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  • Contre la politique antisociale!

    8 octobre: Votez MAS

    28 octobre: Conférence pour une autre politique

    Lors des élections communales, les électeurs – en dehors de quelques exceptions, là où le MAS ou éventuellement une autre liste de gauche se présente – ne pourront voter que pour un programme antisocial. Tout le monde sait que la prime de rentrée scolaire est un cadeau d’un jour qui est fait pour nous inciter à voter ‘gentiment’ pour les partis traditionnels. Après les élections, la politique d’austérité continuera dans toutes les villes et les communes du pays.

    Anja Deschoemacker

    En Flandre, les partis traditionnels continueront à ‘mesurer leur succès’ aux scores du Vlaams Belang. Mais, en Wallonie aussi, une percée du FN menace dans beaucoup de villes et de communes.

    Vingt ans après la première percée majeure du VB à Anvers, les partis traditionnels sont toujours incapables de réagir. Pourtant, lorsque Busquin (PS) en tant que commissaire européen a organisé une enquête sur la montée de l’extrème-droite, la conclusion a été claire : des partis comme le Vlaams Belang et le FN se développent sur un marché de travail toujours plus dur et plus pénible, où les incertitudes quant au revenu et aux conditions de vie grandissent de jour en jour.

    La croissance du VB et du FN se fait en parallèle avec le détricotrage de la sécurité sociale (les exclusions du chômage, l’écart de plus en plus grand entre les allocations de chômage, de maladie et de pension et les salaires et les autres revenus,…) et le démantèlement des services publics (où, depuis 20 ans, des dizaines de milliers d’emplois ont été perdus et où de plus en plus de gens sont contractuels au lieu d’être nommés).

    Le poids du mouvement ouvrier wallon – exprimé de façon déformée dans la position majoritaire du PS – a pendant longtemps freiné les aspects les plus durs de la politique néolibérale : les coupes dans les services publics se sont faites de manière moins sévère, la chasse aux chômeurs est pratiquée de manière moins brutale en Wallonie qu’en Flandre,… Le PS a réussi à conserver une partie de sa réputation comme parti ‘social’ malgré presque 20 ans de participation au pouvoir dans des gouvernements de casse sociale. Mais aujourd’hui le vote en faveur d’un Pacte des Générations qui attaque les prépensions, la priorité donnée au Plan Marshall (un programme néolibéral classique qui confie la relance de la Wallonie aux patrons) et surtout les scandales à répétition dans les sociétés de logements sociaux montrent que le PS devient de plus en plus un parti ‘comme les autres’.

    Il existe aujourd’hui un mécontentement profond mais qui reste passif. Electoralement il se traduit par une érosion du PS (mêrme si beaucoup de gens pensent encore qu’il reste un ‘moindre mal’ face aux libéraux) et par une progression annoncée du FN (chez ceux qui veulent dire leur dégoût face à tous les partis en place). Tant que continuera la politique actuelle, l’extrême-droite continuera à gagner des voix chez les travailleurs et les chômeurs. Que le FN puisse gagner tant de voix sans avoir de cadres et sans mener une activité régulière de parti le montre clairement.

    Si nous voulons changer celà, le mécontentement passif doit être tranformé en résistance active.

    C’est pourquoi nous n’appelons pas uniquement à voter pour le MAS le 8 octobre mais surtout à venir participer à la ‘Conférence pour Une Autre Politique’ le 28 octobre à Bruxelles avec des centaines de travailleurs, de chômeurs, de jeunes, de militants syndicaux, politiques et associatifs, pour y préparer le lancement d’un nouveau parti avec une stratégie de lutte contre la politique de casse sociale. Car seules des victoires sur ce terrain permettront de redonner des perspectives aux jeunes et aux travailleurs, d’enrayer la progression de l’extrême-droite et de construire une véritable alternative de gauche au PS.

    Votez MAS!

    Le MAS présente des listes à Schaerbeek, St Gilles, Ixelles, Wavre, Liège, Mons, Gand, Anvers, Malines et Keerbergen

  • Une Autre Politique dans la presse

    Au mois d’août, plusieurs journaux et magazines ont écrit des articles au sujet du Comité pour Une Autre Politique. Plusieurs commentateurs ont été assez positifs et ont expliqué qu’il y a un espace pour un parti à gauche de la sociale-démocratie et des écolos. Presque tous les journaux néerlandophones ont publié des articles sur l’initiative et quelques journaux francophones (Le Soir, La Libre) y ont même consacré des brèves.

    Karel Mortier

    Le 1er août, De Standaard, le principal quotidien flamand "de qualité", publiait un article sous le titre "Un nouveau parti des travailleurs à l’automne". Le lendemain, le journal anciennement de gauche De Morgen titrait : "Un nouveau parti des travailleurs en chantier". Dans ces articles, les raisons de la création d’une nouvelle formation apparaissaient clairement, mais les journalistes consacraient aussi beaucoup d’attention à la présence des partis de l’extrême-gauche dans l’initiative. Les journalistes ne semblent pas avoir compris qu”Une Autre Politique’ n’est pas un rassemblement de toutes les formations de la gauche radicale mais la construction d’une formation portée par des couches plus larges dans laquelle la gauche radicale organisée peut jouer un rôle. Le PTB s’est senti obligé de réagir avec un communiqué de presse pour annoncer qu’il ne participe pas à cette initiative.

    Le Vlaams Belang a publié deux articles sur l’initiative ‘Une Autre Politique’. Il a osé écrire qu’ "Il y a déjà depuis des années un parti nettement social qui défend le bien-être social de tous les Flamands : le Vlaams Belang". Freddy Van Gaever sera content d’entendre cela… (voir en page 10). Le VB prétend que ses électeurs n’attendent pas "quelques communistes recyclés".

