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  • Bolivie. Morales va-t-il s’engager sur la voie du socialisme?

    Evo Morales a été élu Président de Bolivie à la fin de l’année passée. Cette victoire électorale a prolongé un mouvement d’ampleur qui a paralysé le pays pendant des semaines et qui a chassé l’ancien président Mesa. Depuis lors, les masses sont déjà entrées en action et Morales a dû procéder à des nationalisations limitées.

    Emiel Nachtegael

    Les mouvements qui ont déjà eu raison de plusieurs présidents boliviens étaient la conséquence de plusieurs années d’ultra-libéralisme. Cette politique n’a profité qu’aux grandes multinationales étrangères qui ont fait des milliards de bénéfices en Bolivie. Le pays a les deuxièmes plus grandes réserves de gaz du continent, mais est en même temps l’un des plus pauvres.

    Morales doit son élection à un espoir de changement. La pression sur lui en est d’autant plus forte. Il a annoncé qu’il relèverait le salaire minimum et les salaires des enseignants et qu’il diminuerait de moitié les salaires (y compris le sien) des hauts dirigeants.

    Le 1er Mai, Morales a annoncé qu’une grosse part des revenus du pétrole et du gaz reviendraient désormais à la Bolivie. Les multinationales pourront rester, mais elles devront céder une grande partie de leurs bénéfices (82%). Les entreprises qui refuseraient de s’y résoudre seraient totalement nationalisées.

    Morales a tenu une partie de ses promesses électorales avec ses mesures, mais la population exige la nationalisation complète des richesses du sous-sol. La COB, la fédération syndicale nationale, menaçait encore la veille du 1er Mai d’une grève générale le 4 mai pour y contraindre le gouvernement.

    La mesure va surtout frapper Petrobras (Brésil), Repsol (Espagne) et, dans une moindre mesure, aussi Total (France). Le gouvernement table sur quelque 320 millions de dollars supplémentaires par an grâce à cette mesure. On peut faire beaucoup de choses avec cet argent afin de corriger les effets de décennies de régression sociale.

    Une partie de la COB exige à raison la nationalisation totale sous contrôle ouvrier. Ce n’est qu’alors qu’on pourra utiliser effectivement la richesse produite pour satisfaire l’entiereté des besoins des travailleurs et de leurs familles et en finir avec la pauvreté, le chômage, le manque de logements, …

    Cela ouvrirait la voie à un véritable “socialisme du 21e siècle”. La question du socialisme revient à l’ordre du jour en Bolivie comme au Vénézuéla. L’instauration effective d’un système de démocratie ouvrière doublée d’une collaboration entre ces deux pays et Cuba serait un pas important en direction d’une fédération socialiste démocratique sur le continent.

    La direction du MAS au pouvoir s’en tient pourtant à la “théorie des étapes” du Parti communiste bolivien. Le vice-président, Alvaro Garcia Linera, pense que le socialisme est impossible avant 50 à 100 ans et que le pays doit d’abord traverser une phase de “capitalisme des Andes”. C’est la voie toute tracée vers la défaite.

    Le fossé entre riches et pauvres est particulièrement large en Amérique-Latine. Les 10% les plus riches y possèdent 143 fois plus que les 10% les plus pauvres.

    Un nouveau “capitalisme des Andes” permettra sans doute d’acheter une stabilité et une paix sociale temporaires en échange de réformes en faveur de la classe ouvrière et de la paysannerie à un moment où les prix du gaz et du pétrole sont à un niveau élevé.

    Il n’en est pas moins vrai que, tout comme au Vénézuéla, l’absence de contrôle ouvrier ne pourra empêcher que les réformes soient détournées pour enrichir une partie de l’élite locale qui est prête à faire des concessions en échange de la paix sociale. Les tentatives de compromis avec le capitalisme ne mèneront pas le mouvement ouvrier à la victoire. Tant que les élites dirigeantes, au niveau national ou international, disposeront de leurs instruments de domination économique et politique, elles feront tout pour renforcer leurs positions au détriment des travailleurs et des pauvres.

  • Régularisation de TOUS les sans-papiers!

    500.000 sans-papiers vont être régularisés dans les prochains mois…en Italie. Par contre, chez nous, malgré la mobilisation massive des sans-papiers et l’amplification du mouvement de solidarité, le gouvernement ne bouge pas d’un poil. Faudra-t-il des morts pour qu’une régularisation s’impose enfin ?

    Jean Peltier

    Lancé par l’Union de Défense des Sans-papiers (UDEP) en mars, le mouvement d’occupation de bâtiments par les sans-papiers continue à s’étendre, même si le rythme a faibli depuis la mi-mai. 35 lieux sont occupés, en grande majorité des églises, mais aussi une mosquée, plusieurs centres laïques et même un local universitaire à Liège. Née de quasiment rien il y a deux ans, l’UDEP a été capable d’impulser une mobilisation qui implique directement les centaines de sans-papiers qui mènent les occupations depuis des semaines mais qui va bien au-delà. Plus de 45.000 sans-papiers se sont en effet présentés dans les lieux occupés et ont signé les registres pour demander leur régularisation. Et 45.000, cela signifie entre un tiers et la moitié des sans-papiers vivant en Belgique !

    Si le mouvement s’est déployé avec une telle force, c’est parce qu’en accordant cet hiver une promesse de régularisation au groupe de sans-papiers qui menaient une grève de la faim à l’église Saint-Boniface à Bruxelles, le Ministre de l’Intérieur, le libéral flamand Dewael, a tout à la fois montré combien la procédure de régularisation était arbitraire et donné un immense espoir aux autres sans-papiers. Pour éviter que le mouvement des sans-papiers éclate en une multitude de grèves de la faim locales et de négociations pour des régularisations partielles, l’UDEP a lancé le mouvement d’occupation des églises. Le but était de faire pression sur la discussion qui allait commencé au parlement afin d’obtenir la mise en place d’une « Commission permanente de régularisation sur base de critères clairs ».

