dont le manque de moyen a été éclairé par cette crise tombe mal. Mais aucun journaliste ne mentionne ce genre de chose, et c’est parfois dans le courrier des lecteurs que l’on peut avoir les meilleurs articles…

    De plus personne ne sait actuellement ou trouver l’argent de cet « ambitieux » projet. A force d’avoir octroyé baisses de charges sur baisses de charges au patronat, le gouvernement n’a presque plus rien, et certainement pas pour améliorer nos conditions de vie qui ne cessent de se détériorer. En cas de protestations trop importantes contre la casse de nos acquis sociaux, des services public, etc, les policiers et cameras supplémentaires, si l’on arrive à les payer, seront d’une utilité précieuse pour nos dirigeants…

    Le premier ministre Verhofstadt disait espérer que le signal de la Marche Silentieuse aurait comme résultat une diminution de la violence au sein de la jeunesse. En ce sens, la manifestation n’est pour lui qu’à voir que comme un appel à la responsabilité. D’après Verhofstadt, c’est la responsabilité individuelle des parents – qui doivent avoir assez de temps pour s’occuper de leurs enfants – qui est primordiale. La responsabilité du gouvernement ne se limiterait qu’à augmenter la répression.

    Mais la raison pour laquelle beaucoup de familles, et pas seulement polonaises, ont en Belgique peu de temps disponible pour leurs enfants est que ces fammilles doivent travailler toujours plus afin de survivre. Comment Verhofstadt pense-t-il résoudre cela? En attaquant encore les salaires? Le pouvoir d’achat des travailleurs Belges a déjà bien diminué ces vingt dernières années, et de nouvelles coupes salariales n’auront comme résultat que d’accroître encore le temps de travail nécessaire à garder un même niveau de vie.

    Tant le renforcement de la répression que la vitesse à laquelle les politiciens ont annoncé la création d’une nouvelle prison pour jeunes sont en contradiction flagrante avec les besoins du secteur de l’accompagnement de la jeunesse. Ce manque de moyens a été illustré au début de cette année par les actions effectuées par ce secteur en Flandres. Si au nord du pays les cas d’application d’accompagnement de jeunes « difficiles » ont augmenté de 25%, le budget, lui, n’a pas évolué en conséquence. Au vu de cette situation, les problèmes ne peuvent que s’amplifier.

    La construction de nouvelles prisons pour jeunes est finalement fort révélatrice de la politique actuelle: une politique qui ne s’occupe que des conséquences des problèmes au lieu de s’attaquer à leurs causes.

  • “Avec un CNE, tu as la pression en permanence”

    Inès, salariée de 23 ans en «Contrat Nouvelle Embauche»

    Interview recueillie par la Gauche Révolutionnaire, notre organisation-soeur en France

    Gauche Révolutionnaire : Comment ce contrat «nouvelle embauche» t’a-t-il été proposé ?

    Inès : On ne me l’a pas proposé, on m’a dit qu’après mon Contrat à Durée Déterminée, je serai embauchée en Contrat à Durée Indéterminée. Puis au moment de renouveler mon contrat fin novembre 2005, surprise…, le CDI était un CNE ! Ils ont fait la même chose avec l’autre jeune salariée qui avait fait son stage avec moi dans ce magasin. On ne nous a donné aucune explication. Nous avons constaté cela en lisant le contrat.

    GR: Pour toi, le CNE est-il différent d’un CDD ?

    I : Oui ! Au moins avec un CDD, on connaît la date de fin. Le CNE, t’es sur un siège éjectable. Tu as la pression en permanence. Par exemple, j’avais envisagé d’avoir un enfant après avoir eu mon CDI. Mais en CNE, impossible ! Le patron a d’ailleurs dit une fois «en CDI, les employés se laissent aller, ils sont moins efficaces. Avec le CNE, on a des moyens de pression.»

    GR : Plus de pression dans le travail, pour toi, ça se traduit comment concrètement ?

    I : On est stressé en permanence. En plus, dans mon travail, ça a été le stress depuis le début. Le fils du patron, qui est le patron de fait, m’a harcelée. Il m’a fait des avances, des propositions très indécentes. Ca me mettait mal à l’aise mais j’ai fait comme si je prenais ça à la rigolade, je voulais finir mon stage. J’essayais de calmer le jeu, mais au fond, ça m’a stressée et blessée. Il me rabaissait en permanence. Le soir je pleurais souvent … ça a nuit à mon couple. Après je l’ai envoyé bouler, il est devenu agressif, sec et il ne le faisait qu’avec moi. Depuis le CNE, je me sens plus vulnérable et plus fragile. Aujourd’hui, je déprime et il semble clair qu’il a sa part de responsabilités là-dedans.

    GR: Cette semaine, tu étais en congé maladie pour la première fois depuis deux ans et demi. Que s’est-il passé ?

