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  • Les partis traditionnels : faire du neuf avec du vieux

    Les partis traditionnels mènent campagne pour les élections du 10 juin. Ils nous font miroiter une vie meilleure avec toutes sortes de promesses. Les agences de marketing ont identifié les groupes-cibles, les slogans qui leur conviennent et l’image à laquelle ils renvoient. On se rendra mieux compte de la nécessité d’une autre politique en se penchant plus attentivement sur ce que les partis traditionnels nous préparent.

    Thierry Pierret

    PS : à gauche toute ?

    Elio di Rupo n’était pas peu fier de présenter la liste PS pour le Sénat. Y figurent notamment l’ex-président de la CGSP Cheminot José Damilot et l’ex-président du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) François Martou.

    Le ralliement de Damilot et de Martou doit permettre au PS de se refaire une virginité de gauche après 19 années de politique néolibérale qui ont vu le taux de pauvreté grimper jusqu’à 15% de la population. Dans le même laps de temps, des milliers d’emplois ont été perdus dans les services publics comme La Poste, Belgacom ou la SNCB.

    Lorsque di Rupo était ministre des entreprises publiques, il disait pourtant pis que pendre de José Damilot. Lors des grèves à la SNCB, il prenait le parti de la direction de la SNCB et traitait Damilot d’irresponsable. C’est aussi l’époque où di Rupo donnait le coup d’envoi de la privatisation de l’ancienne RTT (devenue Belgacom). Maintenant que Damilot est à la retraite, di Rupo s’en sert pour profiler le PS comme le défenseur des services publics…

    Pour ces élections-ci, le programme du PS fait de l’amélioration du pouvoir d’achat la priorité n°1. Le problème, c’est qu’ils sont au pouvoir depuis 19 ans. Pourquoi feraient-ils demain ce qu’ils ne font pas aujourd’hui et qu’ils ne faisaient pas hier ? Il n’y a a pas si longtemps, le PS faisait campagne sous le slogan « le progrès partagé ». Mais nous avons eu la régression sociale en partage !

    Ecolo : fini l’alternative, vive l’alternance!

    Ecolo semble quelque peu remis de sa raclée électorale de 2003. Ils se préparent même à l’éventualité d’un retour au gouvernement. Si Ecolo dans l’opposition a voté contre le Pacte des Générations, il veut imposer au prochain gouvernement la mise en oeuvre d’un « Plan national pour le climat ».

    Ils promettaient le même genre de chose avant leur première participation gouvernementale. Ils ont imposé des taxes qui nous empoisonnent l’existence sans que les gaz à effet de serre ne cessent d’empoisonner l’atmosphère. La politique néolibérale n’a pas été infléchie d’un iota.

    Ecolo a fait son deuil des « convergences de gauche » avec le PS. Ils sont prêts à retourner au gouvernement avec n’importe quel partenaire pourvu qu’on leur laisse suffisamment de postes ministériels. Le président du MR, Didier Reynders, ne s’y est pas trompé : il souhaite la victoire d’Ecolo qui incarne à ses yeux une « gauche responsable ». Qu’importe si ce positionnement de plus en plus droitier jette le trouble parmi les membres et même parmi les élus. Il est décidément bien loin le temps où un Jacky Morael plaidait pour l’alternative plutôt que pour l’alternance…

    CDH : la régression sociale à visage humain ?

    Le CDH a achevé sa mutation de parti principal de la bourgeoisie (le PSC à l’époque) en parti-aiguillon de la politique néolibérale. Sa présidente, Joëlle Milquet, se targue d’avoir fait du parti un pôle d’attraction pour toute une couche de jeunes. Lors des dernières élections, le CDH a en effet attiré des électeurs qui n’auraient jamais voté pour l’ancien PSC. C’est surtout Ecolo qui en a fait les frais.

    Pourtant, le CDH a autant de mal que les autres partis traditionnels à renouveler ses cadres. En témoigne le débauchage de personnalités de la « société civile » comme le constitutionnaliste Jean-Marc Delpérée, la présentatrice de la RTBF Anne Delvaux ou le patron du Festival de Dour Carlo di Antonio.

    Le CDH se targue de vouloir remettre l’humain au centre de la politique. Mais le genre humain semble avoir des limites assez étroites pour le CDH. Les chauffeurs de bus des TEC n’en font manifestement pas partie, eux qui sont systématiquement pris pour cible par leur ministre de tutelle, le CDH André Antoine, à chaque fois qu’ils font grève pour défendre leurs conditions de travail ou leurs collègues licenciés. Les étudiants étrangers non plus, que le Décret « non-résidents » de la Ministre CDH de l’enseignement supérieur Marie-Dominique Simonet a chassés en grand nombre des Hautes Ecoles francophones. Les travailleurs âgés pas davantage puisque le CDH n’a pas voté contre le Pacte des Générations qui allonge la durée de la carrière.

    MR : le libéralisme social a fait long feu

    Le MR se targue de concilier le libéralisme et le progrès social. Il aurait rompu avec le néolibéralisme pur et dur des années quatre-vingt. Dans une interview à La Libre Belgique, le député wallon Richard Miller oppose les vertus du libéralisme social au socialisme. Ce qui ne l’empêche pas de défendre l’action de Margareth Thatcher et de Jean Gol… Après quoi, il ajoute « Mais je mets quiconque au défi de me prouver qu’une mesure proposée par un ministre libéral dans les gouvernements Verhofstadt a été antisociale ». Ah bon, les baisses d’impôts pour les plus riches et les entreprises, l’amnistie fiscale pour les fraudeurs, l’allongement de la durée du travail, la suspension de milliers de chômeurs, tout ça n’est pas antisocial pour Richard Miller !