    Cette discussion a fini par s’ouvrir le 23 mai à la Commission de l’Intérieur de la Chambre où le gouvernement présente son projet de loi destiné à réformer les procédures de demande du droit d’asile. Cette réforme vise notamment à accélérer les procédures de jugement sur les demandes d’asile (tout régler, appels compris, en un an maximum au lieu d’avoir des procédures qui aujourd’hui durent souvent plus de trois ans) et, dans la foulée, à accélérer et intensifier les expulsions de ceux qui auront été déboutés. Le projet gouvernemental ne traite pas de la régularisation (puisque, pour lui, une procédure de décision plus courte supprimera la possibilité que des gens à qui est refusé le statut de réfugié « s’incrustent » en Belgique et nouent des liens sociaux qui rendent une expulsion plus difficile).

    Trois partis francophones – Ecolo, PS et CDH – ont déposé des propositions de loi visant à la régularisation de sans-papiers qui sont inspirées par la proposition de l’UDEP. Mais en face, c’est toujours le mur. Ni le MR, ni aucun des partis flamands ne veulent entendre parler d’une vraie régularisation. De son côté, Dewael le dit et le redit : pas question d’une régularisation générale ni de critères clairs et permanents. Le seul mécanisme doit rester celui des régularisations individuelles sur base de critères extrêmement stricts (médicaux, humanitaires ou de trop longue procédure de demande d’asile) pour lesquels la décision resterait dans les mains de l’Office des Etrangers et du Ministre, en tout arbitraire.

    Cette discussion en commission risque donc de ne rien donner. Elle va surtout durer des semaines et ce n’est qu’après cela qu’une discussion et qu’un vote d’une loi pourraient avoir lieu à la Chambre elle-même. Il est clair que le gouvernement et les opposants cherchent à reporter toute décision après les élections communales d’octobre. Et il est tout aussi clair que ceux qui s’opposent à une régularisation générale n’ont aucune solution à proposer, à part le maintien de la situation actuelle dans laquelle la misère et la clandestinité obligent des dizaines de milliers de sans-papiers à travailler pour des salaires de misère, à habiter des logements délabrés payés à un loyer excessif, à manquer de soin faute de sécurité sociale, à ne pouvoir se défendre légalement, à vivre en permanence dans l’ombre dans la crainte de contrôles d’identité policiers,… pour le plus grand bénéfice du patronat qui dispose ainsi d’une main d’œuvre à bon marché et sans moyen de défense.

    Ce refus du gouvernement et de la majorité des partis fait monter le désespoir parmi les sans-papiers. Deux groupes – un à Liège et l’autre au Petit Château à Bruxelles – ont commencé début mai une grève de la faim et d’autres risquent de suivre. Ces actions sont compréhensibles et elles font monter la pression sur le gouvernement mais elles risquent malheureusement de déboucher sur un fractionnement du mouvement en une multitude de groupes (organisés souvent sur base du pays d’origine) luttant chacun pour leur régularisation au détriment de la revendication d’une régularisation généralisée.

    C’est pourquoi il est essentiel que la mobilisation des sans-papiers et le mouvement de solidarité continuent à s’étendre. Et il faut en particulier que les syndicats s’impliquent beaucoup plus dans le mouvement en syndiquant les sans-papiers et en mobilisant les travailleurs aux côtés de ceux-ci.

  • Les personnes LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels) sont-ils émancipés ?

    En regardant la législation concernant les droits des LGBT aujourd’hui dans différents pays d’Europe, on pourrait dire que beaucoup d’avancées ont été réalisées. Nulle part en Europe vous ne trouvez encore des lois qui interdisent en soi formellement les rapports sexuels entre personnes de même sexe. Mais si on observe moins superficiellement les causes fondamentales de l’oppression des LGBT on en arrive à d’autres conclusions.

    Les mesures déjà prises sont présentées comme la cerise sur le gâteau de l’émancipation des LGBT, alors qu’en fait elles n’en sont que les premiers pas. Beaucoup de discriminations et leurs conséquences passent inaperçues ou sont difficiles à prouver, parce que les raisons profondes en sont dissimulées. 70 % des holebi belges ont déjà souffert de discriminations.

    “Des écoles de danse refusent la leçon d’essai aux couples de lesbiennes; des travailleurs à temps partiel sont licenciés à cause de leur homosexualité, les bureaux d’intérim ne leur donnant depuis lors plus d’offre ; les enseignants de l’enseignement catholique ne reçoivent un emploi que s’ils promettent de cacher leur homosexualité aux élèves; les compagnons ne peuvent se recueillir au chevet de leur partenaire décédé dans les hôpitaux …” Et tout cela alors qu’on sait que 33 % à 45 % des homos, lesbiennes et bis ont eu pendant leur jeunesse des pensées suicidaires. 12.4 % des jeunes homos passent à l’acte et tentent effectivement de se suicider. En comparaison avec les 5.9 % de jeunes hétéros, cela fait plus du double ! Ce taux est encore plus élevé concernant les jeunes filles lesbiennes; cinq fois plus élevé : 25% tentent de se suicider contre 5.4 % des jeunes filles hétéros.

    La discrimination persiste!

    Nous ne voulons pas d’un semblant d’émancipation! De celle qui n’est rien de plus qu’une individualisation des problèmes de société, une commercialisation dans laquelle les forces du Capital utilisent les LGBT pour leurs intérêts économiques en créant une «façon d’être» que l’homme ou la femme ordinaire ne peut atteindre financièrement. La création d’une « façon d’être » et de l’individualisation des problèmes de société sont la cause de l’isolement d’une large couche des holebi qui sont incompris et se sentent rejetés. Avec pour conséquences des problèmes psychiques (mauvaise image de soi, dépressions, etc.) et des catastrophes financières (dettes, emprunts,…).

    Nous avons besoin d’une stratégie radicale qui se focalise sur la relation entre les associations LGBT et qui prend en même temps le parti de la majorité des LGBT qui ne sont pas riches, qui n’ont pas d’emploi, en ayant conscience qu’ils sont souvent marginalisés.