    I : Une collègue m’a téléphoné pour me dire qu’il menaçait de me licencier. Après mon coup de fil pour signaler mon absence, il a râlé, il a dit haut et fort que mon arrêt maladie était injustifié. c’était aussi pour faire peur à l’autre collègue en CNE. La collègue m’a conseillé de l’appeler pour expliquer que je n’allais pas bien et que je ne serai pas opérationnelle pour vendre. Je l’ai fait, erreur ! Il en a su plus sur mes problèmes et il a dit que mes problèmes personnels ne le regardent pas, et que lui, quand ça ne va pas, il travaille quand même. Il m’a remis la pression pour que je vienne travailler malgré le certificat médical. Je n’y suis pas allée. Mais que va-t-il se passer? S’il m’arrive quelque chose au travail, que se passe t-il avec la Sécu qui me paie pendant l’arrêt? Mais si je n’y vais pas et qu’il me licencie, comment vais-je vivre, payer mes crédits…?

    GR : Face à cette pression, qu’as-tu fait ?

    I : Je me sens complètement démunie. Je suis certaine que le fait d’être jeune et fragile, ça joue sur leur comportement. Ils profitent de la situation, du manque de travail et de la crise économique pour mettre la pression. Comme ils disent «on reçoit des CV tous les jours», ils peuvent nous virer facilement. Ils veulent qu’on soit comme des moutons. Je suis jeune, c’est mon premier emploi et je ne m’étais jamais posée ce genre de questions avant. C’est pour cela que je me renseigne sur mes droits, que je vous ai contactés pour essayer de pouvoir me défendre et à mon tour leur mettre la pression.

  • La France d’aujourd’hui est l’Europe de demain…

    C’était la devise des patrons et des gouvernements. Mais elle devient aujourd’hui celle des travailleurs et des jeunes. la progression des emplois non statutaires dans les services publics.

    Jean Peltier

    Il n’y a pas qu’en France que patrons et gouvernements tentent de pousser au maximum la flexibilisation des travailleurs en essayant de démolir les contrats de travail et de généraliser la précarité. Ainsi, en Allemagne, le nouveau gouvernement chrétien-socialiste a en projet une version locale du CPE/CNE encore pire qu’en France, puisqu’elle prévoit de porter la période d’essai (sans protection pour le salarié) de 6 mois à 2 ans pour toute nouvelle embauche quelle que soit l’âge du travailleur ou la taille de l’entreprise !

    Ailleurs, ce sont surtout les fins de carrière qui sont visées : attaques contre les prépensions, report de l’âge de la pension à 65 voire 67 ans,…

    Mais la colère monte un peu partout. En Grèce, les travailleurs ont mené une grève générale le 15 mars pour protester contre la multiplication des emplois non statutaires dans les services publics, la généralisation des heures supplémentaires non payées et pour revendiquer des hausses de salaires. En Grande-Bretagne, un million et demi d’employés des administrations locales ont fait une journée de grève le 28 mars pour s’opposer au report de 5 ans de l’âge de la pension. Ce fut la grève la plus massive dans le pays depuis la grève générale de … 1926. En Allemagne, ce sont les fonctionnaires des Etats régionaux qui sont partis en grève contre le projet de faire passer l’horaire de travail de 38,5 à 40 heures/semaine.

    La victoire contre le CPE sonne comme un avertissement pour les patrons et les gouvernements. A nous d’en faire un signe de ralliement des travailleurs et des jeunes partout en Europe… et en particulier en Belgique dans les prochains mois !

  • France. Chômage, Précarité, Exclusion… la rue a dit NON

    Trois mois de lutte. Des milliers d’assemblées dans les universités et les lycées, des milliers de réunions d’information et de mobilisation dans les quartiers et les entreprises. Des centaines de manifestations locales. Trois millions de personnes dans les rues le 7 et le 14 mars. Et au bout de cela, une victoire incontestable : la capitulation du gouvernement Villepin, obligé d’enterrer son Contrat de Première Embauche, qu’il avait pourtant déjà fait voter en toute urgence à l’Assemblée Nationale.

    Jean Peltier

    Comment ne pas faire la comparaison avec ce qui s’est passé chez nous à l’automne 2005 quand le mouvement syndical s’est lancé dans la bataille contre le Pacte des Générations de Verhoofstadt. Une première journée de grève générale organisée par la FGTB le 7 octobre, une manifestation nationale de 100.000 travailleurs en front commun FGTB-CSC trois semaines plus tard,… puis des semaines de négociations et d’attente avant une autre journée de mobilisation FGTB fin novembre et un « atterrissage » sans gloire du mouvement. Ces mobilisations ont certes forcé le gouvernement à adoucir son projet mais n’ont pu empêcher ni le Parlement de voter le Pacte ni le gouvernement de le mettre en application.

    Comment expliquer que le mouvement syndical belge, beaucoup moins dispersé et plus massif (CSC et FGTB organisent à elles seules deux millions d’affiliés, soit près de 60% de l’ensemble des salariés actifs), n’a pas pu étouffer les mauvais coups de Verhofstadt dans l’oeuf alors qu’en France, où le mouvement syndical est éclaté en une dizaine de syndicats n’organisant plus que 7% des salariés, la mobilisation a conduit à une victoire impressionnante ?