    Richard Miller objecterait sans doute que le Pacte des Générations et la chasse aux chômeurs sont des initiatives d’un ministre du SP.a. Mais il se fait justement que le MR voit dans le SP.a un modèle à suivre. Une délégation d’élus MR s’est rendue récemment à Ostende pour voir comment les autorités locales (SP.a) luttaient contre le chômage. Là-bas, les chômeurs sont convoqués systématiquement tous les quinze jours par le VDAB (l’équivalent de l’ORBEm et du FOREm en Flandre). Ils ne peuvent refuser deux fois de suite une offre d’emploi sous peine d’exclusion. Mais il s’agit le plus souvent d’emplois à temps partiel, d’intérims ou d’autres formes d’emploi précaire. On y gagne parfois à peine plus qu’au chômage. Cette politique ne crée pas d’emplois, elle ne fait qu’augmenter la concurrence entre salariés pour les mêmes emplois.

    La délégation MR est revenue enchantée d’Ostende. L’un de ses membres a même dit des élus SP.a qu’ils pourraient être membres du MR ! Mais pour Miller, « Il n’est pas exact que tous les partis sont pareils, que les programmes se ressemblent, que tout est chou vert et vert chou ». Dans ces conditions, la proposition du MR que le versement des allocations de chômage reste illimité dans le temps n’est que de la poudre aux yeux.

    Il est grand temps pour une autre politique

    Face aux campagnes des agences de marketing et à la poudre aux yeux des partis traditionnels, il nous faut une autre politique. Une politique qui s’oppose aux atteintes à nos acquis sociaux, qui ne tombe pas dans le piège des bisbrouilles communautaires, qui ne cède pas au tout répressif, qui ne se laisse pas acheter par des postes et qui ne se contente pas de défendre en paroles les intérêts des travailleurs et de leurs familles.

    Lors des grands mouvements sociaux des 10 dernières années, nous n’avons pu compter sur aucune formation politique pour relayer nos revendications au Parlement ou pour utiliser ses positions parlementaires à l’appui de nos mouvements de luttes. Le 28 octobre 2005 a vu 100.000 travailleurs manifester contre les atteintes à nos (pré)pensions. Seuls les 4 députés d’Ecolo ont voté contre le Pacte des Générations.

    Si nous voulons nous faire entendre politiquement, il faut rompre avec la politique antisociale des partis traditionnels. Nous devrons le faire nous-mêmes et le Comité pour une Autre Politique peut y donner la première impulsion en participant aux élections. Une voix pour le CAP n’est pas une voix perdue, c’est au contraire un signal important. Et, comme le socialiste américain Eugène Debs le disait déjà il y a près de 100 ans, mieux vaut voter pour ce que vous voulez sans l’obtenir que voter pour ce que vous ne voulez pas mais que vous aurez.

  • Russie: L’héritage de Eltsine – capitalisme « sauvage » à travers l’ancienne URSS

    Les masses travailleuses appauvries de l’ex-Union Soviétique assistent, écoeurées, à la floraison d’éloges pour Boris Eltsine, l’ancien président de la Russie, après son arrêt cardiaque le lundi 23 avril.

    Clare Doyle, Comité pour une Internationale Ouvrière, internationale à laquelle est affilié le MAS/LSP

    « Je me suis plus senti d’humeur à la célébration qu’à la tristesse à l’annonce de sa mort » a commenté un travailleur russe, victime d’une des premières privatisations de Eltsine. « Son règne s’est avéré être un cauchemar pour nous. Mais alors, je me suis rappelé que Poutine est toujours là à tenir le fouet. J’ai décidé que rendre aux travailleurs leur confiance dans la lutte pour les idées socialistes était bien plus important! ».

    Nombreux sont ceux qui, à travers le monde, se rappelleront les moments plus légers de la présidence de Eltsine, quand il chancellerait ou parlait de manière incompréhensible devant les médias du monde, clairement sous l’influence de l’alcool. Mais cet homme, maintenant crédité d’avoir apporté la « démocratie et la liberté » en Russie et dans l’ex-Union Soviétique, était à peine moins qu’un dictateur.

    Le démocrate envoie les tanks

    Eltsine a connu la popularité durant les années Gorbatchev en semblant être le fer de lance du combat contre la règle du parti unique et ensuite contre la tentative de coup d’Etat des généraux de 1991. Cependant, près de deux ans plus tard, il envoyait les tanks contre le même bâtiment du parlement qu’il avait précédemment défendu des généraux et, une année après, il a envoyé l’armée dans la république de Tchétchénie pour écraser le mouvement contre l’oppression nationale de Moscou.

    La clique de Eltsine, une fois la politique de privatisation rapides à outrance adoptée, a lutté impitoyablement contre n’importe quelle contestation de leur contrôle basé sur la corruption, qu’elle émane de bandes de voleurs rivales ou de la classe ouvrière qui essayait de contre-attaquer face à l’offensive contre leur niveau de vie. C’est pourquoi Eltsine reçoit une floppée d’éloges de la part des dirigeants capitalistes occidentaux ou des olligarques milliardaires, qui tous n’accordent que peu d’importance à ses méthodes brutales.

    Sa présidence a été un cambriolage visible de tous contre la masse de la population dans la prétendue « transition vers le marché ». L’économie s’est effondrée de 50% en deux ans tandis que quelques uns des ex-membres bien-placés du « Parti Communiste », comme lui-même d’ailleurs, ont effectué le plus grand détournement d’argent de l’histoire.

    La politique des bons

    Des bons ont été distribués à chacun, leur donnant une « part » de l’entreprise dans laquelle ils travaillaient. Puis, en raison de la pauvreté désespérante provoquée par la montée en flèche des prix des nécessaités de base et également par manque de conviction sur ce que représentaient ces bons, la plupart des travailleurs ont vendu leurs bons à des « agents » qui, aux stations de métro ou aux coins des rues, leur offraient de l’argent comptant. Ces « agents » – parmi lesquels bon nombre de pensionnés et de jeunes sans emploi frappés par la pauvreté – travaillaient pour les futurs oligarques qui ont de cette façon assuré qu’ils obtenaient ainsi la part du lion des actifs publics les plus lucratifs.

