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  • Réponse du MAS au Secrétariat fédéral sur sa participation au sein d’UAG

    Le Bureau Exécutif du MAS, 8 juin 2006

    Camarades,

    La lettre émanant du secrétariat fédéral d’Une Autre Gauche – et plus encore le communiqué de quatre « initiateurs » d’UAG (Alain Van Praet, Freddy Dewille, Corinne Gobin et Jean-Claude Deroubaix) voulant imposer un gel de toutes les réunions et activités de cette initiative – mettent en cause l’attitude du MAS (LSP en Flandre) au sein d’UAG. Les « initiateurs » nous rendent quasiment responsable de tous les problèmes que rencontre UAG et de son trop faible développement depuis trois mois tandis que le Secrétariat nous demande avec insistance de nous déterminer face à une série de « décisions » concernant le fonctionnement d’UAG.

    Nous sommes en désaccord avec cette approche qui consiste à dire que nous faisons régulièrement des « manœuvres », comme avoir tenté d’imposer notre projet de tract pour le 1er mai et de forcer une fusion d’ Une Autre Gauche (UAG) et d’Een Andere Politiek (EAP). Cela est faux. Nous ne sommes pas coutumiers de ce genre de pratique. Nous avons soumis à la discussion – lors d’une réunion prévue expressément pour cela – une proposition de tract qui, pour nous, permettait de réunir les deux initiatives pour une première apparition publique commune et nous n’avons rien imposé. Et nous avons proposé de travailler ensemble à Bruxelles, une ville où vivent les deux communautés, afin de ne pas avoir des réunions et des activités locales séparées pour les Flamands et les francophones.

    Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls visés par ces accusations de « manœuvres ». Corinne Gobin, dans sa lettre de démision du Secrétariat Fédéral (2 juin), écrit que la position de Jef Sleeckx quant à l’utilisation du terme « gauche » est elle aussi une manoeuvre. Elle prétend que si Jef Sleeckx propose de ne pas utiliser ce terme, ce ne serait pas pour la raison qu’il explique, mais parce qu’il céderait à la pression des partis traditionnels qui reprennent des idées du VB.

    Pourtant Sleeckx se présente ouvertement comme un socialiste dans la presse alors que le SP.a a retiré ce mot de son nom. Sleeckx pense qu’utiliser le terme « gauche » est un frein à la participation de militants et de délégués de la CSC/ACV et plus largement de travailleurs issus du mouvement ouvrier chrétien. Nous ne sommes pas d’accord avec lui sur ce point. Mais Corinne, qui, à notre connaissance, n’a jamais été en Flandre voir le travail d’EAP, préfère se baser sur ses préjugés sur la Flandre et la gauche en Flandre plutôt que sur une discussion sérieuse des arguments de Sleeckx pour expliquer la position de celui-ci. Sa conclusion est éloquente : « …son (Jef Sleeckx) programme se réduit à « Faites-moi confiance car je vais respecter ce que vous me direz de faire. Expliquez-moi ce que vous voulez et j’en ferai mon programme ». « Là nous sommes au degré zéro de la politique,… ». Jef serait donc d’après elle un populiste manoeuvrier.

    Mais, plus fondamentalement, les problèmes de « fonctionnement » nous semblent dus avant tout à la volonté de certains « initiateurs » d’UAG de garder le monopole de la décision par un refus de dicuter et cela au mépris de la démocratie dont ils se revendiquent.

    Nos positions par rapport à Une Autre Gauche ont déjà été expliquées à plusieurs reprises dans notre matériel propre ( journal « Alternative Socialiste » / site www.socialisme.be ) mais également dans le courrier posté sur le forum : lettre du Bureau Exécutif du MAS-LSP par rapport au tract du 1er Mai (25 avril) et lettre des 8 membres du MAS présents à la dernière AG fédérale en réaction au PV de cette AG (17 mai). Les a-t-on lues (et comprises) ? A défaut, cela expliquerait-il pourquoi nos positions ne sont pas présentées de manière correcte dans la lettre au nom du SF? Il nous semble donc indispensable de revenir sur les points essentiels de notre politique avant d’aborder les autres questions.

    1. Le MAS est pour un nouveau Parti des Travailleurs

    Depuis 1995, nous plaidons pour un nouveau parti des travailleurs (« travailleurs » au sens large de ce mot, c’est-à-dire les travailleurs actifs et non actifs; wallons, flamands, bruxellois, immigrés et sans papiers; encore étudiants ou déjà à la retraite; actifs dans des entreprises ou cherchant de l’emploi, FGTB et CSC) qui se profile clairement à gauche, un parti capable de rassembler tous ceux qui sont prêts à lutter – en paroles et surtout en actes – contre la politique néo-libérale que mènent tous les partis traditionnels aux différents niveaux de pouvoir.

    Cette nécessité est devenue encore plus criante – et a été perçue par un nombre grandissant de gens – depuis la lutte contre le Pacte des Générations l’an dernier lorsqu’aucun des partis représentés au parlement ne s’est fait l’écho des centaines de milliers de travailleurs qui ont fait grève contre ce Pacte.

    Cette nouvelle voix, nous voulons qu’elle se fasse entendre pas seulement au moment des élections, mais tous les jours dans les entreprises, les quartiers, les écoles et partout où les opprimés sont prêts à résister.

    Comment un tel parti large pourra-t-il se développer ? Pas simplement en réunissant les gens qui aujourd’hui sont déjà conscients de la nécessité de s’opposer totalement à la politique néo-libérale ou au capitalisme. Mais en se tournant résolument vers des couches plus larges de militants et de délégués syndicaux, de jeunes, de sans-papiers qui peuvent comprendre eux aussi cette nécessité et s’engager… pour autant qu’on aille à leur rencontre et qu’on discute avec eux.

    Le MAS est prêt à collaborer avec toutes les autres forces de gauche pour construire ce parti. Mais gagner ces couches larges à la construction de ce parti (c’est-à-dire de penser en termes de milliers de personnes et pas de centaines ou de dizaines comme aujourd’hui!) implique de discuter avec ces gens, de participer à leurs luttes, de les impliquer dans les combats que nous menons, de mener un débat politique sérieux sur ce que nous voulons faire ensemble, de construire une confiance politique entre les organisations politique existantes et les nombreuses personnes non organisées politiquement qui nous rejoindront,…

    Ce processus prendra du temps et de l’énergie et passera sans doute par plusieurs étapes successives de coopération renforcée. Un tel parti ne peut donc pas être créé en quelques semaines. Ce qui n’est pas une raison pour ne pas commencer à travailler aujourd’hui !

    Le MAS est prêt à s’intégrer dans un tel parti large, à y fonctionner en tant que tendance et à y défendre son orientation anticapitaliste et socialiste aux côtés d’autres tendances et d’autres options. Car nous pensons que ce parti devra être – pendant sa phase de construction comme après – un lieu de débats et de confrontations d’idées et que ce débat sera un moteur pour le développement d’un parti large et non un frein.

    2. Deux initiatives pour un nouveau parti de gauche…

    Deux initiatives sont nées au cours des derniers mois avec comme objectif commun d’aboutir à la création d’un nouveau parti à gauche des PS/Sp.a et Ecolo/Groen.

    Après avoir fait campagne ensemble contre le projet de Constitution Européenne, Jef Sleeckx (ex-parlementaire SP.a), Lode Van Outrive (ex-député européen SP.a) et Georges Debunne (ancien président national de la FGTB) ont lancé une initiative pour Une Autre Politique (Een Andere Politiek – EAP). Au cours des six derniers mois, Sleeckx a participé à des dizaines de discussions avec des groupes de délégués et de militants syndicaux et tenu des meetings locaux dans plusieurs villes. A la suite de ces diverses discussions, des groupes locaux de cette initiative se sont mis en place dans plusieurs endroits et font vivre et progresser la discussion sur la nécessité d’une politique alternative au néo-libéralisme et d’une nouvelle formation politique de gauche. Une première Assemblée Générale de cette initiative aura lieu le 17 juin.

    Un peu plus tard, quelques militants francophones (Alain van Praet, Freddy Dewille, Corinne Gobin, Jean-Claude Deroubaix) ont, avec le soutien d’une trentaine d’autres signataires, lancé un appel « Une Autre Gauche est Nécessaire » qui a été finalement publié dans « La Libre Belgique » le 28 février. Sur base de cet appel, ils ont appelé à une Assemblée qui a réuni une soixantaine de personnes et donné naissance à l’initiative « Une Autre Gauche est Nécessaire » (UAG).

    Le MAS participe à EAP et jusqu’ici à UAG dans la mesure où elles représentent des pas en avant pour les gens qui cherchent une alternative politique à gauche. Dans ces deux initiatives, nous défendons notre perspective politique d’un nouveau parti des travailleurs (telle que nous l’avons expliquée au point 1). Mais nous portons une appréciation différente sur le contenu et les perspectives de ces deux initiatives.

    3. …et deux approches différentes

    L’initiative EAP n’a pas démarré par la confection d’un programme complet pour un nouveau parti. Ses initiateurs ont préféré lancer une discussion large sur la critique de la politique néo-libérale actuelle et la nécessité d’une autre politique auprès de centaines de délégués et de militants syndicaux et d’autres militants et travailleurs. Leur objectif est de stimuler la volonté de construire une nouvelle politique parmi des couches plus larges que celles qui se mobilisent habituellement avec la « petite gauche radicale ». La concrétisation d’un programme et la création d’un nouveau parti doivent venir progressivement et émerger du débat avec ces couches plus larges. Enfin, les initiateurs d’EAP ont insisté dès le départ sur leur volonté de construire une initiative nationale tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles.

    Si l’objectif final que se donne UAG – un nouveau parti à gauche des partis socialistes et écologistes – est semblable à celui d’EAP et même s’il y a eu des contacts et des échanges avec celle-ci, UAG s’est développée de manière différente d’EAP.

    Mais le problème vient du refus de discuter des initiateurs d’UAG et de l’utilisation de mesures antidémocratiques afin de forcer chacun à appliquer leur vision de construction. On comprend que ce refus obstiné de discuter et les déformations courantes de nos positions par les 4 « initiateurs » amènent à un manque de clarté des positions défendues dans UAG chez certains participants à l’initiative. Il nous semble clair que :

    1. L’insistance mise à agiter comme point de départ de toute adhésion à UAG le terme d’« anticapitaliste » signifie que l’initiative se tourne dès le départ vers le milieu de la « petite gauche radicale » et en particulier sa frange intellectuelle et altermondialiste (les militants déjà organisés politiquement mais aussi et surtout, dans l’espoir des initiateurs, les gens qui ne sont pas encore organisés politiquement). Cela nous semble renforcé par le fait que, tant dans ses interventions publiques (à la conférence-débat d’UAG à Liège notamment) que dans sa récente lettre au Secrétariat d’UAG, Corinne Gobin situe l’origine d’UAG dans la foulée du mouvement altermondialiste, d’ATTAC et des Forums Sociaux en passant sous silence les luttes des travailleurs, le mouvement syndical et la lutte contre le Pacte des Générations.

