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  • Une attaque contre les conditions de travail de plus !

    Industrie automobile

    La capacité de production dans l’industrie automobile en Europe est bien plus grande que la demande. Les patrons veulent néanmoins maintenir leurs marges de profits à niveau et essayent pour cela de faire payer la crise au personnel. En mai, Agoria (représentant des patrons dans le secteur du métal), la CSC-Métal et la FGTB-Métal flamandes ont signé un protocole d’accord pour le secteur.

    Karel Mortier

    L’objectif du protocole est l’amélioriation de la position concurrentielle de l’industrie automobile belge. Point essentiel de l’accord : une nouvelle attaque sur les conditions de travail.

    Ces derniers mois, les médias se sont régulièrement fait le relais de plans visant à fermer la filiale de Volkswagen à Forest. L’entreprise-mère est confrontée à un surplus de production et veut donc -malgré un profit de 1,12 milliard d’euros en 2005!- encore appliquer des assainissements. La direction veut une diminution de personnel de 20.000 personnes dans les prochaines années. Après l’annonce de ces plans, le cours des actions de Volkswagen à la Bourse de Francfort a augmenté de 10%. Les patrons essayent de monter les différentes filiales de l’entreprise les unes contre les autres pour pouvoir diminuer leurs coûts le plus possible.

    General Motors veut fermer 3 à 6 filiales en Europe, ce qui peut coûter 30.000 emplois! Le protocole d’accord et la décision du gouvernement pour diminuer encore plus les coûts salariaux dans le secteur ont montré que le gouvernement flamand mais aussi malheureusement les syndicats du secteur, sont préparés à rentrer dans ce jeu. Plusieurs propositions dans l’accord sont même contraires à la législation du travail actuelle, ce qui signifie qu’il faudra modifier la loi pour pouvoir appliquers ces proposition dans la pratique.

    Les patrons veulent encore augmenter la flexibilité dans les filiales automobiles belges en adaptant encore le processus de production à la demande. Concrètement, on veut étaler le calcul du temps de travail sur 6 années au lieu d’une actuellement ainsi qu’allonger le temps de travail maximal par semaine de 45 à 48 heures et le temps de travail maximal par journée de 9 à 10 heures. Un avantage supplémentaire évident de ce système est que les patrons ne vont quasiment plus devoir payer d’heures supplémentaires…

    La stratégie du gouvernement et des syndicats flamands n’offre toutefois aucune perspective. En Allemagne, ces dernières années, les syndicats ont fait des concessions extrêmes en échange de la promesse de ne pas avoir à subir de licenciements. Deux ans à peine après le dernier accord, la direction trouve déjà que ces concessions sont trop timides et elle en revendique de nouvelles de la part du personnel. VW a récemment déclaré qu’il n’a pas la volonté de briser l’accord, mais Horst Neuman, le directeur du personnel, a tout de même avoué que “ça va être très difficile” de maintenir le personnel à 100.000 en Allemagne de l’Ouest. Volkswagen menace même de déplacer la production de la Golf si le personnel n’accepte pas l’allongement de la semaine de travail pour un salaire identique.

    Si ce fameux protocole est appliqué dans l’industrie automobile belge, cela ouvrira grand la porte à de nouvelles attaques et servira de précédent pour d’autres secteurs. A cela, les travailleurs doivent répondre : NON !

  • L’empereur contre les barons au sein du PS

    L’empereur contre les barons au sein du PS

    “Erreurs inqualifiables”, “dérapages”… Pour Elio Di Rupo et ses disciples, les scandales de Charleroi et d’ailleurs dénaturent le PS et ses valeurs. Bien d’accord ! Mais plutôt que de remettre ces valeurs en avant, la solution proposée est d’augmenter les pouvoirs du président…

    Nicolas Croes

    Les ancêtres de Van Cau et Di Rupo au Parti Ouvrier Belge avaient déjà placé le ver dans le fruit en se prononçant pour un passage graduel du capitalisme au socialisme, terminologie utilisée afin de reporter la lutte pour le socialisme à un avenir indéfini, pour ne plus avoir finalement à en parler, pour accepter le système d’exploitation capitaliste en réalité.

    C’est cette logique interne imposée par la direction du parti qui est à l’origine des faits qui alimentent l’actualité. Il n’existe à l’intérieur d’un tel système aucune solution collective aux problèmes des travailleurs. Dès lors que l’on accepte la logique patronale, on ne peut qu’essayer de limiter la casse, et c’est sur cela que les fameux „ barons „ se sont appuyés. Faute de pouvoir préserver l’emploi, faute de pouvoir appliquer un véritable programme de logements sociaux (la moyenne belge des logements sociaux dans l’immobilier est d’un peu plus de 6%, ce qui fait pâle figure aux côtés de nos voisins hollandais qui sont eux à 40% !), les dignitaires “socialistes” ont alloué les moyens restés disponibles aux “amis”, “amis d’amis”, etc… C’est ainsi qu’on été institutionnalisées les baronnies, en utilisant les services publics et sociaux comme moyen pour se créer une base impossible à avoir par l’intermédiaire de luttes dont ils ne voulaient pas entendre parler.

    Ce n’est pas un phénomène typiquement francophone, la Flandre a vécu la même situation. Mais la lutte pour la centralisation autour du président y a été menée plus tôt, dans les années 90. Là aussi, ce sont des scandales qui servirent de prétexte, c’était l’époque d’Agusta. Louis Tobback, qui avait à l’époque joué le rôle qu’essaye aujourd’hui d’avoir Elio, a expliqué sa méthode : le choix est entre “l’absolutisme et le féodalisme”. “Plus de pouvoir au président n’est pas le meilleur des mondes” reconnaît-il, mais il n’y a pour lui d’autre choix. Cette analyse est partagée par tous, les proches du président du PS (et ministre-président de la région wallonne, et bourgmestre de Mons,… ) naturellement, comme Laurette Onkelinx, mais aussi l’ensemble de la presse.

    Faire descendre le pouvoir à la base du parti est-il tellement inimaginable pour que personne n’en parle? A-t-on tellement peur au PS du débat que cela peut entraîner pour que la seule solution qui apparaisse soit de concentrer tout le pouvoir de décision entre les mains d’une seule personne? Le siège du PS, sis au Boulevard de l’Empereur, n’a jamais aussi bien assumé son adresse…

  • PS: Scandales, corruption, clientélisme,…

    PS: Scandales, corruption, clientélisme,…

    Vous y croyez, vous, au PS du «moindre mal»? Au PS faisant blocage face aux propositions les plus infâmes ? « Avec les autres, ce serait pire » peut-on entendre régulièrement. Mais si des différences existent bel et bien entre MR, PS, CDH ou Ecolo, il faut bien admettre que pour les travailleurs, les différence qui existent encore se réduisent de plus en plus…

    Nicolas Croes

    Après 18 années passées par le PS au pouvoir, un constat s’impose : la vie des travailleurs et de leurs familles s’est dégradée et si le PS s’est fait entendre sur le sujet ce n’est que sous la forme de faibles et inaudibles protestations (parfois) ou de justifications des mesures d’austérité (bien plus souvent…). Que ne peut-on dire sous l’excuse du « pragmatisme » (travailler plus, travailler pour moins,…)! Sur les questions fondamentales, sur les moyens dont la population a besoin pour vivre, c’est à l’unisson que les partis traditionnels s’exclament qu’il faut maintenir une rigueur capable de maintenir la compétitivité – c’est-à-dire de satisfaire les patrons. Dans ces discours, le PS montre son plus grand talent : celui d’être le plus habile à tromper les gens alors que les profits du patronat ne cessent d’augmenter!