    A l ‘époque, « Démocratie Ouvrière », le journal du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Russie, déclarait en première page: « La politique des bons est vol! ». Nous avions expliqué le processus qui avait commencé en Union Soviétique au temps où l’économie a commencé à stagner sous la gestion pitoyable – aveugle et faite de gaspillages – d’une bureaucratie forte de 20 millions de membres. Alors que Gorbatchev pataugeait à la fin des années ‘80 dans sa recherche d’une façon de maintenir les privilèges de cette caste parasitaire face à la stagnation, ses « reformes » avaient commencé à réveiller les mouvements de masse des mineurs et d’autres travailleurs.

    Cependant, les crimes de Staline, particulièrement la répression sanglante des véritables traditions d’Octobre 1917 vers la fin des années ‘20 et durant les années 30, ainsi que le train de vie luxueux des suzerains « communistes », ont mené les travailleurs des années ‘80 à regarder à l’ouest en quête d’alternative. Eltsine a exploité ce sentiment pour pousser en avant ses pions et réaliser ses objectifs.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière a plaidé énergiquement pour une « révolution politique » capable de restaurer, après des décennies de totalitarisme, la démocratie ouvrière – pour fournir en fait l’oxygène nécessaire dans une économie d’Etat planifiée. Nous avons averti maintes et maintes fois que la restauration du capitalisme dans « l’Union Soviétique » ne mènerait pas les travailleurs à connaître les conditions de vie moyennes des Etats-Unis ou de la Suède, mais plutôt aux conditions de vie latino-américaines : chômage, hyper-inflation et dictature.

    Tragiquement, avec avec l’arrivée au pouvoir du « démocrate » Eltsine et l’effondrement de l’URSS à la fin de l’année 1991, les travailleurs de cette vaste région, qui souffraient depuis longtemps déjà, ont connu les trois ! La voix de ceux qui plaidaient pour une action indépendante de la classe ouvrière – contre Eltsine aussi bien que contre les généraux – était petite. Nous avons pris position contre l’ancien régime du parti unique et contre l’introduction du capitalisme par Eltsine. Nous nous sommes également opposés à l’interdiction de n’importe quel parti, excepté à caractère fasciste. Eltsine a proscrit le Parti « Communiste » – le parti des vieux dirigeants de l’URSS – mais était tout à fait disposé à permettre l’émergence d’une nouvelle version bien plus nationaliste et réellement pro-capitaliste.

    Hommages

    Parmi les hommages à Eltsine dans les premières heures qui ont suivi sa mort, celui du dirigeant du parti qu’il a interdit en 1991 était particulièrement aigre. Gennady Zyuganov du PCFR (Parti Communiste de la Fédération de Russie) a dit que par respect à son enseignement russe orthodoxe (!), il s’abstiendrait de beaucoup de commentaires si ce n’était un rappel de la tentative de destituer Eltsine à cause de l’amertume et des difficultés qu’il a causé à des millions de personnes. L’homme contre qui Eltsine avait envoyé ses tanks en 1993, Alexandre Rutskoi, parle de façon plus sucrée, en maintenant qu’on se rappellera de Eltsine pour avoir « donné la liberté aux gens » et avoir « établit la justice historique » !

    L’oligarque en exil en Grande-Bretagne Boris Berezovsky y est aussi allé de ses commentaires. Pour lui, la mort de Eltsine à 76 ans est une « tragédie épouvantable » ! Berezovsky était un membre dirigeant de la « famille » Eltsine et a notamment aidé à transférer le pouvoir à son successeur désigné, Vladimir Poutine (avec qui, ironiquement, il est entre-temps à couteaux tirés). Eltsine avait l’espoir que sa démission et sa succession fin du millénaire passé soit honorable. Mais la succession s’est immédiatement fait remarquée par le lancement par Poutine de la deuxième guerre de Tchétchènie afin de gagner les élections présidentielles et de réduire à zéro les quelques droits démocratiques qui avaient été octroyés sous la pression des mouvements de masse du début des années ’90.

    Des paroles sucrées des dirigeants occidentaux sur la mort de Boris Yeltsin sont aussi à prévoir. Les difficultés causées aux dizaines de millions de travailleurs et de pauvres de l’anciennne « Union Soviétique » par la « thérapie de choc » de l’ère Eltsine ne compte pour rien aux yeux de ceux qui voient surtout la victoire du capitalisme sur la planification d’Etat et la propriété publique.

    Nonante années sont passées depuis les héroïques batailles des ouvriers et des paysans pauvres en Russie contre la tyrannie des tsars et contre le capitalisme lui-même. Mais Boris Eltsine n’a pas réussi à enterrer les véritables idées du socialisme et du communisme. Au contraire, l’expérience amère des masses de la population sous ses lois et celles du « capitalisme sauvage » (cruel et chaotique) qui a continué après lui, apporte auprès de plus en plus de personnes dans l’ancienne « Union Soviétique » et ailleurs la compréhension de nécessité urgente de rétablir ces idées et de les mettre en application entièrement !

  • VUB : NON à l’augmentation des droits d’inscription !

    Les élections du conseil étudiant de la VUB (Université libre flamande de Bruxelles) ont eu lieu le mois dernier. Les Etudiants de Gauche Actifs (ALS/EGA) sont déjà présents depuis quelques années dans ce conseil, mais cette année, nous avons déposé une liste commune d’ALS/EGA et du CAP (Comité pour une Autre Politique), ce qui a permis au CAP d’acquérir une grande notoriété sur le campus.