    2. Puisque l’initiative s’adresse à des gens déjà convaincus de l’essentiel (l’anticapitalisme), il est logique alors de vouloir donner la priorité à la discussion d’un programme plus approfondi, à la création de groupes de travail et de réflexion (reposant sur les membres actuels de l’initiative), à discuter rapidement de la mise en place de structures, de statuts et du choix d’un nom « définitif »,…

    3. Par contre, il est frappant de voir à quel point les « initiateurs » se soucient peu de l’élargissement du projet, de l’organisation de réunions locales et régionales, de contacts avec des syndicalistes,… Là où Jef Sleeckx parcourt la Flandre d’un bout à l’autre et saisit chaque occasion pour intervenir en Wallonie et à Bruxelles, les « initiateurs » d’une Autre Gauche semblent attendre les invitations chez eux !

    4. Ce manque d’intérêt pour l‘élargissement d’UAG (en nombre de participants mais aussi en qualité – en attirant l’intérêt et la collaboration de militants et de gens réellement engagés dans des luttes syndicales, étudiantes, de quartiers,…) nous fait penser que les « initiateurs » considèrent que les futurs membres d’UAG figurent déjà dans leurs carnets d’adresses personnels et que le reste du monde n’existe guère.

    5. Un nouveau pas dans la fuite en avant a été fait récemment par Corinne Gobin dans une lettre au Secrétariat d’UAG où elle explique que « les représentants d’autres partis n’ont rien à faire dans les structures de décision d’un autre parti en construction ». On peut en déduire que les militants d’organisations de gauche soutenant UAG pourraient être acceptés pour distribuer les tracts, coller des affiches, remplir des salles (pour autant qu’ils se taisent !) mais pas pour faire connaître leur point de vue et le défendre dans les endroits où se prendraient les vraies décisions. Nous devons bien avouer que le rapport entre cette conception d’exclusion et la démocratie dont se réclame si fort Corinne Gobin nous échappe complètement ! Par contre, le rapport avec la manière dont les politiciens traditionnels voient l’utilisation de leur « base » nous semble évident.

    6. Avec une orientation de ce type, le développement d’un outil politique large qui donne une voix aux travailleurs (au sens large) est impossible. Le seul résultat auquel UAG pourra aboutir est la création d’une nouvelle petite organisation d’extrême-gauche. C’est ce que défend Corinne dans sa lettre de démission au SF: « Je voulais au sein d’UAG relever le défi inverse : créer une union d’individus assumant la même vision de transformation de la société.»

    Cette nouvelle organisation ne se différenciera des autres que parce que :

    · elle aura un programme plus « soft » (l’anticapitalisme mais pas le socialisme et la révolution !)

    · elle sera tournée prioritairement vers les intellectuels et le milieu altermondialiste

    · elle sera moins militante que le PTB/PVDA et le MAS/LSP.

    Inutile de dire que ce n’est pas cela qui pourra remplir le vide politique à gauche du PS et d’Ecolo et donner un espoir à des milliers de gens !

    4. Une Autre Gauche est nécessaire. Une Autre Orientation aussi !

    Notre conception du développement d’UAG est différente. Nous sommes pour une initiative qui se développe pas simplement en unissant les gens qui aujourd’hui sont déjà conscients de la nécessité de s’opposer totalement à la politique néo-libérale et au capitalisme, mais en se tournant résolument vers des couches plus larges de travailleurs (dans le sens large : avec ou sans emplois, encore aux études ou à la retraites, de toutes origines,…) qui peuvent comprendre eux aussi cette nécessité et s’engager… pour autant qu’on aille à leur rencontre et qu’on discute avec eux.

    L’initiative doit pouvoir s’implanter dans un nombre d’entreprises, d’écoles et de quartiers. Nous devons discuter avec les syndicalistes qui animent le groupe EAP à Anvers pour voir comment ils ont réussi à intéresser des dizaines de délégués et des militants combatifs à l’initiative EAP. Nous devons nous demander comment attirer les travailleurs licenciés de Splintex après quatre mois de lutte, les animateurs de la lutte des sans-papiers (qui, eux, ne s’arrêtent pas à des frontières linguistiques !), les locataires de Droixhe en résistance contre la société de logement Atlas, les jeunes qui refusent le plan Arena d’immixtion du privé dans l’enseignement secondaire, les étudiants et les membres du personnel de la VUB qui luttent contre le plan Vandenbroucke de réforme élitiste de l’enseignement supérieur flamand,… et, plus globalement, les milliers de délégués et de militants syndicaux qui ont lutté contre le Pacte des Générations et qui, demain, devront affronter un Pacte de Compétitivité et le blocage des salaires réels.

    Ces approches différentes quant au choix des couches vers lesquelles nous voulons orienter l’initiative, amènent à des conclusions pratiques différentes. Nous pensons que, dans les tracts et tout le matériel d’UAG, nous devons mettre au placard le langage académique et incompréhensible pour la majorité des gens. Nous pensons que les idées anticapitalistes doivent être traduites dans des revendications concrètes qui partent des expériences et des préoccupations des gens. Nous pensons aussi que l’initiative doit être ouverte à ceux qui ne sont pas encore prêts à se coller une étiquette « Anticapitaliste » sur le front mais qui ne sont pas prêts non plus à entrer en coalition avec les partis traditionnels, tout comme elle doit aussi rester ouverte à ceux qui portent fièrement cette étiquette sur le front, qui l’ont même colorée en fluo afin qu’elle attire l’attention, mais qui sont encore prêts à figurer une fois de plus sur des listes électorales du PS, du SP.a, d’Ecolo et de Groen, des partis qui appliquent la politique néolibérale depuis des années. Nous pensons qu’il faut premièrement élargir l’initiative – c’est-à-dire rassembler une première couche de travailleurs dans l’initiative – et élaborer le programme avec ceux-ci, une fois que l’initiative a acquis une réelle représentativité. Mettre ces gens devant le fait accompli d’un programme tout fait et établi en petit comité serait complètement contre-productif.

    Cette différence de démarche n’aboutit pas seulement à des conclusions différentes quant au langage à utiliser et à la façon d’établir le programme mais aussi sur un autre point capital : la nécessité d’une initiative nationale.

    5. Le MAS est pour Une Initiative Nationale

    Le patronat et les politiciens stimulent les idées racistes, nationalistes et sexistes afin de diviser les travailleurs. Les différences régionales existent évidemment en Belgique mais les « problèmes communautaires » sont systématiquement mis en avant par les politiciens traditionnels et les patrons pour détourner l’attention des attaques qu’ils lancent contre la population. Lors de la « crise » sur Bruxelles-Hal-Vilvorde, tous les sondages ont montré que ce problème était le cadet des soucis des Belges et, que même pour les habitants de cette zone, il était loin d’être leur première préoccupation.

    En pleine lutte contre le Pacte des Générations, la scission de la Centrale des Métallos FGTB sur base communautaire a été avancée alors que ce secteur est l’un des plus combatifs. Cette scission affaiblira fortement la capacité de riposte des travailleurs face aux mesures néo-libérales. On imagine dans quelle situation seront plongés les travailleurs d’une même entreprise à Bruxelles, comme à VW. Les conséquences de cette scission se feront sûrement sentir lors des prochaines grèves dans l’usine. On a eu un avant-goût de jusqu’où cela peut mener pratiquement lors de la grève générale du 7 octobre dernier à la SNCB à Bruxelles,. Il n’y a eu aucune coordination entre Flamands et francophones afin de répartir les forces sur les différentes gares. Les Flamands ne savaient pas combien de francophones seraient présents à quel endroit et inversement, ce qui a mené à une situation absurde où environ 3/4 des militants et des délégués ont convergé vers la gare du Midi et 1/4 vers la gare du Nord.

    Les « initieurs », dans leur texte « Avancé dans la clarté » avance leur position sur le lien a avoir entre UAG et EAP. Nous sommes opposés à leur idée de développements séparés pour UAG et EAP et de l’établissement d’ « une structure confédérale souple » permettant à chaque organisation de marcher séparément en s’organisant sur la base de leur propre communauté (c’est-à-dire que les francophones et les Flamands tiendraient chacun leurs réunions dans leur coin avec deux organisations différentes y compris à Bruxelles, ville-région bilingue) tout en faisant quelque chose ensemble de temps en temps. Cette argumentation des initiateurs qui met en avant les différences régionales pour défendre leur proposition est la même que celle du sommet syndical pour scinder une centrale. Leur proposition est absurde et divise dès le départ la population. Comment peut-on défendre l’idée de proposer aux travailleurs flamands de la STIB et de De Lijn de s’organiser séparément des francophones de cette même STIB et des TEC ?

    Nous sommes pour l’unité de l’ensemble des travailleurs. Les positions antiflamandes et, dans le même ordre d’idées, antichrétiennes du Parti Ouvrier Belge au 19e et 20e siècles on eu pour effet – désastreux pour le mouvement ouvrier belge – de pousser une couche importante de travailleurs vers les partis bourgeois. Il faut éviter de commettre des erreurs similaires à l’avenir. Nous plaidons pour construire dans tous le pays un outil politique large qui offre une voix tant aux travailleurs flamands que francophones. Nous défendons l’idée qu’il faut une seule initiative nationale et pas deux comme actuellement.

    Nous sommes favorables à l’idée d’une conférence nationale impliquant tous les participants d’EAP et d’UAG en octobre à Bruxelles qui pourrait préciser les « grandes lignes » d’un programme et d’une structure au niveau national et préciser les orientations de travail pour continuer à aller de l’avant. Ces « grandes lignes » et orientations devraient être écrites de manière claire et concise cet été – sur base des multiples discussions ayant déjà eu lieu en Flandre mais aussi sur base de contributions francophones – et débattues pendant les semaines précédant cette conférence et évidemment lors de celle-ci.

    Bref, nous participons à UAG et à EAP pour développer la possibilité d’aller vers un outil politique large qui puisse donner une voix aux travailleurs et à leurs familles. Le succès du meeting à Anvers d’EAP qui a rassemblé une centaine de personnes dont une majorité de syndicalistes, ainsi que celui de la conférence-débat meeting à Liège qui a rassemblé 87 personnes, illustrent le potentiel existant déjà aujourd’hui. Mais nous avons pu constater que l’orientation donnée au meeting à Anvers était attrayante pour des couches plus larges tandis qu’à Liège le discours académique sorti tout droit de l’ULB a eu plutôt l’effet inverse sur la partie du public qui n’avait pas déjà un engagement ou une expérience dans la gauche radicale.

    Au vu des orientations qu’ont prises ces deux initiatives, le MAS se sent plus en phase avec EAP qu’avec UAG . Mais, en plus, l’accumulation de faits et de mesures antidémocratiques constitue un vrai problème dans UAG. Le manque de démocratie ne peut que repousser les travailleurs et casser toute possibilité de développement de l’initiative. Les délégués et les militants syndicaux ont déjà assez d’expérience avec les méthodes bureaucratiques utilisées dans leurs syndicats pour s’en farcir une nouvelle couche dans Une Autre Gauche.