    L’initiative de Sleeckx a reçu des commentaires assez positifs dans De Standaard et dans le quotidien populaire Het Laatste Nieuws. Bart Brinckman a écrit dans De Standaard: "Il y a des arguments pour une formation politique à gauche du SP.a et Groen, qui essaie de reprendre des votes du Vlaams Belang. Au Pays-Bas il existe un tel parti. […] En Flandre, tous les partis, sauf le Vlaams Belang, font partie de l’establishment. Une nouvelle initiative peut alors être un concurrent pour l’extrême-droite." Dans Het Laatste Nieuws Jan Segers a écrit un commentaire assez positif sur ce qu’il appele le Parti des Petits Gens.

    Les politiciens ont été moins enthousiastes. Geert Lambert, président de Spirit (petit parti nationaliste ‘de gauche’ associé au SP.a) a dit que Sleeckx arrive avec "un vieux discours" alors que, selon lui, la classe des travailleurs n’existe plus. Son collègue Bart De Wever, président de la N-VA (un autre petit parti nationaliste ‘de droite’, associé au CD&V) a même publié une tribune libre dans De Morgen avec quelques "avis pour les fondateurs d’un nouveau parti des travailleurs". Bien que son texte consiste surtout en remarques cyniques ou erronées, De Wever a dû avouer qu’il y a un espace pour une initiative à la gauche du SP.a puisque ce parti ne s’oriente plus vers les travailleurs: "Les moins forts dans la société y sont encore un sujet de discussion, mais de préférence en leur absence. La gauche caviar est la norme, le bourgeois bohéme est la forme."

    Caroline Gennez, vice-présidente du SP.a, a elle aussi réagi, en affirmant que son parti "a pris ses responsabilités" dans la discussion autour du Pacte des Générations. Elle a ajouté qu’il y a suffisamment de possibilités de discussions dans le SP.a même, en faisant référence à SP.a-Rood (un petit courant qui tente d’organiser une aile gauche dans le SP.a). Les écologistes de Groen n’excluent pas une collaboration avec une nouvelle formation mais disent attendre de connaître son programme. Groen rappelle qu’il s’est opposé au Pacte des Générations… mais il reste bien sûr silencieux sur la politique du gouvernement fédéral auquel les Verts ont participé eux-mêmes entre 1999 et 2003.

    L’attention portée par la presse – à l’heure actuelle, surtout la presse flamande – confirme bien qu’il y a un espace pour une nouvelle formation à gauche de la social-démocratie et des écolos.

  • Camp jeunes réussi. Du soleil, des sports, des discussions et des jeunes qui s’engagent

    Du 7 au 9 juillet, une soixantaine de jeunes se sont rassemblés à Zandvliet (près d’Anvers) pour le camp Jeunes organisé par Résistance Internationale et Etudiants de Gauche Actifs.

    G.L.. > Reportage photo

    Comme le temps était superbe, nous avons pu aller nager et prendre un peu de repos juste après les examens de juin. Mais nous avons gardé assez de temps pour discuter sur des thèmes de l’actualité internationale et nationale et pour faire des évaluations d’une année politique très remplie qui a vu, entre autres, la manif antifasciste contre le NSV à Louvain fin 2005, les manifs contre les plans Vandenbroucke dans l’enseignement supérieur flamand, les actions contre le plan Arena à Liège et bien d’autres activités.

    Pendant le camp, nous avons aussi préparé des projets de campagnes pour les mois qui viennent.

    En Flandre, nous continuerons la campagne contre les mesures d’austérité dans l’enseignement supérieur avec la manif du 25 octobre à Louvain. Cette manif peut unir les étudiants et les travailleurs de l’enseignement dans une lutte commune. Et comme des plans d’austérité pointent le nez dans d’autres secteurs de l’enseignement, une lutte unifiée dans tout ce secteur est nécessaire.

    Nous voulons aussi que les mesures d’austérité dans l’enseignement du côté francophone ne restent pas sans réponse. L’enseignement est un droit, pas un privilège ni une marchandise !

    La campagne antifasciste flamand Blokbuster va organiser des activités dans de nombreuses villes flamandes. La croissance possible du Front National et d’autres groupes d’extrême-droite lors des élections communales montre l’urgence de construire une campagne anti-fasciste similaire du côté francophone avec Résistance Internationale. Nous voulons construire des comités d’action antifascistes dans diverses régions, dans les lycées, les hautes écoles et les universités.

    La percée électorale du FN va rendre furieux beaucoup de jeunes qui vont se mettre à la recherche de réponses contre l’extrême-droite. Il sera important d’avoir une campagne et des comités lancés avant les élections pour mieux organiser des actions et des discussions après les élections.

    Nous voulons que les jeunes s’engagent dans la lutte contre les problèmes de cette société et résistent activement à la logique du système capitaliste.

    Cela te dit ? Prends contact avec nous et rejoins-nous !

  • Allemagne. Interview de Lucy Redler

    Allemagne. Interview de Lucy Redler

    En septembre 2006, une nouvelle liste intitulée ‘Parti de Gauche.PDS’ créait la surprise aux élections législatives en remportant 8,7% des voix et 54 députés. Cette liste réunissait le PDS (héritier de l’ancien parti dirigeant de l’Allemagne de l’Est) et l’Alternative électorale pour l’Emploi et la Justice Sociale (WASG), une nouvelle formation de gauche lancée par des syndicalistes et des militants de gauche en opposition à la politique néolibérale du gouvernement Schroder.

    Jean Peltier

    Lucy Redler: “Nous ne voulons pas nous présenter avec un parti qui parle du socialisme le dimanche mais mène une politique antisociale le reste de la semaine”

    Un an plus tard, le WASG de Berlin a pourtant décidé de se présenter seul aux élections régionales qui vont avoir lieu le 17 septembre dans cette ville. Nous avons rencontré Lucy Redler, militante du SAV (notre organisation-soeur en Allemagne) qui sera tête de liste du WASG pour ces élections.

    Pourquoi le WASG se présente-t-il seul aux élections à Berlin ?