    La majorité des associations holebi existantes n’y font pas volontiers attention. Mais leur politique de lobby avec les partis traditionnels ne semble pas fonctionner, pire encore, ce sont ces partis traditionnels qui sont responsables de la discrimination envers les groupes minoritaires comme les immigrés et les holebi. Aussi longtemps que quelques LGBT pourront perdre un emploi ou un logement en raison de leurs préférences sexuelles, tous les holebi seront menacés. Une association LGBT indépendante doit lutter pour l’unité des holebi , dans le sens d’une unité globale et mobilisatrice. Le mouvement LGBT doit renoncer et dépasser le lobbying en vue de mobilisations en commun avec des alliés (syndicats, comités anti-guerre, comités de quartiers,…) C’est seulement de cette manière qu’un rapport de force peut se construire et qu’il sera possible d’obtenir des changements. En plus avec une telle alliance, le mouvement LGBT peut développer une vision plus large sur la libération sexuelle, la famille, la culture et la société.

    La lutte pour la diversité.

    Une interprétation positive de la diversité et de la solidarité chez les LGBT et dans la société dans sa globalité est nécessaire: Queer, travestis, transgendérisme, transsexualité, intersexualité,… Pour beaucoup d’associations holebi, ce sont des aspects moins populaires du petit monde LGBT qu’elles préfèrent avec angoisse “balayer sous les tapis” par peur des stéréotypes par les masses. Mais une politique indépendante donne une attention correcte d’un traitement égal à l’expérience sexuelle pour tous. La soi-disant libération sexuelle n’est rien de plus qu’un rideau de fumée; inhibée par la discrimination qui est ressentie tous les jours par les transgenres qui doivent se cacher.

    Il est nécessaire de briser le schéma classique actuel des comportements sociaux et cela non seulement à l’intérieur du mouvement LGBT mais à l’intérieur de toute la société. Cela ne peut se faire qu’en travaillant activement à « l’abolition des frontières » ainsi qu’à une perception positive et une visibilité de la diversité, non pas ressentie comme une concurrence entre les groupes et associations des minorités existants mais comme un groupe global, complémentaire, porté par un mouvement uni.

    Nous savons que les problèmes des holebi contre lesquels nous luttons ne sont pas détachés des problèmes de n’importe quel autre groupe discriminé à l’intérieur de la société. Le bouillon de culture des discriminations -homophobie, xénophobie, comportements sexistes et racistes- est pour tous pareil. Une société qui par définition concentre ses richesses dans les mains d’une minorité et, par la même crée des privations pour la majorité de la population donne automatiquement naissance à de tels phénomènes.

    La lutte pour des droits égaux est donc intrinsèquement liée avec la lutte pour une société socialiste où les besoins de la majorité sont centraux

  • “Si on laisse faire une telle logique, on est tous pendus à une ficelle”

    STIB: Chasse aux délégués

    Un délégué de la CGSLB avait été licencié ; le motif officiel était : “plainte de voyageurs”, Mais la raison réelle est que ce délégué était allé au contrôle technique à Delta pour s’enquérir des normes de sécurité à respecter. Interview d’un délégué CGSP.

    Propos recueillis par Cédric Gérôme

    Peux-tu expliquer ce qui s’est récemment passé à la STIB?

    Le délégué de la CGSLB s’étonnait que toute une série d’éléments n’étaient pas conformes: des morceaux de pare-chocs qui manquaient, un morceau de carrosserie saillante qui aurait pu blesser des gens, et bien d’autres choses encore.

    Il s’est présenté là – et ça c’est une erreur de sa part évidemment- en tant que délégué. Il avait à peine quitté les lieux que le responsable du centre de contrôle a plongé sur le téléphone et a averti la direction; trois heures après, il avait son préavis!

    Il m’a mis au courant de ce qui se passait. Je lui ai dit : “il faut bouger tout de suite”. Le vendredi matin, j’ai directement été dans les bureaux de la CGSLB pour aller un peu stimuler ses permanents; et là j’ai vu qu’il n’aurait manifestement aucun soutien: ils étaient prêts à le lâcher.

    J’ai donc pris contact avec différents délégués de la CGSP et on est tombé d’accord pour faire une action.

    Qu’en est-il advenu?

    Un tract avait été imprimé à 1000 exemplaires. Tout avait été mis en place pour que le mouvement se fasse le lundi matin. Le dimanche dans l’après-midi, le délégué licencié me téléphone et me dit: “Arrête tout, ils ont suspendu le préavis” (parce qu’évidemment, il y a eu des fuites et c’est arrivé aux oreilles de la direction): ils ont tout de suite suspendu le préavis, et il a eu droit à une conciliation.

    Et à la conciliation le mardi, il a été réintégré: son licenciement a été annulé pour “ vice de forme “, car dans le tract, on avait bien évoqué le fait qu’on n’acceptait pas le motif du licenciement ; en effet, si on laisse faire une telle logique, on est tous pendus à une ficelle!

    Depuis lors, je ne l’ai pas revu. A mon avis, ils ne vont pas le faire revenir à Delta : ils vont probablement l’éloigner sur un autre lieu de travail.

    La lutte contre le Pacte des Générations a-t-elle eu un impact important chez les travailleurs de la STIB?

    Oui, sans aucun doute. Cette lutte a été très bien suivie: plus de 90% de grévistes les deux fois! Même s’il n’y avait pas que des “convaincus” qui y ont participé, on n’avait pas obtenu une telle mobilisation lors des grèves précédentes (les grèves à répétition de la fin 2004).

    Mais on connaît la suite: les directions syndicales nous ont abandonnés: elles ont mis le couvercle car elles ont pris peur que ça débouche sur un mouvement qu’elles ne sauraient plus contrôler.

    Que penser selon toi des récentes publications des salaires mirobolants des directeurs de la fonction publique?

    Quand on pense qu’ils se préparent à nous faire avaler la modération salariale, c’est proprement scandaleux. Après le Pacte des Générations, ils s’entendent tous très bien (gouvernement, patrons et directions syndicales) pour passer au “Pacte de Compétitivité”.

    Ce qui est encore plus honteux, c’est que toutes les négociations se font en catimini, sans demander l’avis de la base. Evidemment, ils le font en connaissance de cause: ils savent très bien que, vu l’ampleur qu’a prise la mobilisation contre le Pacte des Générations, s’attaquer aux salaires des gens est un domaine encore plus sensible qui risque de mettre le feu aux poudres…

  • Rapprochement en trompe-l’oeil

    Le 1er Mai, les sommets de la FGTB et des partis socialistes ont fait le maximum pour montrer qu’il n’y avait aucun nuage entre eux. Cela a été particulièrement limpide à Ostende, où Xavier Verboven, secrétaire général de la FGTB, a marché fraternellement à côté du Vice-Premier Ministre « socialiste » flamand Johan Vande Lanotte et parlé de “rapprochement” entre eux. En Wallonie et à Bruxelles, où l’insécurité a été au coeur de tous les discours après la mort de Joe, les dirigeants du PS et de la FGTB se sont aussi entendus pour éviter les sujets qui les divisent, Pacte des Générations en tête.