    Par Joris Mestdagh, candidat ALS/EGA aux élections du conseil étudiant

    Notre campagne été essentiellement basée sur l’opposition aux réformes de Vandenbroucke dans l’enseignement supérieur et à l’augmentation probable des droits d’inscription. Ce sont des thèmes qui vivent parmi les étudiants, ainsi que la question de la privatisation de nombreux kots, comme en témoignent les nombreuses réactions positives que nous avons reçues.

    Au cours de la campagne, nous avons bien dû constater que beaucoup d’autres candidats n’avaient aucune position à défendre et manquaient totalement de dévouement et d’engagement. Ceux qui prenaient position contre les coupes budgétaires à la VUB s’en prenaient surtout au rectorat, mais sans faire le lien avec les mesures de Vandenbroucke et la logique même du néolibéralisme.

    Cette campagne nous a offert une nouvelle occasion de démontrer dans la pratique le caractère sérieux de notre organisation étudiante de gauche, une organisation qui lutte de façon conséquente contre les mesures antisociales comme l’augmentation des droits d’inscription. Mais les élections ont finalement été invalidées parce qu’il manquait 70 voix pour atteindre le quorum. Il faudra recommencer le scrutin.

  • Opel-Anvers suit le scénario VW : 1.400 travailleurs victimes du nouveau carnage social

    La direction de General Motors a enfin clarifié les choses ! Oui, mais au détriment des salariés d’Opel à Anvers… Ce sont 1.400 emplois qui disparaîtront d’ici la fin de l’année. En outre, la nouvelle Astra ne sera pas construite à Anvers. Un modèle de Chevrolet, au succès incertain, sera construit là-bas. Les salariés ont arrêté le travail mais le mot ‘grève’ n’est pas prononcé.

    Geert Cool

    A Opel comme à VW

    General Motors a finalement décidé que la construction de la nouvelle Astra sera effectuée par quatre des cinq sites – Ellesmere Port en Grande-Bretagne, à Bochum en Allemagne, à Gliwice en Pologne et à Trollhättan en Suède – tandis que le site d’Anvers sera consacré à une partie de la production de la Chevrolet.

    Opel suit donc l’exemple de VW. Comme nous l’avons déjà écrit, les parallèles sont trop frappants. Dans les deux cas, la direction a essayé de dresser les différents sites les uns contre les autres afin de décrocher un maximum de concessions sur le plan de la flexibilité. Opel a longtemps laissé planer le scénario le plus sombre en espérant ainsi moins de réactions à l’annonce du plan d’assainissement.

    Solidarité européenne?

    Il règne dans les sites d’Opel une solidarité européenne entre les syndicats des différentes sites. Il a notamment été convenu de répartir les assainissements sur tous les sites. Un succès partiel. Si cette stratégie est importante pour stopper la politique de la direction de « diviser-pour-mieux-régner », cela n’a pas pu arrêter des coups durs.

    Lorsqu’en 2005, General Motors avait laissé courir le bruit que 12 usines et 30.000 salariés devaient disparaître aux USA, il était évident que l’Europe allait suivre. Une épuipe a déjà disparu à Ellesmere Port en Grande-Bretagne (900 salariés), 1000 salariés ont été licenciés en 2006 à Azambuja au Portugal et des milliers d’emplois ont aussi été perdus en Allemagne.

    Ces attaques ont mené à des actions de protestation au niveau européen. Dans onze sites européens de GM (60.000 salariés), le travail a été arrêté pour une courte durée. Au vu de la dureté des attaques, cette politique était trop défensive. La solidarité européenne tiendra-t-elle encore longtemps si Opel-Anvers est transformé en Chevrolet-Anvers avec une usine à capacité réduite ? Et si GM ne réusit pas à lancer les modèles Chevrolet « à prix démocratique » sur le marché européen ? L’arrivée de Chevrolet est en soi loin d’être certaine.

    Chevrolet

    Jusqu’ici, Chevrolet est surtout connue comme une marque de voitures de luxe américaines. Après avoir racheté Daewoo, GM désire avant tout produire d’anciens modèles de la marque coréenne sous le nom de Chevrolet pour le marché européen, Daewoo ayant une réputation trop négative. Ainsi, depuis 2005 déjà, GM commercialise des Daewoo sous l’appelation Chevrolet.

    Par rapport au succès quasi-assuré de l’Opel Astra, le nouveau modèle de Chevrolet court un risque élevé et la direction s’attend déjà à un succès mitigé. Mais le nombre de Chevrolet vendues a connu une croissance, surtout en Europe de l’Est où déjà 350.000 voitures ont trouvé acquéreur. Mais que fera-t-on si la direction de GM décide de construire ce modèle en Europe de l’Est ?

    Réactions syndicales

    Les travailleurs d’Opel ont stoppé le travail quand la suppression des 1.400 emplois a été annoncée. On a en revanche pris soin d’insister sur le fait qu’un arrêt de travail n’équivaut pas à une grève. Les travailleurs ont reçu la permission de rentrer à la maison. Le délégué FGTB Rudi Kennis – sixième candidat sur la liste SP.a pour la Chambre à Anvers… – a déclaré que plutôt que de licencier une des trois équipes, il préfèrait répartir les pertes sur l’ensemble du site. Les syndicats ont donc, semble-t-il, accepté les licenciements d’avance. Les syndicats pourraient tenter de se servir des négociations étalées dans le temps dans le cadre de la loi Renault pour créer un rapport de forces, comme ce fut le cas avec succès à Agfa-Gevaert. Mais il y a de sérieux doutes sur leur volonté de procéder de la sorte.