    10 ans de résistance au néo-libéralisme

    Il existe parmi les travailleurs, et même au-delà dans la société, un fort sentiment d’opposition au néo-libéralisme, qui s’est marqué tout au long des dix dernières années. Il est apparu avec force lors de la grande grève des services publics contre le Plan Juppé de réformes des retraites (déjà !) en décembre 1995 et s’est traduit politiquement par la victoire surprise de la gauche en 1997, puis par le rejet de celle-ci en 2002 (l’échec de Jospin aux élections présidentielles et le second tour Chirac-Le Pen) après que le gouvernement de gauche ait privatisé plus que les gouvernements de droite avant lui. Il a repris lors des divers mouvements contre les mesures des gouvernements de droite – particulièrement les manifestations et les grèves contre le plan de réforme des pensions (encore !) en 2003,… – et s’est marqué à nouveau politiquement avec les défaites électorales de la droite en 2004 et surtout avec la victoire du Non au référendum sur la Constitution européenne en 2005. L’ampleur du mouvement contre le CPE s’explique en grande partie par ce climat général de résistance contre le néo-libéralisme.

    Un gouvernement de droite agressif et arrogan

    Depuis la réélection de Chirac en 2002, la France est dirigée par des gouvernements de droite particulièrement conservateurs qui disposent, grâce à un système électoral renforçant le parti dominant, d’une majorité parlementaire écrasante. Raffarin d’abord, Villepin ensuite ont, avec obstination et arrogance, imposé les mesures et les lois réclamées par le patronat. Bien qu’ils aient rencontré plusieurs fois une forte résistance, leurs mesures ont toujours été votées et appliquées. Récemment, le Contrat Nouvelle Embauche (qui permet aux patrons de petites sociétés employant moins de 20 personnes d’engager des travailleurs avec un stage de deux ans au cours duquel lequel ils peuvent licencier ceux-ci sans devoir motiver leur décision) a été promulgué sans rencontrer de fortes réactions syndicales. Mais l’extension de cette mesure à tous les jeunes de moins de moins de 26 ans – le désormais célèbre Contrat Premier Embauche (CPE) – a été la provocation de trop.

    Le CPE, un enjeu énorme

    En créant le CPE dans la foulée du CNE, le gouvernement avait une stratégie claire : précariser au maximum les jeunes sortant des études afin de mettre la pression sur les autres salariés, avec comme objectif final de précariser l’ensemble des travailleurs en liquidant les Contrats à Durée Indéterminée (CDI). Ce plan était clair. Et, malheureusement pour Villlepin, il a été très vite compris par un grand nombre de jeunes et de travailleurs. Ce qui explique qu’une fois lancé, le mouvement a pu, beaucoup plus facilement que lors de luttes passées, unir étudiants et lycéens (se voyant comme futurs travailleurs précarisés) et adultes (en tant que parents inquiets de l’avenir de leurs enfants et en tant que travailleurs menacés dans leurs conditions de travail).

    La jeunesse en pointe

    Encore fallait-il que le mouvement démarre. Ce sont les étudiants qui l’ont lancé. Plusieurs raisons expliquent cela. Ils étaient les plus directement visés par le CPE dès la sortie de leurs études. Une partie d’entre eux s’étaient déjà radicalisés l’an dernier dans la lutte des lycéens contre le plan Fillon (qui visait à « réformer » l’enseignement secondaire). Ensuite, vu leur âge, les étudiants sont beaucoup moins marqués par le poids des échecs des luttes passées que les salariés. Et il est évidemment plus facile aujourd’hui de faire une grève des cours qu’une grève en entreprise.

    Cela ne suffit pourtant pas à expliquer complètement pourquoi cette mobilisation a été la plus forte depuis au moins vingt ans (les grandes luttes étudiantes de 1986) et peut-être même depuis Mai’68. La force du mouvement étudiant a été sa capacité de s’organiser de manière démocratique et massive : réunions d’information innombrables pour expliquer les enjeux du CPE et de la lutte et mobiliser le plus grand nombre ; assemblées générales quasi-quotidiennes pour débattre les plans du gouvernement, la situation du mouvement et les actions à mener ; refus que le mouvement soit contrôlé par le syndicalisme étudiant « classique » (ultraminoritaire et fortement lié au PS) ; constitution de multiples Coordinations locales et d’une Coordination nationale pour organiser démocratiquement la mobilisation ; blocage des universités pour assurer la réussite de la grève et occupation de bâtiments transformés en lieux permanents de débats et de préparation des actions ;…

    Tout cela a donné une force énorme au mouvement étudiant, a entraîné les lycéens dans l’action, suscité une sympathie générale dans l’opinion et poussé les syndicats de travailleurs a rejoindre le mouvement.