    6. Le MAS et les problèmes de « fonctionnement » au sein d’UAG

    Nous avons pu constater que nous n’étions pas les seuls à être affligés par le contenu de la lettre des 4 « initiateurs » qui considèrent avoir le pouvoir de décider seul pour UAG. S’ils veulent imposer un gel de l’initiative, c’est parce qu’ils ne contrôlent pas tout ce qui se fait dans UAG mais qu’ils veulent éviter une discussion de fond et sont prêts, pour cela, à casser le début de dynamique en cours. Un petit groupe de 4 personnes, qui ne constitue en aucune manière une direction élue et qui, dans les faits, ne représentent qu’eux-mêmes font passer leurs points de vue personnels avant l’intérêt de la majorité des participants à l’initiative. Ces méthodes sont connues des délégués du SETCa-BHV qui ne reçoivent plus d’informations de leur centrale depuis l’élimination d’Albert Faust par l’appareil.

    Les 4 estiment ainsi « de leur responsabilité de rectifier le tir » en décidant d’annuler les AG fédérales, les réunions locales, les réunions du SF et des groupes de travail. Pendant que les membres d’UAG sont ainsi mis arbitrairement en vacances politiques, nos 4 « initiateurs » élaboreront dans leur coin les « textes constitutifs portant sur les valeurs, les grands points programmatiques et le mode de fonctionnement d’un futur parti indépendant à l’égard de toute structure socio-politique déjà existante ». Les militants organisés dans un parti ou un groupe soutenant l’initiative UAG sont donc renvoyés en enfer pour l’éternité, les « indépendants » sont simplement au purgatoire en attendant que les 4 leur fassent passer dans un futur indéterminé l’examen d’entrée en vue de l’adhésion au « futur parti indépendant ». Ceux qui se permettraient de ne pas être d’accord avec toutes les positions des 4 pourront-ils espérer pouvoir défendre leur point de vue ? Rien n’est moins sûr.

    Quelle est la méthode utilisé par les 4 « initiateurs »? Elle consiste à créer un épouvantail afin d’éviter la discussion politique. Cet épouvantail qu’ils ont créé, c’est le MAS, en déformant les faits et nos positions. Cela peut se voir dans chacune de leurs contributions, entre autres dans «UAG et le MAS », « Avancer dans la clarté » et « Une pause est indispensable ». « A cause de l’attitude du MAS …» est devenu l’argument-massue pour faire accepter leurs positions en évitant le débat démocratique. Nous n’avons pas répondu à toutes les attaques stupides dont nous étions l’objet sur le forum pendant les deux semaines qui ont suivi la réunion à bruxelles(ce qui c’était déja produit au par avant). Il est donc normal que certains de nos camarades finissent par perdre patience. De plus, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec l’approche des « initiateurs » sont assimilés au MAS. Corinne et les autres refusent de discuter les choses avec d’autres qu’eux- mêmes, comme ce fut le cas à la réunion locale de Bruxelles.

    S’il n’y a pas de place pour de vraies discussions, il n’y a pas de possibilité qu’UAG puisse se développer. De plus en plus de mesures sont évoquées afin d’éviter la discussion. La lettre des 4 décidant le gel d’UAG est la cerise sur le gâteau, le résultat logique d’un fonctionnement non-démocratique adopté à diverses reprises (élaboration du tract du 1er Mai, boycott de la réunion locale à Bruxelles, …). Cette volonté d‘éviter la discussion y est ouvertement affichée. La mesure qui vise à établir un porte-parole par organisation a également cet objectif. Tout cela confirme les craintes que nous avions émises auparavant par rapport à la manière dont avait été réalisé le tract du 1er Mai et au développement du Secrétariat fédéral. Nous voulons revenir en détail sur ces points.

    A. Le tract du 1er Mai

    A quoi devait servir la réunion du 17 avril ? Pour rappel, le but était d’avoir non pas un tract d’UAG pour le 1er Mai mais bien un tract unique pour EAP et UAG qui serait diffusé en commun dans tout le pays par EAP et UAG. Ce que confirme le PV de la deuxième Assemblée Générale d’UAG : « Un appel commun, bilingue, sera diffusé à cette occasion (le 1er Mai). Un projet sera élaboré sur base des textes produits par le comité de soutien à Jef Sleeckx, Lode Van Outryve et Georges Debunne et l’appel d’Alain Van Praet et de Freddy Dewille, ainsi que le texte de Corinne Gobin et Jean-Claude Deroubaix. » Trois propositions de textes ont été présentées : la première venait de Corinne Gobin, un texte de 3 pages incompréhensible en dehors du milieu universitaire et totalement inadapté pour servir de tract, la deuxième venait de Nadine qui était un résumé de celui de Corinne et était présenté comme une synthèse d’avis de participants à UAG et enfin une proposition de tract du MAS qui se voulait court, lisible et rassembleur et qui traduisait les idées de gauche et anticapitalistes dans des revendications concrètes. Il n’y a pas eu de « manœuvre » dans la manière dont nous avons travaillé. Notre proposition de tract avait été envoyée préalablement au secrétariat fédéral d’EAP, et donc aussi à Thomas du POS qui en fait partie. Il n’y avait donc aucune volonté de « cacher » notre proposition. Mais celle-ci était au départ une base de travail pour élaborer une proposition d’EAP. Cela n’a pas été possible par manque de temps. C’est pourquoi nous l’avons présentée le 17 comme notre proposition.

    Lors de cette réunion commune de travail qui regroupait près d’une trentaine de membres d’EAP et d’UAG, les propositions de Corinne et Nadine ont été rejetées car jugées pas assez compréhensibles. Un nouveau tract (nous n’avons donc pas imposé le nôtre) a été mis au point le 17 avril par un petit groupe de quelques personnes (où ne figurait qu’un membre du MAS-LSP mais aussi Nadine, Paul Emile et Ataulfo) sur base des différentes propositions et il a été adopté par consensus de tous les participants à la réunion pour être diffusé tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles. Nadine a conclu la réunion en proposant qu’on ne puisse plus apporter à ce texte que des modifications de simple détail et en annonçant que le tract serait mis le soir même sur le site dans les deux langues. Un pas important était ainsi fait dans la direction d’une initiative nationale.

    A la stupéfaction de beaucoup de gens, qu’ils soient du MAS ou non, le tract n’est pas apparu sur le forum ni le soir même ni les trois jours suivants. Mais un autre tract, nettement plus long, élaboré par Corinne et d’autres membres d’UAG en comité restreint est posté d’abord sur le forum (dans une forme marquée par le retour d’envolées lyriques). Le tract décidé en commun le 17 avril n’est rendu public qu’après cela, avec un commentaire qui le réduit dans les faits à une simple contribution au débat.

    Corinne et Co se sont octroyés le pouvoir de ne pas respecter la décision du 17 avril et de rompre le consensus avec les néerlandophones. Ils ont « justifié » ces procédés en disant que le tract décidé le 17 avril ne correspondait pas au projet politique d’UAG (alors que plusieurs d’entre eux étaient présents et ont participé à la rédaction et à l’approbation de ce texte !) et en mettant en avant l’utilisation du forum comme lieu ou des décisions pourraient se prendre. Il ne faut pas les doigts des deux mains pour compter le nombre de gens qui utilisent régulièrement ce forum. Cette mise en avant du forum a été une tentative pour essayer de faire croire qu’il y aurait un véritable travail collectif sur la version finale du tract pour le 1er Mai. Pour nous, seul le tract issu de la réunion du 17 qui a rassemblé 30 personnes est issu d’un travail collectif. Le forum ne peut pas être un lieu de décision. Nous pensons que seule une AG fédérale d’UAG devrait avoir le pouvoir de trancher un désaccord de ce type et qu’on aurait pu en organiser une d’urgence avant le 1er Mai. Nous constatons que quand la proposition de Corinne et Co est rejetée bien qu’un consensus ait été trouvé, un coup de force antidémocratique est organisé pour imposer à tout le monde leur vision du tract. Cela a bloqué en grande partie l’intervention lors du 1er Mai du côté francophone. En Flandre, le tract décidé en commun a été distribué largement comme prévu. Espère-t-on convaincre quelqu’un de collaborer à UAG comme cela ? Peut-on penser qu’un délégué va distribuer avec enthousiasme un tract qui est élaboré de la même manière que celle utilisée si souvent par la direction de son syndicat ?

    La raison pour laquelle les membres du MAS n’ont pas distribué le tract dans sa nouvelle version francophone made in Corinne et Co (et nous n’avons pas été les seuls à ne pas le distribuer, le Parti Humaniste a fait de même) ne réside pas tant dans le contenu de celui-ci que dans la méthode utilisée. Nos membres n’ont pas l’habitude de fonctionner comme dans le Parti Communiste Chinois ou Nord-Coréen et leurs avatars belges.

    B. La réunion locale à Bruxelles du 19 mai

    A cette réunion ont participé environ 45 personnes, parmi lesquelles 22 membres du MAS vivant et/ou travaillant ou étudiant tou(te)s à Bruxelles. Nous reproche-t-on d’avoir mobilisé sérieusement pour cette réunion ? Ce serait quand même un comble. Le fait que nous avons mobilisé largement parmi nos membres est quand même la meilleure preuve de notre volonté de construire l’initiative. Par contre, nous n’avions pas espéré que nous aurions quasiment une majorité dans la réunion. Au contraire, cela a été pour nous une déception. Nous espérions qu’il y aurait quand même un peu plus de forces au départ pour construire UAG Bruxelles. Mais plutôt que de nous attaquer sur le nombre de membres du MAS présents, ceux qui ont quitté la réunion (en particulier les « initiateurs » d’UAG et le POS) ne devraient-ils d’abord pas se demander pourquoi eux-mêmes n’ont pas voulu – ou réussi – à intéresser et à mobiliser plus de gens intéressés au projet ?

    Nous avons proposé dès l’ouverture une réunion bilingue – un certain nombre de membres du MAS/LSP et de membres de notre organisation étudiante à l’Université néerlandophone de Bruxelles (VUB) ne parlent pas assez bien le français et même pas du tout pour certains – et une présidence bilingue. Cette proposition n’a pas été défendue uniquement du point de vue de la langue mais aussi pour ne pas devoir présenter deux initiatives différentes aux travailleurs à Bruxelles (dont une large partie ne vit d’ailleurs pas à Bruxelles, mais en Flandre et en Wallonie). A Bruxelles, l’initiative autour de Jef Sleeckx est plus connue qu’UAG surtout chez les travailleurs flamands (résidents et navetteurs) et dans une moindre mesure chez les travailleurs francophones. Le MAS a proposé concrètement d’inviter aux réunions d’UAG-Bruxelles tant les gens intéressés par UAG que par Een Andere Politiek (EAP) et d’organiser des activités publiques (et bilingues) sous le nom UAG/EAP. Qu’y a-t-il d’horrible à proposer cela ? Il nous paraît fou de devoir dire aux francophones de VW qu’il ne doivent pas s’organiser avec leurs collègues flamands. Pourquoi a-t-il fallu plus d’une demie-heure pour enfin commencer à avoir des traductions ?