    Quant au niveau local, les récents scandales démontrent une fois de plus qu’Elio & Co n’ont pas besoin de devoir composer avec d’autres partis pour trahir la confiance que l’on peut leur donner. A Charleroi, à Mons, à Namur, à Bruxelles ou encore à Liège, dans les logements sociaux, les sports, la gestion des déchets ou bien des marchés publics, avec ses échevins, bourgmestres ou administrateurs, le PS démontre une capacité extraordinnaire à se foutre royalement de la population.

    Mais tant qu’il n’existera aucune alternative de gauche, les soi-disant socialistes (quelle injure faite au socialisme!) resteront capables de maintenir leur position de première formation politique francophone. Malgré tous ses déboires, le dernier sondage indique que le PS reste à 30%, une chute de 6,4% en comparaison des résultats de 2003. Le MR, deuxième force politique, est lui à 25,9%… une baisse de 2,5% sur le même laps de temps. Ce sont le CDH (19,3%), Ecolo (10,3%) et le FN (10%) qui augmentent dans les intentions de vote.

    Ces chiffres sont bien plus l’expression d’un vote de protestation contre l’establishment symbolisé par le couple MR-PS plutôt qu’une confiance accordée au programme de ses concurrents. C’est cela qui explique notamment qu’un parti aussi fantomatique que le FN arrive à avoir autant de soutien (+4,4% depuis 2003), d’autant plus que les partis traditionnels n’ont aucune réponse réelle à apporter au racisme et à ceux qui prétendent que « les travailleurs immigrés qui volent le travail des Belges ». Travailleurs, sans-emplois, étudiants, immigrés, notre ennemi est le camp qui donne la priorité aux profits d’une minorité de riches ! Le PS a choisi ce camp! Choisissez le vôtre ! Pour une véritable opposition de gauche ! Construisons ensemble un nouveau parti des travailleurs !

  • Pour lutter contre la pauvreté, il faut construire un nouveau parti!

    Une étude de Meryll Lynch/Capgemini montre que les riches vont bien : notre pays comptait, fin 2005, 63.800 millionnaires, 3,4% de plus que l’année précédente. Ils ont à peu près 180 à 200 milliards de dollars à leur disposition. Au niveau mondial, les 8,7 millions de millionnaires ont 33.300 milliards de dollars en mains, presque un quart de la richesse mondiale. (De Tijd, 21/06/06)

    Anja Deschoemacker

    Quel contraste saisissant avec la situation dans le quartier Saint-Léonard à Liège, où Stacy et Nathalie ont étés kidnappées. De Morgen (17/06/06) a révélé des chiffres accablants : en dix ans, le chômage dans le quartier est passé de 19% à près de 36% (donnée déjà ancienne); seulement 25% de ceux qui ont un boulot possèdent un diplôme du secondaire supérieur ; 33% des habitants n’ont pas de diplôme, ou seulement un diplôme de l’enseignement primaire; et à peu près 63% des habitants sont des célibataires ou des familles monoparentales.

    La famille d’où viennent les filles est pauvre comme Job et s’entasse dans un logement beaucoup trop petit. Accuser les parents de « négligence » est une conclusion un peu hâtive. Un milieu avec si peu d’avenir, où la pauvreté se transmet de génération en génération sans presque aucun espoir d’y échapper, engendre fréquemment l’alcoolisme et les drames familiaux.

    Bien que beaucoup de choses aient changé durant le 20e siècle – à travers la lutte de nos grands-parents et de nos parents pour la Sécurité sociale, pour des salaires et conditions de travail corrects, pour un enseignement accessible,… – nous avons vu (en tant que victimes) ces 20 dernières années comment les masses doivent toujours plus se serrer la ceinture pendant que les profits explosent. Le patronat ne ménage pas ses efforts pour abolir tous ce qui ressemble, de près ou de loin, à une répartition plus équitable des richesses.

    C’est surtout en Wallonie et à Bruxelles que cette politique anti-sociale a conduit à des situations extrêmement pénibles. Le chômage de longue durée et la pauvreté sévissent dans beaucoup d’endroits, l’absence de perspectives est plus la règle que l’exception. Mais la Flandre n’a pas non plus de quoi pavoiser bien qu’elle soit une des régions les plus riches au monde (ce qui signifie surtout que beaucoup des millionnaires ci-dessus y vivent – ça fait bien monter la moyenne !). Le verdict livré par les chiffres de la pauvreté issus d’un site officiel de la Communauté flamande est sans appel: quelque 13% des Flamands risquent de venir grossir les chiffres de la pauvreté d’ici 5 ans, 1 Flamand sur 5 est dans une situation de pauvreté relative (un revenu trop bas durant 3 ans) et quelque 7% des Flamands se débattent dans une situation de pauvreté de longue durée.

    Malgré cette situation à laquelle sont confrontées de plus en plus de familles, aucun parti, pas plus d’un côté de la frontière linguistique que de l’autre, ne fait de la lutte contre la pauvreté sa priorité n°1. Les travailleurs et leurs familles, les gens qui vivent de toutes sortes d’allocations, les jeunes qui sont condamnés à une « carrière d’intérim »,… n’ont aucun parti pour les défendre. Et ils vont devoir tirer les leçons amères de l’Histoire: un tel parti ne peut émerger que s’ils le construisent eux-mêmes ! Une Autre Politique et la conférence du 21 octobre offrent pour la première fois depuis longtemps une opportunité sérieuse pour entamer cette tâche. Saisissons-la dès à présent !

  • Vers un drame social chez Agfa-Gevaert?

    La direction d’Agfa-Gevaert est en train de jouer un vilain jeu. Afin de faire monter les cours de la Bourse, elle a annoncé fin juin une restructuration en s’assurant d’une large couverture médiatique. D’après ce scénario, 1000 emplois pourraient passer à la trappe. Le contenu concret de cette restructuration ne sera annoncé que fin août.

    Les salariés de l’entreprise vont donc passer l’été dans l’incertitude. La direction laisse sans doute d’ores et déjà planer la menace sur un millier d’emplois en espérant désamorcer un mouvement de lutte lorsqu’elle n’annoncera officiellement que la perte de quelques centaines d’emplois

    Mais c’est se bercer d’illusions. Lors de la lutte contre le Pacte des Générations, Agfa-Gevaert était complètement en grève tant le 7 que le 28 octobre. Il est déjà clair que toute annonce de licenciement se heurtera à une résistance.

    Les seuls à avoir profité de la fuite organisée vers les médias, ce sont les actionnaires. La séance du conseil d’administration, où l’on a annoncé les 250 millions d’euros d’économies sans préciser le nombre d’emplois perdus, devait absolument se dérouler à 7 heures du matin, soit avant l’ouverture de la Bourse. Le cours d’Afga-Gevaert s’est envolé avec l’annonce de la probable disparition de 1000 emplois. Les salariés sont priés de faire la courte échelle aux profits…

    L’automne pourrait être chaud chez Agfa-Gevaert. Les syndicats doivent réagir à l’annonce précoce de la direction en organisant la base pour une contre-offensive dès que les mesures concrètes seront annoncées, probablement le 24 août.

    C’est ainsi qu’on peut augmenter la détermination à engager la lutte. Chez BASF, la direction a cédé aux revendications salariales des travailleurs quand ils ont menacé de faire grève. Il est probable que la lutte chez Agfa ne sera pas aussi facile, mais il faudra bel et bien lutter pour le maintien de chaque emploi.

  • Occupation massive des unifs en Grèce

    Depuis le 8 mai, les universités grecques sont occupées par les étudiants. Par ce biais, ils expriment leur opposition aux nouvelles réformes du gouvernement néolibéral de la Nouvelle-Démocratie.