    Anja Deschoemacker

    Le même phénomène de “rapprochement au sommet” a aussi été visible lors de la fête « Rerum Novarum » du Mouvement Ouvrier Chrétien. Dans son discours, Cortebeeck, le président de la CSC, a évité toute critique envers les sociaux-chrétiens.

    Quel contraste avec l’an dernier quand les dirigeants de la FGTB appelaient à une Cotisation Sociale Généralisée et à l’opposition au futur Pacte des Générations et quand Cortebeeck menaçait le gouvernement d’une grève générale s’il touchait aux prépensions.

    C’est qu’à l’époque le mécontentement et la pression de la base montaient et les direction syndicales étaient obligées d’en tenir compte – au moins dans les discours. Aujourd’hui que la pression est en partie retombée, les directions syndicales se rapprochent à nouveau de leurs « partis-frères ».

    Ce “rapprochement” n’est toutefois qu’un phénomène de sommet. Quelques jours après le 1er mai, au congrès de la FGTB flamande, la direction de celle-ci a été obligée de défendre une résolution promettant d’“évaluer en profondeur” les relations avec le SP.a, signe que le fossé qui s’est ouvert à l’occasion de la lutte contre le Pacte des Générations reste bien présent.

    Si on n’en est pas encore là du côté francophone, le sentiment que la FGTB n’a plus aucun relais politique pour défendre ses revendications est de plus en plus ressenti, non seulement parmi les délégués combatifs mais aussi dans une partie de l’appareil.

    Alors qu’après les élections communales vont commencer les grandes manoeuvres autour du nouvel Accord Interprofessionnel et d’un Pacte de Compétitivité que le patronat et le gouvernement veulent utiliser pour bloquer les salaires, il faut que s’accélère le mouvement vers la création d’un nouveau parti des travailleurs. Pour que lors des prochains 1er mai, les travailleurs aient de nouveau un parti ayant comme seule raison d’être la défense de leurs intérêts !

  • Camp Jeunes

    7-8-9 juillet

    Résistance Internationale – Etudiants de Gauche Actifs – Blokbuster


    Vendredi 7 juillet A partir de 10h

    Ouverture: LA RESISTANCE AU NEOLIBERALISME CROIT PARTOUT DANS LE MONDE

    Ateliers:

    > Job Mc Do, intérim, CPE,… Qu’ est-ce que l’ exploitation capitaliste ?

    Plus de flexibilité, cela signifie-t-il plus d’emplois ou plus de profits? Quels salaires sont trop élevés: ceux des travailleurs ou ceux des managers? Mondialisation et patriotisme économique: le capitalisme est-il un système viable ? Toujours plus de contrats précaires; comment obtenir des vrais emplois avec des vrais salaires?

    > Libéralisme, réformisme, religions et marxisme: Quelle vision du Monde ?

    Bush, Ben Laden : La religion détermine-t-elle la politique ? Clash des civilisations ou crise du capitalisme? Matérialisme ou idéalisme ? L’homme est-il un loup pour l’homme? Y a t-il des bons et des mauvais patrons ? Charité ou solidarité ?

    > L’oppresion de la femme, quelque chose d’ inévitable?

    Quelle est l’origine de la famille? L’éducation doit-elle reposer sur les épaules des parents? Des femmes chefs d’Etat, est-ce cela l’émancipation? Faut-il changer les hommes ou la société?

    > Qu’ est-ce que l’Etat ?

    Occupation militaire, Guantanamo et prisons secrètes en Europe: pour notre sécurité ou pour celle des multinationales? Pourquoi à nouveau des états d’urgences et des couvre-feu prennent-ils place ? Picanol, grand banditisme et délinquance, la justice est-elle la même pour tous ? Tolérance zéro, nettoyer les quartiers au karscher ou développer les services à la population, construire des logements décents pour tous,…?

    En soirée: projection grand écran. Film et Débat: THE TAKE

    Dans les années ‘90, la politique néolibérale a rempli les coffres des multinationales et de la classe politique corrompue en Argentine. L’économie argentine s’est écroulée comme un château de carte. Le gouvernement De La Rua (1999-2001) a tenté d’appliquer le programme du FMI. Une révolte de masse en Argentine contre le diktat du FMI a balayé 4 présidents en deux semaines fin 2001. Des milliers d’usines ont été abandonnées par les patrons qui ont foutu le camp les poches remplies de pognon. "The take", réalisé en 2004, relate le mouvement d’occupation d’entreprises par les travailleurs.


    Samedi 8 juillet

    Ateliers:

    > A la lumière de la révolution espagnole: Anarchisme ou Socialisme ?

    Guerre civile ou révolution ? Comment les captalistes en sont-ils arrivés à soutenir Franco? Front populaire ou front unique des travailleurs ? Quel rôle a joué l’URSS de staline ? Pourquoi la révolution espagnole a-t-elle échouée ?

    > Mai ‘68 et le parallèle avec la lutte contre le CPE

    Des universités à la grève de millions de travailleurs en France…l’autorganisation des jeunes et des travailleurs ? Réformisme ou révolution ? Quel rôle a joué le PCF ? Pourquoi le mouvement contre le CPE n’a-t-il pas abouti à la Grève Générale ? Qu’est-ce qui a manqué pour obtenir une victoire complète contre Chirac, de Villepin et Sarkozy?

    > L’ expérience de la Guerre du Vietnam pour le mouvement antiguerre

    Quelle similitude avec la guerre en Irak ? Pourquoi l’impérialisme américain a été forcé de retirer ses troupes ? Pourquoi le mouvement ouvrier irakien n’a pas la capacité d’organiser la résistance contre l’occupation, comme ce fut le cas au Vietnam? Quelle est la nature et le rôle des Al Sader, Zarqaoui & co. Va t-on vers une intervention militaire en Iran ?