    Il n’y a aucune volonté de discuter cela du coté de Corinne et d’une partie des membres d’UAG qui ont bloqué la réunion. Un rapide rapport de la réunion de contact entre UAG et EAP qui s’était tenue deux jours avant a été fait mais aucune réponse n’a été apportée aux arguments politiques donnés en faveur d’une initiative commune UAG/EAP Bruxelles. Nous avons également proposé un meeting à Bruxelles le 23 juin avec Jef Sleeckx et un orateur d’UAG. Pourquoi un refus? C’est pourtant ce que le groupe local de Liège a organisé comme première activité. Nous pensons que la volonté de chercher un consensus est fondamentale comme méthode pour construire une formation politique large. Trouver un consensus nécessite de consacrer du temps à la discussion. Mais cela nécessite également d’écouter les arguments des autres. C’est la seule manière possible de créer la confiance nécessaire pour fonctionner.

    L’intervention de Luc (ex-PTB) qui a dit que personne n’était d’accord avec nos propositions et que ça ne servait à rien de discuter est explicite et reflète bien la dynamique qu’il y avait du côté de Corinne et Co. Plusieurs participants à la réunion qui ne sont pas du MAS étaient pourtant intervenus en faveur de nos propositions. Des gens dans la salle ont gueulé sur nos camarades. Si vous voulez que les militants du MAS s’investissent dans UAG, pourquoi les traiter comme des chiens ? Les insultes ont continué sur le forum dans les semaines qui ont suivi la réunion. Nous ne sommes pas les seuls à y être insultés, mais de manière générale tous ceux qui sont critiques dans UAG. Nous attendons dès maintenant une autre attitude, non seulement envers nous mais aussi envers tous ceux qui, dans UAG, ne sont pas d’accord avec les 4 « initiateurs ».

    Finalement, nous avons compté 16 personnes qui ont refusé le débat et sont parties : Corinne et Jean-Claude, les 8 membres du POS, Nadine et Luc (tous deux ex-PTB), Guy et Francine (tous deux ex-POS et ex-MAS), Paul-Emile (GUE) et André (ex-PC). Sont restés : les membres du MAS, les 3 membres du PH (Michèle, Pierre et Rafaël) et 3 indépendants (Raouf, Jamy et Bénedikte). Luc (ex-PC), Michel et Christian (tous deux MAS) n’ont pas pu rester. En conclusion, il semble qu’en pratique, les réunions ne peuvent prendre de décisions que quand Corinne et ses amis sont d’accord. Se considèrent-ils comme au-dessus des AG régionales ? Par leur attitude, ils ont miné les possibilités de développement du groupe local.

    Ceux qui sont sortis ont dénoncé une « manœuvre » du MAS ou même un « putsch ». Les 6 personnes (membres du Parti Humaniste ou indépendantes) qui ne sont pas du MAS et qui sont restées serait-elles toutes trop bêtes ou trop naïves pour ne pas avoir vu qu’il y avait une manoeuvre de notre part ? Ou bien ont-elles compris qu’il n’y avait pas de manœuvre de notre part mais bien un blocage obstiné du débat en face ? Ceux qui voit des maneuvres par tout de notre part, tire t’ils cette conclusion parcequ’ils ont l’habitude de fonctioner avec de telles pratiques ?

    C. Le PV de la dernière AG fédérale

    Le texte envoyé au nom du Secrétariat fédéral affirme que le PV « reflète honnêtement la discussion » qui s’est tenue en Assemblée générale mais, un peu plus loin, il affirme également qu’il n’est pas utile de reprendre tous les points de vue exprimés en AG dans un PV décisionnel et que les e-mail et le forum sont là pour permettre à chacun de donner son avis.

    Nous pensons au contraire que les différents point de vue exprimés à l’AG doivent être repris dans le PV, certainement pas mot à mot mais au moins avec les arguments principaux et l’idée centrale. C’est le principal moyen pour ceux qui étaient présents de resituer les principaux arguments échangés au cours de – longues – discussions, le seul moyen réel de s’informer pour ceux qui n’étaient pas à l’AG, un moyen utile d’intéresser de nouvelles personnes à notre projet et surtout le meilleur moyen de comparer et tester les divers points de vue exprimés au sein de l’initiative. En bref, c’est un outil essentiel de démocratie politique.

    Plusieurs membres du MAS sont intervenus dans la dernière AG. Jean a critiqué l’orientation proposée par Corinne (la marche accélérée vers la constitution d’un parti anticapitaliste avec programme, statuts, membres,…); il a expliqué que la priorité devait être mise sur l’élargissement d’UAG, principalement en direction des délégués et militants syndicaux combatifs, et que la réalisation d’un programme plus complet ne pourrait se faire qu’avec ces couches plus larges et pas avant. Eric, pour sa part, a insisté sur le fait que nous pensons que, dans l’état actuel de développement de l’initiative, le SF doit avoir un rôle de coordination (c’est-à-dire fonctionner par consensus et s’en remettre à l’AG pour trancher les débats contradictoires) mais pas un rôle de direction car il ne peut avoir une légitimité réelle tant que UAG n’a encore aucune représentativité réelle. Rien ne mentionne ces discussions dans le PV, pas plus que d’autres apports à la discussion faits par d’autres participants. C’est pourquoi nos membres présents à l’AG ont été forcés de mettre sur papier leur point de vue sur la réunion, de manière à pouvoir présenter leur point de vue.

    D. Les propositions de fonctionnement

    Nous pensons que la manière de fonctionner et de prendre des décisions au sein d’une nouvelle force politique de gauche est une discussion fondamentale qui n’a pas encore été suffisamment débattue – et c’est tout à fait normal vu la jeunesse de l’initiative. Mais nous disons que certaines des propositions faites par le Secrétariat vont dans un sens antidémocratique et dangereux.

    1. Sur base de la conception que nous défendons en matière de prise de décision au sein d’une initiative comme UAG, nous proposons de remplacer la fin du point « Les projets de PV des AG fédérales sont soumis au secrétariat, c’est là que sont adressés les commentaires et rectificatifs, le secrétariat établit le PV définitif » par « le secrétariat établit le PV officiel qui est rendu public mais devra être approuvé par la prochaine AG ».

    2. Nous sommes en désaccord total avec la proposition « Les organisations doivent désigner un et un seul porte-parole (…) pour exprimer la position de leur organisation afin d’éviter la répétition systématique de celle-ci par tous les militants présents. Cela n’ôte en rien le droit à l’expression individuel d’un militant organisé à exprimer ses points de vue personnels. »

    Un tel fonctionnement revient à ne pas reconnaître l’égalité des droits pour chaque membre d’UAG et à établir une gradation inacceptable entre des membres. Les membres d’UAG qui ne seraient pas membres d’une organisation politique soutenant le projet auraient un accès libre et non contrôlé à la parole, uniquement grâce à leur statut d’« indépendant » et quelle que soit leur implication réelle dans UAG et leur militantisme social (syndical, associatif,…). Par contre, les membres d’une organisation auraient un accès limité à des « points de vue personnels », ce qui revient à dire qu’ils ne pourraient parler que s’ils sont en désaccord avec leur porte-parole officiel ou si leur organisation n’a pas de position sur le sujet ! Et qui déterminera à l’avance si un membre d’organisation va, dans une intervention qu’il n’a pas encore faite, défendre un « point de vue personnel ». Le président de la réunion ? Le Secrétariat ? A l’aide d’un « détecteur de pensées » qui reste à inventer ? Et qui aura le droit de juger si l’intervention en cours amène un « point de vue personnel » ou confirme simplement ce que le porte-parole autorisé a dit auparavant ? Le Secrétariat ? Le président de la réunion ? Sur quelle base ?

    On le voit, cette proposition est complètement antidémocratique, irréalisable et inacceptable. Pour nous, un membre d’une organisation n’est pas un petit soldat qui n’a pas son mot à dire et pas le droit de prendre une part active dans la construction d’UAG mais qui est obligé d’appliquer les décisions prises d’en haut – au Secrétariat d’UAG ou dans sa propre organisation. Et nous espérons que les organisations qui sont en accord avec cette proposition ne fonctionnent pas de cette manière.

    3. Pour les mêmes raisons, nous sommes en désaccord avec une autre proposition – qui ne figure pas dans la lettre du Secrétariat au MAS mais qui est évoquée dans le PV de la réunion du Secrétariat du 3 juin, à savoir : « A l’exemple du Bloc de Gauche portugais, les membres des organisations politiques seront minoritaires par rapport aux « sans partis » dans toutes les instances décisionnelles élues. »

    Pour nous, il devrait y avoir, à chaque niveau de décision de la nouvelle formation large, d’une part une représentation des organisations présentes dans l’initiative et d’autre part, en nombre plus grand, des militants élus par la base, qu’ils soient membres d’une organisation ou non. Les seuls critères pour le choix de ces représentants devraient être l’implication de ceux-ci dans le projet, le travail qu’ils y font, les perspectives qu’ils avancent, la correction de leurs rapports avec les autres membres,… et pas le fait de savoir s’ils sont membres ou non d’une organisation. A nouveau, cette proposition tend à diviser les membres d’UAG en leur donnant des droits inégaux plutôt que de les faire converger dans un projet commun.

    Nous pensons également qu’il s’agit d’un débat complexe où les expériences d’autres formations – le Bloc de Gauche portugais, mais aussi le Scottish Socialist Party, le WASG allemand,… – devraient être étudiées sérieusement et sans vouloir copier mécaniquement l’une ou l’autre mesure.

    4. Nous sommes entièrement d’accord avec la proposition qui dit « Dans l’attente d’un statut et d’un règlement interne général (travail en cours d’élaboration), les groupes locaux doivent s’engager à permettre l’expression égale des divers points de vue et doivent refléter dans toutes leurs structures provisoires la diversité des tendances en présence. » Mais ce point de vue semble ne pas devoir s‘appliquer au Secrétariat fédéral. La phrase qui suit, extraite du texte du secrétariat, est éloquente : « Comment peut-il (Jean) justifier, tant sur le fond que sur la forme, son attitude de désaccord persistant avec les décisions prises par UAG (tract du 1er mai non distribué par le MAS, tentative de fusion entre UAG et EAP en dehors de toute concertation et en irrespect avec la démarche de délégations entre initiatives en cours) par rapport à sa volonté d’y être représenté et d’y participer de façon officielle ?» Nous avons déjà expliqué plus haut que le non-respect des décisions prises est à chercher ailleurs que chez nous. Mais, au-delà de ce point, la conception qui se dégage de cette phrase est que quelqu’un qui a des désaccords politique dans le cadre d’un projet commun auquel il souscrit, n’a plus sa place au sein du Secrétariat Fédéral. Le SF est-il devenu partisan du mot d’ordre: Tous derrière la ligne du Parti ?

    Sur ces points, nous retrouvons malheureusement dans les propositions faites au nom du Secrétariat un écho des positions défendues par les 4 « initiateurs » qui veulent marginaliser, « domestiquer » et peut-être demain exclure les organisations politiques qui soutiennent et participent à UAG. Nous rejetons cette conception : le moyen de garantir qu’à l’avenir ces organisations ne dominent pas numériquement un futur parti de gauche n’est pas de limiter administrativement et bureaucratiquement le droit à l’expression de ces organisations et de leurs membres, mais de tourner résolument UAG vers l ‘extérieur et d’attirer dans ce projet des couches plus larges afin qu’elles deviennent dominantes. Dans ce processus – et pour autant qu’un débat démocratique puisse se développer – les organisations seront testées sur une échelle bien plus significative qu’aujourd’hui et trouveront la place qu’elle méritent chacune dans ce nouveau parti.