    Emiel Nachtegael

    Tous se rendent fort bien compte que le gouvernement veut imposer des coupes d’austérité dans l’enseignement supérieur. Le gouvernement veut en finir avec les tarifs des repas modestes et les syllabus gratuits. Les étudiants qui ne terminent pas les études dans le cycle de 6 ou 7 ans, ne pourront plus s’inscrire. Les réformes touchent surtout les étudiants salariés des familles plus défavorisées qui doivent souvent avoir un emploi à temps plein pour payer leurs études.

    Le mouvement étudiant en Grèce est un des plus importants de l’histoire du pays. Le 9 juin, 350 facultés étaient occupées et 100.000 étudiants ont participé aux assemblées générales. Le 8 juin, 20.000 étudiants ont défilé à Athènes.

    Le mouvement en Grèce est en phase avec la lutte des jeunes partout dans le monde. Beaucoup de slogans des manifestations font référence à la France où le mouvement des jeunes et des syndicats français contre le CPE a mis le gouvernement à genoux.

    Ce mouvement avait commencé avec l’occupation de la Sorbonne pour ensuite s’étendre avec des actions de grève d’autres étudiants, des lycéens et enfin de la classe ouvrière française entière. Si le CPE était en vigueur aujourd’hui, il aurait ouvert les portes aux contrats ultraprécaires pour tous les salariés, les jeunes comme les plus âgés.

    Xekinima, notre organisation-soeur en Grèce, mobilise au sein de comités étudiants élus pour l’extension de la lutte à toute la population laborieuse, avec une grève générale par exemple. En Grèce comme en France, le ‘Niet’ des syndicats des salariés sera une condition pour une lutte étudiante victorieuse.

    La victoire en France montre la voie, aussi pour le mouvement dans l’enseignement supérieur en Belgique. Les réformes ici, comme en Grèce, ne signifient rien d’autre que la privatisation de l’enseignement supérieur auquel seule une élite pourra encore accéder.

    Pour plus d’infos mises à jour visitez le site de notre internationale : www.socialistworld.net

  • Allemagne: la liste de gauche se présentera à Berlin

    Notre organisation-soeur allemande, le SAV (Sozialistische Alternative Voran), joue un rôle de premier plan dans la construction du WASG, une nouvelle formation de gauche. La direction nationale du WASG veut une fusion rapide avec l’ancien PDS, les ex-communistes de l’ex-RDA.

    C’est pour cela que la direction veut des listes communes lors des prochaines élections régionales à Berlin et au Mecklenburg-Vorpommern. Dans ces deux länders, le PDS participe au gouvernement et y mène une politique de coupes d’austérité néolibérale.

    Nous militons pour une candidature indépendante du WASG dans les deux länders car le PDS n’y est pas crédible pour les salariés et les jeunes qui sont les victimes de la politique néolibérale. Finalement, il y aura donc une liste indépendante du WASG à Berlin.

    Cette discussion a été relayée dans les médias allemands. La porte-parole la plus en vue de la section berlinoise du WASG est Lucy Redler, membre du SAV. Elle a parlé lors d’un débat télévisé qui a été suivi par 5 millions de téléspectateurs. Elle est entrée en débat avec Wolfgang Clement, l’ancien ministre des finances du SPD (social-démocrate), Markus Söder, sécrétaire général de la CSU (la CSU est le parti chrétien-démocrate en Bavière) et Klaus Wiesehügel, président d’un syndicat.

    Lucy a critiqué la politique du gouvernement national SPD/CDU. Le conflit au sein du WASG sur la collaboration avec le PDS a aussi été abordé. Notre camarade a expliqué que nous ne sommes pas opposés à l’unité mais qu’elle est impossible avec le PDS tant qu’il se rend coresponsable des attaques contre lesquelles le WASG a été mis sur pied. Sinon, dit-elle, l’alternative se limitera à devoir choisir un moindre mal pour en écarter un plus grand.

    Notre attitude à Berlin a été confortée par un sondage où 5% des sondés veulent soutenir une candidature indépendante du WASG aux élections.

  • Des non-dits fort révélateurs…

    Congrès FGTB

    Les 8 et 9 juin, la FGTB a tenu son congrès statutaire. C’est devenu un congrès de succession qui a définitivement clôturé la phase de transition qu’a connue le syndicat après le départ de l’ancienne présidente Mia De Vits. Après avoir dirigé la FGTB pendant deux ans, Xavier Verboven et André Mordant partent à la retraite. Rudy De Leeuw est élu comme nouveau président et Anne Demelenne comme nouvelle secrétaire générale. Le mandat du Secrétariat fédéral a été reconduit avec Eddy van Lancker comme nouveau venu.

    Par un délégué FGTB

    Lors du premier jour du congrès, les délégués ont débattu des différentes résolutions soumises au congrès. Peu d’interventions sont venues de la salle. Le fait que tous les amendements ont été discutés, approuvés ou rejetés au préalable par le bureau de la FGTB est significatif.

    La plupart des résolutions étaient prévisibles, elles devaient être ‘réalisables’. Les sujets qui vivent le plus auprès des militants et des délégués n’étaient pas abordés ou à peine. Les relations avec le SP.a et le PS, le rejet de la norme salariale et le maintien de l’index sont des thèmes qui sont à l’agenda de la fin de l’année. Des résolutions et des positions claires sur ces sujets auraient pu renforcer les futures mobilisations d’automne.

    La FGTB s’engage à prendre en charge la lutte des sans-papiers et le congrès a affirmé qu’il n’y a pas de place dans le syndicat pour les membres et les militants d’extrême-droite. La FGTB va aussi mettre sur pied une campagne pour défendre les libertés syndicales et le droit de grève.

    Le deuxième jour, Xavier Verboven et André Mordant ont amplement revisité la période passée et la salle les a largement acclamés. Malgré l’ovation, beaucoup de délégués maugréaient.

    Verboven a désigné le rejet par la base du projet d’accord sur l’AIP de 2005 comme un ‘désenchantement personnel’. On a parlé également de la lutte récente contre le Pacte des Générations et on a fait référence à la grève de la FGTB du 7 octobre, tout comme à la manifestation en front commun du 28 octobre. Le fait que des dizaines de milliers de militants et de délégués aient subi un ‘désenchantement’ beaucoup plus profond dans les jours et les semaines qui ont suivi a été totalement ignoré au congrès.

    Avec Rudy De Leeuw, la FGTB a opté pour une figure de consensus au sommet. Le nouveau président a dû démissionner en tant que membre SP.a du conseil communal à Denderleeuw. De Leeuw devra faire ses preuves dans les mois à venir, notamment dans les discussions sur les salaires.

    Les présidents de la Centrale Générale et de l’Alimentation se sont prononcés contre les salaires exorbitants et contre les augmentations de salaires pour les managers dans une période où le patronat souhaite imposer à tous une modération salariale. Les négociations pour un nouvel AIP seront dures. Depuis des mois, la Fédération des Entreprises de Belgique et l’Union des Classes Moyennes font campagne dans les médias pour imposer un agenda de modération salariale et de précarisation accrues. Les entreprises restructurent et licencient pour augmenter encore davantage leurs profits.

    Face à cela, plus que jamais, il nous faut une FGTB unie et mobilisatrice qui engage la lutte sur base d’un programme de revendications offensif. Consulter et mobiliser la base doivent être les axes centraux afin d’éviter de nouveaux désenchantements comme après l’arrêt des actions contre le Pacte des Générations.