    Syndicats : mobiliser et contenir !

    Le CPE est une attaque directe contre tous les travailleurs. Le gouvernement l’a imposé sans la moindre concertation avec les syndicats. La généralisation de ce type de contrat rendrait impossible la syndicalisation des jeunes dans les entreprises. Les syndicats avaient donc toutes les raisons de se joindre au mouvement. Mais les directions syndicales ont tout fait pour limiter le mouvement à la lutte contre le seul CPE sans élargir celle-ci contre le CNE et l’ensemble du plan gouvernemental. Et s’ils ont mobilisé fortement pour les manifestations, ils ont quasiment tous refusé de mettre en avant la perspective d’une grève générale, par peur d’un débordement qui remettrait en cause leur contrôle sur le mouvement et la politique attentiste qu’ils ont depuis des années face au gouvernement.

    La gauche : voter est mieux que manifester !

    Le Parti Socialiste et les Verts ont soutenu le mouvement mais n’ont rien fait pour le renforcer. Les dirigeants de ces partis n’ont qu’un seul objectif en tête : profiter de l’impopularité du gouvernement pour remporter les prochaines élections. Dans ce cadre, la poursuite et l’élargissement du mouvement gênait autant la gauche que la droite, ce qui explique les appels incessants du PS au gouvernement pour « sortir de la crise ».

    Une première victoire et après ?

    Confrontée à un mouvement qui continuait à grandir – 3 millions de manifestants dans les rues les 28 mars et le 4 avril, de plus en plus de travailleurs dans les manifestations, des grèves qui touchaient non seulement les services publics mais aussi le privé – et minée par les divisions et les haines entre Chirac, Villepin et Sarkozy, la droite a fini par céder et retirer le CPE.

    Pour les jeunes et les travailleurs, c’est une victoire éclatante mais qui aurait pu être plus grande encore si les syndicats avaient jeté leur poids pour remettre en cause le reste de l’arsenal des mesures gouvernementales. Le gouvernement Villepin est fortement affaibli et il serait étonnant qu’il ose encore lancer des attaques importantes d’ici aux élections présidentielles de mai 2007. Mais la droite n’est pas encore morte. Sarkozy peut encore rétablir sa position, notamment en jouant à nouveau la carte de l’insécurité. La gauche sort renforcée du conflit mais sans pouvoir crier victoire : dans un récent sondage, 67% des personnes interrogées estimaient que le PS ne ferait « pas mieux » que la droite pour résorber les problèmes de chômage et de précarité !

    Deux grands faits émergent de la lutte contre la CPE. Le premier, c’est que toute une nouvelle génération – celle qu’on disait abrutie par la téléréalité et gagnée à l’individualisme – s’est mobilisée, politisée et radicalisée. La deuxième, c’est que le néo-libéralisme n’est pas tout-puissant et qu’une mobilisation de masse peut faire reculer patronat et gouvernement.

    Nous en tirons enfin une troisième leçon : c’est que pour donner une perspective d’avenir à ces jeunes et aux travailleurs et remporter de nouvelles victoires plus complètes, il faut que tous ceux qui veulent s’opposer au néo-libéralisme et au capitalisme – pas seulement en paroles mais surtout en actes – unissent leurs forces.

  • Quelle alternative face à l'austérité néolibérale?

    5-6 mai: congrès de la FGTB flamande

    Les 5 et 6 mai se tient le congrès de la FGTB flamande à Blankenberge. Le projet de texte à cette occasion est centré sur la situation économique actuelle et le marché de l’emploi. Prudamment, quelques alternatives sont mises en avant qui, à chaque fois, apparaissent bien bancales.

    Un militant FGTB

    Le texte se construit autour de la question de savoir si demain il y aura encore assez de travail et sur la manière de réagir face à la compétition croissante au niveau mondial. La FGTB flamande s’oppose à la soi-disant solution de la diminution des charges salariales. Mais ce n’est là que le premier paragraphe de l’introduction…

    Il est nécessaire d’avancer des alternatives, tout autant que d’offrir une réponse offensive aux continuelles attaques néolibérales sur nos salaires et nos conditions de travail. Mais est-ce assez de décrire cette alternative comme "une économie intélligente qui investisse en rénovation" et avec "des chances égales face au travail"?

    La logique patronale n’offre aucune alternative

    La FGTB flamande dit dans son projet de texte qu’il y a aujourd’hui toujours plus de concurrence. Les entreprises cherchent à augmenter leur part de marché et ce sur le plan mondial. A cette fin, le patronat revendique une baisse des charges salariales (aussi bien nos salaires directs qu’indirects).