    Qu’une lutte semblable à celle de VW se développe est également loin d’être garanti. Pour le délégué CSC Luc Van Grinsven: « Opel-Anvers n’a pas une tradition de conflits. Faire la grève maintenant ne jouerait qu’à l’avantage de la direction. » En conséquence, il n’a été permis aux travailleurs que de rentrer à la maison avec la garantie que les salaires continueraient à être payés. C’est tout à l’avantage de la direction face à la colère qui vit parmi les travailleurs et qui, si elle s’exprimait à l’usine, ferait perdre la mainmise de la direction de l’entreprise (et d’une partie de la direction syndicale) sur les salariés.

    Les réactions d’une série de travailleurs étaient sans équivoque: « Nous ne voulons pas voir nos conditions de travail et de salaires descendre à un niveau plus bas encore, nous n’acceptons pas les pertes d’emploi dans l’usine, nous ne voulons pas de scénario « VW ». Les réactions des salariés d’Opel et de VW sont identiques et il est bien commode de tenter d’étouffer l’expression organisée de ce sentiment.

    Réactions politiques

    Les politiciens traditionnels se sont empressés de limiter les dégâts avant les élections. Peu importe à leurs yeux le sort des 1.400 salariés foutus à la porte tant que leur image peut être préservée. Le premier ministre Verhofstadt souhaite, en concertation avec le gouvernement flamand, aboutir à « un scénario de transition plus avantageux pour le modèle Chevrolet à Anvers ». On négociera donc sur plus de flexibilité et plus de baisses de charges patronales. Un air déjà entendu notamment… à VW.

    Jusqu’où peut-on encore pousser davantage la flexibilité et la productivité ? Avec le réglement « plus/minus », il est maintenant possible d’étaler le temps de travail sur… six ans avec la possibilité d’une semaine de travail de 48 heures et une journée de travail de 10 heures. Les charges patronales ont également été abaissées,… Combien de cadeaux supplémentaires le gouvernement accordera-t-il au patronat alors qu’ils sont loin d’avoir pu empêcher le démantèlement d’Opel-Anvers…

    Face à la logique néolibérale de démantèlement social et de pertes d’emploi pour maximaliser les profits, il faut une autre politique. Ces nouvelles pertes d’emplois si près des échéances électorales sont un problème pour des politiciens qui n’ont d’autres réponses à offrir que des recettes périmées comme la réduction des charges patronales et l’augmentation de la flexibilité pour les travailleurs. A cela, nous opposons la lutte internationale pour le maintien de tous les emplois dans le secteur de l’automobile.


    Nombre de travailleurs chez Opel-Anvers:

    • 1990: 10.000
    • 1992: 8.797
    • 1996: 6.814
    • 2001: 5.400
    • 2004: 5.100
    • 2008: 3.700?

    Nombre de travailleurs dans le secteur automobile : – 10.800 entre 2000 et 2010

    • Ford Genk: 11.400 (2000) -> 6.000 (2010)
    • VW-Forest: 7.100 (2000) -> 2.300 (2010)
    • Opel-Anvers: 5.600 (2000) -> 3.700 (2010)
    • Volvo-Gand: 3.700 (2000) -> 5.000 (2010)
  • Allemagne: fusion WASG-Linkspartei/PDS. Virage à droite… au nom de « l’unité à gauche » !

    Fin mars, le WASG allemand a décidé d’engager un processus de fusion avec l’ancien parti stalinien d’Allemagne de l’Est Linkspartei/PDS (L.PDS)

    Peter Delsing

    La création du WASG a été l’expression de la résistance massive des travailleurs au gouvernement de coalition SPD-Verts de Schröder qui a mené de 2001 à 2006 la même politique d’austérité que le SP.a et le PS chez nous. Elle témoignait de la rupture d’une partie de l’appareil syndical et de militants d’autres mouvements sociaux avec le SPD.

    On pouvait donc considérer le WASG comme un nouveau parti des travailleurs en construction, comme l’est le CAP en Belgique.

    La principale leçon que nous devons tirer de la fusion en cours du WASG avec le L.PDS est que l’« unité à gauche » ne doit jamais être une unité sans principe sous peine de compromettre tout le processus de construction d’un nouveau parti des travailleurs avec une assise large.

    Le L.PDS se dit de gauche, mais il participe à des coalitions régionales avec le SPD qui ont mené une politique d’austérité semblable à celle du gouvernement national. Ainsi, à Berlin, 100.000 logements sociaux ont été privatisés, des milliers d’emplois ont été perdus dans les services publics et les chômeurs ont dû accepter les fameux emplois à « un euro » (un euro de l’heure en plus de l’allocation de chômage). Des partis qui mettent en œuvre de telles mesures néolibérales ne méritent guère le label « de gauche ». C’est d’autant plus vrai que le L.PDS n’a pas pu s’appuyer sur une base ouvrière active.

    La direction du WASG a toujours aspiré à la fusion au nom de l’unité et de considérations purement électorales. Seuls 12 % des délégués présents au congrès du WASG ont voté contre cette fusion.

    La direction du WASG se composait dès le début d’une couche de bureaucrates syndicaux qui ne voulaient plus s’allier au SPD, mais qui ont gardé une approche parlementariste. Par conséquent, le WASG ne s’est pas développé comme un parti de lutte et il a même perdu des membres malgré une très forte visibilité publique. Le poids de la bureaucratie sur la vie interne n’y est pas pour rien.

    Le SAV, notre organisation-sœur en Allemagne, était le fer de lance de l’opposition à ce virage vers la droite et il est sorti renforcé de cette lutte. Dans l’ancienne Allemagne de l’Est, où le L.PDS participe à plusieurs coalitions néolibérales, nous militerons en dehors de la nouvelle formation politique. A Berlin, le WASG s’est déclaré prêt à construire une force indépendante du PDS au niveau régional à laquelle nous participerons activement. Dans l’ancienne Allemagne de l’Ouest en revanche, le nouveau parti unifié peut être considéré comme la seule opposition de gauche. C’est pourquoi nos membres y militeront afin d’y défendre un programme vraiment socialiste.