  • Pourqoui MAS/LSP collabore à l’initiative Een Andere Politiek, mais plus à Une Autre Gauche

    A sa réunion du 20 juin, le Bureau exécutif du MAS/LSP a décidé de proposer aux membres et militants de quitter « Une Autre Gauche », et ce au moins jusqu’à la conférence du 21 octobre. Auprès de la majorité de nos membres, cette décision est accueillie avec enthousiasme et provoque un sentiment de libération. Pour d’autres, elle soulève plusieurs questions. Ces questions peuvent porter à la fois sur le pourquoi de la décision comme sur la manière de prendre celle-ci. Nous espérons clarifier ces deux aspects avec ce texte.

    Le Bureau Exécutif du MAS/LSP

    Pour un Nouveau Parti des Travailleurs à la gauche du PS, du SP.a, d’Ecolo et de Groen ! le 21 octobre en résultat de la conférence d’ « Une Autre Politique »

    Le MAS/LSP mobilise pour le 21 octobre avec « Une Autre Politique » en Flandre, à Bruxelles et en Communauté germanophone. Par contre, nous sommes arrivés à la conclusion qu’« Une Autre Gauche » n’est pas une aide, mais bien un obstacle dans la formation d’un nouveau parti des travailleurs. En Wallonie, nous allons donc mobiliser pour le 21 octobre avec nos propres forces ou avec d’autres formations démocratiques.

    A sa réunion du 20 juin, le Bureau exécutif du MAS/LSP a décidé de proposer aux membres et militants de quitter « Une Autre Gauche », et ce au moins jusqu’à la conférence du 21 octobre.

    Auprès de la majorité de nos membres, cette décision est accueillie avec enthousiasme et provoque un sentiment de libération. Pour d’autres, elle soulève plusieurs questions. Ces questions peuvent porter à la fois sur le pourquoi de la décision comme sur la manière de prendre celle-ci. Nous espérons clarifier ces deux aspects avec ce texte.

    Nous n’attendons d’Une Autre Gauche que peu ou pas de réponses sur le contenu; le contraire serait une première. La réponse à cette décision – dans le style caractéristique d’UAG – prendra certainement la forme d’accusations, d’attaques sur les aspects formels. On nous présentera comme une secte fanatique de partisans de l’un ou autre gourou,… On prétendra que le MAS/LSP n’est intéressé que par sa propre construction et est fondamentalement anti-démocratique, on recherchera un agenda secret derrière chaque chose dite et/ou écrite,…

    Nos membres qui militent depuis quelque temps connaissent ces accusations loufoques. Ils savent qui les met en avant, quels intérêts elles servent et ils savent aussi à quel point les organisations (ou parfois ex-organisations) de nos accusateurs ont décliné au fil des ans et peuvent être elles-mêmes antidémocratiques. Par contre, des membres et sympathisants qui n’ont que peu ou pas du tout d’expérience dans la prise de décision au sein du MAS/LSP pourraient peut-être être amenés à douter. Bien que ce texte soit principalement destiné à un usage interne, nous pensons qu’il doit aussi être accessible aux observateurs et, pourquoi pas, également aux adversaires. Ceux-là vont probablement penser qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu ». C’est pour cela que nous voulons clarifier la manière dont de telles décisions sont prises au MAS/LSP.

    Comment se prennent les décisions nationales au MAS/LSP ?

    Selon nos statuts, une telle décision peut être prise par le Bureau Exécutif (BE – élu par le Comité National). Cette décision ne peut être renversée que par le BE lui-même ou par un organe supérieur : soit par le Comité National (CN – élu par le congrès), ou bien par le Congrès National organisé tous les deux ans. Le prochain CN est prévu pour la fin août et le congrès pour décembre. Le BE propose de ne pas attendre ces dates, mais de décider le plus vite possible (nous expliquerons plus loin dans le texte – dans le passage sur le contenu – la raison de cette position). Formellement, un tiers du CN (33%) peut revendiquer une réunion d’urgence du CN pour changer ou confirmer la décision du BE. Un tiers du CN ou un quart (25%) des sections peut en plus revendiquer un congrès exceptionnel. En bref : le BE élu peut prendre cette décision, mais les membres possèdent divers instruments pour renverser cette décision. Le MAS/LSP est en plus la seule formation de gauche en Belgique qui reconnaît le droit de former des tendances et des fractions permanentes.

    Tout cela est cependant essentiellement formel. Car, pour le MAS/LSP, la démocratie ne se limite pas à un certain nombre de petits règles mises sur papier dans des statuts. Les statuts ne sont qu’un dernier recours. Le plus souvent, si on doit les utiliser, c’est parce que la discussion démocratique a déjà fait faillite. Une direction marxiste démocratiquement élue ne peut pas laisser les choses en venir à ce point sur une question tactique comme celle-ci. Dès le moment où elle constate qu’une partie raisonnable du CN n’est pas d’accord avec la proposition ou exprime de graves doutes, elle va suspendre la décision et réunir un CN exceptionnel. De la même manière, elle va tenir compte de l’existence d’un courant représentatif à la base. Elle va laisser se dérouler pleinement la discussion pour que chaque argument, chaque tendance de pensée soit profondément comprise. S’il faut finalement quand même décider majorité contre minorité, la direction va s’assurer que la minorité soit représentée par une délégation sélectionnée par elle-même (la minorité, donc) à chaque niveau de l’organisation dans l’attente du moment où la pratique va clarifier les diverses hypothèses théoriques. C’est selon nous la seule façon de travailler qui est à la fois démocratique et tout de même efficace.

    Pourquoi un nouveau parti des travailleurs ?

    La discussion formelle sera peut-être la chose sur laquelle se jettent nos adversaires dans UAG mais le plus important reste la raison du contenu de notre décision. Le MAS/LSP abandonne-t-il l’idée d’un nouveau parti des travailleurs ? Rejetons-nous l’unité à gauche ? Le MAS/LSP ne s’intéresse-t-il à l’unité que dans la mesure où il peut la contrôler? Etc, etc.

    Le MAS/LSP a lancé l’appel pour un nouveau parti des travailleurs – « qui puisse réunir tous les courants qui s’opposent aux attaques néolibérales du patronat et des politiciens » – depuis 1995 déjà. Bien longtemps avant que quiconque mette en avant cette orientation. Pourquoi ? Parce que nous voudrions un nouveau PS vu que l’ancien n’est plus satisfaisant? Parce que nous pensions que la révolution n’était plus à l’ordre du jour et qu’il suffirait de s’opposer au néolibéralisme ?

    Bien sûr que non. Le MAS/LSP est une organisation socialiste avec un programme révolutionnaire. Et cela parce que nous sommes convaincus que le capitalisme aujourd’hui, contrairement au 19e siècle, ne peut plus jouer aucun rôle progressiste et ne vit plus que par une exploitation à outrance de l’homme et de l’environnement et parce que nous sommes convaincus aussi que seule une société dans laquelle la production est orientée en fonction des besoins de tous et non pas des profits de quelques-uns, une société socialiste donc, peut offrir une issue à l’humanité.

    Pourquoi donc réunir « tous les courants qui s’opposent au néolibéralisme » ? Parce que le MAS/LSP est convaincu que la dégénérescence de la social-démocratie en un pur instrument du patronat fait que les travailleurs et leurs familles n’ont plus d’instrument politique, même déformé. La mainmise de la social-démocratie sur la direction de la FGTB et celle de la démocratie-chrétienne sur la direction de la CSC font que l’action – quand elle est encore possible – est extrêmement inefficace, mène à la passivité et à la démoralisation et donc à un recul de la conscience collective des travailleurs. Il suffit de regarder la façon dont la lutte contre le Pacte des générations a été freinée et comment, parallèlement, l’extrême-droite monte dans les sondages.