    En réaction à cela, l’on trouve dans le texte que: "Concurrencer en fournissant des efforts d’austérité (sans limites) n’est pas une option pour nous, nous ne voulons pas participer à une spirale vers le bas. Ce n’est de plus pas réaliste: il est impossible de concurrencer en baissant nos salaires x fois. On ne gagne pas une part de marché seulement grâce au prix, mais également grâce au contenu. L’attractivité d’une région pour les investissements ne s’obtient pas seulement sur base de coût, mais aussi sur base de l’approvisionnement, de la créativité, de la qualité et des compétences". Ce n’est donc pas une option que de fournir des efforts d’austérité "sans limites".

    Combien d’efforts d’austérité doit-il y avoir avant que celle-ci ne soit qualifiée de "sans limites"? Pourquoi, dans la réponse à l’argumentation patronale, ne met-on pas en lumière les profits records des entreprises et les salaires des top managers au sein des entreprises publiques comme privées? Le problème du projet de texte est qu’il démarre de la logique patronale qui peut se résumer à: comment peut on entretenir les profits?

    Nous sommes ici à des kilomètres des objectifs de la FGTB. Même s’ils n’existent que sur papier, il est toujours utile de se référer à la déclaration de principes et aux statuts de la FGTB. Il y est toujours mentionné que la FGTB lutte pour "une société sans classes" et cela "par une transformation totale de la société". On se réfère là au système de démocratie ouvrière dans lequel les travailleurs décident eux-mêmes de l’orientation et de l’organisation de la production économique.

    Le projet de texte de la FGTB flamande ne cherche que des méthodes pour entretenir les profits sans pour autant toucher aux salaires des travailleurs. Arrivent ainsi les visions "d’un manque d’investissement", de la nécessité d’accroître la recherche et le développement de la part des entreprises ou encore de se diriger vers l’exportation.

    De l’emploi pour tous?

    Le problème du chômage est crucial. Comment la FGTB flamande y réagit-elle? La revendication des 32 heures de travail par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires va-t-elle être le sujet d’une campagne syndicale offensive contre le chômage?

    En lisant le projet de texte, il est clair que non. Nulle part on ne parle de diminution du temps de travail. "Mobilisation de tous les acteurs autour de l’emploi", "rendez-vous", création d’une "dynamique à des différents niveaux": bien des expressions de la langue de bois ministérielle parsèment le texte, mais de propositions concrètes, aucune. La FGTB flamande soutient-elle toujours la revendication de diminution du temps de travail? Si oui, pourquoi n’en fait on pas un point d’action?

    Contre la “coopération” public-privé dans les services publics!

    Un fait remarquable dans le texte de la FGTB flamande est qu’il n’y a aucune opposition aux projets de Partenariat Public-Privé (PPP) dans les services publics. Figure seulement la revendication d’un "cadre légal" qui doit se créer, dans lequel de tels projets sont "permis". Si le texte s’exprime contre les libéralisations, il se prononce uniquement sur le secteur de l’eau. Pourquoi les autres secteurs sont-ils absents?

    Vis-à-vis de l’accompagnement des chômeurs par des entreprises privées, le texte dit que la FGTB est réservée sur ce point, mais propose d’évaluer cette expérience. "Ce n’est que si l’évaluation est positive que l’on peut parler d’un prolongement de cette expériencet". A nouveau, aucune revendication ne s’oppose radicalement à cette privatisation à peine déguisée.

    Tout est subordonné à l’objectif d’augmenter le degré d’activité. Sous le sous-titre "point de vue" est écrit en toutes lettres: "Augmenter le degré d’activité est nécessaire pour rendre notre système de sécurité sociale performant et pour garder à niveau les pensions et autres allocations". On dirait là une copie exacte de l’argumentation du gouvernement et du patronat pour le Pacte des Générations! Comment peut-on aujourd’hui retrouver cela dans un texte de la FGTB? Les arguments du mouvement contre le Pacte des Générations sont-ils déjà oubliés?

    “Travailler aux compétences”

    Sous ce titre, une partie du projet de texte parle, entre autres, de l’enseignement. L’idée développée est qu’une position concurrentielle peut être sécurisée sur base des compétences des travailleurs. Par conséquent, l’enseignement est important et surtout "l’adaptation de l’enseignement au marché du travail".

    On essaye de ne pas trop fâcher les membres de la CGSP-Enseignement en réclamant une "réforme de structure". Plus de moyens sont-ils revendiqués? Et cela sur base d’un mouvement dans l’enseignement avec le soutien des autres secteurs? Non, la réforme de structure se limite à la mention que l’enseignement "ne peut pas être sélectif, mais doit développer tous les talents". Bien d’accord, mais comment arracher cela?

    Il faut une opposition contre les positions du sommet de la FGTB

    Il faut repousser les points de vue du sommet de la FGTB exprimés dans ce projet de texte. Nous ne pouvons pas laisser passer cela! C’est d’un point de vue alternatif qui part des intérêts des travailleurs dont nous avons besoin, de véritables solutions comme la semaine de 32 heures sans perte de salaire, l’arrêt des privatisations, plus de moyens publics pour l’enseignement,… Et c’est à partir de cette lutte sur ces revendications que pourra se construire une alternative socialiste.