    > La lutte pour le socialisme en Amérique Latine, de Che Guevara à aujourdhui !

    Che Guevara: plus important que son portrait, quelles sont ses idées ? Guérilla ou action de masse ? Chili et Nicaragua, pourquoi le capitalisme n’a pas été renversé ? Chavez et Morales vont-ils résoudre les problèmes sociaux? Populisme de gauche ou socialisme ? Quelle solution pour les masses en Amérique latine ?

    Après Midi: Détente et Sport: natation et détente au bord de l’eau, Match de foot, Volleyball, pétanque,..

    En soirée: BBQ

    Nuit: Fiesta

    Meeting: UNE NOUVELLE VOIE POUR LES JEUNES ET LES TRAVAILLEURS

    Y en a marre de la politique néolibérale. Le PS et le SP.a participent à tous les mauvais coups contre les acquis sociaux. Ils ont particpé à la casse des pré-pensions. Quel parti a représenté les centaines de milliers de travailleurs en grève? Avec le Plan Vandenbroucke et le Plan Arena, le PS et le SP.a veulent que l’enseignement deviennent une marchandise au service des entreprises. Pour arrêter les plans d’austérité et faire reculer les partis fascistes, nous avons besoin d’un nouveau parti des travailleurs. Des initiatives ont été prises pour construire une nouvelle force à gauche du PS-Sp.a et d’Ecolo-Groen.


    Dimanche 9 juillet. Nos Campagnes

    DES EMPLOIS, PAS DE RACISME ! «Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme» Malcom X

    Suite à la mort de Joe, un nombre important de remarques racistes ont été scandées par les politiciens. Le FN et le VB se régalent. Ce climat met en confiance les brutes fascistes pour exécuter leurs actes de violence comme à Anvers. Nous allons lutter contre la violence raciste, mais aussi contre ce système qui engendre le racisme. Les 4 grandes banques en Belgique ont fait un profit combiné de près de 10 milliards d’euros en 2005. Un petit groupe de capitalistes s’accaparent des profits exorbitants. Et cela tandis que la population est de plus en plus confrontée au manque de logements sociaux, à la désintégration du système d’éducation, à l’extension des emplois précaires et à l’affaiblisement du pouvoir d’achat. Le fossé entre riches et pauvres ne cesse de croître. Les patrons et leurs potes au gouvernement stimulent les idées racistes pour détourner l’attention sur cette contradiction. Le FN et le VB leurs emboitent le pas, et cachent les vrais profiteurs en pointant les immigrés comme responsables de la crise. Le racisme divise la jeunesse et les travaileurs. Cela affaiblit la capacité de riposte du mouvement ouvrier. Les politiciens traditionnels sont incapables d’arrêter l’extrême-droite. Au contraire, leur politique antisociale pousse toujours plus de gens à orienter leurs votes pour le VB ou le FN. Les partis fascistes sont les pires ennemis de la jeunesse et des travailleurs; ils veulent une politique néolibérale encore plus dure. Il nous faut une opposition de gauche crédible contre la politique antisociale. Nous voulons lancer une nouvelle campagne antifasciste du côté francophone ! BlokBuster apportera son expérience immense à sa construction et continuera ses actions en Flandre.

    7% du PIB pour l’ enseignement !

    Le plan Vandenbroucke, c’est une coupe sombre dans le budget de l’enseignement supérieur flamand. Actuellement, celui-ci est de 1,15 milliard d’euros alors que Dexia a réalisé un profit de 1,2 milliard d’euros en 2005. L’enseignement est un secteur sous-financé depuis des années. En 1980, 7% du PIB était consacré à l’enseignement. Aujourdhui moins de 5.6% du PIB y est encore consacré. Vandenbroucke veut appliquer la déclaration de Bologne et l’AGCS, un accord de l’OMC qui vise la privatisation de tous les services. Son plan vise à mettre les institutions en concurence sur le financement, ce qui les forcera à chercher des moyens dans le secteur privé et à reporter les coûts sur les étudiants. Pour accéder à l’université et aux écoles supérieures, on devra débourser des milliers d’euros pour les minervals comme aux Etats-Unis ou en Angleterre. Pour Vandenbroucke, la KUL doit devenir l’université réservée à l’élite. Une bonne partie des étudiants de Louvain n’auront ainsi plus accès à leur université. Certaines institutions seront plus accessibles que d’autres, mais cela se fera au détriment de la qualité de l’enseignement vu le manque de moyens. Les entreprises dicteront leurs lois aux institutions car celles-ci seront complètement dépendantes de leurs fonds. Du côté francophone, Arena propose un partenariat entre le public et le privé en ce qui concerne le financement des écoles. Pour le PS-SP.a, l’enseignement doit être centré sur le besoin des patrons et du marché du travail et non sur l’épanouissement de chacun. Le succès des manifestations à Bruxelles, Anvers et Gand a illustré que les étudiants et les membres du personnel ne sont pas dupes. Les délégués étudiants d’EGA et la délégation syndicale de la VUB ont joué un role moteur pour développer le mouvement.

    Ateliers (Matin) :

    > Qu’ est-ce que le Plan de Vandenbroucke? Un enseignement gratuit et de qualité pour tous: comment y arriver?

    > Comment stopper la violence fasciste ? Comment combattre le racisme et le fascisme ?

    Ateliers (Après Midi) :

    > Enseignement: Comment préparer au mieux la rentrée ? Après Bruxelles, Gand et Anvers, comment continuer?

    > Comment construire une Nouvelle Campagne antifasciste en Wallonie ? Quels types d’ actions entreprendre ?

    Clôture: NOTRE CAMPAGNE D’ETE


    LIEU? PRIX?

    Le Camp jeunes se déroulera à ZANDVLIET

    Le Camping se situe près d’Anvers, Train Anvers central: prendre le bus à la place Roosevelt

    L’ accueil, l’inscription et l’installation des tentes débutera vendredi à 10h, il faut amener sa tente, son matelas, son sac de couchage.