    Tout ce qui peut faire remonter cette conscience constitue un pas en avant important. L’existence d’un instrument politique dans lequel les travailleurs puissent se reconnaître, avec lequel ils puissent tester et clarifier des idées dans la pratique et qui puisse leur donner en même temps un prolongement politique pour leurs luttes sur leur lieu de travail serait un pas en avant de géant. C’est cet instrument que le MAS/LSP, avec beaucoup de travailleurs, veut construire.

    Quelle unité ?

    C’est aussi ce qu’«Une Autre Politique » (UAP) autour de Jef Sleeckx, Lode Van Outrive et Georges Debunne essaie de réaliser : la création d’un nouveau parti politique qui rassemble tous les courants qui sont prêts à s’engager dans la lutte contre la politique néolibérale. Leur position est la suivante : chaque courant qui y est prêt est le bienvenu et peut garder sa propre identité ! Ils approchent la diversité non comme une menace mais comme un enrichissement. Ils veulent marcher ensemble et en même temps ouvrir le débat. Plus que ça : ils ne veulent pas bétonner le programme de ce futur parti mais laisser l’élaboration de ce programme aux travailleurs qui rejoignent le parti. En bref : ils ne veulent pas d’ultimatums, pas de programme mâché et imposé par le haut, pas de limitations à la liberté de discussion, mais un parti qui dès le début est structuré démocratiquement et dans lequel les travailleurs eux-mêmes élaborent un programme.

    Le MAS/LSP approuve à 100% cette orientation et respecte le fait que ces trois personnes sont toujours prêtes, à leur âge, à mettre en jeu leur autorité et leur réputation au service du mouvement ouvrier. Bien sûr, le MAS/LSP ne cachera pas son programme au sein de ce parti et nous ferons nos propres propositions socialistes révolutionnaires. Sans doute aurons-nous des divergences d’opinion avec Jef, Lode et Georges sur beaucoup de questions mais, tout comme eux, nous voulons entrer dans le débat au lieu de le paralyser. Pour le MAS/LSP, le défi n’est pas le MAS/LSP ou un nouveau parti des travailleurs (NPT), mais le MAS/LSP et un nouveau parti des travailleurs. Donc, non, le MAS/LSP n’abandonne pas le moins du monde l’idée d’un NPT, ni de l’unité de la gauche, ne se replie pas sur lui-même et est certainement prêt à coopérer même si nous ne contrôlons pas cette coopération, comme tous les participants sérieux à Une Autre Politique sont prêts à en témoigner.

    Une Autre Gauche est malheureusement presque le contraire d’UAP. Un programme élaboré par les travailleurs et leurs familles y est qualifié de « populiste ». l’idée mise en avant est celle d’un programme pré-mâché et « anti-capitaliste » qui est imposé à toute personne qui veut être impliquée dans UAG : « rejoins, et tais-toi ! ».

    Le MAS/LSP n’a pas de problèmes avec les intellectuels, tant qu’ils sont prêts à mettre leur intelligence au service du mouvement ouvrier et tant qu’ils sont prêts à parler dans une langue compréhensible de tous. Mais, dans UAG, on appelle une langue compréhensible une « discussion de café». On préfère parler par énigmes à consonances intellectuelles sans cohérence. Et ceux qui plaident le plus pour des « ultimatums anticapitalistes » sont justement ceux qui vont prochainement se présenter à nouveau aux élections communales sur des listes de Groen ou d’Ecolo ou qui travaillent pour un parti européen dont plusieurs membres participent à l ‘application de mesures néolibérales.

    Le MAS/LSP a déjà mis plusieurs fois cette contradiction en lumière. Beaucoup de travailleurs qui ne croient pas qu’on puisse sortir du cadre du capitalisme ne vont pas se reconnaître dans le terme « anticapitaliste » tout en refusant résolument de soutenir des partis comme Ecolo ou Groen !, qui jusqu’ici ont appliqué des politiques néolibérales et qui vont sans aucun doute vouloir répéter cela à l’avenir. De l’autre côté, des « anticapitalistes » d’UAG se mettront sans aucun scrupule sur des listes d’Ecolo ou de Groen ! Que feront-ils alors, au cas où ils auraient des élus si demain Tobback offre à Groen ! ou Van Cauwenberghe à Ecolo quelques postes d’échevins tout en annonçant en même temps ne plus pouvoir respecter les conventions collectives du personnel communal ? Vont-ils dire qu’ils n’étaient pas avertis ?

    La division et le nationalisme

    UAP veut lutter contre la division parmi les travailleurs, créée et stimulée par le patronat et les politiciens. De là, la volonté de rassembler tous ceux qui veulent lutter contre la politique néolibérale, indépendamment du fait d’être athée, chrétien ou musulman, belge ou immigré, avec ou sans papiers, flamand, wallon ou bruxellois. Cela ne signifie pas du tout que UAP est insensible aux diverses spécificités et frustrations, pertinentes ou injustifiées. UAP veut mener des actions anticapitalistes, mais sans faire de l’anticapitalisme une condition. UAP veut attirer des gens de la CSC en leur garantissant le droit de maintenir leur propre identité, UAP veut lutter contre les contradictions communautaires en mettant sur pied une formation nationale, même si cela signifie perdre du temps en traductions, etc.

    UAG, par contre, a cependant déjà décidé que seuls les « anticapitalistes » sont les bienvenus et on peut y entendre que des Flamands à Bruxelles qui ne parlent pas le français sont des « imbéciles », qu’une langue compréhensible est équivalente à « des discussions de café », que la « gauche flamande » est « populiste sous la pression de l’extrême-droite », et même qu’il est normal que le LSP, comme organisation flamande et donc « catholique », soit « antisémite »,… On pourrait répondre qu’il s’agit de déclarations d’individus et pas d’UAG en elle-même. Mais ce sont toutefois des déclarations provenant de dirigeants auto-proclamés ou de personnes qui pouvaient compter sur leur approbation tacite. Se taire quand il faut parler est parfois plus audible que des cris.

    UAG veut que les francophones forment un « front » pour « ne pas être pris au dépourvu par les Flamands ». Les francophones qui ne sont pas d’accord ne peuvent simplement pas parler car « ils ne font que répéter ce que d’autres ont dit avant eux ». Le nationalisme bourgeois imprègne les murs d’UAG. Que penser de la position suivante entendue à la dernière AG : « un parti national n’a plus de sens en Belgique, on pourrait tout aussi bien proposer un parti européen » ? Des « dirigeants » d’UAG plaident pour « une structure confédérale », c’est-à-dire deux formations différentes avec une sorte de déclaration de solidarité (SP.a et PS peuvent encore apprendre quelque chose). A Bruxelles, « UAG-national » veut une initiative francophone aux côtés d’une initiative néerlandophone. Qu’une large majorité à Bruxelles ne soit pas d’accord, on s’en fiche.

    Des « recommandations » antidémocratiques

    Le MAS/LSP aurait pu mettre tout ça de côté si UAG, à quelques exceptions près, représentait plus qu’une petite poignée de membres de la gauche radicale, des ex-membres de ces organisations qui se déclarent aujourd’hui « indépendants » et des individualistes éperdus qui veulent en réalité une nouvelle organisation de la petite gauche, dans laquelle ils seraient à la direction avec une base qui se tait et écoute.