    Sur la base proposée par les « initiateurs » et avec des mesures restreignant la liberté d’expression, nous pensons qu’UAG ne sera pas capable d’accueillir significativement de nouveaux adhérents. C’est pourquoi nous mettons en avant la nécessité de donner la priorité à :

    1. l’élargissement d’UAG vers des couches plus larges que celles qui sont touchées aujourd’hui;

    2. un travail étroit avec EAP visant à constituer rapidement une seule initiative nationale matérialisée par la conférence nationale en octobre;

    3. un fonctionnement démocratique permettant l’expression des différents points de vue des organisations comme des indépendants.

    Nous pensons qu’il faut prendre le temps nécessaire pour les discussions qui débouchent sur des points de vue contradictoires afin de faire le maximum pour dégager un consensus. Cela nécessite de consacrer du temps à la discussion et la volonté d’écouter les argumentations des autres, mais c’est la seule manière de créer la confiance. Nous pensons que seule l’AG devrait avoir la possibilité de trancher des débats contradictoires et pas le SF tant que l’initiative n’a pas de représentativité réelle (voir ci-dessus nos remarques sur le PV).

    Ce n’est pas à nous de régler le problème mais bien à ceux qui l’ont créé. Nous espérons que l’AG du 11 juin rejettera l’option de liquidation défendue par les 4 « initiateurs » et la série de mesures antidémocratiques proposées et prendra en compte nos propositions. Sans cela, nous pensons qu’UAG ne sera pas capable d’accueillir significativement de nouveaux adhérents.

    Nous plaidons pour le plus de démocratie possible. Une base saine est nécessaire pour que l’initiative puisse aboutir à un instrument politique large qui donne une voix aux travailleurs. Cela implique de mettre fin aux abus de pouvoir des « 4 initiateurs » et d’instaurer un changement d’attitude envers le MAS et ceux qui émettent des critiques. Nous continuons pour l’instant à travailler avec UAG mais la motivation de nos camarades envers l’initiative est en train de se réduire comme une peau de chagrin. Nous voulons encore prendre le temps pour voir dans quel sens se développe l’initiative. Mais nous n’accepterons pas de mesures antidémocratiques, cela mine les possibilités d’avancer vers un instrument politique crédible à gauche du PS, Sp.a et d’Ecolo, Groen. Pour nous le point important aujourd’hui est la mobilisation pour une conférence nationale en octobre en vue d’une initiative nationale. Nous engagerons nos forces dans le meilleur outil pour y parvenir. Les semaines qui viennent seront déterminantes pour nous par rapport à UAG – et pour UAG elle-même.

  • Remarques du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) sur le PV de l’Assemblée générale du 6 mai

    Les membres du MAS présents à la dernière AG de “Une Autre Gauche” le 6 mai veulent faire noter quelques remarques à propos du PV qui a été fait de cette réunion. Le but de ces remarques n’est pas de commencer à polémiquer sur chaque sujet abordé à l’AG. Mais nous pensons que, lorsqu’il s’agit de réaliser le PV d’une AG :

    – les conclusions clairement acceptées par tous (par vote ou par consensus clair) doivent être mises en évidence dans le PV.

    – si le PV présente, même de manière rapide, les diverses prises de positions défendues à l’AG, cela doit se faire de manière suffisamment fidèle pour qu’on y retrouve l’essentiel de ce qui a vraiment été défendu par les intervenants. Sinon l’opinion du rapporteur devient de fait une « conclusion » par le biais du PV envoyé par e-mail.

    Selon nous, il y a eu à l’AG du 6 mai une seule conclusion clairement affirmée : la déclaration acceptée unanimement par vote concernant le positionnement de UAG qui dit « Une Autre Gauche » est une force politique de gauche anticapitaliste constituée sur base de l’appel paru dans LLB du 22 février « Une autre gauche est nécessaire ». Elle se donne pour objectif d’unifier les combats, d’intervenir dans le débat politique et d’offrir à terme une alternative électorale, à gauche des partis socialistes et écologistes. Tout ceci dans l’unité sur le plan fédéral entre les trois régions du pays.

    Nous avons deux points de désaccords avec la manière dont le PV rend compte du reste des discussions.

    1. Gauche et anticapitalisme

    A propos de la discussion sur le contenu du tract du 1er mai, le PV dit : La réalisation du tract avait, en effet, fait naître une discussion politique sur l’appel : faut-il ou non se proclamer de gauche et anticapitaliste ; ne risque-t-on pas ainsi de se couper de certaines franges de la population ? Cette discussion n’a pas seulement lieu dans la partie néerlandophone du pays, vu la pression de l’extrême droite, mais est une discussion politique de fond qu’il convient de mener en toute sérénité.

    Nous sommes absolument d’accord sur la dernière phrase mais un débat « mené en toute sérénité » suppose aussi la présentation correcte des prises de positions, ce qui à notre avis n’est pas le cas dans le reste du paragraphe. Selon nous, la discussion n’a pas porté avant tout sur l’emploi des mots « gauche » et/ou « anti-capitaliste », ni sur la présence du VB en Flandre.

    La proposition de tract présenté par le MAS à la réunion du groupe de travail du 17 avril disait clairement (en gras d’ailleurs) dans la troisième phrase : « C’est pourquoi nous commençons une initiative à gauche du PS et d’Ecolo afin de donner expression aux exigences de la population laborieuse ». Ce n’est que dans la version finale du tract issu de cette réunion que le mot « gauche » à sauté. Aucun de nos membres n’a défendu cela. C’est vrai que nous n’avions dans notre proposition pas choisi « Une Autre Gauche » comme titre car il s’agissait d’un tract en commun avec « Une autre politique ». Nous avions voulu contourner le problème en ne pas mettant un titre mais en ouvrant le tract avec « Nous voulons une autre politique… », suivi plus tard par « quel politique ? » suivi d’une série de revendications générales mais claires, du moins de notre avis. Enfin, le MAS a fait connaître très vite son accord avec l’amendement proposé par Didier d’insérer le mot « gauche » dans le tract du 17.04. Par contre, le mot « anti-capitalisme » n’apparaît dans aucun des trois tracts, ni celui proposé par le MAS, ni celui issu de la réunion du 17 avril,… ni d’ailleurs dans celui qui a finalement été distribué dans la partie francophone du pays.

    Le fait de se proclamer « anti-capitaliste » n’est en rien une garantie car l’ « anticapitalisme » se démontre dans la pratique et par les revendications concrètes. Il y a en Europe plusieurs partis qui se disent anti-capitalistes, mais qui pratiquent parallèlement une politique néo-libérale. En Allemagne, le PDS participe aux gouvernements à Mecklenburg Vorpommern et à Berlin où il applique une politique néo-libérale désastreuse. C’est pourquoi le WASG de Berlin à décidé de se présenter indépendamment du PDS. Comme l’a dit Lucy Ridler, porte-parole élue au congrès du WASG Berlin : « Quelle est la crédibilité d’un parti qui parle du socialisme le dimanche et applique des assainissements le lundi ? ». Autre exemple : le PRC en Italie qui rejoint le gouvernement de Prodi et sera donc identifié à sa politique néo-libérale.

    On n’est pas plus à gauche ou plus clairement anti-capitaliste en s’appropriant le titre mais à travers la politique qu’on applique. Nous pensons que l’initiative peut encore attirer des forces qui aujourd’hui ne croient pas qu’il est possible de sortir du cadre du capitalisme et qui ne viendront à cette conclusion que par une expérience commune de lutte. Nous ne voulons donc pas imposer l’anti-capitalisme comme exigence de départ mais gagner ces forces à travers une pratique commune. C’est une autre façon, à notre avis plus abordable, d’arriver au but : un parti clairement anti-capitaliste.

    Par contre, beaucoup de ces travailleurs ou autres peuvent déjà être gagnés au principe de ne pas se présenter sur des listes ou de ne conclure des accords avec des forces politiques telle que le PS et Ecolo qui risquent d’appliquer des « assainissements » dans des coalitions nationales, régionales où communales. Nous serons d’ailleurs très vite confrontés à la contradiction entre, d’une part, des travailleurs et des gens qui ne se disent pas anti-capitalistes mais qui refusent clairement de s’identifier et de soutenir des forces politiques qui pratiquent le néo-libéralisme et, d’autre part, des forces qui insistent sur leur « anti-capitalisme » mais qui se présentent parallèlement sur des listes du PS où d’Ecolo. Nous pensons que nous devons avoir une attitude ouverte envers tous et essayer de les convaincre les uns de l’anti-capitalisme, les autres de ne pas s’allier avec des forces qui appliquent la politique néo-libérale, même si c’est avec une sauce de « progressisme ».

    La véritable clarification que nous avons essayé d’apporter dans nos interventions porte sur l’orientation d’Une Autre Gauche. Selon nous, la question cruciale est comment atteindre les centaines, voire même les quelques milliers, de travailleurs (et d’autres gens) qui se sentent délaissés par ces partis qui prétendent les défendre. Quel est le langage à utiliser ? Est-ce que nous utilisons un langage et un style abordables qui partent de leurs expériences et leurs exigences ? Ou partons-nous plutôt de l’idée que la gauche est en crise et qu’elle doit donc se réunir pour construire une vraie gauche ? Ce sont deux points de départs différents qui aboutissent à des pratiques différents, ce qu’on peut déjà remarquer dans la différence d’approche entre les initiatives « Une Autre Politique » en Flandre et « Une Autre Gauche ». Nous pensons donc qu’il y a donc une nette différence entre ce qui a été dit à l’AG – notamment par nous et d’autres participants – et le résumé qui en est donné dans le PV.

    2. Le rôle du sécretariat

    Il est clair qu’aujourd’hui le secrétariat, constitué de douze personnes dont la liste est reprise dans le PV, est composé de volontaires qui veulent construire ce mouvement. Nous pensons que la manière de fonctionner et de prendre des décisions est une discussion fondamentale qui n’a pas encore été suffisamment débattue. Nous pensons donc qu’à ce stade-ci il vaut mieux utiliser le principe de consensus pour la prise de décision. Beaucoup de gens considèrent aujourd’hui que la politique, ce sont des appareils lourds et non-démocratiques, des machines à élections, la chasse aux postes… Il est donc absolument nécessaire d’éliminer tout doute possible sur la manière démocratique de fonctionner. Le consensus exige du temps de discussion et la volonté d’écouter les argumentations des autres, car c’est la seule possibilité de créer la confiance.

    Nous ne sommes donc pas d’accord avec la phrase dans le PV qui dit : La réalisation du tract a par ailleurs posé la question de savoir qui peut prendre des décisions en cas de divergences. Le secrétariat fédéral est désigné pour le faire. Nous pensons que ceci est erroné dans le stade actuel de l’initiative et surtout que cela n’a jamais été posé devant l’AG et accepté par celle-ci sous cette forme. Heureusement, la phrase suivante corrige partiellement cette erreur en disant clairement : Il sera reconduit d’assemblée générale en assemblée générale. Mais un danger nous semble subsister quant aux pouvoirs réels attribués au secrétariat.