    Prix: 25 euros pour les trois jours, Cela comprend le logement, l’infrastructure et les repas

    + infos: 02.345.61.81 / 0472. 41.62.78

    Paiement possible par versement: 001-2260393-78 avec la mention "Camp 2006"

  • Bruges: une nouvelle page de la tradition VB de violence fasciste

    Le 6 mai, des skinheads néo-nazis à Bruges ont battu un homme de couleur jusqu’à le plonger dans le coma. Parmi les casseurs se trouvait quelqu’un qui, selon nos informations, était très actif dans les cercles néo-nazis. Ce n’est pas la première fois que Bruges fait la une des médias avec un acte de violence raciste commis par l’extrême-droite.

    Geert Cool

    Vous avez dit “pas raciste”?

    “Le drame des pays africains est tout simplement qu’il y a trop peu de gens intelligents. S’y ajoute le fait que dans l’infime minorité dont le QI dépasse le 100, il y en a pas mal qui migrent vers l’Europe et l’Amérique du Nord.”

    Filip De Man, parlementaire du VB sur son site web le 8 mai 2006

    “Les carnivores ont les dents et griffent. Les carnivores ont des couteaux. Déjà lorsqu’ils étaient enfants, ils ont appris au cours de la fête du sacrifice annuelle comment ils doivent égorger les animaux de troupeau. Nous avons la nausée quand nous voyons le sang, mais pas eux. Ils ont été entraînés, ils sont armés (…). Nous sommes les animaux du troupeau, ils sont les prédateurs. Les animaux du troupeau ont admis les carnivores eux-mêmes dans leur biotope.“

    Paul Beliën sur les auteurs maghrébins de l’assassinat sur Joe Van Holsbeeck… avant qu’il n’apprenne qu’il s’agissait en fait de Polonais. Beliën est l’époux d’Alexandra Colen, parlementaire du VB, et collabore régulièrement aux activités du service d’étude du VB.

    C’est à Bruges que Vanhecke et Dewinter, les deux principaux leaders du Vlaams Belang, ont fait leurs premiers pas dans les années ‘80. Ceux-ci ont été de pair avec une campagne violente contre les opinions politiques différentes. Des cafés ‘trop à gauche’ ont été attaqués et même incendiés ! Le sonneur de cloches d’une église a même été attaqué par des fascistes qui voulaient mettre un drapeau flamand en haut du beffroi.

    En 1997, un attentat à la bombe a été perpétré contre un militant d’extrême-droite, Jeroen Mol. Celui-ci a prétendu que Blokbuster, notre campagne antifasciste en Flandres, était responsable de cette attaque, mais il a finalement dû reconnaître qu’il en était lui-même l’auteur! Vanhecke, le président du VB, a tout de suite pris ses distances par rapport à Jeroen Mol, mais l’ancien parlementaire du VB, Rob Verreycken, a rapidement été désigné comme avocat pour Mol.

    Le VB prétend n’avoir rien à voir avec les néo-nazis et les skins. C’est du moins ce qu’il affirme quand il sent que l’attention sur les problèmes provoqués par des néonazis et des skins devient trop importante. Mais, en temps normal, ceux-ci restent les bienvenus, même au sein des structures du Vlaams Belang.

    Cela a été une nouvelle fois démontré fin avril quand les médias ont annoncé qu’un concert néonazi allait être organisé en Flandre Occidentale par un membre du conseil régional du VB. Le nom de l’organisateur a alors tout de suite disparu du site web du VB à Bruges. Mais les médias ne se sont pas aperçus que Dieter Van Parys, membre du conseil communal de Bruges, est également membre de l’organisation de jeunesse à l’origine du concert (la VJW). Et lui est toujours présent sur la liste des membres du conseil régional du VB…

    Face à la violence des groupuscules fascistes comme les néo-nazis de Blood & Honour ou de Nation, il est nécessaire de s’organiser afin de s’assurer que les intimidations mineures ne dégénèrent pas en violences plus poussées. La faiblesse incite à l’agression et la seule réponse efficace est donc de devenir plus fort en s’organisant.

    Cela s’est vu entre autres à Turnhout en 2004 quand des jeunes alternatifs et immigrés ont été la cible de néo-nazis qui n’ont pas hésité à recourir à la violence physique. Nous avons tout de suite mis sur pied une campagne contre la violence raciste par laquelle nous avons informé et mobilisé la population. La campagne a abouti à une manifestation en septembre 2004. Un des auteurs de la récente attaque à Bruges a écrit quelques semaines auparavant sur un forum internet qu’il préfère maintenant ne plus fréquenter Turnhout car les néo-nazis n’y sont nulle part acceptés…


    Violence gratuite. Filip Dewinter et un comparse tabassent un adversaire politique au milieu des années ‘80.

  • Le racisme tue! Seule une politique sociale peut enrayer la croissance de la violence

    De l’emploi, pas de racisme! Tout ce qui nous divise, nous affaiblit !

    La violence raciste et la violence « inutile » ont été au coeur des débats ces dernières semaines. A la Gare Centrale de Bruxelles, Joe Van Holsbeeck a été assassiné pour son lecteur MP3. A Bruges, un groupe de néo-nazis a attaqué deux hommes, dont un est toujours dans le coma. A Anvers, Hans Van Themse a voulu « tuer autant de macaques que possible ». Bilan: deux mortes et une blessée grave. Un peu plus tôt, on avait retrouvé le corps de Mohamed Bouazza, lui aussi probablement victime d’un attentat raciste. Le choc et la colère sont énormes.

    Geert Cool

    Nous ne voulons pas nous limiter à la sympathie et à la colère, mais également examiner ce que nous pouvons faire contre l’augmentation des actes de

    Anvers: Halte à la violence raciste!

    Jeudi 11 mai, Oulemata et Luna, qui n’avait que deux ans, ont été assassiné par Hans Van Themse. Arrivé au centre ville avec un fusil, il a visé et tiré sur des personnes parce que l’une portait le voile et l’autre était noire. Ce drame s’est déroulé dans des endroits très fréquentés, ce qui permet mieux de comprendre pourquoi la violence est devenue très concrète pour de larges couches de la population : « On aurait pu nous aussi être là au même moment ». Le choc créé par ce crime raciste a conduit à une réaction émotionnelle auprès de milliers de personnes.