    A la dernière Assemblée Générale d’UAG, quelques « recommandations » ont été votées: les organisations politiques soutenant UAG doivent parler dès maintenant par l’intermédiaire d’un porte-parole, ne peuvent pas avoir ensemble une majorité dans n’importe quel organe et doivent remettre leurs propositions au secrétariat avant les assemblées. Ce ne serait pas difficile à accepter si le nombre de membres des organisations concernées se laissait compter sur les doigts des deux mains. Mais, pour le MAS/LSP qui a une implantation réelle et qui est capable d’organiser des luttes et pas seulement de se limiter à des commentaires, c’est inacceptable et franchement honteux. N’importe quel « indépendant » – vrai ou supposé – aurait ainsi autant de poids que tous les membres de nos districts de Bruxelles, Hainaut et Liège réunis. Pour justifier cette mesure antidémocratique, il est fait référence dans UAG au Bloc de Gauche au Portugal. Là, quelques dirigeants de trois organisations de la petite gauche, désespérés parce que leurs organisations rétrécissaient depuis des années déjà, ont préparé (sans que leur base en soit informée pendant un premier temps, selon Miguel Portas) un projet de fusion avec des recommandations comparables, mais bien plus démocratiques.

    A une réunion publique à Liège, quelques participants d’UAG ont voulu qu’un parlementaire européen du Bloc de Gauche mette cela en avant comme méthode à suivre. Le parlementaire en question ne s’est pas laisser abuser et a montré les caractéristiques spécifiques et la réalité particulière du Portugal. « Le Bloc de Gauche est une expérience intéressante pour apprendre, pas pour la copier », a-t-il dit, une remarque qui n’a été retrouvée dans aucun rapport des discussions qui ont suivi cette soirée…

    On peut dire que les mesures votées à la dernière AG ne sont que des « recommandations ». Mais combien de temps faudra-t-il avant que ces recommandations deviennent loi ? Dans UAG, c’est en fait une méthode familière. Un tract à l’occasion du 1er mai, élaboré en commun par 30 personnes d’UAG et d’UAP, est sèchement réécrit par quelques « initiateurs » d’UAG » (qui revendiquent apparemment des droits de propriété intellectuelle sur l’initiative). Une réunion d’UAG-Bruxelles, où une majorité plaide pour rassembler UAP et UAG à Bruxelles, est quittée par une minorité qui déclare la réunion illégitime. Ce qui est décidé un jour prend une toute autre signification le lendemain. Des rapports de réunion se lisent comme des énigmes, notamment parce que les positions défendues par les intervenants n’y sont pas reprises. Quand la Sainte-Alliance qui « dirige » UAG a une majorité, on passe au vote ; quand elle est en minorité, elle quitte la salle. Sur le site web www.uneautregauche.be on a pu lire des bordées d’injures et on peut y dire n’importe quoi. UAG a fonctionné avec une succession de manoeuvres bureaucratiques où même les sommets syndicaux pourraient prendre de la graine.

    Quelques uns, au sein du secrétariat et du Parti Humaniste entre autres, nous disent : « Mobilisons systématiquement pour les mettre en minorité ». Numériquement, pour le MAS/LSP, cela n’est aucunement un problème, mais nous faut-il descendre à ce niveau pour pouvoir faire de la politique au sein d’UAG ? Cela, nous le refusons. Les jeux de pouvoir bureaucratiques ne sont pas le terrain favori du MAS/LSP. Notre force est dans le mouvement réel et c’est sur cela que nous voulons nous concentrer. Certes, il faut parfois accepter des manoeuvres bureaucratiques parce que c’est la seule façon d’entrer en contact avec la base. C’est par exemple le cas dans pas mal de centrales syndicales, c’était aussi le cas dans les années ’80 quand nous travaillions encore dans le SP. C’est avec cette idée en tête que nous n’avons pas déjà quitté UAG le 1er mai. Maintenant, après les faits, nous pensons que c’était une erreur : dès la première manœuvre, nous aurions pu déceler qu’UAG allait rester une initiative morte-née.

    Nous sommes partis de l’idée que nous pouvions accepter les manoeuvres bureaucratiques parce qu’un parti national plus large allait être créé le 21 octobre. Cela aussi était une erreur. UAG essaie de se présenter comme le seul partenaire francophone d’UAP et, de cette façon, former une minorité de blocage pour imposer à UAP sa propre approche politique et probablement boycotter une formation nationale. Le MAS/LSP est numériquement plus fort que le reste d’UAG mis ensemble. A notre propre initiative, nous pouvons mobiliser un bon nombre de francophones pour la conférence du 21 octobre et nous pouvons y assurer que UAP ne se fasse pas prendre en otage par UAG. Si, au contraire, nous restons dans UAG, nous risquons d’être englués dans d’incessants combats qui n’ont ni intérêt ni lien réel avec les questions qui se posent vraiment aux travailleurs et qui ne sont utiles ni pour nous, ni pour UAP. La seule réponse correcte à des jeux de pouvoir au sein d’UAG est une mobilisation francophone forte pour la conférence du 21octobre.

    Le MAS/LSP veut s’engager dans la construction d’une formation plus large et anti-néolibérale, une formation des travailleurs, pour les travailleurs. Pour ce but, nous sommes en faveur de l’unité. UAP est un moyen approprié pour atteindre des couches larges de jeunes et de travailleurs. UAG ne l’est malheureusement pas à cause de sa composition et surtout de son programme erroné et de ses méthodes antidémocratiques.

    Mais nous restons plus que jamais prêts à travailler en commun avec ceux qui – dans et en dehors d’UAG – veulent construire une nouvelle formation de gauche d’une façon ouverte et honnête, ceux qui, en d’autres mots, se sentent plus proches du modèle d’UAP que du monstre d’UAG, et qui veulent éventuellement tester cette coopération dans les élections communales.

    Autres documents:

    > Remarques du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) sur le PV de l’Assemblée générale du 6 mai

    > Réponse du MAS au Secrétariat fédéral sur sa participation au sein d’UAG. 8 juin 2006

    > En réaction aux réactions après l’AG de Een Andere Politiek. Jean Peltier, 20 mai 2006

  • En réaction aux réactions après l’AG de Een Andere Politiek

    Je ne passe pas mes journées ni même mes soirées au clavier pour répondre à tous les mails qui circulent dans le cadre d’UAG et je ne me sens pas obligé de confier au dit clavier tous mes états d’âme. Mais il y a eu au cours de la semaine écoulée – rappelez-vous, celle qui devait conduire à un « apaisement » après la dernière AG ! – et surtout ce week-end une série de mails qui m’ont passablement énervé. Je tiens donc à réagir.

    Je commencerai en douceur par répondre à la demande de Didier en fournissant un compte-rendu rapide de l’AG de Een Andere Politiek de ce samedi. La traduction des débats n’a pas toujours été satisfaisante, donc excusez-moi s’il y a des approximations mais comme mes notes vont dans le même sens que celles de Raouf et de Mark, je ne dois pas être trop loin de la vérité.

    1. Un rapide rapport de l’AG de EAP :

    Participation

    32 participants, dont une majorité de militants et délégués syndicaux (je ne les connaissais pas assez pour pouvoir les compter avec précision) et une très grosse majorité d’hommes (ça, je pouvais compter : 29). Régionalement : les provinces d’Anvers, Flandre Orientale, Brabant flamand et Limbourg. Politiquement : 10 LSP (MAS), 6 SAP (POS), 1 KP (PC), 11 indépendants (une partie des militants politiques étant aussi délégués et militants syndicaux) et 3 membres d’UAG : Jean (MAS), Raouf, Marc.

    Le nombre assez limité de participants est dû au fait que l’invitation à cette AG a été limitée aux personnes déjà actives au sein des comités locaux et n’a pas été étendue à tous ceux et toutes celles qui ont laissé une coordonnées au cours des débats régionaux. Cela a rendu les débats plus simples mais c’était néanmoins, je pense, une erreur.