    Nous pensons que le secrétariat doit jouer un rôle fondamental : la coordination des activités d’UAG et de ses groupes locaux (celui de Liège et bientôt ceux de Bruxelles et du Hainaut Occidental en attendant d’autres) et thématiques, la préparation des AG et l’approfondissement de la discussion avec l’initiative « Une Autre Politique ». Nous ne pensons pas que le secrétariat est aujourd’hui en position de trancher des discussions contradictoires sur des points essentiels. Le secrétariat peut élaborer des propositions, organiser une première consultation et puis présenter ses propositions à l’AG qui est la seule à pouvoir trancher sur des questions de fond. La composition du secrétariat devra changer entre les AG afin de refléter clairement la construction d’UAG et en particulier le développement de groupes locaux. Sans vouloir s’avancer trop en ce stade-ci sur la discussion à mener dans le groupe sur les structures, nous pensons qu’à un certain moment il faudra un secrétariat formé de délégués élus. Ceci n’est pas encore possible aujourd’hui et, par conséquent, nous pensons que le secrétariat actuel n’est pas apte à jouer le rôle d’un organe dirigeant élu démocratiquement.

    Nous ne voulons pas lancer la discussion sur tous ces points sur la liste e-mail, nous voulons seulement clarifier que, selon nous, le PV, tel qu’il a été envoyé, n’est pas le reflet exact des positions défendues à l’AG et pourrait donner l’impression que tout ce qui figure dans le PV a la valeur de conclusions acceptées lors de l’AG, ce qui n’est pas le cas. Nous ne pensons pas que cela pose aujourd’hui des problèmes fondamentaux pour le fonctionnement d’UAG mais nous estimons nécessaire de faire prendre acte de nos remarques. Nos membres s’abstiendront lors du vote de ce PV, s’il est présenté tel quel à la prochaine AG.

    Eric Byl – Nicolas Croes – Xavier Dupret – Cédric Gérome – Boris Malarme – Martin Ndahigwa – Jean Peltier – Bart Vandersteene

  • Chili. L’histoire se fait dans la rue

    Le lundi 5 juin a vu une journée nationale de protestation au Chili, à l’appel de la direction des centaines de milliers de lycéens engagés dans une lutte qui durait déjà depuis quatre semaines. Ce magnifique mouvement de jeunes remettait en question l’entièreté du programme néo-libéral du gouvernement. Une des revendications centrales du mouvement est la fin d’une loi instaurée sous la dictature de Pinochet visant à faciliter la privatisation des écoles.

    Tony Saunois

    Ces jeunes combatifs ont gagné le soutien d’une majorité écrasante de la population chilienne. Selon les derniers sondages, ils ont 84% d’opinions favorables, contre 14% pour le gouvernement !

    Les rapports font état d’un million d’étudiants, de profs et de travailleurs du secteur des soins qui auraient rejoint la lutte malgré le rôle de la majorité de l’Union des Fédération Syndicales qui s’est opposée à la grève lycéenne. A l’extérieur de la capitale, dans des villes et villages où l’influence de la bureaucratie syndicale est moins forte, les grèves en soutien de la jeunesse étaient plus nombreuses.

    Malheureusement, l’Assemblée Générale des étudiants n’a pas appelé à une manifestation centrale capable d’unifier tous les opposants au gouvernement, mais a décidé d’organiser une journée de « réflexion » dans les écoles occupées. Ils n’ont cependant pas critiqué les organisations qui ont appelé à une manifestation à Santiago.

    Des milliers de jeunes et de militants sont donc descendus dans les rues le 5 juin, confrontés à la brutalité de la police anti-émeute qui n’a rien négligé pour intimider les manifestants. La veille, des policiers paradaient dans les rues avec des casques de l’armée, la matinée précédent la manifestation, bus, blindés, auto-pompes et groupes lourdement équipés se sont fait remarquer partout en ville. Durant la manifestation, des heurts violents ont eu lieu et la police a généreusement utilisé les gaz à sa disposition et ses auto-pompes dont l’eau contenait des produits chimiques iritants.

    Les manifestants avaient aussi gardé en tête la manière dont la police avait tabassé les lycéens qui avaient pacifiquement défilé la semaine précédente. Les flics ont quelque peu reçu la monnaie de leur pièce à cette manifestation où les pierres ont fusé de toutes parts contre les forces de l’ordre, accompagnées de slogans tels que « El pueblo unido jamas sera vincido » (le peuple uni ne sera jamais vaincu). Comme les membres de Socialismo Revolucionario (la section-soeur du MAS/LSP au Chili) ont pu s’en rendre compte par eux-mêmes durant la manifestation, les gaz utilisés par la police sont extrêmement forts et s’apparentent à ceux utilisés par l’armée : les boules brûlent en éclatant au sol et les gaz peuvent rendre temporairement aveugle.

    Malheureusement, certains jeunes n’ont pas résisté à la tentation de rafler les CD, ordinateurs ou télévisions des magasins environnants. Cela a été grossi par les chaînes de télévision chiliennes, qui se sont également concentrées sur les scènes de violences. Les combats de rue à Santiago, où l’autorisation de manifester avait été refusée, contrastaient avec la manifestation de masse autorisée qui s’est tenue à Valparaiso, où aucun incident ne s’est produit.

    Les rapports font état de 300 arrestations à Santiago, et de 250 personnes hospitalisée, dont 32 policiers anti-émeute. Les événements de Santiago ont été précédés par des tentatives du gouvernement pour diviser le mouvement. Des pressions immenses ont été exercées sur les dirigeants pour qu’ils n’appellent pas à une manifestation. En protestation contre l’attitude trop concilliante de la direction étudiante, un des membre de celle-ci a démissionné.

    Les lycéens représentent une génération en lutte. Ils sont nés non pas sous la poigne de fer de la dictature de Pinochet, mais durant le « boom »  de l’économie chilienne et sont en révolte contre la société de consommation. L’idée que l’enseignement est un business et qu’il doit fonctionner comme tel engendre une hostilité reflétée sur beaucoup de banderoles où l’on pouvait lire le slogan « Pas de marché dans l’enseignement ». Sur l’une des pancartes figurait ironiquement qu « Si l’enseignement est un marché, alors le client est toujours roi ! ».

    Deux fois déjà le gouvernement a été forcé de se rendre à la table des négociations. Les représentants étudiants ont déclaré aux ministres que s’ils n’étaient pas capables de faire tourner l’enseignement correctement, ils viendraient avec des propositions pour refaire les lois. Sous la pression, la présidente a déjà promis 135 millions de dollars supplémentaires au budget de l’enseignement.

    L’espoir que la présidente Bachelet (élue depuis quatre mois) pourrait être différente de ses prédécesseurs et plus radicale est en train de fondre chez les jeunes.

    Des affiches sont apparues à Santiago et résument la situation: « Bachelet : discours pour les pauvres – gouvernement pour les riches ».

  • Leurs profits explosent, pas nos salaires!

    Le Bel 20 regroupe les 20 principales sociétés cotées à la Bourse de Bruxelles. Et les 20 patrons les mieux payés aussi, chacun d’entre eux percevant en moyenne 1,75 million d’euros par an. Le salaire des membres de la direction des entreprises du Bel 20 a augmenté de presque 10% en 2005.

    Salaires des managers: + 12% en 1 an

    Bénéfices des entreprises: + 25%

    Part des salaires dans le PNB: -10%

    Pouvoir d’achat des travailleurs en 20 ans: -2%

    Pour défendre les hauts salaires des top managers, Karel Vinck, ancien administrateur délégué d’Umicore et de la SNCB, a déclaré qu’« un manager en Europe sait ce que gagne son collègue en Amérique et ne veut pas recevoir moins ». Mais quand on discute de nos salaires, ce n’est pas avec les salaires américains qu’on fait la comparaison mais avec ceux d’Europe de l’Est ou d’Asie !

    Vinck dit que les super-salaires sont raisonnables parce que “le job d’un manager est devenu beaucoup plus difficile” et que “c’est logique que les gens qui prennent une telle tâche sur eux doivent être payés plus.”

    Cette logique n’est jamais utilisée dans le débat sur les salaires des travailleurs. Ici, on parle tout le temps du “handicap salarial” provoqué par la concurrence exercée par les pays à bas salaires. Et on ne tient jamais compte de l’augmentation de la productivité des travailleurs, qui fait que la pression au travail est devenue plus forte sur chacun. Tout cela permet aux patrons de dire qu’il n’est pas “logique” que les travailleurs soient “payé plus” et que cette revendication est immédiatement dénoncée comme “conservatrice” !

    L’actuelle explosion des profits ne se limite évidemment pas aux cadres de (très) haut vol. Les actionnaires, eux aussi, se frottent les mains. Les profits des entreprises ont augmenté en Belgique de près de 25 % en un an selon la Banque Nationale. Pendant ce temps, la pauvreté augmente. 15% des Belges vivent en-dessous du seuil de pauvreté et 6% des travailleurs en Belgique sont pauvres.

    La part représentée par les salaires dans le Produit Intérieur Brut (l’ensemble des richesses créées par le système économique) n’a cessé de reculer au cours des 20 dernières années (10% en moyenne pour les pays développés). Les salaires des travailleurs ont progressé bien moins vite que la production. C’est ce qui a permis aux

    Hypocrisie sur les hauts salaries

    Verhofstadt prépare un super-conseil des ministres consacré au maintien de la compétitivité pour la mi-juin. Objectif de l’opération : geler les salaires des travailleurs.

    A l’occasion du 1er Mai, le parti socialiste flamand (SP.a) a critiqué les très hauts salaires des managers tandis que le PS a plaidé pour la « transparence » en matière de hauts revenus.

    En faisant semblant de s’en prendre aux très gros salaires, les partis socialistes préparent la discussion sur la modération salariale. Des concessions symboliques demandées aux top managers (par exemple la limitation de leurs allocations de préavis à l’équivalent de deux années de salaire) vont être utilisées pour imposer la “modération” à tous les autres travailleurs. Préparer une politique antisociale avec un discours apparemment social, voilà bien l’hypocrisie des partis « socialistes » !

  • Etats-Unis: immigrés en lutte!

    Aux Etats-Unis, des millions d’immigrés ont investi les rues pour défendre leurs droits. Du 10 mars au 10 avril, près de 4 millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté dans plus de 125 villes… Dans beaucoup de villes, il s’agissait des plus grandes manifestations jamais vues!

    Kristof

    Le motif de ces protestations est le vote par la Chambre de la proposition de loi HR 4437 déposée par le député républicain Sensenbrenner. Cette loi vise à lutter contre l’immigration illégale par l’extension de la gigantesque barrière qui s’étend déjà le long d’une partie de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, le contrôle accru de l’immigration et la criminalisation de toute aide aux “illégaux” (même le fait de ne pas dénoncer l’existence d’un clandestin serait poursuivi par la loi!). Cette loi est un nouveau pas dans la longue liste des attaques lancées contre les étrangers depuis une quinzaine d’années et surtout depuis le 11 septembre 2001.