    De tels meurtres racistes ne pouvaient que provoquer une grande discussion sur la responsabilité du Vlaams Belang et sur le racisme. Bien que l’assassin ait été un raciste passablement déconnecté du monde, nous devons nous demander pourquoi de tels types se sentent aujour-d’hui suffisamment en confiance pour passer à l’acte. La famille de Luna a dit que Hans Van Themse “est un jeune homme qui a été élévé dans un environnement qui s’attache à l’idéologie du Vlaams Belang“. En effet, non seulement le grand-père et le grand-oncle de Van Themse sont allés se battre pendant la guerre sur le Front de l’Est avec les SS, mais son père participe aux activités du Voorpost (le service d’ordre du VB) et sa tante est parlementaire du VB !

    Le VB a évidemment renforcé le courant d’idées racistes, mais la direction de ce parti n’est pas la seule à le faire. Les partis traditionnels se déclarent souvent “anti-racistes”. Cela ne les empêche pas de mener avec enthousiasme une politique d’exclusion et de division. A titre d’exemple, le débat sur la régularisation des sans-papiers est entouré en Flandre d’une rhétorique de répression et de criminalisation de ceux-ci.

    De même, quand on parle de salaires, la comparaison est toujours faite avec les travailleurs des pays à salaires moindres et de plus en plus avec les étrangers qui, avec ou sans papiers, travaillent ici. Patronat et gouvernement font tout pour dresser les travailleurs les uns contre les autres, mais déclarent ensuite que le racisme est mauvais! Ils ne vont évidemment pas nous dire franchement qu’ils veulent s’attaquer à nos salaires afin d’augmenter encore plus leurs profits. Non, ils vont prétendre que c’est à cause des bas salaires des autres travailleurs et pour rester « compétitifs ».

    Le terreau de l’extrême-droite

    La pauvreté augmente

    – risque de pauvreté en Belgique: 15,2%

    – risque de pauvreté des chômeurs: 32%

    – risque de pauvreté des locataires: 24,6%

    Le travail au noir: imposer des salaires plus bas et de moins bonnes conditions de travail

    -En 1998, le travail en noir a été estimé représenter en Belgique entre 12 et 20 % du PIB. La Commission Européenne déclare que ce type de travail est en augmentation partout en Europe.

    -Selon des chiffres de la Direction générale Contrôle des lois sociales, il s’avère que 40 % des entreprises contrôlées est coupable de travail au noir. L’embauche de sans-papiers en fait partie. Des 14.611 entreprises contrôlées en 2002, 547 d’entre exploitaient des sans-papiers.

    Le logement de plus en plus cher

    – Le prix d’un appartement à Saint-Gilles (Bruxelles) a augmenté de 46 % en deux ans (chiffre de 2005).

    – Entre 1997 et 2004, le prix moyen d’un appartement en Flandre a augmenté de 260% (de 45.300 euros à 128.702 euros).

    – Les loyers bruxellois ont augmenté en moyenne de 25 % entre 1998 et 2001et de 70% entre 2001 et 2005.

    Comment lutter contre le racisme?

    La situation difficile dans laquelle se retrouvent beaucoup de travailleurs et de chômeurs et les discours du gouvernement et du patronat offrent un terreau fertile aux opinions racistes et à leur croissance. Alors que la pauvreté grandit (15 % des Belges sont officiellement pauvres), nous devons travailler toujours plus, être plus rentables, dans des emplois toujours plus précaires alors que les richesses augmentent. Le racisme peut ainsi fleurir et s’épanouir.

    A défaut d’instruments pour organiser la lutte contre la politique néolibérale et antisociale, une marge de manoeuvre existe pour l’extrême-droite en tant que moyen d’expression électorale d’un mécontement passif. Il faut forger des instruments de lutte (des syndicats combatifs et démocratiques, un nouveau parti des travailleurs) avec lesquels nous pourrons réclamer des comptes aux vrais responsables plutôt qu’à ceux qui sont encore plus mal lotis que nous.

    Dans une Carte blanche parue dans plusieurs quotidiens flamands sous le titre “Le racisme est notre responsabilité collective”, une série de militants de gauche, de professeurs et de philosophes expliquent qu’il est temps d’une “réflexion collective, politique et sociétale”. Ils déclarent qu’il est nécessaire de se servir de tous les moyens juridiques et politiques possibles contre le Vlaams Belang. Ils demandent aussi que toutes les discriminations soient combattues, notamment au moyens des quotas d’embauche, et que les médias luttent contre le racisme au quotidien.

    Avec de telles mesures, on peut prédire que le racisme ne diminuera pas. Car c’est la politique néolibérale qui doit clairement être mise en cause et combatue. Face au chômage parmi les immigrés et les jeunes, il faut une redistribution du travail: 32 heures sans perte de salaire et avec embauche compensatoire.

    Des opinions racistes ne peuvent être combattues que sur base d’une telle lutte unifiée. Lors des piquets et actions contre le Pacte des Générations, ce qui était demandé en premier lieu à un travailleur, ce n’était pas de quelle origine il était, mais plutôt quelle était sa volonté d’action contre les attaques sur nos pensions.

    L’absence d’alternative politique pour les travailleurs permet au racisme de croître. De nouveaux procès contre le VB ne vont pas y changer grand chose, au contraire. La meilleure arme pour combattre le racisme est la création d’un nouveau parti des travailleurs capable de lier la lutte quotidienne à un programme politique visant à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et de leurs familles. En nous battant ensemble pour nos droits, les véritables responsables des problèmes politiques vont se démasquer. Et il sera clair alors qu’il ne s’agit pas du voisin d’origine marocaine, mais des patrons dont les profits exorbitants sont fait sur notre dos à tous.

    Transformer le mécontentement passif en résistance active, voilà à la fois le défi pour un nouveau parti des travailleurs et la seule possibilité de lutter efficacement contre la croissance électorale continue de l’extrême-droite.

    La tristesse est-elle d’Anvers?

    Le conseil communal d’Anvers a essayé de dominer entièrement les protestations. La Marche Silencieuse du 26 mai avait comme slogan principal “ Het verdriet is van A ” (Jeu de mot : La tristesse vient de vous/ la tristesse vient d’Anvers). La Gazet Van Antwerpen a écrit que le slogan « était associé à la campagne de promotion de la ville d’Anvers avec la lettre « A » ensoleillée. C’est pourquoi un autre slogan plus neutre aurait été plus adéquat.”