  • France: la lutte paie! Résistance contre le néoliberalisme

    Les protestations continues contre le CPE (“Contrat Première Embauche”) initiées par les étudiants ont tenu la France en haleine durant des semaines. Cette mesure gouvernementale antisociale avait comme premier objectif de s’attaquer aux conditions de vie des jeunes travailleurs au profit du patronat. La tentative d’imposer ces contrats précaires a été la goutte qui a fait déborder le vase et a provoqué une vague de manifestations et d’occupations qui finalement a pu faire plier le gouvernement français.

    Laurent Grandgaignage

    Les conséquences de la politique néolibérale se concrétisent

    Partout en Europe sont lancées des attaques sur les salaires et les conditions de vie. Peu à peu, les emplois précaires deviennent la norme. Le travail interimaire est à ce titre un très bon exemple: seule une minorité d’intérimaires a un chance d’obtenir un contrat fixe. L’avenir incertain – la possibilité de retomber au chômage – engendre la grogne chez les jeunes et les salariés, et ce très certainement en France, où selon les statistiques officielles 10 pc de la population active est au chômage. Parmi la jeunesse, ce chiffre s’élève à 22 pc!

    Ce n’est pas la première fois que le mécontentement dû à la politique néolibérale dominante s’exprime en france. Le ‘NON’ français lors du référendum sur la Constitution Européenne était déjà une expression de cette colère. Sourds à cet avertissement, patronat et gouvernement ont continué à chercher de nouvelles façons de garantir les profits et les intérêts capitalistes jusqu’à cette fameuse « Loi sur l’Egalité des Chances » dont le CPE fait partie.

    La détermination et l’ampleur des actions de protestations ont tellement affaibli la position de Chirac et Cie qu’ils n’ont pu que reculer. La lutte paie!

    Les jeunes initient le mouvement

    Le rôle des étudiants et des lycéens dans ce mouvement a été crucial. Plus de la moitié des universités et du quart des lycées connurent l’occupation et des manifestation se sont déroulées dans plus de 150 villes françaises. Rapidement, salariés et syndicats ont rallié la lutte contre le CPE.

    Cette résistance contre la casse sociale n’est pas limitée à la France, ici aussi commence à s’intensifier la voix de la protestation, contre par exemple l’inquiétant plan Vandenbroucke (SP.a) de refinancement de l’enseignement supérieur flamand. Les mesures proposées remodèlent l’enseignement selon les intérêts des entreprises. Les budgets, déjà insuffisants, seront réduits, le financement ne s’effectuera plus qu’en fonction de ce que l’enseignement ‘livre’ à la fin d’un cycle d’étude,… En bref un projet néolibéral dont les étudiants et le personnel seront les victimes, en Flandres pour l’instant. Mais il ne s’écoulera pas beaucoup de temps avant que ces mesures ne nous parviennent dès qu’elles auront été appliquées au nord du pays.

    La lutte en France nous apprend que la résitance unifiée des jeunes et des salariés porte ses fruits.

    Tous ensemble, nous sommes plus forts contre les attaques du gouvernement et du patronat. C’est ainsi que nous devons lutter afin de mettre fin aux attaques contre nos acquis sociaux.

  • 1 Mai. Appel pour un nouveau parti des travailleurs

    A l’occasion du 1er Mai, un appel commun est lancé pour construire une nouvelle formation de gauche, à la gauche du PS/SPa et d’Ecolo/Groen!. Ces derniers mois, deux nouvelles initiatives ont été crées et toutes deux veulent arriver à une alternative politique au niveau national.

    Bart Vandersteene

    La date du 1er Mai choisie pour rendre l’initiative publique n’est en rien une coïncidence. Bien qu’il n’y ait plus de manifestations dans beaucoup de villes et qu’il y ait moins de monde qu’auparavant dans les autres, cette journée reste celle des travailleurs, et est importante à ce titre. Le 1er Mai nous offre la possibilité de nous référer aux meilleures traditions de lutte et de solidarité.

    Le caractère des manifestations du 1er Mai actuelles sont bien sûr une expression des changements fondamentaux au sein du PS et d’une grande partie de la direction de la FGTB.

    Dans le passé, le PS a été un parti assez vivant. Les Maisons du Peuple étaient des centres de discussions politiques et d’organisation du mouvement socialiste dans les villes et les quartiers. Les assemblées de membres étaient fournies et beaucoup de militants syndicaux avaient non seulement une carte de membre, mais étaient aussi capables de mobiliser leur base dans le parti. Les campagnes électorales étaient alors des périodes très actives avec une forte implication des membres.

    Quelles différences avec la situation actuelle! Le PS est devenu aujourd’hui un parti comme les autres. Non seulement sur la forme, mais aussi sur le contenu. Les 18 années de participation gouvernementale et le bilan de cette période en donnent une indication. Quel militant syndical ose encore demander à ses collègues de voter pour ce parti?