  • SNCB. Droit de grève en péril

    Après quatre agressions contre les accompagnateurs de train le 16 avril à Bruxelles, une grève a été lancée, qui a fait tache d’huile dans d’autres dépôts. Plusieurs politiciens ont remis en cause le droit de grève des cheminots, tout en passant les agressions sous silence…

    Entre l’introduction d’un service minimum lors des actions de grève et la promotion d’actions « symboliques », ces Messieurs-Dames ne manquent pas d’idées. Mais que diront-ils au travailleur hospitalisé? Les incidents – qui constituent aussi un danger pour les usagers – se multiplient et la direction n’a pas de moyens pour embaucher davantage de personnel.

    Le site web du CAP a accueilli plusieurs réactions. Un passager a écrit: « Depuis des années, on a congédié les contrôleurs à l’entrée des quais. Là, un premier filtrage était déjà possible car on ne pouvait pas monter dans les trains sans billet.

    Malheureusement on a voulu faire des économies en supprimant des centaines d’emplois aveuglément. Il s’agit en outre d’emplois à fonction sociale pour les non-qualifiés. Une occasion ratée.”

    Un accompagnateur a ajouté : « Nous considérons bien que ce sont des causes de société qui sont à l’origine de ces agressions et que l’on doit s’attaquer aux racines. D’autre part, il relève de la responsabilité de la SNCB de garantir que le personnel puisse exercer son travail de manière sûre, de même que les accidents de travail doivent être empêchés.»

    « Beaucoup de ces ennuis résultent de la désertification des gares. (…) Des milliers de cheminots n’ont pas été remplacés. Les accompagnateurs de train sont isolés dans un train très long. (…) Nous avons mis en avant un ultimatum. Si avant le 4 mai, aucune solution n’est sur la table, nous organiserons une grève nationale. »

    Les action de grève contre la violence ont été une surprise pour beaucoup de voyageurs et ont causé pas mal d’ennuis. Sur les routes, les embouteillages étaient considérables. Mais quelle alternative le personnel ferroviaire avait-il ? Se laisser faire et attendre la prochaine victime ?

    Les actions du personnel sont compréhensibles et méritent le soutien des voyageurs. Afin de mettre en évidence les intérêts communs du personnel et des voyageurs, il serait utile que les syndicats des cheminots lancent une campagne – par exemple avec une pétition diffusée sur les trains – pour plus de personnel. Et non seulement afin de garantir la sécurité sur les trains, mais aussi afin de pouvoir mieux adapter les services et les horaires. En de nombreux aspects, la frustration présente chez les usagers et chez les ouvriers et employés résulte du manque de personnel.

  • Vottem: manifestation contre les centres-fermés pour sans-papiers.

    Vottem: manifestation contre les centres-fermés pour sans-papiers

    Vottem: Dimanche 22 avril 2007, un soleil radieux, des militants de toute la gauche sont rassemblés dans un parc, des familles aussi, etc. Le tableau décrit semble une journée parfaite. Cependant, non loin de là une prison remplie d’innocent se dresse depuis 8 ans déjà.

    Stéphane Ramquet

    Moins nombreux que l’année passée (où l’aile pour enfant venait d’ouvrir), de nombreuses familles s’étaient néanmoins déplacées pour, une fois de plus, dire non aux centres fermés pour sans-papiers. De nombreux habitués de cette lutte, comme le CRACPE, la ligue des droits de l’homme, les femmes en noir étaient présents mais aussi de nombreux jeunes, venus pour la première fois, dégoutés par ce système inhumain qui en Belgique condamne à la prison des gens ayant pour seul crime celui de chercher un avenir meilleur pour eux et leur enfants.

    Nos militants socialistes-révolutionnaire étaient évidemment présents eux-aussi accompagnés de leur journaux. Mettant en avant une optique anti-capitaliste de la problématique et liant systématiquement le problème de l’immigration à celui de l’impérialisme, notre stand a écoulé un nombre conséquant de journaux. Cette intervention a aussi permis à notre organisation de récolter un peu plus de 60€ (avec la vente de badges contre les centres fermés et d’auto-collants anti-racistes) afin de contribuer à l’achat de notre matériel (tracts et affiches).

    Le CAP n’était pas en reste puisqu’il disposait de son propre stand où boudant les élus écolo peu présent, les gens se pressaient afin de découvrir son programme. De nombreuses signatures ont également été réalisées afin de permettre au CAP de présenter sa liste au sénat.

    Face à cette prison de la honte, les résistances s’organisent…

  • Quand le PS rêve d’être un parti unique…

    Menace de sanctions contre une militante du PS :

    Sur le site du PS, on peut lire que tout est fait pour que « la démocratie interne soit totale ». Par exemple, les militants PS peuvent être sanctionnés pour avoir pensé que d’autres listes que celle du PS peuvent se présentent aux élections. Di Rupo et compagnie ne sont plus à ça près…

    Un peu de technique…

    Présenter une liste aux élections ne se fait pas si simplement. Enfin, ça dépend pour qui. Pour présenter des candidats aux élections fédérales du 10 juin prochain pour le Sénat par exemple, il faut récolter 5.000 signatures de personnes qui trouvent que la liste a le droit de se présenter. Un peu comme avec les signatures de maires en France. Cela n’engage strictement à rien vis-à-vis de du programme ou de quoi que ce soit, ça permet juste à un parti de (tenter de) participer au débat politique (en théorie, et pour autant qu’il existe vraiment). Les partis établis, eux, peuvent simplement demander 3 signatures de parlementaires. Faites le calcul, selon cette « logique », 1 parlementaire vaut 1666 personnes.