    En réaction, des centaines d’organisations d’immigrés (surtout d’origine latino-américaine), de groupes de solidarité avec les sans-papiers (ceux-ci seraient 12 millions aux Etats-Unis), de sections syndicales et d’iorganisations de gauche ont organisé des manifestations aux quatre coins du pays. Ces actions ont culminé le 1er mai. Alors que ce jour est aux Etats-Unis un jour de travail comme un autre, un appel a été lancé pour faire du 1er Mai 2006 “Un Jour sans Immigrés” au travail et à l’école. On estime que 10 millions de personnes ont participé à ce mouvement, et cela bien que cet appel n’était pas soutenu par la partie la plus conservatrice de la direction du mouvement et par beaucoup de dirigeants syndicaux.

    Sous la pression du mouvement d’opposition et devant la crainte d’une partie du patronat de perdre une main-d’oeuvre à bon marché, un autre projet de loi a été déposé, le Guest Worker Program (“ Programme pour les Travailleurs Invités “) qui prévoit de donner un visa de travail temporaire temporaire à certains immigrants. Mais l’application de ce projet impliquerait que des millions d’immigrants illégaux soient d’abord expulsés avant de pouvoir, par apès, demander un visa temporaire pour revenir travailler aux Etats-Unis ! Les patrons entendent ainsi ne garder que des travailleurs “utiles” et expulser tous les autres.

    Cette proposition trouve des partisans aussi bien chez les Républicains que chez des Démocrates comme Hillary Clinton. Mais les organisations de sans-papiers et le mouvement de solidarité continue à réclamer le retrait de toutes ces mesures et la régularisation des sans-papiers.

  • « Les pays occidentaux sont à 100% responsables de l’immigration »

    Témoignage de Tchatchoua Tchato Jules

    Si l’on parle beaucoup actuellement de la lutte pour la régularisation des sans-papiers, peu de gens savent vraiment ce que peut être la vie des candidats réfugiés ou des sans-papiers, de ceux qui sont en attentes d’un statut légal ou ont été rejetés dans la clandestinité. Jules nous raconte comment il a vécu pendant les mois où il attendait une réponse de sa demande d’Asile.

    Propos recueillis par Nicolas Croes

    Peux-tu te présenter ?

    Je viens du Cameroun et je suis en Belgique depuis le mois de septembre 2005. Je préfère ne pas parler de ce qui m’a poussé à quitter mon pays, j’y ai subi une situation très pénible, c’est un poids lourd à porter et j’essaye au maximum d’oublier cette période.

    Comment s’est déroulé ton accueil en arrivant ici?

    J’ai été conduit dans le centre ouvert de la Croix Rouge de Nonceveux après avoir fait ma demande. Le temps passé à ce centre est une période qui m’a beaucoup vieilli. J’ai rencontré là-bas beaucoup de personnes, et la seule chose que je partageais avec eux, c’était la souffrance, la galère. Penser que je suis parti en laissant là-bas des personnes que j’ai connu, que j’ai aimé, avec qui j’ai passé une partie très lourde de ma vie, me rempli de peine.

    Peux-tu nous décrire comment était la vie à ce centre ?

    La vie du centre est au-dessus des mots. On n’y vit pas, on y survit, même si c’était tout de même moins pire que ce que j’avais vécu avant de venir en belgique.

    J’ai partagé le quotidien avec des bébés, des enfants dont l’âge varie entre 1 an et 15 ans et qui sont là avec leurs parents. Je medemandais pourquoi ces enfants étaient là. C’est la chose qui m’a le plus frustré quand je suis sorti, cette question me revient toujours : qu’est ce que les enfants ont fait pour être là ?

    Il y a là-bas des gens de partout. D’abord, les communautés se regroupent ensemble, mais la même misère nous unis et une solidarité se développe rapidement. Il y a seulement de bêtes incompréhenssions de langage qui génèrent de grands conflits. Il faut comprendre que l’on est seul avec nos problèmes et, avec cette frustration, la moindre étincelle peut avoir de grandes conséquences. Parfois pour de petites choses, les gens s’en veulent. Mais si on a perdu l’espoir avec un avenir tellement sombre et incertain, c’est la seule chose que certains ont encore en plus de leur passé. Quand je pense qu’ils sont dans cette situation pour longtemps encore…

    Tout ceux qui vivent dans ces centres ont un passé très lourd, et la seule chose qu’ils cherchent c’est la paix et la liberté. Ils fuient la guerre, la torture, la famine,… J’ai du mal à comprendre pourquoi il est si difficile d’avoir cette paix et cette liberté. L’Afrique est le continent le plus pauvre et il doit rembourser des millions de dollars par jour. 30.000 enfants meurent chaque jour de maladies guérissables et je n’arrive pas à comrendre pourquoi on ne nous accepte pas ici, pourquoi on se méfie de nous. La seule solution qui est apportée à l’immigration est de renvoyer les gens d’où ils viennent avec tout les risques que cela comporte, ou alors de vivre exploité ici illégalement, pour revivre ainsi une part de ce qu’on a fuis.

    C’était un centre dit « ouvert », il vous était donc possible de sortir ?

    C’était un centre ouvert, on était libre d’en sortir, mais il était fort éloigné de la ville. Il faut payer les tickets de bus pour y arriver et nous n’avions que 4 euros par semaine, même pas assez pour un voyage. Dans les faits, « ouvert » ou « fermé », c’est la même chose.

    Toute ta vie à ce moment, c’était donc le centre et son ambiance de désespoir?

    Oui. Le quotidien, c’est un repas le matin, un repas le midi, et un le soir. Et puis l’attente. Le personnel organisait bien des activités pour nous détendre comme du tennis, du vélo, du football,… mais le nombre de personnes était limité et on était laissés fort seuls avec le vide dans nos coeurs et un peu d’espoir pour certains. Je tiens cependant à remercier vivement le personnel de ce centre. Leur sympathie et leur amitié nous aidait, mais cela ne réduit malheureusement pas la souffrance.

    Ce qui nous aide tous le plus là-bas, c’est l’espoir. Mais beaucoup étaient déjà perdus, ils avaient oublié cet espoir. C’est malgré tout dans cette ambiance que j’ai trouvé l’inspiration pour écrire une histoire : « La salle à palabres ».

    L’histoire que tu nous as présentée à Socialisme 2006, donc. Tu peux nous en parler un peu ?

    Cela raconte les causes de l’immigration, ça parle de la guerre, de la misère, de la famine et de la responsabilité des puissances occidentales face à ça. Une bonne partie parle de la vie dans mon village et mon pays avant la colonisation. Je parle ensuite surtout de la manière dont l’occident gère une immigration dont elle est à 80, ou plutôt à 100% responsable. C’est basé sur mon expérience, mais j’ai voulu y mettre beaucoup d’humour.

    Tu as finalement eu tes papiers…

    Oui, j’ai reçu le statut et je suis parti du centre. J’ai eu plus de chance que les autres, mais je ne l’ai pas mérité plus qu’eux. La seule chose qui me réconforte maintenant et après tout ce que j’ai vécu, c’est de pouvoir tout recommencer à zéro. Comme je l’ai déjà dit, au centre, on ne vit pas, on survit.

    Je dois tout recommencer, mais je ne connais pas le rythme de la société, la culture, les habitudes, et je suis seul. A 25 ans, après tout ce que j’ai vécu, c’est dur. Ce n’est vraiment pas facile avec l’administration qui est totalement différente de celle de mon pays. Cette difficulté administrative est la raison de l’échec de beaucoup d’immigrés. Depuis que je suis sorti du centre, tous les jours je suis à l’administration: au commissariat, au forem, voir mon avocat pour vérifier mon état sur le territoire, je dois renouveler plein de papiers,… L’Afrique est le continent le plus illettré, faute de moyens suffisants, et tout ça est un poids énorme à porter pour des gens qui n’ont pas la chance d’avoir un niveau d’éducation très élevé.

    On arrive d’un pays ou l’Etat nous laisse comme ça et le changement est dur à assumer. Un rendez-vous raté avec l’administration a des conséquences énormes et le langage est différent. Je suis pourtant francophone…

    Au centre comme maintenant, je dois aller chaque matin à la boîte aux lettres avec une grande angoisse, je vais voir ce qu’on a décidé de ma vie.

    Tu es maintenant membre du Mouvement pour une Alternative Socialiste, peux-tu nous expliquer ce qui t’a poussé à nous rejoindre ?

    C’est parce que les causes qui m’ont amené ici, qui m’ont fait quitter les seuls être que j’aimais, qui m’ont fait partir – ce qui est la pire chose qui soit – et ce que j’ai vécu ici, tout cela est combattu par le MAS. Je ne pense jamais quitter le MAS ou arrêter la lutte, je peux maintenant faire quelque chose pour ceux qui sont restés au centre. Si la cause défendue par le MAS, le socialisme, était défendue dans mon pays, je ne pense pas que je serais ici.

  • Socialisme 2006. La parole à ceux qui luttent

    Trois assemblées plénières, un débat, un rapport d’une délégation au Pakistan pour le Forum Social Mondial et 18 groupes de travail, voilà l’ordre du jour rempli du weekend de formation annuel du MAS/LSP. Pas de professeurs distingués, de technocrates ou d’intellos « spécialisés », mais des salles remplies de gens qui luttent quotidiennement contre tous les aspects de la politique néo-libérale et ses effets. Et cela était vrai tant pour les orateurs et les invités – parmi lesquels Jef Sleeckx – que pour les 187 participants.

    Eric Byl

    On dit parfois que le MAS/LSP est un petit parti de jeunes. C’est vrai. Nous avons la réputation de nous adresser aux jeunes sur des thèmes concrets, de les intégrer et de les former. Chez nous, pas d’ateliers de bricolage où on prend soin de ne pas parler de politique, pas de porteurs de pancartes qui se contentent de sautiller ni de diffuseurs de tracts qui n’osent pas engager la discussion. Au contraire, les jeunes participent à la vente de notre journal, récoltent une bonne partie de nos moyens financiers et renforcent considérablement nos campagnes et nos interventions.

    Ce sont ces jeunes qui se sont chargés d’une bonne partie de la préparation politique du weekend de formation et ils ont eu un effet contagieux sur d’autres jeunes qui ont participé pour la première fois à une telle activité.

    Puisque les syndicats ont négligé en grande partie les thèmes touchant la jeunesse, nos jeunes se font remarquer dans ce milieu.

    Cela ne signifie pas que le MAS/LSP ne compte pas de militants syndicaux dans ses rangs. Parmi les orateurs et les participants se trouvaient des dizaines de militants et de délégués du secteur privé, tant de la FGTB que de la CSC, travaillant dans la pétrochimie, l’automobile, le secteur du nettoyage, la construction,… Participaient aussi des délégués du secteur public ainsi que des cheminots, des postiers, des fonctionnaires de divers ministères, des chauffeurs de bus… Enfin, quelques délégués du non-marchand et de l’enseignement étaient également présents.

    Parmi les participants il y avait aussi quelques personnes plus âgées, militants syndicaux retraités et vétérans. Au MAS/LSP, il n’y a pas de différence artificielle entre jeunes et moins jeunes, entre Belges et immigrés, avec ou sans papiers, ou entre hommes et femmes. Chacun contribue selon ses moyens et son expérience. Des délégations et des orateurs venus d’Irlande, de France, d’Allemagne, d’Angleterre et des Pays-Bas ont démontré que la situation n’est pas différente dans les partis frères du MAS/LSP.