    Le MAS et d’autres groupes ou personnalités comme Jef Sleeckx, ancien parlementaire du SPa, et Georges Debunne, ancien président de la FGTB, ont tiré la leçon de cette évolution. Avec le groupe francophone “Une autre gauche est nécessaire”, le groupe organisé autour de Sleeckx a pris l’initiative de lancer un appel public ce 1er mai. Beaucoup de gens vont suivre de près le développement de cette initiative. L’effort doit maintenant être d’essayer de rassembler ces personnes qui sont cruciales pour concrétiser l’initiative sur le plan local. En ce sens, les réunions locales qui prendront place au cours les semaines à venir seront d’une grande importance. Nous pourrons ensuite aller ensemble vers une réunion nationale en automne pour lancer définitivement le mouvement pour une alternative politique.

    Le MAS est d’accord avec la nécessité d’une opposition de gauche. Nous voulons investir nos forces dans une telle initiative, avec tous ceux et celles qui veulent une alternative au néolibéralisme. Mais cela ne sera pas assez pour arrêter l’offensive néo-libérale. La discussion sur le programme d’une nouvelle formation sera très importante, notamment pour éviter les erreurs que le PS a commis dans le passé. Dans ce débat, le MAS défendra son programme, celui du socialisme démocratique, celui que nous défendons chaque jour dans notre journal et dans nos interventions.

  • Marxisme.org. Une nouvelle revue du MAS/LSP

    Marxisme.org. Une nouvelle revue du MAS/LSP

    Les instruments politiques avec lesquels le MAS/LSP fait connaître ses idées vont bientôt s’élargir avec la parution d’une nouvelle revue Marxisme.org (qui est déjà le nom de notre site théorique). Cette nouvelle revue se concentrera sur des analyses plus profondes que celles qui paraissent dans ce journal, des études théoriques et historiques,… Le premier numéro sera disponible à l’occasion du 1er Mai.

    Anja Deschoemacker

    Pour les socialistes, les derniers développements de l’actualité sont assez excitants. Partout en Europe explose de nouveau la lutte des classes avec des manifestations de masse et des grèves importantes. Les conséquences de la politique d’austérité qui grignote (et mange parfois goulûment) les conditions de travail et le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles sont devenues sensibles dans la vie de tous les jours de couches toujours plus larges de la population.

    Le constat que cette politique de démolition ne va pas s’arrêter sauf si nous la stoppons nous-mêmes trouve un écho grandissant, tout comme la compréhension que les travailleurs sont capables de stopper ces mesures en jetant dans la balance leur force numérique et leur position dans l’économie. De plus en plus se pose aussi la question des moyens d’actions à mettre en oeuvre pour cela. Dans différents pays, ces luttes et cette réflexion ont mené à l’émergence de nouvelles initiatives politiques voulant donner à nouveau une voix aux travailleurs et aux jeunes.

    La Belgique n’est pas isolée de ce processus, même si, chez nous, il se trouve encore au stade embryonnaire. Les lecteurs de l’Alternative Socialiste et les visiteurs de notre site (www.socialisme.be) peuvent suivre de près les développements des diverses initiatives allant dans ce sens, auxquelles le MAS/LSP coopère pleinement.

    Le MAS/LSP défend depuis le milieu des années ’90 la nécessité de construire un nouveau parti des travailleurs. Mais, comme nous l’avions expliqué dès le départ, seul un mouvement de masse parmi les travailleurs pouvait libérer les forces capables de donner vie à un tel projet.

    Dans le premier numéro de Marxisme.org, vous pourrez trouver le texte voté à la conférence nationale du MAS/LSP de novembre 2003. Ce texte analyse le potentiel qui existe pour la création d’un nouveau parti des travailleurs et la manière dont nous envisageons sa construction. Un article écrit par Bart Vandersteene complète ce texte de congrès en actualisant l’analyse des nouvelles formations politiques apparues depuis 2003 en Belgique et ailleurs. Enfin, vous pourrez aussi apprécier un article de Sascha Stanicic, membre de notre organisation-soeur en Allemagne (SAV), sur le développement et l’évolution du WASG et du Parti de Gauche en Allemagne et sur le rôle que les socialistes peuvent et doivent jouer dans de telles formations.

    Il ne s’agit donc pas d’un vrai premier numéro de Marxisme.org, mais plutôt d’un numéro "special" sur le nouveau parti des travailleurs. Ce n’est qu’en septembre que paraîtra le premier " véritable " Marxisme.org. Mais, d’ici là, vous pourrez patienter et satisfaire votre curiosité avec ces analyses détaillées, provenant de participants au processus et non pas de commentateurs extérieurs.

  • Il faut un nouveau parti pour les travailleurs !

    Qui a porté la voix des 100.000 travailleurs qui ont manifesté à Bruxelles le 28 octobre dernier contre le Pacte de « Solidarité » des Générations ? Qui s’est fait l’écho des centaines de milliers de travailleurs qui ont fait grève contre la casse de leurs pré-pensions ? Qui a repris les revendications de la FGTB et de la CSC qui organisent ensemble 3,6 millions de travailleurs ?