    La décision du WASG de Berlin de se présenter de manière indépendante aux élections régionales du 17 septembre a été prise au terme d’une longue et intense période de débat tant chez nous qu’avec le PDS.

    Depuis 2001, le PDS participe à Berlin à un gouvernement régional de coalition avec le Parti Social-Démocrate (SPD – l’équivalent de notre PS). Le SPD a imposé au niveau national l’’’Agenda 2010’’, le programme d’austérité le plus sévère qu’ait connu l’Allemagne depuis la fin de la guerre.

    Dans le cadre de son alliance régionale avec le SPD, le PDS a été impliqué dans la mise en oeuvre de privatisations, de baisses de salaires et de coupes dans les budgets sociaux. En conséquence de cette politique, les travailleurs du secteur public régional ont vu leur salaire amputer de 8 à 10%. Plus de 100.000 appartements appartenant à la ville ont été privatisés et 32.000 ’’emplois à 1 Euro’’ ont été créés (il s’agit d’emplois que les chômeurs de longue durée sont obligés d’accepter pour conserver leurs allocations et qui sont payés 1 Euro de l’heure).

    Ce sont juste quelques-uns des faits qui nous ont conduit à la conclusion que la politique du PDS / Parti de Gauche à Berlin ne peut être considérée comme de gauche ou favorable aux travailleurs.

    Un des principes fondateurs du WASG est de ne pas participer à un gouvernement qui mettrait en oeuvre des privatisations et des coupes dans les budgets sociaux. A Berlin, nous tenons à ces principes et nous ne voulons pas nous présenter avec un parti qui parle du socialisme le dimanche mais mène une politique antisociale le reste de la semaine. Le PDS/Parti de Gauche a expliqué de manière répétée qu’il considérait que sa particpation au gouvernement avait été un succès. Nous pensons donc que Berlin mérite une opposition forte et de gauche. Voilà pourquoi nous nous présentons seuls.

    Qu’espérez-vous de cette campagne ?

    J’espère évidemment que nous arriverons à franchir la barre des 5% pour entrer au parlement régional. Nous pourrons alors utiliser cette position pour appuyer les travailleurs en lutte, soutenir les mouvements sociaux, les organisations de quartier,… Nous voulons être au coeur de la résistance à la politique du futur gouvernement. Un autre objectif de la campagne est de s’enraciner dans les quartiers ouvriers de Berlin. La réponse que nous avons reçue jusqu’ici de la part des travailleurs, des chômeurs et des jeunes très amicale. La presse a révélé que le gouvernement régional veut privatiser 15.000 autres appartements après les élections. Nous avons commencé à organiser les premières réunions et les premières actions de protestation contre cette attaque. Nous mènerons une campagne électorale active et nous espérons encourager d’autres personnes à s’engager et à devenir eux aussi actifs.

    Comment vois-tu l’avenir de la gauche après le 17 septembre ?

    Il est difficile de faire des pronostics car il y a beaucoup de possibilités. Il est clair que les directions nationales du PDS/Parti de Gauche et du WASG – celle-ci soutenant le PDS dans la campgne électorale de Berlin ! – poussent pour arriver à une fusion des deux partis en 2007. Il est possible que le WASG-Berlin demeure une force régionale indépendante. Le débat sera intense sur ces questions après les élections à Berlin. Cependant une chose est sûre : un WASG fort avec une présence au parlement de Berlin sera dans une position qui lui permettra d’influencer et de peser sur le processus de construction d’une nouvelle gauche en Allemagne.

    Quel est le rôle du SAV dans tout ce processus ?

    Le SAV, dont je suis membre, a été très important dans tous ces événements. Il travaille au sein du WASG depuis la création de ce parti. A Berlin, nous avons joué un rôle essentiel au cours du débat sur la participation indépendante. Le SAV est respecté parmi les membres du WASG à Berlin. Nous continuerons à argumenter pour que le WASG adopte un programme socialiste. En même temps, les membres du SAV sont parmi les plus actifs dans la campagne électorale parce que nous pensons qu’à cette étape, avoir un WASG fort à Berlin serait un grand pas en avant pour les travailleurs et les jeunes de la ville.

  • Une guerre lourde de conséquences. L’impérialisme mène à la guerre et la population en paie le prix

    Les armes se sont provisoirement tues après 33 jours de bombardements intensifs sur le Liban et de tirs nourris de roquettes sur le nord d’Israël. Tant Israël que le Hezbollah se sont empressés de crier victoire. Mais cette guerre va laisser des traces profondes dans les sociétés libanaise et israélienne et, au-delà, dans tout le Proche-Orient.

    Thierry Pierret

    Le bilan humain et matériel de cette guerre est désastreux pour le Liban. Les bombardements israéliens y ont tué plus de 1.800 personnes et en ont blessé des milliers d’autres, dont une écrasante majorité de non-combattants. Ils ont provoqué l’exode d’un million de personnes, soit un quart de la population.

    Les dégâts causés aux infrastructures libanaises sont évalués à plus de 2,5 milliards de dollars. De plus, il faut prendre en compte l’interruption durable d’activités commerciales et industrielles due au blocus naval, aérien et terrestre, ainsi que la perte de la saison touristique.

    Rivalités inter-impérialistes

    Dès le déclenchement des hostilités, le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est divisé entre d’une part les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui voulaient laisser à Israël le plus de temps possible pour accomplir son œuvre destructrice – ce que la chef de la diplomatie américaine appelait cyniquement " les contractions du nouveau Moyen-Orient " – et les autres membres du Conseil emmenés par la France qui voulaient imposer un cessez-le-feu immédiat.

    Le massacre de Cana et la réprobation unanime qu’il a suscité ont finalement obligé les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à assouplir leurs positions. La résolution 1701 est un texte de compromis qui impose un cessez-le-feu dès le 14 août sans exiger le retrait immédiat de l’armée israélienne et la levée du blocus naval et aérien.