    A. Evaluation des activités et des discussions

    Des rapports ont été faits sur les activités et/ou les groupes locaux : Gand, Anvers, Saint-Nicolas, Alost, Louvain, le Limbourg, Wuustwezel, Deinze, Courtrai, Zaventem, Tervueren. Partout, les discussions entamées lors des réunions de présentation ou les meetings se poursuivent. Conclusion unanime : la première phase, celle de la prise de contact, se termine positivement. La demande pour une autre politique et l’espace pour la création d’un nouveau parti sont bien réels. Il faut passer maintenant à la deuxième phase : la préparation du programme et la structuration du mouvement.

    B. Conférence nationale du 21 octobre

    Après une introduction de Raf et la présentation d’un texte d’appel à cette journée, une discussion s’est engagée sur la meilleure formule pour cette journée. La proposition sera affinée par le secrétariat d’EAP mais il semble qu’il pourrait y avoir le matin une partie plénière (présentation des initiatives EAP/UAG et des objectifs de la journée) suivi d’ateliers sur 5 ou 6 thèmes (je me fie au résumé de Marc : syndical / sécurité sociale, revenu de base / racisme, exclusion, violence / féminisme, sexisme / environnement) et enfin une plénière de conclusion où seraient prises les décisions sur :

    – une plate-forme de base

    – le fait d’avancer vers la formation d’un parti (dans les mois qui suivent)

    – la participation aux élections législatives de juin 2007.

    C. Constitution d’un Secrétariat

    Un secrétariat a été élu : les 3 initiateurs (Jef, Lode, Georges), 1 représentant par parti (LSP, SAP et KP) et 2 représentants par province (militants politiques ou indépendants).

    Ce secrétariat tiendra sa première réunion jeudi 22 juin à 19 h rue des fabriques, 30 à Bruxelles. Note importante : L’idée a été avancée – par des Flamands – que la première partie de cette réunion soit interne à EAP et soit consacrée à l’organisation pratique de EAP et qu’une deuxième partie de la soirée soit consacrée à une discussion avec le secrétariat de UAG ou une délégation de celui-ci essentiellement à propos de la préparation commune du 21 octobre. Il n’y a pas eu de vote formel mais la proposition semblait largement soutenue. Aucun ordre du jour pour cette réunion n’a été élaboré à l’AG. Le mieux serait effectivement d’avoir un contact direct et rapide avec Sleeckx ou Raf pour discuter de cette proposition et de l’ordre du jour.

    D. Rapport avec les autres initiatives

    EAP souhaite unanimement approfondir les rapports avec UAG pour préparer ensemble le 21 octobre. Les rapports avec SP.a Rood (qui cherche à ramener les syndicalistes de la FGTB au SP.a dans le but de ramener le SP.a sur des positions de gauche) et le « Mouvement du 15 décembre » (lancé par des syndicalistes et en sous-main le PTB pour regrouper les syndicalistes combatifs mais sans poser la question d’un nouveau parti politique) ont été débattus. Il m’a semblé qu’au-delà des appréciations personnelles variables sur tel ou tel aspect, il y avait accord sur le fait de garder la porte ouverte et de continuer les discussions avec ces autres initiatives tout en mettant en avant la spécificité et la force de EAP : un nouvelle politique portée par un nouveau parti.

    E. Divers

    EAP va se doter très rapidement d’un site web et d’un compte bancaire.

    Commentaire personnel

    La réunion a été parfois un peu cahotante voire chaotique (il manquait notamment une solide présidence – ce que la mise en place d’un secrétariat devrait aider à organiser) mais il y avait une nette volonté d’aller de l’avant, une bonne atmosphère de travail en commun… et une absence totale d’obsession pour les règles ou recommandations de fonctionnement chères à UAG.

    Et maintenant le reste !

    2. Le report de la réunion de jeudi du Secrétariat d’UAG

    Je comprend très bien que certains partent en vacances ou soient absorbés par des problèmes autres que politiques. Mais est-ce que ce serait compliqué de :

    – se tenir à une décision prise plutôt que de la remettre en cause trois jours après ?

    – si on n’est pas convaincu de la justesse d’une proposition, argumenter clairement son point de vue avant que la décision soit prise ?

    J’espère que le film d’ATTAC a bien plu à ceux qui ont proposé de reporter le secrétariat, mais – même à peine quatre jours après l’AG – il y avait pourtant du boulot à faire ce soir-là : entre autres choses, organiser le travail pour élargir UAG (ce n’est toujours pas à l’ordre du jour d’une quelconque réunion), discuter de nos propositions pour la journée du 21 octobre, commencer à organiser la mobilisation pour celle-ci, prévoir une délégation pour l’AG d’EAP du 17 juin, leur faire part de nos propositions, organiser la rencontre avec leur secrétariat,… Le fait de ne pas avoir eu cette réunion signifie que le travail de construction de UAG n’est pas stimulé, que les rapports avec EAP feront du surplace jusqu’au début juillet et que la prochaine AG sera préparée au dernier moment. On n’ira pas très loin comme cela. Et cela amènera immanquablement ceux qui en ont envie que les choses avancent à prendre leurs propres initiatives…

    3. L’AG d’EAP

    Trois membres d’UAG ont donc participé à l’AG d’EAP à titre personnel – puisque rien n’avait été organisé dans UAG (voir point précédent). Raouf et Mark y sont intervenus en précisant tout deux que c’était à titre personnel et moi, qui était présent dans le cadre du MAS, je ne suis pas intervenu. Mais notre simple présence à cette AG semble faire bondir Paul-Emile qui ne veut que des échanges « officiels » avec EAP portés par une « délégation officielle » d’UAG.

    Mais, cher Paul-Emile :

    1°. Pour avoir une délégation, il aurait fallu avoir une réunion de Secrétariat que tu as contribué à faire reporter.

    2°. Sache que je ne compte demander à personne – et notamment pas au SF – l’ « autorisation » d’assister à une réunion – tout ce qui a de plus ouverte – d’EAP avec qui nous venons de décider une semaine plus tôt d’organiser ensemble une conférence nationale de grande ampleur en octobre.

    3°. Plutôt que de chipoter sur des « mandats » qu’aucun de nous trois n’a jamais prétendu avoir samedi, tu pourrais peut-être te réjouir du fait que des membres du SF étaient présents pour montrer l’intérêt d’UAG pour EAP et pour une démarche commune.

    Il y a un siècle, la marxiste polono-allemande Rosa Luxembourg critiquait l’état d’esprit et la conduite de la direction du Parti Social-Démocrate allemand qui s’effrayait de tout mouvement spontané des travailleurs qu’elle ne pouvait être sûre de contrôler. Rosa dénonçait « l’esprit stérile du veilleur de nuit », passant inlassablement son temps à parcourir l’entrepôt pour vérifier que rien n’a changé de place depuis le tour de veille de l’heure d’avant. L’état d’esprit de Paul-Emile me semble être exactement du même tonneau, à une différence près. Les chefs du Parti Social-Démocrate avaient, eux, un entrepôt rempli à ras bord de membres, de parlementaires, de mandats syndicaux, de journaux quotidiens,… Paul-Emile ferait lui plutôt dans le travail préventif : n’y a-t-il pas quelqu’un qui essaie de faire entrer de la marchandise en contrebande dans mon bel entrepôt tout vide… ?

    Désolé mais cela ne me semble pas être le meilleur moyen d’avancer !