    Pour les communales, c’est un peu plus aisé. Là aussi, les partis traditionnels peuvent récolter quelques signatures de conseillers communaux là où un « petit » parti doit récolter une ou plusieurs centaines de signatures de liste de parrainage (le chiffre varie d’une commune à l’autre en fonction de sa population).

    Derrière ce merveilleux système, il y a officiellement le souci de mettre un maximum de bâtons dans les roues des partis « non démocratiques » (et officieusement de faire un maximum de croche-pieds à toute contestation organisée).

    Le PS est particulièrement bien placé pour donner des leçons à ce sujet…

    Aucun débat dans les rangs !

    Aux élections communales d’octobre 2006, le Mouvement pour une Alternative Socialiste a déposé des listes dans plusieurs communes. Nous ne représentions pas un grand danger, notre budget pour ces élections au niveau national était de 2.500 euros (combien de centaines de milliers pour le PS ?) ! Il s’agissait surtout pour nous de mobiliser pour la conférence du 28 octobre qui a lancé le Comité pour une Autre Politique.

    Lors des collectes de listes de parrainage, parmi les signataires, on trouve de nombreux membres de partis traditionnels qui estiment juste qu’un maximum de partis doivent se présenter dans le cadre du débat démocratique. Et bien, c’est intolérable pour certains responsables du PS. Notamment dans le fief de Di Rupo.

    Une militante montoise a ainsi reçu une lettre assez déroutante. Morceau choisi :

    « (…) vous auriez apposé votre signature sur le document de présentation de la liste M.A.S., liste concurrente de celle du Parti socialiste (la majuscule se met à « parti », pas à « socialiste »… NDLR). Il s’agirait d’une faute grave de la part d’une militante socialiste, laquelle mériterait une sanction. (…) »

    Au delà de ce que cela révèle sur la notion de « démocratie » au sein du PS, le parti a, de plus, enfreint la loi sur la violation des libertés démocratiques. L’ensemble des partis participant aux élections a bien le droit de consulter les listes de parrainage afin d’en vérifier la validité. Par contre, nul n’a le droit de les comparer à ses propres listes de membres pour les pénaliser.

    Après les privatisations et l’application d’une politique antisociale de façon générale (Pacte des générations, chasse aux chômeurs,…) ou encore les affaires de corruption, le PS n’a pas seulement largement prouvé qu’il ne défendait plus les intérêts de la majorité, mais il a également démontré sa capacité à utiliser les instruments les plus nauséabonds en terme de manœuvres, de malhonnêteté et d’hypocrisie.

    Les militants honnêtes n’ont pas leur place au PS

    Cependant, un bon nombre de militants honnêtes estiment qu’il faut travailler au sein du PS pour le faire évoluer et changer les choses par son intermédiaire. L’exemple ci-dessus s’ajoute à de nombreux autres qui illustrent les mécanismes internes existant pour brimer toute contestation de la ligne du parti décidée par la direction.

    Pour tous ceux qui recherchent un organe de lutte, des solutions face aux problèmes causés par cette société injuste, le PS est un piège. La direction du PS a depuis longtemps choisi son camp – et ce n’est pas celui des travailleurs – et a surtout instauré un véritable contrôle sur l’appareil du parti. L’éclaircie ne peut venr que de l’extérieur.

  • Oxfam : un modèle à démonter

    Suite à la parution du derniers numéro de l’autre quotidien (périodique édité par Oxfam), quelques réflexions me viennent.

    Alain

    Tout d’abord, par rapport au compte rendu de la campagne « IKEA, un modèle à démonter » : mettre à jour les pratiques anti-sociales et anti-environnementales des entreprises multinationales est très bien. Soit, les pratiques d’IKEA sont condamnables mais sont avant tout révélatrices du système capitaliste qui a pour but la maximalisation du profit. Face aux critiques d’Oxfam, la multinationale ne peut que modifier sa pratique communicationnelle et son marketing (code de bonne conduite,…) pour faire face aux attentes des consommateurs avides de justice sociale. Modifier fondamentalement ses pratiques dans un contexte de compétition mondiale est suicidaire pour une entreprise capitaliste. La critique à adresser à IKEA est donc d’ordre plus général. Comment peut on cautionner une superstructure qui permette de produire au mépris de la condition sociale et environnementale ?

    Tant qu’on en est à parler de pratique, je voudrais ici envisager quelques aspects de la pratique d’Oxfam. Dans une campagne visant à la promotion de ces produits fair-trade, Oxfam a mit en œuvre une politique publicitaire assez étonnante au vu des valeurs de cette organisation.

    Outre la critique générale qu’on peut adresser à la publicité (lire à cet effet l’excellent livre de Marie Bénilde, « On achète bien les cerveaux »). Il y a des éléments visuels aberrants ; je pensais qu’Oxfam était une organisation de type alter mondialiste apolitique. Quelle ne fut pas ma surprise de voir Baby-Tatcher (Guy Verhofstadt), qui n’est pas un chantre de l’anti-mondialisation… On peut aussi noter au passage des affiches assez dégradantes pour l’image de la femme (Oxfam-fatale »)…

    On a beau se justifier par après comme on veut, les méthodes d’actions révèlent la philosophie qui sous tend toute organisation.

    Les justifications du CA dans l’Autre Quotidien du 17 avril 2007, sont des exemples de cynismes et d’abandon total d’une quelconque ligne de conduite. On utilise les mêmes armes que ceux que l’on prétend combattre, puis on se dit différents… Il y a un commentaire qui me reste en travers de la gorge : « le surréalisme à la Belge. » (L’Autre quotidien du 17 avril 2007). C’est une insulte à l’histoire. Je rappelle que André Breton disait « le surréalisme c’est la révolution… ».