    L’armée israélienne restera au Liban jusqu’à l’arrivée de 15.000 soldats libanais, qui ont commencé à se déployer le 17 août au sud-Liban, et de 15.000 membres de la FINUL. Mais la France qui était pressentie pour en être l’épine dorsale, semble faire marche arrière. Du coup, les autres pays reconsidèrent leur engagement….

    Le fiasco de Tsahal

    L’armée israélienne (Tsahal) a été incapable de repousser le Hezbollah au nord du fleuve Litani, encore moins de le briser. L’état-major israélien s’était vanté d’en finir avec le Hezbollah par la seule force de son aviation. Après trois semaines de bombardements intensifs qui ont à peine entamé le potentiel militaire du Hezbollah, ils ont dû improviser des opérations terrestres qui ont été extrêmement meurtrières pour Tsahal qui a perdu 101 soldats sur le sol libanais. Ils n’ont pas davantage récupéré les deux soldats enlevés le 12 juillet.

    Plus grave, Tsahal n’a pas été capable de protéger le territoire israélien. Le Hezbollah a tiré des roquettes sur le nord d’Israël jusqu’au dernier jour de la guerre, soit 4.000 au total, qui ont tué 53 civils et militaires et jeté sur les routes quelque 330.000 Israéliens, soit 4,5% de la population. Ces roquettes ont totalement détruit 4.000 bâtiments. 16.000 familles ont perdu leur logement. Mais, par-dessus tout, c’est le mythe de l’invincibilité de Tsahal qui a été brisé au Liban. Alors qu’Israël avait lancé son offensive pour restaurer le prestige de son armée au moment où elle est engagée dans une guerre d’agression ouverte depuis fin juin contre l’Autorité palestinienne, il a abouti au résultat inverse. La résistance palestinienne est galvanisée par l’échec de Tsahal au Liban.

    Le consensus national vole partout en éclats

    La population israélienne, après avoir fait bloc autour de ses dirigeants politiques et militaires, demande maintenant des comptes sur la façon dont la guerre a été menée. D’après un sondage, seuls 20% des Israéliens pensent qu’Israël a atteint ses objectifs. La façon dont la protection civile a été organisée est aussi contestée. Les pompiers qui ont lutté pied à pied contre les incendies provoqués par les roquettes tardent à être payés par des municipalités gangrenées par la corruption. Dans le nord d’Israël, les habitants pauvres des localités juives et les habitants des localités arabes ont été laissés à leur sort. Certaines municipalités ont obligé le personnel municipal à continuer de travailler sous les tirs de roquettes sous peine de licenciement.

    On a également appris que le chef d’état-major, Dan Halutz, déjà contesté pour ses choix tactiques, avait vendu pour 21.000$ d’actions le 12 juillet, juste après l’incursion du Hezbollah et juste avant la riposte israélienne. Il avait anticipé la chute de la Bourse de Tel-Aviv. Ainsi, au moment de lancer le pays dans une guerre périlleuse, le chef de l’armée ne pensait qu’à son portefeuille d’actions… Les Israéliens découvrent que les chefs de l’armée sont aussi corrompus que les politiciens. Olmert et Peretz sont en chute libre dans les sondages au profit de Benjamin Netanyahou, le dirigeant de la droite dure, qui a vu sa cote de popularité grimper à 58% au lendemain de la guerre.

    Dans les pays arabes, la population a pris fait et cause pour le Liban. Les régimes arabes ont été conspués pour la mollesse de leur réaction face à l’agression israélienne. Les gouvernements arabes ont eu toutes les peines du monde à contenir la colère de leur population. La peur est en train de changer de camp. La population ose de plus en plus défier les régimes autoritaires. En Irak, des centaines de milliers de chiites ont défié les troupes d’occupation américaines en manifestant leur solidarité avec le Hezbollah.

    Au Liban, l’unité nationale autour du Hezbollah ne tardera pas non plus à voler en éclats. Les critiques de sa stratégie, qui étaient inaudibles pendant la guerre, vont désormais se faire entendre. De plus, la pression pour désarmer le Hezbollah en application de la Résolution 1559 va s’accentuer avec le déploiement de l’armée libanaise et de la FINUL dans le sud. Le Hezbollah va sans doute essayer de négocier l’intégration de sa milice au sein de l’armée libanaise. C’est non seulement inacceptable pour Israël, mais cela renforcerait le poids des chiites au sein de l’armée. D’où la résurgence prévisible des tensions internes et externes.

    On peut déjà prévoir que l’énorme chantier de la reconstruction va aggraver les inégalités sociales comme ce fut le cas après la guerre civile (qui a déchiré le Liban entre 1975 et 1990). Une minorité d’entrepreneurs et de promoteurs arabes et libanais vont s’enrichir en un temps record grâce au marché de la reconstruction qui mobilisera d’énormes quantités de capitaux. Mais si les infrastructures vitales seront vite reconstruites, les quartiers populaires resteront livrés à leur sort. Certes, le Hezbollah a promis de reconstruire, mais il ne se souciera sans doute que de la communauté chiite, ce qui attisera aussi les tensions intercommunautaires.

    Pour une opposition socialiste à la guerre et à l’exploitation

    Nous ne joindrons pas notre voix à celles qui s’élèvent de partout pour imputer au Hezbollah la responsabilité de la guerre. Si son action du 12 juillet en a été la cause immédiate, sa cause profonde réside dans la lutte de la bourgeoisie israélienne pour sauvegarder son rôle dirigeant qui est de plus en plus contesté par les travailleurs et les jeunes israéliens. Les Libanais, les Israéliens et les Palestiniens tués dans ce conflit en sont les victimes collatérales.

    Pour autant, nous n’accordons pas un soutien aveugle au Hezbollah. Il est incapable de surmonter durablement les divisions communautaires, car il s’enracine dans une seule communauté. Son projet social se base sur le clientélisme et ne remet pas en cause les fondements de l’exploitation capitaliste. La République islamique d’Iran, qui est son modèle, est un échec total tant sur le plan de la justice sociale que des droits démocratiques. De plus, il a une attitude sectaire envers la population juive israélienne dont il nie le droit à l’autodétermination. Par cette attitude et ses bombardements aveugles sur le nord d’Israël, il pousse les travailleurs et les jeunes israéliens à faire bloc avec leur classe dirigeante malgré la haine croissante qu’elle leur inspire.