    Le weekend s’est terminé dans un climat d’enthousiasme et de confiance qu’a confirmé le succès de notre appel financier qui a rapporté 6.500€.

  • Népal. Mouvement de masse et crise révolutionnaire

    Une grève générale de 18 jours, doublée de protestations de masse, ont contraint le roi du Népal Gyanendra à rétablir le parlement le 24 avril. La crise était profonde. S’il y avait eu un parti socialiste révolutionnaire de masse au Népal, la question de la création d’un Etat des travailleurs et des paysans se serait posée sans aucun doute.

    Peter Delsing

    Depuis le 1er février 2005, le roi dictatorial tenait fermement les rènes du pouvoir. Il avait alors proclamé l’état d’urgence pour trois mois. En 2005, la moitié des cas de censure recensés dans le monde étaient dus au Népal d’après un rapport de Reporters Sans Frontières.

    Le roi sest lui-même isolé chaque jour davantage de toutes les couches de la population au fur et à mesure que la répression et le marasme social s’accentuaient. Non seulement les travailleurs et les paysans le rejetaient, mais aussi la classe moyenne. Il y a eu des élections communales au Népal le 9 février de cette année. Le roi voulait de cette manière restaurer quelque peu son image. Ce fut pourtant un coup d’épée dans l’eau. Les rebelles maoïstes ont appelé à une semaine de grève et une grande manifestation de l’opposition a rassemblé 150.000 participants. Le régime était clairement aux abois.

    Les 18 jours de grève en avril n’ont pas choqué que l’élite népalaise. Les USA et les grandes puissances régionales comme la Chine et l’Inde redoutaient elles aussi une insurrection populaire. L’Inde est elle-même aux prises avec une rébellion maoïste dans certaines régions. Le gouvernement chinois avait encore envoyé à la fin de l’année passée 18 camions remplis d’armes au Népal. Elles devaient servir à réprimer la guérilla maoïste et les mouvements de protestation subversifs en général. Ce soutien militaire est révélateur de la politique des dirigeants chinois qui font passer leurs intérêts économiques et diplomatiques avant tout et ne veulent surtout pas voir triompher une révolution à leurs portes.

    Les derniers jours de la grève d’avril ont vu des centaines de milliers de personnes participer aux manifestations. Les fonctionnaires et la plupart des syndicats ont rallié la grève générale. Lorsque la police a abattu 3 manifestants le 20 avril, cela n’a fait que radicaliser le mouvement dans les jours qui ont suivi. Les masses ne voulaient plus continuer à vivre de cette façon à tel point que la peur de mourir les avaient quittées ; la classe moyenne soutenait le mouvement; l’appareil d’Etat commençait à se fissurer;… Les conditions d’une crise révolutionnaire étaient réunies.

    Par crainte d’une manifestation monstre – 2 millions de participants attendus – prévue pour le 25 avril, le roi a décidé la veille de restaurer le parlement. L’opposition parlementaire est cependant largement discréditée. Le Parti du Congrès népalais a mené une politique néolibérale dans les années ‘90 quand il dirigeait le pays. Quant au Parti communiste unifié – marxiste-léniniste qui a une audience plus large, il se prononce pour une “république démocratique “ en renvoyant le socialisme à un futur lointain, selon la théorie stalinienne de la révolution en deux stades. L’un comme l’autre veulent ménager leurs alliances avec des partis bourgeois.

    La guérilla maoïste – qui détient 75% des campagnes – ne répugne pas non plus à des accords avec les partis bourgeois et ne prône qu’une “république démocratique” à court terme.

    Il n’est pourtant pas possible de sortir le Népal du marasme économique et social dans le cadre du capitalisme. Il faut combiner les revendications démocratiques comme la réforme agraire et les droits démocratiques avec des revendications comme les nationalisations et le contrôle ouvrier. Un appel à une fédération socialiste d’Asie aurait des répercussions importantes dans la région et sur le plan mondial.

  • Pour une véritable protection des délégués!

    La Centrale Générale (FGTB) commence une campagne sur les droits syndicaux

    Ce 16 mai s’est déroulé à Saint-Nicolas un débat sur la protection des délégués, où 200 personnes sont venues réagir aux interventions de Rudy De Leeuw (secrétaire fédéral de la FGTB et bientôt président de la FGTB), Marc Rigaux (professeur de droit du travail) et Dirk Vandermaelen (SP.a).

    Geert Cool

    Il s’agissait du début d’une campagne de la Centrale Générale sur les droits syndicaux dans le but d’attirer des candidats pour les élections sociales de 2008.

    Stop à l’intervention de la justice dans les conflits collectifs!

    Ce point a été introduit par l’exemple d’une grève chez Stora Enso à Gand fin 2005. Une action de grève y avait été perturbée par un huissier. Le piquet avait été interdit de même que la tente des grévistes avec la menace d’une astreinte de 1.000 euros par heure!

    Rudy De Leeuw (FGTB) a déclaré à juste titre dans son argumentation contre les interventions judiciaires qu’un piquet de grève fait partie intégrante du droit de grève. De plus, restreindre le droit à la libre expression ou à l’action collective peut mener à la limitation d’autres droits.

    Il constatait également qu’il ne reste pas grand chose du “gentlemen’s agreement” de 2001 entre syndicats et patronat (dans lequel les patrons promettaient de ne pas recourir à la justice durant les conflits collectifs). Le seul problème était sa réponse: “il faut interpeller le patronat”. Comme si cela allait suffire…

    Dans différents cas de licenciement de délégués le plan d’action était faible pour mettre à l’agenda la défense des délégués au niveau sectoriel ou interprofessionnel. Au mieux y a-t-il eu une manifestation, un cortège funèbre plutôt qu’un début de campagne plus large avec actions de grèves sectorielles et régionales.

    Pour le professeur Rigaux de l’Université d’Anvers des arguments juridiques existent contre les requêtes unilatérales, les astreintes, l’utilisation de la procédure du référés,… Ce professeur voit néanmoins un problème important dans l’attitude conservatrice de la justice et spécifiquement de la Cour de Cassation. “Le problème n’est pas d’avoir raison, mais que la justice l’accepte” , selon lui.

    Dirk Vandermaelen n’avait lui pas grand chose à dire. Selon lui, le problème revient en première instance aux partenaires sociaux. Il déclarait que, pour le SP.a, le droit de grève est sacré et qu’il revient aux syndicats et au patronat de faire des accords sur ce point. “Si la FGTB veut du travail législatif, nous allons y participer”, promettait-il, non sans s’empresser de rappeller la présence des libéraux au gouvernement… Vandermaelen pensait s’en tirer ainsi facilement.

    Comment renforcer la protection des délégués?

    Pour le professeur Rigaux il serait utile de changer la loi à l’instar de la France et des Pays-Bas où le patron doit recevoir une autorisation au préalable avant qu’un délégué ne soit licencié sans quoi le licenciement est suspendu et le délégué reste dans l’entreprise. Selon Dirk Vandermaelen il y a déjà une grande protection sur base de la loi de 1991, mais le problème se trouve dans l’application par les Tribunaux. “Avec d’autres juges, on pourrait déjà faire beaucoup”, selon lui.

    Rudy De Leeuw, par contre, défendait la proposition de Rigaux pour rendre la protection des délégués impérative sous peine d’annuler le licenciement. Mais évidemment le “mais” a rapidement suivi. Si la loi doit être changée, De Leeuw craint qu’il n’y ait “pas assez de combativité” au Parlement et qu’une réforme ne mène au démantèlement des autres éléments de protection des délégués.

    Le droit de grève et la protection des délégués ne sont pas pour nous qu’une question de règles, de procédures et de recours juridique. Un rapport de forces dans la société est l’arme la plus puissante dont on dispose. Commencer une campagne autour de la protection syndicale est un premier pas utile, mais le contenu de cette campagne n’a malheureusement pas été discuté dans ce débat.

  • Vandenbroucke propose un “compromis” inacceptable

    Enseignement supérieur flamand

    Des milliers d’étudiants et de membres du personnel de l’enseignement supérieur flamand ont manifesté ces derniers mois contre les nouvelles propositions de financement du ministre Vandenbroucke. Ces propositions étaient une attaque frontale sur l’accès démocratique à l’enseignement supérieur et une préparation à sa privatisation future. Après les protestations d’ampleur contre son plan, le ministre avait retiré ses idées. Mais Vandenbroucke ne s’avoue pas si rapidement vaincu…

    Tim Joosen

    Le ministre a laissé l’initiative aux institutions de l’enseignement supérieur qui devraient élaborer un plan alternatif. Il espère en agissant de la sorte semer assez de division pour dévier l’attention des vrais problèmes, notamment que l’enseignement supérieur manque cruellement de moyens.

    Ce souhait a rapidement été réalisé par deux poids lourds de l’enseignement supérieur: l’ex-ministre de l’éducation Luc Van Den Bossche et l’ex-recteur de l’université de Louvain Oosterlinck, respectivement présidents des associations de l’université de Gand et de Louvain.

    Ils ont présenté leurs idées:à la presse: l’université catholique de Louvain reprendrait celle de Bruxelles tandis que l’université libre flamande de Bruxelles devrait fusionner avec l’université de Gand; un transfert de financement devrait également être effectué de l’enseignement secondaire vers l’enseignement supérieur qui doit, dernière chose, être mieux adapté aux besoins des entreprises.

    Selon Oosterlinck et Van Den Bossche, il ne peut rester que deux grandes associations; les leurs évidemment.

    Le “compromis”

    Vandenbroucke a dit que ses premières propositions n’étaient que des projets et, fin mai, est arrivée une “proposition de compromis”. Mais “compromis” est un bien grand mot. Le seul changement apporté aux projets originaux est que le modèle output (un financement par élève ayant réussi l’année et non par élève qui commence l’année) n’est pas appliqué… aux étudiants de première.

    Avec un financement “output”, les universités et les hautes écoles vont surtout s’orienter vers les étudiants dont les chances de réussite sont les plus grandes. La voie est ainsi ouverte à un enseignement à deux niveaux: d’un côté des institutions de pointe accessibles aux surdoués et aux étudiants riches, de l’autre des institutions de second rang pour la majorité des étudiants, avec moins de subsides à cause du modèle “output”.

    Le financement “output” n’assure donc pas un pourcentage de réussite plus grand, mais rend plus difficile encore l’accès à l’enseignement supérieur pour les étudiants issus d’un milieu peu aisé, pour les allochtones, pour les handicapés,…

    Cette “proposition de compromis” est inacceptable! La lutte doit être poursuivie! Nous ne pouvons pas nous limiter à refuser les propositions du gouvernement, nous avons aussi besoin d’un modèle de financement alternatif qui part des besoins des étudiants et du personnel et de l’accès démocratique à l’enseignement supérieur. Pour cela, il faut plus d’argent, et donc continuer les mobilisations. La proposition d’une manifestation le 25 octobre à Louvain est donc d’une grande importance.

    Il faut un mouvement généralisé dans l’enseignement -primaire, secondaire et supérieur – autour de la revendication d’avoir 7% du PIB pour l’enseignement. La lutte unifiée pour plus de moyens est la meilleure réponse aux tentatives de division!

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