    4. Un mouvement uni ou deux mouvements qui coopérent ?

    Dans son dernier courrier, Ataulfo tape sur le même clou que Paul-Emile (« je commence à être fatigué du manque total de sérieux de la part des partisans acharnés de la fusion à tout prix d’UAG-EAP » – commence par respirer un grand coup et renseigne-toi un peu plus avant d’accuser les gens des pires méfaits). Il passe ensuite à un raisonnement politique destiné à justifier la nécessité d’avancer avec la plus grande prudence dans les rapports avec EAP et les Flamands en général. Il remet une couche sur la nécessité de tenir compte des différences politiques, sociales et culturelles,… qui existent entre le Nord et le Sud du pays. Et d’invoquer le fait que « Les politiques de l’enseignement, de la santé, de la mobilité et de l’environnement, etc. relèvent essentiellement ou en grande partie de compétences régionales » (sauf que la plupart sont communautarisées et pas régionalisées…) puis de convoquer, par jeune Flamand interposé, Kim et Justine, les chanteurs à l’Eurovision et tout le toutim.

    Le problème, c’est que si la grande majorité de ces remarques sur les spécificités régionales sont correctes, Ataulfo refuse obstinément de poser la question centrale : Y a-t-il encore en Belgique un Etat centralisé au niveau belge conservant l’essentiel des leviers de commande politiques et économiques ? Une armée « belge » ? Une police « belge » ? Une monarchie « belge » ? Une sécurité sociale « belge » ? Un Pacte des Générations « belge » ? Demain un Pacte de Compétitivité « belge » ? Un patronat et des syndicats organisés au niveau « belge » ?….

    Si la réponse est oui – et évidemment elle est oui ! – alors, face à un Etat et une classe dirigeante fédéralisés mais dont l’essentiel du pouvoir reste organisé au niveau de l’Etat belge, il est essentiel de conserver l’unité du mouvement des travailleurs, tant au niveau syndical que politique, ce qui passe par une politique commune et par une structure commune. Et, c’est évidemment tout particulièrement vrai pour le nouveau parti que nous voulons construire !

    Ce n’est que sur cette base d’unité que l’on pourra ensuite tenir compte des différences régionales bien réelles et peaufiner nos revendications, alliances,… en fonction de toutes les spécificités régionales et locales.

    Procéder en sens inverse comme le propose Ataulfo – partir des régions et de partis régionaux puis chercher ce qui pourrait encore être fait en commun au niveau « belge » par la suite – aurait des conséquences dramatiques : partir de perspectives régionales fragmentaires conduira à élaborer des politiques différentes sur base de ces perspectives fragmentaires, miner la possibilité de ripostes communes et – désolé Ataulfo si l’idée te fait mal – renforcer la division des travailleurs au lieu de la combattre. Et ce n’est qu’avec un parti uni au niveau belge qu’on peut à la fois tenir compte des spécificités régionales et défendre le droit à l’autodétermination des peuples tout en luttant contre le poison nationaliste.

    Ataulfo utilise l’enseignement comme exemple de son raisonnement : « Je vois mal comment les francophones pourront se déterminer par rapport à la "ligne", aux orientations, aux revendications à défendre sur la question de l’enseignement flamand (qui parmi vous connait le nom du ministre flamand de l’enseignement et sa politique ?) ». C‘est parfaitement ridicule. Ce qui se passe dans l’enseignement flamand est simplement une des multiples applications « locales » d’orientations décidées et appliquées au niveau européen et visant à la marchandisation de l’enseignement : la mise en concurrence des écoles supérieures et des universités, la marche vers un enseignement hiérarchisé (universités d’élite européennes / universités et écoles de seconde zone au niveau régional), la hausse des frais d’inscription payés par les étudiants,… (pour une explication plus détaillée, je vous invite à lire les articles consacrés à ce sujet dans « Alternative Socialiste » et sur le site www.socialisme.be). Ce sont des problèmes que rencontre aussi l’enseignement francophone et qui peuvent être parfaitement compris – et donc discutés – par les militants francophones. Et, sur cette base, une lutte commune, ou simplement une solidarité active, peuvent parfaitement être organisées.

    Mais quelles sont les implications de cette conception « autonomiste » d’Ataulfo ? Que les francophones belges peuvent sans problèmes comprendre le contenu du CPE français et les enjeux de cette lutte mais que ce qui se passe dans l’enseignement flamand est tellement particulier qu’aucun francophone ne pourrait espérer y comprendre quelque chose ? Et pourquoi s’arrêter à l’enseignement ? Pourquoi pas ce genre de raisonnement demain sur les transports publics (STIB, TEC et de Lijn sont des sociétés distinctes), sur les prépensions (dont les systèmes d’accès – par choix personnels ou par démarche collective en cas de restructuration – ne sont pas utilisés de la même manière en Flandre et en Wallonie),… ? Pourquoi se fatiguer à envisager des luttes communes alors que tout est tellement « compliqué » et « différent » ? Résultat : on commence par vouloir inventer « quelque chose de plus souple, intelligent, inventif, adapté à la réalité de ce pays et donc plus "efficace" » et on finit par utiliser les mêmes raisonnements que les bureaucrates syndicaux pour « justifier » la scission communautaire des centrales !

    Ataulfo invoque aussi régulièrement l’exemple espagnol au secours de sa vision « autonomiste ». « Dans d’autres pays (Pays-Basque, Catalogne) le mouvement nationaliste ou régionaliste est nettement orienté à gauche, voir à l’extrême gauche parce que la gauche de ces pays a compris la nécessité de défendre l’autonomie politique de ces peuples longtemps opprimés par un Etat centraliste ». A nouveau Ataulfo mélange tout. D’une part, il est parfaitement possible de défendre une politique de lutte contre l’oppression nationale et de soutien au droit à l’autodétermination des peuples à partir d’une organisation unique organisée au niveau concerné (c’est-à-dire dans ce cas l’Etat espagnol). D’autre part, la fragmentation, et parfois l’éclatement pur et simple, de la gauche révolutionnaire sur base régionale dès la fin des années ’70 a été un facteur qui a accéléré – et pas freiné – la crise de la gauche. Cela a conduit une partie importante de cette gauche non pas simplement à reprendre à son compte des revendications régionales légitimes mais surtout à s’adapter platement aux divers nationalismes basque, catalan, galicien, andalou,… (nationalismes « de gauche », mais pas uniquement !) ce qui a permis à ceux-ci de prospérer.

    Et il n’y a pas que moi pour dire cela. Dans le dernier numéro de la revue Inprecor (n° 518, juin 2006, p. 24) de la Quatrième Internationale dont fait partie Ataulfo, José Ramon Castanos, un responsable basque de son organisation, conclut en écrivant : « La gauche basque doit récupérer un discours qui associe l’autodétermination et l’idée du socialisme. En premier lieu parce que c’est une idée qui a constitué le fondement même de son identité et qu’elle s’en est peu à peu éloignée, oubliant les revendications sociales (…) ».

    Si c’est cela le résultat concret du « modèle » qu’Ataulfo propose pour la Belgique et les relations EAP/ UAG, tout le monde comprendra aisément que ma réponse est : Non merci !

    ET POUR FINIR :

    Quand j’additionne tout cela et que je note que, sur la même semaine, des membres du secrétariat font reporter une réunion importante de ce secrétariat, ne s’intéressent à une AG d’EAP que parce que cela leur permet de relancer leur couplet sur les craintes de manipulation, la « nécessité » de contrôler les contacts par le seul biais de délégations officielles, la « nécessité » de suivre son petit bonhomme de chemin en Communauté française avant de prendre des initiatives avec les Flamands et surtout, surtout la « nécessité » de ne pas trop se presser,… j’en viens à me demander si ceux-là ont réellement l’énergie et surtout la volonté politique de construire une nouvelle force de gauche.

    Jean Peltier, 20 juin 2006

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