    Voilà pourquoi nous avons défendu le mot d’ordre, dès le début du conflit, de la mise sur pied de comités d’autodéfense par delà les divisions communautaires. Ces comités élus et révocables n’auraient pas seulement pris en charge la défense armée de la population, mais auraient aussi discuté de la façon dont le pays est géré. Ils auraient, par exemple, exigé que la reconstruction se fasse sous le contrôle de la population et soit payée par ceux qui se sont enrichis lors de la reconstruction d’après la guerre civile. Pour cela, il faudrait nationaliser les secteurs-clés de l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs et de leurs familles afin de veiller à ce que l’utilisation des richesses se fasse au service de la population. Seule une confédération socialiste du Proche-Orient, incluant le Liban, Israël, la Palestine et d’autres pays sur une base volontaire, permettra d’en finir avec la guerre, la misère et l’oppression.

  • Front National. Le président utilise l'argent du FN pour sa villa à la Côte d'Azur…

    Front National

    Le Front National de Daniel Féret va probablement obtenir de bons scores aux élections communales. Le FN atteint jusqu’à 10% dans les sondages et le parti continue à croître sur base du mécontentement envers les partis traditionnels. Cependant le président du FN belge, Daniel Féret, essaie de prouver qu’il est encore pire que les partis traditionnels quand il s’agit de la fraude ou des tendances dictatoriales dans son parti.

    Féret est le grand "leader" du Front National. Tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui ou qui semblent menacer son pouvoir, sont expulsés sans hésitation. Le FN n’a pourtant pas trop de militants actifs, à peine 450 membres cotisants d’après le FN lui-même.

    Le Front National a des représentants élus dans divers parlements et reçoit en conséquence de l’argent de l’Etat. En réalité, plus de 90% des moyens du FN viennent de l’Etat, donc de nos impôts. Le FN étant un parti sans beaucoup d’activités, il y a donc beaucoup d’argent dans les caisses…

    Après un règne de plus de vingt ans, le trône de Féret commence pourtant à vaciller. Il a déjà été condamné pour racisme, mais d’autres procès sont en cours contre lui. Après une plainte dénonçant des irrégularités dans les signatures de parrainage pour les élections européennes de 2004, une nouvelle plainte est actuellement en débat. Elle vient cette fois d’un ex-membre du FN et dénonce l’utilisation abusive de l’argent du parti par Féret et sa compagne Audrey Rorive.

    Depuis longtemps, des rumeurs circulent sur la manière dont le docteur Féret tape dans la caisse du FN afin de mener une vie personnelle de grand luxe. C’est ainsi, par exemple, que le parti paie pour la maison personnelle de Féret par le biais d’une société immobilière, Eurodim SA. Mais cette maison à Ixelles n’est pas la seule propriété de Féret. La nouvelle plainte affirme qu’une ASBL du FN a accordé un prêt douteux de 250.000 euros à Audrey Rorive qui a passé l’argent à Eurodim. L’argent a alors été utilisé pour financer l’achat d’une villa à la Côte d’Azur.

    Le parlement bruxellois a levé les immunités parlementaires de Rorive et Féret. Le 13 et 14 juillet, des perquisitions ont été faites chez Féret-Rorive à Ixelles, mais aussi au local du FN et chez le comptable du parti. Les comptabilités d’une ASBL du FN et d’Eurodim ont été saisies. La session du Tribunal de Première Instance (en référé) du 31 juillet a été reportée au 17 août parce que Féret et Rorive étaient en vacances… à la Côte d’Azur.

    Bien qu’une condamnation de Féret et Rorive soit un réel problème pour le FN, il est trop tôt pour parler de la fin du FN ou même de Féret. Car la politique antisociale des partis traditionnels offre d’énormes possibilités aux formations de l’extrême-droite. Le FN a déjà prouvé qu’il est capable de construire une force électorale sans avoir de structures ou de militants actifs. Cela montre le potentiel qui existe pour l’extrême droite. Tant qu’il n’y a pas d’alternative crédible à gauche, l’extrême-droite peut gagner des votes. Les antifascistes doivent s’organiser contre le FN, mais aussi contre les causes de la croissance électorale du FN et des autres formations de l’extrême-droite.

  • Au pied des tours, des locataires et des drapeaux rouges

    Après des semaines de silence de la part de société Atlas gérant les logements sociaux de Droixhe à Liège, des locataires se mobilisent à nouveau pour réclamer les indemnités promises par la présidente de la société, l’échevine socialiste Maggy Yerna. Atlas fait la sourde oreille alors qu’une des principales revendications des locataires est d’être écoutés et traités de manière plus humaine. Pour une société publique présidée par une socialiste, cela ne fait pas vraiment « démocratie participative»…

    François Laurent

    A Droixhe, une longue opération de rénovation des tours de logements sociaux est en cours. Mais les conditions dans lesquelles se sont faits les travaux au cours des premiers mois sont difficilement supportables pour les locataires : familles et personnes âgées obligées de vivre dans les travaux, pas d’aide pour les déménagements, logements de transit en nombre insuffisant, réparations défectueuses à refaire par les locataires à leurs frais,…

    Un groupe de locataires a mis sur pied il y a quelques mois un Comité de Locataires pour une Meilleure Requalification qui a organisé une première occupation des locaux de la société Atlas fin avril. Celle-ci a débouché sur une rencontre avec le Conseil d’Administration d’Atlas qui a fait une série de promesses. Une première victoire a ainsi été obtenue : tous les locataires sont maintenant relogés dans des appartements de transit pendant les travaux chez eux, la sécurité a été améliorée sur le chantier, des travailleurs ont été engagés pour aider aux déménagements,… Par contre, les aides financières promises aux locataires ne viennent toujours pas. Et du côté d’Atlas comme de Yerna, c’est le silence total. Coups de fil et visites aux permanences ne reçoivent aucun écho.