    Tract du MAS

    Sûrement pas le PS et le SP.a dont TOUS les députés ont voté pour ce Pacte avec leurs amis libéraux. Et pas non plus le CD&V, le Vlaams Belang, le cdH et Groen qui se sont abstenus (les deux premiers parce qu’ils disaient ouvertement que ce Plan n’allait pas assez loin !).

    D’un Pacte à l’autre, le PS contre les travailleurs

    Ce vote n’a pas été une erreur de parcours. En 1993 déjà, une coalition des partis socialistes et chrétiens dirigée par Dehaene nous avait aussi imposé un Plan Global que tous les parlementaires de ces partis avaient voté comme un seul homme, le doigt sur la couture du pantalon.

    Le PS et le Sp.a ne défendent plus depuis longtemps les intérêts des travailleurs. Présents au gouvernement depuis 18 ans, ils se sont définitivement aligné sur la politique néolibérale et ont participé à tous les mauvais coups contre les acquis sociaux.

    Alors que les profits des patrons et les salaires des managers atteignent des sommets, les privatisations s’accélèrent et les licenciements et les plans de restructurations pleuvent à torrent. Et à chaque fois la réponse du PS et du Sp.a est la même : plus de cadeaux aux patrons sous forme de nouvelles diminutions de charges patronales et moins de pouvoir d’achat pour les salariés et les allocataires sociaux.

    Et cela va continuer : Verhofstadt prépare pour la fin de l’année un Pacte de Compétitivité dont le but avoué est de remettre en cause l’indexation des salaires.

    Pour bloquer cette politique de recul social permanent, il faut que la FGTB et la CSC rompent avec les PS/SP.a et les CD&V/CDH.

    Une nouvelle voix pour les travailleurs

    Plus personne ne vote encore aujourd’hui pour le PS ou le SP.a en espérant que ces partis vont apporter un réel progrès social. Beaucoup votent encore pour eux parce qu’ils les voient comme un « moindre mal » face aux libéraux, mais cela n’empêche pas le fossé entre les militants syndicaux de base et le PS et Sp.a de grandir chaque jour. D’autres reportent leurs votes vers l’extrême-droite pour sanctionner le monde politique. Mais, en votant FN ou VB, ils renforcent des partis qui haïssent les syndicats et veulent liquider tous les droits des travailleurs.

    Pour arrêter les plans d’austérité et faire reculer les partis fascistes, nous avons besoin d’un nouveau parti qui défende clairement les intérêts de tous les travailleurs – au sens large de ce mot, c’est-à-dire les travailleurs actifs et non actifs; wallons, flamands, immigrés et sans papiers; encore étudiants ou déjà à la retraite; actifs dans des entreprises ou cherchant de l’emploi, FGTB et CSC – et à leurs familles.

    Cette nouvelle voix, nous voulons qu’elle se fasse entendre pas seulement au moment des élections, mais tous les jours dans les entreprises, les quartiers, les écoles et partout où les opprimés sont prêts à résister. Le MAS est prêt à collaborer avec toutes les autres forces de gauche pour construire ce parti large, dans lequel nous défendrons notre orientation anticapitaliste et socialiste.

    Comment un tel parti large pourra-t-il se développer ? Pas simplement en réunissant les gens qui aujourd’hui sont déjà conscients de la nécessité de s’opposer totalement à la politique néo-libérale. Mais en se tournant résolument vers des couches plus larges de militants et de délégués syndicaux, de jeunes, de sans-papiers qui peuvent comprendre eux aussi cette nécessité et s’engager… pour autant qu’on aille à leur rencontre et qu’on discute avec eux.

    Ce n’est qu’un début…

    Des premiers pas on été fait dans ce sens depuis la manifestation du 28 octobre. En Flandre, le MAS soutient pleinement l’initiative « Pour une autre politique » lancée par l’ex-député SP.a Jef Sleeckx et l’ancien président de la FGTB Georges Debunne. Cette initiative a déjà reçu le soutien de dizaines de militants et de délégués combatifs. Nos camarades flamands diffusent aujourd’hui à l’occasion de la Fête des Travailleurs le tract de « Pour une autre politique » à Bruxelles, Anvers, Gand, Louvain, Malines, Courtrai, Alost, Grammont, Ninove, Ostende, Bruges, Menin, Harelbeke, St-Nicolas, Tirlemont, Turnhout, St-Trond, Diest, Lokeren.

    Du coté francophone, une initiative « Pour une autre gauche » a été lancée il y a quelques semaines. Le MAS espère qu’elle prendra la même orientation qu’en Flandre et qu’ensemble nous pourrons construire une nouvelle force politique nationale et démocratique qui mette autant d’acharnement à défendre les intérêts des travailleurs que les partis traditionnels en mettent à défendre ceux des patrons.

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