    Le conseil communal d’Anvers veut intégrer la tristesse et la colère face aux meurtres dans sa campagne publicitaire alors qu’il affirme vouloir éviter la récupération politique… Et ce n’était qu’après une forte insistance des familles des victimes qu’un slogan contre le racisme a été ajouté !

    En solidarité et en sympathie avec les familles des victimes, nous n’avons pas voulu manifester contre l’interdiction d’opinions allant à l’encontre du conseil communal qui a organisé la marche. Mais c’est aussi à cause de notre sympathie et de notre solidarité que nous voulons nous organiser pour mener une politique efficace contre le racisme et le terreau sur lequel il peut se développer.

    Pour cela, nous devons aller à contre-courant d’un conseil communal qui s’intéresse surtout aux projets de prestige et aux campagnes publicitaires et pas aux attentes réelles des travailleurs et leurs familles.

  • Droixhe. Accord en vue pour les locataires

    Dans notre précédent numéro nous avons rapporté la mobilisation des locataires de la société de logements sociaux Atlas dans le quartier de Droixhe à Liège. Un collectif s’est constitué afin de demander de meilleures conditions lors de la rénovation de leurs immeubles.

    Simon Hupkens

    La mobilisation des locataires au moyen d’assemblées générales et d’une pétition qui a recueilli plus de 500 signatures avait abouti dans le 28 avril à une occupation des bureaux de la société. Une trentaine de locataires avaient alors occupé les lieux jusqu’à ce qu’une délégation soit reçue par Maggy Yerna, la présidente de la société Atlas.

    Les délégués ont pu se rendre compte de l’attitude hautaine et infantilisante avec laquelle elle traitait les locataires. Maggy Yerna, échevine et ponte locale du PS, n’a pas l’habitude de négocier avec la plèbe.

    Par contre, elle sait reconnaître un mouvement qui peut lui amener des problèmes (et entacher son image à quelques mois des élections). Aussi a-t-elle accepté de discuter des revendications des locataires: appartements de transit adaptés pour tous pendant la période de travaux, sécurité renforcée sur les chantiers, aide au déménagement et indemnités de réaménagement. Lors des rencontres suivantes (toujours appuyées de petites mobilisations), elle a réaffirmé sa volonté d’aboutir à un accord satisfaisant pour les locataires.

    Ce mouvement (qualifié avec dédain de « génération spontanée » par Mme Yerna) a eu pour effet de réveiller l’association officielle des locataires qui s’est empressée de soutenir les revendications du collectif. Mme Yerna qui espérait sans doute profiter d’une division du mouvement entre délégués «officiels» et collectif « spontané » en sera pour ses frais. Les locataires d’Atlas ont reconnu où se trouvait leur intérêt: dans l’unité.

    Tout au long de la mobilisation, le collectif a pu bénéficier de l’appui de nos militants. Mais la direction du mouvement a été assumée par les locataires eux-même en complète autonomie. Dans cette campagne, le MAS a mis à la disposition du collectif ses ressources, son expérience et ses militants. Mais la décision finale a toujours été l’affaire des locataires eux-mêmes.

    Une chose est de le savoir en théorie. Mais voir un mouvement de base se constituer, lutter et éviter tous les écueils qui le guettent nous a réjouis et nous conforte dans notre idéal.

    Les assemblées qui ont été organisées ont parfois été houleuses mais le mouvement a su, en définitive, éviter la division (entre associations, entre communautés ou entre locataires des différents blocs) et la récupération (par les « leaders » en mal de troupes ou les politiciens locaux).

    Si les locataires maintiennent ce cap, il est probable que leur campagne connaîtra un succès total.

  • La Poste: Il faut une lutte d’ensemble!

    Les réformes se succèdent à La Poste. Georoute 1, 2 et bientôt 3, nouvelle classification de fonctions, points-postes, partenariat, … Dans l’intérêt du personnel ? Il doit en faire toujours plus avec des effectifs de plus en plus réduits. Dans l’intérêt de la clientèle ? Il n’y a jamais eu autant de plaintes sur la qualité du service.

    Par un correspondent

    Avez-vous vu la dernière affiche promotionnelle de La Poste ? On y voit un facteur qui fait des pieds et des mains – au sens littéral du terme ! – pour distribuer son volumineux courrier. Cette affiche rend assez bien compte – involontairement certes – des conditions de travail à La Poste.

    La direction prétend que le volume de courrier diminue à cause de la concurrence d’internet. Rien n’est moins vrai: le volume des publicités toutes-boîtes et des colis ne cesse de s’accroître, car les entreprises savent que c’est le plus sûr moyen d’atteindre le client. Et puis, essayez toujours d’envoyer un colis par internet!

    Mais la direction de La Poste n’en démord pas: le personnel est trop nombreux et il devra passer sous la barre des 30.000 d’ici 2008 (34.000 aujourd’hui). La direction jure ses grands dieux que ça se fera sans licenciements secs. De qui se moque-t-on ? De plus en plus de postiers sont engagés avec un contrat à durée déterminée. Le non-renouvellement de leur contrat équivaut à un licenciement pour eux. Les pertes d’emplois sont aussi un problème pour ceux qui restent, car ils sont moins nombreux pour un volume de travail qui ne baisse pas.

    La pression du travail augmente et le bien-être du personnel s’en ressent. La qualité du service aussi : quand un postier doit assurer deux services à la fois (parce qu’on a supprimé un poste de travail), l’un des deux risque d’être bâclé faute de temps pour s’en occuper correctement.

    Aujourd’hui, la direction de La Poste est en train d’introduire la deuxième phase de Georoute (un système informatique de réorganisation des tournées) qui coûtera encore plus d’emplois. Mais elle le fait bureau par bureau pour que la résistance se fasse en ordre dispersé.

    Qu’attendent les syndicats pour organiser une riposte unifiée à ces réformes antisociales ? Une telle riposte pourrait démarrer par des assemblées générales communes à toutes les catégories du personnel – avec des arrêts de travail pour permettre à tous d’y participer – pour expliquer les enjeux des réformes en cours et proposer un calendrier d’actions.

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