    Le Comité a donc décide de relancer la mobilisation parmi les locataires et d’appeler vendredi 18 août à une nouvelle manifestation devant le bureau d’Atlas afin d’obtenir une rencontre avec un représentant de la société. Mais, le 17, une rumeur court selon laquelle les bureaux resteront fermés le lendemain, ce qui démobilise une partie des locataires. Le lendemain, la porte d’Atlas est effectivement fermée devant la cinquantaine de manifestants (locataires et militants du MAS) mais, après une bonne demie-heure de négociations (et quelques bousculades) sur le pas de la porte, une délégations de trois locataires est finalement reçue.

    A la réunion qui suit l’action, nous décidons de continuer la lutte. Puisque Maggy Yerna ne se montre pas à Droixhe, c’est le Comité qui sortira de Droixhe ! Nous profiterons des occasions offertes par la campagne électorale pour aller relancer Yerna à Liège. Le soir même, une quinzaine de locataires et de membres du MAS s’invitent à l’inauguration du nouveau local électoral du PS. Ils y rencontrent Maggy Yerna qui, pour la première fois, accepte le principe d’une réunion avec l’ensemble des locataires et affirme que le dossier des primes et des indemnités avance et que tout sera sera bientôt résolu.

    Les indemnités promises ne sont donc pas encore versées et le Comité ne relâchera pas sa pression si le dossier reste en panne. Et, en pleine période électorale, une présence de locataires mécontents se faisant entendre à chaque meeting n’est sans doute pas ce que souhaitent le plus Maggy Yerna et le PS…. D’autant plus que les travaux devant encore durer au moins trois ans, le nombre de mécontents ne fera qu’augmenter si les choses ne changent pas.

  • 50e anniversaire de la catastrophe minière de Marcinelle

    50e anniversaire de la catastrophe minière de Marcinelle

    Le 8 août 1956, la plus grande catastrophe minière que la Belgique ait connue se produit dans la mine du Bois du Cazier, à Marcinelle (près de Charleroi). Elle fait 262 victimes, de douze nationalités différentes, dont plus de la moitié sont des italiens. Cinquante ans plus tard, les causes du drame – les mauvaises conditions de travail et le manque de sécurité – sont toujours d’actualité… même si la grande presse n’en parle guère.

    Marie Francart

    Rappel des faits

    Le 8 août, à 8h10 du matin, 274 mineurs viennent de se mettre au travail, lorsqu’un ouvrier-encageur qui travaille dans la mine, commande la remontée de wagonnets de charbon vers la surface. Un des chariots, mal engagé, dépasse de la cage métallique qui le hisse et accroche, lors de sa remontée, une poutrelle. Celle-ci sectionne deux câbles électriques à haute tension, une conduite d’huile sous pression et un tuyau d’air comprimé. Les boiseries s’enflamment aussitôt. Attisé par l’action d’un ventilateur, l’incendie se propage, répandant des gaz carboniques mortels dans les galeries où travaillent les mineurs, à une profondeur de plus de 900 mètres. C’est ainsi que ce qui aurait pu être un simple incident technique s’est transformé en véritable catastrophe.

    L’épais nuage de fumée noire qui sort du puits alerte rapidement le personnel de surface ainsi que les proches des mineurs qui viennent s’accrocher aux grilles du puits afin d’obtenir des nouvelles de leur parent prisonnier du brasier. Malgré le travail acharné et de longue haleine (pendant 2 semaines) des équipes de secours, seuls 6 mineurs – remontés quelques minutes après le drame – sortiront vivants de la mine. Les 262 autres mineurs périront, asphyxiés par le monoxyde de carbone.

    Mépris de la classe ouvrière

    Tandis que les journalistes (cet événement est un des premiers à être retransmis en direct à la télé ) et les autorités (le roi Baudouin lui-même se déplace pour l’occasion !) peuvent accéder à l’entrée du puits par la grande porte, les familles des victimes sont repoussées derrière les grilles d’entrée. Elles y restent des journées entières, dans l’espoir de quelque nouvelle… en vain. Ce n’est que le soir ou le lendemain qu’elles ont accès aux informations, par le biais de la radio ou des journaux.

    Pour les familles dont les proches ne sont pas retrouvés rapidement, c’est le drame : plus de salaire mais pas d’indemnité non plus tant que la victime n’est pas officiellement déclarée « décédée ». On peut imaginer la détresse de ces familles, loin de chez elles, qui non seulement ont perdu un être cher mais, en plus, ne perçoivent plus de revenu.

    Solidarité de classe

    Alors que l’administration tergiverse sur le montant des indemnités et les personnes qui y ont droit, les familles se retrouvent dans des situations de plus en plus précaires. Heureusement, la solidarité s’organise : d’abord celle des autres mineurs, et rapidement, celle de toute une population qui se mobilise, et pas seulement en Belgique. Ainsi, la radio française « Europe 1 » lance une vaste opération de soutien aux familles des victimes de la catastrophe : des conducteurs sont envoyés pour sillonner la France entière afin récolter de l’argent et dans certaines villes, ils trouvent le lieu de rendez-vous de l’action « noir de monde ». Cette opération à elle seule permet de récolter 25 millions de francs belges. Une somme rondelette, pour l’époque !