    Dernière réflexion, à l’approche des élections Oxfam a invité des politiciens afin que les citoyens puissent se forger une opinion. Les questions portaient sur des thèmes dont s’occupe prioritairement l’organisation de solidarité. A nouveau ici, question de pratique, étaient invités les partis « traditionnels » que sont PS, CDH, ECOLO, MR. L’argument utilisé généralement pour n’inviter que ceux là est leur vertu prétendument démocratique…il n’y a donc en Belgique francophone que 4 partis démocratiques… quel manque d’ouverture d’esprit, il y a d’autre partis réellement décidés à faire bouger les choses qui proposent une alternative démocratique au système néo-libéral. Et bien malin au CA d’Oxfam qui pourra m’expliquer pourquoi ce genre de parti n’a pas été invité.


    Cet article a été rédigé par un sympathisant. Vous aussi, n’hésitez pas à envoyer à notre rédaction des artciles, rapports d’actions, réflexions,…

  • FRANCE : Défenseur du patronat contre défenseur du patronat.

    La participation au premier tour aura été impressionnante : 84,5% des électeurs se sont rendus aux urnes – le plus haut taux de participation depuis la naissance de la Ve République en 1958 – contre 71,60% en 2002. Au duel final : Sarkozy contre Royal.

    Nicolas Croes

    Cette participation massive se devinait déjà dans le taux d’audience d’émissions comme « J’ai une question à vous poser », où près de 9 millions de personnes avaient suivis le passage de Ségolène Royal (qui s’est particulièrement distinguée d’ailleurs en répondant invariablement sur chaque sujet qu’il s’agissait de sa priorité…).

    L’identité nationale au coeur du débat

    Nombreux sont ceux qui voulaient éviter de revivre le séisme des dernières présidentielles qui avaient vu le leader du Front National arriver au second tour. C’est notamment cela qui permet de comprendre la « chute » du FN. Finalement, malgré son score tombé à 11,5%, son nombre d’électeurs est assez stable par rapport à 2002.

    Un peu tôt pour crier victoire, donc. Surtout avec un Sarkozy qui affirme que la pédophilie et les suicides des adolescents sont d’origine génétique, qui veut un « ministère de l’intégration et de l’identité nationale » (même Jörg Haider a dénoncé les « nauséeux relents » de ces propos), qui a fait de la stigmatisation des communautés immigrées l’un de ses credos favoris,… Sans même parler de ce qu’il prévoit pour le monde du travail en général…. En définitive, il très proche de la droite dure de Bush, Berlusconi et Aznar.

    Ségolène Royal l’a suivi sur ce terrain, en allant toutefois bien moins loin, en proposant par exemple l’encadrement militaire des jeunes délinquants « pour leur donner une chance dès le premier délit » ou en se référant à tout bout de champ à l’idée de nation française. On peut comprendre que l’enthousiasme ne soit pas gigantesque au PS malgré un résultat meilleur que celui de Jospin en 2002. De plus, si Sarkozy est soutenu par les plus grands patrons français – dont ceux qui contrôlent des médias ( il intimide ainsi souvent les journalistes en disant « C’est marrant, je connais tous vos patrons, je sais ce qui se passe dans votre rédaction. ») – Royal a derrière elle, entre autres, le patron de l’Organisation Mondiale du Commerce.

    Bayrou profite de l’absence d’alternative

    Bénéficiant de la droite effrayée par Nicolas « Bulldozer » Sarkozy et d’une partie de la gauche qui le voyait mieux parti pour battre le président de l’UMP au second tour, Bayrou, candidat du centre, aura été une des surprises de cette campagne et termine la course avec le score de 18,3%. Pour beaucoup, il aura aussi été le candidat à la fois anti PS et UMP. Il faut dire que les médias l’ont bien aidé à ce positionner de la sorte. Lorsqu’il s’est plaint des manipulations des médias, le Nouvel Observateur l’a soupçonné d’avoir « une prétention extravagante à l’égalitarisme ». Au regard de son passé et de son programme, on ne peut pourtant pas vraiment avoir de doutes sur ce qu’il pense de l’égalité… Mais 58% des Français ont effectivement trouvé (à juste titre) que les médias ont accordé une place trop importante à Nicolas Sarkozy et 63% pensent que les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions des partis politiques.

    Pour tenter de gagner le scrutin ultime, Ségolène Royal devra tout faire pour séduire les centristes, au risque d’augmenter les tensions à l’intérieur du PS. Il est encore trop tôt pour dire ce qu’il adviendra en cas d’échec, mais la droite du PS pourrait être amenée à se rapprocher du centre et la gauche des débris du PCF et des Verts qui n’obtiennent respectivement que 2% et 1,5%, faute d’apparaître comme des alternatives crédibles.

    Préparons les luttes à venir !

    Plus à gauche, la division a eu un prix et, malgré les 56% de Français qui avaient voté NON à la Constitution Européenne majoritairement sur une base de gauche ainsi que le très fort sentiment antisystème, c’est l’échec. L’exception est Olivier Besancenot (LCR) qui réussit même à engranger 600.000 voix supplémentaires et arrive presque aux 5% (4,5%). Espérons que, contrairement aux fois précédentes, il sortira de ce résultat un véritable appel pour mobiliser l’électorat de l’extrême-gauche dans le cadre de la création d’une formation large anti-néolibérale où chaque tendance pourra s’exprimer.

    La tâche est aujourd’hui à la préparation des interventions sur le terrain contre la casse sociale qui viendra de la droite ou de la « gauche ». Nous comprenons bien que des travailleurs et des jeunes, surtout des banlieues, voudront arrêter Sarkozy lors du second tour. Malheureusement, nous ne pensons pas que la politique de Ségolène Royal et du PS sera fondamentalement différente. Par contre, nous pensons que leur politique va plus encore mener à un je-m’en-foutisme et renforcer la droite et l’extrême droite tant que n’existe pas d’alternative crédible.

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