    « Chronique d’une catastrophe annoncée »

    Bien que la catastrophe du Bois du Cazier ait marqué les mémoires par son ampleur et sa médiatisation, elle est loin d’être le seul accident minier qu’ait connu la Belgique. D’après les ‘’Annales des Mines de Belgique’’, l’extraction de charbon (en Belgique) a causé la mort par accident de 20.895 ouvriers entre 1850 et 1973. Au Bois du Cazier, l’accident de 1956 n’était pas le premier non plus : Giuseppe Di Biase, un mineur qui a travaillé au Bois du Cazier pendant 7 ans, a déclaré lors du procès qu’en 1952 un accident avait déjà eu lieu, en beaucoup de points semblables à celui de la catastrophe. Selon Alain Forti et Christian Joosten, les auteurs de ‘’Cazier judiciaire, Marcinelle, chronique d’une catastrophe annoncée’’, « La vraie question ne consistait pas à savoir si une catastrophe pouvait se produire au Bois du Cazier, mais bien quand elle se produirait. » En effet, tous les présages du drame étaient réunis : wagonnets mal entretenus et sujets à de fréquentes pannes, manque de communication entre le fond et la surface, négligence des ingénieurs – qui toléraient la proximité immédiate d’électricité, d’huile et d’air comprimé – ainsi que manque de formation des travailleurs, en particulier de ceux qui travaillaient à des postes-clefs.

    Justice de classe

    En mai ’59 s’ouvre le procès de cinq protagonistes du drame devant le tribunal correctionnel de Charleroi. Les avocats des parties civiles, dont beaucoup sont communistes, espèrent obtenir la condamnation pénale des ingénieurs et arracher au gouvernement la nationalisation de l’industrie charbonnière. Mais la Justice ne penche pas de ce côté-là de la balance (ce qui ne nous surprend pas) : les ingénieurs sont acquittés et la nationalisation n’aura jamais lieu. Lorsque, suite au procès en appel en 1961, un seul ingénieur est condamné, on a l’impression qu’il est le bouc émissaire idéal. Car, si la faute avait été imputée à un ouvrier-mineur, les patrons auraient fini par devoir admettre que les ouvriers étaient trop peu formés ou envoyés au fond prématurément, ce qui aurait sans doute suscité un mécontentement social et peut-être des grèves. Par ailleurs, s’en prendre aux patrons risquait de nuire à l’appareil d’Etat qui avait encore besoin l’extraction de charbon pour faire tourner l’économie.

    La terrible révélation des conditions de vie des mineurs

    Une des conséquences de la catastrophe a été de mettre en lumière les conditions de travail et de vie inhumaines et dégradantes que connaissaient les mineurs, majoritairement italiens. Entre 1946 et 1949, 77.000 Italiens ont été recrutés pour venir travailler dans les charbonnages belges, alors que la mine faisait fuir la plupart des Belges. En plus des conditions de travail très pénibles – pour effectuer leur travail, les mineurs doivent ramper dans les veines de charbon -, ils connaissent des conditions de vie particulièrement précaires. Ils sont littéralement parqués dans des baraques qui avaient servi de camps pour prisonniers pendant la deuxième guerre mondiale et qui leur sont attribuées en échange d’un loyer !!! Ces baraques ne sont pourvues ni de toilettes, ni d’eau courante. Evidemment, elles ne sont pas isolées si bien qu’on y cuit en été et qu’on y gèle en hiver. Pour couronner le tout, les Italiens sont souvent victimes de mépris et d’attitudes racistes de la part de Belges, qui vivent dans des conditions à peine meilleures qu’eux. Quoiqu’il en soit, à l’époque, tous les mineurs, qu’ils soient belges ou immigrés, sont considérés comme des parias et se sentent honteux de leur métier.

    L’après-Marcinelle

    La tragédie de Marcinelle a provoqué une véritable prise de conscience dans la population belge. Dorénavant, les mineurs ne sont plus considérés comme des parias mais deviennent des héros du travail, respectés et même glorifiés.

    L’ampleur de la catastrophe et surtout sa médiatisation ont contraint les patrons à revoir les conditions d’extraction et l’Etat à imposer une réglementation plus contraignante (règles de sécurité plus strictes, élévation de l’âge d’admission pour un travail de fond à 16 ans au lieu de 14). Cependant, les véritables travaux de modernisation qui étaient indispensables pour améliorer les conditions de travail et de sécurité des mineurs n’ont jamais été effectués, car, un an à peine après le drame, les premiers puits wallons commencent à fermer pour cause de non-rentabilité. Fin des années ’70, il ne reste plus une seule mine en activité en Belgique.

    La mine est fermée, les accidents de travail continuent

    Une page de l’histoire économique et sociale belge est tournée. Bien qu’aujourd’hui, la presse fasse ses choux gras avec le cinquantième anniversaire de l’Evénement, la plupart des documents ne font que relater les faits ou proposent des interviews « émotionnantes » de témoins du drame mais ne proposent pas d’analyse des causes de la catastrophe et refusent de désigner les véritables responsables : les patrons de l’industrie minière. Plus grave, ils présentent la catastrophe comme un fait inéluctable, une sorte de catastrophe naturelle, qui appartient désormais au passé et qui n’a plus aucun lien avec notre monde d’aujourd’hui.

    Or, d’après la FGTB, il y a eu, pour la seule année 2004, 198.861 victimes d’accidents de travail en Belgique et le nombre d’accidents mortels s’élevait à 195, dont 24 lors de la catastrophe à Ghislenghien. Ces chiffres prouvent bien que, malgré l’amélioration des conditions de vie et de sécurité sur les lieux de travail depuis cinquante ans, les accidents de travail restent un fléau qui menace un grand nombre de travailleurs. Et cette situation ne risque pas de s’améliorer avec l’accentuation de la flexibilité (des journées de 10 heures multiplient les risques liés à la fatigue et à l’inattention), la pression de la concurrence (qui amène bien des patrons à rogner sur les dépenses d’entretien et de sécurité) et la privatisation des services publics (comme le montrent les multiples accidents mortels de chemins de fer en Grande-Bretagne depuis leur privatisation). La lutte pour des conditions de travail décentes reste tout autant d’actualité au 21e siècle qu’elle l’était au 19e et au 20e.

  • Liban : l’arène perpétuelle des luttes inter-impérialistes

    Les derniers événements choquants au Liban, ont démontré inébranlablement le degré d’implication des puissances mondiales et régionales dans la scène politique libanaise, caractérisée, depuis sa création par un décret colonial français en août 1920, par des implosions et des guerres interminables.

    Sofiene C., sympathisante du CIO

    La récente invasion israélienne des territoires libanaises, commencée le 12 juillet dernier, montre, tout à la fois et simultanément, la fragilité du système politique au Liban et son aliénation et attachement envers les pays étrangers, ainsi que la complaisance des régimes de la « communauté internationale » avec Israël dans sa destruction systématique du « pays du Cèdre ».

    L’offensive israélienne au Liban n’est pas la première. On dénombre maintes reprises de déploiements de forces israéliennes dans ce pays. En 1978, pendant la guerre civile inter-confessionnelle, Israël occupût le sud de Liban, pour mettre en place une zone-tampon contrôlée par une milice libanaise armée par lui. C’était, lors, pour soutenir les milices de l’extrême droite, représentantes de la bourgeoisie chrétienne maronite, à travers le Parti des Phalangistes ; contre les troupes palestiniennes et musulmanes libanaises, guidées par les communistes libanais et le Parti Démocratique Progressiste de Kamel Joumblatt.

    Puis, en 1982, profitant de la faiblesse et la discorde entre les pays arabes, l’armée israélienne envahit tout le Liban et atteint les faubourgs de Beyrouth, chassant les milices palestiniennes et imposant le Chef des Phalangistes, Bechir Gemayl en tête du pouvoir, qui a été rapidement assassiné par ordre de la Syrie. Tout le monde se rappel, lors de son retrait, le massacre du camp palestinien du Sabra et Chatila en septembre 1982, sous l’ordre direct de Sharon.

    Cependant, les milices du Hezbollah, contrôlaient de plus en plus la région à majorité chiite au Sud Liban et à Bayrouth-Sud. Appuyé et financé par l’Iran et la Syrie, ce parti ultraconservateur, conservait une popularité grandissante, en menant une politique sociale et culturelle de solidarité et de gestion locale (constitution des mosquées et des écoles relieuses, création des hôpitaux et de services d’aides sociales…). Il a pu s’invétérer dans les couches populaires réclament le chiisme révolutionnaire (communément, le chiisme était, durant l’histoire des musulmans, dans la conscience imaginative, une source et propulseur des révoltes des opprimés contre l’ordre dominant. On illustre plusieurs révolutions des nègres et des esclaves à travers l’histoire de la région). C’est un Etat dans l’Etat.

    En Outre, le « PARTI DE DIEUX » se réclame de l’anti-communisme. Citons comme titre de preuve l’assassinat de l’intellectuelle progressiste Mehdi Amel, sous L’ordre Cheikh Nassrallah.

    En revanche, profitant des disputes entre les partis libanais, notamment entre la coalition dite de 14 Mars, qui rassemble les forces anti-syrienne ; d’un coté, et d’autre coté les pro-syrien, y inclus Hisbollah, l’armée israélienne ravagent le territoire au Liban. Sous l’effet des bombardements incessants par des tires d’aviations et d’artilleries israéliennes, l’infrastructure délicate au Liban a été, catégoriquement, détruite. On estime jusqu’à maintenant 2 milliards de dollar la somme de perte. Une vague de la diaspora massive vers les pays étrangers comptant environ 1 million de réfugiés sur 4 millions habitants. Parallèlement, on estime proximativement 1000 morts, de majorité civile. Les représailles israéliennes absurdes et odieuses, n’ont pas, le plus souvent, de limites.

    L’invasion, israélienne engendre, une autre fois, le désastre et la mort dans la zone, et cela, sous le silence et la compromission des puissances mondiales.

    Une communauté internationale à coté d’Israël

    Les Etats-Unis continue à soutenir la politique expansionniste d’Israël. En empêchant, la proclamation d’une résolution du conseil de sécurité pour un cessez de feu, et en fournissant, avant la date préalable, des armes ultra-modernes, les Etats-Unis approuve, incontestablement, sa relation organique avec Israël. A cet égard, le Chef du Hezbollah, a indiqué, vraisemblablement, en faisant référence à la visite de la Chef de la diplomatie américaine en région que les Etats-Unis essaye « d’imposer ses conditions au Liban pour servir son projet de nouveau Moyen Orient et servir Israël » Submergé dans le chaos irakien, les Etats-Unis n’a de force pour ouvrir un autre front militaire. Et pourtant, sa volonté d’ancrer sa mainmise dans le monde n’a jamais cessé. Elle se croit invincible.

    En fait, elle cherche à affaiblir les deux puissances de la région qui n’ont pas, jusqu’ à maintenant, étaient mises en place sous sa tutelle directe. Suite aux pressions politico-médiatiques et diplomatiques envers ces deux pays, une attaque contre leurs bras tendus au frontière nord israélienne, le Hezbollah ; est exigeante pour les anéantir. C’est à Israël de jouer le rôle de l’écrasement de la milice libanaise.

    Et alors ?

    Fondamentalement, aucun des pions politiques au Liban ne reflète, clairement les couches sociales opprimées qui subissent-elles seules les répercussions des guerres qui ne sont pas leurs siennes. Les conflits confessionnels et les terribles guerres entre les pays n’ont causé que, essentiellement, des bains de sang et, généralement, ont renforcé la haine entre les peuples et les déshérités. Ni Hezbollah, ni le parti Amel chiite, ni le front du Bristol (composé principalement par Walid Joumblatt et Saâd Al Hariri), qui soutient cyniquement la résistance islamique ne peuvent exprimer les vraies ambitions des libanais. Nul n’ignore la nécessité et l’importance de la lutte armée contre l’intrusion israélienne mais qu’elle doit, obligatoirement, sous l’égide d’un mouvement enraciné dans les classes populaire, dépassent toutes les divisions inter-religieuses et les survivances moyenâgeuses, et promettant une perspective et alternative socialiste pour toute la région.

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